L’éclipse totale ne sera visible que dans le sud du Québec, puisque la limite nord de la bande de totalité traverse l’île de Montréal d’ouest en est.
La bande de totalité de l’éclipse du Soleil du 8 avril à Montréal.
Par exemple, les gens de Montréal-Nord et de Laval n’auront pas accès à la totalité, précise Olivier Hernandez.
Environ 2,4 millions d’habitants de la région métropolitaine de Montréal se trouvent dans la zone de totalité.
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Où serez-vous pour observer l’éclipse totale du Soleil le 8 avril?
Tout ce que vous devez savoir pour vous trouver là où il faut et dans les bonnes conditions pour assister au phénomène céleste rarissime.
Progression de l’éclipse solaire totale du 2 juillet 2019 depuis l’Observatoire de La Silla de l’ESO au Chili
Photo : ESA/CESAR/Wouter van Reeven
Publié à 4 h 00 HNE
Si la vaste majorité des Canadiens assisteront à une éclipse partielle le lundi 8 avril prochain, quelques millions de Québécois et d’Ontariens auront la chance de se trouver dans la zone de totalité où ils pourront contempler la toute première éclipse totale du Soleil au pays depuis 1979.
La bande de totalité
Pour vivre le phénomène exceptionnel de noir total, il faut vraiment se trouver dans un corridor qui fait à peu près une largeur de 200 km sur une longueur de 14 700 km à travers l’Amérique du Nord, explique l’astrophysicien Olivier Hernandez, directeur du Planétarium de Montréal.
L’éclipse du Soleil du 8 avril en Amérique du Nord.
Photo : Planétarium de Montréal
Cette zone de totalité s’étend du Pacifique à l’Atlantique, en passant par le Mexique, les États-Unis et le Canada. Elle traverse le continent à plus de 2500 km/h.
L’ombre de la Lune va frapper la surface terrestre au lever du Soleil dans l’océan Pacifique, à 3200 kilomètres au sud d’Hawaï, indique Olivier Herdandez. Elle va ensuite monter vers le nord-est, pour parcourir plus de 6800 kilomètres sans rencontrer de terre émergée.
Puis elle va atteindre le continent nord-américain à la hauteur de la ville de Mazatlán, sur la côte mexicaine, pour traverser les États de Durango et de Coahuila, et entrer aux États-Unis par le Texas et traverser l’Oklahoma, l’Arkansas, le Missouri, l’Illinois, l’Indiana et l’Ohio. Elle va aussi survoler les lacs Érié et Ontario et la péninsule du Niagara, pour gagner ses rives ontariennes et celles des États de la Pennsylvanie et de New York.
L’éclipse sera visible de partout au Canada. Elle sera totale dans la ligne bleue, et partielle ailleurs.
Photo : ASTROLab du Mont-Mégantic/Guillaume Poulin
La zone d’obscurité va poursuivre sa trajectoire le long de la vallée du Saint-Laurent, et traverser le sud du Québec et une bonne partie de l’île de Montréal. Elle va assombrir le ciel de la Montérégie, de l’Estrie, du Centre-du-Québec et de la Beauce. L’obscurité va aussi gagner le nord des États du Vermont et du New Hampshire, avant de traverser le Maine.
Puis l’ombre va gagner le Nouveau-Brunswick et le nord-ouest de l’Île-du-Prince-Édouard avant de franchir le golfe du Saint-Laurent (et les Îles-de-la-Madeleine) pour atteindre Terre-Neuve.
La bande de totalité va terminer sa course dans l’océan Atlantique Nord, où elle va parcourir encore 2400 kilomètres avant de s’éteindre au coucher du soleil au sud de l’Islande.
Éclipse 101
- Une éclipse solaire est en quelque sorte un jeu d’ombres. En gros, elle se produit lorsque la Lune projette son ombre sur la Terre, bloquant en tout (éclipse totale) ou en partie (éclipse partielle) le Soleil.
- Coïncidence astronomique! Comme le Soleil apparaît environ 400 fois plus grand que la Lune et qu’il est aussi environ 400 fois plus éloigné, l’étoile et la Lune semblent avoir la même taille pour les Terriens.
- La Lune projette deux ombres sur la surface de la Terre : une ombre plus petite et plus sombre, appelée l’umbra, et une ombre plus grande, appelée la pénombre. Les observateurs situés dans l’umbra voient une éclipse totale. Les observateurs situés dans la pénombre voient une éclipse partielle.
L’ombre totale, plus petite et plus sombre, est aussi appelée l’umbra. L’ombre partielle, plus grande, est également appelée la pénombre.
Photo : Radio-Canada
Être dans la zone
Les conditions d’observation du phénomène astronomique vont varier énormément d’un endroit à l’autre dans le sud-est du pays. Toutefois, seuls les observateurs qui se trouvent à l’intérieur de la bande de totalité vont vivre l’éclipse totale dans toute sa splendeur.
En dehors de la totalité, ce n’est pas une nuit totale, on ne peut pas retirer ses lunettes pour observer l’éclipse, et c’est bien dommage!, remarque Olivier Hernandez.
Même juste un peu à l’extérieur, le Soleil n’est pas complètement caché par la Lune, et la nuit en plein jour ne se produit pas. Une éclipse partielle à 99,99 % n’équivaut pas à 99,99 % de l’expérience d’une éclipse totale : il manquera toujours la magie de la totalité.
Une citation de Olivier Hernandez, Planétarium de Montréal
Se garder un coussin de sécurité
L’astrophysicien invite ceux qui se trouvent en bordure nord de la bande de totalité à se déplacer de quelques kilomètres vers le sud pour s’assurer de ne rien manquer.
Il faut savoir que les limites de la bande de totalité peuvent varier de quelques centaines de mètres, puisque la Lune n’est pas une sphère parfaitement lisse en raison de la présence de reliefs sur son pourtour. Cette réalité laisse parfois la brillante surface du Soleil s’infiltrer un peu plus loin à l’intérieur de la zone d’ombre théorique.
Les limites de la bande de totalité qu’on voit sur les cartes ne sont pas tranchées au couteau. Il reste en quelque sorte une zone d’incertitude de quelques centaines de mètres où il est possible que l’éclipse ne soit pas tout à fait totale, prévient Olivier Hernandez.
Ainsi, ceux qui veulent absolument assister à une éclipse totale doivent s’éloigner des limites nord et sud et s’approcher du centre de la bande de totalité.
Une éclipse du Soleil quelques instants avant la totalité. (Illustration artistique)
Photo : Agence spatiale canadienne
Au Québec
L’éclipse totale ne sera visible que dans le sud du Québec, puisque la limite nord de la bande de totalité traverse l’île de Montréal d’ouest en est.
La bande de totalité de l’éclipse du Soleil du 8 avril à Montréal.
Photo : Planétarium de Montréal
Par exemple, les gens de Montréal-Nord et de Laval n’auront pas accès à la totalité, précise Olivier Hernandez.
Environ 2,4 millions d’habitants de la région métropolitaine de Montréal se trouvent dans la zone de totalité.
Montréal en détails
- Début de l’éclipse partielle : 14 h 14
- Début de la totalité : 15 h 26 min 49 s
- Maximum de l’éclipse : 15 h 27 min 33 s
- Fin de la totalité : 15 h 28 min 16 s
- Fin de l’éclipse partielle : 16 h 36 min 16 s
Si les villes de Brossard et Longueuil se trouvent dans la bande, les villes de Boucherville, Drummondville et Victoriaville chevauchent la limite nord de l’éclipse totale. Certains secteurs se trouvent ainsi dans la bande de totalité, alors que d’autres sont à l’extérieur.
La bande de totalité de l’éclipse de Soleil du 8 avril 2024.
Photo : Planétarium de Montréal
Les villes de Varennes, Sorel et Trois-Rivières se trouvent en dehors de la zone de totalité, mais les villes de Saint-Hyacinthe et Granby ont pour leur part droit au spectacle total.
L’Estrie est sans contredit la région du Québec la plus choyée puisqu’elle se trouve au centre de la bande de totalité. Les villes de Magog, Sherbrooke et Lac-Mégantic ont droit à une période de totalité tournant autour de 3 minutes 30 secondes. Par comparaison, la totalité à Montréal est d’environ 1 minute 30 secondes.
La région du Fer à cheval doré (Golden Horseshoe) est coupée en deux par la limite nord de l’éclipse totale.
Photo : Planétarium de Montréal
En Ontario
En Ontario, la région du Fer à cheval doré (Golden Horseshoe) est coupée en deux par la limite nord de l’éclipse totale.
La ville de Hamilton se trouve presque entièrement dans la zone d’éclipse totale, mais les villes de Toronto, Mississauga, Brampton, Oshawa et Pickering sont dans la zone d’éclipse partielle.
Des enfants observent une éclipse solaire avec des lunettes conçues pour l’occasion.
Photo : iStock / AlbertoRoura
Des lunettes pour protéger vos yeux
Il faut garder en tête qu’il ne faut jamais regarder directement le Soleil. L’exposition à cette lumière intense peut entraîner des lésions aux yeux sans causer de douleur. Mais contrairement aux observateurs d’une éclipse partielle, ceux qui assistent à une éclipse totale peuvent enlever leurs lunettes pendant la noirceur totale et les remettre dès que la Lune quitte le disque solaire.
Aucune paire de lunettes fumées vendue en magasin ne permet de regarder directement le Soleil. De plus, à l’œil nu ou avec un instrument d’optique comme un télescope, il est essentiel d’utiliser des filtres conçus spécialement pour observer le Soleil. Il faut aussi éviter de prendre des photos ou de filmer avec un téléphone cellulaire.
Il faut porter des lunettes pendant toute la phase partielle de l’éclipse, mais vous pouvez les retirer pendant le temps de l’éclipse totale vers 15 h 30.
Une citation de Olivier Hernandez, Planétarium de Montréal
Il faut bien évidemment vous assurer de bien superviser les enfants en tout temps lors de l’observation.
Des lunettes distribuées gratuitement
Le Planétarium de Montréal distribue 500 000 lunettes grâce à la générosité de la Fondation de la famille Trottier.
Pas moins de 300 000 lunettes sont données dans les écoles et les bibliothèques de la région de Montréal dans les jours avant l’éclipse. On veut que les gens récupèrent les lunettes le plus tard possible pour ne pas les abîmer, mentionne Olivier Hernandez, qui rappelle qu’il faut toujours inspecter ses lunettes avant de les utiliser pour s’assurer qu’elles ne sont pas endommagées.
On garde entre 100 000 et 150 000 lunettes pour les distribuer à la sortie du métro du parc Jean-Drapeau lors d’un événement organisé le 8 avril par le Planétarium, ajoute M. Hernandez.
Si vous n’avez pas de lunettes à votre disposition, il est aussi possible de projeter l’image du Soleil sur un écran. Cette méthode est certainement la plus sécuritaire et la moins coûteuse.
Des événements publics
Au parc Jean-Drapeau, les gens présents pourront suivre les explications et les instructions de deux animatrices à partir d’écrans géants installés sur les lieux. Il y aura même un décompte menant à la totalité, affirme Olivier Hernandez.
Radio-Canada diffuse une émission spéciale en direct du parc entre 14 h et 16 h.
Outre cet événement, le Centre des sciences de Montréal, l’ASTROLab du Parc national du Mont-Mégantic et de nombreuses autres organisations, dont les universités McGill et de Montréal, tiennent des activités d’observation. Informez-vous avant de vous déplacer puisque certains événements affichent déjà complet.
La Lune recouvre complètement le Soleil lors de l’éclipse totale du 21 août 2017 aux États-Unis.
Photo : iStock
Ce qu’il faut observer
Pendant la totalité, il est possible de voir la couronne solaire qui est très blanche et très étalée de plusieurs fois le diamètre du Soleil. C’est absolument spectaculaire parce que c’est quelque chose qu’on ne voit jamais!, s’enthousiasme Olivier Hernandez, qui a assisté à trois éclipses, mais jamais à une totale.
Il est aussi possible de voir la chromosphère, qui prend la forme d’une espèce de filament rose absolument spectaculaire qui ressort encore mieux à l’œil nu que sur des photos.
La chromosphère est en fait une fine couche de gaz de couleur rose due à l’émission lumineuse de l’hydrogène ionisé à la longueur d’onde Hα.
Une fois dans la totalité, on va commencer à voir apparaître les planètes les plus brillantes comme Jupiter, Saturne, Vénus, et même Mercure!, remarque l’astrophysicien. Nous pourrons aussi voir une comète qui passera dans le ciel à ce moment-là si sa brillance le permet, ajoute-t-il.
Des planètes et des étoiles visibles dans le ciel lors de l’éclipse du Soleil.
Photo : Planétarium de Montréal/Stellarium
Plusieurs étoiles parmi les plus brillantes, comme Rigel, Capella, Pollux, Aldébaran, Bételgeuse et Sirius, seront aussi visibles.
Il est possible de voir toutes ces étoiles qu’on ne voit habituellement pas dans la nuit et qui sont invisibles dans le ciel le jour. On pourra les voir parce que le Soleil sera complètement occulté.
Une citation de Olivier Hernandez, Planétarium de Montréal
Un autre phénomène naturel est également remarqué lors d’éclipse totale : une chute de la température.
Ça peut être marrant d’amener son propre thermomètre pour constater par soi-même une chute de température entre 8 et 10 °C. Ce qui est énorme pour un 8 avril, puisqu’on sera probablement autour d’une température moyenne aux alentours de 5 °C. On va probablement descendre en dessous de 0 °C, ça va faire une sacrée différence.
Une citation de Olivier Hernandez, Planétarium de Montréal
La nature réagira également au phénomène. On va aussi assister à des comportements différents chez certains animaux, essentiellement les oiseaux. La variation de luminosité va les faire chanter un petit peu plus qu’à l’habituel, mentionne M. Hernandez, qui note aussi que puisque le printemps ne sera qu’à ses premiers balbutiements, la baisse de luminosité ne va pas influer sur le comportement des plantes et des fleurs qui se referment habituellement lors d’une perte de luminosité.
Si le ciel est couvert et que le Soleil n’est pas directement visible au moment de la totalité, les effets visuels les plus spectaculaires ne seront pas observables. La période d’obscurité sera toutefois encore plus sombre.
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D’une éclipse à l’autre
On compte entre deux et cinq éclipses de Soleil visibles quelque part sur Terre chaque année. Les éclipses totales de Soleil se produisent en moyenne tous les 375 ans pour un endroit précis sur le globe.
La dernière éclipse totale visible au Canada s’est produite le 26 février 1979. Les habitants du sud de la Saskatchewan et du Manitoba, du nord-ouest de l’Ontario et du Grand Nord québécois ont alors pu observer le phénomène.
Dans le sud du Québec, la dernière éclipse solaire totale a été observée en Gaspésie le 10 juillet 1972. La dernière éclipse totale visible à Montréal a eu lieu le 31 août 1932.
La dernière éclipse totale visible en Amérique du Nord au 21e siècle a été visible dans le ciel de plusieurs États américains le 21 août 2017.
La prochaine éclipse solaire partielle se déroulera le 29 mars 2025 et sera visible dans l’Est canadien.
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