Fiscalité et économie

Pour moi il ne fait aucun doute que Legault, par pur manque de courage politique, refile aux villes la patate chaude des droits d’immatriculation des véhicules en fonction de leur consommation d’essence, leur gabarit et leur poids. Ainsi l’odieux des surtaxes ira aux municipalités qui d’un autre côté manquent substantiellement de revenus pour financer les transports en commun sur leur propre territoire, conséquence des dernières coupes récentes de transfert de Québec pour justement financer les TEC.

On parle de ce problème particulier depuis longtemps déjà, puisque les véhicules plus lourds et qui consomment davantage d’énergie sont devenus la majorité sur nos routes. Un choix des automobilistes qui va totalement à l’encontre des objectifs de réduction de notre bilan carbone au Québec. Par ailleurs cette préférence contribue à davantage de pollution, à l’usure accrue des rues et routes, à plus de congestion à cause de leur plus grand gabarit, aux risques supplémentaires de blessés plus graves et de morts en cas de collision, et à l’espace additionnel de stationnement qu’ils occupent notamment sur rue, etc.

D’un autre côté le parc automobile du grand Montréal augmente plus vite chaque année que la population elle-même. Une tendance lourde qui se compte en dizaines de milliers de véhicules annuellement, qui par surcroit rendent la mobilité de plus en plus pénible et plus couteuse pour tout le monde.

Or les villes en manque de budget, n’hésiteront pas à faire la job de bras du gouvernement, puisque Québec ne leur laisse aucune autre marge de manoeuvre. On peut donc s’attendre qu’elles appliqueront fidèlement le principe du pollueur-payeur que s’interdisait obstinément la CAQ depuis son premier mandat, afin de préserver son image et sa popularité auprès des électeurs.

Naturellement Montréal prendra assurément le leadership dans cette nouvelle surtaxe puisque la métropole est la première concernée par ce grave problème et que son déficit de financement et les problèmes de mobilité y sont plus criants. La Ville de Québec sautera sûrement elle aussi rapidement dans la mêlée avec sa lourde congestion routière et le financement précaire de son futur réseau de transport structurant (tramway) mis injustement en veilleuse par le gouvernement provincial.

On peut donc considérer les automobilistes, notamment ceux propriétaires de VUS comme avertis. Car ils n’échapperont pas à des frais complémentaires récurrents à chaque renouvellement annuel, dans le but de rééquilibrer le fardeau fiscal plus équitablement entre tous les utilisateurs. Je vois même s’ajouter une future taxe kilométrique en sus de la première, dont l’objectif sera de diminuer le plus possible l’étalement urbain et limiter éventuellement l’importance de la part modale de l’automobile dans les zones urbaines.

Conclusion, la bombe a été lâchée par le gouvernement, mais ce sont les villes qu’on accusera pour cette révolution du gros bon sens. Ici le calcul politique est grotesque parce que Legault force les villes à faire son sale boulot, en refusant de prendre directement ses propres responsabilités.

Le seul bon côté dans tout ça, c’est qu’à terme le secteur des transports au Québec diminuera considérablement son poids dans le bilan carbone de la province, certainement un pas dans la bonne direction en matière d’environnement et de développement durable.

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