Nouvelles économiques et commerciales

Je suis ravi de constater que la ville semble prendre conscience de l’enjeu du problème des rues commerciales. Il était temps. Mais je ne suis pas convaincu que les solutions envisagées soient assez fortes pour combler les ‘‘trous’’. Je trouve la cavalerie plutôt faible.

Premièrement, la ville doit encore, et j’insiste sur le ‘‘encore’’, faire un effort fiscal pour baisser la taxe commerciale surtout pour les petits commerces. Et s’assurer que cette baisse se reflète dans le prix du loyer.

Deuxièmement, comme le mentionne Vince, on sait tous quels sont les propriétaires qui négligent leur bâtiment/locaux et avec eux il est temps d’agir avec plus de vigueur, pandémie ou non. Il faut les forcer à nettoyer leurs vitrines et à leur donner un ultimatum pour louer leurs locaux. Sinon on pénalise.

Il faut aussi trouver une solution pour limiter le nombre de commerce appartenant au même propriétaire sur une même rue ou dans un même secteur. On légifère de la même façon qu’on le fait pour limiter le nombre de bar dans une rue donnée par exemple. Car il faut de la compétition et de la diversité.

Et finalement il faut réduire le montant (voir abolir) qu’un proprio peut utiliser en pertes fiscales. Car pour l’instant ça me semble intéressant de la faire alors que ça devrait être le contraire.

Je rappelle que l’une des raisons principales de vivre dans un milieu urbain (pour moi) est l’offre commerciale abondante et diversifiée que l’on trouve sur plusieurs artères. C’est ce qui me stimule le plus en ville. Ce n’est pas les festivals, ce n’est pas les parcs, ce n’est pas les buildings de 60 étages, ce n’est pas les pistes cyclables etc. C’est l’activité commerciale de rue.

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Fermeture du Arts Café sur Fairmount en raison de l’augmentation de loyer. 40 % d’augmentation + 7% par année pendant 5 ans !! :open_mouth:

Un texte à lire sur le Mile-End sur le site de CBC

Je viens de faire l’exercice de nommer toutes les ouvertures ou annonces de commerce qu’il y a eu dans le quartier depuis la pandémie, de mémoire la liste à l’air de ça:

  • Pizza Tony
  • Slice and Soda
  • Pizza Fugazzi
  • Catrina
  • Beau Temps
  • Manoubia
  • Super Loco
  • Coq Frit
  • Jack le coq
  • Resto grec en préparation
  • La friperie Seconde
  • Palma
  • Sugar-Mamie
  • Une place d’importation de vin sur Bernard
  • Maka
  • Une place de récupération de données
  • BonLook
  • La réserve naturelle
  • Lori Caffé

Et il y en a sûrement d’autres. On se concentre sur les fermetures, mais le fait est qu’il y a beaucoup de gens qui sont prêt à payer cher leur local pour s’installer dans le quartier. Les propriétaires en profitent. En dehors d’un contrôle des loyers, on ne pourra pas empêcher ce phénomène.

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Puisqu’on parle du Mile-End ces temps-ci, pourquoi ne pas compter les locaux commerciaux? C’était un beau midi, avec un grand soleil. J’ai fait Saint-Laurent de Van Horne à Saint-Joseph, Fairmount de la Place Fairmount Est à Parc, Saint-Viateur de Saint-Laurent à Parc et Bernard de Saint-Laurent à Parc.

Édition spéciale « j’ai fait mes recherches ». Avant ma promenade, je suis allé voir les listages sur Centris, Kijiji, et Marketplace pour voir si des locaux non-occupés étaient simplement sans affiche « à louer » sur place, mais annoncés ailleurs. Cela m’a permis de changer le statut de 3 locaux par rapport au compte précédent, de mémoire.

Saint-Laurent

131 locaux au total
116 occupés (88.6%)
4 à louer (0.8%)
11 inoccupés (8.4%)

Pratiquement semblable à mon dernier comptage. Deux bars n’ont pas survécu à la pandémie:


Un seul est affiché « à louer » pour le moment.

Curiosité: nous avons une école privée maintenant sur Saint-Laurent?

Quelques photos d’ouvertures récentes et à venir:

Ce restaurant et l’équipement était annoncé à vendre il y a quelques mois, plus maintenant. Une nouveauté à l’horizon? Inoccupé pour l’instant:

Des rénovations actives ici:

Ce local me fascine. Depuis que je suis dans le quartier, il a toujours été entretenu, occupé. Il n’a jamais été ouvert. Mais c’est plein de stock, et quelqu’un fait le ménage de temps en temps! Il devrait peut-être avoir la catégorie « hanté »:

Saint-Laurent continue d’être une rue en santé. Il faut dire que ce sont beaucoup d’adresses plus récentes, plus tendances. Le roulement fait moins jaser qu’ailleurs dans le quartier.

Fairmount

40 locaux
38 occupés (95%)
0 à louer
2 inoccupés (5%)

Deux changements sur Fairmount digne de mention. Le local du Freshmint est libre, ils ont ouvert un nouveau comptoir sur Parc plus au sud. Beau local pour profiter de la Place Fairmount Est. Bien entendu, le Art Café est aussi fermé, après une hausse de loyer abusive ou un non-paiement du loyer, dépendamment à qui on parle.

On peut noter l’ouverture récente d’un magasin de vrac:

Dans la catégorie problématique, il y a toujours ces deux locaux, qui sont des entrepôts utilisés mais disgracieux dans la rue. Si on moins ils retiraient les graffitis…

Saint-Viateur

48 locaux au total
44 occupés (91.7%)
4 inoccupés (8.33%)

On peut noter l’ouverture prochaine de Jack le Coq:

Ce local est en fin de travaux:

Et l’expulsion de Comptoir 21 (fermé) et Pizza Saint-Viateur (déménagé sur Bernard). Il y avait une pancarte « à louer » sur le local de Comptoir 21, et elle n’est plus là. Aucun listage en ligne.

L’ancien garage était à vendre il y a plusieurs mois, plus maintenant. Projet immobilier à venir? En ce moment il sert de cafétéria improvisée:

Ce dépanneur a fermé il y a un bout et a été un brin vandalisé, et depuis il a perdu sa pancarte « à louer », a été nettoyé et je n’ai pas vu un listage en ligne:

Saint-Viateur est Saint-Viateur, toujours bourrée de gens qui mangent un morceau sur l’heure de midi. La rue se maintient très bien au fil du temps en termes d’occupation.

Bernard

55 locaux en tout
43 occupés (78.2%)
4 à louer (7.3%)
8 inoccupés (14.6%)

Une légère amélioration pour la rue Bernard. Voici quelques ouvertures récentes:

Pizza Saint-Viateur est, bien entendu, un déménagement. Je suis content pour eux d’avoir pu rester dans le quartier.

Deux des locaux à louer est un restaurant annoncé seulement en ligne, comme un grand local ou un moyen et un petit (une option pour le déménagement du Art Café?):

Le problème de la rue Bernard: des édifices complets abandonnés. Des travaux pas finis, aucun signe de vie, locaux pas sur le marché:

En dehors de cela, la trame commerciale de Bernard est quand même solide. Il y a eu un petit roulement, plusieurs ouvertures. Il ne manque pas grand-chose pour que Bernard puisse être en bonne santé. Juste 2 ou 3 propriétaires négligents en moins.

Je vais faire Parc une prochaine fois. Je m’attends à un taux d’occupation assez similaire à la rue Bernard.

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Merci pour cette recherche exhaustive! petite coquille toutefois dans le nombre de locaux inoccupés rue Saint-Viateur :wink:

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Merci haha! Mes chiffres étaient à l’envers.

Je suis allé voir qui possède l’ancien garage sur Saint-Viateur. Il s’agit de cette compagnie:

Iacobo Capital | Investment Group – Iacobo Capital | Investment Group

Si quelqu’un est familier avec eux, vous me direz. Ils ont visiblement de petits projets/rénovations un peu partout en ville, mais le détail des projets n’est que des rendus, ou des photos d’intérieur.

Tout n’est pas morose dans le Vieux-Montréal, ouverture éventuelle d’un Benny

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Merci beaucoup pour ce compte rendu détaillé de la situation commercial du Mile end. Et le tout appuyé par des photos. C’est un bon travail journalistique qui nous donne une bonne idée de ce qui se passe dans un quartier précis qui a fait la manchette dernièrement justement à propos de son coté commercial.

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City proposes to lower property taxes for small businesses, make large companies cover the difference | Ottawa Citizen

Excellente proposition de l’hôtel de ville d’Ottawa qui vise à donner un coup de pouce aux petits commerçants en leur offrant une baisse de 10% de leur compte de taxe. Je ne connais pas la situation de la taxe commerciale de cette ville, peut-être est-elle trop élevée, je n’en sais rien, mais j’apprécie le geste et je crois que Montréal est du pour un geste similaire. D’ailleurs, l’administration actuelle a déjà baissé la taxe commerciale de 10% pour les commerces dont la valeur de l’Immeuble est inférieur à 500 000$, mais je pense qu’il est temps, encore une fois, de baisser davantage compte tenu de la situation actuelle et pour envoyer un signal fort que Montréal supporte les petits commerces indépendants.

Impact sur la construction et le prix des nouvelles propriétés

Il manquera de bois en Amérique du Nord


PHOTO ARMAND TROTTIER, ARCHIVES LA PRESSE
La hausse du prix du bois d’œuvre se traduit, pour le consommateur, par une forte inflation du prix du populaire madrier de 2 po sur 4 po de 10 pi de long. De 7,63 $ le 1er janvier, son prix est passé à 10,36 $ le 15 mars.

Le prix du bois d’œuvre, matériau essentiel à la construction de maisons, ne restera pas au niveau stratosphérique d’aujourd’hui bien longtemps, mais il ne retournera pas de sitôt à son niveau d’avant la pandémie.

Publié le 2 avril 2021 à 7h00
ANDRÉ DUBUC
LA PRESSE

Le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), qui représente les scieurs, prévoit un prix à terme autour de 800 $ ou 850 $ le millier de pieds-planche (pmp). Dans les 10 dernières années, par exemple, le prix a souvent gravité autour des 450 $ le pmp. Au Québec, le coût moyen de production est de 400 $ le pmp.

Actuellement, la spéculation et la pénurie appréhendée ont propulsé le prix à 1400 $, voire 1500 $ le pmp.

Pour le consommateur, ça se traduit par une forte inflation du prix du populaire madrier de 2 po sur 4 po de 10 pi de long. De 7,63 $ le 1er janvier, son prix est passé à 10,36 $ le 15 mars, indique François Bernier, vice-président, affaires publiques, de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).

Un prix de 1400 $ le pmp est insoutenable, reconnaît sans ambages Michel Vincent, économiste du CIFQ. Le prix baissera d’ici 6 à 12 mois, selon lui, quand l’industrie réussira à regarnir ses réserves. Ce jour viendra lorsque l’économie redémarrera pour de bon et que les dépenses discrétionnaires du consommateur augmenteront au détriment de son budget alloué aux rénovations domiciliaires.

Le directeur, économie et marchés, du CIFQ participait à un webinaire jeudi midi, organisé par l’APCHQ. L’inflation du prix des matériaux est le sujet de l’heure dans l’industrie de la construction.

Il faut savoir que le marché du bois d’œuvre est intégré à l’échelle du continent. Le prix est le même partout, à Boston, à San Francisco ou à Montréal. Le Québec produit environ 10 % du sciage résineux en Amérique du Nord.

À terme, les prix du bois d’œuvre resteront plus élevés qu’avant la pandémie, selon le Conseil de l’industrie forestière du Québec, parce que l’accroissement de la capacité de production paraît limité, tandis que la demande nord-américaine pour le bois d’œuvre restera forte au cours des 5, voire des 10 prochaines années.

L’Amérique du Nord, importateur net de bois dès 2021

« Il va manquer de bois en Amérique du Nord, et on est en train de s’approcher de cette situation », annonce M. Vincent aux entrepreneurs en construction à l’écoute.

Ironique pour une région qui a été colonisée d’abord pour ses fourrures puis pour son bois, l’Amérique du Nord deviendra un importateur net de bois en provenance de l’Europe dès cette année, soutient Michel Vincent.

Pareille situation survient rarement. La dernière fois, c’était au début des années 2000, en pleine folie immobilière causée par l’essor des prêts hypothécaires à haut risque (subprimes) chez nos voisins du Sud.

Ce printemps, c’est la tempête parfaite. Les stocks, qui avaient fondu pendant la mise sur pause de l’économie au printemps 2020, n’ont jamais pu être regarnis. Les consommateurs confinés qui se sont lancés dans les rénovations partent avec tout ce qu’ils trouvent.

Les importations de bois arrivent donc à la rescousse pour soulager l’industrie. Les livraisons sont rapidement passées de 100 millions de pmp par mois à 200 millions.

À plus long terme, l’industrie continuera de compter sur les importations, puisque les scieurs nord-américains sont incapables d’augmenter leur production suffisamment dans les prochaines années. « Il n’y a pas de volonté chez ceux qui possèdent la forêt d’alimenter l’industrie avec plus de bois. C’est comme ça partout en Amérique du Nord », souligne M. Vincent.

« La demande est là »

Quant à la demande pour le bois d’œuvre, elle restera forte, s’il faut en croire l’économiste du CFIQ.

La variable clé, c’est le nombre annuel de mises en chantier aux États-Unis. La moyenne des 60 dernières années s’élève à 1 500 000 nouveaux logements par an. Au Canada, elle est plutôt de 150 000 logements.

Or, tout semble pointer vers une reprise durable de la construction résidentielle après la décennie perdue qui a suivi la grande récession de 2008-2009. Entre 2010 et 2019, il s’est construit 8 millions de logements seulement. Il faut retourner à la décennie 1940-1949 pour trouver un niveau aussi faible. On comptait alors 150 millions d’Américains, comparativement à 350 millions de nos jours.

La population américaine est en manque de maisons neuves.

Michel Vincent, économiste du Conseil de l’industrie forestière du Québec

Les nombreux milléniaux, nés de 1981 à 1996, sont maintenant rendus à l’âge d’acquérir une propriété. Les taux hypothécaires n’ont jamais été aussi bas en 50 ans. Le nombre de maisons existantes à vendre est faible, et leur prix augmente rapidement. La prime entre le prix d’une maison neuve et celui d’une maison existante est tombée sous les 20 %. La confiance des constructeurs américains est à son zénith.

Les prévisionnistes avancent que les mises en chantier aux États-Unis dépasseront les 2 millions de logements dès 2023, niveau observé pour la dernière fois en 2006, il y a 15 ans.

« Les constructeurs américains vont en construire, des maisons. Ils s’attendent à en construire beaucoup dans les six prochains mois, comme dans les prochaines années. Et la demande en bois d’œuvre va suivre », résume M. Vincent.

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Marché Jean-Talon Retrouver son élan

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le marché Jean-Talon, à Montréal

Si la pandémie lui a fait perdre une bonne partie de son achalandage, elle lui a aussi permis de faire le ménage. Le marché Jean-Talon, dont on doutait de la survie il n’y a pas si longtemps, est en train de retrouver son élan. Il s’est doté d’un plan pour rouler au maximum de sa capacité d’ici cinq ans.

Publié le 5 avril 2021 à 5h00

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Suzanne Colpron Suzanne Colpron
La Presse

« Il y a une place pour tout le monde »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le marché Jean-Talon, à Montréal

Navire amiral des marchés publics montréalais, le marché Jean-Talon a résolu la crise qui l’avait paralysé et fait douter de sa survie.

Dans ses efforts de redressement, il a eu un coup de pouce de la pandémie, malgré toutes les contraintes sanitaires : l’engouement pour les produits québécois et le fait que les Montréalais étaient en quête de loisirs.

Mais tout n’est pas réglé pour autant. Le marché a un énorme défi qu’on retrouve dans tous les volets de l’agriculture, celui de la relève. Ça prend des fermiers disposés à se lever à 5 h le matin pour que leurs kiosques soient prêts, tout en trouvant le temps d’être au champ.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Nicolas Fabien-Ouellet, directeur général de la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal

« Une quarantaine d’emplacements pourraient être revalorisés avec des maraîchers », fait savoir Nicolas Fabien-Ouellet, directeur général de la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal, chargé par la Ville de veiller au bon fonctionnement des marchés montréalais, dont Jean-Talon, Atwater et Maisonneuve.

Autrement dit, il y a 40 espaces vacants, qui pourraient être comblés par une vingtaine de maraîchers. Cela représente 20 % de l’espace commercial.

Mettre de l’ordre dans la gouvernance

On s’en souvient. Après la publication d’un rapport sur la gestion déficiente du marché Jean-Talon, où s’était installé un système d’arrangement informel entre marchands, la Ville a décidé de mettre de l’ordre dans la gouvernance en nommant une directrice à la main de fer, qui, selon plusieurs, n’a pas su tenir compte de la culture et de la tradition de l’institution.

À cela s’ajoutaient plusieurs décisions de l’administration Plante qui n’ont pas aidé : restrictions à la mobilité dans le secteur, diminution des places de stationnement, aménagement douteux en béton, près de la SAQ, signalisation déficiente et rues fermées à la circulation automobile.

Sans compter les messages confus sur la vocation future du marché. Jean-Talon allait-il se transformer en un lieu touristique, un marché exclusivement bio, un endroit consacré à la restauration ou un marché de proximité ?

Les Montréalais ne le savaient plus. Les marchands, non plus. Ils ne savaient même plus s’ils faisaient partie des plans.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Jean-Talon restera un marché fermier, avec un appoint en restauration, où les producteurs continueront à cohabiter avec les revendeurs, décriés par plusieurs, mais néanmoins nécessaires pour faire vivre le marché à l’année.

L’arrivée du nouveau directeur général, Nicolas Fabien-Ouellet, 31 ans, nommé par intérim à la suite de la démission de sa prédécesseure, à la fin de 2019, et confirmé dans ses fonctions un an plus tard, a réglé bien des problèmes.

Les tensions entre marchands et les chicanes pour les places sont largement résolues. Il ne reste que deux litiges, dont celui concernant Birri, en voie de règlement.

Mais surtout, la vocation du marché a été exprimée avec clarté.

On a fait faire une étude de marché pour connaître les souhaits des Montréalais. Qu’est-ce qu’ils cherchent dans un marché public ? Et on se rend compte qu’on comble bien les besoins, en fait.

Nicolas Fabien-Ouellet, directeur général de la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal

« Si on se compare à l’international – on est allés à Londres, où c’est juste de la restauration, il n’y a plus de fermiers –, ici, on a quand même une bonne base. Les gens recherchent toujours des produits frais, accessibles, diversifiés », explique M. Fabien-Ouellet.

Jean-Talon restera un marché fermier, avec un appoint en restauration, où les producteurs continueront à cohabiter avec les revendeurs, décriés par beaucoup, mais néanmoins nécessaires pour faire vivre le marché à l’année.

« Pour moi, les revendeurs, c’est un faux débat qu’on entend depuis longtemps, note le directeur. Ici, on a des agriculteurs et des détaillants spécialisés. On veut trouver de tout dans les marchés. »

La segmentation actuelle de l’offre est la bonne, assure-t-il. Les changements à la répartition des types de commerce seront donc mineurs, selon le Plan de développement 2021-2025, obtenu par La Presse. Le pourcentage de l’espace commercial occupé par les restaurants, par exemple, est appelé à passer de 18 % à 20 % d’ici deux ans.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

L’objectif est de faire passer le pourcentage de fruits et de légumes frais de 40 % à 50 % en cinq ans, dans l’offre commerciale.

L’objectif, maintenant que la hache de guerre est enterrée, est d’attirer de nouveaux marchands, en n’oubliant pas qu’un marché public, c’est en fait plusieurs marchés différents qui se succèdent au rythme des saisons : les fleurs au printemps, les plants pour le potager, les premières récoltes, la saison classique, la production de gros pour les conserves, pour finir avec les citrouilles, avant de passer à la saison d’hiver.

« On est là pour régler des problèmes »

Il faut dire que l’approche de la nouvelle direction tranche avec celle qui prévalait avant la pandémie.

« On est là pour régler des problèmes, insiste M. Fabien-Ouellet. On n’est pas là pour dire aux membres : voici ce qu’on va faire et si vous n’êtes pas contents, allez faire du commerce ailleurs ! »

« Le marché public est un environnement fragile, reconnaît-il. Les marchands sont résilients, mais c’est un écosystème fragile. Il faut qu’on parte de la base, qu’on soit à l’écoute des besoins, et pour les cas particuliers, il faut donner un certain délai pour régler les problèmes. »

Ce changement de ton a été remarqué par les membres.

« Nicolas est conscient qu’on doit revamper un peu l’image des marchés », dit le producteur de fines herbes Patrick Lauzon. « J’adore Nicolas Fabien-Ouellet ! », s’exclame l’acéricultrice France Bisson. « Je trouve qu’il fait un travail extraordinaire avec son équipe. Ils sont là pour nous. » « On travaille avec Nicolas, ça se passe très bien », ajoute Thomas Lemoine, qui a cofondé le Panier québécois, service d’épicerie en ligne. « On a des réunions régulières. »

Jonathan Abecassis, membre du conseil d’administration, souligne que le nouveau directeur général a été le choix unanime du C.A., composé de six marchands et de quatre membres externes.

La COVID-19 nous a forcés à nous rasseoir à la table avec tout le monde. Et nous, les administrateurs, à établir un dialogue avec les marchands et à avoir des objectifs communs.

Jonathan Abecassis, membre du conseil d’administration

Chose certaine : « On ne veut pas que ça devienne un marché aux puces. »

L’agriculture au cœur de la mission

L’agriculture reste au cœur de la mission. L’objectif est même de faire passer le pourcentage de fruits et de légumes frais de 40 % à 50 % en cinq ans, dans l’offre commerciale, et celui des produits bios, de 5 % à 18 %.

« C’est sûr qu’on va faire le maximum pour recruter des fermiers », renchérit le directeur.

Ce qui est difficile dans le recrutement, c’est que les nouveaux venus seront le plus souvent des producteurs qui partent à zéro et non pas les héritiers de familles où l’on venait au marché de parent en fils ou en filles. Dans le cas du bio, c’est encore plus compliqué, explique le directeur : « La relève a déjà assez de contraintes à se lancer en affaires. Des fois, ça peut prendre deux, trois ans avant d’être certifié bio. Parce qu’ils ne sont pas encore certifiés, on les refuserait ici ? »

« Il faut rentrer du nouveau, du frais, il faut remplir les espaces, poursuit-il. C’est vrai qu’on pourrait faire du recrutement ciblé, mais on ne va pas garder un marché vide pour autant. Il y a une place à faire au bio, mais il y a une place pour tout le monde, ici, finalement. Au-delà du bio, on n’est pas là pour tasser qui que ce soit. Si vous êtes revendeurs, vous allez rester. On ne va pas vous sortir du marché parce que les gens nous disent qu’ils veulent du bio. »

Comment voit-il le marché dans cinq ans ? « Rempli. »

Vent d’optimisme chez les marchands

À un mois de l’ouverture du marché Jean-Talon en plein air, La Presse a pris le pouls des commerçants, certains faisant affaire au marché depuis des décennies, d’autres se lançant dans l’aventure.

Patrick Lauzon, 53 ans, vend ses fines herbes au marché Jean-Talon depuis longtemps. Il a repris les places qu’occupait son père. Sa fille suivra-t-elle ses traces ? Pas sûr.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Patrick Lauzon écoule sa production de fines herbes au marché depuis des années.

« Elle est plus attirée par les marchés où les horaires sont plus avantageux, comme Val-David, où on est là tôt le matin, à 7 h 30, mais à 13 h, c’est terminé, note-t-il. Donc, le samedi après-midi, on peut avoir du temps. »

Du temps, M. Lauzon en manque parfois. « Moi, à Jean-Talon, je ne peux pas quitter à 13 h le samedi. On est comme dans un centre d’achats, on doit respecter les heures de la place », dit-il.

À cela s’ajoute le fait que les déplacements et le stationnement sont plus compliqués à Montréal.

« Les zones BIXI, les zones de recharge de voitures électriques… Chaque année, on perd des espaces de stationnement pour d’autres besoins. Ça vient compliquer les choses. La piétonnisation n’est pas idéale en semaine, cela rend l’accès difficile dans plusieurs cas. Le week-end, c’est cute, c’est parfait, les jeunes familles sont contentes. Je n’ai aucun problème avec ça. Mais les jours de semaine, c’est catastrophique. »

1000 commandes par mois

Il y a le Panier bleu. Thomas Lemoine a créé le Panier québécois au début de la pandémie : un service d’épicerie en ligne qui propose exclusivement des produits du marché Jean-Talon, livrés à vélo ou en auto.

Un an plus tard, « on doit être à 1000 commandes par mois, en moyenne », annonce l’homme de 30 ans d’origine française qui a fondé son entreprise avec trois de ses compatriotes établis au Québec.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Thomas Lemoine a cofondé le Panier québécois, service d’épicerie en ligne qui propose des produits du marché Jean-Talon.

Un panier québécois fondé par des Français, je sais que ça fait sourire.

Thomas Lemoine, cofondateur du Panier québécois

Le but, dit-il, consistait à répondre à deux besoins nés de la pandémie : soutenir les maraîchers et les commerçants dans une période difficile et desservir les personnes ayant de la difficulté à se déplacer ou redoutant le virus.

La Corporation de gestion des marchés publics a vite repéré l’initiative et offert un bureau à la petite équipe qui préparait ses commandes dans le stationnement du marché, à la vue de tous.

« On attend beaucoup de la saison estivale, ajoute M. Lemoine. L’arrivée de tous les nouveaux produits québécois va vraiment apporter de la fraîcheur. Je pense que ça va être une période super sympa. »

Les affaires sont bonnes

Les affaires sont bonnes pour le cultivateur Guy Desgroseillers, en dépit de la pandémie.

« Faut dire que pour nous, la récolte a été meilleure l’été passé que l’été d’avant. Ça aide aussi », explique l’homme de 62 ans, qui occupe les places autrefois détenues par son père.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Guy Desgroseillers, cultivateur actif à l’année au marché Jean-Talon

On est là depuis 1964. J’étais petit garçon et je me souviens qu’on allait au marché Jean-Talon.

Guy Desgroseillers, cultivateur

M. Desgroseillers produit des pommes de terre et du maïs, à Saint-Rémi-de-Napierville. Mais depuis que son fils s’est joint à l’entreprise, il a recommencé à faire pousser des légumes dont il avait abandonné la culture : des topinambours, des courgettes et des haricots.

« On est en train de revenir comme quand j’étais jeune, se réjouit-il. Il faut dire qu’on a commencé à engager des travailleurs étrangers. Avant, c’était moi et mon épouse qui travaillions au champ. On avait quelques travailleurs saisonniers, mais c’était des locaux. »

« Le futur va être encore mieux »

Propriétaire avec son mari de la ferme René Lussier, à Saint-Damase, France Bisson croit que le marché Jean-Talon est retombé sur ses pieds après avoir traversé une période noire qui a plombé le moral des troupes.

« Maintenant, c’est rétabli, dit-elle. Il y a un nouveau conseil d’administration. L’ambiance a changé. Je pense que c’est derrière nous. Le futur va être encore mieux. Les producteurs qui sont là ont le marché à cœur. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

France Bisson est entourée de sa fille, Andrée-Anne Lussier (à gauche), de son mari, René Lussier (au centre), et de son fils Alexandre Lussier.

L’acéricultrice de 56 ans et son mari, René Lussier, tiennent un kiosque au marché depuis plus de 30 ans. Avec leurs trois enfants, Alexandre, Dominic et Andrée-Anne, ils vendent les produits de l’érable confectionnés dans leur érablière ainsi que les fruits et les légumes produits par leurs voisins.

Depuis la pandémie, ils offrent aussi un service d’épicerie en ligne.

« Ça marche super bien, assure Mme Bisson. L’été, c’est difficile parce que c’est très achalandé, mais l’hiver, ça fait un beau plus. C’est sûr qu’on n’arrête pas ça. »

« Moi, je reviens l’année prochaine ! »

Benjamin Caron, 40 ans, est un petit nouveau au marché. Propriétaire du restaurant Mazorca MTL, il s’est installé en face de la fromagerie Hamel le printemps dernier quand tous ses projets sont tombés à l’eau à cause de la crise sanitaire.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Benjamin Caron est propriétaire de Mazorca MTL, établi au marché Jean-Talon depuis l’été dernier.

Il fait partie de la « nouvelle offre gourmande » du marché.

La cuisine qu’il sert est « locale d’inspiration latine », tient-il à préciser.

« Pour nous, ç’a été la plus belle expérience. Ç’a été un mal pour un bien. On a été accueillis par les gens du quartier à bras ouverts. Malgré la COVID-19, ç’a a été une grosse preuve d’amour. »

J’ai redécouvert le marché Jean-Talon après tant d’années, et je l’ai redécouvert à travers mon entreprise, ce qui est encore plus fabuleux. Ça nous a permis d’être deux fois plus créatifs. On est connectés avec tous les commerçants, les agriculteurs.

Benjamin Caron, propriétaire du restaurant Mazorca MTL

Un mois après son ouverture, à l’été 2020, M. Caron est allé cogner à la porte de la direction : « Moi, je reviens l’année prochaine ! »

Non seulement se réinstalle-t-il début mai, mais il double également la superficie de son resto.

« On apporte quelque chose de vraiment le fun. On va avoir une bonne terrasse de 250 pieds carrés, des cocktails avec des distilleries québécoises, des bières de microbrasseries québécoises aussi, et des vins nature », détaille-t-il.
https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2021-04-05/marche-jean-talon/retrouver-son-elan.php

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Small scoop, but I heard from the grapevine that Zumper is looking at opening offices in Montreal and Vancouver. They recently opened offices in Miami (which apparently is a new “tech hub” but I digress) and Los Angeles. If trends are the same with the other openings, expect about ~150 jobs.

Une nouvelle succursale de Vrac & Bocaux ouvre dans Grifintown. Je n’ai pas trouvé l’adresse
Ça va être un bel ajout au quartier.

https://www.instagram.com/p/CKUBo9SHw8E/

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Avec une densité qui augmente constamment et une population au revenu moyen supérieur à la moyenne, GFT a tout pour attirer une gamme de commerces et de services très variés. Donc à mesure de la complétion des projets, le quartier deviendra extrêmement avantageux pour les affaires et le commerce. On est ici dans un cercle vertueux qui prendra véritablement son plein élan après la pandémie, ce qui en fera un des quartiers parmi les plus branchés et les plus agréables à vivre de la ville.

Les 2 locaux commerciaux du projet de condos coin Ontario & de la Visitation ont trouvé preneur, une boutique Telus/Koodo et un espace à bureaux. De plus, en face, une boutique en vrac (La vie en vrac) va bientôt ouvrir.

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De nouveaux locaux commerciaux sont devenus vacants ces derniers mois; ce qui est relativement normal. Par contre, il y a aussi des locaux vacants depuis des lustres qui semblent indiquer qu’il faut quand même un commerce avec un fort volume et/ou de grosses marges et satisfaisant la clientèle locale pour justifier des loyers a priori pas donnés.

L’espace bureau est pour une entreprise de design intérieur, je suis passé devant en allant à la Livrerie hier. C’est chouette!

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Bien curieux de connaître la teneur de leur discussion…

Le siège social pour les Amériques d’Alstom est maintenant à Montréal [est-ce qu’ils prendront la place de Bombardier Transport à Saint-Bruno-de-Montarville (sur le bord de la 30)?]. Nous avons discuté de projets de développement au Québec.”, dixit François Legault :smile:

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Embellie économique en vue pour le Québec

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(Ottawa, Québec et Montréal) Des programmes sociaux avant-gardistes. Des finances publiques en meilleur état que celles de la majorité des provinces. De l’énergie renouvelable très prisée. Des filières industrielles fortement demandées. Et un voisin américain qui amorce un virage résolument vert. De plus en plus de signes laissent présager de belles années économiques pour le Québec.

Publié le 17 avril 2021 à 6h00

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Joël-Denis Bellavance Joël-Denis Bellavance
La Presse

Tommy Chouinard Tommy Chouinard
La Presse

André Dubuc André Dubuc
La Presse

Les astres économiques s’alignent

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Les astres semblent s’aligner pour que le Québec enregistre des années de croissance économique enviable. L’ambition du premier ministre François Legault de réduire l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario n’apparaît plus comme un projet farfelu et inatteignable.

« Le Québec s’est donné les moyens de réussir dans l’économie du XXIe siècle », affirme sans ambages le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.

Il crédite l’ancien premier ministre du Québec Robert Bourassa, qui a eu la vision de miser sur la « bougie d’allumage » : l’hydroélectricité. « On n’a peut-être jamais donné tout le crédit qui revient à cet homme qui a pris cette décision il y a 50 ans. Le Québec a fait un choix stratégique, et voilà qu’aujourd’hui, on en retire les dividendes », tranche-t-il.

Si le Québec produit de l’aluminium vert, excelle déjà dans l’électrification des transports avec les Lion et Nova Bus, est déjà un leader dans l’hydrogène vert et suscite l’envie de plusieurs pour ses avancées en intelligence artificielle, il va maintenant profiter des investissements d’Ottawa pour lutter contre les changements climatiques et du virage vert qu’amorcent les États-Unis sous l’administration de Joe Biden, selon le ministre.

« Positionnement extraordinaire »

« Les énergies renouvelables positionnent le Québec d’une façon extraordinaire. Ce choix de M. Bourassa donne aujourd’hui au Québec un avantage comparatif en Amérique du Nord parmi les 50 États américains et les 10 provinces canadiennes », estime M. Champagne, qui croit dur comme fer que le virage vert à Washington, notamment l’électrification des transports, « va être un accélérateur ».

D’autant plus que le Québec possède tous les minéraux rares nécessaires pour fabriquer les batteries des véhicules électriques.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

François-Philippe Champagne, ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

Les technologies vertes qu’on a développées chez nous vont trouver un marché, un des plus grands marchés au monde. Ça nous donne un avantage comparatif indéniable.

François-Philippe Champagne, ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

Citant certains passages du livre de Bill Gates (How to Avoid a Climate Disaster), l’énergie renouvelable comme l’hydroélectricité est la seule façon de répondre adéquatement à une augmentation de la demande sans mettre en péril l’avenir de la planète.

Le Québec s’apprête aussi à récolter les fruits de ses politiques sociales avant-gardistes.

Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, ne l’a pas inscrit dans son budget pour éviter de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais il prévoit toucher des fonds fédéraux plus importants bientôt.

« Le gouvernement fédéral va sûrement faire quelque chose pour les garderies » dans son budget du 19 avril, affirme-t-il en entrevue. Et comme le Québec a déjà son propre programme, il explique : « On va se retirer [de l’initiative fédérale] avec pleine compensation financière. Donc ça va nous amener de l’argent récurrent. C’est bien ! »

Ce sera bienvenu, surtout au moment où le grand argentier du gouvernement Legault prévoit que les finances publiques ne sortiront pas de la zone rouge avant sept ans.

Combien le Québec pourrait-il toucher ? « La part du Québec là-dedans, c’est 22,6 % de ce que le fédéral va annoncer », répond-il en faisant référence à la proportion de la population québécoise dans celle de l’ensemble du Canada. « Moi, je sais combien ça coûte, un programme de garderies au Québec, et notre réseau, qui n’est pas parfait, ça coûte cher. Ottawa ne pourra pas annoncer un programme national de garderies et mettre 1 milliard là-dedans ! Ça ne serait pas national fort, fort… » Au minimum, on parle de centaines de millions de dollars récurrents qui vont atterrir dans les coffres de Québec.

Assurance médicaments

Le gouvernement Trudeau a aussi promis de créer une assurance médicaments à l’échelle du pays. Là encore, le Québec a son propre régime d’assurance. Il se retirerait du programme fédéral et toucherait une compensation financière.

Dans la mise à jour économique et financière de l’automne dernier, Ottawa s’est engagé à investir entre 70 et 100 milliards en trois ans dans la relance économique.

S’ils choisissent d’investir 75 milliards en trois ans, c’est 25 milliards fois trois. Et là-dedans, il y aura des retombées pour le Québec, c’est indéniable.

Eric Girard, ministre des Finances du Québec

Une autre bonne nouvelle !

On l’a vu lors des deux annonces récentes de François Legault et Justin Trudeau : malgré leurs différends idéologiques, leurs intérêts convergent sur quelques fronts. On peut penser à l’économie verte, au développement des transports collectifs, au déploiement de l’internet haute vitesse. Quand de telles occasions se présentent, les investissements fédéraux viennent alléger la facture de Québec.

Incertitudes sur les transferts en santé

Il n’y a toutefois pas d’engagement ferme de la part d’Ottawa au sujet de la plus importante demande de Québec et des autres provinces : une hausse des transferts en santé.

Dans les coulisses, des travaux sont toutefois en cours. À l’initiative d’Ottawa, le comité des arrangements fiscaux – un groupe permanent qui réunit des sous-ministres du fédéral et des provinces – se penche sur la contribution historique du fédéral au financement des soins de santé et sur la situation financière du fédéral par rapport à celle des provinces.

Les provinces réclament une augmentation de 28 milliards de dollars des transferts en santé (6 milliards pour le Québec), afin de faire passer de 22 % à 35 % la part d’Ottawa dans le financement des dépenses en santé. « Le fédéral contribuait à près de 45 % des coûts » dans le passé, plaide Girard.

Ailleurs au Canada, le Québec fait depuis longtemps l’objet de railleries pour sa dépendance à la péréquation – programme fédéral qui vise à redresser la richesse des provinces pauvres au niveau de la moyenne canadienne. Or, lentement mais sûrement, « le Québec gagne en indépendance », insiste Eric Girard.

La part du Québec dans l’enveloppe de péréquation est en diminution. Elle passera de 66 % à 53 % d’ici 2026-2027. « Ça, ça représente l’amélioration relative du Québec dans la fédération, la lente marche vers la moyenne nationale du PIB par habitant, pour fermer notre écart de richesse. »

La situation économique du Québec s’améliore et, par conséquent, sa capacité fiscale est plus grande par rapport à la moyenne canadienne. Donc, même si le Québec reçoit une somme moins élevée en péréquation, il n’est pas perdant. Il va chercher plus de revenus autonomes en raison d’une meilleure performance économique.

« Nous sommes 22,6 % de la population du Canada, mais seulement 20 % de l’économie canadienne. On voudrait une richesse équivalente à notre poids démographique. Notre importance et notre influence dans la fédération vont être décuplées si l’on y parvient », plaide M. Girard.

De belles années à venir

ILLUSTRATION LA PRESSE

Virage vert d’Ottawa et de Washington

Avec son plan de relance de 100 milliards, le gouvernement Trudeau mise sur une relance verte de l’économie en favorisant l’utilisation de l’énergie propre tout en réduisant la dépendance des Canadiens aux énergies fossiles. Le président américain Joe Biden a annoncé à la fin de mars un plan d’infrastructures, dont 1000 milliards serviront à décarboniser l’économie américaine.

Le Québec, champion de l’énergie renouvelable au pays, est bien placé pour en profiter avec sa filière de spécialistes, de fournisseurs et de manufacturiers actifs dans ce secteur.

Hydro-Québec s’exporte

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LAPRESSE

Après le Vermont et le Massachusetts, Hydro-Québec souhaite vendre son électricité à l’État de New York.

En 2010, sous Jean Charest, le Congrès américain ne voulait même pas reconnaître l’hydroélectricité produite à partir des réservoirs d’eau des grands barrages comme énergie renouvelable. Les temps ont changé. La société d’État a déjà signé un contrat de vente ferme d’électricité avec le Vermont et a conclu une nouvelle entente de vente ferme avec le Massachusetts, semblable à celle qu’elle souhaite conclure avec New York.

Électrification des transports

Si le Canada et les États-Unis cherchent à devenir carboneutres d’ici 2050, ils devront mettre le paquet dans l’électrification des transports, puisque ce secteur compte pour près du quart (23 %) de tous les GES du pays. Québec est prêt à investir jusqu’à 1,4 milliard pour mettre sur pied une industrie de l’électrification axée sur la batterie au lithium, du minerai à la batterie. « Un projet de société », selon le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

Des métaux prisés

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

La mine de nickel Raglan, dans le Nord-du-Québec

Avec la décarbonisation de l’économie, les métaux sont le nouveau pétrole. Les quatre principales substances extraites au Canada et utilisées pour fabriquer des batteries sont le cobalt, le graphite, le lithium et le nickel. Le Québec est la seule province qui produit du lithium et du graphite, et il s’agit du premier fournisseur de cobalt, a affirmé le ministère canadien des Ressources naturelles en 2018. Les véhicules électriques sont gourmands en métaux : 20 kg de cuivre sont nécessaires pour construire un véhicule ordinaire, 40 kg pour un véhicule hybride et environ 80 kg pour un véhicule électrique, selon le site IFP Énergies nouvelles.

Un secteur biomédical plus autonome

Le ministre canadien de l’Industrie, François-Philippe Champagne, s’est donné comme objectif de reconstruire les capacités de biofabrication au Canada afin de réduire sa dépendance à l’étranger. Historiquement, la région montréalaise a servi de point d’ancrage à la recherche et à la fabrication des médicaments d’origine. Il reste de cette période glorieuse une grappe des sciences de la vie, composée de 620 organisations, qui ne demande pas mieux que de prendre des couleurs au gré de la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement dans le biomédical.

Amenez-en, des infrastructures

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Québec dépensera 135 milliards en 10 ans pour les infrastructures.

Autant à Québec (135 milliards en 10 ans), à Ottawa (180 milliards sur 12 ans) qu’à Washington (2000 milliards en 8 ans), on mise sur les infrastructures pour relancer l’économie post-COVID-19. Le Québec est bien positionné dans l’ensemble de la filière : ingénieurs (WSP), constructeurs (Pomerleau) et financiers (Caisse et PSP). Même la mal-aimée cimenterie McInnis pourrait finir par profiter de la manne.

Une situation financière résiliente

Les finances publiques du Québec sont en meilleur état que ce qu’on appréhendait au début de la pandémie. Son ratio dette/PIB (45,5 % en 2022) est bien meilleur que celui du voisin ontarien (49,6 % en 2022). Le fédéral est à 55 %.

Malgré les défis que pose le vieillissement de la population sur les dépenses de santé, le Québec a de belles cartes dans son jeu. Parti de loin au chapitre du revenu médian des particuliers, le Québec apparaît maintenant au 5e rang parmi les 10 provinces.

De beaux défis à relever

Vieillissement accéléré

Le Québec vieillit plus vite que l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique, ce qui pose des défis en matière de finances publiques. Qui va payer pour les soins de santé des baby-boomers si la population active décroît au lieu de croître ? La situation est exacerbée par la politique d’immigration restrictive du gouvernement de François Legault. Son slogan « En prendre moins pour en prendre soin » s’est traduit par des délais de 27 mois pour les immigrants économiques qui choisissent le Québec, comparativement à 6 mois ailleurs au Canada.

Protectionnisme américain

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

L’usine de Lion Électrique, à Saint-Jérôme

Joe Biden a beau vouloir investir 2000 milliards dans les infrastructures, il a signé un décret ayant pour effet de durcir les dispositions protectionnistes du Buy American Act. On voit chaque semaine les effets du protectionnisme de nos voisins. Le constructeur d’autobus électriques Lion, de Saint-Jérôme, est financé par Québec pour une usine d’assemblage de blocs-batteries, bien qu’elle entende ouvrir son usine de construction d’autobus aux États-Unis.

Mesures de rétorsion chinoises

PHOTO ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des travailleurs dans une usine sidérurgique de Lianyungang, dans l’est de la Chine, le 12 février

La Chine a faim de nos métaux, parlez-en aux exploitants de mines de fer. Si les relations géopolitiques entre l’Amérique du Nord et la Chine devaient continuer de se détériorer, le jour n’est plus loin où la Chine se mettra à bouder nos matières premières. L’Australie goûte déjà à cette médecine, qui n’est en rien douce.

L’aérospatiale en plein désarroi

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Les commandes reprennent pour l’A220, développé par Bombardier sous le nom de C Series, mais l’industrie aérospatiale souffre toujours des contrecoups de la pandémie.

On l’a souvent entendu. L’Ontario, c’est l’auto ; le Québec, l’aérospatiale. Or, le principal donneur d’ordres de l’industrie, Bombardier, n’est plus l’ombre de lui-même. Certes, les commandes reprennent enfin pour l’appareil A220, développé par Bombardier sous le nom de C Series, mais est-ce que ce sera suffisant ? La pandémie a mis à mal la filière au grand complet, et le Canada tarde toujours à voler au secours du secteur exsangue.
https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2021-04-17/embellie-economique-en-vue-pour-le-quebec.php

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