Finance et développement durable

Finance durable Le nouveau régulateur mondial à Montréal ?

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Montréal International et Finance Montréal prévoient déposer la candidature de la métropole du Québec auprès de l’IFRS à Londres dès que le gouvernement canadien lui aura signifié officiellement que le Canada souhaite accueillir le siège social de l’ISSB.

La communauté financière de Montréal se mobilise pour attirer le futur siège social du nouvel organisme international de réglementation en finance durable, l’International Sustainability Standards Board, mieux connu sous le sigle ISSB dans le secteur financier.

Publié le 23 juillet 2021 à 7h00

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Martin Vallières

Martin Vallières La Presse

En préparation depuis des mois, sous la direction des organismes Montréal International et Finance Montréal, la candidature de la métropole québécoise pour accueillir l’ISSB doit être déposée d’une semaine à l’autre auprès de l’organisme qui en chapeaute la mise en place, c’est-à-dire la Fondation IFRS, établie à Londres.

L’IFRS est la principale instance internationale de normalisation en matière de comptabilité financière. Elle prévoit déterminer la ville qui accueillera le siège social de l’ISSB au cours de l’automne prochain, en vue de sa mise en fonction au début de l’an prochain.

Selon les informations obtenues auprès de Montréal International, le futur siège social de l’ISSB devrait regrouper de « 50 à 100 employés », surtout des professionnels en comptabilité financière et des analystes en économie durable et investissement responsable.

Ils agiront à titre de principaux administrateurs et régulateurs des nouvelles normes comptables internationales en matière de finance et d’économie durable. Ces normes sont très attendues dans les milieux d’affaires et les marchés des capitaux d’investissement afin de rehausser l’évaluation et la comptabilisation des risques d’affaires liés notamment aux changements climatiques et aux préoccupations d’ordre socio-environnemental.

Montréal International et Finance Montréal prévoient déposer la candidature de la métropole du Québec auprès de l’IFRS à Londres dès que le gouvernement canadien lui aura signifié officiellement que le Canada souhaite accueillir le siège social de l’ISSB.

Toutefois, ces principaux promoteurs de la candidature de Montréal s’attendent à des propositions concurrentes lors du processus de sélection à l’IFRS.

Entre autres de la part de Toronto, qui se targue d’être la métropole financière du Canada, mais aussi de villes d’activités financières situées en Europe et en Asie.

En revanche, les promoteurs de la candidature de Montréal font valoir ses atouts en tant que ville hôte de nombreux organismes internationaux et de centre d’affaires déjà bien établi en matière de finance durable et de gestion d’investissement responsable.

« Montréal est déjà la troisième ville en Amérique du Nord, après New York et Washington, pour le nombre de sièges sociaux d’organisations internationales. En aviation notamment, mais beaucoup aussi dans le secteur des ONG en matière de développement durable et de biodiversité », souligne Stéphane Paquet, PDG de Montréal International, lors d’un entretien avec La Presse.

« Par ailleurs, Montréal est au troisième rang des villes nord-américaines pour l’indice de la finance verte après San Francisco et Los Angeles. Bref, l’implantation du siège social de l’ISSB à Montréal se ferait dans un terreau déjà fertile en matière d’activités internationales et de finance durable. »

Chez l’organisme Finance Montréal, qui regroupe les principaux intervenants du secteur des services financiers et de la gestion d’actifs au Québec, le directeur général, Jacques Deforges, anticipe un important apport au positionnement de la métropole québécoise dans le milieu financier international si elle est sélectionnée pour abriter le futur siège social de l’ISSB.

« Avec l’implantation de l’ISSB, Montréal deviendrait le centre mondial de développement et de gestion des nouvelles normes internationales de divulgation et de comptabilisation en matière de finance durable », indique M. Deforges à La Presse.

« Ça serait aussi un message très, très fort du positionnement de Montréal à l’avant-garde du mouvement mondial dans les milieux d’affaires et les marchés financiers vers des pratiques de gestion en faveur du développement durable et de l’investissement responsable. »

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C’est vraiment une grosse affaire. Tout le monde s’entend dans le monde comptable pour dire que le “next big thing” est l’incorporation du développement durable dans la normalisation comptable internationale. Si cette influence décisionnelle se retrouve à Montréal, ce serait toute une victoire! En tant que CPA ça me rendrait très fier :slight_smile:

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La deuxième vie des vieilles tubulures d’érablières

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

La saison des sucres venue, le sirop d’érable est récolté grâce à un système de tubulures qui parcourt l’érablière.

Le projet Irri-Blière veut transformer les vieilles tubulures d’érablières en systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte, à moindre coût que le matériel importé et avec un faible indice de carbone. Associés à des pompes mues à l’énergie solaire, ces systèmes trouveront des débouchés chez les maraîchers québécois, mais également en Afrique.

Publié le 9 août 2021 à 11h00

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Marc Tison

Marc Tison La Presse

Qui

Outre son emploi habituel, l’ingénieure Chantal Bernatchez se voue à la cause de l’économie circulaire.

Avec son mari et associé Rasmané Ouedraogo, qu’elle a rencontré lors d’un mandat de coopération de deux ans, elle a fondé l’association Vergers d’Afrique, qui se consacre au développement durable sur le continent africain.

Ensemble, ils ont créé une petite entreprise qui recycle les pellicules isolantes garnissant les conteneurs réfrigérés pour en faire des sacs isolants, conçus par son conjoint. « Il a été designer de costumes pour le Cirque du Soleil et Walt Disney, dit-elle. Il a un très grand talent. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Chantal Bernatchez, avec un des sacs fabriqués par son autre entreprise, Iso-Protek, qui réutilise les bâches isolantes des conteneurs pour en faire des glacières.

C’est avec la même conviction – et le même homme – que la mère de quatre enfants s’est attaquée aux kilomètres de tubulures de plastique dont les érablières se débarrassent chaque année.

Je trouve qu’on a beaucoup à apprendre de l’Afrique en matière de développement durable, d’économie circulaire, et même comment les femmes entrepreneures s’entraident. C’est ma source d’inspiration.

Chantal Bernatchez, ingénieure

Le problème

Le renouvellement des tubulures d’érablières, après 15 à 20 ans d’usage, entraîne chaque année l’enfouissement de 2900 tonnes de plastique : l’équivalent de neuf piscines olympiques pleines à ras bord, fait valoir Chantal Bernatchez.

Alors qu’elle était jeune étudiante dans la vingtaine, elle avait déjà à cœur cet impact environnemental. Elle s’est intéressée à nouveau à la question à l’automne 2020, pour découvrir que l’organisme Environek, en Beauce, avait commencé à récupérer chaque année 290 tonnes de tubulures pour les réduire en granules.

PHOTO FOURNIE PAR ENVIRONEK

Grande quantité de tubulures d’érablière désuètes, chez Environek, en Beauce

« Je les ai appelés. Un mois plus tard, on a signé un contrat pour qu’ils fassent le projet avec nous. »

Irri-Blière vise à réutiliser quelque 2400 tonnes de tubulures chaque année.

« L’idée, c’est que les tubulures qui sont encore bonnes et qu’on n’a pas besoin de mettre en granules sont conservées pour faire du goutte-à-goutte, explique l’ingénieure. On peut concurrencer la Chine avec nos propres déchets, en les revalorisant. »

La solution

Les tubulures seront recueillies chez les acériculteurs, puis nettoyées, mesurées, coupées et percées dans les installations d’Environek à Saint-Malachie.

En période de changements climatiques, avec le goutte-à-goutte, on économise 60 % d’eau, et on veut rendre ça accessible aux maraîchers du Québec.

Chantal Bernatchez, ingénieure

Un dispositif de panneaux solaires pourra activer les pompes, afin que le système soit autonome dans les régions privées d’électricité.

« On fait le test actuellement au Burkina Faso avec un hectare. Au lieu de coûter 20 000 $ d’irrigation pour 10 hectares, ça va coûter 2000 $. Je veux rendre ça accessible aux ONG canadiennes pour aider les pays d’Afrique. »

L’avenir

Chantal Bernatchez veut favoriser l’emploi de personnes ayant des limitations fonctionnelles.

Elle entend créer 10 nouveaux postes en Beauce, pour l’assemblage de 10 000 systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte par année.

« On passe de l’idée à l’action dès le mois de septembre », dit-elle.

L’écoconception du système sera alors réalisée par six étudiants de l’UQTR, dont trois en génie mécanique.

« Environek va s’assurer de l’approvisionnement en tubulures, de la transformation, de la distribution de nos produits, et nous, nous allons faire la plateforme de commerce en ligne. »

Une fois la machinerie acquise, la production devrait être lancée en janvier prochain, pour une commercialisation en mars.

Tout juste issue du programme d’accélérateur d’entreprises à vocation environnementale de l’organisme Esplanade, Irri-Blière vient de déposer une demande de financement de 250 000 $ auprès du ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec.
https://www.lapresse.ca/affaires/pme/2021-08-09/pme-innovation/la-deuxieme-vie-des-vieilles-tubulures-d-erablieres.php

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