Exportation Hydro-Québec

Le problème du contrat au Massachusetts n’est pas vraiment que les fils soient enfouis ou aériens, où même où ils vont passer. C’est une histoire d’opposition par des compagnies “locales”.

Oui, il y a des gens au Maine ou au New Hampshire qui sont opposés au passage des lignes du projet, mais ils sont peu nombreux et la majorité des gens n’a pas nécessairement d’opinion sur le sujet. Toutefois, leur opposition est amplifiée par des faux groupes citoyens qui font de l’astroturfing pur et dur et qui versent des dizaines de millions de dollars pour financer quelques opposants. Ces groupes sont financés par des compagnies d’énergie qui ont des intérêts locaux à ce que le projet d’Hydro ne se fasse pas. Au New Hampshire par exemple, le groupe d’opposition était supposément l’oeuvre d’une femme seule basée dans une petite ville, mais en fouillant un peu on s’apperçoit que son organisme de bienfaisance est enregistré au Delaware et qu’elle collecte des dizaines de millions de dollars en dons d’origine non-identifiée…

En plus, ces compagnies-là peuvent payer directement ou presque des politiciens locaux pour défendre leurs intérêts parce que c’est permis aux US. Ça finit donc par des référendums, lancés par les représentants du congrès local financés par les compagnies opposantes, puis une campagne référendaire où Hydro peut difficilement défendre son projet puisqu’elle n’a plus l’appui du gouvernement, qui finit par lui imposer des conditions impossibles dictées par les compagnies opposantes. Il faut se rappeler d’Hydro ne fait pas affaire avec Hydro-Maine ou Hydro-NH, elle fait affaire avec des compagnies privées là-bas, et donc le gouvernement n’a pas nécessairement intérêt à appuyer la compagnie privée. C’est ce qu’on a vu au Maine où la compagnie locale est particulièrement impopulaire et où le gouvernement n’a pas voulu s’y associer.

Tout ça fait en sorte qu’une ligne dans NY ne règlerait pas le problème. Le projet est aussi attaqué au Massachusetts directement, et ces compagnies-là trouveraient un autre moyen de contester le tout. Ce n’est définitivement pas gagné d’avance.

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Merci pour les explications. Le fait demeure que le Massachusetts pourrait au moins s’affranchir des états voisins s’il pouvait se brancher à cette ligne dans l’état de New York. Oui il restera encore les oppositions locales.

Le systèmes politique américain, avec ses lobby et son hyper-partisanerie, est vraiment désolant.

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Champlain Hudson Power Express SNC-Lavalin sera maître d’œuvre du projet


PHOTO HUGO-SEBASTIEN AUBERT, LA PRESSE | Selon le président et chef de la direction de SNC-Lavalin, Ian Edwards, ce mandat permet à la firme d’ingénieurs de faire croître son empreinte aux États-Unis, un de ses principaux marchés, et démontre son engagement et sa capacité « à offrir des solutions pour atteindre la carboneutralité au marché » et à son client.

(Montréal) SNC-Lavalin sera le maître d’œuvre des promoteurs de transport d’électricité pour la portion du projet de ligne de transport d’électricité Champlain Hudson Power Express (CHPE) située aux États-Unis, a indiqué jeudi la firme d’ingénieurs.

28 avril 2022 | Publié à 11h22 | LA PRESSE CANADIENNE

La ligne de transport d’électricité souterraine de 545 kilomètres, dont une majorité passera sous l’eau, est considérée comme un projet majeur pour Hydro-Québec et prévoit la livraison de 10,4 térawattheures d’électricité par année à la Ville de New York.

En vertu du contrat de service annoncé jeudi, SNC-Lavalin assurera la supervision technique et la coordination de la conception des câbles et de la station de conversion aux États-Unis, a précisé la société montréalaise.

La ligne de transport d’électricité partira du poste Hertel d’Hydro-Québec, à La Prairie, et traversera la frontière américaine sous le lac Champlain. Elle se déplacera ensuite vers le sud pour se raccorder à une station de conversion à Astoria, dans le quartier Queens, à New York.

Selon le président et chef de la direction de SNC-Lavalin, Ian Edwards, ce mandat permet à la firme d’ingénieurs de faire croître son empreinte aux États-Unis, un de ses principaux marchés, et démontre son engagement et sa capacité « à offrir des solutions pour atteindre la carboneutralité au marché » et à son client.

La construction devrait débuter cet été aux États-Unis, et sa mise en service est prévue pour 2025. Au Québec, la construction de la ligne pourrait commencer au printemps 2023, a indiqué Hydro-Québec plus tôt ce mois-ci, mais elle doit encore faire l’objet d’examens par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et la Régie de l’énergie du Canada.

Le chef de la direction des Services d’ingénierie de SNC-Lavalin au Canada, Dale Clarke, a estimé que le contrat renforçait « la position de SNC-Lavalin en tant que chef de file mondial des réseaux d’électricité, plus particulièrement en matière de technologie de courant continu à haute tension (CCHT) appliquée aux câbles sous-marins et souterrains ».

Le projet Champlain Hudson Power Express sera exécuté directement par le Centre d’excellence de SNC-Lavalin dans le domaine du CCHT, situé à Montréal. Celui-ci exerce ses activités depuis une cinquantaine d’années et a réalisé plusieurs projets, notamment le projet de ligne de transport d’électricité de l’Ouest albertain (LTEOA) et le projet de Lower-Churchill.

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Reportage de Mathieu Dion dans le lien Twitter ci-dessous :

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L’étape de la dernière chance pour Hydro-Québec dans le Maine

Hydro-Québec pourrait devoir radier de ses livres 536 millions de dollars d’investissements déjà réalisés, et perdre 10 milliards de revenus potentiels sur 20 ans.


Plus de 80 % de la nouvelle emprise destinée au New England Clean Energy Connect ont été déboisés du côté américain.
PHOTO : ASSOCIATED PRESS / ROBERT F. BUKATY

Mathieu Dion
à 4 h 00

Mardi pourrait être une journée décisive pour un important projet d’exportation d’électricité d’Hydro-Québec aux États-Unis. La Cour suprême du Maine, petit État américain de 1,3 million d’habitants, entendra les différentes parties au sujet de la contestation d’un bail et de la constitutionnalité d’un référendum tenu en novembre.

Les citoyens avaient alors répondu oui à près de 60 % à l’interdiction de la construction sur leur territoire d’une imposante ligne électrique de 1200 mégawatts destinée à fournir le Massachusetts en énergie renouvelable.

Les promoteurs du projet, la Central Maine Power (CMP) et Hydro-Québec, tenteront d’invalider le résultat devant le plus haut tribunal du Maine mardi après-midi.

C’est une étape importante, reconnaît d’emblée la porte-parole de la société d’État québécoise Lynn St-Laurent. Ils feront d’abord valoir que le référendum n’était pas constitutionnel puisqu’il annule des permis octroyés par des pouvoirs exécutifs, dont un permis présidentiel.

Au moment du référendum, précise également Mme St-Laurent, notre partenaire avait commencé les travaux et nous estimons que, en raison de ces droits acquis, il n’y a pas lieu d’appliquer une loi de façon rétroactive. L’année dernière, 450 millions de dollars américains avaient été dépensés dans le Maine pour déboiser 86 % du corridor et ériger 120 structures comme des pylônes.


Cent vingt structures du New England Clean Energy Connect ont déjà été installées en 2021.
PHOTO : ASSOCIATED PRESS / ROBERT F. BUKATY

Des entreprises énergétiques, dont Calpine, qui génère de l’électricité à partir du gaz naturel dans la région, demandent aux juges de maintenir la validité du référendum en soutenant que CMPCentral Maine Power a poursuivi les travaux en étant au fait des risques de contestation.

Plus de 1000 pages de mémoires ont été déposées en cour par des experts et différentes parties.

Selon le professeur émérite Orlando Delogu, de l’École de droit de l’Université du Maine, l’initiative référendaire viole la Constitution. D’un point de vue purement juridique, son libellé viendrait amender la Constitution de l’État pour l’examen d’autres projets semblables alors que cette même Constitution ne peut être modifiée par référendum.

Ledit libellé irait aussi trop loin en donnant la possibilité au corps législatif d’annuler un projet touchant des terres publiques et remontant à 2014. Pas sept jours, sept semaines ou sept mois, mais sept ans, s’exclame-t-il.

Les plaidoiries pourraient représenter l’étape de la dernière chance pour CMP et Hydro-Québec. Le tribunal devrait faire connaître sa décision cet été.

Acceptabilité sociale difficile

Les permis faisaient l’objet d’appels, souligne Tom Saviello, opposant célèbre au projet et ex-sénateur républicain du Maine. Si vous avancez, vous avancez à vos risques et périls.

Il croit que le contrat est tout simplement mauvais financièrement pour son État, en plus d’être dommageable pour les forêts du Nord, un endroit précieux pour les Mainais. Sans parler, selon lui, de la réputation du partenaire d’Hydro-Québec, CMPCentral Maine Power, une filiale d’Avangrid, qui appartient au groupe espagnol Iberdrola.

« Ils se sont associés avec la Central Maine Power, qui a une horrible réputation au Maine. Horrible! »

— Une citation de Tom Saviello, ex-sénateur républicain du Maine


Tom Saviello est l’une des voix les plus connues dans le Maine contre le New England Clean Energy Connect.
PHOTO : ASSOCIATED PRESS / ROBERT F. BUKATY

Quelque 258 millions de dollars américains de bénéfices économiques, comme l’expansion des réseaux de fibre optique et de bornes de recharge, sont pourtant attendus. Une réduction des tarifs d’électricité et des émissions de gaz à effet de serre équivalentes à 700 000 voitures est aussi espérée pour l’ensemble de la Nouvelle-Angleterre.

Le groupe de pression écologiste le plus important de l’État, Natural Resources Council of Maine, a toujours dit ne pas croire aux réels avantages environnementaux de l’énergie d’Hydro-Québec pour l’État. Il n’a jamais donné suite à nos demandes d’entrevue.

La nouvelle ligne acheminerait 9,45 térawattheures d’énergie par année au Massachusetts. Dans sa portion québécoise, elle doit être érigée sur une distance de 102 kilomètres, de Thetford Mines jusqu’à la frontière, au coût de 600 millions de dollars. Les travaux de déboisement étaient déjà bien amorcés lors de leur suspension en janvier.

Aux États-Unis, le projet budgété à plus d’un milliard de dollars américains et connu sous le nom de New England Clean Energy Connect (NECEC) a été interrompu après le référendum. Sur les 233 kilomètres prévus jusqu’à une interconnexion à Lewiston, 85 kilomètres se trouvent dans une région forestière où des coupes d’arbres ont lieu depuis des générations. Le reste de la construction consiste à élargir de 23 mètres un corridor déjà existant.

Le directeur du développement économique de Lewiston, principale bénéficiaire des 18 millions de dollars de retombées annuelles attendues en taxation foncière, se désole que l’émotion l’ait emporté sur la raison dans ce débat. Il y a eu un processus d’examen exhaustif, dit Lincoln Jeffers.

Les plus de six millions de dollars de nouveaux revenus pour la Municipalité permettraient notamment de réaliser des investissements plus importants en éducation. La majorité des électeurs de Lewiston ont malgré tout rejeté le projet.

Une deuxième cause

Au milieu de la ligne à haute tension, à West Forks, une petite portion de 1,5 kilomètre pourrait aussi mettre en péril l’ensemble du corridor énergétique. Elle se trouve sur des terres publiques dont un bail signé par CMPCentral Maine Power en 2014 est contesté.

Mardi, la Cour suprême se penchera également sur cette deuxième cause, selon laquelle le bail aurait été mal négocié par une agence gouvernementale, le Bureau of Parks and Lands du Maine, et aurait requis l’approbation des deux tiers du corps législatif parce qu’il modifie substantiellement un territoire public.

Bien qu’il obtienne moins d’attention, ce litige à lui seul pourrait faire dérailler le projet. Contourner les terres nécessiterait l’obtention de nouvelles autorisations et, conséquemment, engendrerait des retards et des coûts supplémentaires. Le NECECNew England Clean Energy Connect doit être mis en service au plus tard en août 2024, d’après le contrat avec le Massachusetts.

Selon Hydro-Québec, ce recours est un moyen pur et simple pour les adversaires de contrecarrer ses plans. Tous les permis ont été contestés par les opposants depuis les trois dernières années, affirme la porte-parole Lynn St-Laurent.

« La stratégie des opposants, soit des gazières ou des groupes financés par des gazières, a été de tenter d’enliser le projet dans une marée de contestations judiciaires. »

— Une citation de Lynn St-Laurent, porte-parole, Hydro-Québec

Par exemple, les 17 et 18 mai, le Maine Board of Environmental Protection entendra à Farmington, municipalité près de laquelle passerait la future ligne électrique, des appels d’opposants à son approbation donnée par le Maine Department of Environmental Protection enV2020.

Parmi les trois causes, Lynn St-Laurent avance qu’il sera surtout difficile d’aller au-delà de la décision de la Cour suprême concernant la constitutionnalité du référendum. Ce serait un dur revers pour la société d’État. Elle avait d’ailleurs dû radier de ses livres 46 millions de dollars en 2019 après l’abandon du Northern Pass au New Hampshire qui avait les mêmes ambitions – le projet ne passait pas au sein de la population.

Dans une perspective de lutte contre les changements climatiques, Washington pourrait-il intervenir en cas d’une décision défavorable de la Cour suprême du Maine? C’est une question politique, croit le professeur Orlando Delogu. A-t-il le pouvoir de le faire? Oui. Il s’agit d’un mouvement international d’énergie légalement créé au Canada.


« Ne laissez pas les intérêts étrangers influencer le référendum au Maine », peut-on lire sur une affiche lors d’une manifestation contre le New England Energy Connect en 2021.
PHOTO : ASSOCIATED PRESS / ROBERT F. BUKATY

Une portée nationale

L’intention du Massachusetts de réduire ses émissions de gaz à effet de serre avec l’énergie d’Hydro-Québec prend ainsi une tournure judiciaire imprévue. Il est dans l’intention des États-Unis d’agir contre le réchauffement de la planète. D’autres imposants corridors énergétiques, telle la ligne souterraine de 1250 mégawatts prévue entre le Québec et New York, seront nécessaires.

La volonté populaire des Mainais se retrouve ainsi au centre d’un débat qui dépasse ses frontières – et les 72 millions de dollars américains dépensés en publicités par le camp en faveur du NECEC n’auront pas suffi à les convaincre. La partie adverse est réputée avoir déboursé près de 28 millions de dollars.

Le matraquage publicitaire aura finalement davantage contribué à une surabondance d’informations, parfois fausses. Aujourd’hui, vous ne savez plus qui suivre et qui croire, nous avait simplement résumé Gisèle Landry, exaspérée, à la sortie d’un bureau de vote en novembre. Elle était certaine d’une seule chose : les coupes d’arbres n’en valaient plus la peine après tout ce branle-bas.

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Hydro-Québec Moins d’obstacles à New York qu’au Maine, selon un dirigeant


PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE PHOTO ROBERT SKINNER. | Le projet de livraison d’électricité à l’État de New York a tous les permis nécessaires pour effectuer la construction qui permettrait une mise en service en 2025.

(Montréal) Le projet d’Hydro-Québec de livraison d’électricité à l’État de New York ne risque pas d’être confronté aux mêmes obstacles que la ligne d’interconnexion au Maine, croit le chef de l’exploitation de la filiale américaine de la société d’État, Serge Abergel.

12 juillet 2022 | Publié à 11h26 | STÉPHANE ROLLAND | LA PRESSE CANADIENNE

Une des raisons est que l’État de New York n’a pas de processus référendaire qui peut remettre en question un projet comme c’est le cas au Maine, explique le dirigeant d’Hydro-Quebec Energy Services en entrevue, en marge d’une présentation à la Conférence de Montréal, mardi. Il souligne également que le projet new-yorkais a tous les permis nécessaires pour effectuer la construction qui permettrait une mise en service en 2025.

M. Abergel ne crie pas victoire pour autant pour ce contrat qui pourrait générer des revenus de 20 milliards sur 25 ans et alimenter l’équivalent d’un million de foyers en électricité. « J’ai des craintes pour l’ensemble des projets, admet-il. Je veux être clair, ce n’est pas parce qu’il y a une menace précise, mais c’est notre travail d’être proactif. On ne prend rien pour acquis. »

Le projet d’Hydro-Québec jouit également d’un fort soutien des communautés qui subissent les effets de la pollution atmosphérique liée à la production d’énergie fossile que veut remplacer l’État de New York par des sources d’approvisionnement propre, avance M. Abergel.

Il a donné l’exemple des centrales thermiques d’appoint aux alentours de la ville de New York. La pollution atmosphérique qu’elles produisent touche particulièrement l’arrondissement Queens sur l’île de Manhattan. La population a donné le nom de « couloir de l’asthme » à certains secteurs défavorisés.

« C’est l’endroit aux États-Unis qui a le plus haut taux d’asthme en raison de la pollution locale de l’air, a dit M. Abergel lors de sa présentation. Les gens se sont mobilisés et ont dit qu’ils en ont assez de cette discrimination environnementale. »

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Interconnexion vers le Massachusetts

Le projet d’Hydro-Québec toujours en suspens


PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE | Le siège social d’Hydro-Québec à Montréal

Hydro-Québec et son partenaire américain ont obtenu gain de cause devant la Cour suprême du Maine, qui reconnaît que le référendum qui a dit non au projet d’interconnexion vers le Massachusetts était inconstitutionnel. […]

30 août 2022 | Publié à 14h45 - Mis à jour à 17h59 | HÉLÈNE BARIL | LA PRESSE

Article original, paru à 14h45

Le tribunal a toutefois renvoyé la cause devant le tribunal de première instance où Hydro-Québec et son partenaire devront démontrer qu’ils ont obtenu tous les permis et autorisations nécessaires. Des délais supplémentaires sont donc prévus, qui pourraient mettre en péril le projet et l’important contrat conclu par Hydro-Québec pour approvisionner le Massachusetts en électricité.

Une autre décision de la Cour suprême du Maine est encore à venir, sur la question de la validité du bail qu’a obtenu le partenaire d’Hydro-Québec pour le passage de la ligne de transport sur des terres publiques sur une distance de 1,4 km.

« Hydro-Québec et son partenaire américain NECEC Transmission LLC étudient actuellement les décisions du tribunal afin de déterminer la suite à donner, ainsi que les impacts potentiels sur le calendrier de construction de la ligne de transport », ont fait savoir les deux entreprises.

[…] Mais la route vers ce lucratif contrat est toujours bloquée par d’autres embûches judiciaires.

Le tribunal a en effet renvoyé la cause devant une instance inférieure, qui devra déterminer si les permis et les autorisations obtenus par Avangrid, le partenaire américain d’Hydro-Québec, l’ont été conformément aux lois et règlements et si l’entreprise a agi de bonne foi dans le processus. Des délais supplémentaires qui pourraient mettre le contrat d’Hydro-Québec en péril sont à prévoir.

Les travaux de construction de la ligne de 233 kilomètres devant relier le Québec à l’État du Massachusetts, en passant par le Maine, étaient déjà bien avancés quand des opposants de l’État du Maine ont obtenu le feu vert pour permettre à la population de se prononcer sur le projet par référendum.

À 59 %, les opposants ont rejeté le projet d’interconnexion et décidé que cette interdiction devait s’appliquer rétroactivement au début des travaux lors de la consultation populaire tenue le 2 novembre 2021.

C’est cette rétroactivité que la Cour suprême vient de juger illégale. Toutefois, le renvoi de la cause devant la Cour supérieure de l’État causera des délais supplémentaires qui risquent d’être fatals pour le contrat d’Hydro-Québec.

Il est trop tôt pour s’avancer sur cette question, fait toutefois savoir la porte-parole d’Hydro-Québec, Lynn Saint-Laurent. « Ce qu’on peut dire, c’est que la décision de la Cour suprême du Maine est favorable pour la suite des choses, mais on est encore au milieu d’une démarche judiciaire, a-t-elle indiqué. Il faut prendre le temps d’analyser la décision. »

En plus du renvoi devant un tribunal de première instance, Hydro-Québec et son partenaire attendent une autre décision de la Cour suprême du Maine concernant un bail controversé sur une portion de 1,4 kilomètre du tracé sur des terres publiques.

« Hydro-Québec et son partenaire américain NECEC Transmission LLC étudient actuellement les décisions du tribunal afin de déterminer la suite à donner, ainsi que les impacts potentiels sur le calendrier de construction de la ligne de transport », ont fait savoir officiellement les deux entreprises.

Le Massachusetts s’attend à recevoir ses premières livraisons d’électricité québécoise en 2024. Il y a de ce côté « une certaine marge de manœuvre », a fait savoir Hydro-Québec.

Les opposants au projet, de leur côté, espèrent que les délais supplémentaires décourageront le Massachusetts, qui se tournera vers d’autres options que celle offerte par Hydro-Québec. L’un d’eux, Tom Saviello, a indiqué aux médias locaux que la lutte contre le projet d’interconnexion est un « marathon » dont les dernières étapes sont les plus difficiles.

Hydro-Québec et Avangrid se sont heurtés à l’opposition de plusieurs environnementalistes, mais aussi à un front commun des producteurs d’électricité de la région, dont Calpine, qui craignent de perdre du terrain au profit des énergies renouvelables.

Travaux stoppés

Avangrid, société mère de Central Maine Power, principal fournisseur d’électricité de l’État, affirme avoir déjà dépensé 450 millions US dans les travaux de construction de la ligne de transport, dont le coût total est estimé à 1,2 milliard US. Des travaux de déboisement ont été réalisés et des pylônes ont été érigés sur des portions du tracé, avant d’être stoppés en raison du référendum.

Au Québec, les travaux estimés à 600 millions sur la portion québécoise de la ligne de transport jusqu’à la frontière du Maine, longue de 103 kilomètres, ont été mis sur pause en raison du blocage du côté américain.

La mise en service de la ligne de transport a été reportée plusieurs fois. Hydro-Québec s’est engagée à livrer 9,45 térawattheures d’électricité au Massachusetts pendant 20 ans, un contrat qui doit lui rapporter plusieurs milliards de dollars de revenus supplémentaires. Le prix de vente moyen de l’électricité est de 8,8 cents le kilowattheure, soit le double du tarif industriel au Québec.

Le projet de ligne de transport qui passe par le Maine est la solution de rechange élaborée par Hydro-Québec et son partenaire américain après que leur premier tracé à travers le New Hampshire, connu sous le nom de Northern Pass, a été rejeté.

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Hydro engrange, les consommateurs écopent

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Hydro-Québec profite indirectement de la hausse des prix du gaz naturel en vendant son électricité plus cher dans le nord-est de États-Unis.

L’augmentation des prix de l’énergie en raison de la guerre en Ukraine a déclenché une grave crise en Europe, et cette crise a des répercussions jusqu’au Québec. Hydro-Québec fera le plein de profits avec ses exportations, mais de nombreux Québécois paieront plus cher pour se chauffer à l’hiver.

Publié à 5h00

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Hélène Baril

Hélène Baril La Presse

Pendant des années, les surplus d’électricité du Québec ont été exportés à un prix très bas sur le marché américain. La donne change et pour l’hiver qui vient, les exportations d’électricité seront probablement les plus rentables de l’histoire d’Hydro-Québec.

Le prix du gaz naturel dans le nord-est de l’Amérique du Nord, qui conditionne le prix de l’électricité sur les marchés d’exportation d’Hydro-Québec, a doublé depuis le début de l’année 2022. Entre janvier et juin, soit pendant la première moitié de l’année, les kilowatts exportés se sont vendus plus cher et ont rapporté des profits en hausse de 45 % par rapport à la même période de l’année précédente.

Même si les besoins en électricité sont importants au Québec pendant les mois d’hiver, Hydro-Québec réussit, bon an, mal an, à exporter entre 8 et 9 térawattheures par année sur les marchés voisins pendant la saison froide. Dans une année entière, les exportations atteignent quelque 35 térawattheures, soit 17 % des ventes totales d’électricité.

PHOTO HANNIBAL HANSCHKE, REUTERS

Point d’arrivée à Lubmin, en Allemagne, de conduites du gazoduc Nord Stream 1, un réseau qui relie la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique.

Le prix du gaz naturel devrait rester élevé pendant encore plusieurs mois, estiment les spécialistes interrogés par La Presse.

Même si la guerre en Ukraine prend fin, il est peu probable que la Russie redevienne un fournisseur de gaz naturel pour l’Europe.

Simon Langlois, chercheur associé à l’Institut de l’énergie Trottier de Polytechnique Montréal

La demande mondiale qui continue d’augmenter va soutenir le prix du gaz partout dans le monde, y compris en Amérique du Nord, qui a profité depuis le boom du gaz d’une ressource abondante et peu chère. Sous forme liquide, le gaz naturel voyage de plus en plus, ce qui fait que son prix s’internationalise.

PHOTO GARETH FULLER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Navire transportant du gaz naturel liquéfié à l’approche d’un terminal situé près de Londres, en Grande-Bretagne

Depuis le début de la crise européenne, les États-Unis ont augmenté leurs exportations de gaz naturel liquide (GNL), au point de devenir le plus important exportateur mondial de GNL, devant le Qatar et l’Australie.

Le marché mondial qui s’ouvre ainsi permet aux producteurs de gaz naturel de profiter des prix plus élevés en Europe et au Japon, mais son prix augmente aussi sur le marché nord-américain.

« Le gaz naturel à 2 $ [US par MBTU], c’est fini », estime le professeur Sylvain Audette, professeur à HEC Montréal et associé à la Chaire de gestion du secteur de l’énergie.

Une manne temporaire

Les grands gagnants de ce nouvel environnement énergétique sont les producteurs de gaz nord-américains. « Plusieurs d’entre eux avaient réduit leur production et même cessé leurs activités parce que les prix étaient trop bas », rappelle le professeur Audette. Les prix élevés les ont remis à la tâche.

Hydro-Québec, de son côté, profite indirectement de cette manne, en vendant ses kilowatts plus cher sur les marchés de New York et de la Nouvelle-Angleterre.

La société d’État québécoise a toujours profité des hausses du prix du gaz, en été lors des périodes de canicule ou en hiver quand de grands froids sévissent dans le nord-est du continent. Mais ces pics de prix étaient la plupart du temps de très courte durée alors que les prix semblent vouloir se maintenir au niveau élevé actuel pour un certain temps, selon Sylvain Audette.

Comme le niveau d’eau dans les réservoirs est adéquat et que les prix sur le marché américain devraient rester élevés au cours des prochains mois, les exportations continueront d’être très rentables, a indiqué le mois dernier Jean-Hugues Lafleur, vice-président exécutif et chef de la direction financière d’Hydro-Québec, lors de la publication des résultats du deuxième trimestre.

Simon Langlois, de l’Institut de l’énergie Trottier de Polytechnique Montréal, souligne que cette période de grâce dont profite Hydro-Québec ne durera pas éternellement. « Avec les contrats à gros volume conclus avec New York et le Massachusetts, qui sont des contrats à prix fixes, Hydro-Québec aura moins d’énergie à exporter sur le marché spot et moins d’opportunités d’en profiter si les prix restent élevés, explique-t-il. En attendant, oui, ça joue à leur avantage. »

Le contrat d’approvisionnement signé par Hydro-Québec avec le Massachusetts doit entrer en vigueur en 2024 pour une durée de 20 ans. Celui conclu avec New York prévoit des livraisons à compter de 2025 pour une durée de 25 ans.

Prix robustes, bons rendements

  • Prix moyen obtenu à l’hiver 2021 : 5,1 ¢/kWh
  • Prix moyen obtenu à l’hiver 2022 : 7,4 ¢/kWh
  • Coût moyen de production : 1,93 ¢/kWh

Source : Hydro-Québec

Plus cher pour tout le monde

Se chauffer coûtera plus cher au Québec, mais pas seulement pour les raisons liées au contexte international. Survol.

Gaz naturel : + 7, 8 %

Après avoir encaissé une augmentation historique de 15,6 % de leur tarif l’an dernier, les consommateurs québécois de gaz naturel font face cette année à une autre hausse importante d’au moins de 7,8 % cet automne.

La demande de hausse de tarifs d’Énergir actuellement examinée par la Régie de l’énergie concerne uniquement les services de transport et de distribution de l’entreprise, auxquels s’ajoutera une augmentation du coût du gaz naturel qui variera selon la consommation. Le prix du gaz naturel pour Énergir et ses clients est en hausse de 40 % depuis l’an dernier.

Quelque 100 000 ménages québécois utilisent le gaz naturel pour se chauffer.

Mazout : + 18 %

Les consommateurs résidentiels de mazout se font de plus en plus rares au Québec, mais ceux qui utilisent toujours cette source d’énergie devront payer plus cher pour se chauffer cet hiver. La hausse du prix du pétrole brut a entraîné avec elle les produits dérivés comme le mazout. Le prix moyen d’un litre de mazout, qui était de 1,40 $ au Québec l’hiver dernier, atteint actuellement 1,65 $, selon la Régie de l’énergie.

Électricité : + 2,6 %

Les tarifs d’électricité ont augmenté de 2,6 % en avril dernier. C’est donc à compter de l’hiver qu’ils auront un plein impact sur la facture de chauffage des Québécois, qui sont une majorité à se chauffer à l’électricité.

Une autre augmentation des tarifs d’électricité s’annonce pour le 1er avril prochain, qui devrait être de 3 %. L’augmentation des tarifs d’électricité, qui devait suivre l’inflation, a dû être limitée à 3 % par le gouvernement en raison d’un taux d’inflation très supérieur aux prévisions.

Quand on se compare…

Tarifs d’électricité résidentiels

  • Boston : 26 cents US/kWh
  • New York : 24 cents US/kWh
  • Montréal : 7,1 cents CAN/kWh

Sources : US Bureau of Labor Statistics et Hydro-Québec

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Énergie Hydro-Québec investit 2 milliards US en Nouvelle-Angleterre

PHOTO TIRÉE DU SITE GREATRIVERHYDRO.COM

Une des 13 centrales acquises par Hydro-Québec est Searsburg Station, au Vermont.

Hydro-Québec investit 2 milliards US pour acheter 13 centrales hydroélectriques en Nouvelle-Angleterre, la plus importante acquisition de l’histoire de la société d’État québécoise.

Publié à 5h00

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Hélène Baril

Hélène Baril La Presse

Les centrales sont situées sur deux rivières qui traversent les États du Vermont, du New Hampshire et du Massachusetts et leur puissance installée totale est de 589 mégawatts. Elles sont la propriété de Great River Hydro, une entreprise du Massachusetts acquise en 2017 par le fonds d’investissement ArcLight Energy Partners, qui a décidé de s’en départir dans le cadre d’un appel d’offres.

Le prix payé par Hydro-Québec est le double de ce qu’avait déboursé ArcLight Energy Partners en 2017 pour les 13 centrales.

Pour la société d’État québécoise, la transaction est « un partenariat stratégique à long terme » qui lui permettra de « multiplier les revenus dans son principal marché d’exportation ». Des revenus additionnels sont attendus dès la première année.

« Cette acquisition permet d’allier notre savoir-faire dans la valorisation de ressources hydroélectriques à la connaissance fine du marché de la Nouvelle-Angleterre, a expliqué la présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, dans un communiqué. En unissant nos forces, nous pourrons soutenir le développement de nouveaux projets d’énergies renouvelables, dans un marché où celles-ci sont en pleine effervescence. »

Trois réservoirs, 30 000 acres

Les 13 centrales qui constituent le plus important parc hydroélectrique sont situées le long des rivières Deerfield et Connecticut. Elles produisent assez d’énergie pour alimenter 213 000 foyers. Ce sont des installations assez anciennes, construites il y a entre 30 et 50 ans, qui doivent faire renouveler leurs permis d’exploitation. Trois des treize centrales sont actuellement en processus de renouvellement et les autres devront suivre la même procédure.

Les installations acquises par Hydro-Québec comprennent trois réservoirs et 30 000 acres de terrain qui, selon la société d’État, permettent d’envisager le développement de divers autres projets d’énergie renouvelable.

Great River Hydro emploie une centaine de personnes qui ne doivent s’attendre à aucun changement dans leurs conditions de travail, a précisé Hydro-Québec.

Le fonds d’investissement ArcLight Energy Partners avait acquis Great River Hydro des mains de TransCanada Energy, maintenant connue sous le nom de TCEnergy. Établi à Boston, le fonds spécialisé en énergie a investi 27 milliards US depuis 2001.

Sous l’administration précédente d’Éric Martel, Hydro-Québec avait l’intention d’investir à l’étranger pour valoriser son expertise, mais ces intentions ne sont pas concrétisées.

À l’été 2021, Hydro-Québec et son partenaire Innergex ont acquis conjointement deux centrales hydroélectriques (60 mégawatts) dans l’État de New York pour 310 millions US.

Au début de 2022, Hydro-Québec a annoncé l’achat de toute la production des centrales de la rivière du Lièvre, dans l’Outaouais, propriété de Brookfield Renewables, pour une période de 40 ans. Le montant de cette acquisition totalisant 263 mégawatts n’a pas été rendu public.

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Article et reportage présenté au TJ 18hres, en lien avec cette nouvelle:

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L’Atlantique veut sa part de l’énergie d’Hydro-Québec

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La centrale Manic-5, sur la Côte-Nord

Francis Vailles

Francis Vailles La Presse

Une autre variable vient compliquer le travail d’Hydro-Québec et du comité sur la transition énergétique dirigé par François Legault : les grands besoins des provinces de l’Atlantique.

Publié à 6h30

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Depuis 2019, des discussions ont lieu entre les gouvernements provinciaux impliqués, le gouvernement fédéral et les distributeurs d’énergie pour faire transiter de l’énergie du Québec vers le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse.

Il s’agirait d’un gros bloc d’énergie d’Hydro-Québec, qui pourrait atteindre 1150 mégawatts, selon le rapport du comité sur le sujet, publié en mai1. Le gouvernement du Québec et Hydro-Québec participent à titre d’observateurs à ce comité.

Le projet de boucle de l’Atlantique (Atlantic Loop), mené par le fédéral, relierait les quatre provinces de l’Atlantique et le Québec. Il a pour but de décarboner le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, qui produisent la moitié de leur énergie à partir de sources fossiles, notamment le charbon.

Une loi fédérale exige la fin de la production d’électricité au charbon d’ici 2030. Or, ces deux provinces n’ont pas autant d’options pour l’énergie propre que le Québec. De plus, elles ne disposent pas des énormes réservoirs d’Hydro-Québec, qui servent de batterie naturelle pour compenser les passages à vide des éoliennes ou des panneaux solaires, et inversement.

Un lien de 1150 MW avec Hydro-Québec et de 250 MW à 500 MW avec Terre-Neuve-et-Labrador leur permettrait de compenser le manque à gagner énergétique d’une transition et d’avoir accès à la batterie d’Hydro-Québec, entre autres.

3,4 millions d’autos et de VUS

L’enjeu environnemental est majeur. L’électricité sale produite par ces deux provinces avoisine les 11 térawattheures (TWh), et il s’en dégage 10 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES), selon l’inventaire national des GES2. C’est l’équivalent de 3,4 millions d’autos et de VUS à essence qui seraient retirés des routes3.

Au fédéral, le responsable du dossier est Dominic LeBlanc, un député du Nouveau-Brunswick qui est ministre canadien des Affaires intergouvernementales, de l’Infrastructure et des Collectivités.

« Les discussions vont bon train. Il y a une volonté de tous les partenaires autour de la table d’en venir à une entente, car tous comprennent que d’ici 2030, la boucle de l’Atlantique est la meilleure façon de réaliser la transition énergétique en Atlantique », m’a dit le porte-parole du ministre, Jean-Sébastien Comeau.

Le projet, avec ses lignes de transmission, est estimé à 5 milliards de dollars. Le fédéral compte sur la Banque de l’infrastructure du Canada pour le financer, entre autres. Tous les modes de financement sont envisagés, me dit une source externe au fait du dossier : subventions, capital, prêts, produits d’assurance, etc.

Au Québec, les exportations ont moins la cote avec la transition énergétique, qui requiert d’énormes quantités d’énergie pour décarboner les industries et le secteur du transport. Certains remettent même en question, dans ce contexte, la pertinence des deux mégacontrats conclus par Hydro avec New York et le Massachusetts, qui totalisent quelque 20 TWh par année.

Le Québec a cependant un intérêt évident à cultiver ses relations avec les provinces de l’Atlantique, et notamment avec Terre-Neuve-et-Labrador, qui prend part aux discussions sur la boucle.

Hydro-Québec, faut-il le rappeler, devra éventuellement renégocier le gigantesque contrat de Churchill Falls avec Terre-Neuve (5429 MW), qui arrivera à échéance en 2041. Or, les Terre-Neuviens sont restés aigris, Hydro ne payant que 0,25 cent le kilowattheure pour l’énergie de ce contrat (oui, oui, un quart de cent).

Autre élément : Hydro-Québec a bénéficié d’un prix majoré pour son contrat d’électricité avec New York en raison de son aspect renouvelable. New York a accepté de payer 9,75 cents US par kilowattheure dès la première année de livraison, en 2026, prix qui sera majoré de 2,5 % par année par la suite.

En dollars canadiens, ce prix équivaut à 13,4 cents par kilowattheure et il est donc supérieur au coût marginal prévu par Hydro-Québec en 2026 (11 cents, transport inclus) et bien plus élevé que le tarif L actuellement payé par les grands industriels du Québec (5 cents).

Hydro-Québec est ouverte

Chez Hydro-Québec, on se dit ouvert à explorer les possibilités pour aider nos voisins de l’Atlantique dans leurs efforts de décarbonation. « Nous sommes un bon collaborateur et encore en discussions. Le projet est à un niveau exploratoire et il faudra tenir compte de l’ensemble de nos besoins d’électricité », me dit le porte-parole de la société d’État, Marc-Antoine Pouliot.

L’autre élément à prendre en compte est le prix que paient les clients de l’Atlantique. Les politiciens cherchent des solutions vertes, mais qui ne sont pas trop coûteuses.

Or, les coûts de production chez Hydro-Québec demeurent relativement moindres que ceux payés par les clients actuels de l’Atlantique. En Nouvelle-Écosse, les propriétaires d’une maison moyenne paient 17,02 cents le kilowattheure, deux fois plus qu’au Québec. L’écart est moindre chez les entreprises, mais tout de même important.

Selon une source externe au fait du dossier, il est question d’une tarification versée à Hydro-Québec qui ne serait pas inférieure à son coût marginal (11 cents, transport inclus). Selon une source externe au fait du dossier, il est question d’une tarification versée à Hydro-Québec qui ne serait pas inférieure à son coût marginal (11 cents, transport inclus).

Cela dit, le récent dépôt d’un projet de loi en Nouvelle-Écosse a jeté un froid aux discussions. Le gouvernement conservateur veut plafonner les hausses de tarifs à 0,6 % par année d’ici la fin de 2024, afin de soulager les consommateurs face à la forte inflation.

Or, cette décision a été très mal reçue par Scott Balfour, le président du principal producteur d’énergie de la Nouvelle-Écosse, Emera (société inscrite en Bourse). Le 23 octobre, l’homme a déclaré que cette décision minait la capacité de l’entreprise à financer la transition énergétique, le forçant à mettre sur pause le projet de boucle de l’Atlantique.

Malgré tout, le gouvernement fédéral garde le cap, m’explique Jean-Sébastien Comeau, porte-parole du ministre Dominic LeBlanc.

Pas si simple, la décarbonation de l’économie, en fin de compte. Si seulement on pouvait attribuer une réelle valeur aux volumes de GES effacés, il serait plus facile de déterminer les allocations d’énergie les plus payantes, peu importe où elles sont situées.

1. Consultez le rapport Clean Power Roadmap for Atlantic Canada (en anglais)

2. Consultez le Rapport d’inventaire national 1990-2020 – Sources et puits de gaz à effet de serre au Canada

  1. Ce calcul est basé sur l’efficacité moyenne des véhicules personnels au Québec (9,3 litres pour 100 km), sur leur kilométrage annuel moyen (13 782 km) et sur l’émission de GES par litre d’essence (2,31 kg par litre).
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C’est curieux, les provinces de l’Atlantique ont toujours refusé d’acheter de l’énergie propre d’Hydro-Québec. Particulièrement la NÉ (qui brule du charbon…) et le NB (qui brule du bunker fuel…).

Maintenant que le temps des surplus à HQ arrive vers la fin, ça devient un enjeu?

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C’est effectivement un enjeu car ils se rendent compte à quel point leur propres sources d’électricité leurs coûtent cher, en plus de leur émissions carbone. Comme quoi la politique doit parfois faire place au pragmatisme.

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Great River Hydro Innergex a décliné de participer à une acquisition historique d’Hydro-Québec


PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE | Innergex a eu des discussions avec la société d’État pour une potentielle participation à la transaction, a révélé son président et chef de la direction, Michel Letellier, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats financiers de l’entreprise.

(Montréal) Innergex a songé à s’associer à Hydro-Québec pour réaliser la plus grande acquisition de l’histoire de la société d’État, mais la bouchée était trop grosse pour l’entreprise de Longueuil qui a décidé de passer son tour.

8 novembre 2022 | Publié à 12h08 Mis à jour à 13h14 | STÉPHANE ROLLAND | LA PRESSE CANADIENNE

Hydro-Québec a annoncé, en octobre dernier, l’acquisition de la société Great River Hydro, qui est propriétaire de 13 centrales hydroélectriques du nord-est des États-Unis, pour 2 milliards US.

Innergex a eu des discussions avec la société d’État pour une potentielle participation à la transaction, a révélé son président et chef de la direction, Michel Letellier, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats financiers de l’entreprise.

Le financement d’une partie de l’acquisition aurait représenté un investissement « pas mal gros » pour Innergex à un moment où les conditions de financement sont plus difficiles, a-t-il expliqué. « Nous avons travaillé avec Hydro-Québec dans les premiers jours des négociations, mais nous avons décidé, d’un commun accord, que cet actif était trop gros pour nous. »

Le grand patron du producteur d’énergie québécois a aussi dit que le contrat d’exportation à long terme d’Hydro-Québec conclu avec l’État de New York rendait difficile la recherche d’un accord sur l’établissement de la valeur de l’électricité produite à Great River Hydro.

Même si Innergex a choisi de ne pas participer à la transaction, M. Letellier estime qu’il s’agit d’une bonne transaction. « Nous sommes très heureux pour eux. Je crois qu’ils ont payé un bon prix, un prix élevé, mais je pense qu’ils considèrent cet actif comme un investissement à long terme. »

Il n’a pas été possible d’avoir une réaction immédiate d’Hydro-Québec.

Hydro-Québec et Innergex avaient conclu une première acquisition conjointe en octobre de l’an dernier. Les deux partenaires avaient acheté le complexe Curtis Palmer, qui contenait deux centrales hydro-électriques dans l’État de New York, pour un montant de 310 millions US.

Pour financer la transaction, Innergex avait émis pour l’équivalent de 175 millions en titres et avait réalisé un placement privé de 43,5 millions auprès d’Hydro-Québec. Les conditions du marché étaient différentes l’an dernier. La valeur de l’action d’Innergex était près de 35 % plus élevée et les taux d’intérêt étaient plus bas.

Un grand potentiel au Québec

Il reste encore beaucoup d’occasions d’affaires qui pourraient aboutir entre Hydro-Québec et Innergex, croit toutefois M. Letellier.

Hydro-Québec anticipe que la demande québécoise d’électricité augmentera de 25 térawattheures (TWh), soit 14 %, de 2022 à 2032, selon une mise à jour de son plan d’approvisionnement 2022-2032 publiée au début du mois de novembre.

« Si vous illustrez ça en énergie éolienne, à un taux d’utilisation de 40 %, vous auriez besoin de nouvelles installations de 7000 mégawatts pour combler cette demande, donne en exemple M. Letellier. Je pense que le Québec sera un marché très attrayant pour nous. »

L’entreprise se prépare en vue de profiter de cette manne, ajoute le grand patron d’Innergex. « Nous avons des discussions avec des propriétaires de terrains et d’autres parties prenantes afin d’étendre nos activités au Québec. »

Les actionnaires devront toutefois patienter avant que l’électricité de ces éventuels projets soit vendue. Il faut prévoir environ deux ans pour l’obtention des permis et un autre deux ans pour la construction.

« C’est difficile au Québec de passer au travers de toutes les étapes pour l’obtention des permis. […] Dans certaines régions, c’est difficile de construire l’hiver. Mettre un projet en service avant 2026 serait un défi. Il y en aura, mais je pense qu’on en verra plus en 2027-2028. »

De bons prix pour l’électricité

Malgré une production sous la moyenne, Innergex a dévoilé, la veille, des résultats supérieurs aux attentes grâce à des prix de vente plus élevés au troisième trimestre.

La production au cours de la période de trois mois terminée à la fin septembre s’est établie à 91 % de la production moyenne à long terme (PMLT). La réduction de la production des centrales hydroélectriques en Colombie-Britannique en raison du temps sec et les vents moins favorables en France expliquent en partie cette réduction, précise Brent Stadler, de Desjardins Marché des capitaux.

L’analyste souligne que le bénéfice ajusté proportionnel avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) à 215 millions dépassait « largement » sa prévision de 189 millions et la prévision moyenne de ses collègues à 197 millions. « Les prix plus élevés pour l’hydro-électricité et l’éolien expliquent, en grande partie, l’écart. Ça fait plus que compenser la plus faible production. »

Au sujet de l’inflation, M. Letellier a dit que l’augmentation des prix de l’énergie compensait en grande partie l’augmentation des coûts de production, liée notamment à la main-d’œuvre et aux pièces.

La société a dévoilé un bénéfice net de 21 millions au troisième trimestre, comparativement à une perte nette de 23,5 millions à la même période l’an dernier.

L’action gagnait 81 cents, ou 5,43 %, à 15,73 $ à la Bourse de Toronto en avant-midi.

Entreprise dans cette dépêche : (TSX : INE)

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Les travaux de la ligne de transmission Champlain Hudson Power Express sont lancés

Portail Constructo | 5 décembre 2022

Les travaux de la ligne de transmission Champlain Hudson Power Express sont lancés

La communauté mohawk de Kahnawake sera copropriétaire, avec Hydro-Québec, de la portion de 60 kilomètres de la ligne de transmission située sur le territoire québécois.

En novembre 2021, Hydro-Québec a signé un contrat avec la New York State Energy Research and Development Authority (NYSERDA) pour l’exportation de 10,4 térawattheures d’électricité vers la métropole américaine durant 25 ans.

La Champlain Hudson Power Express, longue de 545 kilomètres, reliera le Québec à la ville de New York et permettra d’y acheminer l’énergie renouvelable afin de réduire de manière significative ses émissions de gaz à effet de serre.

Le début des travaux de la ligne CHPE se fera dès le printemps 2023, et ceux-ci s’échelonneront jusqu’à l’automne 2025.

Source : Ministère des Relations internationales et de la Francophonie

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Coentreprise entre Hydro-Québec et le Conseil mohawk La question à 1 milliard

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

L’entente prévoit que la coentreprise formée du Conseil mohawk de Kahnawake et d’Hydro-Québec sera propriétaire de la ligne de 58 kilomètres qui reliera le Québec à la frontière américaine.

On ignore quoi, quand et comment, mais le gouvernement du Québec s’apprête à céder une partie du réseau de transport d’électricité à la communauté mohawk de Kahnawake, une décision qui constitue une première et qui est destinée à faciliter les exportations d’énergie vers New York.

Publié à 6h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

La ligne de 58 kilomètres qui sera partiellement privatisée reliera le Québec à la frontière américaine et appartiendra à une nouvelle entreprise détenue par Hydro-Québec et le Conseil mohawk de Kahnawake selon un partage de propriété non précisé, mais dans lequel la société d’État sera majoritaire.

Le lien souterrain qui sera la propriété de cette nouvelle entreprise coûtera 1,14 milliard à construire. Le partage des coûts d’investissement entre les deux partenaires de même que la distribution des éventuels revenus que la ligne de transport devrait générer sont des informations qui sont et resteront confidentielles.

C’est ce qu’a expliqué le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete, lors de l’étude du projet de loi 13 visant à permettre à Hydro-Québec de céder une partie de son réseau de transport à un tiers.

Il s’agit d’informations stratégiques qui doivent rester confidentielle, a expliqué le ministre aux députés de l’opposition qui s’inquiétaient de ce qui pourrait être le début d’une privatisation des activités d’Hydro-Québec.

L’entente qui sera conclue entre Hydro-Québec et le Conseil mohawk est une première historique, a-t-il dit, qui servira de modèle parce qu’il y en aura d’autres, d’où la nécessité de ne pas donner plus d’information. « C’est une nouvelle façon de faire que nous avons l’intention de reproduire », a-t-il dit.

La nouvelle entreprise pourra être une société par actions, une société en commandite ou une société de personnes. Le projet de loi 13 laisse toutes ces possibilités ouvertes, parce qu’il n’y a pas encore d’entente.

Le gouvernement doit procéder rapidement pour permettre la création de la coentreprise parce que l’échéancier du contrat avec l’État de New York est très serré, selon le ministre.

« C’est toujours délicat de créer une loi en amont d’une entente, mais, encore une fois, on ne peut pas présumer de l’issue de cette rencontre-là, on ne peut pas présumer comment les avocats du Conseil mohawk vont [conseiller] leur client sur la forme que devrait prendre cette société-là future. Donc, on [exprime] notre intention clairement : on doit demeurer majoritaires, ça, ce n’est pas négociable, alors on vient l’enraciner dans un projet de loi. Par la suite, on se permet l’ouverture nécessaire pour satisfaire notre partenaire », a-t-il fait valoir en commission parlementaire.

La ligne ne passera pas sur le territoire de la réserve

L’étude du projet de loi 13 a été menée tambour battant et n’a pas rencontré beaucoup d’opposition sur son chemin. Étant donnée l’importance des enjeux, plus de transparence aurait été nécessaire, selon Jean-François Blain, analyste indépendant en énergie. « C’est un dossier qui porte à d’énormes conséquences et qui a été mis sciemment sous le radar par Hydro-Québec et par le gouvernement », dénonce-t-il.

Il y a beaucoup d’argent en jeu autour de cette entente. La construction de la ligne de transport estimée à 1,14 milliard est une condition nécessaire à la réalisation du contrat d’exportation de 10,4 térawattheures d’électricité à New York, le plus important de l’histoire d’Hydro-Québec, qui doit rapporter 30 milliards de dollars sur 25 ans.

SOURCE HYDRO-QUÉBEC / INFOGRAPHIE LA PRESSE

L’entente prévoit que la coentreprise formée du Conseil mohawk de Kahnawake et d’Hydro-Québec sera baptisée Horizon Kahnawake Hydro-Québec. Elle sera propriétaire de la ligne de 58 kilomètres et vendra sa capacité de transport à Hydro-Québec. Les revenus ainsi générés seront partagés selon la participation de chacun des deux partenaires.

Le Conseil mohawk s’attend à recevoir des revenus garantis pour une période d’« au moins 40 ans ».

« La période de 40 ans correspond à la durée d’amortissement moyenne estimative de la ligne », explique la porte-parole d’Hydro-Québec, Lynn St-Laurent.

Une fois que le contrat de 25 ans avec New York aura pris fin, il sera possible d’utiliser cette ligne pour exporter et importer de l’électricité à court terme ou pour un autre contrat d’exportation, a-t-elle précisé.

Lors de leur passage à l’Assemblée nationale pour appuyer le projet de loi 13, les représentants de la communauté autochtone ont fait valoir que le projet permet à la fois de fournir de l’énergie propre à la ville de New York et de créer une nouvelle source de revenus et des emplois pour les membres de leur communauté.

La ligne de transport entre le poste d’Hertel situé à La Prairie et la frontière américaine ne passera pas sur le territoire de la réserve de Kahnawake. Elle rejoindra au bout de 58 kilomètres la portion américaine de l’interconnexion à un point situé sous la rivière Richelieu et le lac Champlain. La mise en service est prévue en 2026.

La portion québécoise du projet d’interconnexion a été étudiée par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, qui n’a pas relevé d’enjeux environnementaux majeurs, mais qui exprime des inquiétudes sur les besoins futurs du Québec en électricité.

« La commission d’enquête est d’avis que, face à l’urgence climatique et à l’imminence du besoin d’augmenter l’approvisionnement énergétique du Québec, la transition énergétique devrait être fondée sur une planification qui concilie ses besoins en approvisionnement et ses projets d’exportation d’électricité », conclut le rapport.

En savoir plus

  • 545 kilomètres
    Longueur de la portion américaine de la ligne de transport qui sera construite par le partenaire d’Hydro-Québec, Transmission Developpers, entre la frontière du Québec et la ville de New York

Source : Hydro-Québec

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Hydro-Québec Feu vert au contrat d’exportation vers le Massachusetts


PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE | Dans une décision unanime, un jury a statué que le partenaire américain d’Hydro-Québec, responsable de la construction de la ligne de transport, avait commencé les travaux de bonne foi après avoir obtenu tous les permis et autorisations requises, même si un référendum citoyen menaçait alors de bloquer le projet.

Un tribunal du Maine vient d’éliminer le dernier obstacle important qui menaçait le mégacontrat d’exportation d’Hydro-Québec vers le Massachusetts en permettant la reprise des travaux de construction de la ligne de transport qui doit acheminer l’électricité à Boston.

20 avril 2023 | Mis à jour à 22h39 | HÉLÈNE BARIL | LA PRESSE

À moins que les opposants interjettent appel de la décision rendue par un jury unanime mercredi, les travaux stoppés depuis la fin de 2021 pourraient reprendre sous peu des deux côtés de la frontière.

« On va collaborer avec nos partenaires pour déterminer les prochaines étapes », a fait savoir la porte-parole d’Hydro-Québec, Lynn St-Laurent, en ajoutant ne pas pouvoir se prononcer sur un échéancier précis.

La société d’État s’est dite très satisfaite de ce jugement, qui était le dernier obstacle juridique important devant ce projet qui doit générer des revenus de 10 milliards pour Hydro-Québec.

Le contrat avec le Massachusetts a été conclu en 2018. Il porte sur l’exportation de 9,45 térawattheures par année pendant 20 ans. Les premières livraisons devaient commencer en décembre 2022.

Référendum contesté

Un premier projet de construction d’une ligne de transport à travers le New Hampshire a dû être abandonné devant l’opposition de la population de l’État. Le trajet actuel, qui passe par le Maine, était donc un plan B et il s’est lui aussi heurté à un fort mouvement de contestation.

Dans l’État du Maine, une improbable coalition formée d’environnementalistes et de producteurs d’énergie fossile a combattu le projet de ligne de transport par tous les moyens disponibles.

Cette opposition a culminé avec un référendum citoyen au terme duquel la population a voté à 59 % contre le projet de ligne de transport dont le coût est estimé à 1,3 milliard US et qui est sous la responsabilité d’Avangrid, le partenaire américain d’Hydro-Québec.

Le partenaire d’Hydro-Québec a contesté les résultats du référendum en plaidant avoir déjà exécuté environ 40 % des travaux de construction et investi 450 millions US avant d’avoir dû tout arrêter après la consultation.

La Cour suprême de l’État a décidé que le référendum violait le droit acquis du promoteur de réaliser un projet ayant obtenu tous les permis et autorisations requises avant le début des travaux.

La cour a toutefois demandé à un tribunal de première instance de statuer sur la bonne foi du promoteur qui a commencé les travaux alors qu’il savait qu’un référendum pourrait menacer son projet.

C’est cette dernière hypothèque qui vient d’être levée et qui permet la reprise des travaux à l’arrêt depuis 33 mois et la réalisation du contrat d’exportation d’électricité.

Un actif pour « plusieurs décennies »

La ligne de transport est longue de 233 kilomètres, dont 100 au Québec, entre le poste de Saint-Adrien-d’Irlande et la frontière américaine. Les travaux sur la portion québécoise, dont le coût est estimé à 600 millions, avaient aussi été arrêtés après le référendum du Maine.


CAPTURE D’ÉCRAN DU SITE D’HYDRO-QUÉBEC | Tracé retenu pour la ligne d’interconnexion des Appalaches-Maine

Hydro-Québec, qui voit venir la fin de ses surplus et qui est submergée par une nouvelle demande pour son électricité renouvelable, n’a jamais songé à se retirer de ce contrat pour allouer l’électricité à d’autres fins, avait fait savoir son ex-PDG, Sophie Brochu, peu avant son départ. « Hydro-Québec n’est pas dans la business de se sortir de ses contrats. On honore les contrats qu’on a », avait-elle assuré, en ajoutant que les batailles juridiques étaient menées par son partenaire américain.

Même si cinq années se sont écoulées depuis sa signature et que les livraisons d’électricité seront retardées, la rentabilité du contrat pour Hydro-Québec est toujours là, assure sa porte-parole.

Les coûts de construction de la portion américaine de la ligne sont assumés par le partenaire américain, mais Hydro-Québec a dépensé plusieurs millions de dollars pour défendre les intérêts du projet pendant la campagne référendaire.

« Le contrat demeure payant pour Hydro-Québec », assure Lynn St-Laurent, en ajoutant qu’une ligne de transport est un actif pour « plusieurs décennies », au-delà de la durée du contrat avec le Massachusetts.

Hydro-Québec a conclu un autre gros contrat d’exportation avec l’État de New York, qui dépend de la construction d’une ligne de transport passant sous le lac Champlain et le fleuve Hudson pour rejoindre la ville de New York. Le projet connu sous le nom de Champlain Hudson Power Express est en cours de réalisation.

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Contrat avec l’État de New York Une mine d’or pour Hydro

PHOTO ANGELA WEISS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Selon nos informations, Hydro-Québec prévoit faire des profits d’environ 950 millions par an en vendant 10,4 TWh d’électricité à l’État de New York avec ce contrat de 25 ans qui commence en 2026.

Le contrat d’Hydro-Québec avec l’État de New York ne sera pas seulement rentable. Il sera extrêmement rentable.

Publié à 5h00

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Vincent Brousseau-Pouliot

Vincent Brousseau-Pouliot La Presse

Selon nos informations, Hydro-Québec prévoit faire des profits d’environ 950 millions par an en vendant 10,4 TWh d’électricité à l’État de New York avec ce contrat de 25 ans qui commence en 2026.

Sur 25 ans, les profits totaux attendus pour Hydro-Québec seraient donc d’environ 23,8 milliards, sur des revenus totaux d’environ 32 milliards1. (Tous les chiffres dans cet article sont en dollars canadiens.) Il s’agit d’un taux de rentabilité d’environ 73 %.

Pour des raisons de confidentialité, la société d’État n’a jamais dévoilé publiquement les estimations de rentabilité du contrat et n’a pas voulu commenter cet aspect du dossier, mais elle confirme néanmoins qu’il sera rentable.

Depuis l’annonce du contrat en 2021, le gouvernement du Québec a indiqué publiquement qu’il générerait des revenus de 30 milliards sur 25 ans pour Hydro-Québec. Le premier ministre François Legault a répété ce chiffre le mois dernier. Ni le gouvernement Legault ni Hydro-Québec n’a chiffré les profits, une fois payés la production et le transport de l’électricité au Québec.

Hydro-Québec est capable de faire des prévisions de rentabilité entre autres parce que ses revenus par térawattheure sont prévus pour chacune des 25 années du contrat (les revenus sont indexés d’environ 2,5 % par an).

À titre de comparaison, Hydro-Québec a généré un bénéfice net (des profits nets) de 4,56 milliards sur l’ensemble de ses activités en 2022. Les profits annuels moyens du contrat avec New York (950 millions par an) auraient représenté une hausse des profits de 21 % cette année-là.

Il faut toutefois apporter un bémol important. Selon cette prévision de profits, l’hydroélectricité vendue à New York sera produite en moyenne au coût de 2 cents/kWh durant les 25 ans du contrat, et le transport sur le territoire du Québec coûtera environ 0,8 cent/kWh (ce coût de transport comprend entre autres le coût amorti d’une nouvelle ligne de transport de 1,14 milliard de dollars2).

Sur le plan comptable, ce calcul du coût de production de 2 cents/kWh est justifié. Le contrat avec New York prévoit qu’Hydro-Québec doit fournir de l’électricité provenant de nos barrages hydroélectriques actuels. Le coût de production de nos barrages actuels est actuellement légèrement inférieur à 2 cents/kWh et ne variera pas beaucoup d’ici 25 ans (sauf Churchill Falls dont le contrat doit être renégocié à la hausse). C’est pourquoi, selon nos informations, Hydro-Québec prévoit des dépenses d’environ 2 cents/kWh en moyenne pour la production d’hydroélectricité du contrat de New York entre le printemps 2026 et le printemps 2051.

Mais en pratique, pour décarboner le Québec et le rendre carboneutre d’ici 2050, il faudra beaucoup plus d’électricité que les 216 TWh produits par Hydro-Québec en 2022. La société d’État estime qu’il faudra au moins 100 TWh supplémentaires. Publiquement, le ministre de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, a évoqué 150 TWh de plus.

Cette nouvelle électricité sera beaucoup plus chère que l’électricité actuelle, produite à bas coût par les centrales hydroélectriques construites dans les années 1960 et 1970.

Hydro-Québec est en train de refaire ses calculs pour voir combien d’énergie elle devrait produire, et à quel coût. Sa dernière estimation rendue publique : toute nouvelle source d’approvisionnement en électricité coûterait 9,5 cents/kWh à produire, contre 2,0 cents/kWh pour l’ensemble de la production en 2022.

Notre estimation ajustée : des profits de 750 millions par an

Pour estimer les profits réels du contrat d’Hydro-Québec à New York, il est sage de tenir compte de la hausse future du coût de production de l’électricité.

En ajoutant progressivement 150 TWh à un coût de production de 9,5 cents/kWh jusqu’en 2050, le coût moyen de production sur 25 ans est de 3,55 cents/kWh (il passe de 2 cents en 2026 à 5,1 cents en 2050). Il s’agit de notre hypothèse de travail, pas de celle d’Hydro-Québec.

Malgré cet ajustement des dépenses à la hausse, le contrat d’Hydro-Québec avec New York reste très rentable.

En moyenne, Hydro-Québec générerait des profits d’environ 750 millions par an, selon nos calculs. Sur 25 ans, on parle de profits d’environ 18,7 milliards.

« C’est un bon contrat. À mon avis, c’est très rentable, ça permet de construire une ligne de transport [vers New York] et ça reconnaît le caractère vert de l’hydroélectricité », dit le professeur Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

Les détracteurs du contrat d’exportation à New York pourraient faire valoir que sans ce contrat, Hydro-Québec pourrait utiliser les 10 TWh pour la transition énergétique au Québec. Autrement dit, le contrat de New York nous force à rajouter 10 TWh à un coût plus élevé (ex. : 9,5 cents/kWh) pour décarboner le Québec.

On a fait le calcul avec cette méthode plus pessimiste où le coût total de toute l’électricité envoyée à New York est d’environ 10,3 cents/kWh (9,5 cents pour la production, environ 0,8 cent pour le transport au Québec). Même avec cette méthode de calcul, le contrat de New York est rentable, avec des profits moyens d’environ 130 millions par an, selon nos calculs. Les profits totaux sur 25 ans seraient d’environ 3,2 milliards. Cette méthode de calcul est sévère et présume qu’Hydro construirait pour 10,4 TWh d’électricité nouvelle d’ici le début du contrat en 2026.

En théorie, ce serait la bonne manière de faire [prendre le coût marginal de 9,5 cents/kWh], mais c’est sévère de l’utiliser pour les exportations, car on ne le fait avec personne au Québec.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

Nos scénarios avec des profits de 750 millions ou 130 millions par an montrent que le contrat d’Hydro-Québec sera rentable sur le plan financier, peu importe comment on calcule les dépenses de production d’électricité.

Ces deux scénarios (profits de 750 millions ou 130 millions par an) ne sont pas des certitudes coulées dans le béton. Le gouvernement Legault et la société d’État sont en train d’établir un plan de match pour hausser de façon significative la capacité énergétique du Québec. Le coût de production de 9,5 cents pour une nouvelle source d’approvisionnement en énergie pourrait être révisé selon le nouveau plan de match.

« L’évolution du coût moyen de production de l’électricité pour les 10-20 prochaines années est en cours d’analyse, indique Hydro-Québec par courriel. Plusieurs éléments sont à considérer dans cette évaluation selon le scénario du mix énergétique, considérant diverses variables d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables dans les années à venir, ainsi que la période de construction, la réfection et le rehaussement des capacités des centrales existantes. »

  1. Les revenus (32 milliards sur 25 ans) d’Hydro-Québec cités dans cet article sont les sommes versées à Hydro-Québec après les paiements à son partenaire américain, Transmission Developers Inc. (TDI), qui s’occupe du transport de l’électricité en territoire américain. Pour leur électricité, Hydro-Québec et TDI vont facturer ensemble un prix de gros qui augmentera de 9,7 cents US/kWh la première année (2026-2027) jusqu’à 17,6 cents US/kWh à la dernière année du contrat, en 2050-2051.

  2. Le coût de transport de 0,8 cent/kWh comprend les coûts annuels pour financer la construction d’une ligne de transport de 1,14 milliard reliant le Québec à la frontière américaine. Cette ligne de transport est détenue par une coentreprise dans laquelle Hydro-Québec est l’actionnaire majoritaire et le Conseil mohawk de Kahnawake l’actionnaire minoritaire. Dans cette coentreprise, Hydro-Québec et le Conseil mohawk de Kahnawake, se partageront les revenus de transport de l’électricité sur cette ligne de transport au Québec (dans laquelle ils ont tous deux investi).

Rentable sur le plan financier… et environnemental

Pourquoi vendre notre électricité aux Américains alors qu’on devra augmenter de façon importante notre production d’électricité pour répondre aux besoins du Québec ?

En théorie, on aurait pu garder cette électricité envoyée aux États-Unis pour le Québec.

Mais les deux contrats d’Hydro-Québec avec l’État de New York et le Massachusetts ont trois grands avantages.

Premièrement, ces contrats sont très payants pour Hydro-Québec, et par conséquent pour son actionnaire, le gouvernement du Québec.

Pour New York, Hydro-Québec estimerait les profits annuels du contrat à 950 millions de dollars canadiens, selon nos informations (voir autre texte).

Pour le Massachusetts, Hydro-Québec indique que la rentabilité de ce contrat sera « comparable au contrat de New York », mais que le montant total des profits sera moindre.

Deuxièmement, ces contrats réduiront les émissions de CO2 dans le nord-est des États-Unis.

L’hydroélectricité québécoise remplacera des énergies fossiles très polluantes aux États-Unis. Des experts ont calculé que l’hydroélectricité québécoise allait permettre de réduire les émissions de CO2 de 3,9 millions de tonnes par an à New York et de 3 millions de tonnes par an en Nouvelle-Angleterre. Ce sont des réductions non négligeables qui correspondent ensemble à 8 % des émissions de CO2 du Québec en 2019. Ces réductions iront au bilan des États-Unis, pas à celui du Québec, mais ça donne un ordre de grandeur.

Actuellement, New York utilise dans une proportion de 90 % des énergies fossiles et veut consommer à 70 % des énergies renouvelables d’ici 2030. Le contrat avec Hydro-Québec doit fournir 20 % de l’électricité totale consommée dans la Grosse Pomme.

Troisième grand avantage : les deux contrats permettront de construire deux lignes modernes de transport d’électricité dans le Nord-Est, ce qui donnera davantage de flexibilité à Hydro-Québec à l’avenir.

Grâce à ces contrats à long terme, Hydro-Québec sera dorénavant reliée par une ligne de transport moderne (avec une capacité de transport d’électricité dans les deux sens) aux deux villes les plus importantes du Nord-Est américain, New York et Boston.

« Ces contrats sont très bons [pour le Québec] entre autres pour une raison simple : nous avons besoin de ces lignes de transport à long terme, car il y aura de plus en plus d’énergie renouvelable qu’il faudra échanger, et c’est très difficile de construire des lignes de transport [sans ces contrats avec des prix garantis à long terme] », dit le professeur Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.

À long terme, nos réservoirs hydroélectriques vont devenir encore plus importants, car ils permettront de stocker de l’énergie éolienne produite aux États-Unis dans nos réservoirs, et ensuite de la revendre (plus cher) en période de pointe.

Ça peut paraître paradoxal de vendre de l’électricité aux Américains alors que nos propres besoins augmenteront rapidement. Il faut toutefois remettre les choses en contexte. Quand les contrats de New York (2021) et du Massachusetts (2018) ont été signés, le gouvernement du Québec n’avait pas anticipé une aussi grande hausse de la demande d’énergie (150 TWh supplémentaires) pour décarboner le Québec.

« Il y avait juste New York qui était prêt à signer un tel contrat, Hydro-Québec Production n’était pas prête à le faire, dit le professeur Pierre-Olivier Pineau. On vendait de l’électricité aux États-Unis sur les marchés [contrats “spot” sans engagement à long terme], mais le prix du gaz naturel a chuté et on avait peur que ce soit la même chose pour l’électricité, que ces contrats sur les marchés ne soient plus aussi rentables. En plus, ces contrats sur les marchés ne reconnaissent pas le caractère vert de l’hydroélectricité. »

Et le prix de l’électricité pour les Québécois ?

Le contrat avec New York a beau être très payant pour Hydro-Québec, il entraînera inévitablement une hausse modeste du prix de l’électricité pour les consommateurs québécois. Ceux-ci bénéficient des prix les plus bas en Amérique du Nord.

C’est mathématique : si on prend 10 TWh d’électricité produite à bas prix (2 cents/kWh) pour exporter à New York, on devra bientôt prendre de l’électricité nouvelle et plus chère pour décarboner le Québec. Ce qui veut dire une légère hausse du prix pour les clients québécois. Pourquoi une légère hausse ? Toute électricité au-delà du bloc patrimonial (c’est le cas de ce 10 TWh) doit être vendue au prix du marché. « On n’aurait pas vendu cette électricité à 2 ou 3 cents aux Québécois », dit le professeur Pierre-Olivier Pineau.

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Après des années de négociations et de multiples embûches, les contrats de vente d’électricité aux États-Unis se concrétisent enfin.

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Hydro-Québec Les contrats d’exportation se concrétisent

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Après des mois d’interruption causée par l’opposition de la population du Maine à la ligne de transport qui doit traverser cet État pour alimenter les consommateurs de Boston, les travaux de construction ont repris l’automne dernier et progressent depuis.

Après des années de négociations et de multiples embûches, les contrats de vente d’électricité aux États-Unis se concrétisent enfin.

Publié à 1h49 Mis à jour à 6h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

Et même si le Québec n’a pas assez d’électricité pour approvisionner à l’avenir toutes les entreprises qui voudraient de l’énergie propre ici, la construction des deux lignes de transport pour acheminer des quantités énormes d’électrons à Boston et à New York bat son plein en Chaudière-Appalaches et en Montérégie.

Des pylônes sont déjà érigés à la frontière du Québec et des États-Unis dans la région de Chaudière-Appalaches, a fait savoir la porte-parole d’Hydro-Québec Lynn St-Laurent.

Après des mois d’interruption causée par l’opposition de la population du Maine à la ligne de transport qui doit traverser cet État pour alimenter les consommateurs de Boston, les travaux de construction ont repris l’automne dernier et progressent depuis.

« Ça avance bon train », indique la porte-parole au sujet de la portion québécoise de la ligne, qui fait 100 kilomètres, qui reliera la frontière américaine au poste électrique de Saint-Adrien-d’Irlande.

La construction de la ligne de transport avance aussi en territoire américain, et le nouvel échéancier prévoit maintenant le début des livraisons d’électricité au Massachusetts en décembre 2025, trois ans plus tard que ce qui était prévu lors de l’annonce du contrat.

Dix pour cent de la production vers les États-Unis

À l’autre bout du Québec, en Montérégie, les travaux de construction d’une autre ligne de transport d’électricité, vers New York, sont en cours. La portion québécoise de la ligne reliera le poste Hertel, situé à La Prairie, à la frontière américaine 60 kilomètres plus loin. La jonction avec la ligne Champlain-Hudson Power Express vers New York se fera sous le Richelieu et le lien poursuivra son chemin sous le lac Champlain.

PHOTO FOURNIE PAR HYDRO-QUÉBEC

Les travaux de construction d’un convertisseur au poste Hertel, à La Prairie, vont bon train.

Un convertisseur est en construction au poste Hertel et des tranchées ont commencé à être creusées pour l’enfouissement de la ligne, indique Lynn St-Laurent. Le début des livraisons d’électricité vers New York est prévu en 2026, quelques mois après celles vers Boston.

Hydro-Québec s’est engagée à livrer 9,5 térawattheures d’électricité à Boston pendant 20 ans et 10 térawattheures d’électricité à New York pendant 25 ans. C’est 10 % de toute sa production.

Des regrets ?

Ces engagements à long terme conclus alors qu’il y avait des surplus d’électricité se concrétisent dans un contexte radicalement différent. Hydro-Québec manque d’électricité pour répondre aux nombreuses demandes industrielles et veut mettre les bouches doubles pour augmenter sa production. L’entreprise veut investir plus de 100 milliards pour construire de nouvelles installations de production et de nouvelles lignes de transport afin de satisfaire la demande au Québec, ce qui fera grimper la facture d’électricité des Québécois.

Le coût de production des prochains kilowattheures est estimé aujourd’hui à 11 cents, alors que le coût moyen des installations existantes d’Hydro-Québec est de 3 cents.

La société d’État estime tout de même que les contrats d’exportation à long terme sont une bonne affaire pour le Québec. Ces contrats procurent des revenus intéressants et stables pour Hydro-Québec, dit sa porte-parole, en plus de contribuer à la décarbonation de la planète.

On est en train de construire des autoroutes énergétiques qui, à la fin des contrats [dans 20 ans], deviendront de nouvelles sources d’approvisionnement en énergie renouvelable pour le Québec.

Lynn St-Laurent, porte-parole d’Hydro-Québec

Avoir su que l’électricité québécoise serait aussi convoitée par les secteurs d’activité de l’avenir comme les voitures électriques, Hydro-Québec aurait-elle signé des contrats aussi importants et aussi contraignants à long terme ?

Peut-être pas, estime Yvan Cliche, du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal. Chose certaine, le contexte a changé très rapidement, dit-il. « Ces ententes ont été signées dans une situation de surplus et avec une croissance très faible de la demande au Québec. »

Le spécialiste en énergie, qui a déjà travaillé pour Hydro-Québec, admet que la nouvelle donne oblige Hydro-Québec à augmenter sa production, ce qui aura un coût économique, mais aussi environnemental pour les Québécois. La facture d’électricité des Québécois grimpera, dit-il.

Malgré cela, il estime lui aussi que le positif l’emporte sur le négatif. « Les contrats conclus avec le Massachusetts et New York généreront des profits intéressants pour Hydro-Québec et des bénéfices environnementaux importants », dit-il.

Selon lui, il n’y a que des avantages à resserrer les réseaux électriques entre voisins. Ça favorise les échanges et ça rend les réseaux plus fiables, précise-t-il.

La vente à long terme d’électricité québécoise aux États-Unis accroît aussi l’influence et le poids politique du Québec chez nos voisins du sud, estime Yvan Cliche. C’est, selon lui, une facette des contrats à ne pas négliger.

« Il n’y a pas de regrets à avoir », assure-t-il.

En savoir plus

  • 9,75 cents US
    Prix de départ du kilowattheure d’électricité qui sera payé par l’État de New York

Source : Hydro-Québec

5,15 cents US
Prix du kilowattheure de la première année du contrat conclu avec la Nouvelle-Angleterre. Des formules d’ajustement sont prévues dans les deux cas.

Source : Hydro-Québec

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C’est la première fois que la société d’État conclut une entente de copropriété avec un tiers et une communauté autochtone en lien avec un actif de transport.

Trois personnes assises à une table signe un document.

La Grande cheffe de Kahnawà:ke, Kahsennenhawe Sky-Deer, le président-directeur général d’Hydro-Québec, Michael Sabia, et le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, ont signé l’entente.

Photo : Radio-Canada / Myriam Boulianne

Myriam Boulianne](https://ici.radio-canada.ca/profil/26373/myriam-boulianne)

Publié hier à 16 h 53 HAE

Résumé

Kahnawà:ke devient en partie propriétaire d’une ligne d’Hydro, une première

C’est la première fois que la société d’État conclut une entente de copropriété avec un tiers et une communauté autochtone en lien avec un actif de transport.

Trois personnes assises à une table signe un document.

La Grande cheffe de Kahnawà:ke, Kahsennenhawe Sky-Deer, le président-directeur général d’Hydro-Québec, Michael Sabia, et le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, ont signé l’entente.

Photo : Radio-Canada / Myriam Boulianne

Publié hier à 16 h 53 HAE

« Historique ». « Innovant ». « Pionnier ». Le Conseil mohawk de Kahnawà:ke et Hydro-Québec ont officiellement signé jeudi une entente dans laquelle la communauté autochtone devient un actionnaire minoritaire de la ligne Hertel-New York – qui fournira de l’électricité à la Ville de New York.

En vertu de cette entente, la communauté devient propriétaire à 10 % de la ligne, mais l’accord prévoit que sa participation pourrait éventuellement atteindre jusqu’à 49 %.

De mon côté, j’aimerais que le Conseil prenne plus une importante participation, a affirmé la grande cheffe du Conseil, Kahsennenhawe Sky-Deer, en conférence de presse. Mais ça va dépendre de notre tolérance au risque, des taux d’intérêt… il va falloir se concerter dans la communauté afin de décider dans quelle mesure nous voulons nous impliquer.

L’entente entre la communauté autochtone et la société d’État concerne la ligne d’interconnexion Hertel-New York, d’une longueur de 58 km, qui reliera le poste Hertel, à La Prairie, à la frontière de l’État de New York, dans le but de fournir de l’électricité à la Grosse Pomme. Sa mise en service est prévue pour 2026 et son coût est estimé à 1,13 milliard de dollars.

Afin de rendre le partenariat possible, le gouvernement du Québec a dû adopter en 2023 le projet de loi 13 visant à permettre à Hydro-Québec de céder une partie de son réseau de transport à un tiers.

Auparavant, les Premières Nations étaient considérées comme un obstacle. Nous étions exclus [des projets économiques] et les choses se déroulaient sans notre participation. Aujourd’hui, nous prouvons que nous pouvons être de véritables partenaires.

Une citation de Kahsennenhawe Sky-Deer, la grande cheffe du Conseil mohawk de Kahnawà:ke

La grande cheffe a également souligné les liens historiques qui unissent la nation mohawk et la ville de New York. De nombreux travailleurs de l’acier mohawk ont participé à la construction de ponts et de gratte-ciel dans la métropole américaine.

Aujourd’hui, Kahnawà:ke contribue de nouveau à la vie des New-Yorkais en transportant de l’énergie renouvelable qui illuminera la silhouette de la ville qui a été bâtie avec l’aide des Mohawks, a-t-elle rappelé.

En 2021, cette dernière s’était d’ailleurs rendue dans l’État de New York aux côtés de l’ex-PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, pour y rencontrer des responsables et des environnementalistes en vue de ce projet d’exportation d’hydroélectricité aux États-Unis.

Trois personnes assises à une table signe un document.

La Grande cheffe de Kahnawà:ke, Kahsennenhawe Sky-Deer, le président-directeur général d’Hydro-Québec, Michael Sabia, et le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, ont signé l’entente.

Photo : Radio-Canada / Myriam Boulianne

Quant au président-directeur général d’Hydro-Québec, Michael Sabia, il a déclaré que ce type partenariat – dans lesquels les communautés autochtones participent financièrement à des projets de la société d’État en devenant propriétaires – était désormais une nouvelle manière de travailler avec les communautés autochtones à travers la province.

Une nouvelle façon basée sur la réconciliation économique, a-t-il insisté.

M. Sabia espère également que cette entente servira d’exemple pour de futurs partenariats avec les Autochtones, tout en précisant qu’Hydro-Québec devra s’adapter à chaque communauté.

Dans le même ordre d’idée, la grande cheffe a renchéri que dépendamment de la communauté, du territoire et de la volonté politique, le type de partenariat pourrait être différent, mais elle est convaincue que l’initiative pionnière que Kahnawà:ke a prise peut montrer aux autres communautés que c’est possible.

Des dizaines de millions en retombées

La participation des Mohawks de Kahnawà:ke à la ligne Hertel-New York leur permettra de tirer un revenu de dividende. Michael Sabia a notamment évoqué en conférence de presse un rendement avoisinant les 8 % pour les parts détenues par la communauté.

Hydro-Québec évalue d’ailleurs les retombées à 30 milliards de dollars sur 25 ans, ce qui ce qui veut dire que la communauté pourrait obtenir des dizaines de millions de dollars chaque année.

Les revenus permettront ainsi d’investir dans les services à la communauté, que ce soit pour le logement, les infrastructures, le sports ou la culture, a énuméré la grande cheffe Kahsennenhawe Sky-Deer.

[Par exemple], nous avons des besoins du côté du logement. Il y a tellement de besoins, ça sera une question des priorités du jour, car il s’agit d’une entente de 40 ans, a-t-elle précisé.

Il est également prévu dans l’entente qu’Hydro-Québec fasse un don de 10 millions de dollars au nouveau Centre d’art et culture de Kahnawà:ke.

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