Environnement, biodiversité et transition écologique

Conférence Adaptation Futures à Montréal Une adaptation plus essentielle que jamais

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Smog intense à Montréal le 3 juin dernier, alors que d’importants incendies de forêt faisaient rage au Québec

Devant les progrès relatifs des mesures d’atténuation des changements climatiques, l’adaptation, elle, devient plus essentielle que jamais. C’est d’ailleurs le thème d’une importante conférence internationale qui se tient toute la semaine à Montréal. Gros plan.

Publié à 1h22 Mis à jour à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Est-ce encore une conférence sur le climat qui pourrait se terminer par un échec des négociations

Pas du tout. Contrairement aux conférences des parties, mieux connues sous l’acronyme COP, la conférence Adaptation Futures n’a pas pour objectif de convenir d’un accord entre les pays participants. C’est essentiellement une rencontre où des scientifiques et des experts de divers pays partagent leurs bons coups en matière d’adaptation et présentent les plus récentes découvertes sur le sujet. Le succès de l’évènement ne se mesure donc pas par la signature d’un accord, mais plutôt par la quantité et la qualité des échanges entre les participants.

Et l’adaptation, qu’est-ce que c’est concrètement ?

Ce sont toutes les mesures qui sont déployées pour permettre de faire face aux effets de plus en plus visibles des changements climatiques. Pour certains experts, l’adaptation devient plus importante que jamais alors que le monde a échoué jusqu’à présent à réduire de façon significative les émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C d’ici la fin du siècle. Certaines actions peuvent à la fois constituer une mesure d’atténuation et une mesure d’adaptation. C’est le cas notamment de la plantation d’arbres : la canopée permet de stocker du carbone, ce qui contribue à retirer des GES de l’atmosphère (atténuation). Elle permet aussi de lutter, entre autres, contre les îlots de chaleur pendant des épisodes de canicule (adaptation).

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Journée chaude de juillet 2023 à Montréal

Qui organise cette conférence sur l’adaptation ?

Cette conférence, qui se tient tous les deux ans, est organisée sous l’égide du Programme scientifique mondial pour l’adaptation, géré par l’ONU. L’organisation de la septième conférence Adaptation Futures, qui se tient à Montréal, a été confiée au gouvernement du Canada en collaboration avec le consortium québécois Ouranos, qui se spécialise dans l’étude des changements climatiques. C’est la plus importante conférence dans le monde qui aborde les questions liées à l’adaptation aux changements climatiques. « Il y a 2200 personnes inscrites, alors ça risque d’être un record pour la conférence Adaptation Futures, mais ce n’est pas tout à fait surprenant compte tenu de l’ampleur des impacts des changements climatiques qui semblent s’amplifier d’une année à l’autre », a indiqué Alain Bourque, directeur d’Ouranos, en entrevue avec La Presse Canadienne.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

Alain Bourque, directeur d’Ouranos, Benoit Charette, ministre québécois de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, et Valérie Plante, mairesse de Montréal, à la conférence Adaptation Futures, mardi

Pourquoi est-ce important de parler d’adaptation ?

Les effets des changements climatiques sont déjà bien visibles partout dans le monde. Les mesures d’atténuation ne suffiront pas pour limiter les dégâts, d’autant que la planète s’est déjà réchauffée de 1,2 °C depuis l’ère préindustrielle. L’année 2023 risque d’être la plus chaude jamais enregistrée et les évènements météo extrêmes se multiplient dans plusieurs régions du monde, causant au passage d’importants dégâts et forçant des populations à évacuer leurs résidences. Preuve que l’adaptation est devenue un sujet incontournable, de plus en plus de gouvernements y consacrent des ressources importantes.

PHOTO ANGELOS TZORTZINIS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Inondations à la suite du passage de la tempête Elias, en Grèce, le 29 septembre dernier

Existe-t-il des exemples concrets d’adaptation ?

Les exemples sont nombreux et peuvent varier grandement, selon les régions. Pour une population insulaire dans l’océan Pacifique confrontée à la montée du niveau de la mer, l’ultime mesure d’adaptation consistera à quitter l’île pour aller vivre sur le continent. Toutes les mesures ne sont pas aussi extrêmes, mais l’adaptation sera incontournable partout dans le monde au cours des prochaines années.

Qui est présent à Montréal ?

Des représentants de 120 pays seront toute la semaine au Palais des congrès.

Cela signifie-t-il qu’il ne sert plus à rien de réduire nos émissions polluantes ?

Pas du tout. Si l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C semble pratiquement hors de portée, le monde peut encore espérer contenir le réchauffement sous les 2 °C d’ici la fin du siècle, quoique le défi semble important. Comme le signale régulièrement le climatologue américain Zeke Hausfather, ainsi que plusieurs de ses collègues scientifiques, « chaque dixième de degré compte ». D’autant plus que les mesures d’adaptation ne sont pas une panacée. Au-delà d’un certain réchauffement, il devient plus difficile de s’adapter. Il faut se rappeler aussi qu’un réchauffement de 2 °C constituerait une moyenne à l’échelle de la planète. Dans certaines régions, comme en Europe ou en Amérique du Nord, le réchauffement sera plutôt de 4 °C.

Consultez le site de la conférence Adaptation Futures 2023

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De l’Islande au Québec, où en est le captage du carbone?

Une entreprise québécoise veut devenir un leader dans le captage de CO2, comme la plus grande usine de captage au monde, qui est située en Islande.

Le reportage de Jean-Sébastien Cloutier

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H2 Green Steel Tout est en place sauf le courant

PHOTO FOURNIE PAR H2 GREEN STEEL

En Suède, H2 Green Steel construit un complexe de production d’acier vert. L’entreprise veut faire la même chose au Québec.

H2 Green Steel illustre bien le principal obstacle qui se dresse devant les promoteurs de projets énergivores par les temps qui courent. Presque tous les ingrédients sont réunis pour ce complexe multimilliardaire d’acier vert que souhaite construire l’entreprise suédoise sur la Côte-Nord. Il n’en manque qu’un, et pas n’importe lequel : l’approvisionnement énergétique.

Mis à jour hier à 6h00

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

« C’est essentiellement une question d’accès à l’hydroélectricité », reconnaît le chef de la direction de cette jeune pousse, Henrik Henriksson, en entrevue avec La Presse, à propos de la faisabilité du projet.

Établie à Stockholm, l’entreprise souhaite effectuer une sorte de copier-coller de sa première aciérie qui est en construction dans le nord de la Suède. Cette formule s’apparente à celle de Northvolt et de son projet de fabrication d’usine de cellules de batteries.

H2 Green Steel fait miroiter une production d’acier vert à grande échelle grâce à l’utilisation de l’hydrogène vert – qui nécessite énormément d’énergie – pour remplacer l’utilisation de combustibles fossiles, comme le gaz naturel, dans la production d’acier à l’aide de fours à arc électrique. Selon la World Steel Association, chaque tonne métrique d’acier se traduit par des émissions de 1,85 tonne de CO2.

L’hydrogène vert, qu’est-ce que c’est ?

À l’heure actuelle, 95 % de l’hydrogène dans le monde est produit à partir d’énergies fossiles. L’hydrogène peut être produit par l’électrolyse de l’eau. Ce procédé consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau. Cela permet de décomposer ses molécules pour ensuite en extraire l’hydrogène. On parle d’hydrogène vert quand le courant utilisé provient d’une source d’énergie renouvelable, comme l’hydroélectricité.

Source : gouvernement du Québec

L’investissement, qui verrait le jour dans le secteur de Pointe-Noire, à Sept-Îles, pourrait osciller aux alentours de 5 milliards.

Le hic : H2 Green Steel est à la recherche de plusieurs centaines de mégawatts (MW). M. Henriksson aimerait en obtenir au moins 600 MW, soit la puissance nécessaire pour alimenter une aluminerie.

L’entreprise échange avec le gouvernement Legault depuis plus d’un an et demi. Une rencontre a notamment eu lieu à Davos avec le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, en janvier dernier. M. Fitzgibbon a aussi visité l’aciériste le mois dernier dans le cadre de son passage en Scandinavie.

Le projet intéresse Québec, mais les promoteurs ignorent s’ils seront capables d’avoir accès à l’énergie demandée. Hydro-Québec envisage la fin des surplus vers 2027.

« Nous pouvons apporter en Amérique du Nord un portefeuille de clients qui se sont engagés à acheter de l’acier vert et qui sont prêts à payer le prix pour en obtenir, dit l’homme d’affaires. Ils nous suivront en Amérique du Nord. Nous proposons aussi un modèle de financement qui a fait ses preuves. Tout dépend de l’accès à l’énergie. »

Ententes en poche

H2 Green Steel a déjà conclu des ententes pour vendre plus de 1,5 million de tonnes d’acier vert à des clients comme les constructeurs automobiles Mercedes et BMW ainsi que le fabricant d’électroménagers Miele. Le mois dernier, elle a bouclé un tour de financement de 2,1 milliards pour financer sa première usine à Boden, en Suède. Là-bas, l’entreprise jouit de tarifs hydroélectriques avantageux.

Les géants ArcelorMittal et Rio Tinto produisent déjà de l’acier au Québec. L’an dernier, La Presse a rapporté qu’ArcelorMittal avait testé l’hydrogène vert à son complexe de Contrecœur pour remplacer le gaz naturel utilisé dans le procédé. Au moment où ces lignes étaient écrites, le géant sidérurgique n’avait pas répondu aux questions visant à faire le point sur cette initiative.

Puisque des producteurs d’acier sont déjà implantés sur le sol québécois, ne serait-il pas mieux de décarboner ces procédés polluants plutôt que de favoriser l’arrivée d’un nouvel acteur ? Le grand patron de H2 Green Steel n’est pas d’accord.

PHOTO FOURNIE PAR H2 GREEN STEEL

Henrik Henriksson est chef de la direction de H2 Green Steel.

Nous pouvons éliminer 95 % des émissions de CO2 avec notre procédé. Pour y arriver, il faut un projet vierge (greenfield). Avec des sites existants, il faudrait repenser l’endroit au complet. C’est d’une autre époque. Il serait difficile d’atteindre la cible de 95 % à moins d’un projet vierge.

Henrik Henriksson, chef de la direction de H2 Green Steel

Pour le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau, c’est le genre de dossier qui place le gouvernement Legault dans une position délicate. Il souhaite attirer de nouveaux acteurs industriels, mais cela pourrait s’accompagner d’une facture.

« Le problème, c’est que les nouveaux approvisionnements vont coûter plus cher que le prix [de vente] actuel, dit l’expert. Les consommateurs industriels paient environ 5 cents par kilowattheure au tarif L. Mais il n’y a pas une nouvelle source d’approvisionnement qui va fournir de l’énergie à ce prix. La question, c’est de savoir comment on modifie la tarification. »

Membre associé de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie, Sylvain Audette croit pour sa part qu’il est possible de dire oui à des projets comme celui de l’entreprise suédoise, à condition d’imposer des conditions prévoyant des interruptions d’approvisionnement si la situation l’exige, par exemple, pendant une vague de froid.

H2 Green Steel espère savoir d’ici « quatre à six mois » si elle obtiendra l’énergie nécessaire. M. Henriksson et son équipe devront s’armer de patience, puisque M. Fitzgibbon a déjà fait savoir qu’il attendrait encore « quelques mois » avant d’attribuer de nouveaux blocs d’énergie à de grands projets industriels.

Par le passé, le ministre s’est montré peu enthousiaste à l’endroit des projets entourant la production d’hydrogène vert. Dans le cas de H2 Green Steel, ce combustible propre serait intégré à la production d’acier, ce qui pourrait convaincre Québec.

H2 Green Steel en bref

Année de fondation : 2020

Siège social : Stockholm

Financement obtenu jusqu’à présent : 7,3 milliards CAN

Clients et partenaires : 24

En savoir plus

  • 2025
    Année où H2 Green Steel doit commencer à produire de l’acier vert en Suède

source : h2 green steel

5 millions
Cible de production annuelle de tonnes d’acier vert à Boden en 2030

source : h2 green steel

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Planète bleue, idées vertes De l’asphalte froid pour lutter contre la chaleur

PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE PHOENIX

Une rue de Phoenix où de la chaussée dite froide a été appliquée.

Un astucieux projet-pilote de chaussée réfléchissant le soleil permet d’abaisser la température environnante d’une dizaine de degrés. Le mélange d’asphalte à base d’eau utilisé dans ce projet-pilote est appelé à être étendu plus largement dans deux villes caniculaires du sud des États-Unis, Phoenix et Los Angeles.

Publié à 1h59 Mis à jour à 8h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

À Phoenix, ville désertique de l’Arizona, les citoyens ont vécu dans une fournaise, avec des mercures supérieurs à 43 °C durant plus d’un mois au cours de l’été qui vient de se terminer. Des centaines de décès ont été signalés. Avec le réchauffement des dernières années, les élus ont déployé des mesures d’urgence et décidé de se tourner vers la science et les innovations.

L’une des découvertes est venue d’un expert local en couches de scellement de l’asphalte. L’entreprise GuardTop est spécialisée dans l’application de scellant, de remplisseurs de fissures et d’apprêts. Elle a proposé aux élus de la municipalité d’étendre le revêtement « Phoenix Gray », à l’essai, dans un quartier de la ville.

PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE PHOENIX

Travailleurs à l’œuvre à Phoenix pour appliquer le recouvrement d’asphalte à base d’eau.

Le résultat est très concluant après un an, selon les données rendues publiques par l’administration. Dans un point de presse en juin, la mairesse Kate Galledo a dit à ses citoyens qu’il devient pensable de marcher avec son chien, d’aller au parc et à l’épicerie, ou de se rendre à pied à un arrêt d’autobus grâce aux chaussées plus fraîches.

À la Ville de Phoenix, Heather Murphy, responsable des communications, a affirmé à La Presse que 1,9 million de mètres carrés de Phoenix Gray ont été étendus dans environ 25 quartiers. La Ville souhaite maintenant presque doubler la superficie d’asphalte froid.

Selon les données prises à l’heure du midi et durant l’après-midi, la température de surface des chaussées fraîches était en moyenne inférieure de 10,5 à 12 degrés à celle de l’asphalte traditionnel.

« Pour le moment, on applique le revêtement froid aux rues qui ont besoin d’être colmatées, mais pas entièrement asphaltées de nouveau. La couche de scellement convient mieux aux rues où le trafic routier est moins dense avec de basses vitesses. On espère que les prochaines générations de revêtements frais conviendront aux grandes artères », a-t-elle précisé.

Des recherches à Montréal…

À Montréal, Michel Vaillancourt, professeur et directeur du département de génie de la construction de l’École de technologie supérieure (ETS), consacre une partie de ses travaux de recherche à la conception et à la réhabilitation de chaussée. Il travaille sur un prototype à base de matériaux recyclés comme le verre ou la brique. Pour bien comprendre le phénomène de chaussée fraîche, il dresse un parallèle avec la chaleur émanant d’une voiture garée en plein soleil, équipée de sièges noirs, comparée à une voiture aux sièges beiges.

C’est « l’albédo », résume-t-il.

La couleur pâle a la propriété de réfléchir la lumière solaire, alors que le noir va l’absorber. L’une des techniques utilisées depuis longtemps est justement l’utilisation de surfaces plus réfléchissantes.

Michel Vaillancourt, professeur et directeur du département de génie de la construction, ETS

« On parle ici de mesures d’atténuation de la chaleur par la chaussée, explique-t-il. On peut penser que ce serait utile chez nous dans certains endroits pour contrer les îlots de chaleurs, par exemple les grands stationnements. »

… et d’autres expériences à Los Angeles

Dans le petit quartier défavorisé de Pacoima, à Los Angeles, un revêtement similaire, non toxique, est à l’essai dans un quadrilatère formé d’une dizaine de rues, avec une école primaire, un terrain de basketball et des stationnements. Là aussi, on parle d’une baisse enviable de la température de 10 degrés, selon l’heure du jour. Afin de mesurer les températures, des techniciens ratissent régulièrement le territoire et la communauté voisine de référence avec une voiturette de golf équipée de stations de mesures. Des drones, et même des données par satellite, servent à collecter une panoplie d’informations allant du point de rosée à la pression barométrique, la vitesse du vent, sa direction, etc.

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Le fabricant de toitures GAF est à l’origine du « Cool Community Project ». Des citoyens bénévoles se sont prêtés à l’expérience en peignant des œuvres murales au sol. Dans son rapport d’évaluation du projet-pilote transmis à La Presse, GAF note que les résidants ont rapporté que les semelles de leurs chaussures ne collaient plus autant à la chaussée. Les conducteurs n’étaient pas aveuglés par la chaussée pâle, ajoute-t-on. Le projet est appelé à s’étendre à d’autres rues.

À la fin du mois de septembre, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a annoncé son intention de déminéraliser des secteurs pour créer des « rues éponges » afin de contrer les inondations, de s’adapter aux changements climatiques. À la Ville de Montréal, on indique que l’administration est ouverte à l’utilisation de nouveaux produits en demeurant à l’affût des différentes pratiques sur le marché.

« La Ville analyse les différentes options afin de s’assurer que celles-ci soient efficaces et adaptées à la réalité montréalaise », a précisé le service des communications. Pour l’instant, il n’est pas prévu d’étendre un revêtement frais pour contrer les îlots de chaleur.

En savoir plus

  • Bon à savoir
    Le Phoenix Gray est une sorte d’émulsion d’asphalte à base d’eau adhérant au pavé sous-jacent. Il se compose d’asphalte, d’eau, de composantes minérales, de polymères, de matériaux recyclés et d’un agent savonneux émulsifiant.

Ville de Phoenix

Bon à savoir
L’albédo est une valeur physique qui permet de connaître la quantité de lumière solaire incidente réfléchie par une surface.

Centre national de la recherche scientifique (CNRS)

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Un article touchant qui nous réconcilie avec un animal mythique et les grands espaces des prairies. On parle ici d’un écosystème par lui-même trop méconnu et qui pourtant a une grande valeur économique, si on lui accorde l’importance qu’il mérite.

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Northvolt refuse de dévoiler l’inventaire des espèces menacées par sa future usine


Flickr L’entreprise Northvolt a constaté la présence de la tortue-molle à épines sur le site de sa future méga-usine. Cette espèce très rare au Québec est protégée en vertu de la Loi fédérale sur les espèces en péril.

Alexandre Shields
Pôle environnement
20 octobre 2023
Environnement

L’entreprise Northvolt dit avoir fait un « inventaire complet » des espèces menacées qui se trouvent sur le site de sa future usine et elle confirme la présence d’espèces fauniques en péril. Mais elle a refusé de transmettre au Devoir les rapports qui auraient été rédigés. Même réponse du côté du gouvernement du Québec, qui n’a toujours pas décidé si le projet sera soumis à l’évaluation environnementale habituellement imposée aux projets industriels majeurs.

Le projet d’usine de composants de batteries électriques, financé par les gouvernements du Québec et du Canada, sera construit sur un terrain en friche où se trouvent des zones boisées et des milieux humides abritant des dizaines d’espèces fauniques. Au moins 13 d’entre elles sont inscrites sur la liste fédérale des espèces en péril, selon des données obtenues auprès du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) du Québec.

Dans une réponse écrite aux questions du Devoir, Northvolt dit avoir réalisé son propre « inventaire complet de la faune et de la flore vulnérables ou menacées », en se basant sur les critères du ministère québécois. L’exercice aurait été mené « par des biologistes spécialisés, qui ont passé plus de 500 heures sur le terrain entre juin et septembre ».

Ces travaux auraient permis de répertorier seulement quatre espèces, soit la tortue-molle à épines, la petite chauve-souris brune, le petit blongios et le pioui de l’Est. L’entreprise ajoute qu’elle « travaille » déjà avec Québec « afin de relocaliser, ou recréer et aménager des aires protégées afin d’assurer la viabilité de ces espèces ». Il est cependant « trop tôt pour partager les détails de cette démarche ».

En ce qui a trait aux milieux humides qui se trouvent sur le site, Northvolt affirme que « la majorité » de ceux-ci « sont considérés comme perturbés par des espèces envahissantes et par l’activité humaine ». Il existe 520 000 m2 de milieux humides sur le site, et l’entreprise a déposé une demande d’« intervention » dans ces milieux « pour la préparation du site du projet », indique le MELCCFP.

Il est toutefois impossible de vérifier les informations fournies par Northvolt, puisqu’elle a refusé de transmettre au Devoir les documents produits. « Nous ne partagerons pas ces rapports », a-t-on simplement indiqué par courriel.

Le service des relations avec les médias du MELCCFP a pour sa part refusé de nous indiquer si ces rapports existent, renvoyant notre demande à la « Direction de l’accès à l’information, de la qualité des services et de l’éthique du ministère ». Une telle démarche, qui peut nécessiter plusieurs semaines d’attente, peut déboucher sur un refus ou la transmission de documents caviardés.

Le ministère a toutefois indiqué que « des inventaires complémentaires ont été effectués en 2023 par l’entreprise à la suite d’échanges avec le ministère » et que « le résultat de ces travaux a été inclus dans la demande d’autorisation » déjà déposée par Northvolt pour la tenue de travaux dans des milieux humides.

Un de ces milieux a été classé « milieu humide d’intérêt », précise la Communauté métropolitaine de Montréal, en raison de la présence d’espèces menacées.

Des « échanges » entre Northvolt et Québec

Si le projet d’usine de composants de batteries de voitures était soumis au processus d’évaluation environnementale prévu pour les projets industriels majeurs, Northvolt devrait réaliser une étude d’impact qui détaillerait la richesse de la biodiversité sur le site, mais aussi les répercussions de son projet sur la faune et les moyens à prendre pour les atténuer ou les prévenir.

Cette étude serait rendue publique et ferait l’objet d’une analyse d’experts gouvernementaux, qui pourraient alors déterminer si l’inventaire et l’analyse des risques pour les espèces ont été effectués dans le respect des normes scientifiques en vigueur. Une fois l’étude jugée complète, un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) serait probable.

Or, le gouvernement Legault n’a pas encore décidé si le mégaprojet sera soumis à cette procédure. Le cabinet du ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette, a indiqué cette semaine au Devoir que « les échanges se poursuivent » entre le ministère et la multinationale.

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, n’a pas non plus statué sur une implication dans l’évaluation du projet. Le récent jugement de la Cour suprême qui a invalidé en partie la Loi sur l’évaluation d’impact pourrait d’ailleurs avoir une incidence sur la capacité d’intervention du gouvernement canadien.

Mais selon Me David Robitaille, professeur à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, il serait possible d’intervenir afin de faire respecter les dispositions de la Loi sur les espèces en péril ou la réglementation fédérale qui protège les oiseaux migrateurs. Au moins 142 espèces d’oiseaux ont été recensées sur le site.

Appels à un examen du BAPE

Plusieurs experts ont réclamé une évaluation environnementale comprenant un examen du BAPE pour ce projet, le plus important investissement manufacturier de l’histoire du Québec. C’est le cas du Centre québécois du droit de l’environnement, qui rappelle que le gouvernement peut, sur recommandation du ministre Charette, assujettir un projet à cet examen.

« Il faut un mécanisme d’évaluation scientifique et indépendant, compte tenu de l’importance que la population accorde à la protection des milieux naturels, mais aussi pour augmenter l’acceptabilité sociale d’un projet comme celui-là », souligne le directeur général de la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec, Alain Branchaud.

Le biologiste ajoute que la présence documentée par Northvolt de la tortue-molle à épines est l’un des éléments importants à considérer en raison de la rareté des habitats propices à cette espèce au Québec.

Nature Québec plaide aussi pour la transparence. « On ne peut pas créer des batteries pour lutter contre la crise climatique en aggravant la crise de la biodiversité. En soumettant le projet Northvolt au BAPE, la population et les spécialistes pourraient proposer des solutions au gouvernement pour diminuer les impacts », fait valoir sa directrice générale, Alice-Anne Simard.

Même si des citoyens de la région ont manifesté leurs inquiétudes depuis l’annonce du projet, en septembre, le maire de McMasterville, Martin Dulac, se veut rassurant. Selon lui, l’arrivée de la méga-usine ne causera pas de « nuisances ». Il promet d’être « à l’écoute » afin de préserver la qualité de vie de la population. Une étude d’impact du projet obligerait le promoteur à évaluer les conséquences sur le plan social pour la région.

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Ó:IASE Une nouvelle pomme qui rend hommage à la langue mohawk

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(Mont-Saint-Grégoire) C’est le fruit d’une complicité entre un sélectionneur de pomme et une aînée de Kanehsatà:ke. Une nouvelle variété baptisée Ó:IASE s’enracine dans les vergers du Québec. Juteuse, sucrée, avec un goût inattendu de prune jaune : cette création est même en voie d’être brevetée.

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse


Photos : Alain Roberge
Photos : Alain Roberge La Presse

À l’ombre du mont Saint-Grégoire enflammé par les couleurs de l’automne, Roland Joannin entraîne deux biologistes au fond d’un verger. Le trio s’arrête devant une rangée de pommiers qui regorgent de gros fruits rouges.

Les deux examinateurs de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) sortent leurs calepins et instruments de mesure et se mettent au boulot. Leur visite est une étape cruciale avant de pouvoir homologuer cette nouvelle variété de pomme auprès de Santé Canada.

Pendant l’examen, Roland Joannin rejoint le pomiculteur Yvan Duchesne, qui lui prête des parcelles expérimentales dans son verger pour y faire pousser ses inventions les plus abouties.

On y retrouve notamment Rosinette et Passionata, deux autres variétés développées par M. Joannin qui ont été brevetées en 2014 et en 2015. « On partage la folie avec Roland, juste pas tout le travail qu’il a mis là-dedans », lance l’agriculteur de 68 ans en riant.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Yvan Duchesne et Roland Joannin

Car avant d’en arriver là, Roland Joannin et le collectif La Pomme de demain *(*qui travaille à la diversification de l’offre en pomiculture) ont réalisé près de 9000 hybrides. « Il y a beaucoup d’appelées et peu d’élues », résume l’homme de 68 ans.

L’Ó:IASE (qui se prononce « O-yiassé » en français) est issue d’un croisement réalisé en 2007 à Saint-Joseph-du-Lac entre une pomme Honeycrisp (la mère) et une pomme Pitchounette (le père). Pour y parvenir, le pollen de la Pichounette a été inséré dans la fleur d’une Honeycrisp à l’aide d’un pinceau.

Quand je suis tombé là-dessus je me suis dit : “Wow ! Là, j’ai quelque chose !”

Roland Joannin, du collectif La Pomme de demain

« Elle est fruitée, elle a suffisamment d’acidité pour le soutenir et elle a des arômes de prune jaune », décrit-il au sujet de sa variété tardive.

Des collègues de la salle de rédaction de La Presse (les pommes ont très vite disparu) y ont quant à eux décelé des arômes de miel, de sirop d’érable, de poire asiatique et de litchi.

Rendre hommage

En langue kanien’kéha – aussi appelée langue mohawk –, Ó:IASE signifie « nouvelle pomme ». L’article Ó désigne les choses issues de la nature, le deux-points marque une pause, « IA » signifie pomme et « SE » veut dire « nouvelle ».

C’est Hilda Nicholas, directrice du centre culturel de Kanehsatà:ke et présidente de Kontinónhstats, l’Association pour la préservation de la langue mohawk, qui a trouvé le nom pour cette nouvelle pomme en 2018.

Le but était de rendre hommage à la communauté voisine des régions pomicoles d’Oka et de Saint-Joseph-du-Lac.

« Construire un pont entre les deux nations, je trouve que c’est merveilleux », a-t-elle affirmé en entrevue téléphonique. « C’est un honneur d’avoir été contactée pour donner un nom kanien’kéha parce que notre langue est en train de disparaître et nous travaillons très fort pour la raviver. C’est ce que l’on fait tous les jours, essayer de garder notre langue vivante », a ajouté celle qui a également suggéré le nom « Atateken » (qui signifie fraternité) pour remplacer le nom de la rue Amherst, à Montréal.

Pour chaque pommier Ó:IASE vendu, une redevance de 25 cents sera par ailleurs remise à l’Association.

« Ça me touche beaucoup, c’est un des meilleurs coups de ma carrière de réussir à faire ce partenariat », explique M. Joannin. « Ça ne fait pas que le monde change profondément, mais ça lance des choses », ajoute-t-il.

Et que pense Mme Nicholas du goût de la pomme ? « Elles sont vraiment, vraiment juteuses, c’est une très belle pomme », répond-elle.

« Elles sont vraiment uniques en leur genre. Je les aime beaucoup et je suis vraiment fière qu’on leur ait donné ce nom. »

Où peut-on cueillir la pomme Ó:IASE ?

Offerte pour la cueillette depuis seulement quelques jours, l’Ó:IASE est victime de son succès. Bon nombre de vergers n’en ont déjà plus. Il vaut mieux téléphoner avant de se rendre sur place.

  • Verger de la Montagne, Mont-Saint-Grégoire
  • Verger Labonté, Notre-Dame-de-l’Île-Perrot
  • Domaine Villeneuve, Saint-Joseph-du-Lac (le verger a aussi un kiosque au marché Jean-Talon à Montréal)

De retour à l’automne 2024 :

  • Ferme Quinn, Notre-Dame-de-l’Île-Perrot
  • Verger Le gros Pierre, Compton
  • La tête dans les pommes, Saint-Joseph-du-Lac
  • Verger Girard, Saint-Joseph-du-Lac
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Gaz à effet de serre à Montréal Un rebond des émissions qui sème l’inquiétude

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La raffinerie de Suncor, à Montréal-Est

La hausse des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’île de Montréal a repris en 2021 et devrait se poursuivre en 2022, malgré les mesures pour les freiner, démontre le plus récent inventaire de la métropole, qui évoque l’importance de la sobriété pour inverser la tendance.

Publié à 2h41 Mis à jour à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

Ce qu’il faut savoir

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’île de Montréal ont augmenté de 6,7 % en 2021 par rapport à 2020, reprenant leur hausse interrompue par la pandémie de COVID-19.

La moitié des émissions provenait du secteur des « sources fixes » que sont les bâtiments résidentiels, commerciaux, institutionnels et industriels.

Montréal s’est donné l’objectif de réduire ses émissions de GES de 55 % d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990.

La collectivité montréalaise a généré 10,3 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (Mt éq. CO2) durant la deuxième année de la pandémie de COVID-19, en hausse par rapport aux 9,7 Mt éq. CO2 de l’année 2020.

Lisez l’article « Les émissions de GES de Montréal en hausse »

Même si les émissions de 2021 demeurent sous le niveau prépandémique de 2019, année durant laquelle Montréal avait émis 12,1 Mt éq. CO2 de GES, l’« inventaire montre que la tendance n’est pas à la réduction, mais à l’augmentation, en dépit des actions posées », s’inquiète le document publié durant l’été, mais passé inaperçu.

INFOGRAPHIE LA PRESSE / SOURCE : BUREAU DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET DE LA RÉSILIENCE DE LA VILLE DE MONTRÉAL

Émissions de GES de la collectivité montréalaise de 1990 à 2021

La moitié (49,8 %) des émissions de 2021 provenait du secteur des « sources fixes » que sont les bâtiments résidentiels, commerciaux, institutionnels et industriels.

Le secteur des transports arrive deuxième, avec 38,7 % des émissions, en hausse de 16 % par rapport à l’année précédente, une situation que l’inventaire attribue à « la levée des confinements et la reprise partielle de l’activité économique ».

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La part du secteur des transports dans les émissions de gaz à effet de serre est en hausse.

Les quelque 10 % de GES restants sont essentiellement attribuables à l’enfouissement des matières résiduelles et à l’« utilisation de produits ».

Les émissions de GES de l’île de Montréal suivent ainsi la même tendance que celles du Canada, dont l’inventaire publié le printemps dernier montrait aussi un rebond des émissions en 2021 – l’inventaire québécois, lui, sera publié en décembre prochain.

Lisez l’article « Les émissions du Canada repartent à la hausse »

Encore un tiers à soustraire

Montréal s’est donné l’objectif de réduire ses émissions de GES de 55 % d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990 ; il reste donc 3,5 millions de tonnes à éliminer en six ans, soit un peu plus du tiers des émissions de l’année 2021.

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La moitié des émissions de 2021 provenait du secteur des « sources fixes » que sont notamment les bâtiments institutionnels.

L’objectif est-il atteignable ? Le directeur du Bureau de la transition écologique et de la résilience de la Ville de Montréal, Sidney Ribaux, prend une longue inspiration avant de répondre : « Je pense que oui. »

Le plan climat de la Ville de Montréal annoncé à la fin de 2020 contient des « actions structurantes » dont les effets se feront sentir dans quelques années, indique M. Ribaux, citant notamment la décarbonation des bâtiments et l’amélioration de leur efficacité énergétique.

On s’entend qu’il n’y a pas d’impact du plan climat 2020 sur les émissions de 2021. […] On vit avec des choix qu’on n’a pas faits il y a 20 ou 30 ans.

Sidney Ribaux, directeur du Bureau de la transition écologique et de la résilience de la Ville de Montréal

Montréal est au contraire « sur la voie de rater son objectif », croit le responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada, Patrick Bonin, estimant nécessaire « un changement drastique dans l’approche » de la Ville par l’ajout de nouvelles mesures et le renforcement de celles prévues.

L’inventaire de la Ville appelle lui aussi à « inverser la tendance en accélérant la mise en œuvre des engagements du Plan Climat ».

Mais une partie de la solution doit venir de Québec, qui détient « l’argent, les champs de compétence et les capacités d’action au niveau des transports et de l’industrie », affirme Patrick Bonin, accusant notamment le gouvernement Legault de « saigner les sociétés de transport en refusant de combler leurs déficits ».

Lisez l’article « Transports en commun : Québec prévoit éponger 20 % du déficit »

Il faut « des efforts combinés de toutes les parties prenantes », indique prudemment la responsable de la transition écologique et de l’environnement au comité exécutif de la Ville de Montréal et mairesse de l’arrondissement de Verdun, Marie-Andrée Mauger.

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Circulation automobile rue Notre-Dame, à Montréal

« Le contexte est difficile pour tout le monde », mais tout n’est pas négatif, dit-elle, citant l’entrée en service récente du Réseau express métropolitain (REM), son expansion prochaine et le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal, qui aideront à réduire les émissions de la métropole et à atteindre sa cible « hyper ambitieuse ».

Nécessaire sobriété

Montréal devrait aussi miser sur la sobriété énergétique, qui « apporte immédiatement d’importantes réductions de GES avec très peu d’investissements matériels et financiers », souligne l’inventaire de la Ville.

Il faut distinguer la sobriété du confort, précise Sidney Ribaux.

Ça ne veut pas dire que tu vas avoir froid chez vous, ça veut juste dire que tu ne vas pas chauffer un étage pendant que tu n’y es pas.

Sidney Ribaux, directeur du Bureau de la transition écologique et de la résilience de la Ville de Montréal

En matière de transports, la sobriété se traduit par la réduction de la taille des véhicules et de leur nombre, comme l’évoquait récemment le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, rappelle M. Ribaux.

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L’usine de Sucre Lantic, à Montréal

« Ça, c’est le genre de mesures qu’on peut accélérer », indique Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques chez Équiterre, rappelant que cela nécessite toutefois que les gouvernements adoptent les incitatifs réglementaires requis.

« Plus tôt les mesures seront mises en œuvre, dit-elle, plus tôt on verra leur contribution à l’atteinte de la cible. »

Secret autour des émissions de la ville de Québec

L’inventaire des émissions de GES de la capitale est conservé à l’abri des regards, n’étant pas public à l’heure actuelle, a indiqué un porte-parole de la Ville de Québec, qui a invité La Presse à recourir à la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels pour l’obtenir. Notre demande était restée lettre morte au moment d’écrire ces lignes. Le Plan de transition et d’action climatique 2021-2025 de la Ville de Québec mentionne toutefois que les émissions globales de la capitale étaient de 4,1 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone en 2017, soit 7,2 tonnes par habitant. La Ville de Québec ambitionne d’abaisser ses émissions à 3,7 tonnes par habitant en 2030. D’autres villes du Québec dressent aussi l’inventaire des émissions de gaz à effet de serre sur leur territoire, à intervalles irréguliers, et les rendent publics. Elles étaient de 1,2 Mt éq. CO2 à Longueuil en 2019, de 2,0 Mt éq. CO2 à Laval en 2018 et de 1,7 Mt éq. CO2 à Gatineau en 2015, selon les plus récents inventaires disponibles.

En savoir plus

    • 6,7 %
      Augmentation des émissions de gaz à effet de serre de l’île de Montréal de 2020 à 2021

source : Ville de Montréal

  • 32 %
    Baisse des émissions de gaz à effet de serre de l’île de Montréal en 2021 par rapport à 1990 ; la métropole vise une réduction de 55 % d’ici 2030.

source : Ville de Montréal

Un excellent topo, présenté ce soir au TJ18hre, d’une idée qui pourrait faire des petits un peu partout au Québec (dont à Montréal). :slightly_smiling_face:

Écocentre de Saint-Jérôme : un modèle pour la revente des objets

L’écocentre de Saint-Jérôme, dans les Laurentides, a décidé de miser sur le réemploi de ces objets, avec beaucoup de succès.

Le reportage de Marie-Claude Morin

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Une rue de Victoriaville asphaltée avec du plastique recyclé gaspésien

Un tronçon de la rue Boivin à Victoriaville a été pavé lundi.

Photo : Gracieuseté: Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie

Publié hier à 6 h 00 HAE

Une parcelle de la rue Boivin à Victoriaville a été pavée avec de l’asphalte dans lequel du plastique souple post-consommation a été intégré. Après plusieurs années d’élaboration, le projet de revalorisation du plastique recyclé par la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie (RITMRG) s’est enfin matérialisé.

Depuis 2020, la RITMRG planche sur la fabrication d’un enrobé bitumineux dans lequel du plastique souple post-consommation pourrait y être intégré.

L’intégration de ces granules de plastique recyclé remplace une composante de polymère présente dans le bitume utilisé dans la préparation de l’asphalte.

De l’asphalte, il y en a un peu partout dans notre environnement et notre idée c’est de récupérer le plastique le plus localement possible. Et aussi pour un bitumier, ça devient intéressant d’avoir cette source-là peut-être moins dispendieuse et plus locale, fait valoir Nathalie Drapeau, directrice générale de la RITMRG.

On voulait tester techniquement, sur le terrain, le mélange fait à partir de nos flocons de plastique avec la recette élaborée par l’entrepreneur Sintra, qui a collaboré au projet, explique la directrice générale. Mais aussi sa manipulation, la préparation de la recette et son application, ajoute-t-elle.

Cette première petite planche d’essai était vitale avant de passer à la grandeur nature.

Une citation de Nathalie Drapeau, directrice générale de la RITMRG

La directrice de la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie, Natalie Drapeau (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada

Selon la directrice générale, plus de 200 kg de plastique ont été revalorisés dans 20 tonnes de bitume lors de ce premier essai. Ces quantités se traduisent entre 10 et 20 mètres de route asphaltée.

Paramètres à surveiller

Sous la supervision de l’École de technologie supérieure (ETS), plusieurs éléments seront surveillés dans le cadre de ce projet pilote victoriavillois.

L’idée est de transformer le plastique souple en petits flocons pour le réintégrer dans de l’asphalte ou dans la fabrication de mobilier urbain, par exemple.

Photo : Gracieuseté: Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie

On va surveiller le vieillissement, l’orniérage, c’est-à-dire les creux qui se forment par les roues qui passent au même endroit, mais aussi le relargage de microplastique, explique Mme Drapeau. Jusqu’à présent, les tests en laboratoire sont plus que positifs et ils sont intéressants. Cette planche d’essai, où il passe de vrais véhicules, va nous permettre de faire un suivi plus visuel au cours des prochains mois.

On veut vérifier en fait si ce n’était pas une fausse bonne idée et que le projet respecte les règles.

Une citation de Nathalie Drapeau, directrice générale de la RITMRG

Une rue de Victoriaville asphaltée avec du plastique recyclé gaspésien.ÉMISSION ICI PREMIÈRE.Bon pied, bonne heure!.

Une rue de Victoriaville asphaltée avec du plastique recyclé gaspésien

ÉMISSION ICI PREMIÈREBon pied, bonne heure!

Durée de 13 minutes 29 secondes13:29

Des opérations en Gaspésie bientôt

Les granules de plastique pour ce premier essai n’ont cependant pas été récupérées et transformées dans la région. Le bâtiment qui abritera le module de transformation du plastique au centre de tri de Grande-Rivière n’est pas encore opérationnel.

Le bâtiment est en construction et pratiquement terminé, la chaîne d’équipement est en fabrication et devrait être implantée dès cet automne, indique Nathalie Drapeau. L’idée serait de commencer la production de flocons, si tout va bien, en décembre ou au début du mois de janvier.

La RITMRG possède déjà un bon inventaire de sacs de plastique qui assurera une bonne production de granules.

Cette valorisation permettrait de détourner 300 tonnes de plastique seulement en Gaspésie.

Photo : Gracieuseté: Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie

La Régie souhaite commencer une production locale pour mettre en œuvre le projet de la Ville de Percé, qui compte utiliser ce revêtement sur la future rue commerciale qui mènera à l’édifice du Géoparc. Ce projet devrait se réaliser en 2024, croit Mme Drapeau.

Le module de transformation du plastique devrait être en exploitation dès novembre prochain.

D’après les informations de Barbara Secours

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Pluies torrentielles de juillet Un déluge de pertes dans les champs

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Comme la majorité de ses collègues, le producteur agricole Philippe Le Guerrier a enregistré de lourdes pertes à la suite des pluies torrentielles de l’été dernier.

Les pluies torrentielles du mois de juillet auraient endommagé près de 60 % des superficies maraîchères du Québec, révèle un sondage mené par l’Union des producteurs agricoles (UPA), que La Presse a obtenu. Les champs ravagés par ces averses historiques ont enregistré 42 % de pertes. Du jamais-vu, rapportent plusieurs associations d’agriculteurs.

Publié à 1h42 Mis à jour à 5h00

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse

« C’est sûr que c’est historique », résume Catherine Lefebvre, présidente de l’Association des maraîchers du Québec. « Ça prend une aide d’urgence », a-t-elle ajouté.

Les résultats du sondage seront rendus publics ce lundi. Légumes de champ, pommes de terre, légumes de transformation, fraises et framboises : plusieurs associations d’agriculteurs demandent une intervention du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne.

« Il y a eu des comités mis en place, mais là, présentement, on a l’impression que ça stagne alors que ça crie dans les champs », déplore Mme Lefebvre.

Comment va le moral des producteurs ? « Dans les talons », répond-elle tout de go.

5000 hectares perdus

Le coup de sonde de l’UPA – le syndicat des agriculteurs du Québec – a été mené entre le 8 septembre et le 10 octobre. Environ 1500 membres ont reçu le sondage et 280 d’entre eux ont décidé d’y répondre.

L’UPA considère que la « représentativité » de l’échantillon est « élevée » car il représente 50 % du chiffre d’affaires du secteur maraîcher au Québec et plus de 30 % de celui des pommes de terre et des fraises et framboises. En d’autres termes, ce sont surtout de gros producteurs qui ont répondu au questionnaire.

Mises ensemble, les superficies détenues par les producteurs sondés totalisent 20 253 hectares (ha). Les pertes totales sont estimées à 5001 ha.

Et quant aux légumes qui ont pu être cueillis, certains sont de plus petit calibre ou se conserveront moins longtemps une fois entreposés.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Les fortes pluies peuvent avoir une incidence sur la grosseur des légumes.

Les dommages sont particulièrement élevés dans les productions de légumes racines : 64 % des superficies ont été affectées par l’excès d’eau. Sur les superficies affectées, les pertes au champ sont estimées à 46 %.

Du côté des pommes de terre, 50 % des superficies ont été affectées par l’excès d’eau, pour 35 % de pertes.

« J’ai 51 ans et c’est la première fois que je ne fais pas d’irrigation ! », s’exclame Francis Desrochers, président des Producteurs de pommes de terre du Québec.

Autre exemple, les pois verts : 88 % des superficies ont été affectées par l’eau, pour 48 % de pertes.

« Ça fait une trentaine d’années que je suis producteur et une année comme cette année, je n’ai jamais vu ça », confirme le président des Producteurs de légumes de transformation du Québec, Pascal Forest.

Avec toutes les municipalités durant l’été qui ont eu des déluges, des ponceaux et des bouts de route arrachés : ça, le gouvernement reconnaît ça. Il débloque des fonds. Il règle ça. Tandis que nous autres, pour l’agricole, on dirait qu’ils sont habitués qu’on s’arrange avec nos troubles et ils font comme s’il ne s’était rien passé.

Pascal Forest, président des Producteurs de légumes de transformation du Québec

« Et ça, c’est très, très, très ordinaire comme non-considération », a ajouté M. Forest.

Du côté des fraises et framboises, 73 % des superficies ont été affectées par l’excès d’eau, pour 44 % de pertes.

PHOTO FOURNIE PAR L’ASSOCIATION DES PRODUCTEURS DE FRAISES ET DE FRAMBOISES DU QUÉBEC

Les récoltes de fraises et de framboises ont été grandement affectées par l’excès d’eau.

« Ce sont des pertes très importantes. Moi, ça fait 48 ans que je suis en production et en mise en marché, et je n’ai jamais vu une météo comme ça », explique Michel Sauriol, président de l’Association des producteurs de fraises et de framboises du Québec.

« Ce que je vois présentement, c’est de la détresse importante du côté des producteurs. Pourquoi ? Parce que le gouvernement ne bouge pas. Il se rabat toujours sur la même chose, les programmes en place, quand c’est clair que ça ne fait pas la job. »

Record de pluie, torrent de réclamations

Le Québec a connu son mois de juillet le plus pluvieux l’été dernier. Selon Environnement Canada, il est tombé 212 mm de pluie à Montréal en juillet, fracassant le record de 183 mm de juillet 1980.

À Québec, 265 mm de précipitations se sont déversés en juillet, alors que le record précédent datait de 1992, avec une chute de 256 mm de pluie. Ces deux stations enregistrent des données depuis le début des années 1940.

Près de 40 % des répondants au sondage étaient situés en Montérégie et 17 %, dans Lanaudière.

En date du 27 octobre, 7064 avis de dommages ont été enregistrés auprès de La Financière agricole du Québec – l’assureur des agriculteurs – comparativement à 3813 l’an dernier. (À noter, ces chiffres comprennent aussi les avis de dommages pour d’autres types de culture comme les céréales, les grains et le sirop d’érable.)

« La Financière agricole nous a dit que c’était 100 % des producteurs et productrices assurés qui avaient ouvert un avis de dommages », explique Mme Lefebvre.

100 % des producteurs qui sont en avis de dommages, moi, ce que ça me dit, c’est que c’est l’entièreté du territoire du Québec qui a été affecté par les conditions climatiques de cet été.

Catherine Lefebvre, présidente de l’Association des maraîchers du Québec

Pour tous, un constat s’impose avec l’avènement des changements climatiques : il est temps de réformer les programmes d’assurance récolte, qui ne sont plus adaptés aux épisodes de météo extrême de plus en plus fréquents. À preuve, à peine 50 % des producteurs maraîchers et environ 30 % des producteurs de fraises et de framboises choissent de s’assurer, illustre Mme Lefebre. Les critères pour être dédommagés seraient trop restreints, soutient-elle.

« Si tu es rendu que tu as une majorité de fermes qui ne sont pas assurées, c’est indicatif qu’il y a quelque chose qui ne marche pas », souligne Patrice Léger Bourgoin, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec. « Qu’est-ce que ça donne d’avoir des cibles d’autonomie alimentaire au Québec si, derrière ces cibles-là, il n’y a pas de structure, il n’y a pas de plan de match pour les avaries ? », se demande-t-il.

« Il doit y avoir un réveil qui se fait avec les changements climatiques, ajoute-t-il. Il faut être capable de s’adapter à cette nouvelle réalité-là qui va devenir la norme. Et tu ne peux pas le faire avec des programmes qui ont été mis en place il y a 30 ans. »

Témoignage d’un producteur

Philippe Le Guerrier est producteur à Blainville. « On a toujours été à la merci de Dame Nature, j’en ai vu, des affaires extrêmes, mais pas aussi extrêmes que cet été », souligne celui qui a dû abandonner un champ de betteraves à maturité et enregistrer de lourdes pertes dans un champ de carottes.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le producteur agricole Philippe Le Guerrier

« J’ai eu un moment où il y a eu 60 mm en une heure, raconte Philippe Le Guerrier. Ça n’a aucun bon sens de se dire [qu’]on va produire en ayant des orages aussi forts. Moi, je n’ai jamais vu ça. »

Agriculteur de 5e génération, sa famille produit sur la même terre depuis 167 ans. « Face aux changements climatiques, s’il n’y a personne qui se fait aider en agriculture, moi, je crois qu’il n’y en aura juste plus. »

Dimanche soir, le cabinet du ministre Lamontagne a indiqué qu’il convoquait les associations agricoles à une rencontre avec La Financière agricole le 8 novembre.

En savoir plus

  • 45 %
    Proportion de répondants qui craignent de manquer de liquidités pour terminer l’année à cause de l’excès d’eau

Source : Sondage de l’UPA

150 millions
Baisse anticipée des ventes en raison de l’excès d’eau dans les champs, ce qui représente une diminution de 32 % du chiffre d’affaires des répondants

Source : Sondage de l’UPA

  • 60 %
    Proportion des répondants touchés par d’autres caprices de Dame Nature, comme le gel historique du mois de mai ou des épisodes de grêle

Source : Sondage de l’UPA

56 %
Proportion des producteurs sondés qui anticipent des pertes à l’entreposage supérieures à celles d’une année normale

Source : Sondage de l’UPA

Les projets à risque environnemental sont moins inspectés qu’avant

Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Publié à 4 h 00 HAE

Les inspecteurs du ministère de l’Environnement du Québec vont de moins en moins souvent sur le terrain pour constater les cas de pollution ou pour recenser des manquements. Le gouvernement Legault affirme que cela est imputable à la pandémie.

Il y a trois ans, le ministère a laissé les projets jugés à faible risque environnemental aller de l’avant sans obtenir d’autorisation ministérielle; une simple déclaration de conformité (Nouvelle fenêtre) du promoteur suffisait. Le ministre Benoit Charette affirmait que cette réforme allait permettre à ses équipes de se concentrer sur les projets à risque plus élevé.

Toutefois, ce n’est pas ce qui s’est passé : le nombre d’inspections de ces projets plus risqués diminue année après année, révèlent les données obtenues par Radio-Canada.

L’an dernier, le ministère a délivré 2302 autorisations ou permis à des projets qui risquent de nuire à l’environnement. Sur ce nombre, il y a eu 817 inspections, dont 494 sur le terrain. C’est donc dire que les inspecteurs du ministère sont allés constater la conformité des projets sur place dans moins du quart des dossiers pourtant jugés à risque moyen ou élevé.

Les données dévoilées grâce à la Loi sur l’accès aux documents démontrent que le nombre de ces inspections diminue continuellement depuis la réforme de 2020.

Le ministre Benoit Charette avait pourtant promis (Nouvelle fenêtre) que la réforme allait permettre une attention plus importante pour les enjeux [sic] plus conséquents sur le plan de l’environnement.

Les directions régionales et le ministère auront dorénavant plus de temps pour se concentrer sur les projets qui ont une réelle incidence environnementale.

Une citation de Benoit Charette, ministre de l’Environnement du Québec, en entrevue avec le journal « Le Soleil » en février 2020

Il y a une incongruité dans le discours du ministre, selon le président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), Christian Daigle, qui représente les quelque 300 inspecteurs qui travaillent pour le ministère de l’Environnement. Selon lui, on devrait faire une inspection pour chacun de ces 2300 dossiers.

C’est complètement aberrant. […] On délivre des permis de polluer. Le ministère doit être le chien de garde.

Une citation de Christian Daigle, président du SFPQ

Christian Daigle, président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec

Photo : Radio-Canada

Le cabinet du ministre Benoit Charette confirme qu’une diminution a été observée et l’attribue notamment aux limitations lors des interventions que les restrictions de la pandémie ont apportées.

L’année 2023 est toujours en cours et nous attendrons les résultats avant de tirer des conclusions.

Une citation de Le cabinet du ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette

De son côté, le ministère assure que le nombre d’inspections de conformité réalisé annuellement est important et note que ces inspections ont mené à la notification de 167 avis de non-conformité et à l’imposition de 15 sanctions administratives pécuniaires.

Le ministère définit une inspection de conformité comme la première vérification complète du respect des engagements, conditions, restrictions et interdictions d’une autorisation environnementale. Cependant, il rappelle que d’autres inspections peuvent survenir tout au long de la vie d’un projet (par exemple à la suite d’une plainte ou lors d’un contrôle) et que ces inspections donnent lieu à la vérification partielle ou complète du respect de l’autorisation.

Nous avons donc analysé l’ensemble des inspections de tous les types pour constater que, là encore, il y a une baisse de la présence des inspecteurs sur le terrain.

Le nombre d’inspections sur le terrain a diminué de 27 % depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ, tandis que celles réalisées à partir des bureaux ont augmenté de 35 %.

Avant 2018, les « inspections » hors site n’étaient pas considérées comme des inspections

Depuis l’année de l’arrivée au pouvoir de la CAQ, le ministère inclut sous l’appellation inspection toute vérification faite à distance (hors site) par un inspecteur, par exemple au téléphone ou par ordinateur. Cette méthode de calcul est dénoncée par des inspecteurs et par leur syndicat.

Avant 2018, le ministère n’appelait pas cela des inspections hors site mais des vérifications autres qu’inspections.

Dans une lettre adressée au SFPQ en 2020 dont nous avons obtenu copie, un sous-ministre adjoint assure que les inspections de conformité resteront au cœur des préoccupations du ministère malgré la réforme.

Il se dit aussi convaincu que le nombre de ressources dans chacune des directions régionales permet d’assurer la surveillance et le contrôle appropriés du respect de la législation environnementale.

En analysant toutes les inspections de conformité, quel que soit le niveau de risque (faible, moyen ou élevé), on constate que leur nombre sur le terrain est en chute libre depuis les dernières années.

L’an dernier, les promoteurs ont envoyé 2117 attestations de conformité au ministère pour mettre en branle des projets jugés à faible risque environnemental. De ce nombre, il y a eu 710 contrôles de conformité, dont seulement 102 sur le terrain.

Le ministère assure qu’une faible proportion des déclarations des promoteurs se révèlent non conformes. L’an dernier, la conformité a atteint les 95,5 %.

Il y a déjà eu un cas médiatisé qui montre que les déclarations de conformité ont leurs limites. Par exemple, le chantier du boulevard Béliveau, à Longueuil, a été autorisé par Québec grâce à une simple déclaration de conformité de la Ville alors qu’il menaçait des rainettes faux-grillons, une espèce protégée. Le gouvernement fédéral avait dû émettre un décret d’urgence pour stopper les travaux.

Des travaux sur le boulevard Béliveau à Longueuil en 2021

Photo : Radio-Canada

En 2019, Radio-Canada avait révélé que les inspecteurs avaient commencé à réaliser plus d’« inspections hors site » que d’inspections sur le terrain. Le phénomène s’est accéléré puisque, l’an dernier, deux fois plus d’inspections ont été réalisées hors site (19 298) par rapport au terrain (10 167).

Avant, j’étais sur la route deux ou trois fois par semaine, alors que là, je sors une à deux fois par mois, avait par exemple raconté un inspecteur.

Le ministère de l’Environnement affirme qu’il y a 318 inspecteurs dans ses rangs, une hausse par rapport à 269 il y a cinq ans. Toutefois, le syndicat affirme plutôt que seulement 272 inspecteurs reçu une paie en date du 20 septembre 2023, en excluant les absences à cause de problèmes de santé, les congés parentaux et les départs à la retraite non remplacés, alors qu’ils étaient 278 cinq ans plus tôt.

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