Migration, émigration et immigration - Discussion générale

Les aberrations de l’immigration

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

David Emlab est arrivé à Québec en 2019 avec le statut de visiteur d’affaires.

Jean-Philippe Décarie

Jean-Philippe Décarie La Presse

En cette ère de pénurie de main-d’œuvre, l’immigration est devenue un enjeu majeur au cœur du débat public et, bien évidemment, de la campagne électorale. Si les partis politiques ne s’entendent pas sur le nombre exact de nouveaux arrivants que la société québécoise est capable d’intégrer chaque année, un constat émerge cependant quant aux nombreuses dysfonctions que le partage des responsabilités en matière d’immigration peut induire dans le processus.

Publié à 6h30

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L’immigration a été un thème important jeudi lors du premier débat télévisé des chefs de parti, qui se sont disputés tout au long de la soirée sur les seuils acceptables du nombre d’immigrants que le Québec est en mesure d’accueillir chaque année pour combler le manque de main-d’œuvre disponible sans pour autant contribuer au déclin du français.

Qu’il s’agisse des 35 000 du Parti québécois, des 50 000 de la Coalition avenir Québec (CAQ) ou des 60 000 et plus que jugent acceptables les trois autres partis, une chose est sûre, le Québec manque cruellement de bras et de cerveaux pour pourvoir les centaines de milliers de postes qui sont toujours en quête de candidats partout sur le territoire québécois.

Ce n’est pas pour rien que cette année encore, le gouvernement du Québec organise, en collaboration avec Montréal International, Québec International et d’autres organismes de développement économique, 17 missions de recrutement à l’étranger, principalement — mais pas exclusivement – dans des pays francophones, pour aller dénicher 3000 nouveaux travailleurs.

Les entreprises de 49 employés et moins qui veulent recruter à l’étranger lors de ces Journées du Québec doivent payer 1500 $ et celles de plus de 50 employés, 3000 $.

Alors qu’on dépense des millions pour aller aux quatre coins du monde chercher du sang neuf, néanmoins essentiel pour faire fonctionner correctement notre économie, il existe chez nous des citoyens issus de l’immigration temporaire qui se sont intégrés à leur société d’accueil, mais qui doivent partir au terme de la durée de leur séjour prescrit par leur statut.

C’est le cas de David Emlab, un travailleur français, arrivé à Québec en 2019 avec le statut de visiteur d’affaires. La société parisienne pour laquelle il était employé voulait vérifier la possibilité de réaliser du développement informatique par l’entremise de ses deux filiales de Montréal et de Québec.

Ce qu’il a fait jusqu’à ce que sa société décide de transférer ses activités de développement de contenu au Québec et qu’il devienne officiellement employé de cette division québécoise en décembre 2020.

M. Emlab a obtenu le statut de travailleur étranger temporaire avec un permis de travail fermé de développeur informatique, dans le cadre du programme fédéral de mobilité internationale. Son permis est valide jusqu’en décembre 2022.

Forcé de partir

Le problème, c’est que Davis Emlab arrive au terme de son statut d’employé temporaire et qu’il ne souhaite plus poursuivre sa carrière avec son employeur français.

« Avant la pandémie, tout allait bien, dit-il. Mais avec la COVID, ma société a décidé de fermer nos bureaux, et après deux ans de télétravail, je ne suis plus capable de rester seul chez moi. J’ai besoin de voir du monde, de socialiser. »

« J’aurais voulu faire autre chose, mais le permis de travail fermé ne permet pas d’avoir plusieurs emplois ou de suivre une formation. Si mon entreprise ferme, je ne peux avoir un autre employeur, mais des emplois, il y en a partout et je pourrais faire autre chose », déplore David Emlab.

On le sait, la situation de l’emploi est critique dans la ville de Québec, qui affiche un taux de chômage de 2,8 %, le plus bas au Canada. Des postes disponibles dans le développement informatique, il y en a des tonnes et des tonnes.

Il y a plus de 100 000 travailleurs étrangers temporaires au Québec et personne ne prend la place d’un travailleur québécois, il en manque partout.

David Emlab

Pour pouvoir rester au Québec, David Emlab doit trouver un employeur qui serait prêt à faire les démarches administratives pour régulariser sa situation, mais il ne peut se qualifier pour obtenir un Certificat de sélection du Québec parce qu’il n’a pas terminé deux années complètes au sein d’un même emploi.

« C’était un an, avant, mais la CAQ a compliqué les règles pour hausser à deux ans ce critère de sélection », soulève-t-il.

C’est après avoir lu ma chronique du 14 septembre, où j’expliquais que la réduction de la paperasserie administrative figurait en tête de liste des priorités électorales des dirigeants d’entreprises au Québec, que Davis Emlab m’a contacté.

Ce ressortissant français, spécialisé en sécurité incendie et en développement informatique, est le candidat à l’immigration type que François Legault souhaite recruter pour le Québec. Il est ici, chez nous, ça n’a rien coûté pour l’attirer, mais les dysfonctions de l’immigration québécoise le forceront à quitter le pays en décembre si on ne trouve pas un moyen de rationaliser la paperasserie. Il est temps de migrer au XXIe siècle.

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Un nombre record d’Ontariens ont déménagé au Québec


Graham Hughes La Presse canadienne
Les motivations des Ontariens ayant quitté la province depuis le début de la pandémie contrastent avec celles qu’avaient les migrants interprovinciaux d’autrefois.

Étienne Lajoie
À Toronto
Initiative de journalisme local
20 h 11

Quelque 7085 Ontariens ont déménagé au Québec lors du deuxième trimestre de 2022, le nombre le plus élevé observé en un seul trimestre depuis 32 ans. Ce mouvement de population s’inscrit dans une tendance nationale de mobilité interprovinciale et, plus largement, dans une vague de migration des Ontariens.

L’Ontario, la plus populeuse des provinces canadiennes, a perdu plus de 21 000 résidents au profit du reste du Canada lors du deuxième trimestre de 2022, d’après des données publiées par Statistique Canada. Cette perte est surtout due aux déplacements vers l’Alberta et les Maritimes, mais, lors de cette période, l’Ontario a également présenté un solde migratoire négatif avec le Québec.

Le solde migratoire du Québec pour ce trimestre était positif et a atteint 528, le nombre le plus élevé observé depuis 2003.

En 2021-2022, le solde migratoire entre l’Ontario et le Québec était de 172 pour l’Ontario, soit le nombre le plus faible pour une période allant du 1er juillet au 30 juin depuis le début des années 1970, soit depuis que Statistique Canada recueille ces données.

Les destinations de ces Ontariens ayant déménagé au Québec ne sont pas encore connues. Mais d’après Patrick Charbonneau, démographe chez Statistique Canada , la répartition régionale de ces migrants reste semblable au fil des ans : un peu plus de la moitié d’entre eux déménagent dans la région métropolitaine de Montréal ; 28 %, dans la partie québécoise de la région d’Ottawa-Gatineau ; et le reste, un peu partout dans la province.

La pandémie a modifié à plusieurs égards les mouvements migratoires entre l’Ontario et le Québec. D’une part, la crise sanitaire a retardé des déménagements déjà prévus. Les récentes données peuvent ainsi refléter un certain rattrapage, indique Patrick Charbonneau. D’autre part, le télétravail a gagné des adeptes depuis l’hiver 2020, et il permet à des Ontariens de conserver leur emploi tout en habitant dans une province où il est possible de trouver un logis plus abordable.

« Le prix des maisons et des logements est excessivement élevé en Ontario », rappelle Sébastien Labrecque, économiste en chef de l’Institut de politique publique StrategyCorp. D’après l’Association canadienne de l’immobilier, une maison coûtait en moyenne 829 739 $ en Ontario en août dernier, contre 484 070 $ au Québec. Selon l’économiste, les migrants interprovinciaux ontariens, déjà habitués à la surenchère immobilière, ont aussi emporté leur manière de faire dans leurs valises : en Nouvelle-Écosse, notamment, le prix des maisons a augmenté de manière importante entre 2019 et 2022.

Les motivations des Ontariens ayant quitté la province depuis le début de la pandémie contrastent avec celles qu’avaient les migrants interprovinciaux d’autrefois, relève aussi M. Labrecque. Ils déménageaient alors vers des provinces très productrices à la recherche de perspectives d’emploi, et vers des endroits urbains plutôt que ruraux ; c’est le phénomène inverse qui est observé depuis 2019.

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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Qui sont les immigrants au Québec ?

PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Les immigrants ont rarement fait autant parler d’eux que durant la campagne électorale provinciale. Mais qui sont ces personnes qui choisissent de s’installer au Québec ? Sont-ils actifs sur le marché du travail ? Parlent-ils français ? La Presse tente de départager le vrai du faux.

Publié à 5h00

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Émilie Bilodeau

Émilie Bilodeau La Presse

Francisation, obligatoire ou non ?

Les immigrants qui choisissent le Québec ne sont pas obligés de suivre des cours de français. « Mais le français est l’un des critères les plus importants dans la sélection du programme économique [immigrants permanents] », souligne Ndiaye Ndeye Dieynaba, directrice de l’Observatoire sur les migrations internationales, les réfugiés, les apatrides et l’asile.

« Un programme de francisation est offert aux immigrants du programme économique, mais aussi aux réfugiés et aux demandeurs d’asile. Le gouvernement du Québec propose des cours de 8 à 12 semaines avec la possibilité d’une aide financière », ajoute la professeure du département des sciences juridiques à l’UQAM.

Les immigrants temporaires (travailleurs ou étudiants) doivent pour leur part connaître le français OU l’anglais pour entrer au pays. François Legault a répété, jeudi, qu’il souhaite obtenir davantage de pouvoirs notamment dans la sélection d’immigrants temporaires afin de freiner le déclin du français au Québec.

50 000

Nombre d’immigrants que François Legault souhaite accueillir annuellement.

Les immigrants parlent-ils français ?

Quand on regarde les statistiques sur les immigrants et le français, il y a à première vue des données préoccupantes. En 2016, 15,1 % de la population immigrante connaissait uniquement l’anglais, contrairement à 2,7 % de la population née au Québec. Au travail, 53,8 % des immigrants disaient utiliser le français plutôt que 84,1 % pour la population née dans la province. Mais attention à ces chiffres, prévient Martin Papillon, directeur du Centre de recherche sur les politiques et le développement social de l’Université de Montréal.

« Ce que le Ministère regarde beaucoup, c’est la langue parlée de la deuxième génération d’immigrants. En d’autres mots, la grande majorité des enfants d’immigrants parlent le français en raison de la loi 101. Ils ont l’obligation de fréquenter l’école en français », explique-t-il. « Les enfants d’immigrants apprennent tous le français, ils sont tous socialisés en français. Il y a bien sûr un transfert vers l’anglais, il ne faut pas le nier, mais ce n’est pas la majorité », ajoute-t-il.

Les immigrants et le marché du travail

L’idée que des immigrants viennent au Québec — ou au Canada – pour se faire vivre par l’État est dépassée, affirme Maxime Lapointe, avocat spécialisé en immigration. « C’est une vieille conception qui vient d’anciens programmes d’immigration économique qui faisaient en sorte que certains immigrants finissaient comme chauffeurs de taxi. Mais les programmes ont changé », assure le spécialiste.

Le professeur Martin Papillon abonde dans le même sens. « Après cinq ans, le taux d’emploi et les revenus des immigrants s’apparentent à ceux de la population née au Québec. Ce n’est pas vrai qu’ils vivent aux crochets de l’État. En fait, puisqu’on les sélectionne, ils sont souvent surqualifiés et ils réussissent à trouver un emploi », ajoute-t-il.

Résidents permanents et citoyens

Les immigrants temporaires n’ont pas le droit à une carte d’assurance maladie. Les immigrants permanents, oui. « Le résident permanent a tous les droits d’un citoyen canadien sauf trois : le citoyen a le droit absolu de demeurer au pays alors que le résident permanent peut perdre ce droit », explique Ndiaye Ndeye Dieynaba.

« L’autre différence concerne la langue. Au Québec, si l’un de vos parents est anglophone, vous avez le droit d’aller à l’école en anglais. Les immigrants n’ont pas ce droit. Et en troisième lieu, les résidents permanents n’ont pas le droit de vote. »

S’installer au Québec pour de bon

Temporaires, permanents, réfugiés… pas si simple de démêler tous ces termes. Il existe trois grandes voies pour immigrer au Québec de façon permanente, explique le professeur Martin Papillon.

  1. Les travailleurs qualifiés : « La personne présente une demande à Service Canada à partir de son pays d’origine, mais le Québec a le pouvoir de sélectionner lui-même les travailleurs qualifiés. La sélection est basée sur une grille de pointage selon l’employabilité et la connaissance du français, notamment », dit M. Papillon.
  2. Les réfugiés : les candidats doivent respecter des critères entièrement établis par le fédéral.
  3. La réunification familiale : le programme est géré par le fédéral, mais le Québec impose des critères aux parrains. Ceux-ci doivent démontrer leur capacité à subvenir aux besoins essentiels du membre de la famille qui immigre pour une période allant de 3 à 10 ans.

30 mois

Au total, 24 mois sont nécessaires pour que le Canada traite la demande d’un travailleur qualifié souhaitant s’installer au Québec. Le gouvernement provincial prend six mois supplémentaires pour évaluer le dossier. Le délai peut être plus long si le candidat doit passer une entrevue.

Sources : Immigration et Citoyenneté Canada et ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec

Immigrants temporaires

La plus grande proportion des immigrants arrive au Québec avec un statut de travailleur temporaire ou d’étudiant étranger.

Une fois au Québec, les travailleurs temporaires et les étudiants étrangers peuvent demander une résidence permanente à condition d’avoir travaillé pendant deux ans et d’avoir un niveau de français oral intermédiaire avancé.

De plus en plus d’immigrants temporaires sont acceptés comme résidents permanents. « Les gouvernements partout dans le monde privilégient cette voie pour l’immigration permanente parce que les gens sont déjà ici et ils ont une connaissance de la société. C’est dans l’idée que le processus d’intégration est déjà commencé », affirme M. Papillon.

« C’est faux de penser que chaque année, 50 000 personnes débarquent d’un avion pour s’installer au Québec. Dans beaucoup de cas, ce sont des gens qui sont déjà ici avec un permis de travail délivré par le fédéral qui deviennent résidents permanents », ajoute l’avocat Maxime Lapointe.

263 000

Estimation du nombre de résidents non permanents au Québec en date du 1er janvier 2020.

Source : ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec

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Selon les données du Gouvernement du Canada, 45 510 nouveaux résidents permanents se sont établis au Québec entre les mois de janvier et août 2022. Au cours de ces huit mois, Montréal a attiré 35 680 nouveaux résidents alors que 4425 ont choisi la Ville de Québec. Dans les deux cas, on se dirige pour une année record au niveau de l’immigration.

https://open.canada.ca/data/en/dataset/f7e5498e-0ad8-4417-85c9-9b8aff9b9eda/resource/81021dfd-c110-42cf-a975-1b9be8b82980?inner_span=True

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Montréal est-elle prête à accueillir plus d’immigrants?

Photo: iStock

Clément Bolano

11 novembre 2022 à 16h02 - Mis à jour 11 novembre 2022 à 16h33 5 minutes de lecture

Ottawa a augmenté ses seuils d’immigration pour «répondre aux besoins de l’économie». En 2025, le gouvernement fédéral veut accueillir 500 000 nouveaux résidents permanents. En 2023 et en 2024, les seuils d’immigration seront de 465 000 et 485 000 nouveaux arrivants. Mais la ville de Montréal sera-t-elle capable de bien les accueillir?

«Ils sont où, les logements?», rétorque Martine Hilaire, intervenante et médiatrice culturelle à l’organisme Le Temps d’une pause. Expérimentée dans l’accueil des immigrants, elle s’inquiète du manque d’offre locative. D’après l‘Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), il faudrait construire 60 000 logements dans la région métropolitaine de Montréal rien que pour combler les besoins actuels.

L’immigration est un «défi en termes de logement», abonde Brahim Boudarbat, économiste et spécialiste de l’intégration des immigrants au marché du travail au sein de l’Université de Montréal (UdeM). «C’est évident qu’accueillir une nouvelle population de 40 000 à 50 000 par an – c’est l’équivalent d’une ville moyenne – met de la pression sur une crise du logement déjà importante.»

Le chercheur considère qu’«il faut que l’offre de logement suive l’arrivée de ces gens-là, sinon la demande va exploser». Cela aurait un impact négatif sur le prix des logements, mais aussi sur le montant des loyers.

Problème: il manque de travailleurs dans la construction pour faire sortir ces maisons et appartements de terre. «C’est le nœud du problème. On dit que l’immigration doit servir en premier lieu pour répondre aux besoins du marché du travail, mais il y a un besoin immédiat», martèle M. Boudarbat.

Régler la pénurie de main-d’œuvre

De nombreuses entreprises font pourtant appel au gouvernement pour remédier à la pénurie de travailleurs qui les frappe. «Le Canada a le potentiel d’attirer des talents de partout dans le monde pour aider à accroître notre main-d’œuvre, à combler la pénurie des compétences pour être concurrentiel au 21e siècle», déclarait sur Twitter Sean Fraser, le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.

Cette nouvelle était d’ailleurs bien reçue par les Syndicats des métiers de la construction du Canada. «Historiquement, c’est grâce à l’immigration que nous avons pu accroître notre main-d’œuvre, remplir nos bureaux syndicaux et bâtir l’infrastructure du Canada», rappelait Sean Strickland, directeur exécutif du syndicat.

Dans un rapport remis en 2022 au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec (MIFI), l’économiste Pierre Fortin, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), juge que la politique fédérale en immigration «donne peu de résultats économiques probants en niveau de vie, en vieillissement et en solutions aux pénuries de main-d’œuvre».

«Ça peut résoudre le problème à court terme dans certains secteurs comme la restauration et la santé», ajoute Marc Termote, démographe spécialiste en sciences de la migration. Pour lui, sur le long terme, «l’immigration ne résout pas la pénurie d’employés. Elle crée elle-même une pénurie d’employés.»

Brahim Boudarbat explique cela par la demande additionnelle que créent les nouveaux arrivants dans plusieurs secteurs déjà sous tension. «Cela entraîne plus de besoins en services de santé, d’éducation. […] Plus le nombre d’immigrants est élevé, plus on a besoin d’investir dans ces services», souligne-t-il.

Des pistes de réflexion

La part d’immigrants dans la population du Canada est de 22,3%. Ils représentent aussi 26,1% des aides-infirmiers, aides-soignants et préposés aux bénéficiaires de la province. Dans les autres professions, ce taux est de 14,7%. Même si l’immigration implique une pression supplémentaire sur le réseau de la santé, elle permet donc aussi de résoudre la pénurie de travailleurs qui gangrène ce dernier.

Faut-il donc mieux cibler les immigrants expérimentés dans des secteurs clés comme la santé, l’éducation et la construction? Oui, répond M. Boudarbat, mais il y a un «décalage important entre les immigrants qu’on sélectionne aujourd’hui et qui n’arriveront que dans deux ans, et la réalité du marché qui évolue rapidement […] Il faut que le système d’immigration s’adapte à ce marché en identifiant rapidement les immigrants qui pourraient occuper ces postes vacants, et les admettre rapidement», plaide le chercheur.

Au-delà de la lenteur des démarches, les structures et organismes d’accueil et d’intégration fonctionnent parfois en silo. Autant d’incompréhension suscitée chez les nouveaux arrivants que de défis pour ceux qui les reçoivent. «On essaie de défaire les nœuds [du système]. Il faudrait plus de cohésion dans la façon de travailler», avance France Dussault, directrice générale de Qualifications Québec.

Pour préserver le français, Québec étudie différentes propositions, comme le confirme une source gouvernementale à Métro. L’une d’entre elles consisterait à créer une nouvelle catégorie d’immigration pour les étudiants et les travailleurs temporaires déjà intégrés au Québec.

Une option à laquelle est favorable l’économiste spécialiste de l’immigration. Pour aller plus loin, il propose même un système d’immigration en deux temps. «On peut admettre des travailleurs de façon temporaire et rapidement. On peut leur laisser le temps de satisfaire les exigences, et dès qu’on sent qu’ils s’intègrent bien, leur offrir la résidence permanente». La clé? Réviser les programmes en immigration.

Données de l’ISQ La population de (presque) toutes les régions à la hausse

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

La croissance démographique se poursuit dans presque toutes les régions de la province, montrent de nouvelles données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Même à Montréal, le rythme semble repartir à la hausse, quoiqu’à des niveaux encore nettement plus faibles qu’avant. Sur la Côte-Nord, le déclin se poursuit toutefois.

Mis à jour le 11 janvier

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Henri Ouellette-Vézina
Henri Ouellette-Vézina La Presse

Faible hausse à Montréal

La métropole a vu sa population augmenter « d’environ 14 000 personnes en 2021-2022, ce qui équivaut à un taux d’accroissement de 6,9 pour mille », lit-on dans le rapport de l’Institut. On y explique que « ce taux est faible comparativement à celui de plusieurs régions et contraste avec les niveaux de croissance élevés que Montréal affichait avant la pandémie ». Néanmoins, cette hausse « marque une reprise de la croissance après le fort ralentissement de 2019-2020 et le déclin de 47 000 personnes en 2020-2021 ». « Quatorze mille personnes, si on compare au reste du Québec, effectivement, c’est relativement faible. Mais les années prépandémiques étaient exceptionnelles à Montréal, avec une croissance très élevée. La métropole agissait vraiment comme une locomotive pour toute la province », explique la démographe Martine St-Amour.

Perte de la métropole au profit des régions

Cela dit, Montréal perd encore des résidants au profit des autres régions, avec des pertes nettes de « 34 500 personnes dans ses échanges migratoires » avec le reste de la province en 2021-2022. Si ce déficit demeure « l’un des plus importants enregistrés » depuis 2001, il est toutefois « moindre que le déficit record de 48 300 personnes de 2020-2021 ». Une chose demeure : la métropole a accueilli un nombre de résidants permanents plus élevé qu’au cours des dernières années. L’ISQ anticipe que Montréal perdra des résidants au profit des régions jusqu’en 2041. Le cabinet de la mairesse Valérie Plante, lui, demeure optimiste. « Nous sommes très fiers des résultats de cette étude qui démontre que nos efforts pour attirer et garder la population à Montréal portent leurs fruits », a réagi l’attachée de presse du cabinet, Marikym Gaudreault.

Hausse « particulièrement marquée » à Québec

Dans la Capitale-Nationale, c’est un tout autre portrait : près de 11 000 personnes se sont ajoutées à la population, une croissance qui surpasse même celle des années prépandémiques. « 2021-2022, c’est l’année de la reprise. Et c’est le cas de la Capitale, clairement, qui a augmenté ses gains face aux autres régions. Pour le reste, comme on le voit pour Montréal, il y a aussi eu une hausse des gains migratoires internationaux », illustre Mme St-Amour. D’ailleurs, avec Laval, la région de Québec est la seule à avoir vu une amélioration de son bilan migratoire interne, ayant même « augmenté ses gains » encore plus significativement. L’Outaouais et la Montérégie affichent aussi des bilans enviables en la matière.

La palme aux Laurentides, à l’Estrie et à Lanaudière

Ce sont les régions de Lanaudière, des Laurentides et de l’Estrie qui ont vu leur population augmenter au rythme le plus fort en 2021-2022, avec un taux d’accroissement moyen d’environ 16 personnes pour mille habitants, un chiffre encore toutefois moindre qu’en 2020, avant le choc pandémique. Lanaudière s’en tire particulièrement bien, avec une croissance de pratiquement 1,7 % de sa population en un an seulement. Dans cette région, la population est particulièrement jeune, avec 22,4 % de moins de 20 ans, l’un des taux les plus élevés au Québec. « Il faut aussi comprendre que dans le cas de ces régions, ce sont surtout des gains importants qui sont faits par rapport à Montréal. Mais il y a aussi l’accroissement naturel positif – donc l’écart entre les naissances et les décès – qui joue pour beaucoup », analyse la démographe.

La Côte-Nord, encore grande perdante

Si ça monte presque partout, ça descend dans une seule région de la province : la Côte-Nord, qui subit une baisse, quoique faible, de 0,13 % de sa population, ce qui correspond à une diminution d’environ une centaine d’habitants. « Depuis 2001, la population de cette région a diminué presque chaque année. La Côte-Nord a pratiquement toujours perdu des résidants au profit des autres régions et la migration internationale n’y joue pas un rôle important. Surtout, sa population vieillit rapidement et les naissances sont en baisse », constate Martine St-Amour. Les chiffres sont sans appel : la Côte-Nord « enregistre pour la première fois en 2021 plus de décès que de naissances », l’accroissement naturel étant actuellement de - 45 personnes.

La tendance se poursuit dans Chaudière-Appalaches

La Mauricie et Chaudière-Appalaches ont profité depuis quelques années d’une croissance démographique qui s’est accélérée, une tendance qui s’est poursuivie en 2021-2022. Le taux d’accroissement de ces régions a dépassé 13 pour 1000 habitants. Or, la poussée démographique n’a pas été aussi importante au Saguenay–Lac-Saint-Jean et dans le Bas-Saint-Laurent, mais elle s’intensifie depuis quelques années après une période de déclin. La région de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, quant à elle, s’est maintenue parmi les régions en croissance.

Avec La Presse Canadienne

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Growth in the GMA and regions is always positive, but it hurts me seeing so many people leave the island. Granted, this is happening in every major city, but I hope Montreal will be a leader in this regard, and help retain and attract people and families back. This is a very long term project, but it starts with (and not limited to) cleanliness, better services, lower taxes, reduced red tape and to build more.

It’s obviously families leaving more, so I hope the city increases density and height (not asking for super talls, but 40-80 metres downtown is ridiculous, so bumping up those specific areas would be great)if it meant we can see larger family units. 700-800 sq ft for 3 bedrooms does not cut it for a family, they need at least 1500 sq ft. Building more and enticing developers to build more will reduce housing prices, since there is a housing shortage in Canada (and in Montreal too) with lots of demand. More medium to high density is needed, in addition to reducing red tape and Quebec’s love for bureaucracy. On that note, the province really needs to increase transfers to the city, while giving it more fiscal powers to raise money other than PT, which is 70% of our revenue (and the highest in all of North America).

With that, you can reduce property taxes without sacrificing or impacting revenues, since 1% of sales tax is equivalent to 10% of property tax (I did a study on this, btw). Granted, it will need a lot of back and forth and a deal in place. It IS feasible, it’s just governments are slow, underperforming, lack the proper leadership and corrupt. Montreal should also get 1/3rd of the revenues from SDQC sales (about $25M extra) and I’d also suggest we reduce the size of city hall, our big government has been inefficient for so long. All those will mean we get a surplus of money to invest in more important aspects, like transit, green/blue infra, housing, events, security, etc…

I can go on, but every study I did and was a part of/seeing examples of these work in the U.S shows it’s possible, but it means a lot of hard work, institutional changes need to be done and you won’t see results in the short term. But playing the long game is always better.

Les anglos ne quittent plus le Québec

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Borne indiquant la frontière entre le Québec et l’Ontario, sur la route 340


Francis Vailles
Francis Vailles La Presse

La vague d’anglophones quittant le Québec dans les années 1970 et 1980 a marqué les esprits. Le contexte économique difficile du Québec jumelé à la montée du mouvement souverainiste a provoqué une véritable saignée.

Publié à 6h30

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Cette époque est vraiment révolue. Depuis, la situation a même radicalement changé, si bien que le solde migratoire interprovincial du Québec est pratiquement à l’équilibre aujourd’hui. Mieux : pour la première fois en 50 ans, le Québec a accueilli davantage d’anglophones qu’il n’en a perdu ces dernières années.

À l’inverse, étonnamment, nos voisins de l’Ontario ont perdu plus de citoyens au profit des autres provinces que ce ne fut le cas du Québec.

Et le grand gagnant de tous ces mouvements migratoires – et de loin – est la Colombie-Britannique.

Ces constats sont tirés des données de Statistique Canada que j’ai passées au peigne fin ces derniers jours. En octobre dernier, l’agence a publié le solde migratoire interprovincial à partir de la meilleure base de données possible, soit les recensements. L’évolution est mesurée entre chacun des recensements, réalisés tous les cinq ans.

Entre les recensements de 1966 et de 1986, donc, plus de 355 000 personnes ont quitté le Québec vers les autres provinces (le solde des départs moins les entrées), soit une moyenne de 84 000 par recensement de 5 ans, toutes langues confondues.

Souvent, il s’agissait de résidants instruits, qui n’acceptaient pas la montée des francophones au Québec ou encore craignaient le mouvement nationaliste, porté surtout par la gauche.

Et aujourd’hui ? Seulement 6445 personnes ont quitté le Québec vers une autre province entre 2016 et 2021 (départs moins entrées), ce qui constitue le plus faible niveau depuis 50 ans.

Et la tendance se poursuit en 2022, si l’on se fie aux données trimestrielles récentes, tirées d’une autre base de données.

L’analyse porte uniquement sur les mouvements interprovinciaux, pas internationaux.

À l’évidence, la perte de popularité du mouvement souverainiste et le boom économique ont nettement inversé la tendance au Québec. Le portrait devient encore plus intéressant – et nuancé – quand on découpe la population migratoire en fonction de la langue maternelle (francophones, anglophones, autres langues).

L’Ontario perd des anglos, pas le Québec

Chez les francophones, pas de surprise, les entrées et sorties sont à l’équilibre au Québec (sorties nettes de seulement 335 personnes en 5 ans), quoique certains auraient pu espérer des gains de ce côté. Même genre d’équilibre en Ontario.

En revanche, la situation est franchement étonnante chez les citoyens ayant l’anglais comme langue maternelle. Ainsi, le Québec a gagné 2285 anglophones venant des autres provinces entre 2016 et 2021, une première depuis les 50 ans de données de Statistique Canada pour cette série.

Lors du recensement précédent (2016), la perte nette d’anglophones avait été de 11 000 personnes sur 5 ans au Québec et elle avait dépassé les 106 000 après la première élection du PQ, en 1976.

À l’inverse, surprise, l’Ontario a perdu près de 38 000 anglophones entre 2016 et 2021. Cette hécatombe dure depuis 20 ans, si bien que l’Ontario a perdu 134 200 citoyens ayant l’anglais comme langue maternelle sur la période. Wow !

Le portrait change du tout au tout quand on s’attarde à la troisième catégorie, soit les citoyens dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais. Dans ce groupe, la perte nette du Québec depuis 5 ans a été de 8400 personnes, et elle explique à elle seule notre bilan net interprovincial encore négatif.

De son côté, l’Ontario a plutôt agi comme un aimant sur ces résidants canadiens, attirant 28 130 personnes de plus qu’elle n’en a perdu… Cette différence semble confirmer la perception de la réceptivité plus grande des Ontariens pour les immigrants dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais.

Tout pris en compte, l’Ontario a perdu un peu plus de résidants au profit des autres provinces (9500) que le Québec (6445) entre 2016 et 2021, néanmoins.

Parmi les gagnants depuis 5 ans, la Colombie-Britannique se démarque nettement, avec un solde net de plus de 83 000 Canadiens venant des autres provinces, suivie par la Nouvelle-Écosse (près de 26 000), dont l’économie montre plusieurs signes intéressants.

La Colombie-Britannique est une habituée de cet afflux venant des autres provinces, faut-il dire. Elle a eu un solde nettement positif dans 9 des 11 recensements analysés par Statistique Canada depuis 1966.

Sans grande surprise, les perdants sont les provinces pétrolières, durement frappées par la chute des prix du pétrole entre 2014 et 2021. L’Alberta, par exemple, a perdu presque 51 000 personnes au profit des autres provinces depuis 5 ans.

Le Québec attire les Albertains

Au fait, de quelles provinces viennent les Canadiens qui migrent au Québec, toutes langues confondues ? Depuis cinq ans, le Québec a un profil gagnant avec l’Alberta, le Manitoba, la Saskatchewan de même que Terre-Neuve-et-Labrador, mais il est nettement perdant avec la Colombie-Britannique et l’Ontario.

Visiblement, la crise pétrolière a défavorisé les provinces productrices d’énergie fossile. Peut-être s’agit-il, dans certains cas, du retour de Québécois qui étaient partis leur prêter main-forte à l’époque.

Enfin, dernier élément analysé : le solde migratoire selon l’âge. Essentiellement, la Colombie-Britannique a été gagnante dans tous les groupes d’âge depuis cinq ans, particulièrement chez les 20 à 34 ans, tandis que ce fut l’inverse en Alberta.

Les écarts de mouvements migratoires selon l’âge sont plus prononcés en Ontario et passablement moins au Québec, selon les données de Statistique Canada.

Avec l’économie qui change – et l’absence de confinement pandémique –, il sera intéressant de suivre ces mouvements migratoires au cours des prochaines années.

Le Québec pourrait continuer sur sa lancée économique, mais il aura de la concurrence des provinces pétrolières, avec la remontée du prix de l’or noir, comme de l’Ontario, dont les finances publiques s’améliorent progressivement.

Et il faudra voir dans quelle mesure la forte hausse des seuils d’immigration du fédéral viendra influencer la situation. Car un immigrant peut bien être accueilli dans une province moins restrictive comme l’Ontario, ça ne l’empêchera pas de déménager par la suite au Québec, où les seuils sont plus restrictifs, et inversement.

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Voilà des chiffres et statistiques assez détaillés qui montrent clairement que le Québec ‘‘performe’’ de mieux en mieux et surprise, qui l’aurait cru, avec les anglophones. Voilà des bonnes nouvelles.

Par contre il y a quelque chose que je ne comprends pas. On dit qu’une des raisons de la venue des gens vers le Québec, surtout en provenance de l’Ontario, serait principalement en raison du prix de l’immobilier plus accessible. Bien. Mais, si tel est le cas, alors comment expliquer que la Colombie-Britannique, qui est de loin la province ou l’immobilier est le plus cher, attire autant de gens en provenances des autres provinces ?

En termes de paysage, la C-B est vraiment spectaculaire. Même moi j’y songe à m’y installer après l’avoir visité quelques fois.

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Trois colocataires trentenaires et leurs enfant partagent un 4 1/2.

La Colombie-Britannique reçoit beaucoup beaucoup d’Albertains, il faut pas l’oublier. Ça contribue grandement au solde interprovincial (juste dans ma firme le bureau de Calgary s’est vidé dans les dernières années au profit de celui de Vancouver). Ensuite je pense que les ontariens qui s’établissent au Québec pour l’immobilier, ce sont ceux qui vivent dans la région d’Ottawa et qui vont vers Aylmer. Ce n’est probablement pas le même profil que ceux qui quittent Toronto pour Vancouver.

Je viens de passer 4 mois en C-B, et je dois vous dire que j’étais content de revenir à Montréal. Le paysage c’est superbe, mais on en revient après un peu de temps. À moins que vous soyez un fanatique de hiking et de ski et que vous en fassiez toutes les semaines, c’est moins paradisiaque qu’on croit. Vancouver est un endroit qui, selon moi, manque d’identité, étant donné que la majorité de sa population vient d’ailleurs. C’est une ville géniale à visiter, mais je ne n’y habiterais pas, surtout considérant le prix de l’immobilier.

Je pense que c’est ça le secret de Montréal. C’est pas la plus belle ville, c’est sale, c’est chaotique et ça n’a pas de sens parfois, mais mon dieu que c’est une ville avec une âme et une culture extraordinaire. Pour nous qui y habitons, c’est fou de découvrir et redécouvrir cette culture, de la voir s’épanouir et se développer.

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Exact, Vancouver, c’est vraiment une belle ville un peu vide. Et chère!
Les phénomènes de migration interprovinciales sont presque exclusivement causés par des facteurs économiques, contrairement à la migration internationale ou la réunion familiale est un motif majeur. Disons que sans pétrole, y’a pas beaucoup de raisons rationnelles d’aller en Alberta plus qu’ailleurs (à moins qu’on capote sur les prairies ou les montagnes, mais ça reste niche). Et si Toronto continue dans la direction qu’elle est par rapport au logement, on risque de voir de plus en plus de jeunes ontariens à Montréal et ce malgré tous les investissements en TC dans la ville reine.

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Oui, ca me semble un bon point. Sauf que c’est toujours pas mal plus cher à Vancouver qu’à Calgary ou Edmonton, je crois. Donc si on décide d’aller vivre en C.-B., peu importe ou l’on se trouve, cela nous coutera beaucoup plus cher. Alors cela me fait dire qu’il doit y avoir une autre raison qui nous échappe.

Oui, ce phénomène existe, bien sur. Mais il ne faut pas sous estimer les Ontariens qui viennent vivre à Montréal. C’est beaucoup plus qu’on ne pense. J’en vois et j’en entends beaucoup à Griffintown par exemple, mais aussi sur le Plateau.

Aucun doute que l’identité de Montréal, doublée d’une forte présence culturelle très diversifiée et assumée, lui donne ce quelque chose de spécial et d’unique dans un contexte canadien pour ne pas dire nord-américain. Du coup, ca devient une force surtout lorsque la situation économique est avantageuse et que la politique est stable.

Pour 2020/2021 (il n’y a pas encore de données au niveau des régions métropolitaines pour 2022), 4300 personnes sont parties de l’Ontario vers Gatineau (dont 3200 proviennent de la région d’Ottawa et 500 du Grand Toronto). Pour Montréal, ce sont 6900 personnes qui sont arrivées de l’Ontario (1400 d’Ottawa, 3700 de Toronto). Vous avez donc raison qu’il ne faut pas sous-estimer ceux qui viennent à Montréal.

Après, est-ce que les ontariens qui vont vers Gatineau et ceux qui vont vers Montréal le font pour des raisons différentes? Fort probablement. Montréal attire beaucoup d’étudiants et de jeunes professionnels. Gatineau semble attirer des gens qui proviennent déjà de la même région métropolitaine.

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New York paye des billets de bus vers Plattsburgh… près du chemin Roxham

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Au total, 39 171 demandeurs d’asile ont été interceptés en 2022 au chemin Roxham, près de Saint-Bernard-de-Lacolle.

La Ville de New York offre des billets d’autocars gratuits aux demandeurs d’asile qui souhaitent quitter la mégapole, incluant vers Plattsburgh, à 45 km du célèbre chemin Roxham.

Publié à 15h51 Mis à jour à 16h27

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Suzanne Colpron
Suzanne Colpron La Presse


Mélanie Marquis
Mélanie Marquis La Presse

La nouvelle, publiée le lundi 6 février dans le tabloïd New York Post, a créé une onde de choc au Québec.

« C’est étonnant », a réagi la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, en marge d’une conférence de presse sur l’octroi d’une aide d’urgence aux organismes communautaires québécois qui soutiennent les migrants.

« Je questionne la pertinence, si tel est le cas, que le gouvernement octroie, comme ça, des billets, paye des tickets, pour venir se rapprocher du Canada, a-t-elle déclaré. Mais ça démontre surtout l’importance qu’il y a de régler le problème du chemin Roxham, de régler l’Entente sur les tiers pays sûrs. »

Mme Fréchette a dit souhaiter que cette Entente sur les tiers pays sûrs, en renégociation depuis des années, « s’applique à l’ensemble de la frontière », incluant le chemin Roxham, près de Saint-Bernard-de-Lacolle, où 39 171 demandeurs d’asile ont été interceptés en 2022. Un record absolu.

« Je pense que ça fait valoir l’urgence de la situation de manière encore plus criante », a ajouté la ministre.

« Les Américains doivent se bidonner »

Le député bloquiste Alexis Brunelle a été stupéfait d’apprendre l’existence du stratagème rapporté dans l’article du quotidien new-yorkais.

« Les Américains doivent se bidonner quand ils entendent le Canada dire qu’il négocie pour moderniser l’Entente sur les tiers pays sûrs. À quel point ils doivent rire quand on se demande pourquoi les négociations traînent depuis six ans. Les Américains ridiculisent le gouvernement fédéral », a-t-il tonné en Chambre.

Il est donc plus que temps de sortir de cet accord bilatéral comme le réclame le Bloc québécois, car au lieu de s’attaquer au problème, les États-Unis « envoient des autobus », a-t-il plaidé auprès du ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, lors de la période des questions.

Celui-ci a répondu que le pacte était fidèle aux « principes pour protéger les droits des réfugiés », mais qu’il fallait néanmoins « continuer de renforcer nos frontières ». Son collègue à l’Immigration, Sean Fraser, a récemment signalé que le dossier ne se réglerait probablement pas lors de la visite de Joe Biden au Canada⁠.

Des nuances

La nouvelle du New York Post doit cependant être nuancée.

La Ville de New York offre en effet des billets d’autocars gratuits aux migrants qui veulent quitter son territoire, mais rien ne permet de croire qu’elle les incite à se rendre au Canada en passant par le chemin Roxham.

Notre objectif est d’aider les demandeurs d’asile qui souhaitent se déplacer vers un autre endroit », pour rejoindre des amis et des membres de leur famille ou de leur communauté.

La porte-parole de la Ville de New York, Kate Smart, en réponse aux questions de La Presse

« Si nécessaire », la Ville va fournir un billet d’autocar pour aider les gens à se rendre à « leur destination finale », a-t-elle ajouté. Cette destination finale « peut inclure Plattsburgh », près de la frontière canadienne et du chemin Roxham, ou « d’autres villes ».

Il faut dire que New York est aux prises avec un afflux de demandeurs d’asile sans précédent depuis que le gouverneur républicain de l’État du Texas, Greg Abbott, a fait transporter des migrants par autocars vers les bastions démocrates du pays, pour dénoncer la politique du président Joe Biden.

New York a été très affectée par cette offensive. Assez pour que le maire de cette métropole, Eric Adams, ait déclaré, en décembre, que sa ville s’approchait de son « point de rupture ».

L’argent des contribuables

Le New York Post affirme de son côté que les migrants abandonnent la ville de New York pour se rendre au Canada « avec des billets de bus financés par les contribuables » américains.

« Des soldats de la Garde nationale distribuent des billets au terminal d’autobus de l’autorité portuaire de Manhattan aux migrants qui souhaitent se diriger vers le nord de l’État avant de traverser le Canada », écrit le tabloïd, citant un Vénézuélien, qui a pris l’autocar avec sa famille pour se rendre à Plattsburgh. « L’armée m’a donné, à moi et à ma famille, des billets d’autocar gratuits », a déclaré ce migrant. « Je vais au Canada pour une meilleure qualité de vie pour ma famille. »

Le quotidien s’est rendu à Plattsburgh où il dit avoir constaté que « des migrants déchirent régulièrement leurs documents d’immigration américains lorsqu’ils voyagent de Plattsburgh à la frontière canadienne ».

En vertu de l’Entente sur les tiers pays sûrs, en vigueur depuis 2004, les demandeurs d’asile doivent présenter leur demande dans le premier pays sûr où ils arrivent, les États-Unis ou le Canada, pour éviter « le magasinage » de pays, hormis quelques exceptions. Le chemin Roxham échappe à cette entente.

Lisez « Chemin Roxham : Fraser doute qu’une entente soit annoncée lors de la visite de Joe Biden »

Québec débloque 3,5 millions pour les migrants

Le cri du cœur lancé il y a 10 jours par le milieu communautaire montréalais a été entendu : Québec a annoncé lundi l’octroi d’une aide d’urgence de 3,5 millions pour soutenir les demandeurs d’asile. De cette somme, 3 millions proviennent du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale et seront gérés par Centraide du Grand Montréal pour aider 22 organismes communautaires. Le demi-million supplémentaire est issu du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) et vise 12 organismes. Québec compte refiler la facture à Ottawa. « L’ensemble des montants qui sont investis, incluant les montants qui sont annoncés aujourd’hui, font partie de la demande de remboursement de l’ensemble de dépenses générées par cet afflux des demandeurs d’asile arrivés de manière irrégulière », a précisé la ministre du MIFI, Christiane Fréchette, en conférence de presse. Cette aide a été accueillie avec « soulagement et satisfaction » par les groupes communautaires. « Il y aura une deuxième ronde, à tête reposée », a assuré Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).

Lisez « Québec débloque 3,5 millions pour soutenir les migrants »

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