Gestion des matières résiduelles - Discussion générale

Centre de tri de Lachine | Montréal a craint qu’un incendie se déclare dans les ballots de papier


PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
L’entreprise est incapable d’écouler les ballots de recyclage — principalement du papier et du carton — qu’elle produit depuis plusieurs mois, parce que ceux-ci sont de faible qualité.

Les ballots de papier sont si nombreux à s’accumuler au centre de tri de Lachine que Montréal a craint qu’un incendie s’y déclare, selon des documents municipaux.

Publié à 15h51
Philippe Teisceira-Lessard
LA PRESSE

Ces documents confirment qu’un changement de garde devrait avoir lieu au centre de tri d’ici la mi-novembre, si le conseil municipal donne son feu vert à la résiliation du contrat de l’exploitant actuel, Ricova.

L’entreprise est incapable d’écouler les ballots de recyclage — principalement du papier et du carton — qu’elle produit depuis plusieurs mois, parce que ceux-ci sont de faible qualité. Les ballots s’accumulent donc à l’intérieur et à l’extérieur du centre de tri, dans une quantité telle que Ricova a évoqué la possibilité de cesser complètement le tri à Lachine.

En juillet dernier, « les matières s’accumulaient à l’intérieur du bâtiment parfois au-delà du système de gicleurs », notent les fonctionnaires municipaux dans les documents remis aux élus du conseil municipal. Ils ont fait parvenir une mise en demeure à Ricova afin qu’elle corrige la situation.

« Il était donc urgent d’agir d’autant plus qu’en 2021, deux incendies étaient survenus », continue le document. Les centres de recyclage sont très vulnérables aux incendies causés par les batteries au lithium. Un tel objet peut exploser en passant dans la machinerie de la chaine de triage et embraser les matières recyclées.

Ricova n’a pas commenté ces informations, vendredi.

Changement de garde d’ici la mi-novembre

Ces documents ont été remis aux élus du conseil municipal de Montréal parce que l’administration veut les convaincre de voter en faveur de la résiliation du contrat de Ricova. Valérie Plante et son équipe proposent de donner au directeur du service de l’environnement de la Ville — un fonctionnaire — le droit de prendre cette décision au moment qu’il jugera opportun, d’ici le 14 novembre 2022.

« Ricova pourrait cesser les opérations à tout moment et prendre au dépourvu la Ville face à la gestion des matières recyclables à Lachine », avertit la Ville.

Les élus montréalais se prononceront sur ce dossier lundi ou mardi.

Environ 60 % des bacs verts des Montréalais aboutissent au centre de tri de Lachine.

C’est la société Via, un organisme à but non lucratif d’insertion en emploi des personnes handicapées, qui devrait prendre le relais au centre de tri de Lachine. Via opère déjà quatre installations semblables, quoique beaucoup plus petites (Québec, Lévis, Saguenay et Rivière-du-Loup).

Montreal council to hold special meeting on recycling centre problems Oct. 4

Ensemble Montréal wants to question municipal civil servants directly about the Ricova contract and the financial impact of canceling it.

Linda Gyulai
Sep 26, 2022 • 1 hour ago • 2 minute read


Recycling bins in Montreal. PHOTO BY ALLEN MCINNIS /Montreal Gazette

Montreal city council is set to hold a special meeting next week that was requested by the official opposition to get to the bottom of the city’s problems at its recycling sorting centre in Lachine and at its long-delayed organic waste treatment centres, where construction is halted.

The public meeting is scheduled for Oct. 4 at 1 p.m.

Opposition Ensemble Montréal party had petitioned for the special council meeting last week following reports that bales of contaminated recyclable material were accumulating as high as the sprinkler system at the Lachine sorting centre. The entrepreneur operating the centre, Services Ricova Inc., warned the city that it would stop accepting recyclable waste collected through weekly curbside pickup because the company’s market for selling the material overseas and locally had disintegrated.

City council voted last week in favour of canceling the city’s contract with Ricova at the Lachine facility. Mayor Valérie Plante’s administration plans to transfer the operations to a non-profit company, Société VIA.

Ensemble Montréal said in its request for the special council meeting that it wants to question municipal civil servants directly in public about the Ricova contract and the financial impact of canceling it, as well as about the administration’s decision to continue sending recyclable material to another sorting centre run by Ricova in St-Michel.

Ensemble Montréal said in its request that it also wants to hear from the civil servants on reports that construction workers abandoned work on Montreal’s composting centre in St-Laurent borough and biomethanation plant in Montreal East in July because of a payment dispute between the entrepreneur who won the contracts to build and operate them and its largest subcontractor.

The opposition also wants the municipal environment department to provide a timetable for reducing contamination by non-recyclable material at the Lachine and St-Michel sorting centres and to agree to provide monthly updates on the situation to city council.

Ensemble Montréal said on Monday it received written confirmation from city executive committee chairperson Dominique Ollivier that the special meeting is scheduled for the day after the provincial election next week.

The party had asked for the meeting to be held this week. However, Ollivier said in her letter to the party that her administration wanted to give the city’s environment department time to prepare for the plenaries.

Un nouveau recycleur au Centre de tri de Lachine


PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE | En prenant la responsabilité du centre de tri, la Société VIA devra défaire les ballots de papier accumulés par Ricova pour en retirer les matières plastiques afin qu’ils puissent trouver preneur sur le marché.

La Société VIA reprendra dès la mi-octobre la gestion du centre de tri du recyclage de Lachine et a déjà commencé à travailler sur les équipements pour en améliorer la performance, dans le but de mieux trier les bacs verts des Montréalais.

4 octobre 2022 | Publié à 17h58 | ISABELLE DUCAS | LA PRESSE

L’organisme à but non lucratif prendra, le 17 octobre, la relève de l’entreprise Ricova, dont le contrat a été résilié par la Ville de Montréal il y a quelques semaines.

La transition aura donc lieu quatre semaines avant la date butoir du 14 novembre que s’était fixée l’administration municipale. « C’est une bonne nouvelle », s’est réjouie Marie-Andrée Mauger, responsable de l’environnement au comité exécutif de la Ville.

Le conseil municipal de Montréal s’est penché mardi sur la gestion du recyclage, au cours d’une séance extraordinaire.

« On est dans une période de transition actuellement, pour s’assurer que Société VIA puisse opérer adéquatement dans les délais les plus courts possible. Ils ont rencontré tous les employés pour s’assurer d’une continuité dans les opérations, ils ont regardé avec l’équipementier pour remettre en état les équipements, et il y a déjà eu des travaux d’amélioration des équipements », a expliqué Arnaud Budka, directeur de la gestion des matières résiduelles à la Ville, devant les élus municipaux.

M. Budka a rappelé les problèmes rencontrés au centre de tri de Lachine, exploité par Ricova.

L’entreprise est incapable d’écouler une grande quantité de ballots de papiers récupérés, parce qu’ils contiennent trop de matières plastiques qui les contaminent. Ces ballots s’accumulent dans les installations de Ricova et à l’extérieur, ce qui cause leur détérioration, pose un risque d’incendie et met en danger la sécurité des travailleurs.

C’est notamment ce qui a incité la Ville de Montréal à résilier son contrat avec Ricova il y a quelques semaines. L’entreprise avait aussi été accusée par le Bureau de l’inspecteur général (BIG), le printemps dernier, d’avoir privé la Ville d’importants revenus en les dissimulant dans sa structure d’entreprise. Ricova s’est tournée vers les tribunaux pour contester le rapport du BIG.

Plus de personnel

En prenant la responsabilité du centre de tri, la Société VIA devra défaire les ballots de papier accumulés par Ricova pour en retirer les matières plastiques afin qu’ils puissent trouver preneur sur le marché.

La Société VIA est un organisme d’intégration en emploi des personnes handicapées qui exploite déjà quatre centres de tri dans la province, dont ceux de Québec et de Saguenay.

Comment parviendra-t-elle à mieux trier les matières récupérées ? Arnaud Budka a expliqué que l’organisme fera plus de tri manuel, puisqu’il pourra compter sur un plus grand nombre d’employés, étant donné sa mission de réinsertion.

Il a aussi souligné que l’interdiction des sacs de plastique à Montréal, entrée en vigueur la semaine dernière, ainsi que les restrictions qui seront imposées à la distribution du Publisac en 2023 permettront de réduire les contaminants à la source.

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Un nouvel opérateur prendra en charge le centre de tri de Lachine dès le 17 octobre

Un rapport dresse un portrait désolant de la situation au centre de tri de Lachine, où les matières destinées au recyclage s’accumulent depuis des semaines.


Les ballots de matières destinées au recyclage s’accumulent en hauteur à l’intérieur du centre de tri de Lachine.
PHOTO : SERVICE DE L’ENVIRONNEMENT DE LA VILLE DE MONTRÉAL

Marie-Isabelle Rochon
Publié hier à 19 h 02

Les ballots de carton s’accumulent toujours au centre de tri de Lachine, et « la qualité des matières triées n’a pas progressé depuis août 2020 ».

C’est le constat d’un rapport présenté mardi par la Ville de Montréal lors d’une séance extraordinaire réclamée par l’opposition.

Depuis des semaines, les matières destinées au recyclage s’accumulent, au point de ne pas respecter les normes de la protection incendie. Ces matières bloquent les passerelles, les zones de passage et les zones d’expédition, malgré les nombreux avertissements de la Ville de Montréal.


À l’intérieur du centre de tri, les passages sont obstrués.
PHOTO : SERVICE DE L’ENVIRONNEMENT DE LA VILLE DE MONTRÉAL

Des oiseaux se trouvent aussi à l’intérieur du bâtiment et posent des problèmes de salubrité. Les portes sont gardées ouvertes lorsque le centre de tri est en fonctionnement.

Il manque aussi d’employés pour répondre à la quantité de matières à trier, note encore le rapport. Une section du centre est conçue pour accueillir 10 employés, mais un seul poste est actuellement occupé à temps plein.


10 employés pourraient trier les matières, mais un seul poste est actuellement occupé à temps plein.
PHOTO : SERVICE DE L’ENVIRONNEMENT DE LA VILLE DE MONTRÉAL

Ricova, l’entreprise qui exploite les centres de tri de Lachine et celui de Saint-Michel, nage en pleine tourmente depuis plusieurs mois, et la Ville de Montréal avait déjà annoncé qu’elle tentait de résilier son contrat.

Il y a Saint-Michel qui est aussi problématique, sinon plus que celui de Lachine. Il y a des dizaines de millions de dollars qui ont été dépensés par l’administration dans le dossier du recyclage, a dénoncé le chef de l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville de Montréal, Aref Salem.

On va changer de joueur, mais nous n’avons aucune assurance qu’ils ont trouvé la solution magique […] qui va réduire les taux de contamination, a soutenu de son côté Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent.

Changement d’opérateur confirmé

Dès le 17 octobre, la Société VIA reprendra les rênes du centre de tri du recyclage de Lachine.

L’organisme à but non lucratif exploite déjà quatre centres de tri dans la province.

C’est un organisme qui conclut des contrats à long terme avec des recycleurs locaux. Il y a aussi des conditions d’emploi pour ces employés, autant ceux avec des limitations fonctionnelles que des employés réguliers, soutient Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l’environnement au comité exécutif.

La Société VIA prendra possession de l’usine sans que les ballots accumulés aient été enlevés. Au jour 1, l’objectif est d’essayer d’en sortir pour être capable de circuler, explique le PDG de la Société VIA, Jean-Sébastien Daigle.

Il croit que les ballots à l’intérieur de l’usine pourront être de nouveau triés, mais on ne sait pas ce qu’il adviendra de ceux accumulés à l’extérieur. Les ballots à l’extérieur, on ne voit pas la possibilité de les vendre ni de les trier de nouveau, puisqu’ils ont été mouillés, dit-il.

Une de nos priorités est de combler les postes vacants le plus rapidement possible et d’ajouter des trieurs, poursuit Jean-Sébastien Daigle. Il explique ne pas avoir pu procéder à une inspection en profondeur des équipements, mais a bon espoir que son OBNL pourra trier les matières destinées au recyclage dès les premières heures de fonctionnement.

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Matières recyclables | Deux ans pour construire un nouveau centre de tri à Montréal


PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
L’exploitation du centre de tri de Saint-Michel doit cesser à l’automne 2024.

Le processus de construction d’un nouveau centre de tri des matières recyclables dans l’est de Montréal se met en branle, à deux ans de l’entrée en vigueur de la réforme de la collecte sélective et de la fermeture du désuet centre de tri de Saint-Michel.

Publié à 5h00
Jean-Thomas Léveillé
LA PRESSE

Un « appel à la qualification » pour la construction de cette infrastructure sera lancé ce jeudi par Éco Entreprises Québec (EEQ), à qui a été confiée en octobre la gestion du système de collecte sélective réformé1, qui entrera en vigueur en décembre 2024.

L’organisme à but non lucratif représente les entreprises qui mettent sur le marché québécois des contenants, emballages et imprimés et qui devront, avec la réforme, en assurer la récupération et le recyclage.

Si EEQ s’attaque en premier lieu à la construction d’un nouveau centre de tri dans la métropole, c’est parce que « Montréal a des besoins très urgents », a expliqué en entrevue à La Presse Maryse Vermette, présidente-directrice générale de l’organisme.

L’actuel centre de tri du Complexe environnemental de Saint-Michel, qui traite les matières recyclables de l’est de l’île de Montréal, est « en fin de vie » et il est exclu de prolonger son exploitation au-delà du contrat actuel, qui arrivera à échéance à l’automne 2024, indique-t-elle.

C’est un centre de tri du XXe siècle. Là, on est au XXIe siècle et on a besoin d’un centre de tri moderne.

— Maryse Vermette, présidente-directrice générale d’Éco Entreprises Québec

Le délai est serré, c’est pourquoi EEQ cherche un « répondant » ayant la capacité de financer, construire et exploiter un centre de tri possédant déjà, ou louant à long terme, un terrain dans l’est de Montréal dont le zonage permet un tel type d’usage.

« On va aussi préparer un plan de mitigation pour s’assurer qu’il n’y ait pas de bris de service à l’automne 2024 », indique Mme Vermette, ajoutant que des centres de tri ont récemment été construits en 24 mois aux États-Unis et en Europe.

Les entreprises doivent se manifester d’ici le 9 décembre pour recevoir le document d’appel de qualification, puis auront jusqu’au 10 janvier pour soumettre leur candidature. EEQ invitera ensuite les entreprises qualifiées à soumettre une proposition.

Quiconque aurait été déclaré inadmissible aux contrats de la Ville de Montréal ne peut soumettre de proposition, ce qui exclut d’emblée l’entreprise Ricova, actuel gestionnaire du centre de tri de Saint-Michel, dont les déboires ont fait les manchettes ces dernières années.

Sur les rives nord et sud

D’autres centres de tri devront aussi être construits rapidement dans la région de Montréal, sur la Rive-Nord et sur la Rive-Sud.

« On a vraiment atteint la capacité limite [des installations actuelles], on a des enjeux à très court terme », indique Maryse Vermette.

De nouveaux centres de tri seront aussi requis ailleurs au Québec à moyen terme, d’ici quatre à cinq ans, estime EEQ, qui prévoit que la réforme de la collecte sélective entraînera une augmentation des matières recyclables en raison de la récupération accrue dans les industries, les commerces et les institutions.

Cette augmentation sera en partie amortie par l’autre réforme du gouvernement Legault, celle de la consigne sur les contenants de boisson, qui les fera essentiellement disparaître des bacs de récupération.

La collecte pêle-mêle remise en question

Le mode de collecte pêle-mêle, où tout est mis dans le même bac de récupération, pourrait être revu dans la foulée de la réforme de la collecte sélective.

« On est en réflexion par rapport au verre », affirme Maryse Vermette.

« C’est vraiment une matière qui a toujours été difficile à gérer en centre de tri », dit-elle, expliquant que les solutions développées requièrent un gros volume pour être rentabilisées, et ce volume diminuera considérablement avec la réforme de la consigne.

Un tri séparé des contenants en verre qui ne seront pas consignés, comme les pots de confiture, de marinade ou de condiments, pourrait ainsi être envisagé.


PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

« On souhaite faire des projets-pilotes, c’est une bonne façon de tester [de nouvelles approches] », indique Mme Vermette.

D’autres matières difficilement recyclables, elles, pourraient carrément disparaître.

« On doit s’assurer que ce que mettent en marché nos entreprises soit récupéré et recyclé, avec des objectifs très ambitieux, alors il faut être ouvert au changement », dit Mme Vermette, qui voit dans la réforme une forte incitation à l’écoconception.

« La meilleure incitation, c’est de responsabiliser, dit-elle. On va vraiment s’efforcer de faire en sorte que les entreprises qu’on représente mettent en marché des contenants qui soient recyclables, qui puissent être gérés. »

1. Lisez « Un pas de plus pour les réformes de la consigne et de la collecte sélective »

EN SAVOIR PLUS

  • 150 000
    Tonnes de matières recyclables que pourra traiter annuellement le futur centre de tri de l’est de Montréal

SOURCE : ÉCO ENTREPRISES QUÉBEC

993 000
Tonnes de matières recyclables reçues par les centres de tri du Québec en 2018 (données les plus récentes disponibles)

SOURCE : RECYC-QUÉBEC

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Recyclage La qualité du tri s’améliore à Montréal


PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE | Le Centre de tri de Lachine de la Société Via

La qualité du tri du recyclage des Montréalais s’est améliorée de façon prodigieuse dans les derniers mois, selon les deux entreprises qui y œuvrent. L’administration Plante s’en réjouit, mais demandera une analyse indépendante pour le confirmer.

2 février 2023 | Publié à 16h24 | PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD | LA PRESSE

Ces performances permettent de croire que le contenu du bac vert pourra dorénavant être mieux valorisé.

Ricova, l’entreprise au centre de la crise du recyclage de l’automne dernier, a annoncé mercredi après-midi que les ballots de papier qui sortent de son centre de tri de Saint-Michel sont maintenant presque parfaits, avec seulement 2 % de contamination. Explication : de nouvelles machines européennes installées pendant les Fêtes font un bien meilleur travail.

« On est très fiers de dire qu’on a réussi notre défi », a affirmé Dominic Colubriale, grand patron de Ricova. L’entreprise dit avoir investi 6 millions en trois ans dans l’usine de Saint-Michel. « On a réduit le taux de contamination de 35 % à 2 %. »

Contrairement à la pratique dans une conférence de presse, M. Colubriale a refusé de répondre aux questions des journalistes. C’est sa directrice des communications qui s’en est chargé. « Notre 2 % respecte les plus hauts standards de l’industrie », a dit Laurence Tôth.

Valérie Plante veut s’assurer de la véracité des chiffres diffusés par Ricova. « On voit que les investissements faits par l’opérateur ont porté leurs fruits, a indiqué son cabinet dans une déclaration écrite. Nous pourrons voir dans les prochains mois si cette performance s’inscrit dans la durée. La Ville demandera une caractérisation externe qui validera la performance. »

À la fin de l’été dernier, Ricova était dans ses derniers retranchements, empilant les ballots de matières recyclables parce qu’elle était incapable de les exporter, conformément à son modèle d’affaires. Les ballots, trop contaminés, étaient refoulés aux douanes. Ces difficultés ont poussé la Ville de Montréal à écarter Ricova du nouveau centre de tri de Lachine, qui peinait à produire des ballots de bonne qualité malgré son équipement flambant neuf.

10 % à Lachine

C’est Société VIA, une entreprise d’économie sociale, qui a pris le relais de Ricova au centre de tri de Lachine depuis octobre dernier.

Mercredi, elle annonçait elle aussi des résultats : ses ballots de papier mixte sont contaminés à hauteur de 10 %, en baisse par rapport aux 30 % qu’affichait Ricova dans ses dernières semaines aux manettes. De tels taux de contamination affectent la valeur des ballots et compromettent les possibilités de les valoriser dans les pays industrialisés.

Jean-Sébastien Daigle, président de Société VIA, a indiqué que son organisation avait ajouté beaucoup d’employés sur les lignes de tri afin de retirer manuellement les matières contaminantes. « On a fait beaucoup de réparations depuis qu’on est arrivés », a-t-il ajouté.

Société VIA exporte tout de même la grande majorité (80 %) des ballots de papier qui sortent du centre de tri de Lachine, notamment vers des pays en développement comme l’Inde, même si son modèle d’affaires préconise plutôt la valorisation locale de la matière.

Arnaud Budka, le fonctionnaire montréalais en charge du dossier des matières résiduelles, a affirmé que la Ville de Montréal était « satisfaite » de la performance de Société Via à Lachine, ajoutant toutefois le taux de contamination devait continuer à baisser.

« On accueille très positivement les bonnes nouvelles concernant l’état des centres de tri de la métropole, a indiqué le cabinet de la mairesse. Beaucoup d’avancées ont été réalisées dans la dernière année. Nos équipes, en collaboration avec nos partenaires, n’ont ménagé aucun effort pour améliorer la qualité des matières produites par nos deux centres de tri.

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Reportage au Téléjournal

Il y a de l’amélioration dans le recyclage de la métropole du Québec. Les taux de contamination sont à la baisse, tant au centre de tri de Lachine qu’à Saint-Michel. Ces améliorations doivent accroître la valeur des matériaux recyclés.

Le reportage de Mathieu Prost

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Coût projeté de 400 millions | Laval abandonne son projet d’usine de biométhanisation


PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE
Stéphane Boyer, maire de Laval

Devant des coûts trop élevés et des défis techniques imposants, la Ville de Laval met fin à son projet d’usine de biométhanisation qui faisait l’objet de discussions depuis des années. Dans un contexte inflationniste, l’infrastructure aurait coûté plus de 400 millions, estime le maire Stéphane Boyer, qui promet d’ici quelques mois une « nouvelle stratégie » pour traiter les matières.

Publié hier à 17h00
Henri Ouellette-Vézina
LA PRESSE

La nouvelle a été annoncée aux élus lavallois mardi, en fin d’après-midi. C’est le comité exécutif de la Ville qui a toutefois officiellement entériné la décision. « On fait le constat aujourd’hui qu’il y a trop de risques financiers et techniques. Soyons clairs : on garde la même ambition de réduire nos GES, mais ça ne se fera pas par la biométhanisation, mais bien par une autre stratégie qu’on présentera dans les prochains mois », explique M. Boyer en entrevue à La Presse.

En 2019, à l’époque où un premier appel d’offres lancé pour construire l’usine n’avait attiré aucun soumissionnaire, le projet avait été évalué à 244 millions. Aujourd’hui, en raison de la forte inflation, des enjeux d’approvisionnement et de la surchauffe sur le marché de la construction partout dans le monde, « on est rendu au-delà de 400 millions », affirme le maire.

« Je veux qu’on soit pragmatiques et efficients avec l’argent des citoyens, explique-t-il. Je ne souhaite pas, au contraire, qu’on investisse 400 millions de taxes des citoyens dans un projet à haut risque. Il faut comprendre que depuis 2010, à l’époque où Québec donnait plusieurs subventions pour ça, plusieurs villes se sont essayées avec la biométhanisation. Mais dans presque tous les cas, il y avait des dépassements de coûts. Très peu de projets sont aujourd’hui des réussites », poursuit M. Boyer, en estimant que l’usine ne présentait tout simplement « pas un rapport coût-bénéfice favorable ».

Ce que les citoyens veulent, ce n’est pas nécessairement une usine de biométhanisation. C’est surtout une ville qui travaille fort pour réduire les GES.

– Stéphane Boyer, maire de Laval

D’autres options à explorer

Malgré ce recul, la Ville de Laval maintient qu’il existe encore plusieurs autres « options moins dispendieuses ». « D’abord, il faut dire qu’on va maintenir le compostage des matières organiques, qui a un taux de valorisation enviable. Et on a assez de capacité de traitement à Laval, ce qui n’a pas toujours été le cas », affirme Isabelle Deguire, du Service de l’environnement de la Ville.

À ce jour, le taux de valorisation des matières est de 65 % pour les bacs bruns à Laval, en date de 2022. La cible à cet effet était d’atteindre 60 % en 2025, selon la Stratégie lavalloise de gestion des matières résiduelles (SLGMR).

Mais ce ne sera pas tout, insiste Mme Deguire. « D’autre part, on va par exemple regarder au niveau de l’épandage en zone agricole, en restauration de sites dégradés ou encore voir si on peut envoyer dans des centres de traitement plutôt que d’enfouir », poursuit l’experte.

Le principal défi derrière une usine de biométhanisation, selon elle, demeure la « codigestion des matières » que sont les résidus de table, les résidus de terre et les boues des usines d’épuration. « Mélanger ces différents types de matières ensemble, au niveau des procédés et des systèmes, c’est vraiment très important en termes de coûts. Ça voulait dire beaucoup de ressources pour s’assurer d’avoir une performance comme celle à laquelle on s’attendait », avoue Mme Deguire.

Depuis le début des discussions entourant l’usine de biométhanisation, la Ville de Laval affirme avoir dépensé 5 millions, surtout en études, devis et autres documents techniques. « C’est dommage aujourd’hui de constater que cet argent-là a été perdu d’une certaine manière. Mais en même temps, c’est préférable de perdre 5 millions aujourd’hui que d’en perdre 10 fois plus demain », résume le maire Boyer en entrevue.

Il affirme que la situation démontre que plus globalement, sa municipalité doit « développer plus intelligemment ». « On doit faire plus de projets multiusages. Autrement dit, si on investit sur un projet X de bâtiment, il faut que ce bâtiment puisse avoir plus d’une fonction. Dans nos parcs, par exemple, plutôt que de faire un centre communautaire sur mesure, est-ce qu’on ne peut pas réviser nos plans ? C’est d’en faire plus avec moins », conclut l’élu.

Usine de biométhanisation à Laval | L’opposition s’en prend à « l’incapacité » du maire Boyer


PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Le maire de Laval, Stéphane Boyer

Les partis de l’opposition de Laval ont tiré mercredi à boulets rouges sur l’administration du maire Boyer, l’accusant d’être incapable de livrer de grands projets, au moment où la Ville vient d’abandonner le projet d’usine de biométhanisation en raison des coûts trop élevés.

Publié hier à 15h25
Henri Ouellette-Vézina
LA PRESSE

« Au final, l’administration Boyer aura préféré prioriser le projet de complexe aquatique au détriment du projet d’usine de biométhanisation et du dépassement des cibles environnementales. Tout est une question de coût de renonciation. Le maire Boyer a fait des choix que nous remettons sérieusement en question aujourd’hui », martèle l’opposition officielle, le Parti Laval, dans un communiqué paru mercredi.

D’après la formation, le maire Boyer « contrôle le message, divulgue les informations qui lui plaît bien de rendre publiques et évite de mentionner certains détails » entourant l’usine. « L’échec assuré du projet était connu à l’interne depuis des mois, mais on n’en a jamais parlé aux élus. Malheureusement, l’incapacité à réaliser les projets de grande envergure semble être la norme à Laval », poursuit-on.

Mardi, La Presse rapportait que dans un contexte inflationniste, l’infrastructure aurait coûté plus de 400 millions, selon le maire Stéphane Boyer, qui promet d’ici quelques mois une « nouvelle stratégie » pour traiter les matières. En 2019, à l’époque où un premier appel d’offres lancé pour construire l’usine n’avait attiré aucun soumissionnaire, le projet avait été évalué à 244 millions.

« Il y a trop de risques financiers et techniques. Soyons clairs : on garde la même ambition de réduire nos GES, mais ça ne se fera pas par la biométhanisation », a expliqué M. Boyer en entrevue.

Des taxes « gaspillées »

Chez Action Laval, on soutient que « des entreprises fleurissent » pourtant dans le secteur de la technologie de la biométhanisation partout dans le monde. « Le problème semble plutôt être dans la gestion du projet. Le maire poursuit dans sa hausse des taxes pour financer les échecs de ses idées de méga-infrastructures », affirme le parti dans une missive.

« [Le maire Boyer] ose annoncer cela la semaine même que les citoyens reçoivent leur compte de taxes. J’espère que les citoyens prendront note de la manière dont leurs taxes sont gaspillées ! », illustre le chef par intérim d’Action Laval, Achille Cifelli, dans une déclaration.

M. Cifelli soutient qu’il « aurait d’abord visité les sites où cette technologie est un succès afin d’en comprendre les enjeux et comment ce projet pouvait être réalisé, plutôt que de faire un jeu d’essais-erreurs avec les deniers des citoyens ».

« Cinq millions pour réaliser que la technologie ne semble pas prête, ça démontre l’inexpérience en gestion de cette administration », a aussi condamné le leader au conseil d’Action Laval, David De Cotis, en référence aux cinq millions qui avaient déjà été investis dans le projet d’usine, surtout en études, devis et autres documents techniques, notamment.

Au cabinet de M. Boyer, on réitère que de mettre fin au projet d’usine de biométhanisation « est une décision responsable et pragmatique pour les contribuables lavallois ». « Je n’ai pas peur de prendre les décisions difficiles qui s’imposent. […] Composter les matières organiques coûte environ 50 $ la tonne, alors que les plus récents projets de biométhanisation coûtent plus de 200 $ la tonne », a dit le maire.

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Terrebonne Le plus gros dépotoir au Québec veut s’agrandir

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Vue aérienne du lieu d’enfouissement technique de Lachenaie, à Terrebonne

Le plus gros lieu d’enfouissement du Québec souhaite prolonger ses activités pendant 30 ans et ainsi recevoir 44,5 millions de mètres cubes de déchets supplémentaires, de quoi remplir 24 fois le Stade olympique de Montréal.

Publié à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Le projet d’agrandissement du lieu d’enfouissement technique (LET) de Lachenaie, à Terrebonne, a été déposé au Registre des évaluations environnementales du Québec le 7 mars, confirmant les intentions déjà exprimées dans le passé de son propriétaire, la filiale canadienne de la multinationale états-unienne Waste Connections.

Ce lieu d’enfouissement est le seul sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), et sa capacité autorisée devrait être atteinte en 2027, prévoit maintenant l’entreprise, qui évoquait auparavant l’année 20291.

Waste Connections souhaite « y enfouir des matières résiduelles pendant 30 années supplémentaires, c’est-à-dire jusqu’en 2057 », au rythme actuel de 1,5 million de mètres cubes par année, écrit-elle dans le document déposé au Registre.

L’entreprise a fait dans les dernières années l’acquisition des terrains nécessaires à l’agrandissement ; elle estime avoir besoin d’une « période minimale de 48 mois » pour le réaliser.

« Un projet des années 1990 »

Un tel agrandissement serait contraire à ce qu’il faut faire, estime le directeur général du Front québécois pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard.

« Je trouve ça pathétique, c’est un projet des années 1990 », à l’époque où sont apparus les mégasites d’enfouissement, dit-il.

Ces sites reçoivent un volume de déchets si élevé qu’ils peuvent « défier toute concurrence » et offrir des prix qui rendent l’enfouissement des déchets beaucoup plus attrayant que n’importe quelle autre solution, déplore M. Ménard.

On a des modes d’élimination qui sont incompatibles avec les modes de gestion qui visent la réduction.

Karel Ménard, directeur général du Front québécois pour une gestion écologique des déchets

Il est incohérent que les municipalités doivent planifier la gestion des déchets, mais que leur enfouissement soit confié à des entreprises privées qui font « tout pour avoir le plus de poubelles possible », relève-t-il.

Le gouvernement est « pris en otage » par un oligopole d’entreprises du secteur « qui dictent l’agenda de l’élimination au Québec », accuse Karel Ménard.

« Il y a cinq sites au Québec qui gèrent plus de 75 % des poubelles, et ils appartiennent à trois compagnies », souligne-t-il.

Karel Ménard plaide pour des lieux d’enfouissement plus petits, recevant les déchets de leur milieu environnant, afin de « sensibiliser les générateurs ».

Encore besoin d’enfouir

Waste Connections fait valoir que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) indiquait dans son rapport sur la gestion des « résidus ultimes », en janvier 2022, que de nouveaux lieux d’élimination ou des agrandissements de lieux existants seront nécessaires au cours des 20 prochaines années.

« C’est évident qu’on va devoir avoir de nouvelles autorisations, on n’atteindra pas le zéro déchet demain matin, répond Karel Ménard, mais [Waste Connections] alimente la problématique de la surproduction de déchets. »

Le rapport du BAPE pointait aussi que le Québec devait prioriser la réduction à la source et cesser de miser sur le recyclage pour réduire la quantité de déchets qu’il génère2.

On a un problème d’enfouissement parce que les efforts nécessaires n’ont pas été mis en amont.

Joseph Zayed, président de la commission d’enquête du BAPE

Bruit, GES et lixiviat

L’agrandissement du site de Lachenaie entraînerait différents impacts durant la phase d’aménagement, dont l’émission de poussières et de gaz d’échappement, du bruit, de la circulation et la perte de milieux naturels, indique l’entreprise, précisant que les résidences les plus proches se trouvent à 750 mètres du site, qui est l’une des composantes du Complexe Enviro Connexions, constitué également d’une usine de production de biométhane, d’un centre de tri et d’un centre de compostage.

L’exploitation entraînerait quant à elle des odeurs et des émissions de biogaz, dont du méthane, un puissant gaz à effet de serre (GES).

« La mise en place progressive du système de captage actif des biogaz [permettra] de limiter de façon très importante ces impacts sur l’environnement », affirme Waste Connections, ce qui fait bondir Karel Ménard.

« S’il y a du biogaz qui sort des cellules, c’est un constat d’échec, ça veut dire qu’on a enfoui des matières organiques qui ne devraient pas être là », dit-il.

Un important rejet de méthane avait d’ailleurs été détecté par satellite3, en novembre, au site de Lachenaie, que Waste Connections avait attribué à une opération de maintenance.

Les nouvelles cellules d’enfouissement seront dotées d’un système de captage du lixiviat, qui passera par l’usine de prétraitement qui se trouve déjà sur le site avant d’être pompé vers l’usine d’épuration municipale de Mascouche-Terrebonne.

Le projet pourrait être soumis à un examen du BAPE, a indiqué à La Presse le cabinet du ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

« Les demandes d’agrandissement des sites d’enfouissement nous démontrent qu’il est essentiel de réduire au maximum le recours à l’enfouissement », ce à quoi s’est attelé le gouvernement Legault avec la modernisation de la consigne et de la collecte sélective et la stratégie pour favoriser le compostage des matières organiques, a en outre déclaré l’attachée de presse du ministre, Mélina Jalbert.

(1) Lisez le texte « La plus grosse poubelle du Québec bientôt pleine »

(2) Lisez le texte « Le recyclage ne suffit plus, dit le BAPE »

(3) Lisez le texte « Un rejet de méthane détecté par satellite »

En savoir plus

2,61 km⁠2
    Superficie de l’agrandissement projeté du lieu d’enfouissement technique de Lachenaie

Source : Complexe Enviro Connexions

À Montréal, des milliers de tonnes de verre au dépotoir, faute de recyclage


Le Centre de tri de Lachine reçoit environ 90 000 tonnes de matières recyclables par année. Environ 13 % de cette matière est du verre, soit 11 700 tonnes.
PHOTO : ISTOCK

Jean-Philippe Robillard
Publié à 4 h 01

Trois ans après l’inauguration du Centre de tri de Lachine, dans l’ouest de Montréal, la machinerie pour améliorer le recyclage du verre ne fonctionne plus. L’équipement est à l’arrêt depuis plusieurs mois en raison de bris mécaniques, et ce n’est pas la première fois qu’il connaît des ratés.

Selon nos informations, le système d’une valeur de 2,5 millions de dollars offert par Éco Entreprise Québec n’a fonctionné qu’environ un an jusqu’à présent et des milliers de tonnes de verre récupéré par les Montréalais ont été envoyées à l’enfouissement.

Quand le Centre de tri de Lachine a été inauguré, la Ville de Montréal fondait beaucoup d’espoir dans l’équipement à la fine pointe de la technologie que lui a donné Éco Entreprise Québec pour améliorer la qualité du tri du verre et pour trouver de nouveaux débouchés afin de le recycler.

À l’époque, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait affirmé qu’avec un tel équipement, la Ville allait valoriser davantage le verre parce que le système de nettoyage allait être plus performant. Idéalement, ce qu’on souhaite, c’est que ce verre-là, on puisse le réutiliser en bouteilles, avait déclaré la première magistrate.

Certains croyaient même qu’il pourrait permettre de produire un verre d’une pureté suffisante pour approvisionner la fonderie Owens-Illinois, à Montréal.

Cependant, trois ans plus tard, le système ne fonctionne plus en raison de bris mécaniques. Le PDG de la société Via, Jean-Sébastien Daigle, qui gère maintenant le Centre de tri, affirme que l’équipement n’est pas fonctionnel depuis le mois d’octobre : À notre arrivée, il était à l’arrêt; […] il y a des réparations à faire parce qu’il y a des trucs qui ont été brisés sur l’équipement.

Il a cependant bon espoir que le système sera bientôt réparé et remis en service. On est en attente de certaines pièces, […] il y a de longs délais de livraison. L’ensemble des pièces devrait arriver au courant du mois de mai, donc on vise un démarrage au mois de juin, précise M. Daigle.

Une source qui désire conserver l’anonymat confirme que la machine a souvent été à l’arrêt. Il faut souvent la réparer. Ça demande beaucoup de maintenance, indique cette personne.

Le directeur de la gestion des matières résiduelles au Service de l’environnement de la Ville de Montréal, Arnaud Budka, est bien conscient de la situation : La machine a eu beaucoup de problèmes de fonctionnement, et là, maintenant, on fait face aux enjeux d’approvisionnement. […] C’est vraiment une question de disponibilités des pièces et d’efficacité de la technologie.

Il ajoute qu’on est dans une situation où on n’a pas pu profiter pleinement de cet équipement parce qu’il s’est brisé, parce qu’il y a eu des problèmes de performance et que c’est un nouvel équipement.

M. Budka rappelle que le système a été offert à la Ville de Montréal et au Centre de tri de Lachine dans le cadre d’un projet pilote du plan Verre l’innovation d’Éco Entreprise Québec. il faut garder à l’esprit qu’il y a des [projets] pilotes qui réussissent et d’autres qui ne sont pas des succès, dit-il.

Du verre de « bonne » qualité envoyé à l’enfouissement

La Ville de Montréal affirme cependant que la qualité du tri du verre produit par le système est bonne. Une source affirme pour sa part que même lorsque la machine fonctionnait correctement, le verre était envoyé à l’enfouissement, où il était utilisé comme matière de recouvrement, ce que nous a confirmé une porte-parole de la Ville de Montréal.

La qualité du verre produit était bonne. Cependant, Ricova a mentionné être incapable d’envoyer le verre pour des fins de recyclage, bien que des tests aient été réalisés. Le verre a donc été valorisé au site d’enfouissement pour des usages tels le recouvrement journalier ou la construction de voies de circulation, a mentionné cette porte-parole.

Depuis l’inauguration du Centre de tri de Lachine, la Ville de Montréal a donc dû acheminer des milliers de tonnes de verre récupéré par les Montréalais à l’enfouissement.

« Nous avons installé et utilisé les équipements du système de traitement du verre dès la prise de possession du Centre de tri de Lachine. Le verre trié a toujours été valorisé pendant l’entièreté du contrat. À l’automne 2022, nous étions en bonne posture pour conclure une entente avec un recycleur québécois intéressé à se porter acquéreur de notre verre. »

— Une citation de Laurence Tôth, directrice des communications, affaires publiques et gouvernementales, chez Ricova

Toutefois, depuis novembre dernier, le nouveau gestionnaire du Centre de tri, la société Via, l’envoie chez Bellemare, une entreprise de la Mauricie qui l’utilise pour du sablage au jet ou pour de la filtration d’eau de piscine. Le directeur de la gestion des matières résiduelles au Service de l’environnement de la Ville de Montréal admet que la métropole doit payer plus cher pour éviter l’enfouissement. Ça nous coûte plus cher, c’est sûr. Mais ça nous permet d’avoir un verre qui est décontaminé sur place. C’est ce que devait faire l’équipement de tri qui est non fonctionnel, dit-il.

Le Centre de tri de Lachine reçoit environ 90 000 tonnes de matières recyclables par année. Environ 13 % de cette matière est du verre, soit 11 700 tonnes.

Au Centre de tri de Saint-Michel, le gestionnaire continue d’acheminer le verre récupéré à l’enfouissement. Chaque année, de 90 000 à 100 000 tonnes de matières recyclables y sont acheminées, dont 20 % de verre. Ce sont donc annuellement environ 20 000 tonnes de verre qui sont envoyées dans des sites d’enfouissement.

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Les immeubles de neuf logements et plus, les industries, les commerces et les institutions de Saint-Henri et de la Petite-Bourgogne représenteront la première étape.

Je crois que ce sera la première fois que les “gros” édifices ont accès au composte (en dehors d’utiliser des sites de dépôt extérieurs), quelle forme cela prendra? Ce ne sera pas les petits bacs bruns que l’on connaît j’imagine.

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« Le Québec n’est pas la poubelle toxique des États-Unis et de l’Ontario »

Le projet d’enfouissement de millions de tonnes de déchets dangereux, à Blainville, suscite des inquiétudes.


Stablex traite et enfouit des résidus dangereux inorganiques industriels. Ces déchets sont enfermés dans de vastes « cellules ».
PHOTO : STABLEX

Thomas Gerbet
Philippe-Antoine Saulnier
Publié à 4 h 00

Des citoyens, des élus et l’Union des producteurs agricoles expriment leurs préoccupations face au projet de « cellule 6 » de la compagnie américaine Stablex, qui vise à enfouir à perpétuité des millions de tonnes de résidus contaminés en empiétant sur des boisés et des milieux humides. Le gouvernement du Québec s’en remet à l’examen indépendant du BAPE. Quant à la Ville de Blainville, elle se déclare ni pour ni contre.

Radio-Canada rapportait, jeudi, que Stablex a demandé l’autorisation au ministère de l’Environnement de doubler sa capacité de réception de déchets industriels contaminés. La compagnie veut pouvoir enfouir 8 millions de mètres cubes de matières supplémentaires sur 40 ans, soit quatre fois le volume du stade olympique de Montréal.

Le résident de Blainville Claude Beaudet s’inquiète de la taille du terrain visé, vaste de 69 hectares, dont 54 hectares d’habitat forestier et 9 hectares de milieux humides seront détruits.

« Cessez les développements d’industries lourdes dans un environnement qui doit, à tout prix, être protégé, agrandi et soigné. »

— Une citation de Claude Beaudet, résident de Blainville

Philippe Le Guerrier, représentant de l’Union des producteurs agricoles (UPA) pour les Laurentides, explique que la cellule numéro 6 où seront enfouis les déchets se situe à environ un kilomètre de bassins d’irrigation d’entreprises agricoles.


Philippe Le Guerrier est le représentant de l’Union des producteurs agricoles pour les Laurentides.
PHOTO : RADIO-CANADA / PHILIPPE-ANTOINE SAULNIER

Les légumes qu’on produit, on le fait avec de l’eau d’étangs du secteur, dit-il, inquiet d’une contamination de la nappe phréatique.

L’entreprise assure que son procédé est sécuritaire à perpétuité. Une fois remplie au complet, une cellule est fermée par un revêtement composé d’une couche de séparation en sable, d’une couche d’argile compactée et d’une géomembrane étanche.

Le ministère de l’Environnement a toutefois exprimé des préoccupations sur ce qu’il adviendra le jour où l’entreprise cessera ses activités. Dans 500 ans, il va y avoir du danger pareil, croit Philippe Le Guerrier.


Vue aérienne des terrains de Stablex où sont les cellules 1 à 5 (en bas à droite) et où serait la cellule 6 (en haut à droite).
PHOTO : GOOGLE EARTH

Les déchets de l’extérieur du Québec dérangent

Depuis 40 ans, la moitié des matières dangereuses qu’a reçues Stablex venaient de l’Ontario et du nord-est des États-Unis. Il s’agit de matières dangereuses résiduelles et de sols contaminés, par exemple aux métaux lourds.

Ça ne devrait pas être aux gens des Laurentides de vivre avec les poubelles de nos voisins du Sud, réagit la porte-parole de Québec solidaire en matière d’Environnement, Alejandra Zaga Mendez.

L’ex-ministre péquiste des Ressources naturelles Martine Ouellet a déposé au conseil municipal de Blainville, mardi soir, une pétition signée par près de 3000 personnes opposées au projet.

« Est-ce qu’on va accepter que Blainville serve de poubelle pour les États-Unis et l’Ontario, qui veulent se débarrasser de leurs déchets toxiques? »

— Une citation de Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec

Stablex assure qu’elle est une solution sécuritaire au traitement et à la gestion de ces déchets qui doivent bien finir quelque part.

Le dossier complet sera évalué par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), à partir du 8 mai. Les citoyens pourront se faire entendre durant les quatre mois d’étude.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, s’en remet à l’examen indépendant du BAPE : Je ne connais pas de projets passés au BAPE qui ont été acceptés tels que présentés initialement. C’est tout le temps une démarche qui permet de bonifier ou sinon carrément de refuser un projet.

Le ministère absent depuis 10 ans du comité de suivi

Le siège du ministère de l’Environnement est laissé vide depuis 10 ans dans le comité de suivi des activités de Stablex. Ces réunions, cinq fois par année, permettent d’assurer le suivi général des exigences du ministère.

Ils sont convoqués, on envoie l’invitation, on envoie le compte rendu et ils se sont satisfaits de ça depuis environ 2012, a expliqué Pierre Légo, cadre de Stablex, lors de la réunion publique du 8 mars.

Le MELCCFP effectue ses propres vérifications, suivis et inspections afin de s’assurer du respect de la réglementation, explique le porte-parole du ministère, Frédéric Fournier.

Officiellement ni pour ni contre, Blainville n’avait pas demandé de BAPE

Contrairement aux citoyens et à l’UPA, la Ville de Blainville a admis à Radio-Canada ne pas avoir réclamé la tenue d’un BAPE et elle ne sait pas si elle va y participer.

La Ville a pu poser des questions à Stablex et continuera à le faire, se satisfait le porte-parole de la Municipalité, Yannick Proulx.

Blainville a déjà autorisé le principe de la vente du terrain à la compagnie, pour 14 millions de dollars, conditionnellement à l’obtention des autorisations environnementales.

« Ce n’est pas qu’on va s’opposer ou qu’on va être en faveur du projet, c’est qu’on va s’assurer que tous les éléments du projet soient bien considérés, en s’assurant que le projet se réalise avec le moins d’impact environnemental et social. »

— Une citation de Liza Poulin, mairesse de Blainville

On est conscients que les tourbières, c’est un joyau pour notre territoire. Donc, je partage les préoccupations des gens, dit la mairesse à Radio-Canada. Elle affirme toutefois que le projet de Stablex et la protection des tourbières, ce sont deux dossiers distincts, j’aimerais qu’on ne les mélange pas.

L’étude d’impact du projet indique clairement que 1000 mètres carrés (0,1 hectare) de tourbière seront perdus.

En ce qui concerne la sécurité des cellules, le responsable de l’environnement à la Ville de Blainville, Éric Lépine, rappelle que Stablex enfouit déjà des matières dangereuses depuis 40 ans, au sud-ouest de l’emplacement projeté.

On a quand même un contrôle, il y a un suivi, il y a une correspondance quasi journalière avec la compagnie, dit-il. Donc, à partir du moment que les règles de sécurité, les règles de bon fonctionnement sont assurées, on n’a pas d’indication contraire à l’effet que ça va être pire là que ça l’est en ce moment.

« En ce moment, ça fonctionne bien. C’est une compagnie qui a quand même une très bonne feuille de route au niveau sécurité. Si tout va bien, on va actualiser les techniques, donc ça devient rassurant pour la population. »

— Une citation de Éric Lépine, responsable de l’environnement à la Ville de Blainville

En 2021, il y a eu un incendie dans un des bâtiments de Stablex, alors que des déchets de chlore étaient en train d’être traités. La matière se serait enflammée au moment du transbordement du produit dans des bassins. Heureusement, les pompiers de Blainville ont leur caserne juste à côté de ces installations.

Stablex a décliné notre demande d’entrevue et de visite des installations. La compagnie nous a aussi écrit : Nous croyons qu’il est préférable de ne pas publier d’article sur Stablex en amont des audiences.

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Matières recyclables GFL obtient le contrat du futur centre de tri de Montréal

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le nouveau centre devra traiter annuellement quelque 150 000 tonnes de matières provenant des bacs de récupération des ménages et commerces desservis par la collecte sélective de l’est de l’île.

La construction et la gestion du futur centre de tri de matières recyclables de l’est de Montréal ont été confiées à l’entreprise Green For Life (GFL), annoncera lundi Éco Entreprises Québec.

Publié à 11h47 Mis à jour à 12h06

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Le nouveau centre de tri sera construit dans le parc industriel de la ville de Montréal-Est, près de l’intersection de la rue Sherbrooke et de l’avenue Durocher.

Il devra traiter annuellement quelque 150 000 tonnes de matières provenant des bacs de récupération des ménages et commerces desservis par la collecte sélective de l’est de l’île ; les matières provenant de l’ouest de l’île étant traitées au centre de tri de Lachine, inauguré à la fin de 2019.

GFL dispose de moins de deux ans pour livrer ces nouvelles installations, qui prendront le relais du centre de tri du Complexe environnemental de Saint-Michel à l’expiration du contrat d’exploitation de ce dernier à l’automne 2024, et dont la prolongation est exclue.

L’entreprise est déjà propriétaire du terrain et sera prête à l’aménager « à très court terme », a indiqué à La Presse Maryse Vermette, présidente-directrice générale d’Éco Entreprises Québec, l’organisme à but non lucratif représentant les entreprises qui mettent sur le marché québécois des contenants, emballages et imprimés à qui a été confiée la gestion du système de collecte sélective réformé⁠.

Une entente de principe a été signée le 28 avril entre GFL et ÉEQ, ce qui permettra à GFL de démarrer dans les prochains jours des travaux de préparation du site et de commander certains équipements de tri ; la signature d’un contrat en bonne et due forme à la fin de l’été 2023.

Afin d’éviter toute interruption de la collecte des matières recyclables, GFL a dû présenter un plan de transition, qui prévoit que les matières recyclables seront acheminées à d’autres centres de tri « pendant une courte période », entre la fin des activités du centre Saint-Michel et le début de celles du nouveau centre de tri, prévu au début de 2025, indique Mme Vermette.

Lors de l’annonce de l’appel de qualification pour la construction du nouveau centre de tri, avant les Fêtes, Éco Entreprises Québec avait révélé envisager de revoir le mode de collecte pêle-mêle, où tout est mis dans le même bac de récupération, notamment pour séparer le verre à la source.

Cette idée est toujours dans l’air, mais l’organisme s’est « assuré que le centre de tri puisse quand même gérer le verre », indique Mme Vermette, précisant que des projets-pilotes de modes de collecte différents seront mis sur pied.

GFL, qui a fait l’acquisition de Matrec il y a quelques années, est le « quatrième plus grand joueur nord-américain en gestion des matières résiduelles », souligne le communiqué d’ÉEQ.

La quantité de matières recyclables générée par les Québécois est en hausse, tout comme la quantité de déchets, montrait le plus récent bilan de la Société québécoise de récupération et de recyclage (Recyc-Québec) publié en début d’année.

En savoir plus

  • 1 058 000
    Tonnes de matières recyclables reçues par les centres de tri du Québec en 2021

Source : Société québécoise de récupération et de recyclage (Recyc-Québec)

27
Nombre de centres de tri des matières recyclables provenant de la collecte sélective au Québec

Source : Société québécoise de récupération et de recyclage (Recyc-Québec)

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Construction d’un nouveau centre de tri desservant l’est de Montréal

Portail Constructo | 10 mai 2023

Construction d’un nouveau centre de tri desservant l’est de Montréal. Crédit : Matrec - GFL

Suivant un appel à la qualification pour la construction et l’opération d’un nouveau centre de tri des matières recyclables desservant l’est de Montréal, Éco Entreprises Québec (ÉEQ) a retenu la proposition de Green For Life (Matrec – GFL).

Le nouveau centre de tri, qui desservira tout le territoire de l’est de l’ile de Montréal, sera construit dans le parc industriel de la ville de Montréal-Est près de l’intersection de la rue Sherbrooke et de l’avenue Durocher.

Matrec – GFL doit démarrer dans les prochains jours des travaux de préparation du site et faire la commande des équipements de tri. La nouvelle infrastructure doit être mise en opération en janvier 2025.

Source : Éco Entreprises Québec

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Mythes et réalités d’un centre de recyclage


Photo: Jacques Nadeau, Le Devoir
L’usine de Tricentris, à Lachute, trie la matière recyclable de plus de 200 municipalités du Québec. Humains et machines y travaillent coude à coude pour séparer la matière recyclable de celle qui ne l’est pas, et au bout de la chaîne, une presse compacte la matière pour en faire des ballots.

Alexis Riopel à Lachute
Pôle environnement
16 mai 2023
Environnement

Quatre-vingts camions de recyclage viendront aujourd’hui livrer leur butin à l’usine de Tricentris à Lachute. Dans l’aire de réception, un tracteur pousse la matière et nourrit le tapis roulant qui marque le point de départ d’un parcours de 20 minutes au cours duquel les débris pêle-mêle se transformeront en ballots de carton, de papier, de plastique ou de métal.

L’effort du citoyen se termine dès que le camion de collecte disparaît au bout de sa rue. Bon débarras ! Pour le reste de l’écosystème du bac bleu, c’est là que tout commence. Or, pour assurer le succès du recyclage de nos résidus, les décisions prises à la maison sont d’une importance capitale.

En observant pendant deux minutes le convoyeur de l’aire de réception, on voit passer un coussin, un sac réutilisable, un boyau d’arrosage, une clôture, un bâton de baseball en plastique, une vadrouille… Autant d’objets qui n’auraient jamais dû se retrouver dans le bac. Certains sont carrément des déchets. D’autres ne sont pas visés par la collecte sélective, qui cible seulement les contenants, les emballages et les imprimés.


Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Dans l’aire de réception, un tracteur pousse la matière et nourrit le tapis roulant qui marque le point de départ d’un parcours de 20 minutes.

Le citoyen fait-il « une bonne job » ? « Dans 80 % des cas, oui ! Est-ce que c’est perfectible ? Bien sûr. On pourrait viser 90 % », répond Grégory Pratte, qui guide Le Devoir dans l’usine de Tricentris. Cet organisme à but non lucratif trie la matière recyclable de plus de 200 municipalités du Québec. Surnommé « le coach du bac », M. Pratte intervient à la télévision et sur Internet pour aider la population à mieux recycler.

Il doit combattre le cynisme : le milieu du recyclage ne suscite pas la confiance du public. Selon un sondage de Recyc-Québec mené en 2021, la moitié de la population doute que les matières recyclables mises au bac soient bel et bien recyclées. La visite du centre de tri de Lachute donne plutôt l’impression d’une volonté acharnée de bien faire. Ici, seulement 20 % de la matière reçue prend le chemin du dépotoir. Il s’agit en majorité de déchets.


Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Grégory Pratte, surnommé « le coach du bac », intervient à la télévision et sur Internet pour aider la population à mieux recycler.

« Les gens, ils se trompent, ils mettent des choses qui n’ont pas d’allure, c’est pour ça qu’il ne faut pas être dédaigneux », dit Stéphanie Hoffman, une cheffe d’équipe du triage. Les employés tombent parfois sur des animaux de compagnie encore vivants, précise-t-elle… Ils ont déjà vu passer un sabre de ninja, un manteau de fourrure et même une valise remplie d’argent.

Les matières indésirables compliquent la tâche des employés, posent des dangers et réduisent la rentabilité du centre de tri. Celui-ci doit payer 75 $ la tonne pour l’enfouissement des déchets. Notons qu’il a tout intérêt à recycler au maximum les objets admissibles : la majorité de ses revenus découle de la vente des matières triées, qui valent typiquement quelques centaines de dollars la tonne.

Valoriser au Québec

Dans l’usine, humains et machines travaillent coude à coude. Des aimants attrapent le métal. Des lames séparent le carton. Des jets d’air propulsent des morceaux de plastique. Devant l’un des innombrables convoyeurs, deux hommes et deux femmes retirent les plus gros déchets et vident les sacs de plastique. Ils portent un masque filtrant, des coquilles antibruit et de bons gants. Cela roule vite. L’un des hommes attrape une chaise de jardin.

Sur l’un des tapis, le ruban magnétique d’une vieille cassette vidéo est coincé. On voit la bande noire s’étirer au fil du convoyeur en aval. La machine résiste : pour l’instant, cet « objet long » — comme on dit dans le jargon — ne la bloque pas. Attention aux cordes, aux chaînes ou aux tuyaux, qui ne vont pas dans le bac. « On se retrouve avec des surprises dans la matière et, oups ! ça fait du blocage », relève Michel Cadorette, le directeur du centre de tri.


Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Humains et machines travaillent coude à coude dans l’usine de Tricentris de Lachute pour séparer la matière recyclable de celle qui ne l’est pas.


Photo: Jacques Nadeau Le Devoir

L’usine, qui ronronne 16 heures sur 24, 5 jours sur 7, ne dispose que de très peu de marge de manoeuvre pour rattraper le temps perdu. Chaque heure de pause forcée coûte 1500 $. Au bout d’une année, le centre de tri accuse des pertes de 250 000 $ imputables à des interruptions causées par des objets qui n’auraient jamais dû échoir dans le bac bleu.

Au bout de la chaîne, une presse compacte la matière pour en faire des ballots. Dans un gros paquet de plastique compressé, quelques morceaux de carton se sont faufilés. On appelle ces intrus des « contaminants ». Contrairement à ce que certains citoyens imaginent parfois, leur présence ne gâche pas la totalité de la matière. Les acheteurs tolèrent de 5 à 10 % de contamination, indique M. Pratte.


Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Au bout de la chaîne, une presse compacte la matière pour en faire des ballots.

Dans cette salle, des ballots empilés frôlent le plafond. Carton et plastique prendront bientôt le chemin des recycleurs, comme Cascades ou Plastrec. Le verre ira à l’usine de micronisation de Tricentris, où l’on en fera des abrasifs, des granulats ou des sables. Dans une porte de garage, on aperçoit la remorque d’un camion remplie à ras bord de canettes d’aluminium. Deux millions de canettes — consignées ou pas — atterrissent ici chaque semaine. Elles iront chez Tomra, à Baie-d’Urfé, qui les expédie ensuite vers des fonderies.


Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Dans une salle, les ballots empilés frôlent le plafond.

La majorité de la matière recyclée qui sort des centres de tri du Québec est désormais recyclée dans la province. En 2012, seulement 48 % de cette matière se retrouvait chez un conditionneur ou un recycleur québécois, selon Recyc-Québec. En 2021, la proportion est grimpée à 61 %. Les centres de tri ont tout intérêt à vendre au Québec : ils diminuent les coûts de transport des ballots.

Deux grands changements en vue

Les emballages mal conçus représentent un frein au recyclage efficace. Les sachets de plastique souple impossibles à étirer ne sont pas recyclables, par exemple. Dès 2025, les choses vont commencer à changer. L’atteinte des objectifs de récupération et de recyclage reposera alors sur les épaules des entreprises qui mettent en marché des contenants, des emballages et des imprimés au Québec. Elles auront tout intérêt à choisir des produits facilement recyclables.

Un autre changement important se mettra en place dès novembre prochain. Le gouvernement commencera alors à imposer progressivement la consigne élargie. À terme, celle-ci visera tous les contenants de boisson. Québec espère que cela diminuera le nombre de bouteilles placées à la poubelle. Toutefois, on ne sait pas encore si les citoyens afflueront en masse aux nouvelles machines gobeuses.

« La consigne, c’est une bonne idée si on réemploie le contenant, comme on le fait avec la bière locale et la pinte de lait en verre », juge M. Pratte. Toutefois, avec la canette d’aluminium ou le contenant cartonné de jus, il n’y a pas de réemploi possible : même consignés, ces contenants seront simplement recyclés. À quoi bon demander aux gens de se rendre à un point de dépôt si un camion de recyclage passe déjà devant chez eux ? demande le coach du bac.

Pendant ce temps, dans l’usine, les trieurs continuent leur besogne essentielle. Est-ce qu’on s’habitue aux tapis qui filent à toute allure ? « Je me souviens, quand je suis rentrée, il y a 23 ans, ça m’a pris deux semaines pour m’habituer, répond Mme Hoffman. Je n’avais pas de voiture, j’étais jeune, je m’en venais à vélo avec mes caps d’acier ! » raconte-t-elle en riant, toujours fière de « faire quelque chose de bien pour la planète ».

PORTES OUVERTES

Tricentris tiendra bientôt des portes ouvertes dans ses centres de tri de Lachute (24 mai), de Terrebonne (25 mai) et de Gatineau (6 juin).

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Du verre récupéré par des arrondissements de Montréal est envoyé à l’enfouissement

Des centaines de tonnes de verres provenant notamment de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal sont acheminées vers des dépotoirs chaque mois.


Bac de recyclage à Montréal
PHOTO : RADIO-CANADA / MARTIN THIBAULT

Jean-Philippe Robillard
Publié à 4 h 00

« Je trouve ça décourageant qu’on ne recycle pas le verre dans le quartier où je vis à Montréal. » – Pierre Beaudoin, résident du Plateau-Mont-Royal

Pierre Beaudoin, qui nettoie chaque bouteille de vin ou chaque contenant de verre avant de le déposer dans son bac de recyclage, est sous le choc. Il n’arrive pas à comprendre pourquoi le verre qu’il met à la récupération n’est pas recyclé et se retrouve dans des sites d’enfouissement.

C’est un peu déconcertant. Pis, on y croit, au recyclage, déplore-t-il.


Pierre Beaudoin se fait un devoir de recycler le verre.
PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-PHILIPPE ROBILLARD

Au total, le verre récupéré par les citoyens de 8 des 19 arrondissements de la Ville de Montréal n’est pas recyclé. Il s’agit des arrondissements :

  • Plateau-Mont-Royal;
  • Rosemont–La Petite-Patrie;
  • Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension;
  • Montréal-Nord;
  • Anjou;
  • Mercier–Hochelaga-Maisonneuve;
  • Saint-Léonard;
  • Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles.

« Je suis étonné d’apprendre qu’il y a autant d’arrondissements qui ont cette mauvaise pratique de nous faire croire qu’on recycle. »

— Une citation de Pierre Beaudoin, résident du Plateau-Mont-Royal

Le verre récupéré par les citoyens dans ces arrondissements est acheminé au centre de tri de Saint-Michel, dont le gestionnaire Ricova l’envoie encore dans un site d’enfouissement.

Selon Ricova, environ 1300 tonnes de verre provenant de ces arrondissements sont acheminées chaque mois dans un dépotoir.

« Il reste encore beaucoup de contaminants dans le verre, trop de contaminants pour en faire des bouteilles. »

— Une citation de Nicolas Fortier-Labonté, directeur des Centres de tri de Ricova

Il refuse de dire que le verre qu’il envoie au dépotoir est enfoui comme les autres déchets. Ce n’est pas enfoui, c’est valorisé comme matière de recouvrement. Il affirme que l’administration de la Ville de Montréal est au courant que le verre récupéré par une partie de ses citoyens n’est pas réellement recyclé.

La Ville est au fait de la situation

Marie-Andrée Mauger, la responsable de l’Environnement au comité exécutif, est bien au fait de la situation, mais elle insiste sur l’importance pour les citoyens de continuer à récupérer le verre.

« Ce n’est vraiment pas notre premier choix. Nous, ce qu’on souhaite, c’est la valorisation des matières avec des débouchés locaux. »

— Une citation de Marie-Andrée Mauger, responsable de l’Environnement au comité exécutif de la Ville de Montréal

Elle déplore que du verre récupéré par des Montréalais soit acheminé dans un site d’enfouissement.

On exerce une gestion contractuelle serrée, mais dans la mesure où l’entreprise nous démontre qu’elle ne trouve pas ses débouchés locaux, elle peut envoyer du verre comme matière de recouvrement dans les lieux d’enfouissement. Ce n’est vraiment pas ce qu’on souhaite.

Elle ajoute : L’entreprise qui exploite ce centre de tri n’a pas toujours eu les meilleures pratiques et ne les a toujours pas aujourd’hui.


Plusieurs contrats de récupération lient la compagnie Ricova à des arrondissements montréalais.
PHOTO : RADIO-CANADA

En attendant septembre 2024

Malgré un investissement de six millions de dollars pour optimiser la qualité du papier et du plastique triés, Ricova a abandonné le projet d’amélioration de la qualité du verre, puisque le centre de tri de Saint-Michel doit cesser ses activités en septembre 2024.

On a mis ça sur la glace parce qu’on n’a pas assez de temps pour rentabiliser le projet, soutient Nicolas Fortier-Labonté.

Il soutient même qu’en raison du bac pêle-mêle, le verre trié au centre de Saint-Michel est actuellement trop contaminé par les autres matières recyclables pour être acheminé chez un recycleur et refondu en bouteilles.

Ricova affirme même que le Groupe Bellemare, qui recycle le verre provenant du centre de tri de Lachine, refuse d’accepter celui qui sort des installations de Saint-Michel en raison de sa mauvaise qualité. Je les ai déjà approchés et ils n’en voulaient pas. Il est trop contaminé, affirme Nicolas Fortier-Labonté.

Le Groupe Bellemare soutient plutôt qu’il n’a pas la capacité de recycler le verre du centre de tri de Saint-Michel pour le moment, ayant déjà à gérer celui qui provenant du centre de tri de Lachine.


Un centre de tri des matières recyclables.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Depuis novembre, le centre de tri de Lachine envoie le verre récupéré dans les 11 autres arrondissements de la ville chez le groupe Bellemare en Mauricie, où il est recyclé. L’entreprise le réutilise dans les techniques de sablage au jet et dans les systèmes de filtration d’eau des piscines.

En mars dernier, le directeur de la gestion des matières résiduelles au Service de l’environnement de la Ville de Montréal, Arnaud Budka, affirmait que la Ville devait payer plus cher pour que le verre soit recyclé chez Bellemare et ne se retrouve pas à l’enfouissement.

« On a réussi à corriger le tir pour Lachine et puis pour Saint-Michel, c’est une question de mois. »

— Une citation de Marie-Andrée Mauger, responsable de l’Environnement au comité exécutif de la Ville de Montréal

Mme Mauger demande aux Montréalais touchés d’être patients, car le contrat de Ricova comme gestionnaire du centre de tri Montréal se termine en septembre 2024 et que la consigne élargie du gouvernement du Québec, tout comme la modernisation de la collecte sélective, va par la suite entrer en vigueur.

C’est vraiment là-dessus qu’on mise. La consigne élargie va inclure près de 80 % du verre qui va être capté, précise-t-elle.

Le centre de tri de Lachine reçoit environ 90 000 tonnes de matières recyclables par an. Environ 13 % de toutes ces matières sont du verre, soit 11 700 tonnes. De la matière envoyée chez le Groupe Bellemare, où elle est recyclée.

Au total, le centre de tri de Saint-Michel, qui recueille la collecte sélective d’autres municipalités de la région de Montréal, envoie annuellement environ 20 000 tonnes de verre, soit 20 % des matières reçues, dans des sites d’enfouissement.

« C’est un peu décevant. On se dit : “Est-ce que je vais poursuivre aussi assidûment mon recyclage du verre?” »

— Une citation de Pierre Beaudoin, résident du Plateau Montréal

Selon Recyc-Québec, près de 40 % des centres de tri de la province envoient leur verre dans des sites d’enfouissement.

Une majorité du verre sortant des centres de tri ne répond toujours pas aux besoins des marchés de recyclage et celui-ci se retrouve acheminé vers des lieux d’enfouissement technique. Il y est majoritairement utilisé en recouvrement journalier ou pour autres usages tels que l’aménagement de chemins d’accès.

Reportage/Entrevue au Téléjournal 18h

Du verre récupéré par des arrondissements de Montréal est envoyé à l’enfouissement

Du verre récupéré par des arrondissements de Montréal est envoyé directement à l’enfouissement. En fait, 8 des 19 arrondissements de la métropole ne récupèrent pas le verre que vous déposez dans votre bac. C’est le cas du Plateau-Mont-Royal, jusqu’à Pointe-aux-Trembles, au grand étonnement des citoyens. Le problème dure depuis plusieurs années.

Le reportage de Raphaëlle Drouin, suivi d’une entrevue avec, Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets

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Matières résiduelles | Les Montréalais ont moins jeté en 2022


PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE
Chaque résidant de la métropole aurait produit environ 4 % moins de détritus en tous genres par rapport à l’année précédente, pour un total de 441 kilogrammes par année et par personne.

Les Montréalais ont jeté moins de détritus dans leurs différents bacs en 2022, une bonne nouvelle toutefois assombrie par le manque de popularité du compost.

Publié à 12h59
PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD
LA PRESSE

Chaque résidant de la métropole aurait produit environ 4 % moins de détritus en tous genres par rapport à l’année précédente, pour un total de 441 kilogrammes par année et par personne.

« Entre 2020 et 2021 on avait augmenté de deux kilos [par personne] et là, on a réduit de 22 kilos », a dit l’élue responsable de l’environnement au comité exécutif, Marie-Andrée Mauger, en entrevue avec La Presse.

Mme Mauger a plusieurs hypothèses pour expliquer cette baisse : « Il y a le ralentissement économique qu’on a vu en 2022, il y a l’augmentation du panier d’épicerie qui fait qu’on a peut-être moins gaspillé d’aliments », a-t-elle dit. Le retour au bureau fait aussi en sorte que les Montréalais ont peut-être jeté davantage de détritus dans une poubelle commerciale exclue des statistiques municipales.

Par ailleurs, la Ville de Montréal a récolté moins de compost en 2022 par rapport à l’année précédente. Seul un tiers des matières compostables sont réellement compostées, bien loin de la cible que s’est donnée l’administration Plante.

« On demande à la population de participer. Cette participation-là elle n’est pas optionnelle, elle est obligatoire », a dit Mme Mauger. « On parle de 50 % du volume [de déchets] qu’on génère chaque semaine, alors c’est important de le détourner de l’enfouissement. »

L’opposition officielle à l’hôtel de ville a critiqué ces résultats.

« Ce qui ressort de ce Bilan, c’est l’échec de l’administration Plante à faire adopter la collecte des matières organiques auprès des Montréalais et Montréalaises alors que seuls 34 % des ménages montréalais ayant accès à cette collecte y participent systématiquement, a critiqué l’élu d’opposition Alan DeSousa via une déclaration écrite. « J’invite Projet Montréal à mettre les bouchées doubles. »

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Je me demande quels sont les moyens pour faire augmenter le compostage. Surtout qu’en plus des déchets alimentaires, on peut mettre les essuie tout et de plus en plus d’emballages compostables. Chez nous, on est deux et on remplit à peine notre poubelle chaque semaine (en vrai, c’est la litière du chat qui en occupe le plus d’espace :smirk_cat:), et même le compost ne se remplit pas si vite. Après je crois que pour beaucoup de gens c’est plus simple de tout jeter à la poubelle plutôt que de faire le tri. Il y a aussi le fait que le compost, c’est un peu dégueulasse et il faut nettoyer le petit bac régulièrement.

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