Nouvelles vocations des églises

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Plus de 10 M$ pour la revitalisation du patrimoine immobilier

Portail Constructo | 10 mars 2022

Le Gouvernement du Québec a confirmé l’octroi de 10 259 756 $ pour le développement et la réalisation de 22 projets de requalification de lieux de culte patrimoniaux.

De cette enveloppe, 10 021 178 $ sont consacrés à la transformation de lieux de culte patrimoniaux en de nouveaux usages répondant aux besoins du milieu. Ce sont 10 projets situés dans 8 régions administratives qui obtiendront ce soutien gouvernemental.

Par exemple, une aide de 624 762 $ sera apportée au projet La Fab sur Mill qui transformera l’ancienne église unie de Chelsea, construite en 1875, en centre culturel. Les locaux serviront désormais de studios d’artistes ainsi que de lieux d’expositions et de performances. Cette même somme contribuera aux rénovations qui seront nécessaires pour conserver la structure du bâtiment et ses caractéristiques architecturales.

De plus, 12 autres projets disposeront d’un soutien total de 238 578 $ dans le cadre d’un second volet de l’aide gouvernementale. Ces investissements ont pour objectif d’appuyer la communauté dans l’élaboration et la planification d’initiatives qui visent la transformation des bâtiments religieux patrimoniaux.

Ce soutien financier s’ajoute aux 15 M$ investis par le Gouvernement du Québec dans le Programme visant la protection, la transmission et la mise en valeur du patrimoine culturel à caractère religieux qui serviront à restaurer 73 bâtiments et biens patrimoniaux à caractère religieux.

Source : Cabinet de la ministre de la Culture et des Communications

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En plus de répondre à différents besoins et usages communautaires et culturels, la revitalisation de ces lieux de cultes patrimoniaux contribue simultanément à préserver la richesse et la diversité du paysage urbain, en pérennisant la présence de ces édifices emblématiques dans leur quartier d’origine.

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Une deuxième vie pour l’église Saint-Clément dans Viauville


Émilie Therrien, cofondatrice et administratrice d’HocheLab | Photo: Jason Paré/Métro

Journal Métro | HOCHELAGA-MAISONNEUVE | 29 juin 2022 à 17h38 | Jason Paré

Un montant de 43 500 $ a été octroyé au nouvel organisme à but non lucratif (OBNL) HocheLab qui souhaite sauver l’église Saint-Clément dans Viauville.

Cette annonce a été faite par la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, le 27 juin dernier. Un total de 23,95 M$ est investi dans 103 projets de restauration et de requalification de bâtiments patrimoniaux culturels à caractère religieux.

L’église Saint-Clément est le seul projet de requalification qui a été sélectionné à Montréal.

Cette première enveloppe permettra d’évaluer l’état du lieu de culte afin de déterminer la nature du projet à venir afin de lui donner une seconde vie.

«À partir de ces données, on va capable par la suite de développer un projet», explique la cofondatrice et administratrice de HocheLab, Émilie Therrien.

Résidente de Viauville et avocate en droit immobilier de profession, Émilie Therrien a fondé tout récemment l’OBNL avec quatre autres personnes du quartier.

On s’est rendu compte que les gens, même s’il n’y a plus de service, ont tous un attachement à cette église, parce qu’ils s’y sont fait baptiser ou qu’ils s’y sont mariés.

Émilie Therrien, administratrice d’HocheLab

Une vision

Malgré cette première étape à franchir, HocheLab a tout de même élaboré une vision en deux axes qui sera implantée selon quatre pôles.

HocheLab souhaite d’abord proposer des usages du lieu de culte correspondant aux besoins des résidents de Viauville. L’OBNL espère également susciter l’intérêt des gens au-delà du quartier.

Les quatre pôles sont :

  • Alimentaire (puisque le secteur est considéré comme un désert alimentaire);
  • Sportif (afin de pallier le manque d’installations sportives dans le quartier, particulièrement depuis la fermeture du ProGym et du YMCA);
  • Communautaire et culturel (ce pôle vise surtout le presbytère et permettrait de louer des locaux à des organismes communautaires et à des artistes);
  • Spirituel (afin de conserver une «certaine mémoire de l’église» sous la forme par exemple d’une petite chapelle).

«Tous ces pôles vont être développés en collaboration avec la communauté. On n’a pas l’intention de faire ça en vase clos, sans informer les gens», assure Émilie Therrien.

Cette consultation se fera entre autres à partir d’ateliers d’idéation, ajoute-t-elle.


HocheLab a été fondé récemment par cinq citoyens engagés. | Photo: Courtoisie

Émile Therrien mentionne qu’avant de faire une demande au Programme visant la requalification des lieux de culte excédentaires patrimoniaux, le projet a été présenté au diocèse de Montréal qui soutient leurs démarches.

Une rencontre est également prévue prochainement avec l’Atelier d’histoire Mercier–Hochelaga-Maisonneuve qui a lancé un appel à la sauvegarde de l’église Saint-Clément en mars 2021, afin de profiter de leur expertise.

Une longue saga

Ce n’est pas la première fois que l’église Saint-Clément, fermée depuis 2009, fait l’objet d’une mobilisation pour sa préservation.

Dès le début des années 2010, le Comité de sauvegarde des églises Très-Saint-Nom-de-Jésus et Saint-Clément avait chapeauté un projet de résidence pour personnes âgées et de ressource intermédiaire, mais celui-ci n’avait pas fonctionné, faute de financement.

Le presbytère de Saint-Clément a également été occupé par la Maison du Pharillon, un organisme de réinsertion sociale, mais un immense dégât d’eau a rendu le presbytère inhabitable en octobre 2019.

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Illuminé

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Dommage que les lumières sur les clochers n’étaient pas allumées. Et vivement le retour des candélabres

Je ne pense pas que c’est terminé. Probablement encore la phase des tests.

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Techniquement oui… mais on parle d’un édifice commercial/industriel banal occupé par une organisation fondamentaliste chrétienne, pas vraiment du patrimoine religieux de style néoclassique ou néogothique.

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Une page d’histoire se tourne pour la paroisse Saint-Enfant-Jésus


Le curé Gérald Lajeunesse célébrera la dernière messe de l’église Saint-Enfant-Jésus. | Photo: Coralie Hodgson, Métro Média

Journal Métro | POINTE-AUX-TREMBLES & MONTRÉAL-EST | Coralie Hodgson | 15 septembre 2022 à 12h46

Les fidèles pourront se réunir pour une toute dernière fois à l’église Saint-Enfant-Jésus, le 25 septembre. Une dernière messe sera célébrée dans ce lieu de culte construit en 1939, avant qu’il soit acquis par la Société de développement Angus (SDA).

«C’est une grosse partie de l’histoire de la paroisse dont on tourne la page», relate Gérald Lajeunesse, curé de la paroisse Saint-Enfant-Jésus, qui gère l’église du même nom ainsi que celle de Saint-Marcel.

Pour souligner cet événement, une chorale formée de paroissiens chantera pour une première – et dernière – fois lors de la messe, qui sera suivie d’une procession sur le boulevard Saint-Jean-Baptiste avec une statue de Saint-Jean-Baptiste. La marche se terminera à l’église Saint-Marcel, afin de faire un «trait d’union» symbolique avec ce lieu de culte où les paroissiens seront dorénavant invités à célébrer la messe.

«Tout le monde va être invité pour cet événement, qui est unique», soutient M. Lajeunesse.

Des églises qui se vident

S’il concède que célébrer une dernière messe soit «crève-cœur» et que plusieurs personnes sont attachées à l’église, M. Lajeunesse rappelle que la volonté de la Fabrique de s’en départir, annoncée en 2020, était sur la table depuis plusieurs années.

La paroisse Saint-Enfant-Jésus n’était plus rentable, aux prises avec des déficits, des frais d’entretien trop élevés, et un nombre de fidèles en chute.

Il ne s’agit d’ailleurs pas du premier lieu de culte du quartier à perdre sa vocation religieuse. L’église Saint-Octave de Montréal-Est, qui avait intégré durant ses dernières années la paroisse Saint-Enfant-Jésus, a été acquise en 2010 par la Ville de Montréal-Est, puis vendue en 2016 à un promoteur pour faire un complexe immobilier.

«Il faut se rendre à l’évidence: il n’y a plus personne dans les églises. À un moment donné, on ne peut pas faire fonctionner l’église seulement avec quelques fidèles. Il faut rapetisser», croit M. Lajeunesse.

Un bâtiment qui sera préservé, mais qui changera de vocation

La Société de développement Angus (SDA), qui a entamé un processus d’achat de l’église et du presbytère par bail emphytéotique d’une durée de 60 ans, soutient que la transaction serait conclue prochainement, mais que la date n’est pas encore fixée.

Une fois la transaction faite, une démarche sera entamée en temps et lieu avec les citoyens afin de déterminer la vocation du bâtiment, que la SDA veut mettre en valeur et «rendre davantage accessible à la communauté», précise Stéphane Ricci, directeur de projets à la SDA.

La SDA et l’Arrondissement s’étaient déjà engagés à préserver les bâtiments, qui ne seront donc pas démolis.

«[Ce] sont des bâtiments de grande valeur patrimoniale dans le Vieux-Pointe-aux-Trembles. Ce site est très important pour les Pointeliers, et on est très conscients de ça, et très sensibles à ça», ajoute Stéphane Ricci.

L’entreprise d’économie sociale permettra par ailleurs aux prêtres résidant dans le presbytère d’y vivre encore un an, le temps que soit rénové celui de l’église Saint-Marcel en vue de les accueillir.

La paroisse Saint-Enfant-Jésus, qui est la deuxième plus vieille paroisse sur le territoire de Montréal, conservera son nom, soutient M. Lajeunesse.

Pour sa part, l’Atelier d’histoire de la Pointe-aux-Trembles deviendra cessionnaire des archives de la paroisse, des documents se trouvant dans le baptistère à l’arrière de l’église.

La dernière messe aura lieu le 25 septembre, à 10h, au 11, boulevard Saint-Jean-Baptiste. Il n’y aura exceptionnellement pas de messe à l’église Saint-Marcel ce jour-là.

L’église Saint-Enfant-Jésus

Dès 1674, la messe avait lieu à la côte Saint-Jean, célébrée dans la maison du colon François Bots, un Sulpicien. En 1678, une «modeste chapelle», a été érigée à l’angle des rues Sainte-Anne et Saint-Joseph. On décida en 1705 de la remplacer par une église en pierre dont la décoration fut confiée «aux plus grands ornementistes de l’époque». Elle fut cependant réduite en cendres lors d’un incendie en 1937.

La nouvelle église a été reconstruire aux coins de Notre-Dame et Saint-Jean-Baptiste, où se trouvait un ancien cimetière abandonné depuis 1913. Elle fut dessinée par les architectes Donat-Arthur Gascon et Louis Parant, à qui l’on doit notamment la croix du mont Royal. En 1939, Mgr Georges Gauthier procédait à la bénédiction de la nouvelle église.

Source: Atelier d’histoire de la Pointe-aux-Trembles

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Je ne pense qu’il s’agit d’une nouvelle vocation, puisque cette église conserverait sa vocation religieuse (pour le moment),… mais plutôt une réappropriation de ses espaces via un projet de développement sociocommunautaire. :+1:

La paroisse Saint-Esprit-de-Rosemont: redonner l’espace à sa communauté


Photo: Gracieuseté, Promenade Masson

Journal Métro | ROSEMONT–LA PETITE-PATRIE | Isabelle Chénier | 21 octobre 2022 à 10h59

La paroisse Saint-Esprit-de-Rosemont propose à la population de Rosemont–La Petite-Patrie de se réapproprier ce lieu de culte patrimonial de la rue Masson, par l’entremise d’un projet de développement sociocommunautaire.

Les responsables de l’église ont identifié divers besoins de la communauté du quartier auxquels ils souhaiteraient répondre, soit la valorisation du sentiment d’appartenance, le développement du volet communautaire et l’intégration de l’église à la trame urbaine, comme rapportés dans le document descriptif du projet remis à Métro.

La paroisse compte s’y prendre en mettant à la disposition des Rosemontois un espace de près de 10 000 pi2, qui compterait sept locaux de 108 et 181 pi2, des espaces partagés, une salle à manger munie d’une cuisinette et un espace multifonctionnel disponibles au 3e étage du presbytère.

L’église Saint-Esprit-de-Rosemont est aussi à la recherche de futurs co-porteurs de projet pour le réaménagement de son sous-sol de 6000 pi2,pour que ce lieu puisse éventuellement accueillir des activités communautaires, culturelles et sportives.

Au-delà de sa vocation religieuse, l’établissement envisage donc d’évoluer dans le quartier en tant que vecteur d’un dynamisme communautaire en s’arrimant avec l’offre culturelle et commerciale du secteur.

Quelques faits sur la Paroisse Saint-Esprit de Rosemont

  • L’église a été construite en 1933.
  • Elle est la seule église de style Arts déco de Montréal.
  • La façade et le clocher du presbytère ont été fraîchement revampés après quelques années de travaux.
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Reportage radio à l’émission Le 15-18

Inquiétudes pour l’avenir l’église Sainte-Cécile : Philippe-Antoine Saulnier

Mobilisation pour sauver l’église Sainte-Cécile, à Villeray


L’église Sainte-Cécile est située sur la rue de Castelneau, entre de Gaspé et Henri-Julien. Il s’agit d’un bâtiment imposant construit entre 1923 et 1926.PHOTO : Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier

Le 15-18
Publié le 25 octobre 2022

Un groupe de citoyens du quartier Villeray, à Montréal, a appris que l’église Sainte-Cécile risque de fermer ses portes et d’être vendue au plus offrant. Des messes s’y déroulent pourtant plusieurs fois par semaine, et des organismes communautaires et un camp de jour d’été utilisent encore le sous-sol. De leur côté, ni le curé ni l’archidiocèse de Montréal n’ont voulu commenter la situation de l’église Sainte-Cécile.

Les résidents du coin devront ainsi se prononcer sur la dissolution de la paroisse et la vente éventuelle du bâtiment. Ils craignent d’ailleurs qu’elle ne soit démolie ou transformée en condos, comme le rapporte le journaliste Philippe-Antoine Saulnier.

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Dans un même ordre d’idée… :thinking:

L’avenir est incertain pour l’église Sainte-Cécile


Les résidents de Villeray sont appelés à voter concernant la fermeture de l’église Sainte-Cécile le 6 novembre, lors d’une assemblée paroissiale. | Photo: Gracieuseté, Cantons-de-l’Est

Journal Métro | VILLERAY–SAINT-MICHEL–PARC-EXTENSION | Isabelle Chénier | 27 octobre 2022 à 13h09

Après la messe du dimanche 23 octobre, les fidèles de l’église Sainte-Cécile, située sur la rue De Castelnau Est, se sont réunis pour discuter de la situation de précarité de l’établissement et se prononcer sur la proposition d’un conseil de fabrique résigné: mettre la clé sous la porte.

«On n’a plus une cenne!» Voilà le constat qu’a répété le curé lors de l’assemblée.

Comme bien d’autres lieux de culte de la métropole, l’église Sainte-Cécile a subi les conséquences de l’abandon de la pratique religieuse par la population québécoise.

La façade s’effrite, le parvis est bloqué par des barbelés, la cloche de l’église ne sonne plus depuis quelques années à cause de l’instabilité du clocher… L’état de vétusté du bâtiment porte à croire que l’église sombrera elle aussi dans l’oubli.

Pourtant, une résidente du quartier et porte-parole du comité Sauvons Sainte-Cécile, Lydia Tetyczka, a fait part à Métro de l’onde de choc ayant parcouru l’assemblée lorsque les marguillières ont déclaré «que l’église avait trop de dettes, que les travaux étaient trop considérables et que pour cela, on devait voter une décision de fermeture».

«C’est un fardeau qui semble durer depuis plusieurs années, mais dont on ne nous a jamais fait part», affirme Mme Tetyczka.

Cette dernière a demandé un moratoire de 15 jours pour permettre une mobilisation citoyenne et l’élaboration de solutions pour éviter la fermeture.

Une demande qui, selon ses dires, aurait «déstabilisé» le curé, qui aurait quitté la salle pour ensuite proposer sa démission au vicaire.

Le vote de fermeture de l’église Sainte-Cécile a tout de même été reporté au 6 novembre.

«On est au bout du rouleau»

Une marguillière de la fabrique a brossé à Métro un portrait critique de l’état de la paroisse, qu’elle qualifie de «faillite technique».

Elle a rapporté que dernièrement, le conseil de fabrique a dû faire le choix entre entreprendre les travaux de réparation de la façade ou bien se chauffer durant l’hiver.

«On chauffe au gaz et le coût a presque triplé depuis 2021. Il y a quelques jours, on a justement été obligé d’annuler des travaux pour sécuriser la façade sur la rue De Castelnau, qui s’élevaient à 86 000 $. On ne peut plus dépenser ça. Si on dépense 86 000 $, on ne pourra pas se chauffer l’hiver prochain.»

Bien qu’elle comprenne l’attachement de la communauté à ce lieu patrimonial et son désir de le sauver, notamment en faisant appel à des organismes à but non lucratif, il est selon elle difficile de voir la lumière au bout du tunnel devant l’ampleur du coût des réparations, le manque de prêtres, de fidèles, de bénévoles et de revenus.

«Repenser la vocation de l’église»

Craignant la vente de ce lieu de culte à des intérêts privés, le comité Sauvons Sainte-Cécile, qui regroupe l’expertise de plusieurs citoyens, s’est donné le mandat de repenser l’usage de l’église.

«Notre objectif est vraiment de soutenir ce travail des bénévoles [de l’église], qui semble épuisant, et de voir comment, avec un peu de sang neuf, de la créativité en immobilier, en finance, en culture et en technologie, on peut repenser l’usage de l’église, mais en toute bienveillance et avec beaucoup de respect pour ce qui a déjà été fait», souligne Lydia Tetyczka.

Préserver le bâtiment

Ayant eu vent de la possibilité de la fermeture de l’église, Martine Musau Muele, conseillère de l’Arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, était présente à l’assemblée du 23 octobre.

«C’était important pour nous de savoir ce qui allait être discuté à cette assemblée parce qu’on sait que c’est un lieu très important pour nos citoyens et citoyennes, a expliqué par téléphone la mairesse Laurence Lavigne Lalonde. On a le souhait, à l’arrondissement, que cette église reste un lieu qui puisse bénéficier à la communauté.»

Sur ce dernier point, la mairesse a souligné qu’étant donné le caractère patrimonial et le zonage actuel qui détermine l’usage spécifique du bâtiment et du terrain, «[l’église] ne peut pas être démolie demain matin pour en faire des condos».

«On ne peut pas faire ce qu’on veut avec un bâtiment patrimonial», a réitéré Mme Lavigne Lalonde.

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Je suis passé devant l’église Sainte-Cécile cette semaine, on voit bien le périmètre pour les travaux de façade:

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Ça fait au moins 3 ans que l’entrée est clôturée comme ça.
C’est dommage pcq le parvis et les escaliers en feraient une belle place publique qui complèterait bien la rue piétonne sur de Castelnau.

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Villeray Une église quasi centenaire sous respirateur artificiel


PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE | Susana Montiero, Sylvie Lagouarde et Lydia Tetyczka, trois membres d’un comité citoyens qui s’est formé pour trouver une façon de maintenir en vie l’église Sainte-Cécile.

Un groupe de citoyens de Villeray sonne l’alarme au sujet de l’avenir de l’église Sainte-Cécile, qui semble incertain, puisque la paroisse a failli être dissoute et se dit « techniquement en faillite ».

10 novembre 2022 | Publié à 5h00 | ISABELLE DUCAS | LA PRESSE

« On n’a plus une cenne », a martelé l’abbé André Simard, administrateur de la paroisse, lors d’une réunion avec les paroissiens, à la fin d’octobre, au cours de laquelle le conseil de fabrique avait prévu tenir un vote sur la dissolution de la paroisse.

Dans sa présentation, le conseil de fabrique a proposé la fermeture de la paroisse comme « l’unique option logique, raisonnable et réaliste », puisqu’il fait face à des factures d’au moins 3 millions au cours des 10 prochaines années pour la réfection de l’église.

Devant la levée de boucliers de la communauté, le conseil a toutefois accepté de reporter le vote.

Solution temporaire

Dimanche dernier, des marguillières siégeant au conseil de fabrique ont affirmé, au cours d’une nouvelle rencontre, qu’une solution eût été trouvée pour maintenir la paroisse en vie encore un an ou deux, sans préciser quelle était cette solution.

Mais le comité Sauvons Sainte-Cécile, formé de citoyens du secteur, a l’intention de poursuivre sa mobilisation pour trouver comment assurer à long terme le maintien de l’église et sa préservation pour la communauté, afin d’éviter qu’elle ne soit vendue pour être transformée en condos.

« L’église est un lieu de culte, mais aussi un lieu de culture et de communauté », dit Lydia Tetyczka, porte-parole du comité de citoyens. « On ne peut pas mettre ça de côté quand on est dans un processus de fermeture de paroisse. »

Manque de transparence

L’abbé Simard et le conseil de fabrique ont refusé de répondre aux questions de La Presse.

Mme Tetyczka a aussi déploré le « manque de transparence de la paroisse sur les démarches qu’ils font pour tenter de sauver l’église ». « Ils restent très opaques, très obscurs, alors qu’on tente de savoir si on peut travailler ensemble, » dit-elle.

Lors de la rencontre du 6 novembre, le conseil de fabrique a indiqué vouloir « collaborer avec les organisateurs de ce mouvement qui se met en place ».

Mais le constat présenté lors de la réunion du 23 octobre n’est pas réjouissant.

Factures coûteuses

La façade de l’église construite en 1924, qui donne sur la rue de Castelnau, est entourée de clôtures puisqu’elle n’est pas sécuritaire. Des travaux de sécurisation de la façade ont dû être interrompus cet automne, faute de fonds, en raison d’une facture supplémentaire de 86 000 $.

« Juste pour le toit de l’église, il faudra débourser au moins 1,5 million. Les clochers, dont les cloches ne sonnent plus, nécessitent des travaux de 500 000 $. »

Le Conseil de fabrique de la paroisse Sainte-Cécile

En 2021, le chauffage de l’église a coûté 29 000 $, et la paroisse prévoit que la facture explosera en 2023, puisque les frais pourraient être de 13 000 $ pour le seul mois de janvier.

Plusieurs organismes communautaires et municipaux louent des locaux au sous-sol de l’église (camp de jour, chorale, centre pour aînés, etc.), rapportant des revenus de 100 000 $ à la paroisse. Mais elle a tout de même terminé l’année 2021 avec un manque à gagner de 16 000 $.

Le presbytère et le terrain derrière l’église ont une valeur de 3,6 millions. La paroisse a envisagé de les vendre pour financer les réparations, mais il ne s’agirait que d’une solution temporaire, indique le conseil de fabrique.

De plus, agir ainsi reviendrait à « dépenser des millions de dollars pour un carrosse qui ne roule plus », selon le conseil.

Seulement une quarantaine de paroissiens fréquentent l’église pour la messe du dimanche.

« Combien y aura-t-il de fidèles dans notre église dans 10 ans, après avoir dépensé plus de 3 millions pour de vieilles pierres ? », demande le conseil.

Inventaire du patrimoine religieux

La mairesse d’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Laurence Lavigne-Lalonde, a affirmé, lors de la dernière assemblée du conseil d’arrondissement, vouloir « participer à la réflexion sur la place de ce lieu dans la vie des citoyens de Villeray », tout en précisant que l’administration n’avait pas les moyens d’acheter le bâtiment.

« Il y a de moins en moins de gens qui fréquentent les églises, mais ça reste des lieux importants au cœur de la communauté », a-t-elle souligné, ajoutant que le zonage de l’église Sainte-Cécile ne permettait pas, pour le moment, d’usage résidentiel.

Justement, le conseil d’arrondissement a octroyé un contrat de près de 70 000 $ à une firme pour obtenir un inventaire et une analyse du patrimoine religieux sur son territoire. « On sait très bien que Sainte-Cécile n’est pas la seule église dans cette situation, dit la mairesse d’arrondissement. On veut savoir l’état des bâtiments religieux, leur valeur patrimoniale et leur place dans la communauté, pour pouvoir réfléchir en amont et ne pas être pris de court comme c’est le cas actuellement. »

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Patrimoine religieux Faut-il sauver toutes les églises ?

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

L’ancienne église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, à Ville-Émard, aujourd’hui transformée en théâtre, en centre de formation et en logements communautaires.

Au cours des cinq dernières années, 25 églises sont tombées sous le pic des démolisseurs au Québec, et d’autresdisparitions sont à prévoir. Que faire de ces bâtiments centenaires, situés au cœur des villes et villages, quand ils sont presque inutilisés et demandent des millions de dollars en travaux de rénovation ? Les avis divergent.

Publié à 5h00

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Isabelle Ducas

Isabelle Ducas La Presse

« Les démolitions sont inévitables »

Les dernières messes ont été chantées le mois dernier dans l’église Saint-Enfant-Jésus, à Pointe-aux-Trembles. L’édifice, datant de 1937, a été vendu à la Société de développement Angus (SDA), qui s’est engagée à ne pas le démolir.

L’usage de l’église se précisera à la suite de consultations publiques, mais la SDA a déjà reçu une subvention de 680 000 $ du Fonds d’initiatives et de rayonnement de la métropole (FIRM) pour préparer la transformation de l’édifice.

« Notre objectif, c’est que l’église redevienne un lieu accessible pour les citoyens et qu’elle participe au dynamisme du centre-ville de Pointe-aux-Trembles », explique Stéphane Ricci, chef de projet à la SDA, qui mène plusieurs chantiers pour revitaliser le secteur.

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Comme à Saint-Enfant-Jésus, de nombreuses paroisses sont à la croisée des chemins : la baisse de la pratique religieuse et les coûts astronomiques d’entretien et de rénovation les mettent en difficulté financière, de sorte qu’elles songent à mettre la clé sous la porte.

Chaque année, une quarantaine d’églises au Québec se retrouvent « en mutation », c’est-à-dire qu’elles sont fermées, transformées ou démolies, et ce nombre est en constante augmentation, selon le Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ). Le quart des églises de la province sont dans cette situation.

Faire des choix

Des citoyens se mobilisent à certains endroits pour trouver une nouvelle vocation aux églises vides qui se détériorent, mais d’autres seront inévitablement démolies, préviennent des experts en patrimoine, qui recommandent que l’on consacre des ressources financières à celles qui ont la plus importante valeur patrimoniale, mais qu’on laisse aller les autres. Bref, on ne pourra pas tout sauver à tout prix.

« Il faut reconnaître que certaines églises n’ont pas de valeur du point de vue patrimonial », dit le professeur de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Luc Noppen, spécialiste de la conservation architecturale et du patrimoine urbain.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Luc Noppen, professeur à l’UQAM, spécialiste de la conservation architecturale et du patrimoine urbain

Les démolitions d’églises sont inévitables. Il faut sauver les bâtiments les plus précieux et gérer judicieusement les autres, qu’on pourrait démolir pour construire des logements sociaux à la place.

Luc Noppen, professeur à l’UQAM

« On ne peut pas tout garder, il faudra faire des choix », renchérit Renée Genest, directrice générale d’Action patrimoine.

Cris d’alarme

« Il y a parfois des cris d’alarme de paroisses qui n’en peuvent plus, indique Caroline Tanguay, directrice des services aux paroisses à l’archidiocèse de Montréal. S’il y a beaucoup d’argent à mettre sur l’église, certaines paroisses envisagent de vendre. »

Sans révéler combien de paroisses se retrouvent devant un tel dilemme actuellement, Mme Tanguay souligne que la vente d’une église est une décision de dernier recours.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Caroline Tanguay, directrice des services aux paroisses à l’archidiocèse de Montréal

Il arrive qu’on trouve une solution alternative. S’il y a une mobilisation des citoyens, on peut faire de l’église un endroit où il y aura des services religieux, mais également des services communautaires.

Caroline Tanguay, directrice des services aux paroisses à l’archidiocèse de Montréal

Les paroisses sont des organisations à but non lucratif indépendantes, qui sont responsables de leur budget et de l’entretien de leur église, mais elles doivent obtenir l’autorisation de l’archevêché avant de se dissoudre ou de vendre une église.

Une soixantaine d’églises catholiques ont été vendues depuis une vingtaine d’années, mais l’archidiocèse a ralenti la cadence il y a 10 ans, pour privilégier d’autres solutions, note Mme Tanguay.

Ressources insuffisantes

Le Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ) est débordé de demandes d’aide financière de la part de paroisses ou d’organismes communautaires pour de coûteux travaux d’entretien et de restauration. Il doit déjà faire des choix, selon l’urgence de la situation et la valeur patrimoniale des bâtiments.

« On n’est pas capables de répondre aux besoins », reconnaît Andréanne Jalbert-Laramée, conseillère en patrimoine au CPRQ, qui reçoit son financement du ministère de la Culture et des Communications (MCC).

Cette année, on avait un budget de 15 millions, mais on a reçu pour 50 millions de demandes pour des églises admissibles, donc qui sont reconnues comme étant patrimoniales.

Andréanne Jalbert-Laramée, conseillère en patrimoine au CPRQ

L’organisme a aussi un fonds de 10 millions par année pour des projets de transformation d’églises, mais les candidatures reçues totalisent 30 millions.

La Loi sur la protection des biens culturels, adoptée en 2021 à Québec, élargit les pouvoirs des villes en matière de préservation du patrimoine. La Ville de Montréal envisage d’imposer des amendes aux propriétaires d’immeubles patrimoniaux qui en négligent l’entretien, confirme la responsable du dossier au comité exécutif, Ericka Alneus. Mais encore faut-il que les propriétaires, notamment les paroisses, en aient les moyens.

Voilà pourquoi il faut accepter de hiérarchiser les édifices religieux selon leur intérêt patrimonial, selon Luc Noppen, et réserver les fonds publics aux plus importants.

« Les diocèses ont laissé les églises se détériorer pendant des années, et les groupes communautaires n’ont pas 15 millions pour rénover une église en mauvais état », fait remarquer l’expert en patrimoine.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Luc Noppen, professeur à l’UQAM, devant l’église unie Saint-Jean, rue Sainte-Catherine

Or, pour établir un tel « plan stratégique de conservation des églises », il faudra une concertation des diocèses, des municipalités et du gouvernement du Québec, dit M. Noppen.

À Montréal, par exemple, l’archidiocèse devrait s’engager à protéger certains lieux de culte patrimoniaux, en échange de la possibilité de vendre d’autres bâtiments destinés à être démolis pour permettre la construction de logements, avec l’accord de la Ville, qui devrait modifier le zonage des terrains visés, croit M. Noppen.

Un attachement à considérer

Mais comment déterminer quels bâtiments seront conservés ? « Au-delà de la religion et du patrimoine, il peut y avoir une affection de la communauté pour une église, » souligne Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal. « Les gens y sont attachés. Il peut aussi y avoir des œuvres sociales associées à ces bâtiments. »

« La valeur patrimoniale entre en ligne de compte, mais il faut aussi prendre en considération l’appropriation par la population et les projets de réhabilitation qui sont proposés, même pour les églises qui n’ont pas une valeur patrimoniale exceptionnelle », note Renée Genest, directrice générale d’Action patrimoine.

Selon Mme Genest, il ne faut pas négliger l’impact environnemental de la démolition d’un bâtiment et de la reconstruction d’un nouvel édifice. « Les églises sont souvent construites de matériaux nobles, comme la pierre, le bois et la tôle, qui ont un cycle de vie plus long s’ils sont bien entretenus », dit-elle.

Églises construites avant 1975

Québec : 2751
Montréal : 468

Églises ayant le statut d’immeuble patrimonial classé

Québec : 98
Montréal : 11

Églises démolies depuis 2017

Québec : 25
Montréal : 3

Églises fermées

Québec : 143
Montréal : 16

Églises ayant changé d’usage

Québec : 474
Montréal : 79

Source : Conseil du patrimoine religieux du Québec

Des combats ardus

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

L’intérieur de l’église Sainte-Brigide-de-Kildare, dans le quartier Centre-Sud, à Montréal

Les citoyens qui se mobilisent en plusieurs endroits pour sauver l’église de leur quartier ou de leur village doivent faire preuve de motivation et de patience : la partie est loin d’être gagnée.

Manon Harvey peut en témoigner. Elle préside le Centre communautaire Sainte-Brigide, propriétaire depuis 2005 de l’église Sainte-Brigide-de-Kildare, dans le quartier Centre-Sud, à Montréal.

On projette depuis 2012 d’aménager dans cette magnifique église de style néo-roman, datant de 1880, un centre de recherche et de création théâtrale, appelé Le Cube, formé des compagnies de théâtre jeunesse Le Carrousel et Le Clou.

3/3

Le projet était évalué à 13 millions. Il a reçu en 2015 une subvention de 11 millions du ministère de la Culture et des Communications (MCC), qui est passée à 19 millions au printemps 2021, pour l’aménagement de trois étages de locaux dans l’église.

Mais en mai 2021, les coûts du projet avaient explosé pour atteindre 27,5 millions, en raison notamment de la surchauffe dans le secteur de la construction.

Voyez un aperçu du projet

Le Cube a donc annoncé officiellement l’abandon du projet le mois dernier.

« On doit recommencer à zéro. En attendant, on porte cet immeuble à bout de bras », se désole Manon Harvey, qui refuse de céder au découragement.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Manon Harvey, présidente du Centre communautaire Sainte-Brigide, propriétaire de l’église Sainte-Brigide-de-Kildare

La restauration du bâtiment, sans transformation, s’élèverait à 10 millions. Le chauffage, l’entretien et les assurances coûtent de 125 000 $ à 200 000 $ par année. Les deux locataires temporaires de l’église, une organisation de loisirs pour les jeunes et un groupe de cirque pour personnes marginalisées, quitteront bientôt les lieux.

De quoi décourager d’autres citoyens qui rêvent de conserver et de réutiliser des églises.

Dans certaines paroisses, on tente de trouver de nouvelles sources de financement, en maintenant la vocation du lieu de culte.

C’est le cas pour l’église Saint-Édouard, située rue Saint-Denis dans La Petite-Patrie.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Denis Prescott, prêtre administrateur, devant l’église Saint-Édouard au coin des rues Saint-Denis et Beaubien, flanqué de Sarah-Émilie Lévesque, agente de pastorale

Un millier de personnes la fréquentent chaque semaine ; la vaste majorité n’y vont pas pour la messe, mais plutôt pour prendre un repas collectif, danser, voir un film ou un concert, suivre des cours de tai-chi ou assister à une rencontre des Alcooliques anonymes, grâce aux 36 organismes communautaires qu’abrite l’édifice.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Denis Prescott, prêtre administrateur de la paroisse Saint-Édouard

Il y a cinq ans, on a pris un virage communautaire, et c’est ce qui permet de maintenir la paroisse en vie.

Denis Prescott, prêtre administrateur de la paroisse Saint-Édouard

Le conseil de fabrique était auparavant au bord de la faillite, avec une église, datant de 1907, nécessitant des travaux de 4 millions. Il couvre maintenant ses dépenses et arrive à mettre un peu d’argent de côté pour les rénovations, bien que les loyers payés soient modiques. Même la communauté musulmane fréquente l’église, où elle loue des locaux pendant le ramadan.

« Rendre les locaux accessibles augmente le sentiment d’attachement des citoyens. Ça devient un lieu de rassemblement communautaire pour beaucoup de personnes qui ne sont pas du tout religieuses », note Amélie Roy-Bergeron, agente de mobilisation à Héritage Montréal, qui a offert son soutien à la paroisse.

La paroisse réussira-t-elle à survivre ? Elle a lancé une campagne de financement de 900 000 $ et obtenu une subvention de 280 000 $ du Conseil du patrimoine religieux du Québec. Mais des soumissions reçues par la paroisse montrent que certains prix ont doublé depuis deux ans. Le prix du cuivre, nécessaire pour la réfection du clocher et du toit, a triplé, déplore Denis Prescott.

Pas de doute, il faut avoir la foi pour se lancer dans de tels projets.

Des églises réinventées

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

L’église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, à Ville-Émard, a été convertie en théâtre.

Ces dernières années, de plus en plus d’églises ont été vendues par des paroisses qui n’arrivaient plus à payer leur entretien.

À Montréal, certaines ont été transformées en condos par des promoteurs privés, d’autres en HLM. Ailleurs au Québec, on mise sur des écoles de cirque (à Québec et à Saint-Germain-de-Kamouraska) ou sur la culture en serres verticales (à Saint-Pacôme, dans le Bas-Saint-Laurent).

Dans les Cantons-de-l’Est, le musicien Pilou a acheté l’église de Saint-Adrien pour la transformer en studio et en pôle créatif, en installant au sous-sol des serveurs qui minent de la cryptomonnaie pour chauffer le bâtiment.

Voici d’autres exemples réussis de réutilisation d’églises qui servent à la communauté, à Montréal.

Église Notre-Dame- du-Perpétuel-Secours

Ville-Émard, 1914

Transformée en théâtre, centre de formation et logements communautaires.

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Le Groupe Paradoxe, une entreprise d’insertion sociale et professionnelle, a acheté l’église et le presbytère pour 500 000 $ en 2013. L’organisme a investi 3 millions pour y installer un théâtre, où se tiennent différents spectacles et évènements (dont l’enregistrement de l’émission de Télé-Québec Y a du monde à messe). Le Théâtre Paradoxe permet chaque année à une trentaine de jeunes adultes en situation d’itinérance, d’exclusion sociale, de décrochage scolaire ou qui ont des problèmes de toxicomanie ou de santé mentale d’apprendre les techniques de scène, tout en étant payés. Dans le presbytère qui jouxte l’église, 12 logements ont été aménagés pour accueillir temporairement des gens qui travaillent dans des entreprises d’insertion partout à Montréal, et qui paient un loyer correspondant à 25 % de leur revenu.

Église Saint-Victor

Tétreaultville, 1927

Transformée en centre de jour, logements communautaires et coopérative d’habitation.

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L’ancienne église de la rue Hochelaga a conservé sa façade, mais les deux tiers de l’édifice ont dû être démolis pour le transformer en centre de jour pour personnes de 55 ans et plus en situation d’isolement ou d’itinérance. L’organisme PAS de la rue a ouvert ce centre en 2021. On y sert gratuitement le déjeuner et le dîner à une quarantaine de personnes chaque jour, on y offre du soutien psychosocial et différentes activités. Le presbytère situé à côté a été démoli pour faire place à un édifice de 40 logements pour les personnes de 55 ans et plus en situation de précarité, à qui on offre du soutien communautaire. Ces deux projets ont nécessité des investissements de 12,2 millions. De l’autre côté de l’église, une coopérative d’habitation de 36 logements a été construite et est maintenant gérée de façon autonome.

Église Saint-Raphaël-Archange

Côte-des-Neiges, 1932

Transformée en maison de soins palliatifs.

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Depuis novembre 2019, la Maison Saint-Raphaël offre 12 chambres à des malades en fin de vie et à leurs proches. On y trouve aussi un centre de jour pour des personnes atteintes d’une maladie incurable, leurs proches aidants ou des personnes endeuillées, qui ont accès à des travailleurs sociaux et à des activités et services comme l’art-thérapie, la massothérapie, l’acupuncture, la physiothérapie, le yoga, etc. L’ancienne église, fermée en 2008, a été cédée par la paroisse à un groupe de paroissiens qui se sont associés à des gens d’affaires et ont réussi à amasser des dons de 10 millions pour financer le projet. Les travaux de conversion ont coûté 6,5 millions. Les activités de l’établissement sont financées à 45 % par le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Église Saint-Mathias-Apôtre

Hochelaga-Maisonneuve, 1958

Transformée en restaurant communautaire et centre de formation.

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Pour 4,50 $, vous pouvez obtenir un repas complet au Chic Resto Pop, installé depuis 2004 dans l’ancienne église de la rue Adam. On y prépare chaque jour 600 repas, servis sur place ou livrés à domicile et dans des écoles. L’organisme contribue chaque année à la formation de 72 personnes inscrites à des programmes d’employabilité. Le bâtiment a été acheté pour 300 000 $ et sa transformation a coûté 4 millions, une somme qui a été obtenue grâce à divers programmes gouvernementaux.

Église Sainte-Geneviève-Cousin

Pointe-aux-Trembles, 1960

Transformée en CPE et en résidence pour aînés.

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L’église à l’architecture moderne, fermée en 2005, était vouée à la démolition en raison de sa contamination à l’amiante, mais les autorités municipales ont refusé d’accorder le permis et d’entériner sa disparition. C’est la Corporation Mainbourg, une entreprise d’économie sociale, qui a fini par l’acheter. Pour réutiliser l’édifice, il a fallu enlever le revêtement intérieur avant de rénover de fond en comble, des travaux de 4,5 millions. On y a aménagé un CPE, qui est maintenant propriétaire de plus de la moitié de l’église, tandis qu’une salle polyvalente occupe le reste. Sur le terrain disponible à côté de l’église, on a érigé un complexe d’habitations qui comprend 126 logements pour personnes âgées autonomes et 48 chambres pour personnes en perte d’autonomie.

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Patrimoine religieux : des églises qui ne sont plus entretenues

Radio-Canada Info

À l’occasion de la fin de semaine de Pâques, François Legault a fait l’éloge du patrimoine religieux du Québec : un message qui a suscité beaucoup de commentaires. Mais quel est l’état du patrimoine religieux du Québec?

Un reportage de Davide Gentile
#TJ18h

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5/14/2023
Construction has started!


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Reportage radio

Nationaliser les lieux de culte au Québec pour assurer la sauvegarde de certaines églises

Nouvelle vie pour une église d’Hochelaga, plusieurs autres menacées de fermeture


L’intérieur de l’église Très-Saint-Rédempteur
PHOTO : ICI Radio-Canada/René Saint-Louis

Le 15-18
Publié le 15 mai 2023

L’avenir de l’église du Très-Saint-Rédempteur, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, est vraisemblablement assuré. Le Groupe Carosielli, qui l’a achetée, souhaite la transformer en espace locatif pour des événements, comme il l’a fait pour l’église Saint-Vincent-de-Paul, au coin de Sainte-Catherine et Fullum. Il est plutôt rare que le diocèse de Montréal vende des églises; il n’en a vendu que quatre depuis 2013. Pourtant, au moins une trentaine de lieux de culte à Montréal seraient menacés de fermeture dans les prochaines années.

Trouver de nouvelles vocations à ces lieux de culte en difficulté n’est pas chose simple et, bien avant cela, il faudrait décider quelles églises on doit conserver et lesquelles on pourrait laisser aller, selon Julie Favreau de la Fondation des Centres Trinité.

Le journaliste Philippe-Antoine Saulnier l’a rencontrée. Dans son reportage, il explique comment la nationalisation des lieux de culte au Québec pourrait être une solution, d’après Mme Favreau.


Une église d’Hochelaga vendue aux propriétaires du Théâtre Rialto


L’église du Très-Saint-Rédempteur, dans Hochelaga-Maisonneuve
Photo : Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier

Philippe-Antoine Saulnier
Publié à 19 h 36

L’église du Très-Saint-Rédempteur, sur la rue Adam, dans Hochelaga-Maisonneuve, a finalement trouvé preneur. Son avenir est assuré, promet le nouveau propriétaire, mais des dizaines d’autres à Montréal sont menacées de fermeture.

Avec sa nef de plus de 16 mètres de haut et ses vitraux de l’artiste Guido Nincheri, l’église du Très-Saint-Rédempteur a tout pour impressionner les visiteurs.

Ezio Carosielli, dont l’entreprise vient de faire l’acquisition de l’immeuble, a été charmé dès sa première visite.

On ne veut rien détruire, on ne veut rien changer, on veut mettre en valeur ce qu’il y a ici, évidemment.

Construite en 1927 et 1928 à l’angle des rues Adam et Joliette, l’église a été dessinée par les architectes Donat-Arthur Gascon et Louis Parant, qui a aussi signé les plans de reconstruction de l’hôtel de ville de Montréal dans les années 1920.

Son style beaux-arts est peu fréquent parmi les églises montréalaises. Vous avez une combinaison d’architecture qui est classique, mais aussi moderne, fait remarquer M. Carosielli. La fenestration est moderne, elle n’est pas classique du tout, mais les colonnes et tout ça, c’est classique.


Ezio Carosielli est le nouveau propriétaire de l’église du Très-Saint-Rédempteur, sur la rue Adam, dans Hochelaga.
Photo : Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier

Une nouvelle vocation

Le Groupe Carosielli, qui est propriétaire du Théâtre Rialto et du Théâtre St-James, dans le Vieux-Montréal, prévoit faire de cette église un espace locatif pour différents événements.

Des levées de fonds, des galas, beaucoup de tournages aussi, beaucoup de remises de prix, de conférences, explique M. Carosielli. On verra ce que le marché nous dira. Ça se peut que ce soit une location pour des services religieux, ça peut être un usage communautaire, toutes sortes de choses.

C’est d’ailleurs la même vocation qui attend l’ancienne église Saint-Vincent-de-Paul, située au coin des rues Sainte-Catherine Est et Fullum, que le Groupe Carosielli a acquise en 2018. L’espace, rebaptisé Théâtre Cartier, doit ouvrir ses portes cet été, après d’importants travaux.

On va essayer, autant que possible, de conserver tous les aspects historiques, indique M. Carosielli. Même le monumental autel devrait garder sa place, une fois dépouillé de certains éléments religieux.

Des travaux seront toutefois nécessaires, notamment pour installer un système de ventilation et de climatisation.


L’intérieur de l’église du Très-Saint-Rédempteur
Photo : Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier

La transition du patrimoine religieux

Si les ventes d’églises ont été peu nombreuses dans la dernière décennie [le diocèse ne retrouve que quatre autres transactions depuis 2013], au moins une trentaine de lieux de culte à Montréal sont menacés de fermeture.

C’est le constat de la Fondation des Centres Trinité, qui vient de réaliser un portrait analytique des lieux de culte de la métropole.

On a une énorme concentration d’églises par rapport à d’autres provinces et d’autres endroits au Canada, et on les a aussi désinvesties massivement, très rapidement, rappelle l’avocate Julie Favreau, consultante auprès de la Fondation des Centres Trinité.

Le bilan que dresse l’organisme laisse entrevoir une vague de faillites à moyen terme. Près de 40 % des lieux de culte montréalais affichent un déficit annuel, et le tiers de ceux-ci doivent composer avec des dépenses qui sont au moins 30 % plus élevées que leurs revenus.

Ça veut dire que, dans trois ans maximum, ces églises-là sont en faillite, explique Julie Favreau. Elles sont déjà en faillite technique, mais dans trois ans, elles vont avoir épuisé leurs économies et elles vont être obligées de fermer, si ce n’est déjà le cas.


Ezio Carosielli, du Groupe Carosielli, a acheté l’église du Très-Saint-Rédempteur, dans Hochelaga-Maisonneuve.
Photo : Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier

Une table ronde pour trouver des solutions

C’est pour trouver de nouvelles vocations à ces lieux de culte en difficulté que la Fondation des Centres Trinité a mis sur pied, il y a un an, une table ronde qui réunit les congrégations religieuses propriétaires des bâtiments, le milieu communautaire et culturel, des fondations philanthropiques et différents ordres de gouvernement. Une rencontre de ces divers partenaires a eu lieu au cours des derniers jours.

Les lieux de culte abritent souvent des groupes communautaires et artistiques, des garderies ou des entreprises d’économie sociale qui ont besoin de ces espaces. Or, la menace de fermeture qui plane sur certaines églises met en péril la pérennité de ces missions sociales.

L’aspect le plus important souligné par les partenaires, selon Mme Favreau, concerne l’approche québécoise face au patrimoine religieux.

De voir les églises comme l’héritage historique, les biens patrimoniaux québécois, c’est une chose, explique Mme Favreau. Mais de le faire au prix du service social qu’elles opèrent, ça crée des enjeux.

Il faut aussi penser à pérenniser le patrimoine immatériel de ces bâtiments, selon Julie Favreau.


L’église du Très-Saint-Rédempteur
Photo : Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier

Les églises ont été des lieux de culte, mais surtout de rassemblement, de rencontre et d’échange. C’est le filet social du Québec qui s’est bâti à travers les églises, il ne faut pas l’oublier, poursuit-elle.

Maintenant, on préfère garder le bâtiment comme tel plutôt que les services qu’il pourrait rendre, des services qui ne peuvent plus cohabiter avec un espace qui est muséal, à toutes fins pratiques.

L’avocate souhaite que le gouvernement québécois fasse l’arbitrage entre les églises qu’il faut conserver et celles que l’on devrait démolir.

D’après Ezio Carosielli, qui dit avoir déboursé trois millions et demi de dollars pour acquérir l’église de la rue Adam, une réduction de la fiscalité pourrait faciliter la transition du patrimoine religieux. Par exemple, la taxe de bienvenue [droit de mutation immobilière] pour acheter cette église, c’était 200 000 $, note-t-il. Ça, c’est un obstacle à des ventes possibles dans le futur.

Le Groupe Carosielli ne prévoit pas demander de subvention pour les travaux qui devront être réalisés à l’église du Très-Saint-Rédempteur.

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