Grand parc de l’Est

Les cerfs continuent de se multiplier dans l’est de l’île

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

C’est principalement près du Parc-nature de la Pointe-aux-Prairies à Pointe-aux-Trembles et de ses environs immédiats qu’on remarque l’importante population de cervidés.

Il n’y a pas qu’à Longueuil où la surpopulation de cerfs de Virginie pose problème. Mais contrairement à la Rive-Sud, la Ville de Montréal ne fait rien pour endiguer la croissance exponentielle du nombre de bêtes dans l’est de l’île.

Publié à 1h57 Mis à jour à 5h00

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Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

On comptait 127 cerfs dans ce secteur lors du dernier dénombrement, réalisé en février 2023 par le ministère de l’Environnement, alors qu’un rapport de 2021 recommandait d’en conserver seulement entre 13 et 19.

Les cerfs vivent principalement dans le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies, la coulée Grou et le golf adjacent, mais on peut aussi en voir dans le secteur du golf d’Anjou.

Cette semaine, en deux heures, les représentants de La Presse ont pu en observer une vingtaine dans ces secteurs en plein après-midi, notamment près du cimetière Des Trembles.

Le nombre de collisions entre des voitures et des cerfs a augmenté ces dernières années : il y en a eu 126 en cinq ans dans l’île, dont 37 en 2022, qui ont fait 5 blessés légers, selon les données de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Aucune donnée n’est encore disponible pour 2023.

Déjà, en 2021, un inventaire avait permis de dénombrer 64 cerfs, soit le double du nombre de cerfs repérés lors du décompte précédent, fait en 2017. Un rapport commandé par la Ville de Montréal recommandait alors une réduction de 70 à 80 % du cheptel, donc l’abattage de 45 à 51 bêtes.

« Urgence d’agir »

« Devant l’urgence d’agir et la récurrence des actions de contrôle, nous recommandons l’application d’une méthode létale dont l’efficacité est démontrée. Les populations de cerfs de Virginie sont en mesure de rebondir rapidement à la suite d’une réduction des effectifs en raison de leurs caractéristiques démographiques et de l’immigration possible à partir des régions environnantes. Le programme de contrôle de la population devra donc se poursuivre annuellement et devra être mis à jour avec les résultats du suivi annuel de la population de cerfs, et ce, jusqu’à ce que les indicateurs écologiques de rétablissement des écosystèmes forestiers atteignent leur cible », indique le rapport dans la section « Résumé ». Cependant, toute la partie des recommandations du rapport a été caviardée avant qu’il soit rendu public.

Le rapport indique que « la composition et la structure de la végétation sont déjà altérées par deux décennies de broutement sélectif chronique », ce qui menace l’équilibre de l’écosystème forestier.

L’un des auteurs du rapport, Jean-Pierre Tremblay, professeur au département de biologie de l’Université Laval et directeur du Centre d’étude de la forêt, ajoute en entrevue que les cerfs peuvent être des vecteurs de la tique causant la maladie de Lyme, ce qui en fait donc aussi un enjeu de santé publique.

Ce rapport a été remis à Montréal alors que la décision de Longueuil de procéder à l’abattage de cerfs au parc Michel-Chartrand soulevait l’opposition de défenseurs des droits des animaux, qui ont traîné la Ville devant les tribunaux. En octobre dernier, la Cour d’appel a confirmé le droit de Longueuil de faire la chasse aux cerfs, qui aura lieu l’automne prochain.

Lisez « Longueuil procédera à l’abattage l’automne prochain »

Au printemps 2022, l’administration montréalaise a mis en place un comité de travail constitué d’experts du cerf de Virginie pour élaborer un plan d’intervention. Ce document, qui inclura les actions à mettre en place ainsi que les échéanciers, est toujours en préparation, deux ans plus tard.

« Pour l’instant, des mesures ponctuelles de protection de la végétation (clôtures) sont mises en place lorsque la Ville fait des plantations », indique une responsable des communications de la Ville de Montréal.

Pourquoi est-ce si long, et pourquoi Montréal n’agit-il pas, maintenant que les tribunaux ont tranché à ce sujet ?

« Nous sommes en attente des recommandations du comité d’experts mandaté par la Ville. Nous évaluons toutes les options et tentons de trouver la meilleure solution qui répond aux spécificités montréalaises. Trouver une réponse adaptée à notre métropole et aux besoins particuliers du milieu nécessite un certain temps d’analyse », répond l’attachée de presse Béatrice Saulnier-Yelle. Il a été impossible de faire une entrevue avec la nouvelle responsable des grands parcs au comité exécutif, Laurence Lavigne Lalonde.

Entre-temps, des cerfs ont été abattus ailleurs dans la grande région de Montréal. En novembre dernier, la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) a abattu 399 bêtes dans les parcs nationaux des Îles-de-Boucherville et du Mont-Saint-Bruno, où ils étaient en surnombre.

Au parc national du Mont-Saint-Bruno, le cheptel avait augmenté de 119 % en deux ans. On n’y retrouve maintenant qu’une quinzaine de bêtes.

La viande de gibier recueillie a été remise à des banques alimentaires.

En savoir plus

  • 64
    Nombre de cerfs dénombrés en 2021 dans l’est de l’île de Montréal

SOURCE : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

127
Nombre de cerfs dénombrés en 2023 dans l’est de l’île de Montréal

SOURCE : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Dans les grands parcs municipaux de l’ile de Montréal et dans le voisinage immédiat (Iles de Boucherville notamment) il n’y a pas de prédateurs naturels pour contrôler efficacement les populations de cerfs. En conséquences ces gracieux animaux se multiplient librement, avec comme résultat que c’est tout l’écosystème de ces parcs qui est grandement menacé. Sans parler des risques pour la sécurité publique notamment les collisions de plus en plus nombreuses sur les routes du secteur. Attendons-nous qu’il y ait des morts avant d’agir?

Armes de chasse, munitions et équipements | Gouvernement du Québec (quebec.ca)

La première étape pour un excellent burger de cerf :yum:

Et sur le sujet, est-ce que les bernaches sont propres à la consommation? :face_with_hand_over_mouth:

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Ça dépend de ta température de cuisson.
Car selon le gouvernement du Canada, oui:
Bernaches du Canada : foire aux questions - Canada.ca

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Le nombre de collisions entre des voitures et des cerfs a augmenté ces dernières années : il y en a eu 126 en cinq ans dans l’île, dont 37 en 2022, qui ont fait 5 blessés légers, selon les données de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Les cerfs vivent principalement dans le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies, la coulée Grou et le golf adjacent, mais on peut aussi en voir dans le secteur du golf d’Anjou.

Résumé

Montréal s’attaquera à la surpopulation de cerfs de Virginie

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Un inventaire mené en février 2023 par le ministère de l’Environnement avait permis de dénombrer 127 cerfs

Après Longueuil, la Ville de Montréal annonce qu’elle agira pour réduire la population de cerfs de Virginie dans l’est de l’île, où la croissance du cheptel est exponentielle.

Publié à 8h54

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Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

Les recommandations d’un comité technique et scientifique seront dévoilées mardi après-midi, ainsi que les mesures que prendra la Ville pour s’attaquer au problème.

C’est Laurence Lavigne Lalonde, responsable des grands parcs au sein du comité exécutif, qui fera connaître les actions que prendra l’administration.

Déjà, en 2021, un rapport commandé par la Ville recommandait une réduction du cheptel, pour conserver seulement entre 13 et 19 bêtes.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Un inventaire mené en février 2023 par le ministère de l’Environnement avait permis de dénombrer 127 cerfs, ce qui signifierait qu’au moins 108 à 114 bêtes devraient être abattues, si les recommandations de cette première étude sont maintenues.

Le nombre de collisions entre des voitures et des cerfs a augmenté ces dernières années : il y en a eu 126 en cinq ans dans l’île, dont 37 en 2022, qui ont fait 5 blessés légers, selon les données de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Les cerfs vivent principalement dans le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies, la coulée Grou et le golf adjacent, mais on peut aussi en voir dans le secteur du golf d’Anjou.