Environnement et transition écologique

Planète bleue, idées vertes Mont-Tremblant bannit les feux d’artifice

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Spectacle des États-Unis lors de l’International des feux Loto-Québec à La Ronde en 2019

Nuages polluants, particules fines posant des risques pour la santé, débris dans les lacs et rivières, bruits assourdissants : la ville de Mont-Tremblant rompt avec la tradition en bannissant les feux d’artifice.

Publié à 1h06 Mis à jour à 7h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

En conséquence, il n’y aura pas de bombes pyrotechniques dans le ciel de cette région touristique durant la fête nationale du 24 juin ni autour du 1er juillet pour les célébrations du Canada. Une interdiction qui fait sourciller d’importants acteurs de l’industrie, qui soutiennent que des mesures strictes ont été mises en place pour réduire la toxicité des feux d’artifice.

Dans la petite municipalité des Laurentides, la mairesse suppléante Dominique Laverdure explique que la décision n’a pas été prise à la légère. C’est le « fruit d’une longue réflexion ». Elle espère que l’interdiction va inspirer d’autres villes. En lieu et place, ajoute-t-elle, un spectacle multimédia combinant de la musique et des effets lumineux sera offert aux festoyeurs.

Notre direction de l’environnement s’est penchée sur l’impact des fusées. On a réalisé qu’il n’y a rien de bon là-dedans, à part le spectacle. Il y a les gaz dans l’air, les débris dans l’eau, on a constaté que ça perturbe la faune, qu’il y a même ingestion de débris par certaines espèces. On n’a reçu aucune opposition citoyenne au nouveau règlement.

Dominique Laverdure, mairesse suppléante de la ville de Mont-Tremblant

Mesures de la qualité de l’air

Marc J. Olivier, chimiste spécialisé en environnement et en gestion des matières dangereuses, comme les explosifs, à l’Université de Sherbrooke, assistait à un spectacle de l’International des feux Loto-Québec à La Ronde quand il s’est intéressé pour la première fois au phénomène. C’était dans les années 2000. Il a commencé à se poser des questions sur l’impact des bombes pyrotechniques sur les milliers de gens rassemblés sur le pont Jacques-Cartier.

« Moi et ma famille y assistions quand on a vu la fumée se diriger tranquillement vers la foule. J’ai pensé que ça ne devait pas être agréable d’être au milieu de ce nuage. Ma préoccupation première a été un souci de sécurité et de santé », se remémore-t-il.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le pont Jacques Cartier est envahi par la fumée à la suite d’un spectacle de l’International des feux Loto-Québec à La Ronde.

Grâce au réseau de surveillance de la qualité de l’air de Montréal, le chimiste a réussi à extraire des données correspondant aux grands feux d’artifice. Ses résultats ont été publiés. Dans l’axe des vents dominants, il a constaté une contamination de l’air « dépassant jusqu’à 30 fois les normes établies » suivant le jour des feux.

Plus les particules sont petites et plus elles vont entrer dans les voies respiratoires. C’est malheureux, mais aucun politicien ne va sévir parce que les feux d’artifice sont considérés comme une activité exceptionnelle, ponctuelle, réjouissant les gens. N’empêche, il y aurait lieu d’établir un périmètre légal de sécurité pour les voies respiratoires.

Marc J. Olivier, chimiste spécialisé en environnement et en gestion des matières dangereuses à l’Université de Sherbrooke

Exit le plomb

Couronnée d’or à quatre reprises à l’International des feux Loto-Québec et plusieurs fois championne mondiale pour ses spectacles, la société Royal pyrotechnie est un grand fournisseur d’étincelles au Québec. Son président et directeur artistique, Yanick Roy, accompagné de son associé artificier, Éric Fréchette, estiment qu’il y a une ligne à tracer entre les grands feux et les feux à usage domestique.

Le règlement de la Ville de Mont-Tremblant est pour le moins « draconien », ont-ils soutenu lors d’un entretien avec La Presse.

« Les grands feux sont encadrés par des lois fédérales. On ne peut pas importer des feux des États-Unis, ils proviennent de l’Europe ou de l’Asie. Aujourd’hui, ils ne contiennent plus de plomb servant à prolonger les pluies d’étoiles jusqu’au sol. Et chez nous, depuis 2017, on a une division de recherche et développement. On arrive même à éliminer les sels de perchlorate [dérivé du chlore apportant l’oxygène nécessaire à la combustion des fusées], en les remplaçant par des produits azotés. »

À Montréal, aucune interdiction de feux d’artifice n’est à l’étude par la ville-centre. Toutefois, il est nécessaire d’obtenir l’autorisation du Service de sécurité incendie Montréal (SIM) pour tous types de feux. À certains endroits, notamment à Montréal-Nord, le service de police a déjà dû sévir ponctuellement auprès d’individus.

Ailleurs au Québec, la municipalité de Prévost, dans les Laurentides, n’a pas adopté une interdiction claire, mais en février 2023, les élus ont décidé d’annuler des feux d’artifice pour éviter un smog hivernal.

À Dorval, municipalité de l’ouest de l’île de Montréal, le maire Marc Doret explique qu’il y a déjà eu quelques plaintes de résidants. Il n’est pas exclu que la question soit soumise à la division de l’environnement de la Ville.

Spectacle multimédias

Pendant ce temps, la société de spectacles multimédias Laser-Quantum se taille une place auprès des villes, selon Francis Vaillancourt-Martin. Il est concepteur du spectacle soulignant le 350e anniversaire de la municipalité de Terrebonne.

« Ça fait quelques années que nous sommes en contact avec des villes. Nous n’utilisons que de l’électricité, et on arrive avec notre propre mobile. Même sans source de courant, on pourrait arriver à être autonome en fonctionnant avec des batteries. Il y a également un engouement pour les spectacles à partir d’un drone. »

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Gros plan sur les vagues de chaleur

CAPTURE D’ÉCRAN DE LA CARTE DE L’UNIVERSITÉ LAVAL

La chaleur est l’évènement météorologique qui tue le plus de personnes au Canada chaque année. Et avec les changements climatiques, la fréquence et l’intensité de ces vagues accablantes iront en augmentant. Or, tous n’y sont pas exposés également, montre la cartographie interactive lancée mardi par le département de géographie de l’Université Laval. Visite guidée en quelques points chauds.

Publié à 1h33 Mis à jour à 5h00

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Ariane Krol
Ariane Krol La Presse

Plus de 150 régions

CAPTURE D’ÉCRAN DE LA CARTE DE L’UNIVERSITÉ LAVAL

La Société canadienne d’hypothèques et de logement a financé cette carte interactive détaillant 156 régions urbaines, une première au pays.

« Les effets de la chaleur sont largement influencés par la capacité d’une personne à accéder à des ressources, en particulier à un logement convenable », souligne la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), qui a financé cette carte interactive détaillant 156 régions urbaines, une première au pays. L’application en ligne permet d’explorer les villes et leurs quartiers selon six critères distincts, dont l’emplacement des îlots de chaleur, et les zones où des populations vulnérables sont les plus exposées à la chaleur.

Explorez la carte

Le point chaud montréalais

CAPTURE D’ÉCRAN DE LA CARTE DE L’UNIVERSITÉ LAVAL

L’une des options de la carte permet de voir l’effet combiné de deux indices, soit l’exposition (qui tient notamment compte de la végétation, du cadre bâti et de l’imperméabilité du sol) et la vulnérabilité (de la population aux vagues de chaleur).

L’une des options de la carte permet de voir l’effet combiné de deux indices, soit l’exposition (qui tient notamment compte de la végétation, du cadre bâti et de l’imperméabilité du sol) et la vulnérabilité (de la population aux vagues de chaleur). Les personnes « très exposées et très vulnérables sont vraiment les populations sur lesquelles il faudrait avoir un œil », explique la professeure Nathalie Barrette, directrice du certificat en développement durable à la faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l’Université Laval. La teinte brun gratiné, qui représente le degré le plus élevé de cet indice, est très répandue dans la région métropolitaine de Montréal.

Haro sur les îlots

CAPTURE D’ÉCRAN DE LA CARTE DE L’UNIVERSITÉ LAVAL

Durant les vagues de chaleur, les différences moyennes de température entre un milieu urbain et les zones rurales à proximité peuvent dépasser les 10 degrés Celsius, montre la cartographie des îlots de chaleur.

Durant les vagues de chaleur, les différences moyennes de température entre un milieu urbain et les zones rurales à proximité peuvent dépasser les 10 degrés Celsius, montre la cartographie des îlots de chaleur. Une information importante pour les citoyens, mais aussi pour les responsables de la santé publique et de l’urbanisme, ainsi que pour les élus. « Si j’ai un budget pour refaire du verdissement, je vais peut-être prévoir davantage de mesures dans ces zones-là », signale la professeure Barrette.

En région aussi

CAPTURE D’ÉCRAN DE LA CARTE DE L’UNIVERSITÉ LAVAL

« Cela peut paraître surprenant, mais quand vous regardez de près, vous voyez que le centre-ville de municipalités de petites taille, comme Saint-Georges, Victoriaville ou Drummondville, est souvent en très forte vulnérabilité », indique Nathalie Barrette, directrice du certificat en développement durable à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l’Université Laval.

Les grandes villes ne sont pas les seules susceptibles d’être affectées par les vagues de chaleur, souligne Mme Barrette. « Cela peut paraître surprenant, mais quand vous regardez de près, vous voyez que le centre-ville de municipalités de petite taille, comme Saint-Georges, Victoriaville ou Drummondville, est souvent en très forte vulnérabilité. Elles sont en région, mais leur territoire est extrêmement imperméabilisé. » L’indice d’exposition, qui tient compte de multiples données (température et imperméabilité du sol, végétation, cadre bâti, altitude, proximité de l’eau, etc.) peut ainsi être très foncé au cœur des petites villes…

Quand la chaleur tue

CAPTURE D’ÉCRAN DE LA CARTE DE L’UNIVERSITÉ LAVAL

La vague de chaleur qui a frappé la Colombie-Britannique à l’été 2021 a fait 619 morts, dont 117 à Vancouver, 75 à Surrey, et 73 à Burnaby.

La vague de chaleur qui a frappé la Colombie-Britannique à l’été 2021 a fait 619 morts, dont 117 à Vancouver, 75 à Surrey et 73 à Burnaby. Celle qui a touché Laval à l’été 2018 a été jugée responsable de 15 % des décès survenus durant cette période (12 sur 79). Les trois quarts de ces victimes habitaient dans des zones dites de forte vulnérabilité aux vagues de chaleur, comme Pont-Viau, Renaud-Coursol et Laval-des-Rapides. « Les personnes habitant en zone de forte vulnérabilité […] étaient 1,5 fois plus susceptibles de mourir que celles en zone de moindre vulnérabilité », a conclu le rapport d’enquête de la Santé publique de Laval.

Chaud devant

CAPTURE D’ÉCRAN DE LA CARTE DE L’UNIVERSITÉ LAVAL

Les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes au Canada, préviennent les chercheurs du département de géographie de l’Université Laval.

Les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes au Canada, préviennent les chercheurs du département de géographie de l’Université Laval. « Au cours de la période 2051 à 2080, certaines régions observeront plus de 50 jours par année avec un mercure atteignant les 30 degrés Celsius », signalent-ils dans une capsule vidéo. C’est ce que les modèles climatiques projettent pour des villes comme Montréal (53 jours), Toronto, Ottawa, Regina ou Winnipeg. Mais c’est Windsor, en Ontario, qui remporte la palme (ou le palmier ?), avec une projection de 75 jours à plus de 30 degrés annuellement.

Regardez la capsule vidéo du département de géographie de l’Université Laval

Quand les lacs servent de poubelles

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

La mine du lac Bloom, près de Fermont


Maxime Pedneaud-Jobin
Maxime Pedneaud-Jobin Collaboration spéciale

Oui, en 2023, les lacs peuvent encore servir de poubelles.

Mis à jour le 1er mai

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La minière Minerai de fer Québec, propriété de l’australienne Champion Iron, veut doubler la production de la mine du lac Bloom, près de Fermont dans le nord du Québec, et l’exploiter jusqu’en 2040. Pour ce faire, elle doit augmenter considérablement sa capacité d’entreposage de divers résidus.

Grâce à ce projet, près de 1000 travailleurs gagneront leur vie au lac Bloom. C’est l’argument massue de l’entreprise, même si une bonne partie des travailleurs feront du navettage. Les communautés locales, dont le conseil de bande innu de Uashat Mak Mani-utenam, sont favorables au projet. Même les environnementalistes ne s’y opposent pas. Ce qui pose problème, c’est la technique d’entreposage.

En effet, la solution retenue par l’entreprise pour l’entreposage des résidus provoquerait la destruction de huit lacs (dont un de 88 hectares), de petits cours d’eau et de milieux humides, soit au total 235 hectares.

Vous avez bien lu : on creuse une mine et on propose de remplir des lacs avec les résidus qu’elle produit.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La trace de déchets miniers datant de plus de 40 ans est toujours visible près de la ville de Gagnon.

En 2021, dans un rapport très sévère, le Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) s’est opposé à cette utilisation des lacs et des milieux humides comme lieux d’entreposage⁠1. En mars 2022, malgré l’opposition du BAPE, le gouvernement du Québec a autorisé le projet⁠2. Le gouvernement fédéral vient juste de terminer ses propres consultations, la balle est maintenant dans son camp. Il devrait donner, ou pas, son autorisation cet automne.

Le rapport du BAPE souligne trois enjeux auxquels le fédéral devrait s’intéresser.

Premier enjeu

On comprend, dans le rapport du BAPE, que l’entreprise s’est donné des critères tellement stricts pour l’évaluation des solutions de rechange qu’elle ne pouvait que conclure à la nécessité de détruire les lacs et les milieux humides limitrophes au projet. Par exemple, elle excluait des solutions comme l’entreposage en surface à plus de 10 km de la mine, l’utilisation d’une technique appelée « codisposition » ou encore la possibilité d’utiliser des aires déjà occupées par d’autres rejets. La minière aurait écarté ces options « sans justification adéquate », et ce, même si, selon le BAPE, l’échéancier des travaux lui donnerait suffisamment de temps pour qu’elle mène les études additionnelles nécessaires à la révision des solutions de rechange.

Bref, elle n’a pas fait de grands efforts pour trouver une solution de rechange à la destruction des lacs et des zones humides.

Deuxième enjeu

L’entreprise affirme qu’il y aurait encore du minerai exploitable après 2040, qu’il faut donc laisser 100 % de la fosse ouverte pour pouvoir éventuellement y accéder. Cela se tient, sauf que l’entreprise ne prouve ni la première affirmation (que le minerai présent sous la fosse serait exploitable) ni la seconde (qu’il faut laisser 100 % de la fosse ouverte pour le faire). L’enjeu est majeur, car s’il est possible de combler la fosse, même en partie, le problème d’entreposage n’est plus le même. Je reformule donc la position de l’entreprise : nous détruirons huit lacs, « au cas où ».

Troisième enjeu

Je vous amène maintenant au dernier paragraphe du rapport du BAPE : « L’expérience du projet du lac Bloom nous montre qu’il y a lieu d’avoir une approche plus prospective du développement minier afin d’anticiper en amont les problèmes liés au développement d’un bail minier. Dans ce contexte, l’initiateur d’un projet minier devrait fournir une vision à long terme du développement de son bail minier afin de mieux anticiper les divers enjeux écologiques, sociaux et économiques liés à sa stratégie d’exploitation. »

Je reformule : c’est un projet immense et il n’y a pas de planification complète à long terme ! On creuse une mine qui sera exploitée durant des décennies, on cherche des moyens d’entreposer 1,3 milliard de tonnes, oui, 1,3 milliard de tonnes de résidus… sans analyser les conséquences de tout cela à long terme ! Je reformule encore : « Coudonc, est-ce qu’on est encore XIXe siècle ??? »

Tout le projet d’entreposage tel qu’il est présenté par l’entreprise coûte 50 millions de dollars. Vous croyez que c’est beaucoup ? Selon Radio-Canada, les revenus générés grâce à la mine du lac Bloom sont passés de 785 millions de dollars en 2020 à plus de 1,2 milliard en 2021 pour un bénéfice net record de 464 millions cette année-là⁠3. Il me semble qu’il y a de la marge pour respecter l’environnement tout en restant rentable.

La minière propriétaire de la mine du lac Bloom verse, à elle seule, 27,7 % des toutes les redevances des mines du Québec, soit 130,6 millions de dollars. Je me retiens de penser qu’il y a un lien entre ce montant et la complaisance dont le gouvernement du Québec fait preuve.

Bref, le gouvernement fédéral devrait exiger que l’entreprise refasse ses devoirs, elle en a le temps et les moyens.

1. Lisez l’article du Devoir

2. Lisez l’article de Radio-Canada

3. Lisez l’article de Radio-Canada

Le gouvernement du Québec tient actuellement une consultation sur le « développement harmonieux de l’activité minière », sondage en ligne et mémoires. Je vous invite à y participer.

Participez à la consultation

Il ne faut pas attendre d’être inondés

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le premier ministre François Legault s’est rendu mercredi à Baie-Saint-Paul, en compagnie de la députée de Charlevoix–Côte-de-Beaupré, Kariane Bourassa, et du maire de la municipalité, Michaël Pilote.


Vincent Brousseau-Pouliot
Vincent Brousseau-Pouliot La Presse

Les tristes inondations dans Charlevoix ont coûté la vie à deux pompiers, coupé Baie-Saint-Paul en deux et fait plusieurs centaines de sinistrés.

Publié à 1h14 Mis à jour à 5h00

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« Les changements climatiques nous frappent, et on doit réagir et mettre les sommes conséquentes pour sécuriser le Québec », a dit le ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel1.

Cette déclaration confirme qu’il n’y a pas de débat (entre personnes sérieuses) au Québec sur le fait que les changements climatiques causent de plus en plus de catastrophes naturelles. Les phénomènes extrêmes deviendront malheureusement plus nombreux et plus virulents.

C’est pourquoi, en plus de fournir notre part d’efforts pour ralentir les changements climatiques et limiter la hausse de la température à 1,5 oC, il faut préparer nos infrastructures aux dégâts que les changements climatiques pourraient causer.

Le problème, c’est que dans les faits, malgré ses déclarations, le gouvernement Legault n’est pas assez ambitieux en matière de lutte contre les changements climatiques. C’est malheureux.

L’été dernier, les villes du Québec ont demandé aux ingénieurs de la firme WSP et aux scientifiques d’Ouranos de calculer combien il faudra investir pour protéger les infrastructures municipales, souvent les premières à subir les contrecoups des changements climatiques.

On parle de sécuriser nos infrastructures pour prévenir les refoulements d’égout ou les inondations dans le métro parce que l’eau s’est accumulée trop vite. De protéger nos routes, nos usines de traitement d’eau potable, nos bâtiments. De s’assurer que nos rails de transport collectif puissent supporter des températures plus chaudes l’été.

Conclusion de WSP et Ouranos : il faut investir 2 milliards de dollars par année dès maintenant. Seulement pour protéger nos infrastructures municipales contre les effets des changements climatiques.

Le gouvernement Legault a rejeté cette demande de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) l’automne dernier en campagne électorale, puis à nouveau cette semaine.

François Legault donne deux explications, très peu convaincantes : il y a déjà de l’argent disponible dans certains programmes, et le contribuable québécois n’a pas les moyens de payer.

En effet, Québec a réservé 1,4 milliard sur cinq ans – donc 280 millions par an – pour adapter les infrastructures (municipales et provinciales) aux changements climatiques. La moitié de cet argent sera investi dans les infrastructures municipales, et on promet de rajouter de l’argent prochainement (on ne sait pas combien).

Deux cent quatre-vingts millions par an, ce sont des pinottes par rapport à ce qu’il faut investir pour sécuriser nos infrastructures (2 milliards seulement au municipal). Les villes ont peu de marge de manœuvre sur le plan fiscal – à moins de hausser les taxes foncières, un type d’impôt très peu progressif. C’est donc à Québec et Ottawa de couvrir la plus grande partie de ces 2 milliards.

On a le choix.

Ou bien on n’investit presque rien (15 % des besoins), on croise les doigts, et la facture risque d’être colossale à chaque catastrophe.

Ou bien on investit pour de vrai tout de suite, et nos infrastructures pourront mieux répondre aux défis des changements climatiques. Ça limitera les dommages et les impacts pour les Québécois. Et ça coûtera beaucoup moins cher : chaque dollar investi pour adapter nos infrastructures permet d’économiser cinq dollars en coûts directs pour réparer ou remplacer les infrastructures endommagées, selon l’Institut climatique du Canada2.

C’est tout un rapport coût/bénéfice !

Malheureusement, la CAQ a plutôt choisi la première option, entre autres parce que la capacité de payer des contribuables n’est pas « illimitée » selon M. Legault.

Québec vient pourtant d’offrir aux contribuables une baisse d’impôt récurrente de 1,65 milliard par an en 2023-2024. Il y avait de l’argent pour adapter nos infrastructures aux changements climatiques, mais la CAQ a choisi les baisses d’impôt, sa promesse électorale phare.

Qu’on ne vienne pas ensuite nous dire : désolé, il n’y a pas d’argent.

1. Lisez l’article « Inondations à Baie-Saint-Paul : “Le pire serait passé”, dit Bonnardel »

  1. Institut climatique du Canada, « Limiter les dégâts : réduire les coûts des impacts climatiques pour le Canada », septembre 2022, 86 pages

En savoir plus

6,7 milliards
    Investissements annuels totaux pour les infrastructures municipales au Québec (en dollars ajustés à l’inflation), selon nos estimations à partir d’un rapport de 2012 de l’UMQ.

Source : la presse (à partir des chiffres d’un rapport de l’Union des municipalités du québec)

69 %
    Les villes paient en moyenne 69 % de la facture, Québec 17 % et Ottawa 14 %.

Source : la presse (à partir des chiffres d’un rapport de l’Union des municipalités du québec)

2 milliards
    Les villes estiment qu’il faudrait ajouter à ces investissements réguliers 2 milliards par an uniquement pour sécuriser nos infrastructures en raison des changements climatiques.

Source : la presse (à partir des chiffres d’un rapport de l’Union des municipalités du québec)
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11,5 millions de plants d’arbres jetés aux poubelles au Québec

Cet amoncellement de plants d’arbres rejetés par le gouvernement sera transformé en compost.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

Priscilla Plamondon Lalancette (accéder à la page de l’auteur)

Priscilla Plamondon Lalancette

Priscilla Plamondon Lalancette

Publié à 5 h 03

Alors que les efforts de reboisement sont au cœur de la lutte aux changements climatiques à travers le monde, plus de 11,5 millions de plants d’arbres destinés aux forêts québécoises ont été détruits l’an dernier. Ironiquement, ce sont les conditions météo extrêmes qui ont forcé les pépinières à jeter ces plants qui ne répondaient pas aux critères du gouvernement.

Les pertes considérables, d’une valeur de 3,6 millions de dollars, représentent près de 9 % des arbres qui devaient être plantés dans la province.

Comme les plants sont produits à l’extérieur, ils sont soumis aux aléas météorologiques de plus en plus fréquents dans un contexte de changements climatiques, explique par courriel le ministère des Ressources naturelles et des Forêts. Des gels hâtifs à l’automne, un manque de neige, un épisode de redoux pendant l’hiver ou des gels tardifs au printemps peuvent être à l’origine de dégâts importants et significatifs sur les plants, ajoute-t-il.

Le ministère indique que la destruction de 83 % des arbres en 2022 était liée à des événements climatiques extrêmes.

Le président des producteurs de plants forestiers du Québec, Stéphane Boucher, confirme que depuis 10 ans, la météo donne de plus en plus de maux de tête aux pépiniéristes et aux entreprises sylvicoles. Il y a des reboiseurs qui n’ont pas eu leurs plants. Il y a des sites qui n’ont pas été reboisés, se désole-t-il.

L’entreprise de Stéphane Boucher produit des plants qui servent à reboiser les forêts québécoises et à lutter contre les changements climatiques.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

Sa pépinière située à Saint-Ambroise, au Saguenay, a été la deuxième plus affectée par les pertes au Québec avec 2 millions de plants sacrifiés.

Les dommages les plus importants sont survenus en Abitibi où les Serres coopératives de Guyenne ont dû supprimer 8 millions d’arbres.

Au total, 14 fois plus de plants ont été détruits qu’en 2021 dans la province.

C’est quand même assez spectaculaire l’augmentation qu’on voit de perte de plants forestiers produits par nos pépiniéristes. Ça nous interpelle par rapport à l’adaptation aux changements climatiques qui doit se faire, a réagi le professeur en Éco-Conseil de l’UQAC, Jean-François Boucher, qui s’intéresse au rôle du boisement et du reboisement dans la lutte au réchauffement de la planète.

Du gaspillage?

Selon le ministère des Ressources naturelles et des Forêts, lorsque les plants ne présentent plus la qualité suffisante pour garantir leur survie et leur reprise sur le site de plantation, ils ne peuvent pas être utilisés.

Les producteurs estiment toutefois qu’une bonne quantité d’arbres étaient viables. Le ministère ramasse seulement les plants qui n’ont aucun défaut, déplore leur président, Stéphane Boucher.

Sur le terrain de la Pépinière Boucher, des montagnes d’arbres que le ministère a forcé l’entreprise familiale à jeter sont bien visibles. C’est sûr que ça fait mal au cœur, dit-il.

Des arbres en santé finissent leur vie dans ces piles de déchets végétaux parce qu’ils sont jugés trop petits. Même chose pour les plants qui ont développé deux têtes à la suite d’un gel où dont les racines ne sont pas suffisamment compactes. Poubelles !, s’exclame Stéphane Boucher. En fait, il les composte pour faire de l’engrais.

Devant l’urgence climatique, producteurs et experts croient que bien des arbres gaspillés auraient pu être plantés en forêt pour séquestrer du carbone, d’autant que les cibles de reboisement sont encore loin d’être atteintes.

Le professeur Jean-François Boucher invite d’ailleurs Québec à rectifier le tir, considérant que plusieurs des critères de qualité des plants ne seraient pas appuyés par la science. Il faut qu’ils soient de telle hauteur, de tel diamètre, de telle masse racinaire et que les racines aient telle forme, illustre-t-il. Il y a un paquet de critères qui sont imposés aux pépiniéristes. Et dans l’idée d’être agile par rapport aux changements climatiques, je pense qu’on devra être plus souple, conclut M. Boucher.

S’adapter aux changements climatiques

Depuis trois générations, la Pépinière Boucher produit des plants destinés aux programmes de reboisement des forêts québécoises au Saguenay. Les technologies ont beaucoup évolué depuis 1985. La germination de plants en multicellules est maintenant effectuée en serre pour mieux contrôler les conditions nécessaires à la croissance des arbres.

75% de la production forestière est composée d’épinettes noires qui sont prisées par l’industrie.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon-Lalancette

Les plants ensemencés à l’intérieur alternent entre les serres et le grand air pour prendre de la vigueur. Pour limiter les risques de pertes dues aux conditions hivernales et au manque de couvert de neige qui protégeait auparavant les plants, la pépinière est devenue la première à prendre le virage progressif de la congélation, au Québec, il y a trois ans.

La congélation des plants permet d’éviter les intempéries hivernales et donc de limiter les pertes.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon-Lalancette

Actuellement, 400 000 petits conifères sont en dormance dans un entrepôt frigorifique, à l’abri des intempéries. L’automne dernier, ils ont été emballés dans un sac de plastique pour conserver leur humidité, puis placés dans une boîte de carton, avant d’être congelés. Il ne reste plus qu’à les expédier sur le terrain où ils seront plantés.

Dans l’entrepôt, ces boîtes contiennent chacune 90 arbres congelés, prêts à être plantés.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon-Lalancette

Cette technique est utilisée en Suède, en Norvège et en Colombie-Britannique.

Priscilla Plamondon Lalancette (accéder à la page de l’auteur)

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L’architecture résiliente Une maison à l’épreuve des changements climatiques

PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Le verglas a chassé des milliers de Québécois de leur chez-soi pendant quelques jours, ce printemps. Ce nouvel épisode de météo violente devrait nous inciter à construire des maisons dotées d’une « enveloppe résiliente », affirment des experts.

Mis à jour hier à 12h00

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André Laroche Collaboration spéciale

De son propre aveu, Stéphanie Robillard-Sarganis a vécu « l’enfer » lorsque le verglas a provoqué une panne d’électricité de deux jours et demi dans son quartier de Saint-Eustache, au début d’avril. En quelques heures seulement, la température dans sa maison construite en 1975 a plongé sous les 10 °C.

« Nous avons dû dormir sous un tas de couvertures, avec notre tuque sur la tête », se remémore cette éducatrice spécialisée, mère de deux enfants d’âge primaire. « Nous aurions bien voulu aller nous réfugier ailleurs, mais nous avions contracté une gastro en famille. Nous n’avions pas d’eau chaude et la nourriture du frigo était dans la neige. »

Ce cas n’est pas unique. Au matin du 6 avril, près de 1,1 million de Québécois étaient privés d’électricité, ce qui a notamment incité la Ville de Montréal à ouvrir huit refuges d’urgence. Ce scénario risque de survenir plus souvent dans les prochaines années en raison des changements climatiques.

En effet, selon Hydro-Québec, ces bouleversements mettront son réseau à rude épreuve avec la végétation croissante, les incendies de forêt, les espèces envahissantes et les précipitations extrêmes. Ces perturbations provoqueront aussi des vagues de chaleur de plus en plus intenses, selon Ouranos.

Sans chauffage ni climatisation

En effet, Dame Météo ne frappe pas seulement en hiver. Presque chaque été, le mercure bat des records et fait des victimes. « À Montréal, la vague de chaleur de 2018 a causé la mort de 65 personnes », rappelle Dominique Thomas, chercheuse en génie civil à l’Université de Sherbrooke (UdeS).

Bref, en cas de panne de courant, nos maisons se transforment trop souvent en glacières en hiver et en fours en été.

C’est pourquoi, plaident les spécialistes, il devient impérieux de construire des maisons et des immeubles « résilients », capables de rester habitables pendant les canicules ou les froids hivernaux, sans chauffage ni climatisation.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Emmanuel Cosgrove, d’Écohabitation

La clé se trouve dans la qualité de l’isolation et dans l’étanchéité impeccable de la maison, explique Emmanuel Cosgrove, d’Écohabitation, un organisme voué à la promotion de la construction durable.

« La température dans une maison sans fuites d’air, dotée d’un vitrage triple et de murs épais avec une cote d’isolation de R49 ne variera que de 2 °C en trois jours lors d’une panne de chauffage ou de climatisation, affirme-t-il, études à l’appui. L’ensoleillement et la chaleur dégagée par les occupants permettront de récupérer les degrés perdus durant une nuit d’hiver. »

Pour illustrer son propos, M. Cosgrove fait l’analogie entre une bouteille thermos et une cafetière filtre. « Le thermos va conserver le café chaud longtemps. La cafetière filtre doit continuellement rester allumée parce que la chaleur s’échappe par la vitre de la carafe », explique-t-il.

Une question d’argent

Cette efficacité accrue augmente les coûts de construction, reconnaît Emmanuel Cosgrove. « Mais cet argent sera vite récupéré en coûts d’exploitation », ajoute-t-il. Écohabitation dispose d’ailleurs d’un catalogue de maisons en kit, dites « passives », dont les coûts de chauffage se réduisent à environ 1000 $ par année.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Écohabitation propose des maisons en « kit », comme celle-ci, qui appartient à Emmanuel Cosgrove.

Les consommateurs ne sont cependant pas prêts à payer pour cette qualité, se désole l’entrepreneur montréalais Simon Gareau, de la firme Devauban, spécialisée dans la construction de plex à faible consommation d’énergie. « Quand je parle d’un projet certifié LEED, tout le monde part en courant. Les gens ont besoin de voir. Ils préfèrent mettre leur argent sur de plus beaux comptoirs plutôt que dans ce qu’il y a dans les murs », souligne-t-il.

Les règles de financement hypothécaire jouent contre la construction de qualité supérieure, a constaté pour sa part Patrick Ranger, directeur général de la firme Belvedair.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Patrick Ranger, directeur général et cofondateur de Belvedair

Une isolation supérieure n’est pas prise en compte dans la grille d’évaluation d’une maison ; le surcoût n’est donc pas financé par les banques. Si ça coûte 50 000 $ de plus, les acheteurs doivent sortir cet argent-là de leurs poches dès l’achat.

Patrick Ranger, directeur général de la firme Belvedair

Pour rendre la facture plus digeste, les architectes de Belvedair ont cherché où mettre l’argent « là où ça compte », dit Patrick Ranger. Leur solution : une fenestration thermos triple et une isolation des murs réduite à R33 — tout de même 35 % supérieure à la norme Novoclimat.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Il est plus rentable de mettre son argent sur des fenêtres de qualité.

« La perte de chaleur, sur une maison typique, provient à 60 % des fenêtres et à 12 % des murs. Un vitrage thermos triple diminue, à lui seul, cette perte à 40 %. À dollar égal, il est donc plus rentable de mettre l’argent sur des fenêtres de qualité », explique M. Ranger.

Stéphanie Robillard-Sarganis aimerait bien posséder une telle maison, dit-elle, « mais ce ne sera pas possible avec [son] salaire d’éducatrice ».

PHOTO FOURNIE PAR RETROFIT CANADA

L’opération « Deep Energy Retrofit » consiste à ajouter une seconde enveloppe isolante à l’extérieur ou à l’intérieur de la maison.

Colmater les failles

Comment alors peut-on améliorer la résilience d’un bungalow des années 1970, par exemple, dont les murs extérieurs étaient construits à l’époque en simples colombages de 2 x 4 ? Plusieurs experts prônent une opération appelée en anglais « Deep Energy Retrofit » qui consiste, en gros, à ajouter une seconde enveloppe isolante à l’extérieur ou à l’intérieur de la maison. Selon l’organisme Retrofit Canada, située à Edmonton, une telle opération peut augmenter de 70 % l’efficacité énergétique d’une maison et réduire ses émissions de CO2 de jusqu’à 400 tonnes par année.

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« Dans un monde idéal, c’est la meilleure des solutions, affirme Dominique Derome, de l’UdeS. Mais, de manière réaliste, peu de propriétaires peuvent investir autant d’argent pour refaire leur revêtement extérieur ou pour réduire leurs pièces intérieures. »

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Selon cette ingénieure, un premier gain d’efficacité peut être rapidement obtenu par une meilleure isolation du toit, par des fenêtres de qualité, mais surtout par une chasse aux fuites. « Les bâtiments datant d’avant 1990 ne sont pas très étanches. On peut trouver facilement les failles par un test d’étanchéité. En colmatant les trous autour des fenêtres et des murs, on obtient un meilleur confort immédiatement. »

Isabelle Thomas, directrice du groupe de recherche AriAction, suggère pour sa part que Québec instaure un programme à l’intention des propriétaires désireux d’améliorer la résilience de leur maison, notamment pour éviter l’« écogentrification ». « C’est évident qu’il faut les accompagner, par une aide technique et financière, dans ce processus », affirme la professeure de l’Université de Montréal.

Du logement social… et résilient

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Plusieurs projets de logement social intègrent les notions d’enveloppe résiliente, affirme Emmanuel Cosgrove, de l’organisme Écohabitation. « C’est une bonne chose puisque c’est l’État qui paie le chauffage », dit-il.

L’enveloppe résiliente dans les logements sociaux permet aussi aux personnes les plus fragiles d’éviter les refuges surpeuplés en cas de panne de courant, hiver comme été, souligne Daniel Pearl, architecte montréalais derrière le projet de la Place Griffintown.

Cet immeuble, dont la construction est prévue d’ici deux ans, intégrera les notions les plus innovantes de l’enveloppe résiliente : isolation supérieure, ventilation naturelle, végétation extérieure, absence de ponts thermiques, etc. « Mon objectif est que la température se maintienne entre 15 et 30 °C dans les logements pendant 72 heures, sans électricité », résume M. Pearl.

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L’actualité verte de la semaine

PHOTO FOURNIE PAR LAVAL TECHNOPOLE

Vue de Laval

Quelques milligrammes de l’actualité environnementale.

Publié à 1h14 Mis à jour à 7h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

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Quelle quantité de gaz à effet de serre le chauffage au mazout à Laval génère-t-il ?

La Ville de Laval évalue à 42 614 tonnes de gaz à effet de serre les émissions des quelque 13 000 systèmes au mazout sur son territoire, ce qui correspond aux émissions annuelles moyennes de 12 175 voitures.

Le mazout et les surfaces asphaltées taxés à Laval

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Centre commercial à Laval

La Ville de Laval taxera les systèmes de chauffage au mazout, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments. D’abord de 50 $ par année, la taxe passera à 100 $ en 2024. Les systèmes biénergie fonctionnant partiellement au mazout seront assujettis à une taxe de 50 $ dès 2024. La mesure survient après que la subvention pour le remplacement de ces systèmes est passée de 1000 $ à 2000 $, cette année. Laval taxera aussi les surfaces asphaltées de 129 terrains commerciaux ou industriels du centre-ville pour les inciter à végétaliser leurs aménagements.

Vers une norme canadienne sur les « lingettes jetables dans les toilettes »

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Lingettes jetables de Cottonelle

L’Association canadienne des eaux potables et usées (ACEPU) prévoit adopter une norme nationale sur les « lingettes jetables dans les toilettes », pour contrer leurs « impacts négatifs ». En l’absence d’encadrement, des produits causent des défaillances d’équipement coûtant annuellement 250 millions de dollars aux municipalités canadiennes, selon une étude de l’Université de Toronto, rappelle l’organisation. L’ACEPU compte reprendre les lignes directrices du Groupe international des services d’évacuation des eaux, qui prévoit notamment les exigences de désintégration et l’obligation pour un produit qui ne les atteint pas de porter la mention « ne pas jeter aux toilettes ».

Lisez l’article « Lingettes jetables dans les toilettes : un fléau coûteux pour les municipalités »

Montréal accueille son deuxième Sommet Climat

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Vue de Montréal

Le deuxième Sommet Climat Montréal se tiendra mardi et mercredi au Grand Quai du Port de Montréal. L’évènement présentera notamment des conférences sur la transition énergétique en entreprise, la transition juste pour les travailleurs, la décarbonation des bâtiments, ou encore la transformation des grandes aires de stationnement, afin de « dégager des pistes d’actions concrètes, réalistes et rapides à la hauteur des défis climatiques de la métropole ». Des annonces et des engagements « pour accélérer l’action climatique et renforcer la résilience de Montréal sans tarder » sont aussi attendus, promettent les organisateurs.

New York interdit le gaz dans les nouveaux bâtiments

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Cuisinière au gaz

L’État de New York a adopté la semaine dernière une interdiction complète des cuisinières et chauffages au gaz et à d’autres énergies fossiles dans tous les nouveaux bâtiments, une première aux États-Unis. La mesure devrait s’appliquer d’ici 2026 dans les petits bâtiments d’habitation et de bureaux de moins de sept étages, et d’ici 2029 pour les plus hautes tours. Deux récentes études scientifiques, qui ont fait débat, ont montré du doigt la cuisson au gaz comme responsable de plus de 12 % des cas d’asthme infantile aux États-Unis et dans l’Union européenne.

Agence France-Presse

Planète bleue, idées vertes La deuxième vie du glamping

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Hugues Sansregret, responsable du développement durable à la SEPAQ, avec le nouveau porte-bûches.

(Sherbrooke) Les campeurs qui séjournent au Camping des Voltigeurs, à Drummondville, transporteront bientôt leurs bûches dans un sac aux couleurs étrangement familières. Et pour cause : ils seront fabriqués avec la toile beige des tentes Huttopia en fin de parcours, résultat d’une entente d’économie circulaire entre la SEPAQ et l’entreprise d’insertion estrienne Récupex.

Publié à 1h14 Mis à jour à 8h00

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Ariane Krol
Ariane Krol La Presse


Martin Chamberland
Martin Chamberland La Presse

Logé en pleine zone industrielle à Sherbrooke, l’entrepôt de Récupex est un véritable carrefour des textiles en quête d’une nouvelle vie.

L’organisme à but non lucratif, qui gère une centaine de cloches de dons en Estrie, est le plus gros récupérateur de vêtements de la région. Il reçoit environ 4 millions de livres de vêtements par an.

Au triage, les plus belles pièces sont conservées pour la coquette friperie t.a.f.i. et cie, située rue Wellington Nord, au centre-ville. Le reste est transféré à l’organisme d’économie sociale Renaissance – sauf les manteaux de cuir et de fourrure. Ceux-là sont mis de côté pour servir de matière première aux sacs, mitaines, étuis et autres coussins fabriqués au deuxième étage, dans l’atelier de couture. Ces créations soignées, confectionnées par des participants au programme Expérience en entreprise d’insertion, de Services Québec, sont également vendues chez t.a.f.i.

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Revendre ces manteaux de cuir et de fourrure tels quels dans la friperie rapporterait sans doute plus d’argent, reconnaît le directeur général, Danny Roy.

« Mais on est une entreprise d’insertion : notre objectif est de permettre à des gens de vivre une expérience de travail pour s’intégrer au marché de l’emploi », explique-t-il.

Les participantes (en majorité des femmes) suivent une formation pratique de six mois, à raison de 35 heures par semaine rémunérées par Services Québec. Plusieurs participantes étant immigrantes ou réfugiées, des cours de francisation sont aussi offerts sur place.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Danny Roy, directeur général de Récupex.

On travaille beaucoup sur le savoir-faire, mais aussi sur le savoir-être, la culture du marché de l’emploi, les bonnes habitudes et la communication au travail.

Danny Roy, directeur général de Récupex

Cette mission, et l’importante capacité d’entreposage de Récupex, a convaincu le responsable du développement durable de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ).

« Dans les cinq prochaines années, on aura environ 500 tentes Huttopia à renouveler », souligne Hugues Sansregret. Ces tentes utilisées pour le prêt-à-camper, une tendance parfois appelée « glamping », doivent être remplacées lorsqu’elles sont trouées ou abîmées, environ tous les cinq ans. Le Parc national du Bic a été le premier à soulever le problème : que faire pour ne pas jeter toute cette toile ?

« On a fait une consultation interne des employées », raconte M. Sansregret. La SEPAQ ayant plusieurs modèles de barbecue, l’idée d’une housse pour ces appareils a dû être écartée. « Mais quand le porte-bûches est sorti à la réunion des responsables de maintenance, tout le monde a dit oui ! »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Asia Wali, participante au programme d’insertion en entreprise chez Récupex, coud un porte-bûches dans de la toile de tente Huttopia.

Ces sacs de transport ouverts sur les côtés sont constitués d’un simple panneau de textile muni de ganses. La SEPAQ en achète jusqu’à 2000 par an, aux plus bas soumissionnaires retenus par Québec. Mais pour ce nouveau projet, c’est plutôt un service de couture dont elle avait besoin. Ses recherches l’ont amenée chez Récupex.

Après quelques mois à tester des prototypes et des processus de fabrication, l’entreprise a installé un tout nouveau poste de travail au cœur de son entrepôt, avec une table de coupe pour les toiles, une station pour les ganses et deux machines à coudre.

Ça nous permet de diversifier notre offre de formation en couture. Être capable de faire de la répétition et d’aller chercher une certaine rapidité de production, c’est vraiment un plus pour nos participants. Et avec une première entente de trois ans, c’est un projet qui donne une perspective à moyen terme.

Danny Roy, directeur général de Récupex

Chaque porte-bûches doit pouvoir soutenir le poids de 0,7 pied cube de bûches. La toile mate, moins robuste, doit être doublée, ce qui permet de fabriquer 60 porte-bûches par tente, contre 120 avec les tentes au fini lustré. Environ 70 % des toiles est ainsi récupérée. Et c’est sans compter les attaches de métal et la toile des séparateurs intérieurs des tentes, jamais exposée aux intempéries, qui pourraient servir à fabriquer d’autres articles, comme des sacs.

Ce porte-bûches coûte 7 $ à la SEPAQ, soit environ 2,50 $ de plus que le modèle actuellement acheté aux fournisseurs ayant soumissionné aux plus bas prix.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Un des porte-bûches actuellement utilisés dans les SEPAQ, qui seront progressivement remplacés par ceux fabriqués à partir de toile de tente récupérée.

« Il nous coûte plus cher, mais c’est du bonbon à nos yeux parce qu’on réinjecte l’argent dans l’économie circulaire. On crée des occasions d’emploi et l’argent reste chez nous. Le bénéfice est beaucoup plus grand », fait valoir M. Sansregret.

Et sans ce projet, la SEPAQ aurait dû payer pour se débarrasser de ses 500 tentes. « C’est l’équivalent de six hectares de toile : il y a un coût environnemental et un coût de gestion à cela ! Ça n’a donc pas été très difficile à vendre chez nous. »

Les 800 premiers porte-bûches qui sortiront de chez Récupex d’ici la fin mai iront au Camping des Voltigeurs. Les prochains seront répartis entre les parcs nationaux de Frontenac et de Mont-Mégantic durant l’été. Les autres seront ensuite distribués progressivement dans le reste du réseau de la SEPAQ.

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Changements climatiques Les émissions de GES de Montréal en hausse

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Pour les transports, la hausse des émissions de gaz à effet de serre était de 18 % en 2019 par rapport à 1990, à Montréal.

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’île de Montréal ont poursuivi leur hausse en 2019, montrent les plus récents inventaires de la métropole, au moment où s’ouvre le deuxième Sommet Climat Montréal.

Publié à 1h05 Mis à jour à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Ce qu’il faut savoir

Les émissions de GES de l’île de Montréal augmentent depuis 2016, à l’exception de l’année pandémique de 2020.

La métropole s’éloigne ainsi de son objectif de réduction de 55 % d’ici 2030.

Des annonces « pour accélérer l’action climatique » sont attendues au Sommet Climat Montréal, qui se tient ce mardi et mercredi.

L’agglomération de Montréal, composée des 15 villes de l’île, a ainsi généré 12 108 kilotonnes (12,1 millions de tonnes) de GES en 2019, une augmentation de 3 % par rapport à l’année précédente.

Les émissions ont ensuite diminué à 10 120 kilotonnes en 2020, première année de la pandémie de COVID-19, qui est toutefois « considérée comme non représentative des effets des efforts de réduction » en raison du ralentissement économique et des confinements, indique le rapport des deux inventaires dévoilés simultanément.

Le document, qui a été publié récemment sans tambour ni trompette, est daté du 17 avril 2023.

Baisses effacées

En augmentant ses émissions de 2016 à 2019, l’agglomération de Montréal a ainsi effacé à un rythme soutenu ses baisses précédentes.

En 2016, la baisse des émissions de la métropole atteignait 28 % par rapport à leur niveau de 1990, mais en 2019, cette diminution n’était plus que de 20 %.

La cible de réduction de Montréal est de 55 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990.

« Le défi est grand », résume le titulaire de la Chaire de recherche sur la décarbonisation à l’Université du Québec à Montréal, Mark Purdon. « Il y a beaucoup de chemin à faire. »

Il montre notamment du doigt les transports, dont la hausse des émissions était de 18 % en 2019 par rapport à 1990.

« C’est un défi parce qu’il n’y a pas juste la Ville de Montréal qui contrôle les émissions dans ce secteur-là », relève-t-il, évoquant les municipalités environnantes, mais aussi les autres ordres de gouvernement.

Et il ne suffit pas d’ajouter du transport en commun, il faut aussi densifier les villes pour réduire les besoins en transport, mais « ce n’est pas quelque chose qu’on peut facilement faire d’ici 2030 », prévient-il.

Sans réaménagement du territoire, [le transport en commun] ne va pas entraîner une rapide diminution des émissions de GES.

Mark Purdon, titulaire de la Chaire de recherche sur la décarbonisation de l’UQAM

Les émissions provenant des sources fixes, qui représentent l’autre grand secteur d’émissions avec les transports à Montréal, ont quant à elles diminué de 37 % en 2019 par rapport à 1990, mais elles augmentent légèrement depuis 2016.

« L’espoir dans le secteur des sources fixes, ce sont les thermopompes », qui sont encore peu utilisées au Québec, estime M. Purdon.

Solutions connues

L’effort de réduction « qui était déjà énorme [est maintenant] encore plus grand », reconnaît Sidney Ribaux, directeur du bureau de la transition écologique et de la résilience de la Ville de Montréal.

Le plan climatique de la métropole, adopté en 2020, a été préparé avec les données de 2015, indique-t-il. « C’est clair que le point de départ est plus élevé [maintenant]. »

Lisez « 46 actions pour faire face au changement climatique »

Dans les secteurs des transports et des sources d’émissions fixes, « ça va être extrêmement difficile d’atteindre les cibles, mais on connaît les solutions et on va être capables de les mettre en œuvre », soutient Sidney Ribaux.

La situation sera plus compliquée dans d’autres secteurs, comme celui de l’industrie, dit-il. « C’est là qu’on va avoir besoin d’innovation tant technique que réglementaire. »

Un plan à bonifier

Avec seulement le tiers de la cible de réduction atteinte et des émissions en hausse, il faut que les mesures à venir « soient musclées, rapides et structurantes », notamment dans le secteur des transports, prévient Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques chez Équiterre.

Notre parc automobile augmente trois fois plus vite que la population. Au Québec, nos véhicules sont plus gros, sont plus nombreux et parcourent de plus grandes distances, donc tous les gains qu’on fait en efficacité énergétique et en électrification sont annulés.

Andréanne Brazeau, analyste chez Équiterre

Le plan climatique de la Ville devra être grandement bonifié, estime Patrick Bonin, responsable de la campagne climat-énergie chez Greenpeace Canada.

« Si on a un acteur parmi les plus déterminés qui n’est pas en voie d’atteindre son objectif, ce ne sont pas les gouvernements provincial et fédéral, dont le leadership climatique est encore plus questionnable, qui vont nous rassurer », dit-il.

D’autant plus que les émissions de 2021 promettent de repartir à la hausse, comme en témoigne l’inventaire fédéral de 2021, publié en avril, qui affichait une augmentation de 1,8 % à l’échelle du pays.

Lisez « Les émissions du Canada repartent à la hausse »

« C’est sûr que ça va augmenter, la question, c’est à quel point », indique Sidney Ribaux.

De nouvelles mesures de lutte contre les changements climatiques doivent d’ailleurs être annoncées au Sommet Climat Montréal, qui se tient ce mardi et mercredi au Grand Quai du Port de Montréal.

Des données vieilles de plus de deux ans

L’inventaire des émissions de gaz à effet de serre de l’agglomération de Montréal présente des données vieilles de plus de 27 mois. Ce délai, qui est attribuable à « la complexité et aux choix de sources de données », sera réduit à 18 mois en raison d’une « restructuration importante » du processus d’inventaire et de la méthodologie de calcul, indique la Ville. L’inventaire des émissions de 2021 devrait donc être publié durant l’été. Au fédéral, les inventaires sont publiés avec un délai d’une quinzaine de mois : celui de 2021 a été publié en avril. Au Québec, le délai est de près de 24 mois : l’inventaire de 2021 sera publié en décembre prochain.

En savoir plus

  • 13,5 %
    Proportion des émissions de gaz à effet de serre du Québec provenant de l’île de Montréal

sources : Ville de Montréal et ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec

Congrès de l’Acfas Planter des arbres, mais lesquels ?

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Les arbres stockent du carbone et permettent de rafraîchir tout un quartier s’ils sont en nombre suffisant.

La Ville de Montréal veut planter 500 000 arbres d’ici 2030. Or, planter des arbres, c’est bien, mais planter les bonnes espèces aux bons endroits, c’est encore mieux. Telle est la devise d’une étude québécoise qui permettrait d’améliorer considérablement la diversité de la forêt urbaine de la métropole afin de faire face plus efficacement aux changements climatiques.

Mis à jour hier à 19h12

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Survivre aux changements climatiques

C’est en quelque sorte un secret de polichinelle : les arbres stockent du carbone et permettent de rafraîchir tout un quartier s’ils sont en nombre suffisant. Mais encore faut-il qu’ils puissent survivre aux aléas changeants d’un climat en profonde transformation. Pour y arriver, la clé, c’est d’améliorer l’indice de diversité fonctionnelle de la forêt urbaine à Montréal. C’est justement l’objet d’un rapport préparé par des chercheurs québécois, qui a été présenté mardi au congrès de l’Acfas. L’objectif était de répondre à trois questions préalables avant de commencer un programme de plantation d’arbres : où est-il possible de planter des arbres, où faudrait-il planter en priorité et quelles espèces d’arbres faudrait-il privilégier ?

Il fera de plus en plus chaud à Montréal

Rappelons que la Ville de Montréal s’est donné comme objectif de planter 500 000 arbres sur son territoire d’ici 2030, entre autres dans les quartiers qui sont les plus vulnérables aux vagues de chaleur. Montréal en aura bien besoin, selon le consortium québécois Ouranos, spécialisé dans l’étude des changements climatiques. Les températures moyennes dans les principaux quartiers montréalais augmenteront de 3 à 6 degrés Celsius d’ici la fin du siècle, selon les modélisations d’Ouranos. Mais planter des arbres ne sera pas suffisant, il faut également s’assurer de planter les bonnes espèces aux bons endroits. L’étude produite par la firme Habitat pour la Fondation David-Suzuki présente un scénario de plantation « optimisé » qui tient notamment compte de la vulnérabilité à cinq aléas climatiques : les vagues de chaleur, les sécheresses, les pluies abondantes, les crues et les tempêtes.

Améliorer la diversité

La firme Habitat, fondée par les chercheurs Jérôme Dupras, Christian Messier et Andrew Gonzalez, a pu établir l’indice de diversité fonctionnelle de la forêt urbaine à Montréal. Celui-ci affiche actuellement une note de 3,7 sur une possibilité de neuf points. Selon le rapport, la diversité fonctionnelle des arbres se base sur leurs caractéristiques biologiques et « leur capacité à répondre à différents facteurs de stress connus, comme la sécheresse, la compaction du sol ou les inondations ». « Par exemple, les érables sont résistants aux pluies et aux crues, mais vulnérables aux épisodes de sécheresses et de vents violents, tandis que les chênes ont une plus grande tolérance aux sécheresses », indique le rapport. Selon les chercheurs, l’indice de diversité de la forêt montréalaise pourrait grimper à 8,2 points en plantant des espèces d’arbres « avec des caractéristiques biologiques et des vulnérabilités complémentaires ».

INFOGRAPHIE FOURNIE PAR HABITAT

Les cinq familles d’arbres qui permettaient d’améliorer la diversité du couvert forestier à Montréal.

Une occasion de faire mieux

L’étude présente cinq familles d’espèces d’arbres, qui possèdent des caractéristiques différentes, a expliqué à La Presse Sylvia Wood, directrice de la recherche et du développement à la firme Habitat. « L’important est d’avoir une meilleure biodiversité dans la forêt urbaine, explique-t-elle. Souvent, on a planté la même espèce d’arbre dans une rue. Dans certains secteurs, il n’y a que des érables alors qu’il n’y a que des tilleuls dans d’autres secteurs. Les espèces ne sont pas réparties de manière équitable, mais on doit avoir une plus grande variété dans chaque secteur. » Selon Sylvia Wood, l’agrile du frêne qui a durement touché la canopée montréalaise représente une rare occasion d’améliorer la diversité du couvert forestier urbain.

Les dangers du statu quo

Dans l’éventualité où l’on procéderait à la plantation de 500 000 arbres en respectant les mêmes proportions d’espèces que l’on trouve actuellement à Montréal, l’indice de diversité fonctionnelle ferait quasiment du surplace, passant de 3,7 à 3,9 points sur une échelle de neuf points. « La diversité fonctionnelle constitue l’indicateur le plus pertinent à considérer lorsqu’on souhaite planter de nouveaux arbres urbains et assurer la durabilité de ce couvert à long terme », signale le rapport, qui a été dévoilé officiellement en novembre dernier. « Il faut choisir rapidement les bonnes espèces [à planter] pour faire face aux changements climatiques », ajoute Silvia Wood, considérant qu’elles n’atteignent pas toutes leur taille adulte à la même vitesse.

Planter dans les quartiers moins favorisés

Dans un « scénario d’équité et de résilience climatique », c’est dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles où il faudrait planter le plus d’arbres, soit tout près de 84 000 d’ici 2030. Selon l’étude d’Habitat, c’est l’arrondissement de Saint-Léonard qui bénéficierait cependant de la plus forte hausse de sa canopée, à 7,1 % suivi de Montréal-Nord (6,6 %) et de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension (6,3 %). Un scénario qui permettrait de combler en partie une iniquité constatée dans plusieurs études scientifiques : il y a généralement moins d’arbres dans les quartiers les moins favorisés dans les grandes villes.

IMAGE TIRÉE DU RAPPORT DE LA FIRME HABITAT

L’indice de canopée varie grandement selon les arrondissements à Montréal.

Consultez le rapport de la firme Habitat

En savoir plus

  • 24,3 %
    L’indice de canopée à Montréal est présentement de 24,3 %. Celui-ci pourrait passer à 27,8 % selon le scénario présenté par la firme Habitat.

Source : ville de Montréal et habitat

758 162
Il serait théoriquement possible de planter 758 162 nouveaux arbres à Montréal, soit 398 090 en territoire public et 360 072 sur des terrains privés. La Ville de Montréal estime cependant pouvoir en planter 500 000 afin de tenir compte de la présence d’infrastructures souterraines et de surface.

Source : rapport de la firme Habitat

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Filière des batteries Le géant Livent accroît son empreinte au Québec

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB D’ALLKEM

Le gisement qui sera exploité par Allkem est situé à une centaine de kilomètres à l’est de la Baie-James et de la communauté crie d’Eastmain.

La multinationale américaine Livent accroît sa présence dans la filière québécoise des batteries grâce à un regroupement qui lui permettra de devenir propriétaire d’un nouveau projet de mine de lithium à la Baie-James. Reste à voir si la transformation de la ressource s’effectuera au Québec ou à l’extérieur.

Publié à 1h01 Mis à jour à 11h00

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Annoncée mardi, le regroupement entre Livent et Allkem, une entreprise australienne, permettra l’émergence d’un géant international du lithium valorisé à 10,6 milliards US. Ensemble, les deux sociétés auraient accès à des liquidités de 1,4 milliard US pour financer leurs ambitions.

« On deviendra le troisième acteur mondial dans ce secteur », explique Denis Couture, directeur des activités canadiennes chez Allkem, en entrevue avec La Presse.

La demande pour le lithium, utilisé notamment dans la filière des batteries pour véhicules électriques, a explosé depuis quelques années. Plus de la moitié de l’approvisionnement mondial en lithium est allé en 2021 aux véhicules électriques, et ce chiffre devrait tripler d’ici 2025.

C’est toutefois la Chine qui est l’acteur dominant dans le traitement du lithium. En Amérique du Nord ainsi qu’en Europe, on souhaite voir cela changer.

Il y a un volet québécois au regroupement entre Livent et Allkem, qui exploitent également des projets en Argentine.

L’entreprise américaine, qui compte General Motors (GM), BWM et Tesla parmi ses clients, est déjà propriétaire à 50 % de Nemaska Lithium, promoteur d’une mine à Whabouchi et d’une usine de transformation d’hydroxyde de lithium – que l’on retrouve dans les batteries lithium-ion des véhicules électriques – à Bécancour. Québec détient l’autre moitié de Nemaska.

Production en 2024

Allkem, par l’entremise de sa filiale Galaxy Lithium, vient de voir Ottawa donner le feu vert à son projet de mine de lithium de 380 millions. Le gisement est situé à une centaine de kilomètres à l’est de la Baie-James et de la communauté crie d’Eastmain. Ce projet comprendrait notamment une fosse à ciel ouvert, un concentrateur de minerai et des aires de stockage. Il est censé créer 280 emplois pendant la phase de construction et environ 160 en moyenne une fois en exploitation. La mine devrait commencer à produire du lithium en 2024.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB D’ALLKEM

Allkem a le feu vert d’Ottawa pour une mine de lithium à la Baie-James.

« Livent est une compagnie plus spécialisée dans l’aspect chimique, dit M. Couture. L’objectif est d’être intégrés. Les usines chimiques de transformation, c’est difficile. Il n’y en a pas beaucoup dans le monde en dehors de la Chine. En combinant nos activités, on aura l’argent pour le faire et traverser les tempêtes s’il y en a. »

Selon nos informations, la transaction ne change rien pour les projets de Nemaska Lithium, dont le projet de mine et d’usine est évalué à 1,5 milliard.

Grâce à son projet québécois, Allkem ambitionne de produire du spodumène, un minéral utilisé dans la fabrication de lithium destiné aux batteries.

Il faudra construire une usine de transformation, confirme M. Couture. Invité à dire si cette transformation s’effectuerait au Québec, le gestionnaire a préféré évoquer l’Amérique du Nord.

« L’endroit n’était pas déterminé avant et il ne l’est pas plus aujourd’hui, explique le dirigeant des activités canadiennes d’Allkem. Le Québec est une place de choix. Il faut trouver les bons terrains et conclure les bonnes ententes. Je ne veux pas faire de promesses avant d’avoir accompli tout le travail technique. »

Au moment où ces lignes étaient écrites, Livent n’avait pas répondu aux questions de La Presse concernant l’endroit qui pourrait éventuellement accueillir la future usine de transformation.

Le projet d’Allkem doit aussi obtenir les autorisations du gouvernement Legault ainsi que du Comité d’examen des répercussions sur l’environnement et le milieu social – un organisme indépendant formé de membres nommés par Québec et la Nation crie.

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  • 2022
    Année où Livent est devenue actionnaire de Nemaska Lithium

Source : Livent

6
Nombre de projets d’Allkem en cours

Source : Allkem

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Hydro-Québec encaisse 38 millions en vendant ses rebuts

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Depuis des années, Hydro-Québec cherche par tous les moyens à se débarrasser des rebuts de façon écologique. L’an dernier, par exemple, la société d’État a dégagé une somme de 38 millions découlant de la vente de divers matériaux qui ne lui servaient plus.


Marie-Eve Fournier
Marie-Eve Fournier La Presse

Vendre ses robes, des jouets, sa mijoteuse ou des bouts de gouttière sur l’internet est devenu banal. Inutile (ou presque) d’organiser une vente de garage, les plateformes en ligne sont d’une efficacité remarquable pour se débarrasser de ses biens.

Publié à 1h32 Mis à jour à 6h30

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Les entreprises se retrouvent elles aussi avec des biens usés, inutiles ou en fin de vie. Mais rares sont celles qui ont le réflexe de mettre tout ça en vente. L’exercice demande du temps, des personnes qui s’y consacrent, de l’espace d’entreposage et une expertise. Car ce n’est pas évident de trouver des débouchés pour ses rebuts, surtout quand il s’agit de matériaux inusités.

Le dépotoir est toujours l’option la plus simple. Mais en 2023, veut-on encore que ce soit le premier réflexe ? Certainement pas.

Chez Hydro-Québec, la volonté de se débarrasser des rebuts de façon écologique existe depuis des années. Mais les efforts sont de plus en plus soutenus, ce qui donne des résultats remarquables. « Il y a une grosse croissance. On a pris les choses en main. En cinq ans, on est passés de 10 à 37,8 millions de ventes. On fait une meilleure job de mise en marché et le cours des métaux a augmenté », m’a expliqué le chef du service de la valorisation des biens meubles excédentaires de la société d’État, Maxime Gilbert. Son équipe compte neuf personnes.

La liste de ce qui est vendu au plus offrant est aussi longue que diversifiée : motoneiges, nacelles, camions, bancs de scie, perceuses, souffleuses à neige, dameuses, cuivre, fer, aluminium, génératrices, conteneurs, transformateurs, classeurs, bureaux…

Et même l’huile à patates frites utilisée dans les cafétérias dans le nord du Québec. « Jusqu’à il y a deux ans, on payait une entreprise qui venait la chercher. Maintenant, on la vend, relate Maxime Gilbert. Ce n’est pas significatif sur les 38 millions, mais c’est passé d’un déchet à une source de revenus. » On en fait du biocarburant, des cosmétiques et de la nourriture animale.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Maxime Gilbert, chef du service de la valorisation des biens meubles excédentaires de la société d’État

Parfois, il est impossible de vendre certains biens. Personne ne veut payer pour ces objets, mais il y a quand même moyen de faire mieux que l’enfouissement en cherchant un peu.

C’est ainsi qu’Hydro-Québec a trouvé un débouché pour sa « quantité phénoménale » de cartables qui dormait quelque part. Après avoir contacté les commissions scolaires, qui n’en voulaient pas, le groupe APHIE les a pris, en échange d’une certaine somme d’argent. Ses employés, en majorité handicapés, défont les cartables, ce qui permet au carton et aux anneaux de métal d’être recyclés. Jusqu’ici, 50 000 ont échappé au dépotoir.

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Même chose ou presque avec les vêtements de travail, comme ces manteaux conçus pour protéger les travailleurs jusqu’à - 40 °C et leurs mitaines ultrachaudes. Ça « vaut une fortune », mais une fois usés, qu’en faire ? Ils sont donnés au réseau CFER, un regroupement de 23 écoles-entreprises qui forme des jeunes ayant d’importants retards scolaires. Les vêtements sont remis en état et vendus, de sorte que l’activité s’autofinance.

Le matériel informatique est vendu à l’entreprise d’insertion (sans but lucratif) Insertech, à Montréal. L’équipement industriel et les outils prennent le chemin des encans organisés par Ritchie Bros., à Mont-Saint-Hilaire. L’ameublement de bureau s’en va à Saint-François-du-Lac, chez Matériaux et surplus Lefebvre, dont le stock en ligne vous décontenancera à coup sûr !

Quant aux véhicules en tous genres, ils sont vendus à l’encan ou directement à des revendeurs. Hydro-Québec a bien sûr profité de la hausse marquée des prix pendant la pandémie. Ses vieux pick-up, tout particulièrement, se vendaient alors à « des prix de fou ». La société d’État a aussi mis en place un réseau « pour se donner des choses à l’interne ». Tout le monde préfère le neuf, mais cela évite bien des achats inutiles.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Les véhicules en tous genres ayant servi aux opérations sont vendus à l’encan ou directement à des revendeurs.

Quel type de rebut représente le plus grand défi ? Les gros cylindres de porcelaine qu’on retrouve dans les « postes » du réseau de transport à haute tension. L’équipe de valorisation cherche une entreprise qui pourrait broyer le matériau en vue de l’ajouter à d’autres matières utilisées pour faire du remplissage sous un trottoir, par exemple. « C’est à peu près le mieux qu’on peut faire avec ça. Pour l’instant on est en dépense, c’est un rebut. Mais on a peut-être trouvé preneur », espère Maxime Gilbert.

Au Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI), la DG Claude Maheux-Picard a été estomaquée d’apprendre qu’Hydro-Québec avait réalisé des dizaines de millions de dollars en vendant ses rebuts. « Wow, c’est incroyable ! Voyons donc ! C’est un beau cas d’espèce. J’espère que ça va inspirer d’autres organisations. »

Experte en économie circulaire et en valorisation des résidus industriels, elle m’a appris que c’était « assez rare » qu’une organisation fasse des efforts pour vendre ses choses, hormis son matériel informatique. Desjardins était d’ailleurs le seul autre exemple qu’elle pouvait nommer.

C’est quand même innovant.

Jean-Pierre Gouin, DG d’ADDERE Service-conseil, spécialiste de la transition écologique des entreprises

La revente représente des enjeux logistiques et de stockage, mais rapporte rarement de l’argent. « Ceux qui font des démarches, c’est parce qu’ils trouvent que jeter les choses, ça n’a pas de bon sens », relate Claude Maheux-Picard. Malheureusement, les entreprises qui voudraient faire de l’économie circulaire sont « mal servies ». Elles doivent se débrouiller seules, ou presque, de sorte que c’est « beaucoup plus compliqué » pour elles que pour le simple citoyen.

Pour conclure, la DG du CTTEI avait une suggestion intéressante pour Hydro-Québec : créer un fonds avec ses 38 millions pour aider de petites entreprises ou organisations à faire comme elle.

Le message est lancé !

Ce qu’Hydro-Québec a vendu en 2022

  • 11,4 millions de kilos de métaux
  • 12 863 transformateurs
  • 135 095 litres d’huile isolante
  • 891 véhicules
  • 682 lots de matériel industriel
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Planète bleue, idées vertes Travaux zéro déchet à l’aéroport

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le chantier du REM de l’aéroport Montréal-Trudeau afficherait un taux de récupération de 99,3 % depuis son ouverture.

Pendant que les chantiers au Québec fracassent des records de production de résidus de construction, l’aéroport Montréal-Trudeau (YUL) mène des travaux quasi zéro déchet. Que ce soit pour la réhabilitation d’une piste aérienne ou à l’intérieur du gigachantier de la future station du REM, les entrepreneurs doivent recycler et revaloriser leurs résidus.

Publié à 1h43 Mis à jour à 5h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Jean-Pierre Bernier, chef environnement des projets majeurs d’Aéroports de Montréal (ADM), a donné rendez-vous à La Presse à la porte 25, à 11 h 50 tapantes, près des arrivées internationales. Il faut acquiescer aux consignes de sécurité, enfiler les bottes réglementaires, puis Martin Massé, vice-président au développement durable, et Jean-Pierre Bernier nous ouvrent la voie à travers des tunnels de contreplaqués.

« Ce qu’on réalise ici avec les déchets de construction, ce sont les standards de demain. Après des années noires, Montréal devient enfin une ville internationale avec ce point d’accès sur le centre-ville », lance M. Massé, s’arrêtant sec sur le flanc d’un trou devant mesurer 35 mètres de profond. Il s’agit de la future station YUL–Montréal-Trudeau du REM, dont la mise en service (maintenant prévue en 2027) a pris du retard.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Jean-Pierre Bernier, chef environnement des projets majeurs d’Aéroports de Montréal, et Martin Massé, vice-président au développement durable

Juste à côté du cratère, une pelle mécanique déverse un mélange de terre et de gravier en continu. Selon une compilation effectuée par ADM, le chantier du REM de l’aéroport afficherait un taux de récupération de 99,3 % depuis son ouverture. Afin d’y parvenir, M. Bernier explique que la mixture extraite du sol est soumise sur place à un triage, avec un système de tamis mécaniques, pour ensuite prendre la destination d’une réutilisation.

L’entrepreneur doit nous garantir un taux de recyclage et de valorisation d’un minimum de 90 % de ses résidus. C’est à lui de trouver un centre pour réutiliser ce qui sort de terre.

Jean-Pierre Bernier, chef environnement des projets majeurs d’ADM

« On exige un registre démontrant le mode de gestion et la destination par catégories de matières », précise le chef environnement. Il est devenu le chien de garde de la récupération des déchets à l’aéroport un peu malgré lui, concède-t-il.

Martin Massé ajoute que les résidus doivent être entreposés de façon à ne pas contaminer les eaux de ruissellement. La non-atteinte des cibles à la fin du chantier entraîne des pénalités financières substantielles, assure-t-il.

Selon lui, toutes ces règles environnementales vont finir par être payantes pour les entreprises exemplaires. « C’est quand même un petit milieu, la construction. Dans un sens, c’est un investissement pour les entreprises. Elles se font un nom auprès des gestionnaires d’ouvrages majeurs comme nous. »

Plus de 3 millions de tonnes de résidus par an

Chaque année, 3,5 millions de tonnes de résidus de construction, rénovation et démolition (CRD) sont produites au Québec, selon les données recueillies par Recyc-Québec. À titre comparatif, l’ancienne structure du pont Champlain a engendré 250 000 tonnes de béton, 25 000 tonnes d’acier et 12 000 tonnes d’asphalte à valoriser.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Chaque année, 3,5 millions de tonnes de résidus de construction, rénovation et démolition (CRD) sont produites au Québec.

Dans ce contexte, un chantier de construction atteignant un taux de recyclage ou de revalorisation de 90 % de ses résidus est qualifié « zéro déchet », explique Brigitte Geoffroy, porte-parole de Recyc-Québec.

Selon elle, ce taux est rendu possible grâce à un tri à la source. « Les matières ne sont pas mélangées. Nous avons soutenu l’ADM dans divers projets, ils ont une bonne vision d’ensemble. L’une des clefs pour réduire les résidus de construction est de prévoir des mesures en amont. Les procédés de gestion des CRD doivent être prévus dans les devis. Par exemple, il n’y a aucune raison de ne pas récupérer et réutiliser du bois », ajoute Mme Geoffroy.

Concours

Au Québec, d’autres grands chantiers de construction servent d’exemple dans le domaine de la récupération des déchets. La société des ponts Jacques-Cartier et Champlain a eu l’idée de lancer un concours pancanadien, dont les finalistes seront dévoilés sous peu, afin de donner une seconde vie à ses vieux matériaux à travers l’art et l’architecture.

Chez Recyc-Québec, on explique que l’avenir de la construction va forcément passer par le « surcyclage ou le recyclage », ce qui signifie la récupération des matériaux ou des produits qui n’ont plus leur usage initial pour les transformer en produits de qualité ou d’utilité supérieure.

« L’avenir passe également par une mutualisation des espaces, c’est-à-dire qu’il faut se poser des questions sur ce qui est déjà bâti et sur la reconstruction, dit Brigitte Geoffroy. Deuxièmement, il y a la notion de design, le choix des matériaux, la durabilité. La clef de la réussite passe par des outils pour réduire les déchets CRD à la source, avec entre autres des grilles de suivi. »

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  • GPS
    À l’aéroport Montréal-Trudeau, les mesures vont jusqu’au suivi obligatoire en temps réel, par GPS, des chargements de matériaux.

Aéroports de Montréal

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Énergies renouvelables : Québec tente d’établir ses priorités pour répondre à la demande

Des éoliennes en Estrie

Photo : Radio-Canada / Martin Bilodeau

Radio-Canada

Publié hier à 23 h 22

Comment être plus efficace dans notre consommation d’énergie? Faut-il aller jusqu’à construire de nouveaux barrages hydroélectriques? Plus de 80 experts et chercheurs se sont réunis lundi à l’invitation du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, dans le cadre d’une consultation en vue du dépôt d’un projet de loi sur l’encadrement et le développement des énergies propres prévu à l’automne prochain.

Hydro-Québec a récemment confirmé à Radio-Canada qu’il reste environ 1000 mégawatts (MW) dans le réseau pour le développement de nouveaux projets. Sur les 21 000 mégawatts de projets évoqués, autour de 10 000 MW

sont des propositions sérieusement étudiées.

La demande augmente aussi du côté des ménages. Lors de la tempête de verglas du 3 février dernier, un document d’Hydro-Québec révèle qu’à 18 h, les Québécois ont poussé la demande de puissance jusqu’à 43 124 MW

, malgré les efforts de réduction momentanée de certaines industries, du jamais vu. Le précédent record était de 40 380 MW, soit une différence de presque 3000 MW. Hydro-Québec avait dû importer 2000 MW

de l’Ontario et de l’État de New York.

Au Québec, c’est récent de parler d’un bilan énergétique serré. Il y a un an, on avait des surplus électriques, a dit le ministre Fitzgibbon en entrevue à l’émission Zone économie.

« Je pense qu’il faut mieux communiquer comme gouvernement pour expliquer à la population qu’on ne manquera pas d’électricité pour chauffer les ménages. L’enjeu n’est pas là. On manque d’électricité pour les projets structurels. »

— Une citation de Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec

Zone Économie

Zone économie | Entrevue avec Pierre Fitzgibbon

Comment être plus efficace dans notre consommation d’énergie? Faut-il aller jusqu’à construire de nouveaux barrages hydroélectriques? Et la personne qui deviendra PDG d’Hydro-Québec est choisie! Entrevue avec Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Énergie.

Pas de hausse des tarifs

Selon lui, il est toutefois essentiel de réduire la demande énergétique au Québec, mais il affirme qu’une hausse des tarifs d’électricité n’est pas envisagée pour le moment.

Je pense que les Québécois ne sont pas prêts pour ça, a dit M. Fitzgibbon, indiquant que le gouvernement pourrait envisager des incitatifs financiers pour une consommation différente […] lors des heures de pointe.

On peut même envisager de réduire les factures d’électricité parce que l’enjeu n’est pas de faire plus de revenus, mais c’est de réduire la demande même en dehors des pointes, a-t-il ajouté.

Le premier ministre François Legault a par ailleurs déjà défendu l’idée de fournir de l’électricité à bas prix aux industries qui contribuent à la décarbonation de l’économie. Il a cité la filière batterie, l’hydrogène vert, l’aluminium vert et l’acier vert, entre autres.

Qu’en est-il des barrages hydroélectriques? Faut-il en construire plus pour assurer la demande énergétique à venir de la province?

M. Fitzgibbon n’écarte pas cette idée, mais il dit préférer regarder toutes les offres disponibles − éoliennes, turbines et biomasse − avant d’aller de l’avant avec la construction d’un nouveau barrage. À la fin, est-ce qu’il va manquer d’électricité? Peut-être. À ce moment-là, il va falloir des barrages, a-t-il affirmé.

« Il faut planifier les ressources sur une base de 10 ans. Qu’est-ce qu’on fait du gaz naturel? On consomme au Québec l’équivalent de 17 000 MW

en gaz naturel, c’est 17 barrages. Si demain on dit qu’on ne veut plus de gaz naturel, il y aura 17 barrages. Ça n’arrivera pas de toute évidence. »

— Une citation de Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

Une utilisation intelligente de l’énergie

Selon Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, qui a participé à la journée de consultation lundi, la question des barrages n’a pas été beaucoup abordée.

L’ensemble des intervenants ne pensent pas que les barrages soient vraiment une option viable à court terme étant donné leurs coûts et le manque d’acceptabilité sociale, a dit M. Pineau à l’émission 24 . 60. Mais c’est évident que des projets éoliens, solaires ou des projets décentralisés comme la géothermie, ont fait partie des discussions.

Il affirme lui aussi que les tarifs d’électricité sont appelés à évoluer. Ça ne veut pas dire qu’on va payer plus cher, mais on va peut-être payer un peu différemment dans les années à venir, a-t-il ajouté.

« On l’a vu avec le verglas, […] le réseau de distribution doit être plus résistant. Ça va coûter de l’argent, donc c’est à peu près certain qu’on devra payer plus cher pour l’électricité, mais c’est dans l’optique de sortir du pétrole et donc on dépensera beaucoup moins d’argent pour l’essence et le diesel. La facture d’énergie des Québécois […] pourrait même diminuer. »

— Une citation de Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

Normand Mousseau, professeur de physique et directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal, était lui aussi présent à la journée de consultation. Au lieu de parler de sobriété énergétique, un terme qui dénote une certaine privation, selon lui, il préfère adopter l’expression utilisation intelligente de l’énergie.

Il soulève notamment le besoin de réformer les normes de construction au Québec, qui sont démodées à ses yeux.

Les gouvernements tardent à mettre en place des réglementations sur l’efficacité énergétique pour s’assurer que les bâtiments vont consommer moins d’énergie, a-t-il dit au micro de l’émission Le 15-18. Et le chauffage, on le sait, est un aspect très important dans la demande énergétique, surtout en hiver.

Selon lui, les intentions du gouvernement par rapport aux consultations sont encore un peu opaques, mais on sent qu’il y a beaucoup de projets qui atterrissent sur la table de M. Fitzgibbon.

D’ici là, avant de déposer son projet de loi qui vise à moderniser la Loi sur Hydro-Québec et la Loi sur la Régie de l’énergie cet automne, le ministre de l’Énergie compte encore rencontrer des représentants autochtones et ouvrir la consultation au public, en ligne, dès le 1er juin.

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Boralex fait une percée « importante » dans le secteur du stockage d’énergie

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

L’entreprise québécoise fait cette première percée canadienne en Ontario. La province développe la filière du stockage avant le Québec, car l’énergie nucléaire, une part importante du bouquet énergétique ontarien, n’offre pas la même flexibilité que celle procurée par les réservoirs d’Hydro-Québec.

(Montréal) Le producteur d’énergie renouvelable Boralex fait une percée dans le marché du stockage de l’énergie. L’entreprise québécoise a remporté un appel d’offres en Ontario pour deux installations de stockage par batterie, pour une capacité totale de 380 mégawatts (MW).

Publié à 12h05 Mis à jour à 12h05

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Stéphane Rolland La Presse Canadienne

Pour l’entreprise qui veut devenir « un joueur majeur » dans le stockage, c’est « une victoire », selon le premier vice-président et directeur général, Amérique du Nord, Hugues Girardin, en entrevue mercredi.

« On a déjà un projet de 1 MW en France, qui est en service depuis quelques années. […] Cette fois-ci, on parle vraiment d’une entrée importante. Un projet de 380 MW, c’est relativement important. Ça va être un des grands projets en Amérique du Nord. »

À plus long terme, Boralex vise un portefeuille de projets de stockage de 1000 MW d’ici 2030. « Avec ces deux projets, on est en ligne avec notre plan stratégique, peut-être même un peu en avance », ajoute-t-il.

L’entreprise québécoise fait cette première percée canadienne en Ontario. La province développe la filière du stockage avant le Québec, car l’énergie nucléaire, une part importante du bouquet énergétique ontarien, n’offre pas la même flexibilité que celle procurée par les réservoirs d’Hydro-Québec.

« Le Québec est probablement capable d’attendre avant d’acquérir de la capacité de stockage, juge M. Girardin. Je pense qu’on va voir ce genre de besoin là apparaître. Il y a probablement un décalage de quelques années. »

L’Ontario pourrait amener d’autres débouchés pour Boralex. La Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité (SIERE) de l’Ontario veut obtenir 2,5 gigawattheures (GWh) de capacité de stockage d’ici 2027. « Boralex pourrait avoir d’autres occasions de proposer des projets », croit l’analyste Rupert Merer, de Financière Banque Nationale.

M. Girardin répond que Boralex travaille sur d’autres projets dans ces différents marchés, mais il n’a pas voulu donner plus de détails.

Deux projets

La SIERE a retenu Boralex pour deux projets à Hagersville et à Tilbury, en Ontario. La mise en service est prévue pour la fin de l’année 2025.

Les deux projets pourraient entraîner des retombées d’entre 50 cents et 1 $ par action, estime M. Merer.

Avec ce 380 MW, la société québécoise a remporté toutes les propositions qu’elle a soumises dans le cadre d’une ronde d’appels d’offres de 780 MW. C’est la société albertaine Capital Power qui a remporté les autres appels d’offres.

Boralex prévoit que le projet nécessitera des investissements d’entre 700 millions et 900 millions. Les deux chantiers devraient être admissibles à un crédit d’impôt fédéral de 30 % pour la production, le transport et le stockage d’énergie propre. « A priori, oui, avance M. Girardin. Il faut quand même savoir que les détails finaux n’ont pas encore été communiqués. Il y a de grosses chances que ce soit le cas. »

Les coûts et les rendements seront partagés avec ses partenaires autochtones. Boralex est associée aux Six Nations of the Grand River pour le site d’Hagersville et à la Première Nation de Walpole Island pour celui de Tilbury.

L’action de Boralex perd 18 cents, ou 0,46 %, à 38,94 $ à la Bourse de Toronto en avant-midi.

Entreprise dans cette dépêche : (TSX : BLX)

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:metro: :honeybee: :heart_eyes:

Une «ligne de métro» pour les abeilles dans Villeray


Une abeille qui butine pis qui est heureuse. Photo: iStock

Journal Métro | VILLERAY–SAINT-MICHEL–PARC-EXTENSION | Clément Bolano | 17 mai 2023 à 17h42

La «Silk Bee Line», voie urbaine fleurie dédiée aux abeilles, verra le jour à Montréal le 20 mai, en concordance avec la Journée mondiale de l’abeille. Ce projet est une initiative conjointe de la marque de lait végétal Silk (Danone Canada) et de Pollinator Partnership Canada. Le quartier Villeray accueillera cette ligne fleurie le long de la place de Castelnau.

Trois «hôtels à abeilles» se trouvent à présent dans la Société de développement commercial (SDC) Quartier Villeray. Dotées de fleurs, ces boîtes guident les pollinisateurs en leur offrant nourriture et abri. Les commerces locaux ont ajouté leur pierre à l’édifice en plantant des végétaux qui guideront les pollinisateurs.


Trois «hôtels à abeille» ont été installés dans la SDC Quartier Villeray. Photo: Clément Bolano, Métro Média

Elles servent ainsi de sanctuaire aux pollinisateurs pour se reposer et se reproduire, tout en permettant à des chercheurs de l’Université de Montréal d’étudier les populations d’abeilles indigènes et le processus de pollinisation, sous la direction de l’entomologiste Etienne Normandin.

En plus des trois boîtes, 27 autres ont été installées sur des panneaux publicitaires Silk tout autour de Montréal. Il s’agit de la troisième année que la marque conduit ce projet. Dix autres boîtes sont uniquement accessibles par les universitaires, et placées en zone naturelle.

La journée mondiale de l’abeille

«Pour attirer les abeilles, il faut une diversité de fleurs assez importances», précise la porte-parole de Pollinator Partnership Canada, Adèle Grenouilleau. Parmi lesquelles figurent géraniums, marguerites ou encore les célosies.

C’est comme une ligne de métro pour les espèces d’abeilles solitaires. Celles-ci se déplacent seulement sur quelques mètres. Les fleurs les aident à trouver un espace de nidification.

Adèle Grenouilleau, porte-parole de Pollinator Partnership Canada.

Les visiteurs pourront découvrir ces curieux abris fleuris à l’occasion de la journée mondiale de l’abeille, ce samedi 20 mai. Ils pourront se procurer des semences favorables aux abeilles, contribuant à la préservation des pollinisateurs en milieu urbain. L’occasion également d’admirer la fresque murale inspirée des pollinisateurs réalisée par Marc-Olivier Lamothe et Cath Laporte.

Les chiffres fournis par Pollinator Partnership Canada mettent en évidence l’importance cruciale des pollinisateurs. Ces insectes pollinisent plus de 180 000 espèces de plantes différentes et plus de 1 200 cultures. Cela équivaudrait à un tiers de la nourriture consommée par un Canadien moyen.


Les abeilles peuvent utiliser les alvéoles afin de pondre des œufs. Photo: Clément Bolano, Métro Média

«Une partie de notre mission est de soutenir la santé par l’alimentation, et cette initiative est une façon de montrer notre engagement envers les pratiques d’agriculture régénératrice et l’utilisation de notre échelle pour le bien Il ne s’agit pas de greenwashing», assure la directrice marketing de Danone Canada, Fiona O’Brien.

Rappelons que les abeilles mellifères contribuent à la productivité agricole à hauteur de 395 M$ par an. Ces dernières demeurent grandement menacées par l’industrie agroalimentaire. Une étude de 2021 compilant les recherches issues des 20 dernières années démontrait que l’agriculture intensive et le cocktail de pesticides utilisés sur ces cultures en étaient les principaux responsables.

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Plan pour une économie verte Québec forcera les cimenteries à réduire leurs émissions de GES

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La cimenterie McInnis à Port-Daniel–Gascons, en Gaspésie

Les cimenteries devront réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de gré ou de force, prévient le gouvernement Legault, qui dévoilera ce vendredi le troisième « plan de mise en œuvre » de ses objectifs de lutte contre les changements climatiques.

Publié à 1h30 Mis à jour à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

La Presse a obtenu d’une source ayant accès au plan les détails des mesures concernant le secteur industriel, qui est le deuxième générateur de GES en importance de la province.

Québec aidera financièrement les grandes entreprises industrielles à réduire leurs émissions, dont les cimenteries, mais ces dernières se verront aussi imposer une « obligation de résultat », explique cette source, qui n’était pas autorisée à parler publiquement du plan avant son annonce officielle.

« Si ce qui est proposé volontairement [par les cimenteries] n’est pas suffisamment conséquent ou important, c’est là qu’on pourra ajouter des contraintes à travers la réglementation », explique cette source.

Le gouvernement pourrait aussi inclure de nouvelles exigences à l’égard des cimenteries dans leur « autorisation ministérielle », un document qui encadre l’exploitation d’un établissement industriel, qui doit être renouvelé d’ici la fin du mandat du gouvernement caquiste.

« Le timing peut difficilement être meilleur », explique cette source.

Québec s’apprête aussi à « optimiser » le marché du carbone conjoint avec la Californie, notamment en accélérant plus rapidement que prévu la baisse des plafonds d’émissions imposés aux grands émetteurs de GES, une limite souvent jugée inefficace, parce que trop permissive.

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, était d’ailleurs en Californie à la fin d’avril pour des discussions sur le sujet.

Des millions pour les « bioénergies »

Québec consacrera 175 millions de dollars supplémentaires aux grandes industries pour les « aider à recourir aux biocarburants plutôt qu’aux énergies fossiles », explique cette source, évoquant la biomasse ou le gaz naturel « renouvelable ».

L’aide à l’électrification, qui figurait dans le précédent plan de mise en œuvre, demeurera offerte.

Ce qui était performant dans le précédent plan est maintenu. Il y a beaucoup d’argent pour la conversion des systèmes énergétiques et la sobriété.

Source anonyme ayant accès au plan de mise en œuvre

Le gouvernement bonifie également d’autres programmes qui aident les industries à réduire leurs émissions, comme le « Défi GES ».

Ce programme est une espèce de « concours » invitant les entreprises à soumettre un projet de réduction de ses émissions et au terme duquel les propositions les plus efficaces obtiennent une aide financière.

« Ça nous aide beaucoup au niveau de notre bilan », affirme cette source.

À elles seules, les mesures destinées au secteur industriel devraient permettre une réduction des émissions de GES de 5,1 millions de tonnes par année d’ici 2030, calcule Québec.

Plan encore incomplet

Ce troisième plan de mise en œuvre du Plan pour une économie verte (PEV), qui couvre la période 2023-2028, bénéficie d’un budget de 9 milliards de dollars, une bonification de 1,4 milliard annoncée dans le budget du ministre des Finances Eric Girard, en mars.

Aucun autre secteur de dépenses n’a obtenu une hausse aussi importante, souligne-t-on à Québec.

Le plan n’identifie toutefois pas encore la totalité des moyens nécessaires pour atteindre la cible de réduction des émissions de GES du Québec, qui est de 37,5 % sous leur niveau de 1990 d’ici 2030.

Le premier plan de mise en œuvre n’identifiait que 42 % des moyens d’atteindre cet objectif, un taux qui montait de 9 points de pourcentage dans le deuxième plan, l’an dernier, pour atteindre 51 % des mesures identifiées.

Le troisième plan permettra un bond « comparable », selon notre source, qui n’a pas voulu être plus précise avant l’annonce de ce vendredi.

« Avec des bonds semblables, on peut de façon très crédible dire qu’on va atteindre notre cible en 2030, dit-elle. On sera peut-être un des seuls États dans le monde à être en mesure d’atteindre ses cibles. »

En savoir plus

  • 1,4 million
    Émissions de gaz à effet de serre (en tonnes) en 2021 de la cimenterie de Port-Daniel–Gascons, en Gaspésie, le plus gros émetteur de GES du Québec

Source : ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec

  • 77 millions
    Émissions de gaz à effet de serre (en tonnes) du Québec en 2021

Source : ministère de l’Environnement et du Changement climatique du Canada

Personnellement je trouve que ce n’est pas suffisant quand on regarde tout le tableau du gouvernement sur l’environnement, bien que ce soit un pas dans la bonne direction.

Un autre action cette fois-ci du côté fédéral pour forcer la main des banques afin qu’elles participent davantage à la lutte aux changements climatiques, en réduisant leurs investissements dans les énergies fossiles.

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La thermopompe, une « arme » de plus en plus populaire pour décarboner les bâtiments

Les ventes de thermopompes ont connu une augmentation record en Europe en 2022, en croissance de près de 40 % par rapport à l’année précédente.

Les ventes de thermopompes, qui contribuent à la décarbonation des bâtiments, ont augmenté sur le globe au cours des dernières années.

Photo : Getty Images

Valérie Boisclair (accéder à la page de l’auteur)

Valérie Boisclair

Publié à 4 h 00

C’est une technologie imaginée il y a plus de 160 ans, et pourtant, plusieurs la considèrent comme l’un des vecteurs de la décarbonation du secteur du bâtiment. Voici pourquoi la thermopompe, ou pompe à chaleur, connaît un regain de popularité ces dernières années.

Les ventes de thermopompes sur le globe ont connu une augmentation 13 % en 2021 et de 11 % en 2022, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

L’Europe s’est révélée être un important marché, où les ventes sont passées de 2,2 millions en 2021 à 3 millions en 2022; une augmentation de 37 %. Des pays comme la France, l’Italie et l’Allemagne ont concentré la moitié de toutes les pompes à chaleur vendues sur le continent.

Certains marchés que l’AIE

qualifie d’émergents, comme la Pologne et la République tchèque, ont pour leur part vu leur taille doubler.

En France et aux États-Unis, l’achat de thermopompes a même dépassé celui des chaudières à combustibles fossiles et des fournaises à gaz.

Mais à quoi sert la thermopompe?

La thermopompe est un appareil qui permet de transférer la chaleur de l’extérieur vers l’intérieur, et vice-versa, tantôt pour chauffer la maison, tantôt pour la refroidir.

Différents modèles existent, mais le système le plus commun en Amérique du Nord est la thermopompe air-air, où la chaleur est diffusée dans la demeure à l’aide d’unités murales (bibloc ou mini-split).

La thermopompe air-eau, quant à elle, est rattachée à un système de chauffage qui comprend soit des radiateurs, soit des convecteurs d’eau. L’air ambiant est acheminé vers ce système pour chauffer la bâtisse.

La petite histoire

La technologie derrière ces installations qui gagnent en popularité ne date pourtant pas d’hier.

Il faut remonter aux années 1850 pour comprendre comment l’idée d’un tel système à double fonction a germé. Dès 1852, Lord Kelvin, un physicien britannique spécialiste de la thermodynamique, suggère qu’un moteur thermique inversé pourrait permettre à la fois de chauffer et de refroidir l’air. Un tel dispositif, supposait-il, nécessiterait moins d’énergie primaire.

Quelques années plus tard, en Autriche, un ingénieur du nom de Peter von Rittinger a concrétisé à l’échelle de projet pilote la première pompe à chaleur connue, en 1856. À l’époque, l’invention, conçue pour les salines du village d’Ebensee, en Haute-Autriche, ne faisait que chauffer et possédait une puissance de 14 kW.

La première pompe à chaleur à grande échelle a quant à elle été aménagée au Royaume-Uni, dans l’enceinte de la compagnie Finn Geotherm à Norwich, en 1945.

Un autre système, la pompe géothermique, peut aussi fonctionner à air ou à eau, mais tire la chaleur du sol. Par temps froid, l’air chaud qui s’y accumule est ainsi réorienté vers la maison, tandis qu’en été, la chaleur de la maison est dirigée vers le sol, à l’extérieur.

Les thermopompes permettent de remplacer les fournaises domestiques à mazout pour un système de chauffage électrique.

Photo : Radio-Canada / Camille Vernet

En quoi s’agit-il d’une solution verte pour chauffer les bâtiments?

Subventionnée par de nombreux gouvernements à travers le monde, la thermopompe permet généralement de chauffer un édifice sans avoir recours aux énergies fossiles, comme le mazout et le gaz. Ce dernier est le combustible le plus utilisé dans le monde pour chauffer les bâtiments. Il couvrait 42 % des besoins énergétiques de ce secteur en 2021.

Afin d’atteindre les cibles de décarbonation, voire de neutralité carbone, le secteur du bâtiment doit être revu pour en renforcer l’efficacité et en réduire l’empreinte écologique, au même titre que le secteur des transports et des industries.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, 10 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre produites dans le monde proviennent du secteur du bâtiment.

Au Canada, il s’agit du troisième secteur en importance, avec une contribution de 87 mégatonnes d’équivalent CO2, soit 13 % du bilan total, selon le plus récent inventaire canadien des GES

. Bien que l’efficacité énergétique des bâtiments s’est améliorée au fil des ans, le bilan du secteur stagne depuis 2005. Un phénomène que le gouvernement fédéral attribue à la croissance démographique et au développement commercial.

Pour Michael Kummert, professeur titulaire du Département de génie mécanique et Polytechnique Montréal, la thermopompe est la meilleure arme pour décarboner les bâtiments.

Qui plus est, elle consomme moins qu’un système de chauffage strictement alimenté à l’électricité.

Disons que pour une unité d’électricité consommée, une pompe à chaleur peut fournir jusqu’à trois unités de chaleur dans un bâtiment, contrairement à la plinthe électrique, qui va donner un kilowattheure de chaleur pour un kilowattheure d’énergie consommée, explique-t-il.

« C’est beaucoup mieux qu’une chaudière au gaz ou qu’une plinthe électrique. Scientifiquement, c’est une machine thermodynamique géniale. »

— Une citation de Michael Kummert, professeur titulaire du Département de génie mécanique et Polytechnique Montréal

Qu’est-ce qui explique les ventes record en Europe?

Dans plusieurs pays de l’Union européenne (UE), l’achat d’une pompe à chaleur est admissible à une série de crédits et de subventions qui permettent d’en alléger le coût, parfois au point de couvrir la totalité de la somme.

Si on se débrouille bien et qu’on habite dans des régions où il y a également des subventions locales, on peut arriver à financer 100 % du coût des travaux d’installation, soutient Anne Creti, directrice scientifique de la Chaire Économie du gaz naturel et de la Chaire Économie du climat de l’Université Paris Dauphine-PSL.

Ces subventions, précise-t-elle, ne sont toutefois pas dédiées uniquement à l’installation d’une thermopompe, elles englobent aussi une série de rénovations énergétiques.

Dans plus de 30 pays – qui couvrent plus de 70 % de la demande en chauffage –, des incitatifs financiers ont été mis en place ou renforcés dans la dernière année. Aux États-Unis, en Irlande, en Pologne et en Autriche, les subventions à l’achat ont même augmenté.

Ces aides économiques sont couplées à un resserrement de la réglementation sur l’efficacité énergétique des bâtiments. En France, où le gouvernement s’est engagé à réduire d’au moins 30 % la consommation d’énergie de ce secteur d’ici 2030, on ne pourra plus utiliser le gaz dans les nouveaux bâtiment, cite-t-elle en exemple. Il y aura aussi, plus tard, des normes strictes sur les installations au gaz existantes.

Le marché du carbone européen, en vertu duquel certaines industries doivent payer si elles dépassent le plafond d’émissions de GES

fixé, sera en outre réformé pour s’étendre à de nouveaux secteurs, dont celui du chauffage des bâtiments. Il faudra alors payer pour les émissions qui en seront issues. Le coût sera quand même beaucoup plus important et on verra probablement les rénovations s’accélérer, prédit Mme Creti, qui s’est consacrée, au cours de ses recherches, à la rénovation thermique des bâtiments.

« La rénovation du bâtiment, pourtant extrêmement nécessaire dans la décarbonation, n’avance pas à un rythme satisfaisant. »

— Une citation de Anne Creti, économiste et professeure titulaire à l’Université Paris Dauphine-PSL

Rappelons aussi que l’Union européenne a fait vœu de s’affranchir de sa relation au gaz naturel provenant de la Russie, qui représentait en 2021 près de 45 % de ses importations. Dans la foulée de l’invasion russe de l’Ukraine, la Commission européenne a annoncé un plan visant à mettre fin à cette dépendance d’ici 2027.

Bien qu’elle juge qu’il est trop tôt pour établir une corrélation forte entre ces politiques et les achats de thermopompes, Mme Creti note que les pays européens où les ventes ont été les plus importantes comptent parmi les plus dépendants du gaz russe pour l’usage thermique.

Les thermopompes sont conçues pour pouvoir fonctionner même dans un climat froid. Le modèle et la grosseur de la pompe peuvent toutefois influencer son efficacité.

Photo : getty images/istockphoto

S’éloignant des considérations géopolitiques, l’économiste ajoute qu’il ne faut pas sous-estimer l’attrait d’un système à solution double qui permet de chauffer et de refroidir sa maison. Les importantes vagues de chaleur et les périodes de canicule qui se sont abattues sur l’Europe ces dernières années ne sont pas étrangères à l’engouement suscité par les thermopompes, estime-t-elle.

La thermopompe est-elle populaire au Canada?

Ici aussi, la thermopompe est de plus en plus adoptée : au cours des 15 dernières années, le nombre d’installations de ces systèmes dans les foyers canadiens est passé de 400 000 à 850 000, selon l’Institut climatique du Canada.

Mais la part du chauffage domestique qu’elle assure, elle, ne dépasse pas les 6 %. Un peu plus de la moitié des ménages possède une fournaise à air pulsé, tandis que le quart des maisons sont chauffées à l’aide de plinthes électriques, selon Statistique Canada.

Certaines provinces des maritimes, comme le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard, ont toutefois considérablement augmenté la part du chauffage par thermopompe ces dernières années. Un phénomène qui peut notamment s’expliquer par la combinaison d’un climat plus tempéré et de la mise en place de programmes gouvernementaux visant à améliorer l’efficacité énergétique.

En parallèle, des règlements viennent proscrire le recours à certains combustibles fossiles pour le chauffage. Au Québec, par exemple, l’installation d’appareils au mazout ou leur remplacement par des systèmes alimentés par des énergies fossiles sera interdit dès le 31 décembre 2023.

Est-ce que ce système fonctionne même dans les climats froids?

En théorie, oui. Mais la performance de ces installations peut en effet être influencée par la température extérieure. S’il fait trop froid, le rendement de l’appareil en sera donc affecté.

Plus il fait froid, moins la thermopompe est en mesure de fournir de la chaleur, explique Michael Kummert. Il faut alors se doter d’une pompe à chaleur plus grosse (et plus coûteuse) ou utiliser un autre type de chauffage pour compenser, par exemple en ayant recours aux plinthes électriques.

De nouveaux modèles apparus au cours des dix dernières années permettent toutefois de chauffer adéquatement une maison lorsqu’il fait -25 degrés Celsius. Ces thermopompes, dites à basse température ou à climat froid, ont contribué à rendre cette technologique plus attrayante dans des climats comme le nôtre, souligne le spécialiste des systèmes énergétiques des bâtiments.

S’il estime que toutes les provinces gagneraient à adopter la thermopompe, Michael Kummert observe que les Québécois n’y voient pas tous une solution intéressante économiquement. Dans la province, 65 % des ménages sont chauffés à l’électricité, une source d’énergie qui coûte relativement peu cher.

Le coût de l’installation et la perspective de travaux de rénovation sont au nombre des freins qui peuvent influencer les consommateurs, selon M. Kummert.

La thermopompe permettrait toutefois d’avoir un meilleur rendement énergétique et d’atténuer la demande sur le réseau d’électricité, poursuit le spécialiste. Si on remplace le chauffage au gaz et au mazout qu’il reste par des plinthes électriques, ça va créer des pointes et des demandes plus élevées, résume-t-il.

De son côté, Anne Creti rappelle que la thermopompe n’est qu’une partie de la solution pour décarboner le secteur des bâtiments. Elle y contribue, certes, mais elle est loin d’en être la pièce maîtresse. Isoler les combles et les sols, doubler le vitrage : voilà de véritables rénovations énergétiques, lance-t-elle. Malheureusement, c’est coûteux, mais on y gagne à long terme.

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Planète bleue, idées vertes Des panneaux solaires sur les gares de France

PHOTOMONTAGE FOURNI PAR LA SNCF

Insertion paysagère du projet en gare de Louveciennes, en France

En novembre 2022, la Société nationale des chemins de fer français (SCNF) a annoncé un large plan de solarisation de ses gares. D’ici 2024, pas moins de 180 000 m⁠2 de panneaux solaires doivent être installés par l’entreprise dans plus de 119 gares. Un projet ambitieux, qui jure avec la faible avancée du solaire au Québec. Peut-on envisager que les toits de la Belle Province soient un jour peuplés de panneaux photovoltaïques ?

Publié à 1h32 Mis à jour à 7h00

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Clémence Delfils Collaboration spéciale

En France, le solaire séduit. Avec son installation, la SNCF compte produire 15 % de l’énergie consommée par les 3000 gares françaises.

Ces quelques milliers de mètres carrés de panneaux solaires devraient s’ajouter aux nombreuses autres installations déjà présentes dans l’Hexagone. Selon le bilan du Réseau de transport électrique français, en 2021, l’énergie solaire photovoltaïque représentait 3 % de la production totale d’électricité dans le pays. Un bilan bien plus haut que celui du Canada, où l’énergie solaire – non seulement photovoltaïque, mais aussi thermique – représentait 0,5 % de l’électricité produite, selon le bilan de l’Office national de l’énergie de 2017. Pourquoi cette différence ?

Une réponse simple : l’hydroélectricité. Cette technologie peu coûteuse et peu polluante écrase le marché du panneau solaire. « Au Québec, le coût de l’électricité est tellement faible que c’est compliqué pour cette technologie de percer. En plus de cela, l’hydroélectricité a aussi une faible empreinte carbone et les panneaux solaires sont souvent choisis pour diminuer cette empreinte carbone », explique Louis Gosselin, professeur au département de génie mécanique de l’Université Laval.

Sur un toit de l’UQAM

Les projets existent tout de même, mais concernent souvent des lieux isolés comme les réserves autochtones ou des infrastructures entièrement pensées pour la gestion énergétique, explique le professeur.

PHOTO FOURNIE PAR L’UQAM

L’Université du Québec à Montréal (UQAM) a installé plus d’une centaine de panneaux solaires sur le toit du Complexe des sciences Pierre-Dansereau.

Parmi ces projets, il y a celui de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) qui, en 2019, a installé plus d’une centaine de panneaux solaires sur le toit du Complexe des sciences Pierre-Dansereau. « C’est une réalité que les panneaux solaires ont peu de sens au Québec à cause de notre hydroélectricité. Évidemment, l’UQAM n’a pas comme ambition de déployer des panneaux solaires sur tous ses bâtiments. Notre objectif est surtout de mettre en lumière les efforts qui peuvent être faits en termes d’énergie », explique l’ingénieur responsable du projet, Philippe Lavallée.

On a installé ces panneaux solaires pour contribuer à la conversation sur l’énergie renouvelable et pour faire de l’éducation et de la sensibilisation.

Philippe Lavallée, ingénieur

Poser des panneaux solaires pour faire parler, l’idée peut sembler étrange. Pourtant, ces discussions pourraient avoir une utilité dans un avenir proche. C’est la conclusion de l’entreprise d’architecture Lemay, responsable de la rénovation du bâtiment Le Phénix. Deuxième installation photovoltaïque en importance dans la région de Montréal, cet ancien entrepôt rénové en 2014 est vu comme un modèle de bâtiment écologique. « On sait déjà qu’on va manquer de puissance. Il faut donc augmenter la résilience. Comme on l’a vu avec l’épisode de verglas, il est important d’encourager la décentralisation de la production et de la distribution d’électricité en créant des bâtiments plus autonomes », argumente Hugo Lafrance, associé en stratégie durable chez Lemay.

« Au Québec, contrairement au reste du monde, le réseau électrique est considéré comme plus écologique que le photovoltaïque, continue Hugo Lafrance. C’est vrai si on se réfère aux données historiques, mais un bâtiment a une durée de vie par cycle. Qu’est-ce qui sera bon dans les 60 prochaines années ? Eh bien, ce ne sera plus vrai que l’hydroélectricité est plus écologique que le photovoltaïque. »

« Les ressources hydrauliques facilement accessibles ont déjà été exploitées. Il faudra mettre en place des systèmes plus complexes et donc plus coûteux », explique Louis Gosselin. Même bilan du côté financier. « Le coût des installations photovoltaïques diminue d’année en année. Dans certaines régions du monde, on est arrivé à un point de bascule où ces systèmes sont devenus rentables. Un jour, ce sera peut-être le cas au Québec », poursuit le professeur.

« La cerise sur le sundae »

Le solaire comme solution à une augmentation du coût de l’hydraulique et comme option plus verte que verte, oui, mais seulement dans une approche plus globale de la consommation et de la production d’énergie. « La vraie solution, c’est réduire nos besoins, revaloriser notre énergie. On peut ensuite voir les technologies qui émergent », soutient Philippe Lavallée.

« Il faut commencer par les gains gratuits que la nature nous donne. Cela passe par une bonne conception du bâtiment, de son enveloppe, de ses composants, sa volumétrie. Une fois que toutes ces choses sont en place, on peut faire le petit bout de chemin qui reste avec le solaire », explique Oscar Hernandez, directeur technique en performance des bâtiments pour l’entreprise d’architecture Lemay.

Dans les projets de bâtiment de l’UQAM et de Lemay, les panneaux solaires ne sont jamais seuls. Ils s’intègrent à de nombreuses autres technologies. « C’est la cerise sur le sundae », ponctue Hugo Lafrance. Un bilan qui différencie encore grandement les initiatives québécoises des grands champs de panneaux solaires français.

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