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En lien avec la nouvelle ce matin sur les problèmes au Griffin Square

Les constructeurs demandent plus de «flexibilité» aux promoteurs immobiliers


Darryl Dyck Archives La Presse canadienne
Il ne s’agit là que d’un cas parmi d’autres, dans un contexte où les délais dans les chantiers de construction se multiplient en raison notamment de la pénurie de main-d’oeuvre et des défis d’approvisionnement en matériaux.

Zacharie Goudreault
18 h 16
Société

Les promoteurs doivent mieux s’adapter aux nombreux délais que connaissent actuellement les chantiers afin de limiter les risques pour la sécurité et la qualité de vie des résidents des nouveaux développements immobiliers, plaide l’Association de la construction du Québec (ACQ).

Le Devoir rapportait jeudi les nombreux problèmes vécus par les locataires d’un imposant complexe immobilier du quartier Griffintown, où plusieurs aires communes sont toujours en construction, tandis que divers problèmes ont été rapportés dans les logements, qui auraient dans plusieurs cas été mis en location avant d’être entièrement aménagés.

Or, il ne s’agit là que d’un cas parmi d’autres, dans un contexte où les délais dans les chantiers de construction se multiplient en raison notamment de la pénurie de main-d’oeuvre et des défis d’approvisionnement en matériaux. « Je ne suis pas du tout étonné que des unités soient livrées avant qu’elles ne soient terminées pour cause de délais dans les chantiers de construction », lance d’emblée le responsable des affaires publiques à l’ACQ, Guillaume Houle.

« Le problème qu’on a, c’est qu’il manque 100 000 logements sur le marché [au Québec], donc il y a une pression sur le marché pour sortir des logements et les gens les veulent tout de suite », souligne pour sa part le directeur des affaires publiques de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec, Marc-André Plante. « Il y a une pression énorme pour livrer des logements au Québec » afin de répondre à une demande croissante, rappelle-t-il.

La sécurité avant tout

La forte demande des promoteurs pour construire des copropriétés et des logements locatifs, à Montréal comme ailleurs au Québec, entre ainsi en collision avec une industrie de la construction au ralenti.

On ne devrait jamais permettre à des gens d’occuper des bâtiments qui ne sont pas complétés.

— Yves Joli-Coeur

« À ce moment-là, c’est à tout le monde de se protéger » pour se préparer aux délais dans les livraisons de projets immobiliers, estime M. Houle, et ainsi éviter que de nouveaux occupants emménagent dans des logements qui ne sont pas vraiment prêts à les accueillir.

« Il ne faut pas tomber dans le piège de livrer des unités qui ne sont pas sécuritaires », insiste Guillaume Houle, qui note que les entrepreneurs en construction subissent « beaucoup de pression » en ce moment pour répondre à une forte demande. D’où l’importance que les promoteurs soient ouverts à adapter les échéanciers de leurs projets immobiliers à la réalité actuelle de l’industrie de la construction, fait-il valoir.

« On ne devrait jamais permettre à des gens d’occuper des bâtiments qui ne sont pas complétés », si ceux-ci posent des enjeux de sécurité, comme l’absence de rampes dans les escaliers de secours ou de séparations coupe-feu là où c’est requis, martèle lui aussi le président du Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec, Yves Joli-Coeur.

Les futurs propriétaires occupants peuvent quant à eux tenter de négocier des clauses à leur « contrat préliminaire » prévoyant certains dédommagements financiers si les projets immobiliers sont remis en retard, indique Me Ludovic Le Draoullec, qui est avocat en droit de la copropriété. Or, de tels « plans de garantie » protègent généralement mieux les propriétaires de maisons que ceux occupant une unité dans de grands développements immobiliers, constate Me Joli-Coeur, qui juge cette situation « inacceptable ».

Quant aux locataires, « ils sont un peu pris dans un étau », puisque ce n’est qu’une fois qu’ils ont signé leur bail qu’ils peuvent contester l’état de leur logement neuf, souligne le porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, Martin Blanchard. Ils doivent donc généralement attendre d’avoir emménagé dans celui-ci pour alors envisager de réclamer un dédommagement, telle une baisse de leur loyer, s’ils jugent que leur nouvel appartement n’est pas dans un état convenable.

« Si le logement n’est pas prêt, le locataire n’est pas tenu de payer le loyer tant que le logement n’est pas habitable », souligne pour sa part l’avocat en droit du logement Manuel Johnson. Dans l’éventualité où des inspecteurs constateraient qu’un logement est « dangereux », des locataires peuvent alors réclamer un dédommagement, ajoute-t-il.

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