Environnement, biodiversité et transition écologique

C’était une situation complètement évitable, puisque après les signalements, la Voie maritime a relaché plus d’eau à la centrale de Sainte-Catherine (en réalité, ils n’ont pas du tout été proactif à le faire). En quelques heures, les niveaux ont remonté à des seuils acceptables.

Pourquoi la corporation ne l’a donc pas fait dès la mi-février, quand on voyait déjà les signes de niveaux bien trop bas? Parce que la corporation de la voie maritime se fout complètement de tout ce qui n’est pas dans ses intérêts économiques. Elle se fout des communautés qui cohabitent son territoire, elle se fout des citoyens qui veulent accéder au fleuve, elle se fout de l’environnement.

Les niveaux d’eau étaient tellement bas, qu’à Candiac, il a été possible de traverser du continent jusqu’au iles du chenal en marchant sur le fond !

Le petit bassin de La Prairie est déjà un plan d’eau en très mauvais état. C’est l’un des plans d’eau les plus contaminés du Québec, il y a une prolifération d’espèces exotiques envahissantes, le benthos est faible, mais c’est parallèlement un plan d’eau qui est utilisé pour alimenter en eau potable des dizaines de milliers de personnes et il est utilisé par certains pour des activité sportives ou récréatives.

Dans un autre article d’un journal local, la Corporation dit :

Le vice-président ajoute que la CGVMSL prend activement des mesures pour atténuer les impacts des changements climatiques et minimiser son empreinte GES.

La réalité, cependant, présente un autre portrait. Au delà de cette mortalité complètement inutile et évitable, entièrement de leur responsabilité, les gestes qu’ils font vont à l’encontre de leurs paroles.

Les deux personnes interviewées dans l’article de CBC organisent à chaque printemps un nettoyage des berges du Saint-Laurent sur la digue de la voie maritime. C’est entièrement du bénévolat, financé exclusivement par les dons que reçoit l’organisme (quelques dizaines ou centaines de dollars ppur acheter gants, sacs, lunettes, etc.) Pour le nettoyage d’avril prochain, l’organisme a demandé la corporation d’ouvrir la cloture sur le chemin de la Petite voie du fleuve afin de permettre à une auto d’aller ramasser les déchets qui sont vraiment lourds et volumineux. La Corporation a refusé, des bénévoles devront donc faire des allers-retours en vélo tirant des petites remorques à l’arrière. Il y a deux ans, j’ai cassé mon vélo de cette façon, puisque la charge que je tirais était juste trop lourde. Ça ne couterait rien à la Corporation d’ouvrir une cloture quelques heures pour que des bénévoles nettoient leur terrain, pourtant.

Dans un projet financé par la ville de Brossard qui cherche à reccueillir des données sur la qualité de l’eau dans le petit bassin, sur les moules et les tortues et à nettoyer les berges, toutes les instances ont été collaboratives, à l’exception de la Corporation, qui demandait une paperasse incroyable ainsi que des coûts énormes seulement pour faire des récoltes d’échantillons et des plongées exploratoires.

Bref, je finis mon rant sur la Corporation, mais je pense que peu de gens sont au courant du laissé faire qui existe avec elle et qu’on ne devrait pas accepter ça.

Pour faire suite à l’article de CBC, voici un autre petit article/blog écrit par Gina Phillie sur cette histoire.

Il y avait tellement de petits poissons (moins de 10 cm) morts sur les berges du fleuve à certains endroits qu’il était impossible de ne pas marcher sur les carcasses dissimulées parmi les résidus au sol.

Au moins 550kg de matières résiduelles ont été retirés bénévolement entre le 27 février et le 1 mars puisqu’il était possible de marcher sur le fond

Reconnaitre la personnalité juridique du fleuve Saint-Laurent serait d’une grande pertinence dans un tel dossier : le fleuve auraient des représentant.es nommé.es et aurait des droits fondamentaux comme de vivre, d’exister et de couler.

Le petit bassin de La Prairie ne serait plus perçu comme un tronçon de la voie navigable seulement à gérer et à exploiter, mais comme un milieu de vie qui devrait être sain pour tous, et où un canal permet le transport de marchandises.

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(Denver) Un emballage en résidu de café, une poudre de champignons pour conserver les fruits plus longtemps, une nouvelle « glace » restant intacte au froid comme au chaud… Jean Buzby, la nouvelle cheffe du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), a présenté des projets prometteurs lors de la réunion annuelle de l’Association américaine pour l’avancement des sciences, le mois dernier à Denver.

Résumé

Sciences

La créativité contre le gaspillage alimentaire

PHOTO GREGORY URQUIAGA, TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ DE CALIFORNIE À DAVIS

Des chercheurs de l’Université de Californie à Davis ont conçu une « glace en gelée » à partir de résidus de soja.

(Denver) Un emballage en résidu de café, une poudre de champignons pour conserver les fruits plus longtemps, une nouvelle « glace » restant intacte au froid comme au chaud… Jean Buzby, la nouvelle cheffe du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), a présenté des projets prometteurs lors de la réunion annuelle de l’Association américaine pour l’avancement des sciences, le mois dernier à Denver.

Publié à 1h01 Mis à jour à 5h00

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Mathieu Perreault
Mathieu Perreault La Presse

Des microbes sur les patates

PHOTO JIMMY MAY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Dans certains champs, les pommes de terre résistent mieux aux taches noires causées par des champignons.

Dans certains champs, les pommes de terre résistent mieux aux taches noires causées par des champignons. Des biologistes de l’Université de l’Idaho ont donc analysé des centaines de bactéries présentes dans le sol et en ont identifié deux qui protègent les pommes de terre de ces champignons. Ils préparent maintenant une solution liquide de ces deux microbes, qui est vaporisée sur les pommes de terre avant le stockage. Les pertes durant le stockage, qui sont d’environ 7,5 % par an, sont réduites de 10 % à 30 %. « Les agents de conservation les plus couramment utilisés pour le stockage restent fabriqués à partir d’hydrocarbures et les pathogènes y sont de plus en plus résistants », a dit Mme Buzby.

Des champignons sur les fruits coupés

PHOTO TIRÉE DU SITE DE MONTEREY MUSHROOMS

De la poudre de queue de champignon pourrait aider à conserver les fruits coupés.

On coupe souvent le bout de la queue des champignons avant de les faire cuire. Mais quand ils sont récoltés, un autre bout de queue est aussi coupé. Ces résidus de « queue de champignon » sont riches en vitamine D. La firme californienne Monterey Mushrooms se prépare à commercialiser une poudre à partir de ces résidus, comme solution de rechange aux suppléments de vitamine D en pilules. Cette poudre, qui possède des propriétés antimicrobiennes, pourra également être saupoudrée sur les barres de fruits et les fruits coupés pour qu’ils gardent leur fraîcheur plus longtemps. « Et il n’y a aucun goût », assure Mme Buzby.

Des glaçons en gelée

PHOTO GREGORY URQUIAGA, TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ DE CALIFORNIE À DAVIS

Cette « glace en gelée » peut remplacer un glaçon tout en ayant des propriétés antimicrobiennes.

Parmi les résidus du soja utilisé par l’industrie alimentaire, des chercheurs de l’Université de Californie à Davis ont identifié une protéine remarquable : celle-ci permet de fabriquer une gélatine restant intacte par température froide comme chaude. Avec cette gélatine, ils ont conçu une « glace en gelée » qui peut remplacer un glaçon ou un bloc réfrigérant (ice pack), tout en ayant des propriétés antimicrobiennes. Au congélateur ou à température ambiante, la matière ne change pas de forme. Contrairement aux blocs réfrigérants, qui contiennent un liquide toxique, cette nouvelle gélatine peut être compostée à la fin de sa vie utile, après une quinzaine de cycles froid-chaud.

Des emballages en résidus végétaux

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

De plus en plus de résidus alimentaires sont utilisés pour fabriquer des emballages moulés comme ceux des œufs.

Les cartons d’œufs sont faits en résidus végétaux depuis des décennies. Mais l’extension à d’autres types d’emballages, et surtout l’utilisation d’autres résidus que ceux de bois, connaît une avancée significative ces dernières années. « On parle maintenant de résidus de café, de vignes, de céréales et de fruits et légumes qui sont utilisés pour fabriquer des emballages après la récolte, dit Mme Buzby. Et on peut maintenant faire des emballages plus lisses et même hydrophobes. »

Congeler à volume constant

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’USDA

Test d’un appareil de congélation isochorique

Une méthode de congélation utilisée pour préserver les organes humains pour les greffes pourrait-elle révolutionner le marché des aliments surgelés ? Des chercheurs de l’Université de Berkeley pensent que oui et Mme Buzby est d’accord avec eux. La congélation « isochore » consiste à augmenter la pression dans la chambre de congélation au fur et à mesure qu’on abaisse la température. Cela permet d’éviter les températures très basses, en bas de -20 oC, utilisées dans les processus actuels de congélation très rapide des aliments en usine, la fameuse surgélation. La congélation isochore permettrait l’utilisation de congélateurs moins froids, donc moins énergivores, dans les entrepôts, et moins de dommages aux aliments quand ils sont stockés dans les congélateurs des supermarchés et des domiciles.

Avec ses rots et ses pets, une vache laitière émet chaque année une quantité de méthane équivalant aux émissions de GES d’une voiture qui parcourt 20 000 kilomètres. Ottawa vient d’autoriser la mise en marché d’un additif alimentaire qui risque de transformer la lutte contre le réchauffement climatique à la ferme. Le 3-NOP permettrait de réduire en moyenne de 30 % les émissions de méthane d’une vache laitière et en moyenne de 45 % celles des bovins de viande.

Résumé

Environnement

Méthane Des rots moins polluants

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le gouvernement canadien vient d’autoriser la mise en marché d’un additif alimentaire qui permettrait de réduire considérablement les émissions de méthane des vaches laitières.

Avec ses rots et ses pets, une vache laitière émet chaque année une quantité de méthane équivalant aux émissions de GES d’une voiture qui parcourt 20 000 kilomètres. Ottawa vient d’autoriser la mise en marché d’un additif alimentaire qui risque de transformer la lutte contre le réchauffement climatique à la ferme. Le 3-NOP permettrait de réduire en moyenne de 30 % les émissions de méthane d’une vache laitière et en moyenne de 45 % celles des bovins de viande.

Publié à 0h45 Mis à jour à 6h00

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse

Qu’est-ce que le 3-NOP ?

Le nitrate de 3-hydroxypropyl, commercialisé sous le nom Bovaer, est un ingrédient alimentaire en poudre qui réduit les émissions de méthane à même l’estomac des bêtes. L’Agence canadienne d’inspection des aliments a approuvé sa mise en marché le 30 janvier dernier. Cet additif composé de nitrate et d’un alcool végétal était déjà autorisé dans 58 autres pays dans le monde.

L’entreprise européenne DSM-Firmenich affirme que le produit permet une réduction d’environ 1 tonne de CO2 par vache laitière chaque année. Il suffit d’ajouter ¼ de cuillère à café par jour dans la nourriture de l’animal.

« Ajouter Bovaer à la ration de trois vaches équivaut à retirer une voiture familiale de la circulation et ajouter Bovaer à la ration d’un million de vaches équivaut à planter une forêt de 45 millions d’arbres », indique l’entreprise sur son site internet.

Comment ça marche ?

Avec leurs éructations (et leurs flatulences dans une bien moindre mesure), les vaches émettent du méthane (CH4). Le méthane se forme dans le rumen – soit le compartiment avant de l’estomac des bovins – à l’issue d’un processus digestif qui se nomme fermentation entérique.

« Dans le rumen, on a des [millions de milliards] de micro-organismes. […] on est dans les 15 zéros après le 1 ! Donc il y en a vraiment des quantités astronomiques », explique Andréanne La Salle, agronome et enseignante en production animale au programme collégial du campus MacDonald de l’Université McGill.

Parmi ces micro-organismes se trouvent les archées (Archea en latin). Elles libèrent du méthane combinant des molécules d’hydrogène et de CO2 issues de la digestion.

« C’est à ce moment-là que la vache va roter le méthane et qu’il va être libéré par sa bouche dans l’environnement. Le 3-NOP va diminuer le [nombre d’archées ou les empêcher] de se développer », ajoute Mme La Salle.

Les Producteurs laitiers du Canada veulent atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Cet outil changera-t-il la donne ?

C’est un outil intéressant, à condition que les entreprises agricoles aient les moyens de l’utiliser, estime Mme La Salle. Cette dernière évalue que le coût quotidien du 3-NOP tournera autour de 50 cents par vache.

« Cinquante cents par vache par jour, ça ne sonne pas beaucoup quand on le dit juste comme ça, mais si on regarde un troupeau laitier moyen au Québec, on parle d’environ 75 vaches en lactation à l’année, multipliée par 365 jours, faites le calcul : ça donne dans les 13 000 $. Et quand on parle d’une ferme de 75 vaches, on parle du revenu familial d’une famille », souligne-t-elle, ajoutant qu’il pourrait être intéressant de subventionner les producteurs qui décident de l’utiliser.

« De ce que je comprends de la stratégie de prix de DSM, c’est qu’ils ont établi le prix en fonction du prix de la tonne de carbone. Donc l’utilisation dépend de la capacité des producteurs à monétiser les réductions d’émissions de méthane », ajoute pour sa part Daniel Lefebvre, chef de l’innovation au centre d’expertise en production laitière Lactanet. Il évalue quant à lui le coût à 45 cents par animal par jour.

Est-ce que ça change le goût du lait ?

Non. « C’est une molécule qui a été largement étudiée à la fois pour son efficacité, mais aussi [son innocuité] du point de vue de la santé de la vache. Du point de vue de la qualité du lait, il n’y a pas de changement dans la composition ou les propriétés », explique Daniel Lefebvre.

Le Bovaer a notamment été testé lors d’une vaste étude de deux ans réalisés en Alberta sur 15 000 bovins de boucherie. Des réductions d’émissions allant jusqu’à 82 % ont été constatées. L’entreprise affirme que 65 essais sur des fermes ont été réalisés dans 20 pays générant 70 publications scientifiques.

M. Lefebvre affirme que les résultats mis de l’avant par l’entreprise sont crédibles. « C’est documenté par la recherche publiée et révisée par les pairs », souligne-t-il.

Pourquoi est-il important de réduire les émissions de méthane du bétail ?

Le méthane est un puissant GES qui possède un pouvoir de réchauffement planétaire près de 28 fois plus élevé que le dioxyde de carbone (CO2) sur 100 ans. Il est responsable d’environ 30 % du réchauffement de la planète depuis l’ère préindustrielle.

Au Canada, l’agriculture est responsable d’environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre. Les 200 000 fermes du Canada ont généré, à elles seules, 73 mégatonnes (Mt) d’équivalents CO2 en 2019. De ce nombre, une quantité de 24 Mt provenait de la fermentation entérique.

Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada, une vache laitière en lactation génère environ 400 g de méthane par jour. En un an, cela représente une quantité de méthane équivalant aux émissions d’une voiture moyenne qui parcourt 20 000 kilomètres.

« Le méthane entérique, c’est 48 % des émissions de GES des fermes laitières », souligne Daniel Lefebvre.

Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, une réduction des émissions de méthane d’origine humaine de 45 % au cours de la prochaine décennie permettrait d’éviter un réchauffement climatique de près de 0,3 °C d’ici à 2045.

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À quoi ressemblerait un Canada sans prix sur le carbone?

La tarification sur le carbone – mesure phare du gouvernement Trudeau sur le plan environnemental – paraît plus vulnérable que jamais. Y mettre fin aurait toutefois des conséquences importantes.

Résumé

AnalyseÀ quoi ressemblerait un Canada sans prix sur le carbone?

La tarification sur le carbone – mesure phare du gouvernement Trudeau sur le plan environnemental – paraît plus vulnérable que jamais. Y mettre fin aurait toutefois des conséquences importantes.

Pierre Poilievre a fait de l’abolition de la taxe carbone une pierre angulaire de son programme politique.

Photo : La Presse canadienne / JOHN WOODS

Publié à 4 h 00 HAE

C’était parti d’un bien mauvais pied. À la surprise de plusieurs, le 3 octobre 2016, Justin Trudeau profitait d’un débat sur la ratification de l’Accord de Paris pour se lever à la Chambre des communes et annoncer qu’il imposait un prix sur le carbone.

Le premier ministre avait choisi de ne pas négocier avec les provinces. Elles auraient moins de deux ans pour adopter leur propre système de tarification sur le carbone, à défaut de quoi Ottawa imposerait une taxe de 10 $ la tonne, qui augmenterait progressivement.

Au même moment, à Montréal, les ministres de l’Environnement des provinces et territoires, réunis avec leur homologue fédérale Catherine McKenna, apprenaient la nouvelle. Et ils étaient furieux. La Saskatchewan, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador claquaient la porte avant la fin de la rencontre.

L’ancienne ministre fédérale de l’Environnement Catherine McKenna

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Leur réaction était annonciatrice du bras de fer qui s’est ensuite engagé entre Ottawa et les provinces au sujet de la taxe sur le carbone.

Sept ans plus tard, une majorité de provinces ne l’ont toujours pas digérée.

Trois d’entre elles ont contesté la taxe jusqu’en Cour suprême du Canada, sans succès. Depuis janvier, la Saskatchewan a même cessé de la percevoir pour le chauffage résidentiel au gaz, défiant ainsi une loi fédérale d’une façon inédite au pays. Par ailleurs, pratiquement toutes les provinces où la taxe fédérale s’applique réclament qu’Ottawa suspende la hausse de 65 à 80 $ la tonne de carbone, prévue au 1er avril.

Jamais l’avenir de la tarification sur le carbone au Canada n’a paru plus incertain. Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, promet d’y mettre la hache. Il en fait le thème central de ses rassemblements, de ses attaques et de ses publicités. Selon lui, alors que l’inflation est toujours galopante, une augmentation de la taxe carbone survient au pire moment et ne fait qu’ajouter au fardeau des Canadiens.

Dans une lettre qu’il a adressée aux députés libéraux et néo-démocrates, jeudi, M. Poilievre les encourage à voter la semaine prochaine en faveur d’une motion qui aura pour objectif de geler la taxe. Si vous passez du temps dans vos communautés, vous aurez sans doute vu de vos propres yeux la misère à laquelle les Canadiens sont confrontés, écrit-il pour les convaincre, tout en les enjoignant à écouter leurs électeurs.

Ce qui n’aide rien, c’est que le gouvernement libéral a lui-même taillé une brèche dans sa propre législation en exemptant pour trois ans le mazout pour le chauffage, afin de calmer la grogne de l’Atlantique. Cette exception ne lui a toutefois pas permis de redorer son blason, alors que les sondages continuent d’être défavorables aux libéraux.

Les libéraux de Justin Trudeau sont largement devancés par les conservateurs dans les intentions de vote.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

L’abolition, une mécanique facile

Alors que les conservateurs mènent largement dans les intentions de vote, la possibilité que la tarification fédérale soit éventuellement abolie semble de plus en plus plausible. Pour ce faire, un nouveau gouvernement aurait simplement à abroger la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre, adoptée en 2018.

Avec une majorité à la Chambre des communes, un gouvernement pourrait complètement démanteler cette loi-là, note Sébastien Jodoin, professeur agrégé à la Faculté de droit de l’Université McGill. Ce serait facile dans le sens de la mécanique.

Mais les conséquences seraient notables, à commencer par celles sur le portefeuille de plusieurs citoyens. Ottawa estime que 80 % des Canadiens qui versent la taxe reçoivent du gouvernement fédéral un remboursement plus grand que ce qu’ils paient. Advenant l’abolition de la tarification, ils auraient donc moins d’argent dans leurs poches.

Le grand paradoxe, c’est que la majorité des Canadiens dans les provinces qui paient la taxe fédérale gagnent de l’argent avec ça. [L’abolir] appauvrirait les Canadiens, signale Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.

Impact sur l’atteinte des cibles

Les conséquences se feraient également sentir sur le bilan de réduction des gaz à effet de serre du Canada. L’effet ne serait toutefois pas immédiat. À court terme, il n’y aurait pas de grosses conséquences; cette taxe reste assez imperceptible puisqu’elle demeure modeste, note M. Pineau. L’impact sera toutefois de plus en plus important avec le temps, car la taxe doit graduellement grimper à 170 $ la tonne de carbone d’ici 2030.

Ottawa estime d’ailleurs que la tarification sur le carbone va permettre de réduire de jusqu’à un tiers les émissions au pays d’ici 2030.

Il va falloir trouver d’autres moyens pour atteindre la cible si on enlève la taxe sur le carbone. Même avec la taxe, ce n’est pas suffisant.

Une citation de Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

Or, la plupart des économistes s’entendent sur le fait qu’un prix sur le carbone est une façon plus efficace et moins coûteuse de réduire les émissions de GES que d’offrir des subventions ou d’adopter des mesures réglementaires. Le Canada vise à réduire ses émissions de 40 % d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2005.

Incertitude pour les entreprises

Alors que le Canada mise sur la transition énergétique, les entreprises qui se sont engagées dans cette voie risquent également de voir leurs ardeurs freinées.

Ça introduit beaucoup d’incertitude pour toutes les compagnies qui investissent afin de développer des produits faibles en carbone, soulève M. Jodoin. Est-ce qu’on reste encore avec une vision de l’économie basée sur l’exploitation des énergies fossiles, l’exploitation des ressources naturelles, ou est-ce qu’on s’en va vers une économie plus moderne?

Les entreprises exportatrices canadiennes pourraient également pâtir de l’abolition éventuelle de la tarification sur le carbone. L’Union européenne – qui possède un marché du carbone – a adopté récemment un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. À terme, ce mécanisme imposera des tarifs douaniers aux marchandises à forte intensité carbone importées en Europe. Le Canada n’en sera pas exempté.

À contre-courant

L’image du Canada sur la scène internationale pourrait également en prendre pour son rhume si la tarification sur le carbone était supprimée.

Selon les données de la Banque mondiale, 23 % des émissions sur la planète sont désormais couvertes soit par une taxe carbone, soit par un système d’échange de quotas d’émission (bourse du carbone). Cette proportion n’était que de 7 % il y a 10 ans. Pas moins de 46 pays ont fait le saut et d’autres y songent, notamment des pays émergents comme le Vietnam ou la Turquie.

À l’échelle internationale, la tarification du carbone est en croissance. Ça se répand de plus en plus dans les pays du monde, signale M. Pineau. L’abolir serait très clairement aller à l’encontre d’une tendance mondiale et ferait passer le Canada pour un pays un peu rétrograde en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques.

Certaines provinces canadiennes – dont le Québec – ont été des précurseurs dans la mise en place d’un système de tarification sur le carbone au pays. Alors que de plus en plus d’États sur le globe en voient les vertus et emboîtent le pas au Canada, le sort du prix sur le carbone apparaît paradoxalement plus incertain que jamais ici.

Et le Québec dans tout ça?

Depuis 2013, le Québec a mis sur pied son propre système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre, qui est désormais lié à celui de la Californie. La province n’est donc pas soumise à la taxe fédérale. Aux dernières enchères, en février, les droits d’émission se vendaient à près de 57 $ la tonne de carbone. Si le Canada abolissait la taxe fédérale sur le carbone, cela ne changerait rien à l’approche du Québec, signale le gouvernement.

Le Québec poursuivra ses efforts dans sa lutte contre les changements climatiques, indépendamment des décisions du gouvernement fédéral. Nous encourageons d’ailleurs tous les États à contribuer aux efforts de lutte contre les changements climatiques, écrit dans un courriel Amélie Moffet, attachée de presse du ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette.

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À New York, les dosettes de détergent à lessive et pour lave-vaisselle pourraient disparaître. Un projet de loi visant à interdire ces sachets en polymère est à l’étude par des élus, car leur utilisation n’aurait rien d’inoffensif.

Résumé

Planète bleue, idées vertes New York dépollue une lessive à la fois

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La Ville de New York étudie la possibilité d’interdire les dosettes de détergent à lessive et pour lave-vaisselle recouvertes d’une membrane de polymère.

À New York, les dosettes de détergent à lessive et pour lave-vaisselle pourraient disparaître. Un projet de loi visant à interdire ces sachets en polymère est à l’étude par des élus, car leur utilisation n’aurait rien d’inoffensif.

Publié à 1h09 Mis à jour à 7h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Selon de nouvelles études scientifiques, la popularité des dosettes auprès des Américains est à l’origine d’une hausse des polluants observés dans le fleuve Hudson et ses affluents. Les capsules de PVA (alcool polyvinylique, aussi appelé PVOH) ont beau se dissoudre dans l’eau, elles laissent des traces, s’entendent pour dire des experts, notamment de l’Arizona. Des traces éternelles à l’image du plastique.

Le conseiller municipal démocrate James Gennaro raconte avoir sorti ses confrères de la torpeur hivernale, au début de février, en présentant les grandes lignes de son projet. Il propose d’interdire la vente ou la distribution de dosettes de détergent ou de feuilles de lessive contenant du PVA dans les cinq arrondissements : Manhattan, Bronx, Queens, Brooklyn et Staten Island.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Les grands producteurs de savon ont commercialisé les capsules au tournant de 2012. Les ventes ont explosé depuis.

« C’est du sérieux »

Joint par La Presse avant une réunion avec l’exécutif de la Grosse Pomme, le vieux routier de la politique admet qu’il ne se fera pas d’alliés chez les géants de la lessive, tel Procter & Gamble, qui a commercialisé les fameux « Tide Pods 3 en 1 ». L’homme représente les citoyens du district 24. Il rappelle qu’il a déjà été professeur adjoint de science politique et de politique publique environnementale au Queens College. Il connaît son sujet, assure-t-il.

Je ne veux pas interdire juste pour interdire. C’est du sérieux, comme pour les métaux lourds. Les dosettes sont de plus en plus populaires. Des millions de capsules sont utilisées chaque jour par les citoyens. Et quand le PVA se dissout dans l’eau, il laisse des résidus microscopiques qui se mélangent à d’autres contaminants. C’est la quantité, le problème majeur.

James Gennaro, conseiller municipal démocrate à New York

Selon une récente étude publiée dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health, 650 000 tonnes de PVA sont produites chaque année à l’échelle planétaire. Avec une hausse estimée de 4,09 % par année, de 2018 à 2023.

En plus de servir à fabriquer les capsules de détergent (en y ajoutant du polyéthylène glycol ou PEG, un composé de pétrochimie utilisé comme agent moussant), le PVA est utilisé dans les adhésifs, les peintures, les mastics, les revêtements et les textiles. Il a aussi des usages médicaux, notamment pour la fabrication des lentilles de contact et de certaines gouttes pour les yeux.

Professeur titulaire à la faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, Sébastien Sauvé est spécialiste de la chimie des sols, de l’eau, de l’environnement. Il a beaucoup étudié les polluants chimiques et les contaminants émergents. Afin d’expliquer de façon simple l’effet du PVA dans l’eau, il trace un parallèle avec le sucre et le sel.

On ne verra plus le contenu d’une cuillère de sucre ou de sel une fois qu’il est mélangé dans un verre d’eau. Mais il n’a pas disparu pour autant. C’est exactement la même chose avec le PVA.

Sébastien Sauvé, professeur titulaire à la faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal

Il existe une solution pour l’éliminer complètement des eaux usées, enchaîne le professeur. Les municipalités pourraient introduire dans les usines de filtration un processus complexe de dégradation à l’aide d’un catalyseur à base de cuivre et de manganèse.

« Mais ce serait extrêmement coûteux », ajoute-t-il.

La fin de la poudre

Par ailleurs, le professeur fait remarquer qu’il est de plus en plus difficile de se procurer une bonne vieille boîte de détergent en carton, avec du savon en poudre.

« La solution va peut-être venir des consommateurs, avance-t-il. D’autant plus qu’il est reconnu que les capsules reviennent plus chères que la poudre. On n’a pas besoin de tout ce savon pour un cycle de lavage. »

À la Ville de Montréal, un projet d’ozonation visant à désinfecter les eaux usées avant de les rejeter dans le fleuve accuse des années de retard. Et il ne dissoudra pas le PVA ou les microbilles de plastique. À la direction des relations avec les médias de l’exécutif de la mairesse Valérie Plante, on a décliné une demande d’entrevue avec un élu responsable. Cependant, on indique que Montréal n’envisage pas actuellement d’interdire les capsules de détergent à lessive et pour lave-vaisselle.

« Nos experts restent à l’affût et suivent de près les recherches sur la pollution de l’eau, et ce, en collaboration notamment avec la Chaire en eau potable de Polytechnique Montréal. Il n’y a toutefois pas de projet directement en lien avec les microplastiques », précise Kim Nantais, de la direction des relations avec les médias.

Empoisonnement

Au-delà de la question environnementale, les dosettes de détergent liquide ont fait l’objet d’un avertissement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en raison de la hausse des empoisonnements d’enfants. Une multiplication par dix en cinq ans était recensée en 2015 en Europe. « Elles ressemblent à des bonbons avec leurs couleurs vives et leurs odeurs », a prévenu l’organisation.

Implanté depuis un an, le Règlement montréalais interdisant le plastique à usage unique dans les commerces alimentaires et les restaurants connaît un important succès et il sert maintenant de modèle ailleurs au Québec. La Ville de Montréal est heureuse de constater que 92 % des établissements inspectés ont opté pour des contenants et de la vaisselle plus écologiques.

Ajout : reportage de Radio-Canada

Ajout :

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Transition énergétique Des groupes environnementaux dénoncent « les méthodes nuisibles » de Québec

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

« On s’attarde récemment à Northvolt, mais nos différentes organisations ont dénoncé de nombreux autres projets partout au Québec dans les dernières années. Des projets qui ont profité de raccourcis et assouplissements permis par ce gouvernement », ont fait valoir les groupes environnementaux.

Des groupes environnementaux se sont réunis à Montréal lundi matin pour dénoncer « les méthodes nuisibles » du gouvernement du Québec en matière de développement industriel et réclament que soient respectés la réglementation environnementale et les mécanismes de consultation publique.

Publié hier à 10h15

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Stéphane Blais La Presse Canadienne

Équiterre, la Fondation David Suzuki, Greenpeace, Nature Québec et la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) notamment, s’inquiètent de la « tendance du gouvernement à affaiblir la réglementation environnementale ».

« On s’attarde récemment à Northvolt, mais nos différentes organisations ont dénoncé de nombreux autres projets partout au Québec dans les dernières années. Des projets qui ont profité de raccourcis et assouplissements permis par ce gouvernement », ont fait valoir les groupes environnementaux.

Ils s’inquiètent également de l’intention du gouvernement de revoir les modalités du BAPE.

« Les moyens choisis pour la transition énergétique ne doivent pas contribuer à empirer la crise en détruisant les milieux naturels ou agricoles à grande valeur économique, sociale et écologique : des milieux stratégiques qui se font de plus en plus rares et qui sont d’une grande valeur pour la santé et la sécurité de la population », estiment les groupes, dans un communiqué.

Les Fermes Lufa n’ont pas seulement le projet de nourrir les villes avec des légumes frais. Leur ambition est aussi d’offrir de meilleurs prix que les grandes chaînes pour le panier d’épicerie au complet.

Résumé

Lufa veut se mesurer aux grandes chaînes

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Lufa inaugure ce mardi sa cinquième serre urbaine à Montréal, sur le toit du magasin Walmart du Marché central.

Les Fermes Lufa n’ont pas seulement le projet de nourrir les villes avec des légumes frais. Leur ambition est aussi d’offrir de meilleurs prix que les grandes chaînes pour le panier d’épicerie au complet.

Publié à 1h02 Mis à jour à 5h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

« C’est déjà le cas pour 50 des produits du panier Lufa », affirme Mohamed Hage, fondateur de l’entreprise qui a élargi sa mission pour se transformer de plus en plus en épicier.

Lufa inaugure ce mardi sa cinquième serre urbaine à Montréal, sur le toit du magasin Walmart du Marché central, où une toute première récolte de mini-concombres vient d’être faite, sans que les clients qui magasinent au rez-de-chaussée s’en rendent compte.

Pour tout ce qui pousse dans ses serres, Lufa revendique déjà de meilleurs prix que ceux des supermarchés, affirme Mohamed Hage. Pour le reste du panier, ça progresse, dit-il, lors d’une visite de la nouvelle serre. « Notre but est d’offrir des produits locaux et frais qui sont 10 % moins coûteux que ceux des grandes chaînes. »

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Mohamed Hage, fondateur des Fermes Lufa

L’entreprise tire 20 % de ses revenus de la vente des légumes qu’elle fait pousser. Les autres revenus sont générés par la vente des produits de ses partenaires. Six fermes et plus de 300 fournisseurs lui livrent du pain, du lait, de la viande, de la bière ou du vin, soit tous les produits d’un panier alimentaire complet, qui sont livrés chaque semaine à ses abonnés dans un rayon de 2 h 30 min de Montréal.

De l’ambition

Toutes les semaines, Lufa compare les prix d’une cinquantaine de ses produits avec les mêmes en vente dans les grandes chaînes et le résultat de l’exercice est plus qu’encourageant, selon Mohamed Hage.

Avec six serres et une ferme intérieure, Lufa prouve que son modèle d’affaires peut remplacer les légumes en provenance du Mexique et espacer les visites au supermarché, dit-il.

JoAnne Labrecque, professeur au département de marketing de HEC Montréal, qualifie ce plan d’ambitieux. Les entreprises comme Lufa peuvent réussir dans leur marché de niche, dit-elle, mais concurrencer les grandes chaînes est une autre paire de manches. « L’épicerie, c’est du volume et c’est aussi une capacité de négociation avec les fournisseurs, résume-t-elle. C’est déjà un marché très agressif. »

Contrairement à ce qu’on entend partout, il y a beaucoup de concurrence au Québec dans le secteur de l’alimentation, selon elle. « Quand on dit qu’il n’y a pas de concurrence, on exclut généralement de gros joueurs comme Costco et Walmart », dit-elle.

Après avoir vu le nombre de ses abonnés grimper de 100 % pendant la pandémie, Lufa a connu un retour brutal à la réalité avec une croissance nulle en 2022. Mohamed Hage n’est pas inquiet pour autant. Ses actionnaires, dont Desjardins et le Fonds FTQ, sont patients et voient à long terme, dit-il.

« Nourrir les villes à la façon de Lufa, c’est un projet de 30, 40 ou 50 ans », dit-il.

La technologie aidera Lufa à réaliser ses ambitions, explique le fondateur de l’entreprise.

La serre du Marché central, qui a nécessité des investissements de 10 millions, n’est pas la plus grande des six installations de Lufa, mais elle est de loin la plus performante. Elle pourra produire 40 % plus de concombres, poivrons et tomates avec 7 % moins d’énergie que la moyenne des autres serres des Fermes Lufa.

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La serre du Marché central a nécessité des investissements de 10 millions de dollars.

L’énergie, soit l’électricité pour l’éclairage et le gaz naturel pour le chauffage, arrive au troisième rang des coûts d’exploitation de l’entreprise, après les coûts de financement et la main-d’œuvre.

L’éclairage DEL, le vitrage ultra-isolant, le recyclage de l’eau et de l’air et l’automatisation des opérations contribuent à réduire le coût de production. Lufa peut offrir des laitues de première fraîcheur à 2 $ en hiver, mais tous ses légumes sont moins chers toute l’année, à l’exception des mois d’été, où c’est l’abondance dans les champs du Québec.

L’entreprise réduit alors ses activités et en profite pour se préparer à prendre la relève des maraîchers québécois à compter du mois de septembre pour le reste de l’année.

« Lufa a beaucoup appris depuis ses débuts », assure Mohamed Hage, qui n’avait jamais rien fait pousser avant de se lancer dans l’agriculture urbaine. Une des leçons apprises à la dure est qu’il ne faut pas multiplier les cultures. « On a déjà eu 40 variétés dans une serre », rappelle-t-il.

Le coût de l’énergie, qui est appelé à grimper au Québec comme partout ailleurs dans le monde, jouera en faveur de Lufa, estime l’entrepreneur. Rapprocher la production des consommateurs deviendra de plus en plus avantageux comparativement aux poivrons du Mexique qui doivent voyager sur des milliers de kilomètres, illustre-t-il.

Les Fermes Lufa

  • Fondées en 2010
  • Six serres, une ferme intérieure
  • 600 employés
  • 30 000 abonnés

C’est leur plus gros dossier et ils sont mis sur la touche. Les fonctionnaires du ministère de l’Environnement qui habitent à Rouyn-Noranda n’ont plus le droit de travailler sur le sujet de la Fonderie Horne, a appris Radio-Canada. Le gouvernement Legault les considère en conflit d’intérêts, en raison d’une procédure de recours collectif de tous les résidents de la ville qui vise le Ministère.

« En bref, toute personne qui pourrait poursuivre ne doit plus travailler sur le dossier, c’est la consigne qui a été donnée », confirme le président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), Guillaume Bouvrette.

Avec la mise sur la touche des fonctionnaires locaux, qui interviendra en cas de pollution, qui fera des visites impromptues sur le site de la Fonderie pour vérifier la conformité des opérations? Impossible de le savoir, le ministère de l’Environnement a refusé de répondre en détail à nos questions.

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Le monde a produit en 2022 62 millions de tonnes de déchets électroniques, soit l’équivalent de 7,8 kg par être humain vivant sur Terre. Une crise qui ne fera que s’empirer au fur et à mesure que le monde extraira davantage de ressources pour produire encore plus de biens de consommation.

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Le gouvernement de François Legault demande aux quatre cimenteries du Québec de proposer un plan de réduction des gaz à effet de serre (GES) d’ici le 1er mai. Un problème complexe pour cette filière qui émet 15 % de la totalité du carbone industriel de la province. Or, plusieurs avenues sont déjà explorées pour atteindre cet objectif.

Avec le modèle affairiste qu’on nous propose, l’entreprise privée va s’autoréguler, déplore Pascal Bergeron. Si on n’intervient pas en amont sur la consommation, on ne réglera jamais le problème.

Résumé

Les cimenteries confrontées à leur énorme empreinte carbone

Le gouvernement de François Legault demande aux quatre cimenteries du Québec de proposer un plan de réduction des gaz à effet de serre (GES) d’ici le 1er mai. Un problème complexe pour cette filière qui émet 15 % de la totalité du carbone industriel de la province. Or, plusieurs avenues sont déjà explorées pour atteindre cet objectif.

La cimenterie Lafarge située à Saint-Constant, au Québec, a émis 775 000 tonnes de CO2 en 2021.

Photo : Radio-Canada / Vincent Rességuier

Publié à 4 h 54 HAE

« Quand on parle de GES, c’est ici que ça passe », lance Gilles Autote, en pointant les fours de la cimenterie de Saint-Constant, en Montérégie.

L’usine produit près de 900 000 tonnes de ciment par année et exploite sur le même site une carrière de calcaire, précise le porte-parole québécois de l’entreprise Lafarge, une filiale de Holcim, le premier producteur mondial de béton.

La température des immenses tubes métalliques monte au-delà de 1400 degrés Celsius pendant la transformation du calcaire en clinker, le principal élément du ciment standard, appelé généralement ciment Portland.

Pour produire une tonne de clinker, près 800 kilos de gaz carbonique sont relâchés dans les airs au moment de la combustion. C’est la principale raison pour laquelle ce matériau a une lourde empreinte carbone.

Conséquemment, il sera difficile pour cette industrie d’atteindre l’objectif de carboneutralité fixé par Québec en 2050.

La cimenterie de Saint-Constant a émis 774 000 tonnes de GES en 2021 et, d’ici 2030, elle veut réduire ses émissions de 30 %. Tout un défi, reconnaît M. Autote, en se disant tout de même optimiste.

Les fours de la cimenterie Lafarge à Saint-Constant.

Photo : Radio-Canada / Vincent Rességuier

Le recours à des produits alternatifs

Pour atteindre cet objectif, Lafarge vient de modifier sa méthode de fabrication. Jusque-là, le carbone calciné représentait plus de 70 % de la composition du ciment. Dans la nouvelle recette, une partie du clinker est remplacée par du calcaire brut, qui n’a donc pas besoin d’être chauffé.

Les anciennes normes canadiennes imposaient un maximum de 5 % de calcaire dans le produit fini. La limite s’élève désormais à 15 %. La cimenterie entend ainsi diminuer ses émissions de GES de 60 000 tonnes dès cette année.

Pour réduire la proportion de clinker, Lafarge a déjà recours à d’autres produits dits alternatifs. La plupart sont des résidus industriels comme les cendres volantes, une matière issue de la combustion du charbon, ou le laitier, un résidu de la fabrication de l’acier.

Le but ultime, explique Gilles Autote, est d’augmenter progressivement la proportion d’ingrédients ayant une empreinte carbone moindre par rapport au carbone calciné.

Mais pour chaque modification de la recette, le défi est d’obtenir un béton de qualité et de gagner la confiance des clients parfois dubitatifs, précise-t-il.

Gilles Autote, porte-parole de Lafarge au Québec, et Daniel Vadacchino, directeur de la cimenterie de Saint-Constant.

Photo : Radio-Canada / Vincent Rességuier

Des cimenteries en retard

Dans son laboratoire de l’Université de Sherbrooke, le professeur en génie civil et chimique Arezki Tagnit-Hamou mène justement des recherches pour faire évoluer la composition des ciments.

Il collabore avec les cimentiers pour adopter de nouvelles technologies et avec le gouvernement québécois pour faire adopter des normes en conséquence.

Selon lui, les solutions sont connues depuis très longtemps et il ne faut pas perdre de temps pour répondre à l’urgence des changements climatiques.

Il observe d’ailleurs un changement de paradigme et soutient que l’empreinte carbone du ciment s’avère désormais un paramètre incontournable.

Il faut vraiment inclure dans le plan de match la diminution du CO2.

Une citation de Arezki Tagnit-Hamou, directeur du Centre de recherche sur les infrastructures en béton de l’Université de Sherbrooke

Sauf que les cimenteries ne partent pas toutes du même point. Certaines ont recours à des technologies très avancées, d’autres sont très en retard et, selon lui, elles devraient profiter de ce changement de paradigme pour aller vers des solutions plus innovantes.

Le professeur Arezki Tagnit-Hamou au Centre de recherche sur les infrastructures en béton de l’Université de Sherbrooke.

Photo : Radio-Canada / Vincent Rességuier

L’usine de Ciment Québec, située à Saint-Basile, dans la région de Portneuf, a investi près de 150 millions de dollars pour moderniser ses installations, grâce notamment à une contribution de Québec à hauteur de 46 millions de dollars.

En revanche, la cimenterie de Joliette est connue pour ses infrastructures désuètes. Elle serait sur le point d’être vendue et le nouveau propriétaire devra investir des fonds pour mettre les installations à la page.

La controversée cimenterie McInnis, en Gaspésie, a en revanche des installations récentes, mais tous secteurs confondus, c’est l’usine québécoise qui produit le plus de gaz à effet de serre, près de 1,4 million de tonnes en 2022.

Biomasse et capture du carbone

Dans un courriel transmis à Radio-Canada, la porte-parole de la cimenterie McInnis, Lyse Teasdale, affirme que l’entreprise entend respecter les cibles imposées par le gouvernement et qu’elle va produire une feuille de route d’ici le 1er mai.

Comme Lafarge, la cimenterie explore la piste des ingrédients alternatifs et elle a déjà intégré une plus grande quantité de calcaire brut dans 80 % de sa production.

McInnis envisage également une autre option : le recours à des combustibles à faible teneur en carbone pour alimenter ses fours. L’entreprise compte d’ailleurs demander cette année un permis pour utiliser de la biomasse, une matière qui proviendrait en grande partie des forêts gaspésiennes.

Une initiative annoncée il y a plusieurs années, rappelle le militant environnementaliste Pascal Bergeron, également porte-parole de l’organisme gaspésien Environnement Vert Plus.

Il note que l’utilisation de combustibles alternatifs carboneutres pourrait réduire les émissions de GES de 10 à 20 %.

Ce serait un gain marginal, mais non négligeable, selon le professeur Arezki Tganit-Hamou, parce que les combustibles actuels sont souvent très polluants.

Il s’agit en majorité de combustibles fossiles comme le pétrole ou le charbon, mais aussi de déchets industriels tels que des huiles usées, des résidus de construction ou des pneus.

La cimenterie de Saint-Constant a recours à 80 % d’énergies fossiles pour chauffer ses fours et à 20 % des produits industriels recyclés comme des pneus.

Photo : Radio-Canada / Vincent Rességuier

Le captage du carbone est une autre option régulièrement évoquée par l’industrie. Des technologies existent, mais la rentabilité est loin d’être assurée, selon M. Tagnit-Hamou, qui s’attend à des coûts de stockage et de transport très élevés. C’est pourquoi il miserait plutôt pour la réduction à la source.

Limiter l’utilisation du béton

Comme souvent dans la lutte contre les GES, une des solutions les plus évidentes demeure de réduire la consommation. C’est le nerf de la guerre, selon le chercheur.

Il invite d’ailleurs les architectes et les ingénieurs à prioriser des modèles qui exigent une moins grande quantité de ciment, c’est-à-dire des structures élancées et le recours à des bétons plus performants.

Un point de vue que partage Pascal Bergeron. Il souhaiterait l’adoption d’un plan de sortie du béton au Québec. C’est le rôle du politique, dit-il, et c’est la job qui ne se fait pas en ce moment.

Si on n’intervient pas en amont sur la consommation, on ne réglera jamais le problème.

Une citation de Pascal Bergeron, porte-parole de l’organisme Environnement Vert Plus

Le militant environnementaliste Pascal Bergeron.

Photo : Radio-Canada / Vincent Rességuier

Par ailleurs, M. Bergeron estime que la bourse du carbone permettrait déjà de contraindre les cimenteries à réduire leurs émissions de GES.

Le problème, soutient-il, c’est que le gouvernement québécois leur a offert un statut spécial avec de très faibles redevances, l’objectif étant de ne pas les pénaliser face à la concurrence étrangère.

Avec le modèle affairiste qu’on nous propose, l’entreprise privée va s’autoréguler, déplore Pascal Bergeron.

Face au laxisme de Québec, ses attentes sont désormais limitées. Il regrette que le gouvernement demande aux cimenteries de présenter leur propre plan de match d’ici le mois de mai, plutôt que d’imposer des mesures coercitives.

Est ce que ça va donner quelque chose? Est-ce qu’il va vraiment y avoir des conséquences? s’interroge-t-il. On trouve que c’est assez peu convaincant.

Dans les prochains mois, Québec a l’intention d’établir des seuils d’émission de GES pour les cimenteries et, en cas de non-respect, il y aura des conséquences pécuniaires importantes, assure Mélina Jalbert, attachée de presse du ministre de l’Environnement Benoit Charette.

Le Québec vise, d’ici 2030, une réduction de 37,5 % des émissions de GES par rapport à leur niveau de 1990 et la carboneutralité pour 2050.

À lire aussi :

Reportage de Enquête sur la pollution causée par la production d’aluminium.

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Si l’argent parle, les choix politiques en environnement qui se reflètent dans le budget 2024-2025 du gouvernement Legault crient l’incapacité qu’a ce gouvernement de comprendre la convergence des crises environnementales, sociales et économiques que nous traversons.

Résumé

Budget du Québec 2024-2025 Une occasion manquée pour l’environnement et bien au-delà

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Manifestation pour le climat au centre-ville de Montréal, en avril 2022

Si l’argent parle, les choix politiques en environnement qui se reflètent dans le budget 2024-2025 du gouvernement Legault crient l’incapacité qu’a ce gouvernement de comprendre la convergence des crises environnementales, sociales et économiques que nous traversons.

Publié à 7h00

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Leïla Cantave Responsable pour le Québec, Réseau action climat Canada, et six représentants d’organisations cosignataires*

Ils crient l’entêtement du gouvernement à ne voir la décarbonation du Québec que sous l’angle réducteur d’éventuelles opportunités d’affaires accompagnant la transition énergétique.

Et enfin, ils crient une vision économique axée sur l’exploitation à outrance des ressources naturelles au détriment de la protection des écosystèmes et des obligations en droit international pour limiter le réchauffement climatique à 1,5° C, à la base de ces crises.

Alors que le gouvernement annonce un inquiétant déficit et que d’importants ralentissements de la croissance de certaines dépenses pointent à l’horizon (en éducation notamment), la crise climatique et ses enjeux sont cruellement absents de cet exercice budgétaire.

Dans un contexte où l’urgence environnementale nécessite des actions rapides et où le gouvernement cherche à faire des économies, le budget devrait s’assurer que chaque dollar investi répond à plusieurs besoins. Or à ce titre, il manque le bateau. Où sont les mesures structurantes qui auraient pu concilier la crise climatique et la promotion de solutions économiquement durables, notamment dans les domaines du transport collectif, de l’aménagement véritablement durable du territoire ? En d’autres mots, où sont les mesures qui nous auraient coûté moins cher collectivement ?

A contrario, alors que les changements climatiques se font durement ressentir au Québec, que la crise de la biodiversité s’aggrave et qu’une part grandissante de la population a du mal à se loger, se déplacer et se nourrir, le budget présenté hypothèque notre capacité collective à faire face à ces multiples enjeux aux racines souvent similaires.

Le Québec renonce-t-il à son aspiration de devenir un chef de file en matière de climat ?

De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ces priorités mal placées. Dans le transport, les investissements routiers demeurent privilégiés, laissant pour compte celles et ceux qui se retrouvent face aux prix croissants du transport collectif. Par ailleurs, le gouvernement traite l’adaptation aux impacts climatiques uniquement sous l’angle de la sécurité publique et en réaction aux évènements, négligeant le volet de prévention et de l’aménagement du territoire.

Qui plus est, le manque d’ambition de Québec se double d’un déficit de participation citoyenne et d’inclusion des nations autochtones, pourtant essentielles pour une transition juste et équitable. Cela est particulièrement nuisible étant donné le fort penchant du gouvernement Legault pour l’exploitation forestière et minière.

Loin de poser les jalons d’une société durable, sobre en carbone et résiliente, le budget 2024-2025 érige des obstacles supplémentaires sur la route d’une transition juste et inclusive, cruciale pour l’avenir du Québec.

Pourtant, la prochaine année sera déterminante pour de nombreux dossiers climatiques. Alors que le Canada et le Québec doivent réviser leurs cibles climatiques à la hausse, il est primordial d’accroître notre ambition. Idem pour le Système de plafonnement et d’échange des émissions (SPEDE) qui doit également être bonifié.

Face aux débats sur les énergies fossiles au niveau fédéral et devant le risque réel de voir les quelques acquis en environnement et changements climatiques être annulés, le Québec doit redoubler d’ardeur, se faire entendre, et faire sa juste part en matière de climat.

Il n’est pas trop tard pour agir. Nous pressons le gouvernement du Québec d’agir rapidement pour corriger le manque d’investissements nécessaires en aménagement durable, en transport collectif, en adaptation, en protection des écosystèmes et en efficacité énergétique. Le Québec, mais aussi le Canada et le monde, en ont besoin.

*Organisations signataires : Charles Bonhomme, responsable, affaires publiques et communications, fondation David Suzuki ; Colette Lelièvre, responsable de campagnes, Amnistie internationale Canada francophone ; Patricia Clermont, organisatrice, Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) ; Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada ; Myriam Thériault, coordonnatrice générale de Mères au front ; David Roy, directeur général, Ateliers pour la biodiversité

Au lieu de jeter aux poubelles les vieux pupitres d’école, un élan pour les remettre à neuf prend forme au Québec. Et pour les redistribuer par la suite dans le réseau au moyen d’une plateforme numérique. Le remodelage ne se limite pas aux pupitres, il s’étend aux chaises, aux casiers, aux classeurs et au mobilier de bureau.

Résumé

Planète bleue, idées vertes Pour en finir avec les pupitres d’école aux poubelles

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Dans la foulée du projet pilote du centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB), des pupitres, des chariots de bibliothèque, des classeurs et des casiers ont été remis à neuf au lieu d’être jetés. Des chaises ont été données au centre de services scolaire de Montréal (CSSDM).

Comment ils sont passés de la parole aux actes

Publié à 2h01 Mis à jour à 8h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Au lieu de jeter aux poubelles les vieux pupitres d’école, un élan pour les remettre à neuf prend forme au Québec. Et pour les redistribuer par la suite dans le réseau au moyen d’une plateforme numérique. Le remodelage ne se limite pas aux pupitres, il s’étend aux chaises, aux casiers, aux classeurs et au mobilier de bureau.

« Il faut arrêter une fois pour toutes de jeter aux poubelles », lance Vicky Vaskelis, l’une des dirigeantes à l’origine du centre de tri virtuel nommé « Réutilisons », une jeune entreprise de récupération, de remodelage et de redistribution gratuite.

Mme Vaskelis raconte que les Forces armées canadiennes, rue Sainte-Catherine à Montréal, ont permis à une dizaine d’organismes communautaires de se meubler. Il y a aussi le ministère de l’Agriculture (MAPAQ) qui avait 148 chaises dont il voulait se débarrasser. Près d’une centaine d’entre elles ont été récupérées, notamment par une maison des jeunes et un comptoir d’aide alimentaire. Une maison d’hébergement a profité du vieux mobilier de la CNESST, et ainsi de suite, ajoute-t-elle.

Les organismes participants obtiennent un certificat de traçabilité du processus de gestion des matières résiduelles. Le service est gratuit pour les organismes à but non lucratif et pour les services scolaires, une contribution de 1 $ par article sélectionné est demandée aux entreprises privées pour les frais d’utilisation de la plateforme.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Vicky Vaskelis, cofondatrice et coprésidente du Centre de tri virtuel Réutilisons

Nous venons tout juste de conclure une entente avec trois écocentres du nord de Laval afin que les écoles puissent y déposer leurs vieux pupitres : Saint-Jérôme, Sainte-Sophie et Prévost. La prochaine étape sera d’obtenir des ententes avec les centres de tri à Montréal.

Vicky Vaskelis, cofondatrice et coprésidente du Centre de tri virtuel Réutilisons

« On aimerait aussi créer un système de consignes. Ça paraît simple à implanter, mais il y a tout un processus de récupération à mettre en place avec les équipements mécanisés des centres de récupération », relève Mme Vaskelis.

En amont du service en ligne, l’entreprise Réutilisons travaille à bâtir un réseau de réparateurs, de restaurateurs, de déménageurs et de recycleurs. Dans le cas des pupitres, par exemple, le vieux revêtement beige est retiré, la base en métal est repeinte, des vis, boulons et écrous sont changés.

Du neuf avec du vieux

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Un vieux pupitre avant (à droite) et après sa restauration (à gauche). Le revêtement de la surface a été changé, la base réparée et repeinte.

Pour mesurer l’étendue de la récupération de mobilier, on a rendez-vous rue Deslauriers, dans Saint-Laurent, au cœur de l’île de Montréal. Des montagnes de pupitres défraîchis et de casiers sont empilées dans un gigantesque entrepôt du centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB). On reconnaît bien le design beige des années 1970. Sous certains bureaux, il y a encore de vieilles gommes à mâcher durcies. Dans une autre pièce, des pupitres d’un noir cobalt sont alignés. Ils sont vieux même s’ils ont l’air flambant neufs.

Marjolaine Fournier est coordonnatrice au secteur de la gestion contractuelle et approvisionnements du CSSMB, le deuxième centre de services scolaire en importance au Québec, avec 103 établissements scolaires à gérer. Elle dirige un projet-pilote de remise à neuf. Les vieux pupitres restaurés proviennent de l’école Saint-Clément, qui est en pleine transformation, explique-t-elle. Grâce à l’entreprise Réutilisons, 167 chaises de la même école ont été redistribuées – gratuitement – dans des classes du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM).

« On fait de l’économie circulaire », affirme-t-elle.

« C’est la première fois qu’on tente une pareille expérience. On a trouvé la main-d’œuvre pour faire la restauration grâce à des contacts dans le réseau », souligne Mme Fournier.

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Marjolaine Fournier, coordonnatrice au secteur de la gestion contractuelle et approvisionnements du CSSMB

En récupérant au lieu de jeter, on estime qu’on a économisé 30 % des coûts pour une centaine de pupitres et de nombreux classeurs.

Marjolaine Fournier, coordonnatrice au secteur de la gestion contractuelle et approvisionnements du CSSMB

« Mais il reste un bilan complet de l’expérience à tracer avant d’étendre le projet, avant de lancer un appel d’offres plus large », fait valoir la coordonnatrice.

La démarche du CSS Marguerite-Bourgeoys a pris naissance à la suite d’une série de rencontres avec les élèves dans le cadre du Plan d’engagement vers la réussite, ajoute Mélanie Simard, responsable des communications du Centre.

« À leur demande, on a commencé par éliminer complètement les bouteilles d’eau en plastique. Nous privilégions de plus en plus les achats locaux. Les élèves nous ont ensuite parlé longuement des mesures que le CSSMB pourrait prendre pour réduire le gaspillage. L’idée de restaurer les pupitres au lieu de les jeter est née de leurs demandes. »

Le concept de remise à neuf de ces pupitres demeure à développer au CSSMB. Et c’est là que le Centre de tri virtuel Réutilisons innove en offrant une plateforme gratuite, non seulement aux écoles, mais également à tous les organismes publics et communautaires et aux entreprises privées, pour les meubles en fin de vie.

595 133 kilogrammes

Nombre de kilos de biens détournés des sites d’enfouissement.

Source : Centre de tri virtuel Réutilisons

Consultez le site du Centre de tri virtuel Réutilisons Écrivez-nous pour faire partager « vos idées vertes »

Pêches et Océans Canada autorise la pêche commerciale au concombre de mer au Québec après 11 ans de pêche exploratoire. Cette pêche est pratiquée en Gaspésie et sur la Côte-Nord.

Le MPO indique qu’au cours des dix dernières années, les détenteurs de permis exploratoires ont collaboré avec Pêches et Océans Canada pour récolter des données, notamment sur l’état des stocks, afin de permettre le lancement d’une pêche commerciale qui sera viable sur les plans économique et écologique.

Résumé

Feu vert à une pêche commerciale au concombre de mer

La pêche s’ouvrira vers la mi-juillet en Gaspésie et le 1er mai sur la Côte-Nord.

Photo : Poissonnerie de Cloridorme

Publié hier à 17 h 04 HAE

Pêches et Océans Canada autorise la pêche commerciale au concombre de mer au Québec après 11 ans de pêche exploratoire. Cette pêche est pratiquée en Gaspésie et sur la Côte-Nord.

Le MPO indique qu’au cours des dix dernières années, les détenteurs de permis exploratoires ont collaboré avec Pêches et Océans Canada pour récolter des données, notamment sur l’état des stocks, afin de permettre le lancement d’une pêche commerciale qui sera viable sur les plans économique et écologique.

Ça nous a permis d’aller chercher beaucoup de données sur la situation benthique, c’est-à-dire sur les fonds marins, les stocks de concombre de mer, mais aussi les méthodes de capture mises en place et l’interaction avec les autres espèces pour pérenniser cette pêche-là à long terme.

Une citation de Éric Saint-Laurent, directeur pour le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, Pêches et Océans Canada

L’équipe de l’AGHAMM trie, dénombre et pèse tout ce qu’elle capture : des crabes, des oursins, des concombres de mer, des étoiles de mer… Tout est remis à l’eau, sauf les concombres.

Photo : Gracieuseté de l’AGHAMM

Pêches et Océans Canada évalue que le prix offert pour le concombre de mer a plus que doublé en dix ans, avec des débarquements d’une valeur de 2,1 millions de dollars par année.

La pêche s’ouvrira vers la mi-juillet en Gaspésie et le 1er mai sur la Côte-Nord. On compte un total de six détenteurs de permis.

En Gaspésie, le territoire de pêche se trouve entre Rivière-à-Claude et Cap-des-Rosiers.

La pêche à la drague est pratiquée par les pêcheurs de concombre de mer.

Photo : Gracieuseté de l’AGHAMM

Le total des captures autorisées (TAC) n’est pas encore établi. Le MPO souligne par ailleurs que le statut de pêche commerciale donnera beaucoup plus de latitude aux pêcheurs et à la relève.

L’une des différences importantes entre une pêche commerciale et une pêche exploratoire, c’est que les détenteurs de permis pourront transférer leur permis à d’autres pêcheurs, ce qui n’était pas le cas auparavant, ajoute M. Saint-Laurent.

Une nouvelle qui réjouit l’industrie

L’ouverture d’une pêche commerciale au concombre de mer rassure les pêcheurs et les transformateurs.

Pour le plus important transformateur en Gaspésie, Poissonnerie Cloridorme, cette pêche commerciale permettra de rassurer davantage les acheteurs et de développer de nouveaux marchés.

L’entreprise exporte plus de 95 % de sa production en Asie, essentiellement en Chine, et est présente dans l’Ouest canadien grâce à une entente avec T & T Supermarket, une filiale de Loblaws.

Patrick Denis est directeur général adjoint à la Poissonnerie Cloridorme.

Photo : Radio-Canada

La pêche commerciale, c’est un statut auquel on travaille depuis plusieurs années avec tous les détenteurs de permis. On est partis de loin, on a fait beaucoup de travail dans les dernières années, on a fait beaucoup d’investissements pour en arriver là aujourd’hui et c’est sûr que ça va nous ouvrir des portes sur le plan de la commercialisation.

Une citation de Patrick Denis, directeur général adjoint, Poissonnerie Cloridorme

Après l’Ouest canadien, l’entreprise souhaite percer les marchés de l’est du pays et des États-Unis.

De son côté, l’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey (AGHAMW), qui représente les intérêts des nations micmacs de Gespeg et de Gesgapegiag ainsi que de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, salue l’arrivée de cette pêche commerciale qui était attendue depuis plusieurs années dans l’industrie.

Ces trois communautés sont titulaires d’un permis de pêche au concombre de mer depuis 2013 en Gaspésie.

L’organisme a notamment accompagné les pêcheurs autochtones avec des relevés scientifiques pour évaluer l’impact de la pêche à la drague sur cette espèce et les meilleurs écosystèmes pour sa reproduction.

Catherine Lambert-Koizumi est directrice générale de l’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey (AGHAMW).

Photo : Courtoisie

L’AGHAMW souhaite l’établissement d’un plan de gestion intégré et cogéré avec les communautés autochtones.

Avec nos communautés membres et l’industrie, on est intéressés à travailler à un modèle de gouvernance qui va inclure les Premières Nations, parce que c’est une pêche majoritairement autochtone.

Une citation de Catherine Lambert-Koizumi, directrice générale, Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Wolastoqey

Des rencontres se tiendront d’ici le début de la saison entre Pêches et Océans Canada, les pêcheurs et les transformateurs pour convenir des modalités de gestion de cette nouvelle pêche commerciale.

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Pourquoi on n’installe pas des éoliennes le long des autoroutes, comme ça se fait ailleurs ?
– Benoît Le Nabec

Cette approche suscite en effet beaucoup d’intérêt. Mais elle utilise des turbines à axe vertical, dont le développement est moins avancé.

« Il s’agit de turbines à axe vertical, explique Bianca Viggiano, ingénieure mécanique à Polytechnique Montréal. Il y en a en Turquie, possiblement en Malaisie aussi. Il s’agit de systèmes de faible puissance [wattage] qui peuvent alimenter du mobilier urbain. S’il s’agit d’autoroutes urbaines, on peut les connecter facilement à des réseaux électriques déjà existants. »

Résumé

Démystifier la science Des éoliennes le long des autoroutes ?

PHOTO TIRÉE DU SITE DE TAK STUDIO

La firme japonaise Tak Studio a proposé en 2010 ce rendu architectural d’éoliennes autoroutières à la compétition GreenGadgets de la Consumer Technology Association.

Chaque semaine, notre journaliste répond aux questions scientifiques de lecteurs.

Publié à 1h20 Mis à jour à 7h00

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Mathieu Perreault
Mathieu Perreault La Presse

Pourquoi on n’installe pas des éoliennes le long des autoroutes, comme ça se fait ailleurs ?
– Benoît Le Nabec

Cette approche suscite en effet beaucoup d’intérêt. Mais elle utilise des turbines à axe vertical, dont le développement est moins avancé.

« Il s’agit de turbines à axe vertical, explique Bianca Viggiano, ingénieure mécanique à Polytechnique Montréal. Il y en a en Turquie, possiblement en Malaisie aussi. Il s’agit de systèmes de faible puissance [wattage] qui peuvent alimenter du mobilier urbain. S’il s’agit d’autoroutes urbaines, on peut les connecter facilement à des réseaux électriques déjà existants. »

Les turbines à axe vertical sont moins efficaces que celles que l’on voit d’habitude, dont l’axe de rotation est horizontal, avec des pales verticales. « Le vent est plus fort en altitude et la puissance éolienne augmente proportionnellement avec le cube de la vitesse du vent », ajoute Mme Viggiano.

La transformation de l’énergie éolienne en électricité est simplement moins bonne que pour les turbines à axe horizontal, 40 % contre 50 %.

Bianca Viggiano, ingénieure mécanique à Polytechnique Montréal

Les éoliennes à axe vertical ont toutefois un avantage : elles sont plus à même de profiter du vent malgré les turbulences. « Avec une éolienne à axe horizontal, il faut que les pales soient face au vent », dit Mme Viggiano.

Comme elles sont moins utilisées, il y a moins de progrès sur l’optimisation des éoliennes à axe vertical. Mme Viggiano a dirigé La Presse vers des spécialistes de cette technologie au laboratoire national sur l’énergie Sandia des États-Unis.

Consommation d’essence

« Des éoliennes à axe vertical conçues pour des coups de vent intermittents, pour profiter de la turbulence des autoroutes, nécessiteraient des pales et une structure très résistantes », estime Kevin Moore, ingénieur mécanique à Sandia. « Ce serait probablement non viable sur le plan économique. Pour les routes où la circulation est soutenue, et donc le vent constant, la transformation du vent en électricité par les éoliennes diminuerait l’impact positif du vent sur les voitures. Ces dernières devraient consommer davantage de carburant. »

Un calcul sommaire de M. Moore montre qu’utiliser ce carburant additionnel pour faire fonctionner une génératrice produirait deux fois et demie plus d’électricité.

Regardez des éoliennes autoroutières en Turquie (en anglais)

Un mémoire de maîtrise d’un étudiant de l’Université technique de Delft, aux Pays-Bas, a aussi étudié en 2015 la question de l’impact des éoliennes autoroutières sur la consommation de carburant des voitures. Il avançait que si on installait des éoliennes au milieu d’une autoroute, le vent de face venant des voitures circulant en sens contraire serait réduit, avec un effet nul sur la consommation de carburant. Il calculait que 50 000 éoliennes sur une autoroute de 110 km généreraient 23 MW, 15 fois moins que le parc éolien de la Seigneurie-de-Beaupré, le plus grand au Canada.

Un rapport du département des Transports de la Caroline du Nord calculait quant à lui que l’énergie produite par des éoliennes autoroutières coûterait au départ cinq fois plus cher que des panneaux solaires, mais que les avancées dans la conception des éoliennes à axe vertical pourraient changer le calcul. Ce rapport notait que les éoliennes généreraient de l’électricité à l’heure de pointe du début de soirée, contrairement aux panneaux solaires.

Des turbines à axe vertical ont été testées par Hydro-Québec à Cap-Chat, en Gaspésie, et à Havre-aux-Maisons, aux Îles-de-la-Madeleine, il y a 30 à 40 ans. Celle de Cap-Chat, la plus grande au monde, est toujours là, mais non fonctionnelle, et celle des Îles a été démantelée en 2019. La technologie éolienne à axe vertical est utilisée depuis l’époque des moulins à vent.

Les éoliennes verticales au fil des siècles

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En savoir plus

  • 17 %
    Proportion de l’énergie éolienne mondiale produite en mer

SOURCE : Agence internationale de l’énergie

50 %
Proportion de l’énergie éolienne mondiale produite en Chine

SOURCE : Agence internationale de l’énergie

Jamais autant de pneus n’ont été détournés des sites d’incinération au Québec. À l’heure où les automobilistes changent leurs pneus d’hiver, Recyc-Québec affirme que 99 % sont aujourd’hui récupérés. Un record depuis le violent incendie dans un dépotoir de pneus de Saint-Amable, il y a près de 35 ans.

Résumé

Planète bleue, idées vertes Les nouvelles vies de vos vieux pneus

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

La cour arrière de l’entreprise Dynamat (E360S), à Laval, qui transforme les vieux pneus en tapis de dynamitage, en tapis de défense maritime pour les quais, en routes d’accès temporaires sur des chantiers, notamment en forêt

Jamais autant de pneus n’ont été détournés des sites d’incinération au Québec. À l’heure où les automobilistes changent leurs pneus d’hiver, Recyc-Québec affirme que 99 % sont aujourd’hui récupérés. Un record depuis le violent incendie dans un dépotoir de pneus de Saint-Amable, il y a près de 35 ans.

Publié à 1h11 Mis à jour à 6h08

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Mais le défi technologique demeure entier pour les remettre sur la route ou donner une seconde vie au caoutchouc. Particulièrement ceux provenant des vélos. Le Québec accuse un retard de cinq à dix ans par rapport à l’Europe, selon des chercheurs dans le domaine.

Sabrina Charron est l’experte du programme de pneus chez Recyc-Québec, la Société québécoise de récupération et de recyclage. Elle rappelle que les pneus ont continué à brûler durant six mois, en 1990, lors de l’incendie dans le dépotoir de la Montérégie. À l’époque, il n’existait pas de réglementation. Durant 20 ans, l’organisme a travaillé à éliminer les montagnes de pneus aux quatre coins de la province.

« À la fin de 2012, on avait récupéré et traité 45,5 millions de pneus. On retrouvait des pneus partout. Il nous arrive encore aujourd’hui de récupérer des pneus des années 1950 avec la petite bande blanche. Il y a quelques années, dans la région de Québec, des entrepreneurs ont trouvé un cimetière de pneus avec ces fameuses bandes en excavant le terrain d’un centre IKEA en construction. »

En 2023, selon les données préliminaires transmises à La Presse par l’organisme, plus de 100 000 tonnes de pneus ont été récupérées et traitées.

En raison de la complexité du processus, moins de 1 % sont remodelés (0,16 % en 2022). Et près de 2 % servent encore de combustible aux cimenteries et sociétés papetières (raffineries), l’une des plus importantes sources de gaz à effet de serre avec les alumineries. Et, dans une très large proportion, les pneus de voiture sont transformés en poudre, paillis, objets moulés et tapis (98,6 % en 2022).

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Éric Grondin, directeur général de Dynamat (E360S) de Laval, explique que 1 million de pneus sont traités chaque année par l’entreprise.

Tapis de dynamitage

À Laval, lors de notre passage à l’entreprise Dynamat (E360S), une grosse remorque de 53 pieds recule jusqu’à un quai de déchargement. À l’intérieur du camion, un millier de pneus sont prêts à être déchargés. Certains seront vendus dans le marché de l’usagé, d’autres, en moins bon état ou de mauvaises dimensions, seront envoyés pour être recyclés. Mais la majorité des pneus seront transformés en tapis de dynamitage, explique le directeur général, Éric Grondin.

On coupe en deux le pneu sur le long et on procède à une coupe transversale. Les pneus sont ensuite tissés avec du fil de fer. Nous sommes la seule entreprise du genre à remodeler des pneus. Il y a zéro déchet de production, tout est récupéré.

Éric Grondin, directeur général de Dynamat (E360S)

« Nos tapis sont vendus sur les chantiers du Québec, de l’Ontario et des États-Unis. On fabrique aussi des tapis de défense pour l’accostage maritime à quai, des tapis de routes d’accès temporaires. »

PHOTO FOURNIE PAR DYNAMAT (E360S)

Des tapis de défense maritime permettant aux bateaux d’accoster en toute sécurité

Sur le vaste terrain de Dynamat, la montagne de pneus atteint une dizaine de mètres de haut. À cet endroit et dans une filiale en Ontario, 1 million de pneus sont traités chaque année. L’an dernier, 3657 tonnes métriques de tapis de dynamitage en fin de vie ont été recyclées en collaboration avec TPOL (transport et recyclage de pneus à Québec). L’équivalent du poids de 731 gros éléphants adultes.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Les pneus sont transportés de la remorque à l’usine de remodelage en tapis de dynamitage. Dynamat (E360S) de Laval.

Le pneu de vélo

Reste le casse-tête des pneus de vélo. « C’est plus compliqué », concède la dirigeante de Recyc-Québec, Sabrina Charron.

En 2022, 271 000 pneus de vélo ont été collectés dans la province, pour un poids de 101 tonnes, avec la collaboration de 300 détaillants. Ils servent souvent de combustible aux cimenteries et sociétés papetières. La Société québécoise de récupération et de recyclage renouvelle en continu son appel de propositions pour les remodeler ou les transformer au lieu de les envoyer dans les cimenteries et sociétés papetières.

En Allemagne, des pneus de vélo usagés sont remodelés… en pneus de vélo, chez Schwalbe. Il s’agit du premier fabricant de pneus de vélo au monde à avoir réussi à mettre au point un processus de remodelage complet des pneus.

Consultez le site de Schwalbe

Selon Denis Rodrigue, professeur au département de génie chimique de l’Université Laval et expert en recyclage, il est impératif que le gouvernement du Québec investisse davantage dans la recherche et le développement.

« On est très bons pour récupérer les pneus. Mais la province accuse de cinq à dix ans de retard sur l’Europe, déplore-t-il. Pour les pneus de voiture, c’est complexe à remodeler, chaque fabricant a sa propre recette avec ses composantes. Mais il y a d’autres types de pneus : à brouette, à tondeuse. Il y a certainement des débouchés, on pourrait en faire des pare-chocs pour les voitures, s’en servir pour fabriquer des poubelles. La compétition est féroce, on peut faire mieux. »

Droits spécifiques sur l’achat de pneus neufs afin de financer leur recyclage (depuis juillet 2023)

Pneu neuf de voiture : 4,50 $

Pneu neuf de camion : 6,00 $

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