Environnement, biodiversité et transition écologique

Projet Apuiat et prix de l’énergie C’est le début d’un temps nouveau

Combien ? 6 cents le kilowattheure ? Je suis tombé en bas de ma chaise quand j’ai vu le prix que paiera Hydro-Québec pour l’énergie éolienne du projet Apuiat, sur la Côte-Nord.

Publié le 10 février 2021 à 6h21

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Francis Vailles
La Presse

Seulement 6 cents ? Le chiffre ne dit probablement rien au commun des mortels, mais il représente un moment charnière, au Québec, pour ceux qui suivent un peu l’industrie. Et c’est une excellente nouvelle pour l’environnement.

Depuis toujours, les grands projets éoliens et solaires ont été nettement plus coûteux que l’hydroélectricité au Québec. Ils étaient vus comme des produits qu’il fallait développer à perte, dans l’espoir qu’un de ces jours, le prix allait être compétitif, grâce aux améliorations technologiques. Ou encore pour créer des emplois en région.

Au Québec, cette période d’attente serait longue, étant donné notre très faible coût de production hydroélectrique.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Hydro-Québec paiera 6 cents le kilowattheure pour l’énergie éolienne du projet Apuiat, sur la Côte-Nord.

Or, 25 ans après les débuts de l’éolien, les 6 cents le kilowattheure du projet Apuiat changent la donne.

Le prix est 43 % plus bas que le prix payé par Hydro pour l’énergie achetée aux projets privés précédemment réalisés au Québec (10,6 cents en moyenne), qu’ils soient éoliens, de biomasse ou autres (1).

Et surtout, il est maintenant plus bas que celui du dernier projet hydroélectrique majeur, La Romaine (6,4 cents le kilowattheure).

Et alors ? Le recul signifie que la nouvelle énergie verte devient rentable à produire, même au Québec. Elle est moins coûteuse que celle des nouveaux projets hydroélectriques et elle s’approche rapidement du coût de l’énergie fossile, comme le gaz naturel, qui revient entre 4,3 et 6 cents le kilowattheure.

Oui, mais en moyenne, me diront les plus futés, notre hydroélectricité continue de coûter nettement moins cher à produire que ces 6 cents, non ?

Effectivement, le coût de production moyen de l’ensemble des centrales d’Hydro, construites à une autre époque et sur des rivières extraordinaires, demeure beaucoup moins élevé. En moyenne, c’est 2 cents, m’indique Hydro, ce qui est ridiculement bas.

Mais ce qui compte pour juger de la rentabilité des nouveaux projets, ce n’est pas la comparaison avec le coût moyen, mais avec le coût marginal, celui de la dernière centrale, dans ce cas-ci La Romaine.

Nos gros surplus ?

Oui, mais monsieur Vailles, n’avons-nous pas d’énormes surplus ? Pourquoi en ajouter, d’autant que si on paie 6 cents pour la nouvelle énergie, elle fera augmenter le prix moyen ? (2)

Eh bien voilà, Hydro-Québec a récemment conclu une méga-entente de 20 ans avec le Massachusetts, de l’ordre de 10 TWh par année. Tous les permis sont en règle aux États-Unis, me confirme Hydro-Québec, tous les papiers sont signés.

Ce n’est pas tout. Il y a de bonnes chances que notre société d’État fasse de même avec l’État de New York pour des quantités semblables. Le processus d’appels d’offres débute dans une semaine, le 16 février.

En résumé, avec ces deux contrats, c’est 2,5 fois La Romaine qui est en jeu !

La première année du contrat, le Massachusetts paiera l’équivalent de 6,5 cents le kilowattheure (5,15 cents US) et une moyenne de 8,35 cents sur 20 ans (6,6 cents US).

Bref, désormais, l’énergie éolienne du Québec ne sera pas produite à perte, mais à un coût (6 cents) inférieur au prix que paieront les nouveaux clients d’Hydro, ce qui change la donne.

Et encore, le contrat avec Apuiat a été conclu de gré à gré. Le prix du prochain contrat sera vraisemblablement plus bas dans le cadre d’un appel d’offres concurrentiel.

Ailleurs dans le monde

Ce changement de paradigme, il se vit encore bien davantage ailleurs qu’au Québec. Parlez-en à Michel Letellier, président de la firme Innergex, de Longueuil, qui a des projets éoliens, solaires ou hydroélectriques dans six États américains, de même qu’en France et au Chili, en plus du Canada, totalisant 8 TWh.

Le projet éolien Foard City de l’entreprise, au Texas, a été vendu à un prix d’environ 4,5 cents le kilowattheure. Et en Alberta, où il y a de bons vents et des terrains plats, le prix est descendu aux environs de 3,5 à 4,0 cents (Innergex n’a pas de projets en Alberta), soit plus bas que bien des projets gaziers.

« C’est très encourageant pour l’environnement », me dit M. Letellier au téléphone.

Diverses raisons expliquent le revirement de situation. L’éolien et le solaire ont bénéficié de progrès technologiques importants ces dernières années, avec des tours plus hautes et des unités plus résistantes et plus performantes, permettant d’amortir les projets sur 30 ans au lieu de 25, par exemple.

À cela s’ajoute notamment la baisse des coûts de financement des projets.

Pendant ce temps, l’hydroélectricité vit l’inverse. Les turbines, qui représentent 20 % de la facture, ne progressent plus beaucoup, et le reste (béton, routes, main-d’œuvre, etc.) subit des pressions inflationnistes.

Oui, mais monsieur Vailles, si l’éolien est si intéressant, pourquoi les Américains veulent notre électricité ?

Pour deux raisons, essentiellement. D’abord, notre énergie verte est stable et garantie à long terme. L’éolien est intéressant, mais sujet à de grandes variations, au gré des vents, ce qui oblige les acheteurs à trouver une source alternative pour combler les trous, comme le gaz naturel, pas très vert.

Hydro-Québec n’a pas ce problème, pouvant faire varier le niveau d’eau de ses barrages pour s’ajuster aux fluctuations de ses achats éoliens.

Deuxièmement, la Nouvelle-Angleterre n’a généralement pas aussi facilement accès à des projets éoliens ou solaires peu coûteux, comme dans le sud des États-Unis.

En résumé, le prix de 6 cents le kilowattheure change la donne. Au Québec comme ailleurs, on pourrait dire que c’est le début d’un temps nouveau, comme le chantait Renée Claude…

  1. Je fais référence aux approvisionnements appelés post-patrimoniaux. Tous les prix de ce texte excluent le coût de transport.

  2. Les surplus sont estimés à 40 TWh, mais Hydro-Québec exporte 85 % de cette énergie sur le marché de court terme (spot) à un prix de 4,3 cents le kilowattheure (prix de 2019).
    Projet Apuiat et prix de l’énergie | C’est le début d’un temps nouveau | La Presse

Ahuntsic Des serres pour favoriser l’autonomie alimentaire

IMAGE TIRÉE DU SITE DE LA VILLE DE MONTRÉAL

Les élus municipaux ont annoncé jeudi la création d’un projet de serre productive et éducative sur le site Louvain Est, dans le quartier Ahuntsic, à Montréal.

Là où se trouve actuellement un terrain vague, dans le quartier Ahuntsic, des légumes pousseront bientôt dans des serres dont la production est destinée à la consommation locale.

Publié le 11 février 2021 à 15h01

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Isabelle Ducas
La Presse

Les élus municipaux ont annoncé jeudi la création d’un projet de serre productive et éducative sur le site Louvain Est.

Ce site, d’une superficie équivalant à huit terrains de football, tout près du collège Ahuntsic, est laissé en friche depuis qu’il n’est plus utilisé comme fourrière municipale. On y planifie, à terme, la construction d’un « écoquartier » qui comptera de 800 à 1000 logements abordables, avec services de proximité.

En attendant que ce nouveau quartier voie le jour, on va de l’avant avec l’installation de serres d’une superficie de 550 m2.

« Le fait d’occuper des sites municipaux vacants et d’appuyer l’agriculture urbaine, ça fait partie de nos objectifs depuis plusieurs années, et c’est ce qu’on annonce aujourd’hui, pour le printemps et pour l’été », a expliqué Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.

« On va pouvoir commencer à produire des fruits et des légumes frais. On est dans un désert alimentaire ici. On a des populations marginalisées qui ont besoin de manger des fruits et des légumes frais à faible coût. »

Un modèle pouvant être reproduit dans d’autres quartiers

Les serres seront exploitées par l’organisme Ville en vert et recevront le soutien financier de Feed Montréal, fondation qui appuie des projets visant à combattre la faim.

Le montage financier du projet n’est pas encore terminé, mais Éric Alan Caldwell, responsable de l’urbanisme et de la mobilité au sein du comité exécutif, évoque une facture de « quelques centaines de milliers de dollars ».

Cette expérimentation se veut un modèle pouvant être reproduit dans d’autres quartiers, qui s’inscrit dans les objectifs d’autonomie alimentaire poursuivis par la Ville, indiquent les élus.

En 2019, un bureau de projet réunissant la Ville de Montréal, l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville et la table de concertation Solidarité Ahuntsic a été mis sur pied afin de planifier le futur « écoquartier ».

« Voici comment on transforme une ville quand on veut garder des familles à Montréal, quand on veut créer des milieux vivants », souligne M. Caldwell.

Le projet sera bientôt soumis à l’Office de consultation publique de Montréal.
https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2021-02-11/ahuntsic/des-serres-pour-favoriser-l-autonomie-alimentaire.php

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L’élargissement de la consigne ne devrait pas trop chambouler les habitudes des consommateurs québécois, qui pourront rapporter leurs contenants vides à proximité des lieux d’achat, notamment à la Société des alcools du Québec (SAQ), a appris La Presse.

C’est ce que prévoit la proposition présentée jeudi au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, par les « embouteilleurs », à qui la réforme confie la mise sur pied et la gestion du nouveau système.

Leur « plan opérationnel », dont la version finale devra être déposée d’ici un mois, prévoit une participation significative de la SAQ dans la récupération des contenants consignés, dont les bouteilles de vin et spiritueux feront désormais partie.

Longtemps opposée à la consigne sur les bouteilles de vin, la SAQ avait créé la surprise en changeant son fusil d’épaule en 2019 en raison du faible taux de recyclage du verre au Québec, tout en s’opposant au retour des bouteilles vides à l’intérieur de ses succursales.

Par contre, la société d’État se disait ouverte à accueillir l’infrastructure nécessaire à la collecte des contenants consignés à l’extérieur de ses commerces qui disposent de l’espace nécessaire.

Elle a ainsi réalisé une évaluation du nombre de succursales où un projet-pilote pourrait être mené, a-t-elle confirmé à La Presse.

Le dispositif de ramassage pourrait être installé dans le stationnement, illustre le ministre Benoit Charette, qui envisage qu’une proportion « très, très importante » de succursales puisse accueillir les équipements en question.

Accessibilité et technologie

Le système imaginé par les fabricants de jus, les brasseurs et les autres entreprises qui produisent des boissons, de concert avec les détaillants qui vendent leurs produits, mise sur l’accessibilité des points de collecte des contenants consignés.

Ils seront situés « le plus près possible du lieu d’achat », pour éviter aux consommateurs d’avoir à faire « un parcours du combattant » pour rapporter leurs contenants, explique le ministre Charette.

Un commerce pourra reprendre les contenants consignés chez lui ou encore s’associer avec des commerces voisins pour se doter d’un centre de dépôt commun, précise le ministre, qui donne l’exemple de « deux, trois épiceries qui sont quasiment face à face avec une succursale de la SAQ » et qui partageraient une infrastructure commune.

Le plan veut aussi inclure les entreprises d’économie sociale, comme la coopérative des Valoristes, qui pourraient se voir confier la gestion d’un centre de dépôt dans un milieu « très densifié », où se trouvent plusieurs petits commerces qui n’ont pas la capacité de gérer le retour d’un grand volume de contenants.

Les embouteilleurs ont par ailleurs opté pour une solution visant à limiter au maximum la manutention.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

C’est un système qui va être largement, largement automatisé.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

S’il regrette que le Québec soit dans les derniers au Canada à instaurer un système de consigne élargie, le ministre Charette souligne que cela a l’avantage de lui permettre de se doter d’équipements nettement plus évolués.

« Peu importe que ce soit un contenant de verre, de plastique ou d’aluminium, on le met dans la même machine et c’est la machine qui va faire le tri », explique-t-il.

Les bouteilles de bière, qui font déjà l’objet d’une consigne privée et distincte, continueront cependant d’être collectées séparément, essentiellement parce qu’elles sont à usages multiples et qu’elles ne doivent pas être brisées.

Écofrais

Les embouteilleurs souhaitent pouvoir facturer des écofrais pour certains types de contenants, une idée qui n’enchante pas le ministre Charette, qui croit à la possibilité que le système s’autofinance, mais pour laquelle il n’y a « aucune décision d’arrêtée ».

Leur demande d’exclure de la consigne certains contenants faits de matériaux qui se recyclent ou se valorisent mal a aussi surpris le ministre.

Je leur ai dit : ‟Vous n’avez pas compris, c’est vous qui n’avez pas intérêt à mettre en marché des contenants qui ne se récupèrent ou valorisent pas bien”.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Le ministre n’exclut pas que la réforme fasse en sorte qu’on voie de moins en moins certains types de contenants dont le « potentiel de valorisation » est plus faible, comme les multicouches dans lesquels sont vendus certains jus, laits, soupes et bouillons.

Ces contenants bénéficient d’ailleurs d’un sursis de deux ans ; ce n’est qu’à la fin de 2024 qu’ils seront consignés, alors que tous les autres le seront progressivement à partir de l’automne 2022.

Si leur recyclage coûte trop cher aux yeux des entreprises qui les utilisent pour vendre leurs produits, ce sera un incitatif afin d’opter pour un autre type de contenant, souligne le ministre Charette.

Les embouteilleurs, dont beaucoup s’opposaient à l’élargissement de la consigne, « ne sont pas enthousiastes au même niveau », admet le ministre, « mais tous reconnaissent que c’est la direction dans laquelle il faut aller ».

L’unanimité des partis politiques sur la nécessité de cette réforme aide grandement, pense-t-il.

« Les parties prenantes savent fort bien qu’il n’y a plus de possibilité de retourner en arrière », affirme Benoit Charette.

La consigne élargie couvrira tous les contenants de boissons prêtes à boire de 100 millilitres à 2 litres, qu’ils soient en plastique, en verre, en métal ou en carton, ce qui représentera 4 milliards de contenants annuellement.

Six projets-pilotes

Six projets-pilotes démarreront à différents endroits au Québec dès la fin de février ou le début de mars, afin de tester différents types d’infrastructures et différents emplacements. « L’équipement est acheté », indique le ministre Benoit Charette. Les dépôts volontaires de verre qui ont vu le jour un peu partout au Québec depuis quelques années pourront continuer d’exister pour les contenants non consignés, mais le ministre reconnaît que la réforme les touchera. « Je salue ces initiatives, dit-il. Elles ont sans doute aidé à vendre le concept de consigne. »
https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-02-15/une-consigne-automatisee-a-deux-pas-de-la-saq.php

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La montréalaise Spark veut vous débarrasser du Bluetooth

PHOTOMONTAGE LA PRESSE

La puce de Spark repose sur une technologie consommant 40 fois moins d’énergie, avec une latence 60 fois inférieure et une bande passante 10 fois supérieure au Bluetooth.

Les mélomanes et les amateurs de jeux vidéo connaissent les faiblesses du Bluetooth, incapable de transférer de grandes quantités de données avec une latence imperceptible. Et ce standard très répandu a la fâcheuse habitude de vider les piles des téléphones, des claviers et des écouteurs qui l’utilisent. La solution pourrait venir de Spark, entreprise montréalaise qui s’apprête à commercialiser d’ici la fin de l’année une puce qu’elle présente comme « la prochaine révolution industrielle ».

Publié le 16 février 2021 à 5h00

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Karim Benessaieh
La Presse

Ses arguments sont convaincants : la puce repose sur une technologie consommant 40 fois moins d’énergie, avec une latence 60 fois inférieure et une bande passante 10 fois supérieure au Bluetooth.

Pour assumer ses ambitions, Spark annoncera ce mardi matin avoir obtenu 17,5 millions lors d’une ronde de financement dirigée par Cycle Capital Management, à laquelle Real Ventures, Exportation et développement Canada et des investisseurs privés ont participé.

Puce à 1 $

Signe de l’intérêt de cette technologie, deux ex-PDG de géants des semiconducteurs, Paul Jacobs (Qualcomm) et Sanjay K. Jha (GlobalFoundries), ont également embarqué.

« C’est prêt à être pleinement commercialisé », affirme Fares Mubarak, PDG de Spark Microsystems. « Nous avons déjà des preuves de concept avec des fabricants d’équipements de jeux vidéo, nous avons envoyé des dizaines de milliers d’unités à de petites entreprises de l’industrie. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE SPARK MICROSYSTEMS

Toute l’innovation de Spark se trouve dans une puce de 16 mm2 vendue 1 $ l’unité, la SR1000, dont on a produit deux modèles et qui a nécessité sept ans de recherche.

Toute l’innovation de Spark se trouve dans une puce de 16 mm2 vendue 1 $ l’unité, la SR1000, dont on a produit deux modèles et qui a nécessité sept ans de recherche. C’est en 2009 qu’un professeur en génie microélectronique de l’Université du Québec à Montréal, Frédéric Nabki, décide de s’attaquer aux faiblesses d’une technologie universellement utilisée, le Bluetooth. « Quand vous avez un tel standard à succès, vous ne voulez pas jeter le bébé avec l’eau du bain, explique M. Nabki. Ça fait 20 ans qu’on sait que le Bluetooth draine les piles, qu’il n’est pas fiable, mais le standard est puissant, et ce n’est pas dans l’intérêt des fabricants d’innover. »

En 2016, M. Nabki a fondé Spark et recruté à la Silicon Valley l’année suivante un vétéran de l’industrie des semiconducteurs passé par Samsung, AMD et Actel, Fares Mubarak. Les deux hommes sont aujourd’hui respectivement directeur de la technologie et PDG de Spark, qui compte une quarantaine d’employés.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Andrée-Lise Méthot, fondatrice et directrice associée chez Cycle Capital Management, et Frédéric Nabki, directeur de la technologie chez Spark

Réinventer les ondes

Le nom même de l’entreprise reflète la trouvaille qu’on s’apprête à commercialiser. En résumant grossièrement, on a repris le concept des toutes premières transmissions sans fil, notamment l’émetteur à étincelles (sparks) utilisé par Marconi en 1901 pour la première liaison transatlantique. Cette idée d’un signal par des impulsions brèves, plutôt qu’avec une onde radio continue comme en utilisent le Bluetooth et le wifi, a permis de trouver une solution sur laquelle bien des chercheurs ont buté depuis deux décennies.

PHOTO FOURNIE PAR SPARK MICROSYSTEMS

Fares Mubarak, PDG de Spark Microsystems

« Il a fallu réinventer toute la façon dont les ondes radio sont utilisées. Personne n’avait réussi, [mais] je crois que nous y sommes arrivés, affirme M. Mubarak. Évidemment, nous n’utilisons pas d’étincelles, mais nous n’avons plus besoin d’une onde constante qui consomme beaucoup d’énergie et limite la capacité de données. »

Alors que le Bluetooth utilise la bande de fréquences très fréquentées autour de 2,4 GHz, les impulsions du SR1000 de Spark se promènent sur une plage bien plus large, entre 3,1 GHz et 10,6 GHz, d’où sa désignation d’ultra-wide band. « C’est de toute évidence une bonne chose en termes d’interférences : au lieu de rouler sur la même autoroute que tout le monde, vous sautez d’une autoroute à l’autre », explique M. Nabki.

Les appareils connectés, qui ne dépensent plus d’énergie à maintenir un contact constant par onde radio, voient quant à eux leur consommation électrique divisée par 40. C’est notamment ce dernier aspect qui a convaincu Cycle Capital Management, fonds d’investissement en technologies vertes, de mener la plus récente ronde de financement.

L’« internet des objets », ces 75 milliards d’appareils et de capteurs qu’on prévoit d’ici cinq ans, générera une avalanche de piles avec des technologies aussi énergivores que celles utilisées aujourd’hui, estime Andrée-Lise Méthot, fondatrice et directrice associée de Cycle Capital.

« On parle beaucoup d’investissement d’impact ; ça, ça peut avoir un impact gigantesque. On n’est pas rendus au succès planétaire, mais on a un beau potentiel. On est au début de l’histoire. »

Expertise montréalaise

Impossible évidemment de prédire si les grands fabricants voudront acheter cette nouvelle technologie. Apple et Samsung, dans les deux dernières années, ont ajouté la technologie UWB à leurs plus récents téléphones, mais uniquement pour obtenir plus de précision dans la localisation. Alors que le Bluetooth a une précision d’au mieux 2 m pour la localisation, celle de l’UWB descend jusqu’à 10 cm.

Dans un premier temps, Spark vise des marchés précis : le jeu vidéo, les réalités virtuelles et augmentées ainsi que l’audio. Cette technologie permet un taux de transfert allant jusqu’à 20 Mb/s, là où le Bluetooth plafonne à 2 Mb/s dans les meilleures conditions. La latence, elle, passe de 3 ms au mieux à moins de 50 millionièmes de seconde.

Le fait que c’est à Montréal qu’on a inventé cette technologie qui pourrait bouleverser nos vies n’étonne pas Frédéric Nabki. « C’est une ville très innovante, avec des incubateurs et un écosystème très fort. Et ce n’est pas très connu, mais on a une longue expérience en fréquences radio. Peut-être est-ce quelque chose dans l’eau ! »https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-02-16/entreprises/la-montrealaise-spark-veut-vous-debarrasser-du-bluetooth.php

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Ça permettrait enfin d’avoir une bonne qualité audio sur les écouteurs bluetooth.

Ça aurait été bien aussi si le monde n’avait pas été obligé de changer pour des écouteurs avec électronique, batterie, et durée de vie limitée pour une moins bonne qualité de son, parce qu’on a éliminé le mini-jack de nos appareils… Le sans-fil à ses avantages mais aussi ses inconvénients, c’est dommage de pousser tout le marché vers des appareils plus polluants et moins durables sans laisser le choix.

Cela étant dit, la technologie qu’on parle ici à l’air vraiment intéressante, je ne vais pas pleurer si ça remplace le Bluetooth, mais le gros défi sera de percer le marché et avoir cela sur des appareils en masse. La clientèle ne voudra pas se risquer facilement sur une technologie qui n’est pas aussi universel.

Comme dans tout l’innovation bouscule et sème le doute. Toutefois si les qualités du produit sont reconnues, elles pourraient révolutionner l’industrie. Ici il semble que les avantages soient suffisamment intéressants pour convaincre les intervenants dans le domaine, d’aller plus loin dans leur réflexion.

La recherche et développement est une avenue que l’on doit absolument prioriser au Québec, surtout quand on découvre des technologies vraiment avant-gardistes. Bien sûr il faudra faire appel aux fonds spécialisés en capital de risque, cas l’argent est le nerf de la guerre.

Dans la suite de l’histoire des rainettes faux-grillon de Longueuil.

Six bottes de foin pour protéger une espèce en péril

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Un promoteur qui a reçu un avis de non-conformité pour destruction de milieux humides dans l’habitat essentiel d’une espèce en péril a installé des bottes de foin pour contrôler l’écoulement de l’eau, le tout avec l’approbation du ministère de l’Environnement. Une mesure jugée comme une véritable farce par des experts et des biologistes.

Six bottes de foin, une espèce en péril, un promoteur, une ville, Québec et Ottawa. Ce sont les éléments d’une curieuse bataille sur la rive-sud de Montréal où un développeur immobilier risque des poursuites pénales pour avoir mené illégalement des travaux de drainage dans des milieux humides en bordure du Boisé du Tremblay à Longueuil.

Publié le 17 février 2021 à 16h31

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ÉRIC-PIERRE CHAMPAGNE
LA PRESSE

La Presse a appris que le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MECC) a ouvert une enquête en vue de poursuites pénales contre un développeur immobilier qui a réalisé des travaux en milieu humide sans autorisation dans l’habitat essentiel de la rainette faux-grillon, une espèce menacée. Il a reçu un avis de non-conformité, le 15 décembre dernier, pour des infractions à la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE).

Le développeur a fait creuser six canaux de drainage sur son terrain, mais aussi sur trois terrains voisins, dont deux appartiennent à la Ville de Longueuil et l’autre qui est la propriété de Frank et Paolo Catania. Les travaux ont aussi provoqué le rejet de sédiments dans un ruisseau.

« Une enquête en vue de poursuites pénales a été instituée », a confirmé le porte-parole du MELCC, Daniel Messier. L’entreprise visée, une société à numéros, dont l’un des copropriétaires est le Groupe Shatony, soutient qu’« aucun milieu humide ne se trouve sur son terrain, tel que le reconnait le MELCC ». Or, le Ministère affirme qu’« il y a effectivement un milieu humide présent sur une partie de son lot ».

La perspective de poursuites pénales ne rassure pas toutefois les experts consultés par La Presse, qui s’inquiètent de voir au moins une bonne partie de l’habitat essentiel de la rainette faux-grillon détruit au printemps prochain.

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) reconnait que la population du Boisé du Tremblay « est une des plus importantes populations au Québec, en ce sens sa conservation est essentielle au rétablissement de l’espèce ».

Des travaux sans vérifications préalables

Selon le rapport d’inspection produit le 1er décembre, l’entreprise « n’a pas fait de vérifications ou demandes auprès du MELCC avant d’effectuer les travaux ». Shatony précise aussi qu’« il n’avait pas d’autres exutoires possibles que le cours d’eau situé sur le lot 5097010 [qui appartient à la ville] pour drainer son terrain. »

Le développeur affirme qu’il avait la permission de son voisin pour y creuser ses canaux, mais qu’il n’avait pas d’entente avec Longueuil où se trouve le ruisseau. Il ajoute qu’il ne croyait pas avoir besoin d’une autorisation puisque la Ville détient des certifications d’autorisation pour « le développement d’un quartier résidentiel à cet endroit ».

Longueuil détient en effet des certificats d’autorisation pour un éventuel lotissement, prévu dans le cadre d’un Plan particulier d’urbanisme (PPU). Or, celui-ci prévoit « de maintenir l’intégrité des sites (étangs) de reproduction de la RFGO [rainette faux-grillon de l’Ouest] et les espaces en milieux terrestres les entourant ».

Shatony avait jusqu’au 15 janvier pour soumettre « un plan de mesures correctives qui ont été ou qui seront mises en œuvre » pour se conformer à la Loi. Le MELCC confirme avoir reçu « un plan de restauration » et que « celui-ci est en processus de validation ».

Soulignons que la Ville a aussi demandé la remise en état de ses terrains au MELCC.

Des experts inquiets

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LAPRESSE

Tommy Montpetit, directeur de l’organisme Ciel et Terre à Longueuil

Pour Tommy Montpetit, directeur de l’organisme Ciel et Terre à Longueuil, « c’est comme si les pompiers arrosaient le cabanon pendant que la maison brûle ». « Tout ça est loufoque. Mais c’est malheureusement le genre de situation qui se produit régulièrement au Québec. »

C’est aussi l’avis de Michel La Haye, biologiste spécialisé en faune aquatique depuis 35 ans. « Il est scrappé l’habitat. Ce ne sont pas de petites mesures non professionnelles qui vont y faire quoi que ce soit. Ce qu’il faut, c’est réparer, rétablir cet habitat. »

Le directeur de la Société pour la nature et les parcs du Québec (SNAP), Alain Branchaud, a indiqué que son organisation « n’exclut aucune mesure juridique quand on voit les infractions et destructions de milieux humides dans l’habitat de la rainette. » Un décret d’urgence pourrait être demandé pour protéger l’habitat de l’espèce à Longueuil, comme ce fut le cas à La Prairie en 2016.

Six bottes de foin

L’entreprise a proposé de réaliser un rapport environnemental à la mi-juin pour délimiter et localiser les milieux humides potentiellement présents sur leur terrain. Elle a aussi fait installer six bottes de foin, en guise de mesure d’atténuation temporaire afin de répondre aux exigences du MELCC concernent le rejet de sédiments dans l’eau.

Le Ministère n’a pas voulu confirmer s’il avait demandé ou approuvé l’utilisation de bottes de foin. Dans un courriel transmis à La Presse, le directeur de projet de Shatony, Sasha Côté, affirme que ces travaux ont été « réalisés après consultation avec la ville [de Longueuil] et le MELCC », suivant les recommandations d’un biologiste. Il a précisé que « notre entreprise est consciente et soucieuse des enjeux environnementaux et, en ce sens, nous avons l’intention de suivre les recommandations du biologiste, le tout en pleine collaboration avec la ville et le MELCC ».

« La Ville de Longueuil dit avoir pris acte de la décision de Shatony de faire ses travaux, travaux qu’elle n’a jamais cautionnés », indique son porte-parole, Carl Boisvert.

Milieux humides et rainette faux-grillon | Six bottes de foin pour protéger une espèce en péril | La Presse

Tant que le ministère de l’environnement n’appliquera pas de véritable politique globale pour le territoire du Québec, on se retrouvera avec des problèmes locaux de ce genre, où les promoteurs agissent de manière unilatérale et en catimini, au détriment de l’écologie du milieu et du développement durable :-1:

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Attribution des contrats publics Québec prend un virage vert

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES BLOOMBERG

« On veut encourager les matériaux du Québec », a déclaré la ministre Andrée Laforest, députée de Chicoutimi, évoquant le bois et l’aluminium de « [sa] région », à propos de l’ajout de critères environnementaux dans les appels d’offres municipaux.

Le gouvernement Legault légifère pour faciliter l’inclusion de critères écologiques dans les appels d’offres municipaux, une façon de rendre les contrats publics plus verts, mais aussi de favoriser les entreprises d’ici.

Publié le 19 février 2021 à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
La Presse

Les municipalités et les sociétés de transport pourront se doter d’une « politique d’acquisition responsable [tenant] compte des principes de développement durable et de la protection de l’environnement », a déclaré la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, en commission parlementaire, jeudi.

Les amendements au projet de loi 67 qui ont ainsi été adoptés modifient la Loi sur les cités et villes, le Code municipal du Québec, la Loi sur les sociétés de transport en commun de même que les lois sur les communautés métropolitaines de Montréal et de Québec.

« C’est une réelle victoire » pour les entreprises québécoises qui offrent des produits et services plus verts, a déclaré à La Presse l’avocate Geneviève Dufour, professeure de droit à l’Université de Sherbrooke.

Elle et son collègue David Pavot travaillent depuis huit ans à faire changer les lois « pour qu’il y ait clairement une possibilité pour les organismes publics d’acheter écologique ».

« On a réussi à faire comprendre [aux élus] que c’est bon pour le Québec », se réjouit-elle.

« Moteur de transformation »

L’ajout de critères environnementaux dans les appels d’offres municipaux donnera un coup de pouce aux entreprises québécoises dans l’attribution de contrats publics.

« On veut encourager les matériaux du Québec », a déclaré sans détour la ministre Andrée Laforest, députée de Chicoutimi, évoquant le bois et l’aluminium de « [sa] région ».

Les règles du commerce international interdisent, sauf exception, de favoriser une entreprise nationale, mais il est « tout à fait légal » d’insister pour que les produits ou services fournis proviennent d’énergies renouvelables, illustre Geneviève Dufour.

Personne ne va nous reprocher de vouloir acheter de l’aluminium fait avec de l’électricité plutôt que de l’aluminium chinois fait avec du charbon.

Me Geneviève Dufour, professeure de droit à l’Université de Sherbrooke

L’avocate et professeure voit même ces critères comme un « moteur de transformation » de l’économie québécoise, qui favorisera les entreprises développant des produits et services écoresponsables.

« L’État, c’est le plus gros acheteur au Québec ; si une entreprise ne veut pas [améliorer ses pratiques], elle va se couper du plus gros acheteur au Québec », explique-t-elle.

Ce sera aussi un atout sur les marchés internationaux, qui ont tous « des exigences de contenus verts », ajoute Me Dufour.

Ailleurs dans le monde, de tels critères écologiques ont pour effet de favoriser les marchés locaux, souligne Sarah Houde, présidente-directrice générale de Propulsion Québec, une organisation qui regroupe les entreprises du domaine des transports électriques et intelligents au Québec et qui souhaite voir ces critères devenir obligatoires.

« C’est vraiment vers là qu’on pense qu’on doit aller, surtout au Québec », a-t-elle déclaré à La Presse.

Tracer la voie

La Loi sur le développement durable permettait déjà aux municipalités et aux sociétés de transport en commun d’inclure des critères écologiques dans leurs appels d’offres, mais ce n’était pas suffisant, explique Me Dufour.

« Quand tu ne le répètes pas dans les lois spécifiques, il n’y a personne qui se sent vraiment visé », dit-elle.

Elle en veut pour preuves le très faible nombre de villes québécoises qui ont des politiques d’acquisition responsable et l’absence de référence au développement durable dans les appels d’offres municipaux.

« Le fait de le répéter, ça trace la voie », insiste Me Dufour.

De tels critères devraient même être obligatoires, croit-elle également, comme c’est d’ailleurs le cas dans plusieurs pays, et même dans certains États des États-Unis.

« On n’est pas en avance ; on est 20 ans en retard sur l’Europe », s’exclame-t-elle.

« Il faut que ça vienne du Conseil du trésor, il faut que [la ministre] Sonia LeBel dise : “On est rendus là” », ajoute-t-elle.

Mais il faut d’abord que les « acheteurs publics » soient accompagnés dans leurs démarches, car ils craignent parfois d’exclure illégalement des fournisseurs en imposant des critères écologiques, ou se questionnent sur les « preuves » qu’ils peuvent exiger pour s’assurer qu’un bien ou un service est réellement « vert ».

« C’est hyper technique, affirme Geneviève Dufour, ça prend de l’aide gouvernementale. »
https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2021-02-19/attribution-des-contrats-publics/quebec-prend-un-virage-vert.php

Arctic Gardens Des légumes « testés pour les résidus de pesticides »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Robert Deschamps (à gauche), directeur agricole de Bonduelle Amériques Longue Conservation, et Christian Malenfant, vice-président au marketing, à la recherche et développement et à la responsabilité sociale d’entreprise

Alors que les consommateurs sont de plus en plus soucieux de ce qu’ils mangent, Bonduelle lancera au cours des prochaines semaines une gamme de légumes surgelés « testés pour les résidus de pesticides ». Dorénavant, le maïs sucré, les petits pois et les haricots verts de sa marque Arctic Gardens porteront cette mention, utilisée pour la première fois au Québec pour des aliments distribués à grande échelle.

Publié le 19 février 2021 à 6h00

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Daphné Cameron
La Presse

Chaque lot sera testé par des laboratoires indépendants pour détecter la présence éventuelle de résidus de plus de 300 pesticides.

« C’est une exigence supplémentaire qu’on s’est donnée de façon volontaire », explique Christian Malenfant, vice-président au marketing, à la recherche et développement et à la responsabilité sociale d’entreprise chez Bonduelle. « Ça indique qu’on n’a trouvé aucune trace de pesticides pour plusieurs pesticides qu’on a testés à l’aide de laboratoires indépendants. Et on a exigé les équipements de tests les plus sophistiqués sur le marché. Dans la limite de ces tests, on a mis en marché seulement les légumes pour lesquels on n’a trouvé aucune trace de ces pesticides. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Dorénavant, le maïs sucré, les petits pois et les haricots verts de sa marque Arctic Gardens porteront la mention « testés pour les résidus de pesticides », utilisée pour la première fois au Québec pour des aliments distribués à grande échelle.

La mention « testé pour les résidus de pesticides » est permise par la loi fédérale sur l’étiquetage. Il ne s’agit pas d’une appellation officielle reconnue par le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants comme l’appellation « biologique ».

L’allégation “testé pour les résidus de pesticides”, c’est un engagement de résultat, contrairement au bio qui est un engagement de moyens. Alors nous, on s’est engagés à avoir un résultat et ce qui compte ici, c’est qu’à la suite de la récolte, on teste et on met en marché seulement ce qui n’a pas de traces de pesticides.

Christian Malenfant, vice-président au marketing, à la recherche et développement et à la responsabilité sociale d’entreprise chez Bonduelle

En France, Bonduelle a lancé une gamme de maïs « testé pour les résidus de pesticides » il y a environ un an. Le premier marché visé par cette approche en Amérique du Nord est celui du Québec.

Pour expliquer ce choix, Christian Malenfant cite un sondage commandé en 2016 par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) qui a révélé que 86 % des Québécois se disent préoccupés par la présence de pesticides dans leur alimentation.

« Non seulement on est convaincus que les consommateurs le souhaitent, on est convaincus qu’en ayant une approche d’agriculture raisonnée et durable et des initiatives pour diminuer l’usage de pesticides, en tant qu’entreprise responsable, on est dans la bonne voie. »

Agriculture raisonnée

Agriculture conventionnelle, biologique ou raisonnée : dans quel genre de système agricole les légumes « testés pour les résidus de pesticides » ont-ils été cultivés ?

L’agriculture biologique est soumise à des normes très rigoureuses interdisant le recours aux OGM, aux pesticides synthétiques et aux engrais chimiques. Une production biologique doit respecter les normes d’un organisme de certification.

En revanche, l’agriculture dite conventionnelle permet l’usage d’engrais chimiques, de pesticides et de semences génétiquement modifiées. Les pesticides utilisés servent à combattre les ravageurs des cultures comme les insectes, les mauvaises herbes ou les champignons nuisibles.

De plus en plus d’agriculteurs québécois s’identifient désormais à la mouvance de l’agriculture raisonnée, qui ne rejette pas le recours aux pesticides lorsqu’ils sont jugés nécessaires, mais qui mise plutôt sur des techniques de « lutte intégrée contre les ravageurs ».

Pour sa gamme de produits « testés pour les résidus de pesticides », Bonduelle s’inscrit dans cette dernière catégorie.

« Nous avons plusieurs stratégies qui sont mises de l’avant pour réduire l’utilisation des pesticides », affirme le directeur agricole de Bonduelle Amériques Longue Conservation, Robert Deschamps.

Il cite le désherbage mécanique, l’utilisation de pièges à insectes, la substitution des fongicides par un champignon qui attaque les autres champignons, ainsi que le recours à des insectes prédateurs des insectes qui s’attaquent aux cultures.

« À la base, on s’inscrit dans une démarche de développement durable », explique-t-il.

Rémy Lambert, professeur d’économie agroalimentaire à l’Université Laval et spécialiste des appellations réservées, affirme que les consommateurs sont de plus en plus soucieux de la provenance des produits qu’ils achètent. S’il voit avant tout l’étiquette « testé pour les résidus de pesticides » comme un positionnement marketing, il estime que des consommateurs seront rassurés par cette mention.

« On va chercher celui qui se préoccupe de la consommation de matières dommageables pour sa santé. On n’interdit pas l’utilisation du pesticide, ce n’est pas ce qui est dit non plus. On montre qu’on l’utilise de façon raisonnable, de façon raisonnée, et en même temps, on dit : « On a fait les tests et il n’y a pas de résidus. » »

La présence de résidus de pesticides est-elle fréquente ?

Les trois quarts des fruits et légumes issus de l’agriculture conventionnelle analysés par le MAPAQ entre 2016 et 2017 contenaient des résidus de pesticides. Et sur les 544 échantillons analysés, 26 (donc 5 %) comprenaient des particules chimiques à des concentrations qui dépassaient les normes canadiennes. En 2018-2019, la proportion des aliments non conformes était de 3 %.

Qui fera les tests ?

Puisque les laboratoires commerciaux du Québec ne sont pas équipés pour détecter tous les pesticides, chaque lot sera envoyé en France. Ils seront testés par l’entreprise Phytocontrol. Son site web précise que « la majorité des analyseurs est couplée à des détecteurs de spectrométrie de masse en tandem ». La spectrométrie de masse est une technologie qui permet de détecter des seuils très bas de molécules chimiques. La limite de détection est égale à la moitié de la limite de quantification qui s’exprime en centièmes de milligramme par kilogramme pour les molécules testées, nous a précisé Bonduelle.

Pourquoi ne pas utiliser la mention « sans résidus de pesticides » ?

L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) juge « trompeuse » l’utilisation de l’allégation « sans résidus de pesticides », considérant la possibilité que les pesticides puissent demeurer ou se déplacer dans l’environnement avant les récoltes. « Des produits frais peuvent être exposés à des pesticides présents dans le sol ou l’eau provenant d’une contamination précédente, de l’air contaminé chimiquement ou par l’écoulement des eaux », souligne l’ACIA.
https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-02-19/arctic-gardens/des-legumes-testes-pour-les-residus-de-pesticides.php

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La CMM veut contribuer à la protection du bois Châteauguay-Léry

Le 22 février 2021 — Modifié à 9 h 04 min le 22 février 2021

Temps de lecture : 1 min 30 s

Par Michel Thibault

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Valérie Plante (Photo : Gracieuseté)

La CMM a annoncé vendredi qu’elle veut contribuer à la protection du corridor vert Châteauguay-Léry comme le souhaite la MRC de Roussillon.

« Le Corridor vert Châteauguay-Léry a été identifié dans le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) comme l’un des bois et corridors forestiers d’intérêt métropolitain et ce n’est pas pour rien. C’est un milieu naturel très vaste, qui se démarque par sa diversité biologique et la richesse de ses habitats, qui comprend notamment cinq écosystèmes forestiers exceptionnels et une vingtaine d’espèces floristiques à statut précaire. La CMM entend donc contribuer à sa conservation », a exprimé dans un communiqué Valérie Plante, mairesse de Montréal et présidente de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

Celle-ci demande au ministre de l’Environnement, Benoit Charette, et à la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, de se joindre à elle pour accompagner la MRC de Roussillon dans ses démarches pour préserver le boisé. La mairesse Plante prône l’élaboration d’un plan pour acquérir des terrains privés dans le corridor vert.

« Ces acquisitions pourraient d’ailleurs s’inscrire dans le cadre du programme d’aide financière de la Trame verte et bleue, auquel participent les municipalités du Grand Montréal et le gouvernement du Québec, qui vise notamment à accroître le couvert forestier et à améliorer la connectivité entre les milieux naturels », suggère-t-elle.

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Production d’hydrogène vert Un autre projet verra le jour au Québec

PHOTO ÉTIENNE RANGER, ARCHIVES LE DROIT

Le barrage hydroélectrique de Brookfield, dans la région de Gatineau, alimentera l’électrolyseur de 20 mégawatts pour la production d’hydrogène vert.

Deux géants canadiens du secteur de l’énergie, Brookfield et Enbridge, se sont associés pour produire au Québec de l’hydrogène vert qui sera injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel de Gatineau.

Publié le 25 février 2021 à 5h00

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Hélène Baril
La Presse

L’investissement d’Evolugen, filiale de Brookfield Energy, et de Gazifère, filiale d’Enbridge, dans la filière de l’hydrogène vert fera l’objet d’une annonce ce jeudi au congrès annuel de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER).

Il s’agit d’une première pour les deux entreprises dans le secteur de l’hydrogène dit vert, c’est-à-dire produit avec de l’énergie renouvelable. Les discussions qui ont conduit à leur association ont duré plus d’un an, a expliqué Josée Guibord, chef de la direction d’Evolugen, lors d’un entretien avec La Presse.

Brookfield Energy, société mère d’Evolugen, est un producteur d’énergie renouvelable présent partout dans le monde. Gazifère, distributeur gazier de l’Outaouais, est une des entreprises d’Enbridge, établie à Calgary et spécialisée dans le transport du pétrole et du gaz.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Un réservoir d’hydrogène d’Enbridge à Markham, en Ontario

Quelque 60 millions sur la table

Evolugen investira 50 millions dans la construction d’un électrolyseur de 20 mégawatts à Gatineau, à proximité de ses centrales hydroélectriques, qui l’alimenteront en énergie. Gazifère, de son côté, construira une conduite de 15 kilomètres pour acheminer l’hydrogène à son réseau de distribution de gaz naturel qui dessert 45 000 clients à Chelsea et à Gatineau. L’investissement de Gazifère est estimé à une dizaine de millions de dollars, pour lequel une aide gouvernementale est attendue.

Il s’agit d’une première au Canada, souligne Jean-Benoit Trahan, directeur général de Gazifère. L’hydrogène produit par Evolugen sera injecté directement dans le réseau de distribution de Gazifère, et aura des effets immédiats sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

L’usine de production d’hydrogène à partir de l’électrolyse de l’eau nécessitera 20 mégawatts d’énergie produite par les centrales d’Evolugen sur la rivière La Lièvre, dont la capacité de production totale est de 250 mégawatts.

L’injection d’hydrogène dans le réseau de Gazifère rendra le gaz plus vert et permettra d’éviter l’émission de 15 000 tonnes de GES par année.

« C’est un partenariat parfait », estime Jean-Benoit Trahan.

Selon lui, un des avantages importants du partenariat est la création d’un réseau qui intègre la production, la distribution et la consommation d’hydrogène vert à l’échelle d’une région.

Le projet servira d’ailleurs de banc d’essai pour les deux entreprises, qui pensent déjà à répéter l’expérience ailleurs au Canada.

Un troisième projet au Québec

Le projet d’Evolugen et de Gazifère est le troisième investissement dans la filière de l’hydrogène vert annoncé au Québec en quelques mois.

La capacité de production de l’électrolyseur, à 20 mégawatts, égalera celle de la multinationale française Air Liquide, qui a inauguré en janvier un électrolyseur de 20 mégawatts à Bécancour, présenté alors comme le plus gros du monde.

Le plus important projet de production d’hydrogène vert reste celui annoncé par Hydro-Québec, qui veut construire une usine de production d’une capacité de 80 mégawatts à Varennes. Il s’agit de la première incursion de la société d’État dans cette filière énergétique.

L’objectif est d’alimenter en énergie l’usine de transformation des matières résiduelles en biocarburants que veut construire Enerkem à Varennes.

L’hydrogène peut maintenant être produit à partir d’une source d’énergie renouvelable à un coût compétitif, et la demande augmente parce qu’il permet de remplacer des sources d’énergie polluantes et d’électrifier des procédés industriels qui ne pourraient pas l’être directement.
https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2021-02-25/production-d-hydrogene-vert/un-autre-projet-verra-le-jour-au-quebec.php

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Le ministère des Forêts du Québec est-il à la solde de l’industrie?

C’est ce qu’ont affirmé des lanceurs d’alerte à l’équipe d’Enquête, en évoquant des chiffres falsifiés, des contrôles déficients et des décideurs complaisants.

Un ancien chantier où la forêt a subi une coupe totale.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

Priscilla Plamondon Lalancette (accéder à la page de l’auteur)Priscilla Plamondon Lalancette

Martin Movilla (accéder à la page de l’auteur)Martin Movilla

Publié à 4 h 01

Le Québec perd des millions de dollars en redevances forestières parce qu’il laisse l’industrie établir elle-même la valeur marchande du bois coupé sur les terres publiques pour approvisionner les usines. C’est ce que révèlent des lanceurs d’alerte à propos d’un système qu’ils jugent pernicieux, qui ne protégerait ni les forêts québécoises ni l’argent des contribuables.

Pour connaître la capacité de production de nos forêts et établir le montant des droits de coupes à payer pour les compagnies forestières, le système de mesurage est censé permettre au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs de s’assurer du volume, du poids et de la qualité du bois qui entre dans les usines.

Or, selon un mesureur de l’industrie qui a œuvré dans plusieurs régions et qui a requis l’anonymat par peur de représailles, les entreprises omettent de déclarer jusqu’à 25 % de la facture réelle.

Il y a toujours un écart. Les mesureurs vont toujours avantager la main qui les nourrit, qui est la compagnie, explique-t-il.

Le mesurage s’effectue souvent selon un ratio masse/volume.

Photo : Radio-Canada

Notre source sait comment falsifier les chiffres : mauvais échantillonnage, poids du bois manipulé, qualité de bois déclarée inférieure à la réalité. Plus les années passent, plus le mesurage des volumes de bois récoltés est faussé.

Le gouvernement a de moins en moins d’effectifs pour faire le contrôle, indique-t-il. Et quand [les fonctionnaires] viennent sur le terrain, ça devient prévisible.

L’ancienne fonctionnaire Joanne Laframboise confirme que le nombre de vérificateurs a fondu au cours des dernières années. Celle qui était responsable des vérifications en Mauricie vient de prendre sa retraite du ministère des Forêts, après 40 ans de service. Elle déplore que Québec s’en remette à la bonne foi des mesureurs embauchés par les compagnies.

C’est comme si tu viens de donner un chèque en blanc, pratiquement. Ce qu’on entend, c’est qu’il faut donner un service à la clientèle. La clientèle, c’est l’industrie. Je n’avais plus le temps de faire ma job pour vérifier que le bois était bien déclaré.

Joanne Laframboise, spécialiste du mesurage

Joanne Laframboise affirme que le gouvernement a perdu le contrôle du bois coupé dans les forêts québécoises.

Photo : Radio-Canada

Les arbres n’ont pas tous la même valeur. Certains coûtent 50 ¢ le mètre cube, alors que d’autres coûtent 50 $. Tout dépend de l’essence du bois et de sa qualité. Comme il y a moins de vérifications sur le terrain, le gouvernement risque de se faire passer un sapin par les compagnies.

Au fil des ans, nos sources ont assisté à un relâchement des normes de mesurage. Résultat : le gouvernement aurait perdu le contrôle.

Le gouvernement et les compagnies, ça commence à être pas mal la même équipe.

Un mesureur de l’industrie

Ce mesureur a peur de laisser une « terre brûlée » à ses enfants si le gouvernement continue à être de mèche avec l’industrie.

Photo : Radio-Canada

L’an dernier, 22,5 millions de mètres cubes de bois ont été récoltés dans les forêts publiques, selon le ministère. Le lanceur d’alerte de l’industrie croit que ces données sont faussées en raison des failles d’un système qu’il dit corrompu.

Il n’y a vraiment personne au Québec qui sait combien on bûche de bois, regrette-t-il. Ce sont des milliers de kilomètres carrés qu’on a bûchés et personne n’a été payé pour, ni l’entrepreneur ni le gouvernement.

Les entrepreneurs forestiers qui coupent le bois pour fournir les usines sont aussi payés en fonction des volumes récoltés. Et ils peinent souvent à être rentables.

1800 kilomètres carrés de forêt ont été abattus l’an dernier au Québec.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

Montré du doigt depuis longtemps

Il y a 22 ans, l’auteur-compositeur-interprète et militant Richard Desjardins a provoqué une onde de choc en montrant la déforestation du Québec et les coupes à blanc au grand écran avec son documentaire L’erreur boréale.

S’en est suivie la commission Coulombe, dont le rapport a remis en question la fiabilité du système de mesurage contrôlé par l’industrie en recommandant un resserrement des contrôles de l’État.

Puis une refonte complète du régime forestier a eu lieu en 2013. Le gouvernement a alors pris les rênes de la planification forestière, qui relevait jusque-là de l’industrie.

Mais 17 ans après la publication du rapport Coulombe, la situation s’est encore détériorée, dénoncent plusieurs sources.

Joanne Laframboise assure avoir elle-même alerté ses supérieurs à plusieurs reprises concernant les brèches du système et la baisse de qualité du bois déclaré, mais ceux-ci auraient fermé les yeux.

Elle croit qu’un changement s’impose. Les infrastructures devraient être gérées par le ministère à la sortie des forêts, estime-t-elle.

Notre source dans l’industrie va plus loin : un organisme indépendant devrait se charger du mesurage. Si tu veux la juste mesure, c’est la seule façon de faire.

92% des forêts sont publiques au Québec.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

Décisions politiques

La gestion des coupes forestières et la difficulté de protéger des forêts publiques pour leur donner une vocation récréotouristique sèment la grogne un peu partout au Québec. De plus en plus de citoyens dénoncent la mainmise de l’industrie.

Le lobby des dernières années a fait en sorte qu’on n’a plus le contrôle de nos forêts publiques, explique une source du ministère de l’Environnement dont nous devons aussi protéger l’identité.

Pour atteindre sa cible de préserver 17 % du territoire en 2020, Québec a créé 34 nouvelles aires protégées, situées majoritairement dans le nord de la province, où les forêts n’ont pas tellement de valeur commerciale. Mais là où le bois est convoité par les usines, le gouvernement Legault a laissé 83 autres projets en plan.

Les députés du gouvernement actuel sont plutôt dans les régions ressources. Il y a un enjeu politique. Les lobbys industriels sont extrêmement puissants.

Une source du ministère de l’Environnement

Ce lanceur d’alerte a passé une décennie à chercher des compromis, notamment avec des collègues du ministère des Forêts, pour protéger la biodiversité. Mais il est d’avis que la menace des pertes d’emplois et des fermetures d’usines dans les régions forestières où la CAQ veut se faire réélire a pesé plus lourd dans la balance.

Cette source du ministère des Forêts brise l’omerta en espérant que les choses vont changer.

Photo : Radio-Canada

Une autre source confidentielle, celle-là au ministère des Forêts, confirme que plusieurs des aires protégées non retenues avaient pourtant obtenu le feu vert de fonctionnaires, mais que l’industrie s’en inquiétait.

Sur le terrain, les pressions des industriels seraient constantes. Même quand les entreprises ne prennent pas les normes environnementales au sérieux, le travail des fonctionnaires consisterait en bonne partie à leur obtenir des dérogations pour que les coupes se poursuivent.

On est là pour l’industrie qui dit : “Fais ça, donne-moi ça, change ça.”

Une fonctionnaire du ministère des Forêts

Notre enquête démontre que la gestion centralisée des forêts dans les bureaux de Québec crée un cafouillage en région.

Il y a plusieurs ingénieurs forestiers qui refusent d’apposer leur signature professionnelle sur les documents parce que le travail est bâclé. On tourne les coins ronds. C’est garroché. Il y a beaucoup d’improvisation. Ce qui est sur papier qui vient de Québec, ce n’est pas la réalité du terrain, signale cette autre source.

L’industrie forestière génère 60 000 emplois au Québec.

Photo : Radio-Canada

Changement de culture et enquête publique réclamés

Nos sources soutiennent que les postes clés au sein du ministère des Forêts sont surtout occupés par des gestionnaires d’une autre génération.

Ils gèrent ça comme avant, même s’ils n’ont pas les connaissances à jour. Ils veulent garder la mainmise sur les décisions, témoigne la fonctionnaire du ministère des Forêts.

Le régime forestier prévoit un aménagement durable du territoire depuis 2013. Mais, d’après elle, il y a un manque de ressources et, surtout, un manque de volonté de la part des autorités pour y arriver. Les intérêts des amateurs de plein air, des Autochtones, des pourvoyeurs, des chasseurs et des villégiateurs sont rarement pris en compte. Les processus de concertation et de consultation sont qualifiés de bidon, même par ces fonctionnaires.

L’ex-forestier en chef du Québec, Gérard Szaraz, croit que malgré les belles intentions du régime forestier, on demeure dans un ministère à vocation économique. Et c’est correct, mais le contre-pouvoir qui devrait exister avec l’environnement n’est pas là.

Comme bien des ingénieurs forestiers, cet ex-sous-ministre associé croit qu’il faut décentraliser la gestion des forêts en région pour arriver à de véritables consensus. M. Szaraz propose la création de sociétés d’aménagement forestier dont ni le ministère ni l’industrie ne seraient maîtres d’œuvre.

Richard Desjardins réclame la tenue d’une enquête publique sur le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Photo : Radio-Canada / Martin Chabot

Richard Desjardins et son acolyte Henri Jacob croient que le gouvernement contrevient à la Loi sur l’aménagement durable du territoire en étant au service de l’industrie forestière et en ne jouant pas son rôle de gardien du patrimoine.

Leur organisme, Action boréale, demande la tenue d’une enquête publique sur la gestion du ministère des Forêts.

Une forêt, c’est de la ressource ligneuse à abattre. C’est comme ça que c’est perçu par le ministère, par son bunker de hauts fonctionnaires qui dirigent tout.

Richard Desjardins, artiste et militant

Son mandat, c’est de faire une foresterie dans le respect du développement durable. C’est la loi. Si on faisait une enquête là-dessus, on les mettrait hors-la-loi, parce que c’est une farce, actuellement, lance Richard Desjardins.

Il va falloir que la société se réveille et qu’elle fasse comprendre au gouvernement que la forêt, ce n’est pas juste une cour à bois, somme-t-il.

Malgré nos demandes d’entrevue, le ministre Pierre Dufour n’était pas disponible pour répondre à nos questions.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1774723/foresterie-mesurage-terres-publiques-complaisance-gouvernement

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Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles Un nouveau règlement de zonage plus vert

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

En vertu du nouveau règlement de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, l’espace minimal qui doit être végétalisé en cour avant pour les nouvelles habitations passera de 10 % à 20 %.

L’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles se prépare à adopter un nouveau règlement de zonage comportant plusieurs dispositions pour mieux lutter contre les changements climatiques.

Publié le 8 mars 2021 à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
La Presse

Au nombre des mesures qui seront mises de l’avant, les nouvelles aires de stationnement pour les unités résidentielles devront être précâblées afin d’accueillir des bornes de recharge pour véhicules électriques.

L’arrondissement dirigé par la mairesse Caroline Bourgeois souhaite ainsi se préparer pour 2035, année à partir de laquelle la vente de véhicules à essence neufs sera interdite au Québec.

Le gouvernement Legault a d’ailleurs annoncé qu’il souhaitait augmenter à 30 % d’ici 10 ans la proportion de voitures électriques sur les routes. Un bond considérable considérant que seulement 1,3 % du parc automobile actuel est constitué de véhicules électriques.

Au nombre des changements à venir, l’arrondissement veut aussi réduire la proportion de surfaces asphaltées au profit d’espaces végétalisés.

« On a constaté qu’il n’y a pas beaucoup de verdissement dans les nouveaux projets de développement. Tout est asphalté. Ça respecte bien sûr la règlementation en vigueur, mais c’est une pratique qu’on ne veut plus voir en 2021 », signale Caroline Bourgeois.

L’arrondissement estime que de 8000 à 12 000 unités d’habitation pourraient s’ajouter sur son territoire au cours des prochaines années.

Accroître la surface végétalisée

L’espace minimal qui doit être végétalisé en cour avant pour les nouvelles habitations passera de 10 % à 20 %. Divers éléments végétaux (arbres, arbustes, haies, etc.) devront obligatoirement être aménagés entre un espace de stationnement et la voie publique pour les habitations de trois unités et plus.

La nouvelle règlementation sera aussi plus stricte pour les aires de stationnement des espaces commerciaux qui sont supérieures à 1000 m2. Au moins 25 % de leur superficie devra être végétalisée.

Ces mesures pourraient contribuer à diminuer les îlots de chaleur urbains, d’autant plus qu’on s’attend à une hausse des épisodes de chaleur extrême dans le Grand Montréal au cours des prochaines décennies.

Je m’attends à ce que ça soit bien reçu par le public. Les gens aiment Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. On a des parcs extraordinaires, on a la rivière, on a le fleuve.

Caroline Bourgeois, mairesse de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles

Même son de cloche du côté de Yann Lessnick, conseiller en planification pour l’arrondissement. « On donne aussi l’exemple auprès des promoteurs avec nos projets. »

Il cite en exemple le stationnement écologique de l’aréna Rodrigue-Gilbert. Le nouvel aménagement comprend notamment 34 % de surface perméable permettant d’absorber et de filtrer l’eau de pluie.

L’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles compte un peu plus de 100 000 habitants, soit 6 % de la population de Montréal. En matière de densification, on y retrouve 2525 habitants au kilomètre carré.

Le nouveau règlement devrait être adopté mardi en conseil d’arrondissement avant d’être officiellement entériné par Montréal au début du mois de mai.
https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2021-03-08/riviere-des-prairies-pointe-aux-trembles/un-nouveau-reglement-de-zonage-plus-vert.php

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GNL Québec vu par les ailes jeunesse de l’Assemblée nationale

PHOTO FOURNIE PAR GNL

Dans son rapport publié mercredi, le BAPE remet fortement en doute l’affirmation du promoteur du projet voulant que cette usine contribue à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).

Alors qu’un rapport du BAPE a exprimé mercredi d’importantes réserves sur GNL Québec, la relève libérale, péquiste et solidaire s’accorde : le projet n’a plus sa place et aucune aide — directe ou indirecte — ne doit lui être offerte. L’aile jeunesse des caquistes, elle, reconnaît que le projet « bat de l’aile », mais demeure prudente.

Publié le 24 mars 2021 à 17h11

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Henri Ouellette-Vézina
La Presse

« C’est un projet qui bat de l’aile. […] Et je suis d’accord avec le fait qu’il faut justement investir du point de vue régional », laisse tomber le président de la Commission de la relève de la CAQ (CRCAQ), Keven Brasseur. Il s’est exprimé sur le sujet lors d’un échange avec ses homologues des autres partis organisé pour La Presse, en marge des rencontres Maître chez vous (MCV) de Force Jeunesse, le week-end dernier.

Pour M. Brasseur, le gouvernement a déjà été très clair : aucun « argent public », en matière de subventions ou de financement, ne sera mis dans ce projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel, qui suscite énormément d’opposition. Mais d’autres possibilités existent, laisse-t-il entendre.

« Je me ramène quelques années en arrière avec ce qui s’était passé avec la Cimenterie McInnis. À la CAQ, on parlait souvent de prendre cet argent-là et, plutôt que de l’investir dans une entreprise très polluante, de créer un Fonds Gaspésie pour que différentes personnes qui auraient des projets puissent oser leur plan d’affaires », insiste M. Brasseur, en parlant de « sa vision » du développement régional.

Dans son rapport publié mercredi, le BAPE remet fortement en doute l’affirmation du promoteur du projet voulant que cette usine contribue à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). « Il suffit de faire varier quelques hypothèses utilisées dans [l’analyse] » pour que le bilan soit « au mieux » neutre ou « au pire » une augmentation nette des émissions de GES au niveau planétaire, peut-on lire. Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a soutenu que « la balle est maintenant dans le camp du promoteur ».

Exit les « rabais sur l’hydroélectricité »

Pour la présidente de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec (CJPLQ), Frédérique Lavoie-Gamache, toute forme d’escompte à l’égard de GNL Québec serait inacceptable dans le contexte. « Avoir des rabais sur l’hydroélectricité, ça revient un peu à donner des fonds au projet. On ne veut pas vendre notre énergie au rabais pour des projets auxquels les jeunes ne croient pas, et dont ils ne voient pas la relance économique derrière », a-t-elle soutenu.

La jeune libérale affirme qu’il faudra quand même un projet économique pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Selon elle, plusieurs autres industries peuvent « mousser l’économie de la région » en tout respect de l’environnement. « Le problème, c’est qu’on veut peut-être y aller pour le plus facile parfois. On voit des projets comme GNL qui se développent, et on se dit que ça va rapporter à la région, alors qu’au fond, le Saguenay a une belle industrie forestière où il serait possible de faire une belle relance économique avec davantage de relance verte », insiste-t-elle.

Chez Québec solidaire, le porte-parole dans Brome-Missisquoi, Alexandre Legault, est catégorique. « C’est complètement inacceptable en ce moment de financer indirectement un projet comme ça, qui nous met en retard », fustige-t-il. « Avec les milliards qui vont être investis, on pourrait développer des projets de transports collectifs, des initiatives pour développer la souveraineté alimentaire, pour bâtir notre résilience, comme le développement du réseau de triphasés dans les régions pour alimenter nos serres et nos producteurs », insiste M. Legault.

Au-delà de GNL Québec, le président du Comité national des jeunes du Parti québécois, Alec Ordon, invite le gouvernement à envisager la relance comme une « transition verte ». « On est dans un changement de paradigme. On ne doit pas juste relancer l’économie de demain matin. Il faut faire en sorte que l’avenir des futures générations soit vert, écoresponsable et équitable », dit-il.

« L’implantation de cette transition-là devra aussi se faire de manière juste pour les travailleurs. C’est important que les investissements du gouvernement soient profitables pour les salariés, et non juste les grandes entreprises », insiste M. Ordon.

L’environnement, le grand oublié ?

Chez Force Jeunesse, la vice-présidente exécutive Gabrielle Morneau El-Hajal se dit « fière » de rendre possibles ces débats au sein de la jeunesse. « Les rencontres MCV qu’on a tenues le week-end dernier, ça donne une place aux jeunes pour s’exprimer et se faire entendre auprès des décideurs. C’est essentiel », résume-t-elle.

Pour l’organisme, l’environnement est assurément « le principal sujet oublié pendant la pandémie », d’où l’importance de mettre de l’avant des enjeux d’écofiscalité. « On veut tous et toutes pouvoir parler de comment en faire plus, et arriver avec des manières de changer les comportements des gens. Bref, de trouver des façons concrètes de réduire les GES », dit la vice-présidente.

« On doit faire partie de la solution. On est la génération qui va vivre avec les conséquences économiques et sociales de la pandémie », conclut-elle.https://www.lapresse.ca/actualites/2021-03-24/gnl-quebec-vu-par-les-ailes-jeunesse-de-l-assemblee-nationale.php

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Décision de la Cour suprême

La taxe fédérale sur le carbone jugée constitutionnelle


PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

(Ottawa) La taxe fédérale sur le carbone réussit le test de la Cour suprême, qui reconnaît le droit d’Ottawa de légiférer sur les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Publié le 25 mars 2021 à 6h35 Mis à jour à 11h44

JEAN-THOMAS LÉVEILLÉLA PRESSE

« La Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre est constitutionnelle », tranche le plus haut tribunal au pays dans son jugement majoritaire rendu jeudi.

Les gouvernements provinciaux de l’Ontario, de la Saskatchewan et de l’Alberta contestaient la constitutionnalité de la loi, entrée en vigueur en 2018, avec l’appui d’autres provinces, dont le Québec.

Ces provinces arguaient que la Constitution canadienne ne permet pas au Parlement fédéral d’adopter une telle loi, dont le principal objectif est d’imposer un prix sur la pollution, mais la Cour suprême leur a donné tort.

Les changements climatiques et les gaz à effets de serre qui les provoquent sont clairement une question d’intérêt national, ce qui donne par conséquent le pouvoir à Ottawa d’intervenir, affirme la Cour suprême.

« L’établissement de normes nationales minimales de tarification rigoureuse des GES en vue de réduire les émissions de ces gaz présente un intérêt pour le Canada tout entier », écrit le tribunal, sous la plume du juge en chef Richard Wagner.

Un jour « historique »


Jonathan Wilkinson
PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Jonathan Wilkinson, s’est rapidement réjoui de la décision de la Cour suprême, évoquant « un jour historique » pour le Canada et la planète.

« C’est une victoire importante pour l’action climatique, particulièrement pour les jeunes », qui subiront davantage l’impact de la crise climatique, a-t-il déclaré lors d’un point de presse, à Vancouver.

Le ministre Wilkinson espère que la décision de la Cour suprême permettra d’améliorer la lutte aux changements climatiques au pays, en faisant disparaître les entraves que certaines provinces y opposent.

Un prix sur la pollution causant les changements climatiques est « un élément essentiel » de cette lutte, a-t-il rappelé.

Citant le jugement, qui affirme que « les changements climatiques sont réels » et causés par l’activité humaine, le ministre Wilkinson a lancé une pointe aux conservateurs fédéraux, qui ont rejeté lors de leur congrès, en fin de semaine dernière, une motion reconnaissant la réalité du phénomène.

« Il ne devrait pas y avoir de débat dans ce pays pour savoir si les changements climatiques sont réels », a-t-il lancé.

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Les installations de Productions Horticoles Demers à Lévis, photographiées mardi

30 mars 2021 13h24 Mis à jour à 18h05

Une nouvelle serre de 70 M$ pour Productions Horticoles Demers [PHOTOS]

Jean-François Tardif

Le Soleil

C’est à Lévis que l’on retrouvera bientôt l’une des plus grandes serres de fruits et légumes au Québec. Les Productions Horticoles Demers ont annoncé la construction d’une nouvelle aire de production d’une superficie de 15 hectares qui permettra à l’entreprise de plus que doubler sa production. Le projet, d’une valeur de 70 millions $, permettra la création de 150 emplois.

«Cette nouvelle serre sera à la fine pointe de la technologie et elle nous permettra d’offrir une plus grande diversité de produits», a mentionné M. Jacques Demers, président-directeur général des Productions Horticoles Demers. «Nous y produirons des tomates, des concombres, des poivrons et des aubergines, des produits frais, goûteux et variés, et ce 12 mois par année.

«Grâce à cette nouvelle serre, nous serons maintenant en mesure d’offrir plus de 175 millions de portions de fruits et de légumes aux Québécoises et aux Québécois chaque année, soit l’équivalent de leurs besoins pour 20 jours (10 portions de fruits et de légumes de 100 g par jour) dans l’année. Plus que jamais les Québécois qui achèteront des légumes pourront faire rouler l’économie d’ici. C’est aussi un pas vers l’autonomie alimentaire. Les Québécois veulent manger des produits d’ici et nous sommes fiers de leur offrir davantage de ces produits.»

De gauche à droite : le président-directeur général des Productions Horticoles Demers, Jacques Demers, le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, et le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, en conférence de presse, mardi

Le Soleil, Patrice Laroche

Le président-directeur général de l’entreprise lévisienne a ajouté que choisir les fruits et les légumes Demers, c’était aussi faire un choix environnemental. Grâce à l’hydroélectricité du Québec Les Productions Horticoles Demers profiteront d’une énergie renouvelable à faible émission de carbone qu’elles transformeront en aliments frais, nutritifs et de qualité pour approvisionner les familles québécoises durant les mois froids de l’année. Une responsabilité que la famille Demers est fière de remplir.

«Avec nos installations de Lévis et de Drummondville, nous réduisons l’importation de produits qui ont très souvent voyagé sur des milliers de kilomètres avant d’arriver sur les tablettes de nos épiceries. L’investissement d’aujourd’hui nous permettra d’offrir encore plus de produits Demers dans les supermarchés québécois et de diminuer l’empreinte carbone à cause de la proximité des marchés.»

Le Soleil, Patrice Laroche

C’est grâce à la participation financière de plusieurs partenaires que Les Productions Horticoles Demers ont pu aller de l’avant avec leur projet. L’entreprise lévisienne a reçu deux prêts remboursables avec intérêt du gouvernement provincial. Un premier par l’entremise d’Investissements Québec de 25,1 millions $ du ministère de l’Économie et de l’Innovation et un second de 5 millions $ d’investissement Québec par le biais de ses propres fonds. S’ajoute une subvention de 2, 5 millions $ de Transition Énergétique Québec. Le Fonds de solidarité FTQ (7,5 millions $), Desjardins Capital (3,7 millions $) et Capital Financière Agricole Inc. (1,1 million $) se sont aussi impliqués financièrement dans le projet. Une fois le complexe de serres en activité, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation versera une subvention pouvant atteindre un montant maximal de 23,1 millions $ sous la forme d’un rabais d’électricité pour la période allant de 2022 à 2030.

«En plus de générer des retombées économiques considérables pour la région de la Chaudière-Appalaches et le Québec, le nouveau complexe de serre diminuera notre dépendance aux importations de légumes frais», a analysé Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’innovation. «Ce projet rejoint également la volonté du gouvernement du Québec de doubler la superficie de culture en serre pour permettre aux Québécois d’avoir accès à des fruits et des légumes locaux à l’année et augmenter notre autonomie alimentaire. L’appui gouvernemental que nous annonçons viendra consolider nos efforts visant à favoriser la production locale et l’achat québécois au sein du secteur bioalimentaire.»

Prête à l’automne

Fondée il y a plus de 60 ans à Saint-Nicolas par André et Yolande Demers, les Productions Horticoles Demers est une entreprise familiale à propriété 100 % québécoise de troisième génération. Spécialisée dans la culture de légumes en serres, elle cultive aussi pendant la période estivale des fraises, des framboises et des mures. Avant de se lancer dans la construction de leur nouvelle serre, Les Productions Horticoles Demers pouvaient compter à Lévis et Drummondville sur des installations totalisant 12,5 hectares. L’entreprise produisait annuellement 7500 tonnes de fruits et de légumes et offrait de l’emploi à 300 travailleurs pendant la haute saison, soit du mois d’avril au mois de novembre.

Le Soleil, Patrice Laroche

C’est à l’automne que la construction de la nouvelle serre des Productions Horticoles Demers sera complétée. Elle sera construite avec des matériaux de qualité supérieure, notamment en ce qui a trait au verre qui permet de laisser pénétrer la lumière naturelle, et elle profitera d’équipements de haute performance afin de minimiser les pertes de chaleur. Elle utilisera aussi des technologies de pointe pour la production durant les mois d’hiver grâce à l’utilisation de l’hydroélectricité du Québec.

Cet amalgame de technologies jumelé à l’expertise de Demers au cours des 30 dernières années permettront à l’entreprise d’offrir des produits frais, de grande qualité et à un prix compétitif.

«C’est une nouvelle étape que nous franchissons dans la croissance de notre entreprise familiale, une des plus grandes entreprises de production en serres au Québec», a conclu M. Jacques Demers.

Le Soleil, Patrice Laroche
https://www.lesoleil.com/affaires/une-nouvelle-serre-de-70-m-pour-productions-horticoles-demers-photos-a8417a06ecf16542ff25bed0e6cedf98

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La fibre d’asclépiade devient Vegeto

La plante asclépiade, surnommée la soie d’Amérique, est transformée en fibre textile dans des locaux d’Eko-Terre, à Cowansville. « C’est le futur dans la façon de faire du textile. Je crois fermement que l’asclépiade, c’est la fibre de l’avenir », dit Ghislain Bouchard, directeur général de la compagnie.

2 avril 2021 3h00 Mis à jour à 4h19

Billie-Anne Leduc

La Voix de l’Est
Qu’est-ce qui est léger, résistant, chaud et biodégradable ? La fibre Vegeto, le produit isolant d’Eko-Terre, fabriqué à base de plantes d’asclépiade, est enfin prêt à la mise en marché. Non seulement celui-ci fera rayonner le Québec à travers le monde, mais il protégera aussi l’environnement, de par son origine 100 % naturelle, croit Ghislain Bouchard, directeur général de la division asclépiade de l’entreprise.

L’industrie du textile est une des plus polluantes, explique d’emblée M. Bouchard, qui se concentre depuis deux ans sur le développement de Vegeto, la fibre étant au point depuis le mois de janvier.

« De plus en plus, la tendance dans la production est d’éliminer les gaz à effet de serre et d’avoir des produits naturels et biodégradables. C’est le futur dans la façon de faire du textile. Je crois fermement que l’asclépiade, c’est la fibre de l’avenir. »

Tout un processus est nécessaire à la transformation de la plante, dont la forme finale peut servir à isoler les manteaux, sacs de couchage, couettes ou vêtements de plein air.

La Voix de l’Est, Alain Dion

Ce serait, aux dires de M. Bouchard, le seul produit de ce genre fabriqué dans la région, bien que d’autres entreprises à travers le Québec y travaillent également, notamment la Coopérative Monark, qui regroupe entre autres des producteurs en Mauricie et dans le Bas-Saint-Laurent.

Léger (et naturel) comme une plume

Tout un processus est nécessaire à la transformation de la plante (lire encadré), dont la forme finale peut servir à isoler les manteaux, sacs de couchage, couettes, vêtements de plein air, etc. Cinq ou six acheteurs ont déjà manifesté leur intérêt pour le Vegeto, dont la compagnie de vêtement extérieur Atypic, Éco & Éco et la Garde côtière canadienne, selon M. Bouchard.

L’isolation fonctionne avec l’air et la densité, explique celui qui œuvre dans le textile depuis près de quarante ans, ayant entre autres été enseignant dans le domaine pendant 15 ans au Cégep de Saint-Hyacinthe.

« C’est le futur dans la façon de faire du textile. Je crois fermement que l’asclépiade, c’est la fibre de l’avenir. »

— Ghislain Bouchard, DG d’Eko-Terre à Cowansville

En 2019, Louis Bibeau, propriétaire d’Eko-Terre, a racheté l’entreprise en faillite Monark Éco Fibre (Granby) et s’est affairé à développer son expertise et ses équipements, dont la plupart ont été « faits maison ». « Pour travailler ce produit, ça prend beaucoup de passion », soutient Ghislain Bouchard, qui travaille aux côtés de quatre employés.

« J’ai toujours eu cette souche de textile là en moi et cette passion de réaliser ce qui selon moi était le plus beau projet au Québec dans les années 2015. J’ai vu l’évolution et la détérioration. Je me disais qu’on ne pouvait pas laisser aller un projet comme celui-là. »

Eko-Terre achète de l’asclépiade, l’emblème floral de Granby, d’une vingtaine de producteurs à travers le Québec. En 2020, elle s’en est procuré trois tonnes.

123RF

Eko-Terre est une compagnie spécialisée dans la production de fibre végétale, dont l’asclépiade et le chanvre qui est quant à lui produit à partir des installations de Sherbrooke. Louis Bibeau « croit à la l’importance de la biodégradabilité des fibres », affirme M. Bouchard.

Penser local

Le DG de la division asclépiade est d’avis qu’une éducation au consommateur est nécessaire, à savoir, qu’il « ne faut pas avoir peur de la nouveauté » quand il est question d’acheter un produit. « Souvent, les gens rachètent ce qu’ils connaissent déjà, sans oser essayer autre chose. Moi je dis, venez nous rencontrer, essayez notre produit, et vous verrez. »

« De plus en plus, on devrait penser et réagir localement. Les gens qui achètent local, ça aide beaucoup de gens à s’épanouir. »

Les grands rouleaux de trente mètres, bien que très légers, occupent beaucoup d’espace.

La Voix de l’Est, Alain Dion

Pour la suite, il s’agit de « se faire connaître », et de réorganiser le plancher des locaux de Cowansville, puisque les grands rouleaux de trente mètres, bien que très légers, occupent beaucoup d’espace.

« On espère que les gens verront comme moi tout le nouveau potentiel qu’on a là. »

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DE LA PLANTE AU MANTEAU

La Voix de l’Est a visité les locaux d’Eko-Terre, à Cowansville, où se trouvent des dizaines de rouleaux de trente mètres de Vegeto, fin prêts à la vente.

La Voix de l’Est, Alain Dion

De la plante au produit isolant, tout un processus est nécessaire, qu’Eko-Terre a développé à coups d’essais-erreurs, de recherches et d’inventivité. Eko-Terre achète de l’asclépiade — l’emblème floral de Granby — d’une vingtaine de producteurs à travers le Québec. En 2020, elle s’en est procuré trois tonnes.

Production de la fibre textile

D’abord, l’asclépiade est passée dans un extracteur. « On n’en garde environ que 20 %, il reste 80 % de matières résiduelles », explique Ghislain Bouchard, directeur général de la division asclépiade d’Eko-Terre. La fibre étant volatile, une machine la mélange par la suite à du PLA (acide polylactique), qui est à base de fibres de maïs, toujours dans le but d’avoir un produit 100 % naturel.

Ensuite, le tout passe au « cardage », qui consiste à démêler et à aérer les fibres textiles. Pour finalement terminer sa tournée dans un étaleur-nappeur, puis au four. Quelques techniciens travaillent à la transformation, dont Stan van Doorn, qui était à l’œuvre lors du passage de La Voix de l’Est. Cette fibre, contrairement à l’amiante par exemple, n’est pas dangereuse pour l’humain, assure M. Bouchard.

Le produit peut être de différentes « épaisseurs », soit 100 g, 150 g, 200 g et 250 g, allant du moins au plus isolant. Par exemple, le 250 g est ce qu’on retrouve dans les manteaux destinés aux employés de la Garde côtière, et le 100 g peut aller dans les mitaines.

https://www.lesoleil.com/affaires/la-fibre-dasclepiade-devient-vegeto-b277caf08ef272d82887a1bd1d8d4dde

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Planète bleue, idées vertes Récolter de l’eau avec une barrière à neige

PHOTO FOURNIE PAR VICTOR CARRIER

Victor Carrier, propriétaire de la ferme Vicari, à Sainte-Luce, a laissé en terre des plants de maïs pour accumuler de la neige cet hiver.

C’est bien connu, les haies brise-vent ont une foule de qualités : elles diminuent l’érosion des sols, augmentent les rendements de différents types de cultures, protègent les bâtiments d’élevage, réduisent la poudrerie sur les routes…

Publié le 5 avril 2021 à 5h00

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Suzanne Colpron
La Presse

Et comme si ce n’était pas suffisant, un chercheur vient de faire la preuve qu’elles permettent d’augmenter la réserve en eau potable des municipalités et des entreprises agricoles !

Comment ? En accumulant de la neige l’hiver.

Louis Drainville, dont l’entreprise de services-conseils en agroenvironnement et de recherche scientifique, Terre-Eau, est établie à Saint-Joseph-de-Lepage, dans le Bas-Saint-Laurent, avait l’intuition que cela pouvait fonctionner. Mais encore fallait-il en faire la démonstration. Pendant deux hivers, il a donc installé à ses frais des haies brise-vent sur des terres agricoles de son coin de pays.

« Mon objectif, c’était de vérifier si on pouvait accumuler plus d’eau en installant des haies brise-vent artificielles directement dans les champs pendant l’hiver, pour arrêter la neige. »

L’expérience a été tentée à Sainte-Luce, un village de 2800 âmes au bord du fleuve Saint-Laurent, dont le bassin versant de la captation d’eau (225 hectares, dont 173 en cultures agricoles) est très bien documenté.

« À Sainte-Luce, c’est approximativement 1 milliard de mètres cubes d’eau qui s’infiltrent dans le sol chaque année, en très grande majorité lors de la fonte des neiges », précise M. Drainville, qui a mené ses travaux en collaboration avec Yvon Jolivet, conseiller en microclimatologie et agroclimatologie agricole chez Terre-Eau. « Cette eau s’écoule lentement vers les drains de captage plus bas. Le processus peut prendre 500 jours pour qu’une goutte d’eau tombée puisse être bue par un citoyen. »

13 heures de liberté

Avec les haies brise-vent, naturelles ou artificielles, la neige peut s’accumuler, même si elle tombe à cinq kilomètres de la zone de captation, grâce aux vents. Et en s’accumulant, elle se densifie et se concentre, tout en empêchant le sol de geler durant les grands froids.

Les haies brise-vent naturelles sont constituées de végétaux, tandis que les artificielles sont faites de bois, de matière plastique ou d’autres matériaux synthétiques.

« Un mètre cube derrière les barrières à neige peut accumuler, en moyenne, 400 litres d’eau », souligne l’agronome, qui est aussi biologiste.

Les résultats ont permis d’offrir 13 heures supplémentaires de consommation en eau potable à la municipalité de Sainte-Luce.

Ça peut sembler peu sur toute une année de consommation, mais selon M. Drainville, « c’est énorme ». Rappelons qu’il s’agit d’un projet pilote non subventionné, réalisé sur une toute petite portion du territoire.

« Pour Sainte-Luce, 13 heures de liberté créée par un aménagement portant sur un demi-hectare sur 173 disponibles, ça correspond à 1 664 000 L de plus (1460 L/min) ou 1664 m3 », détaille-t-il.

En augmentant la distance linéaire de haies brise-vent, il serait possible, à court terme, d’aller chercher au moins 30 jours de liberté supplémentaires chaque hiver avec la neige, en réalisant des aménagements dans les champs, par exemple.

Louis Drainville, agronome et biologiste

D’autres lieux, comme les Îles-de-la-Madeleine, pourraient bénéficier de cette découverte, croit-il.

« J’ai en tête les Îles-de-la-Madeleine, mais, selon moi, la plupart des municipalités qui puisent leur eau en surface pourraient cibler là où capturer leur réserve de neige, l’hiver venu. Il en est de même pour les entreprises agricoles, par exemple, que je connais mieux et qui puisent leur eau potable dans des puits individuels de surface. »

Du maïs pour arrêter la neige

Pour André Vézina, chercheur chez Biopterre et spécialiste des haies brise-vent, domaine qu’il étudie depuis 35 ans, cette découverte est « très intéressante » et pourrait convaincre des agriculteurs réticents à installer des haies brise-vent.

« L’accumulation d’eau, c’est un argument supplémentaire, parce que la municipalité va être en mesure de donner de l’argent au producteur pour la perte d’espace cultivable », avance-t-il.

Victor Carrier, lui, est déjà convaincu. Il en a fait l’essai au cours de l’hiver après avoir pris connaissance des travaux de M. Drainville.

PHOTO FOURNIE PAR VICTOR CARRIER

La ferme laitière Vicari, à Sainte-Luce

Propriétaire de la ferme laitière Vicari, à Sainte-Luce, l’agriculteur fait pousser du foin, des céréales et du maïs pour nourrir ses bêtes. L’automne dernier, il a décidé de ne pas récolter tout son maïs, histoire de voir si cela lui permettrait d’accumuler de la neige et d’améliorer ses réserves en eau. Les épis ont servi de haies brise-vent et de barrière à neige, en quelque sorte.

« L’automne passé, ça adonnait bien, raconte-t-il. On a rempli nos silos de maïs. On avait du surplus, un peu. On a laissé environ 8 acres de maïs. C’était dans la zone où on voulait une accumulation d’eau. On a laissé le maïs debout pour l’hiver et ça a permis d’accumuler de la neige. On voyait juste la tête du maïs. C’était plein de neige. Depuis la fonte, c’est à la terre partout, mais il y a encore deux pieds de neige dans le maïs. »

M. Carrier espère que toute cette neige accumulée permettra de recharger la nappe phréatique.

« Nous autres, on a un puits de surface, dit-il. Ça fait quelques années qu’on a de la misère avec l’eau, à l’automne. J’ai hâte de voir la recharge avec cette neige-là. Ensuite, vu qu’il y a de l’accumulation de neige, le sol ne gèle pas. À la minute que la neige fond, au lieu de couler sur le terrain, elle pénètre dans le sol. »

Répétera-t-il l’expérience l’hiver prochain ?

« Oui, mais pas avec du maïs. On pourrait planter à la place une plante vivace, qui ne coûte pas cher à ensemencer et à conserver, comme l’alpiste roseau qui atteint pratiquement 5 pieds de haut. Là, ça ne coûterait pas trop cher », laisse-t-il tomber.

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-04-05/planete-bleue-idees-vertes/recolter-de-l-eau-avec-une-barriere-a-neige.php

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