Certains locateurs de propriétés à court terme mettent des caméras à l’extérieur, bien en vue. C’est utile pour savoir combien d’occupants entrent, s’ils font la fête, s’ils viennent avec Fido (quand c’est interdit) ou s’ils partent avec le divan.
Mais quand on loue un logis, il peut y avoir des caméras à l’intérieur, moins visibles et moins bien intentionnées. En sachant quels indices chercher, on peut les trouver, explique un expert en sécurité.
Résumé
Comment trouver des caméras cachées dans votre Airbnb

PHOTO WASHINGTON POST
L’expert en sécurité Joe LaSorsa filmé par une caméra cachée qu’il allait découvrir durant l’inspection d’une maison louée sur une plateforme de location à court terme.
Certains locateurs de propriétés à court terme mettent des caméras à l’extérieur, bien en vue. C’est utile pour savoir combien d’occupants entrent, s’ils font la fête, s’ils viennent avec Fido (quand c’est interdit) ou s’ils partent avec le divan.
Publié à 1h24 Mis à jour à 11h00

Sofia Andrade The Washington Post
Mais quand on loue un logis, il peut y avoir des caméras à l’intérieur, moins visibles et moins bien intentionnées. En sachant quels indices chercher, on peut les trouver, explique un expert en sécurité.
Pas comme dans James Bond
« Les gens se font une idée exagérée de la complexité des gadgets de surveillance. Ils pensent que c’est comme dans les films, très techno, très cher, miniaturisé et très bien dissimulé », explique Joe LaSorsa, un ancien membre des marines qui a fondé LaSorsa and Associates, un cabinet-conseil en sécurité spécialisé dans le contre-espionnage d’entreprise. « L’immense majorité des dispositifs utilisés se trouve dans le commerce de détail. Les gens achètent ça sur Amazon, eBay, Alibaba. »
Le Washington Post a caché des caméras dans une maison et demandé à M. LaSorsa de l’inspecter comme un non-expert pourrait le faire et en expliquant les étapes à suivre.
PHOTO ANDREA SACHS, THE WASHINGTON POST
L’expert en sécurité Joe LaSorsa inspectant un haut-parleur Bluetooth suspect à l’aide d’un détecteur thermique branché à son téléphone.
Les règles en matière d’enregistrement clandestin varient selon l’endroit, mais les caméras cachées dans des pièces privées – chambres à coucher, toilettes, vestiaires, etc. – sont généralement illégales. Pour ce qui est des pièces dites communes, la réglementation varie beaucoup.
Mais la plupart des plateformes de location ont adopté des politiques s’appliquant à toutes les propriétés, peu importe l’endroit et ce que la loi locale pourrait permettre. Depuis mars, Airbnb interdit les caméras de sécurité intérieures. Vrbo et Trusted Housesitters ont des politiques semblables. Auparavant, Airbnb les autorisait dans les parties communes, à condition que le locateur le divulgue.
Les sociétés de location à court terme autorisent les caméras à l’extérieur, à des fins de sécurité seulement. Le locateur doit signaler dans les documents d’accueil s’il y a des caméras et où elles sont installées.
Certains locateurs cachent-ils quand même des caméras ? Pour avoir l’esprit tranquille, il faut moins d’une demi-heure pour inspecter le logement et vérifier s’il y a des appareils, dit M. LaSorsa. « Avec quelques connaissances et en étant attentif, vous trouverez 99 % des caméras. Un téléphone intelligent aide beaucoup », dit-il.
Examinez ce qui se branche
Dans la maison louée montrée à M. LaSorsa, il y avait de nombreux endroits où on aurait pu cacher une caméra : des livres, des instruments de musique, l’œil d’une sculpture de girafe. Mais selon M. LaSorsa, ces cachettes sont peu pratiques : elles n’ont pas de source d’énergie durable. « Je m’inquiète moins des meubles et des décorations ; y cacher une caméra implique un appareil à piles, et la plupart des piles durent seulement quelques heures. »
Un locateur se tournera plutôt vers toutes sortes d’appareils qui se branchent dans une prise – donc sans piles – pour dissimuler une caméra. Des appareils n’éveillant pas de soupçon : chargeur USB, détecteur de fumée, barre multiprises ou autres objets fournissant son électricité à la caméra et l’émetteur WiFi.
PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE
Des caméras cachées révélées en passant la lumière d’une lampe de poche sur la surface d’un appareil électrique.
M. LaSorsa a tout de suite montré du doigt la première caméra cachée. « En partant, le détecteur de monoxyde de carbone saute aux yeux, a-t-il dit. C’est un appareil domestique courant, mais avec un fil, ça mérite qu’on jette un coup d’œil. »
Il a ensuite examiné d’autres objets potentiellement trafiqués : le haut-parleur Bluetooth sur le comptoir de la cuisine, le réveil dans la salle familiale, l’assainisseur d’air sous la table de l’entrée. Il a jeté un coup d’œil aux haut-parleurs du cinéma maison, juste au cas, mais sans plus : « Il y a plusieurs enceintes, c’est normal dans une salle de télé. »
Connexions WiFi bizarres
On peut détecter si un appareil suspect est connecté à l’internet grâce à des applications gratuites comme AirPort Utility, dit M. LaSorsa. Approchant son téléphone du détecteur de monoxyde de carbone, il a scanné la liste des connexions de la maison : le réseau Netgear du propriétaire est apparu à l’écran, mais aussi plusieurs connexions avec un nom bizarre comme « G419637LGWMW ».
« Pourquoi ce détecteur serait-il sur le WiFi ? Il y a anguille sous roche, c’est clair. »
Mouchards, codes QR et lampe de poche
Après avoir identifié les objets suspects, M. LaSorsa a fait plusieurs tests. Il a débranché les objets et les a retournés, trouvant parfois de mystérieux codes QR.
« Regardez, a-t-il dit en montrant un réveil-matin. Ce n’est pas un autocollant du fabricant, avec le numéro de série, le genre qu’on voit pour l’enregistrement d’une garantie, a-t-il déclaré. Ce code QR sert à connecter ce mouchard au WiFi. »
Pour être sûr, il a allumé la lampe de poche de son téléphone, faisant miroiter la lumière sur la face du réveil, révélant un reflet dans un minuscule trou à gauche de l’affichage de l’heure. « C’est une lentille, juste là », a-t-il dit en montrant une lueur aussi minuscule que le point à la fin de cette phrase. M. LaSorsa a sorti de sa poche un détecteur de radiofréquences muni d’un détecteur de lentilles et l’a dirigé vers l’horloge, en me faisant regarder dans le viseur.
La lumière rouge du détecteur de lentilles a clignoté : ce réveil ne servait pas qu’à sonner le matin.
Détecteurs de radiofréquences et de chaleur
Un détecteur de radiofréquences, comme celui de M. LaSorsa, coûte entre 30 $ et plusieurs centaines de dollars. Il détecte et mesure l’émission de radiofréquences dans une pièce… ce qui, en soi, n’est pas nécessairement utile. Presque tous les appareils électroniques émettent des radiofréquences.
PHOTO ANDREA SACHS, THE WASHINGTON POST
Un détecteur de radiofréquences, à gauche, et un détecteur thermique
Mais si vous enlevez ou débranchez tous les gadgets légitimes et que les radiofréquences demeurent élevées, c’est mauvais signe : il y a peut-être une caméra cachée.
Passer un détecteur thermique (environ 300 $) sur l’objet suspect est plus sûr. Les caméras cachées émettent de la chaleur, dit M. LaSorsa. Après avoir fixé un InfiRay – ça ressemble à un appareil photo numérique – à son téléphone, il l’a passé près d’un détecteur de fumée ordinaire : l’image à l’écran était verte. Mais les appareils dissimulant une caméra apparaissaient rouge vif à l’écran.
Il y a des caméras. Que faire ?
Si vous découvrez une caméra cachée, les experts suggèrent de débrancher l’appareil ou de couvrir l’objectif avec une serviette. Ne la retirez pas, vous pourriez être accusé d’avoir endommagé les biens du locateur.
Signalez l’infraction à la plateforme de location. Appelez la police locale si la caméra était dans une chambre ou les toilettes. Envisagez aussi de changer de logement si c’est possible.
Cet article a été publié dans le Washington Post.