Environnement, biodiversité et transition écologique

Produire des laitues toute l’année dans des conteneurs recyclés

La culture hydroponique en serre de La Boîte maraîchère Côte-du-Sud produit 15 000 laitues par semaine.

Photo : Radio-Canada / Bruno Giguère

Claude Bernatchez (accéder à la page de l’auteur)

Claude Bernatchez

Publié à 5 h 37

EN MODE SOLUTIONS - La salade a remplacé le riz et les pommes de terre comme un plat d’accompagnement chez les Roy-Gosselin, une famille d’agriculteurs de Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud dans la région de Montmagny. Depuis le mois de février, ils produisent 15 000 laitues par semaine dans un environnement contrôlé. Elles sont vendues dans des épiceries IGA de la région de Québec.

Les 10 conteneurs d’hydroponie à étages sont installés sur leur terrain. La température est maintenue à 20 degrés, la lumière dont ont besoin les plantes provient d’un éclairage DEL conçu spécialement pour ce type de culture. Les bonnes quantités de fertilisant sont ajoutées automatiquement à l’eau filtrée qui circule en circuit fermé.

Une culture de laitues hydroponiques dans des conteneurs recyclés

Photo : Radio-Canada / Bruno Giguère

Gabrielle Roy et Maxime Gosselin souhaitaient diversifier les activités de leur entreprise. À l’extérieur, dans les champs balayés par les vents du printemps, on récolte chaque année du maïs et d’autres céréales qui servent à nourrir leurs porcs.

« Tu peux avoir des gels hâtifs, tu peux avoir de la grêle, tu peux avoir des excès de pluie. C’est un facteur très important au niveau du rendement et de la rentabilité de l’entreprise. Nous, on voulait faire de l’agriculture avec un toit sur la tête, dans un environnement contrôlé. »

— Une citation de Maxime Gosselin, entrepreneur agricole

La Boîte maraîchère

Après avoir visité deux types d’installations, Maxime et Gabrielle choisissent La Boîte maraîchère (LBM). On a vraiment aimé leur modèle d’affaires, nous explique Gabrielle. On trouvait ça innovateur […] le fait que ce soit dans des conteneurs recyclés, le volet écologique rendait le projet intéressant.

Gabrielle Roy et Maxime Gosselin, entrepreneurs agricoles de Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud

Photo : Radio-Canada / Bruno Giguère

LBM

est une entreprise manufacturière qui exploite sa propre serre à Laval et propose à ses partenaires un projet clé en main. Sa filiale LBM Agtech investit en recherche et développement.

Richard Giunta est président et cofondateur de l’entreprise. On s’occupe de la construction du début à la fin, explique-t-il. On donne une formation de 40 heures […] on leur donne tous les outils pour être autonomes et on reste partenaires. Le contrat comprend aussi une entente avec Sobeys, qui distribue les laitues dans ses épiceries.

« C’est une fierté d’amener un produit frais , sans herbicide, sans pesticide. […] C’est quelque chose qui me rend fier de pouvoir offrir ça à nos familles, nos amis, puis à tout le monde. »

— Une citation de Gabrielle Roy, entrepreneure agricole

Aide gouvernementale

La Boîte maraîchère de la Côte-du-Sud est un projet de plus de 2 millions de dollars. En plus du financement privé et d’un prêt de Financement agricole Canada, le gouvernement du Québec a accordé une subvention de 600 000 $, le quart du montage financier.

« Sans subventions, c’est impossible de réaliser ce projet-là. On est dans la trentaine, c’est beaucoup de risques […] S’il faut que tu investisses la moitié de la somme de tes poches, ça aurait pris 1 million de dollars. »

— Une citation de Maxime Gosselin, entrepreneur agricole

En novembre 2020, le gouvernement de François Legault a lancé la Stratégie de croissance des serres. La pandémie et les soubresauts des chaînes d’approvisionnement ont mis en lumière la trop grande dépendance du Québec vis-à-vis les marchés alimentaires étrangers. Selon le MAPAQ

, avec les 66 nouveaux hectares de production de fruits et légumes, 54 % de l’objectif serait déjà atteint.

Autres objectifs de la Stratégie de croissance des serres :

  • Moderniser le réseau serricole
  • Favoriser la recherche et le développement
  • Se positionner sur tous les types de marchés (local, régional et national)
  • Stimuler la production biologique
  • Favoriser le maintien et la création d’entreprises rentables à long terme avec des retombées positives pour tout le Québec
  • Tenir compte de la diversité des entreprises

Source : MAPAQ

Les avantages de la production en milieu contrôlé

Richard Giunta de LBM

parle avec enthousiasme des avantages de la culture en milieu contrôlé. Ici, c’est une technologie du futur (…) que certains ont identifié comme le prochain Silicone Valley. La serriculture permet de se mettre à l’abri des aléas météorologiques extrêmes qui deviendront plus fréquents et plus intenses, selon les experts du climat.

Richard Giunta, président et cofondateur La Boîte maraîchère

Photo : Radio-Canada / Bruno Giguère

Les ambitions de LBM

ne se limitent pas à produire des légumes feuilles à proximité des centres urbains. On souhaite alimenter des populations en régions éloignées qui, très souvent, doivent se contenter de fruits et de légumes moins frais et qui coûtent très cher.

Des fraises, des poivrons et des concombres pourraient aussi être disponibles à des prix concurrentiels. On pourrait peut-être se revoir à Sept-Îles ou à Fermont pour un reportage, nous dit le cofondateur de LBM,

en parlant de ses projets de développement. Nous sommes en discussion avec des Premières Nations et certaines mines.

Les défis de l’efficacité énergétique et de l’utilisation optimale de l’eau

Les serres du Québec ont droit au tarif préférentiel d’Hydro-Québec. Cette électricité à moindre coût pourrait ne pas être éternelle. La société d’État sera incapable dans les prochaines années de répondre complètement à la demande de nombreux projets industriels.

La lumière dont ont besoin les laitues de La Boîte maraîchère provient de ces lampes DEL.

Photo : Radio-Canada / Bruno Giguère

Déjà, les serres sont passées des lampes au sodium aux lumières DEL, nous explique Eric Duchemin, le professeur associé à l’UQAM

et directeur scientifique du Laboratoire sur l’agriculture urbaine. Il croit maintenant qu’il faut rapprocher les serres des sources d’énergie déjà existantes. L’énergie produite et perdue par de grandes industries devrait servir à alimenter les serres.

LBM Agtech, la filiale recherche et développement de LBM

, est à la recherche de solutions pour réduire la consommation d’électricité et d’eau. On peut penser que dans les prochaines années, le Québec sera très sollicité pour l’eau, explique Richard Giunta. On travaille sur une façon de récupérer l’eau perdue par l’évaporation [des plantes].

L’avenir

Une fois le rythme de croisière atteint, ce sont 780 000 laitues par année qui seront produites dans les conteneurs de Gabrielle et Maxime à St-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud. Ils prévoient amortir leur investissement en 10 ans, et, qui sait, prendre de l’expansion. Tout est en place pour ajouter un deuxième étage de 10 unités, nous dit Maxime Gosselin. On pourrait faire des fraises, on pourrait faire du bok choy, des fines herbes.

Les 10 conteneurs de La Boîte maraîchère Côte-du-Sud sont à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud.

Photo : Radio-Canada / Claude Bernatchez

Et quand elle se projette dans l’avenir, Gabrielle Roy imagine leurs trois enfants venir travailler avec nous, qui vont avoir leur idée pour optimiser encore plus notre projet. C’est aussi le rêve de Maxime de travailler avec nos enfants dans une entreprise en santé financière.

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Filière des batteries Le géant Livent accroît son empreinte au Québec

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB D’ALLKEM

Le gisement qui sera exploité par Allkem est situé à une centaine de kilomètres à l’est de la Baie-James et de la communauté crie d’Eastmain.

La multinationale américaine Livent accroît sa présence dans la filière québécoise des batteries grâce à un regroupement qui lui permettra de devenir propriétaire d’un nouveau projet de mine de lithium à la Baie-James. Reste à voir si la transformation de la ressource s’effectuera au Québec ou à l’extérieur.

Publié à 1h01 Mis à jour à 11h00

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Annoncée mardi, le regroupement entre Livent et Allkem, une entreprise australienne, permettra l’émergence d’un géant international du lithium valorisé à 10,6 milliards US. Ensemble, les deux sociétés auraient accès à des liquidités de 1,4 milliard US pour financer leurs ambitions.

« On deviendra le troisième acteur mondial dans ce secteur », explique Denis Couture, directeur des activités canadiennes chez Allkem, en entrevue avec La Presse.

La demande pour le lithium, utilisé notamment dans la filière des batteries pour véhicules électriques, a explosé depuis quelques années. Plus de la moitié de l’approvisionnement mondial en lithium est allé en 2021 aux véhicules électriques, et ce chiffre devrait tripler d’ici 2025.

C’est toutefois la Chine qui est l’acteur dominant dans le traitement du lithium. En Amérique du Nord ainsi qu’en Europe, on souhaite voir cela changer.

Il y a un volet québécois au regroupement entre Livent et Allkem, qui exploitent également des projets en Argentine.

L’entreprise américaine, qui compte General Motors (GM), BWM et Tesla parmi ses clients, est déjà propriétaire à 50 % de Nemaska Lithium, promoteur d’une mine à Whabouchi et d’une usine de transformation d’hydroxyde de lithium – que l’on retrouve dans les batteries lithium-ion des véhicules électriques – à Bécancour. Québec détient l’autre moitié de Nemaska.

Production en 2024

Allkem, par l’entremise de sa filiale Galaxy Lithium, vient de voir Ottawa donner le feu vert à son projet de mine de lithium de 380 millions. Le gisement est situé à une centaine de kilomètres à l’est de la Baie-James et de la communauté crie d’Eastmain. Ce projet comprendrait notamment une fosse à ciel ouvert, un concentrateur de minerai et des aires de stockage. Il est censé créer 280 emplois pendant la phase de construction et environ 160 en moyenne une fois en exploitation. La mine devrait commencer à produire du lithium en 2024.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB D’ALLKEM

Allkem a le feu vert d’Ottawa pour une mine de lithium à la Baie-James.

« Livent est une compagnie plus spécialisée dans l’aspect chimique, dit M. Couture. L’objectif est d’être intégrés. Les usines chimiques de transformation, c’est difficile. Il n’y en a pas beaucoup dans le monde en dehors de la Chine. En combinant nos activités, on aura l’argent pour le faire et traverser les tempêtes s’il y en a. »

Selon nos informations, la transaction ne change rien pour les projets de Nemaska Lithium, dont le projet de mine et d’usine est évalué à 1,5 milliard.

Grâce à son projet québécois, Allkem ambitionne de produire du spodumène, un minéral utilisé dans la fabrication de lithium destiné aux batteries.

Il faudra construire une usine de transformation, confirme M. Couture. Invité à dire si cette transformation s’effectuerait au Québec, le gestionnaire a préféré évoquer l’Amérique du Nord.

« L’endroit n’était pas déterminé avant et il ne l’est pas plus aujourd’hui, explique le dirigeant des activités canadiennes d’Allkem. Le Québec est une place de choix. Il faut trouver les bons terrains et conclure les bonnes ententes. Je ne veux pas faire de promesses avant d’avoir accompli tout le travail technique. »

Au moment où ces lignes étaient écrites, Livent n’avait pas répondu aux questions de La Presse concernant l’endroit qui pourrait éventuellement accueillir la future usine de transformation.

Le projet d’Allkem doit aussi obtenir les autorisations du gouvernement Legault ainsi que du Comité d’examen des répercussions sur l’environnement et le milieu social – un organisme indépendant formé de membres nommés par Québec et la Nation crie.

En savoir plus

  • 2022
    Année où Livent est devenue actionnaire de Nemaska Lithium

Source : Livent

6
Nombre de projets d’Allkem en cours

Source : Allkem

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Hydro-Québec encaisse 38 millions en vendant ses rebuts

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Depuis des années, Hydro-Québec cherche par tous les moyens à se débarrasser des rebuts de façon écologique. L’an dernier, par exemple, la société d’État a dégagé une somme de 38 millions découlant de la vente de divers matériaux qui ne lui servaient plus.


Marie-Eve Fournier
Marie-Eve Fournier La Presse

Vendre ses robes, des jouets, sa mijoteuse ou des bouts de gouttière sur l’internet est devenu banal. Inutile (ou presque) d’organiser une vente de garage, les plateformes en ligne sont d’une efficacité remarquable pour se débarrasser de ses biens.

Publié à 1h32 Mis à jour à 6h30

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Les entreprises se retrouvent elles aussi avec des biens usés, inutiles ou en fin de vie. Mais rares sont celles qui ont le réflexe de mettre tout ça en vente. L’exercice demande du temps, des personnes qui s’y consacrent, de l’espace d’entreposage et une expertise. Car ce n’est pas évident de trouver des débouchés pour ses rebuts, surtout quand il s’agit de matériaux inusités.

Le dépotoir est toujours l’option la plus simple. Mais en 2023, veut-on encore que ce soit le premier réflexe ? Certainement pas.

Chez Hydro-Québec, la volonté de se débarrasser des rebuts de façon écologique existe depuis des années. Mais les efforts sont de plus en plus soutenus, ce qui donne des résultats remarquables. « Il y a une grosse croissance. On a pris les choses en main. En cinq ans, on est passés de 10 à 37,8 millions de ventes. On fait une meilleure job de mise en marché et le cours des métaux a augmenté », m’a expliqué le chef du service de la valorisation des biens meubles excédentaires de la société d’État, Maxime Gilbert. Son équipe compte neuf personnes.

La liste de ce qui est vendu au plus offrant est aussi longue que diversifiée : motoneiges, nacelles, camions, bancs de scie, perceuses, souffleuses à neige, dameuses, cuivre, fer, aluminium, génératrices, conteneurs, transformateurs, classeurs, bureaux…

Et même l’huile à patates frites utilisée dans les cafétérias dans le nord du Québec. « Jusqu’à il y a deux ans, on payait une entreprise qui venait la chercher. Maintenant, on la vend, relate Maxime Gilbert. Ce n’est pas significatif sur les 38 millions, mais c’est passé d’un déchet à une source de revenus. » On en fait du biocarburant, des cosmétiques et de la nourriture animale.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Maxime Gilbert, chef du service de la valorisation des biens meubles excédentaires de la société d’État

Parfois, il est impossible de vendre certains biens. Personne ne veut payer pour ces objets, mais il y a quand même moyen de faire mieux que l’enfouissement en cherchant un peu.

C’est ainsi qu’Hydro-Québec a trouvé un débouché pour sa « quantité phénoménale » de cartables qui dormait quelque part. Après avoir contacté les commissions scolaires, qui n’en voulaient pas, le groupe APHIE les a pris, en échange d’une certaine somme d’argent. Ses employés, en majorité handicapés, défont les cartables, ce qui permet au carton et aux anneaux de métal d’être recyclés. Jusqu’ici, 50 000 ont échappé au dépotoir.

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Même chose ou presque avec les vêtements de travail, comme ces manteaux conçus pour protéger les travailleurs jusqu’à - 40 °C et leurs mitaines ultrachaudes. Ça « vaut une fortune », mais une fois usés, qu’en faire ? Ils sont donnés au réseau CFER, un regroupement de 23 écoles-entreprises qui forme des jeunes ayant d’importants retards scolaires. Les vêtements sont remis en état et vendus, de sorte que l’activité s’autofinance.

Le matériel informatique est vendu à l’entreprise d’insertion (sans but lucratif) Insertech, à Montréal. L’équipement industriel et les outils prennent le chemin des encans organisés par Ritchie Bros., à Mont-Saint-Hilaire. L’ameublement de bureau s’en va à Saint-François-du-Lac, chez Matériaux et surplus Lefebvre, dont le stock en ligne vous décontenancera à coup sûr !

Quant aux véhicules en tous genres, ils sont vendus à l’encan ou directement à des revendeurs. Hydro-Québec a bien sûr profité de la hausse marquée des prix pendant la pandémie. Ses vieux pick-up, tout particulièrement, se vendaient alors à « des prix de fou ». La société d’État a aussi mis en place un réseau « pour se donner des choses à l’interne ». Tout le monde préfère le neuf, mais cela évite bien des achats inutiles.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Les véhicules en tous genres ayant servi aux opérations sont vendus à l’encan ou directement à des revendeurs.

Quel type de rebut représente le plus grand défi ? Les gros cylindres de porcelaine qu’on retrouve dans les « postes » du réseau de transport à haute tension. L’équipe de valorisation cherche une entreprise qui pourrait broyer le matériau en vue de l’ajouter à d’autres matières utilisées pour faire du remplissage sous un trottoir, par exemple. « C’est à peu près le mieux qu’on peut faire avec ça. Pour l’instant on est en dépense, c’est un rebut. Mais on a peut-être trouvé preneur », espère Maxime Gilbert.

Au Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI), la DG Claude Maheux-Picard a été estomaquée d’apprendre qu’Hydro-Québec avait réalisé des dizaines de millions de dollars en vendant ses rebuts. « Wow, c’est incroyable ! Voyons donc ! C’est un beau cas d’espèce. J’espère que ça va inspirer d’autres organisations. »

Experte en économie circulaire et en valorisation des résidus industriels, elle m’a appris que c’était « assez rare » qu’une organisation fasse des efforts pour vendre ses choses, hormis son matériel informatique. Desjardins était d’ailleurs le seul autre exemple qu’elle pouvait nommer.

C’est quand même innovant.

Jean-Pierre Gouin, DG d’ADDERE Service-conseil, spécialiste de la transition écologique des entreprises

La revente représente des enjeux logistiques et de stockage, mais rapporte rarement de l’argent. « Ceux qui font des démarches, c’est parce qu’ils trouvent que jeter les choses, ça n’a pas de bon sens », relate Claude Maheux-Picard. Malheureusement, les entreprises qui voudraient faire de l’économie circulaire sont « mal servies ». Elles doivent se débrouiller seules, ou presque, de sorte que c’est « beaucoup plus compliqué » pour elles que pour le simple citoyen.

Pour conclure, la DG du CTTEI avait une suggestion intéressante pour Hydro-Québec : créer un fonds avec ses 38 millions pour aider de petites entreprises ou organisations à faire comme elle.

Le message est lancé !

Ce qu’Hydro-Québec a vendu en 2022

  • 11,4 millions de kilos de métaux
  • 12 863 transformateurs
  • 135 095 litres d’huile isolante
  • 891 véhicules
  • 682 lots de matériel industriel
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Planète bleue, idées vertes Travaux zéro déchet à l’aéroport

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le chantier du REM de l’aéroport Montréal-Trudeau afficherait un taux de récupération de 99,3 % depuis son ouverture.

Pendant que les chantiers au Québec fracassent des records de production de résidus de construction, l’aéroport Montréal-Trudeau (YUL) mène des travaux quasi zéro déchet. Que ce soit pour la réhabilitation d’une piste aérienne ou à l’intérieur du gigachantier de la future station du REM, les entrepreneurs doivent recycler et revaloriser leurs résidus.

Publié à 1h43 Mis à jour à 5h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Jean-Pierre Bernier, chef environnement des projets majeurs d’Aéroports de Montréal (ADM), a donné rendez-vous à La Presse à la porte 25, à 11 h 50 tapantes, près des arrivées internationales. Il faut acquiescer aux consignes de sécurité, enfiler les bottes réglementaires, puis Martin Massé, vice-président au développement durable, et Jean-Pierre Bernier nous ouvrent la voie à travers des tunnels de contreplaqués.

« Ce qu’on réalise ici avec les déchets de construction, ce sont les standards de demain. Après des années noires, Montréal devient enfin une ville internationale avec ce point d’accès sur le centre-ville », lance M. Massé, s’arrêtant sec sur le flanc d’un trou devant mesurer 35 mètres de profond. Il s’agit de la future station YUL–Montréal-Trudeau du REM, dont la mise en service (maintenant prévue en 2027) a pris du retard.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Jean-Pierre Bernier, chef environnement des projets majeurs d’Aéroports de Montréal, et Martin Massé, vice-président au développement durable

Juste à côté du cratère, une pelle mécanique déverse un mélange de terre et de gravier en continu. Selon une compilation effectuée par ADM, le chantier du REM de l’aéroport afficherait un taux de récupération de 99,3 % depuis son ouverture. Afin d’y parvenir, M. Bernier explique que la mixture extraite du sol est soumise sur place à un triage, avec un système de tamis mécaniques, pour ensuite prendre la destination d’une réutilisation.

L’entrepreneur doit nous garantir un taux de recyclage et de valorisation d’un minimum de 90 % de ses résidus. C’est à lui de trouver un centre pour réutiliser ce qui sort de terre.

Jean-Pierre Bernier, chef environnement des projets majeurs d’ADM

« On exige un registre démontrant le mode de gestion et la destination par catégories de matières », précise le chef environnement. Il est devenu le chien de garde de la récupération des déchets à l’aéroport un peu malgré lui, concède-t-il.

Martin Massé ajoute que les résidus doivent être entreposés de façon à ne pas contaminer les eaux de ruissellement. La non-atteinte des cibles à la fin du chantier entraîne des pénalités financières substantielles, assure-t-il.

Selon lui, toutes ces règles environnementales vont finir par être payantes pour les entreprises exemplaires. « C’est quand même un petit milieu, la construction. Dans un sens, c’est un investissement pour les entreprises. Elles se font un nom auprès des gestionnaires d’ouvrages majeurs comme nous. »

Plus de 3 millions de tonnes de résidus par an

Chaque année, 3,5 millions de tonnes de résidus de construction, rénovation et démolition (CRD) sont produites au Québec, selon les données recueillies par Recyc-Québec. À titre comparatif, l’ancienne structure du pont Champlain a engendré 250 000 tonnes de béton, 25 000 tonnes d’acier et 12 000 tonnes d’asphalte à valoriser.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Chaque année, 3,5 millions de tonnes de résidus de construction, rénovation et démolition (CRD) sont produites au Québec.

Dans ce contexte, un chantier de construction atteignant un taux de recyclage ou de revalorisation de 90 % de ses résidus est qualifié « zéro déchet », explique Brigitte Geoffroy, porte-parole de Recyc-Québec.

Selon elle, ce taux est rendu possible grâce à un tri à la source. « Les matières ne sont pas mélangées. Nous avons soutenu l’ADM dans divers projets, ils ont une bonne vision d’ensemble. L’une des clefs pour réduire les résidus de construction est de prévoir des mesures en amont. Les procédés de gestion des CRD doivent être prévus dans les devis. Par exemple, il n’y a aucune raison de ne pas récupérer et réutiliser du bois », ajoute Mme Geoffroy.

Concours

Au Québec, d’autres grands chantiers de construction servent d’exemple dans le domaine de la récupération des déchets. La société des ponts Jacques-Cartier et Champlain a eu l’idée de lancer un concours pancanadien, dont les finalistes seront dévoilés sous peu, afin de donner une seconde vie à ses vieux matériaux à travers l’art et l’architecture.

Chez Recyc-Québec, on explique que l’avenir de la construction va forcément passer par le « surcyclage ou le recyclage », ce qui signifie la récupération des matériaux ou des produits qui n’ont plus leur usage initial pour les transformer en produits de qualité ou d’utilité supérieure.

« L’avenir passe également par une mutualisation des espaces, c’est-à-dire qu’il faut se poser des questions sur ce qui est déjà bâti et sur la reconstruction, dit Brigitte Geoffroy. Deuxièmement, il y a la notion de design, le choix des matériaux, la durabilité. La clef de la réussite passe par des outils pour réduire les déchets CRD à la source, avec entre autres des grilles de suivi. »

En savoir plus

  • GPS
    À l’aéroport Montréal-Trudeau, les mesures vont jusqu’au suivi obligatoire en temps réel, par GPS, des chargements de matériaux.

Aéroports de Montréal

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Énergies renouvelables : Québec tente d’établir ses priorités pour répondre à la demande

Des éoliennes en Estrie

Photo : Radio-Canada / Martin Bilodeau

Radio-Canada

Publié hier à 23 h 22

Comment être plus efficace dans notre consommation d’énergie? Faut-il aller jusqu’à construire de nouveaux barrages hydroélectriques? Plus de 80 experts et chercheurs se sont réunis lundi à l’invitation du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, dans le cadre d’une consultation en vue du dépôt d’un projet de loi sur l’encadrement et le développement des énergies propres prévu à l’automne prochain.

Hydro-Québec a récemment confirmé à Radio-Canada qu’il reste environ 1000 mégawatts (MW) dans le réseau pour le développement de nouveaux projets. Sur les 21 000 mégawatts de projets évoqués, autour de 10 000 MW

sont des propositions sérieusement étudiées.

La demande augmente aussi du côté des ménages. Lors de la tempête de verglas du 3 février dernier, un document d’Hydro-Québec révèle qu’à 18 h, les Québécois ont poussé la demande de puissance jusqu’à 43 124 MW

, malgré les efforts de réduction momentanée de certaines industries, du jamais vu. Le précédent record était de 40 380 MW, soit une différence de presque 3000 MW. Hydro-Québec avait dû importer 2000 MW

de l’Ontario et de l’État de New York.

Au Québec, c’est récent de parler d’un bilan énergétique serré. Il y a un an, on avait des surplus électriques, a dit le ministre Fitzgibbon en entrevue à l’émission Zone économie.

« Je pense qu’il faut mieux communiquer comme gouvernement pour expliquer à la population qu’on ne manquera pas d’électricité pour chauffer les ménages. L’enjeu n’est pas là. On manque d’électricité pour les projets structurels. »

— Une citation de Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec

Zone Économie

Zone économie | Entrevue avec Pierre Fitzgibbon

Comment être plus efficace dans notre consommation d’énergie? Faut-il aller jusqu’à construire de nouveaux barrages hydroélectriques? Et la personne qui deviendra PDG d’Hydro-Québec est choisie! Entrevue avec Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Énergie.

Pas de hausse des tarifs

Selon lui, il est toutefois essentiel de réduire la demande énergétique au Québec, mais il affirme qu’une hausse des tarifs d’électricité n’est pas envisagée pour le moment.

Je pense que les Québécois ne sont pas prêts pour ça, a dit M. Fitzgibbon, indiquant que le gouvernement pourrait envisager des incitatifs financiers pour une consommation différente […] lors des heures de pointe.

On peut même envisager de réduire les factures d’électricité parce que l’enjeu n’est pas de faire plus de revenus, mais c’est de réduire la demande même en dehors des pointes, a-t-il ajouté.

Le premier ministre François Legault a par ailleurs déjà défendu l’idée de fournir de l’électricité à bas prix aux industries qui contribuent à la décarbonation de l’économie. Il a cité la filière batterie, l’hydrogène vert, l’aluminium vert et l’acier vert, entre autres.

Qu’en est-il des barrages hydroélectriques? Faut-il en construire plus pour assurer la demande énergétique à venir de la province?

M. Fitzgibbon n’écarte pas cette idée, mais il dit préférer regarder toutes les offres disponibles − éoliennes, turbines et biomasse − avant d’aller de l’avant avec la construction d’un nouveau barrage. À la fin, est-ce qu’il va manquer d’électricité? Peut-être. À ce moment-là, il va falloir des barrages, a-t-il affirmé.

« Il faut planifier les ressources sur une base de 10 ans. Qu’est-ce qu’on fait du gaz naturel? On consomme au Québec l’équivalent de 17 000 MW

en gaz naturel, c’est 17 barrages. Si demain on dit qu’on ne veut plus de gaz naturel, il y aura 17 barrages. Ça n’arrivera pas de toute évidence. »

— Une citation de Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

Une utilisation intelligente de l’énergie

Selon Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, qui a participé à la journée de consultation lundi, la question des barrages n’a pas été beaucoup abordée.

L’ensemble des intervenants ne pensent pas que les barrages soient vraiment une option viable à court terme étant donné leurs coûts et le manque d’acceptabilité sociale, a dit M. Pineau à l’émission 24 . 60. Mais c’est évident que des projets éoliens, solaires ou des projets décentralisés comme la géothermie, ont fait partie des discussions.

Il affirme lui aussi que les tarifs d’électricité sont appelés à évoluer. Ça ne veut pas dire qu’on va payer plus cher, mais on va peut-être payer un peu différemment dans les années à venir, a-t-il ajouté.

« On l’a vu avec le verglas, […] le réseau de distribution doit être plus résistant. Ça va coûter de l’argent, donc c’est à peu près certain qu’on devra payer plus cher pour l’électricité, mais c’est dans l’optique de sortir du pétrole et donc on dépensera beaucoup moins d’argent pour l’essence et le diesel. La facture d’énergie des Québécois […] pourrait même diminuer. »

— Une citation de Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

Normand Mousseau, professeur de physique et directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal, était lui aussi présent à la journée de consultation. Au lieu de parler de sobriété énergétique, un terme qui dénote une certaine privation, selon lui, il préfère adopter l’expression utilisation intelligente de l’énergie.

Il soulève notamment le besoin de réformer les normes de construction au Québec, qui sont démodées à ses yeux.

Les gouvernements tardent à mettre en place des réglementations sur l’efficacité énergétique pour s’assurer que les bâtiments vont consommer moins d’énergie, a-t-il dit au micro de l’émission Le 15-18. Et le chauffage, on le sait, est un aspect très important dans la demande énergétique, surtout en hiver.

Selon lui, les intentions du gouvernement par rapport aux consultations sont encore un peu opaques, mais on sent qu’il y a beaucoup de projets qui atterrissent sur la table de M. Fitzgibbon.

D’ici là, avant de déposer son projet de loi qui vise à moderniser la Loi sur Hydro-Québec et la Loi sur la Régie de l’énergie cet automne, le ministre de l’Énergie compte encore rencontrer des représentants autochtones et ouvrir la consultation au public, en ligne, dès le 1er juin.

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Boralex fait une percée « importante » dans le secteur du stockage d’énergie

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

L’entreprise québécoise fait cette première percée canadienne en Ontario. La province développe la filière du stockage avant le Québec, car l’énergie nucléaire, une part importante du bouquet énergétique ontarien, n’offre pas la même flexibilité que celle procurée par les réservoirs d’Hydro-Québec.

(Montréal) Le producteur d’énergie renouvelable Boralex fait une percée dans le marché du stockage de l’énergie. L’entreprise québécoise a remporté un appel d’offres en Ontario pour deux installations de stockage par batterie, pour une capacité totale de 380 mégawatts (MW).

Publié à 12h05 Mis à jour à 12h05

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Stéphane Rolland La Presse Canadienne

Pour l’entreprise qui veut devenir « un joueur majeur » dans le stockage, c’est « une victoire », selon le premier vice-président et directeur général, Amérique du Nord, Hugues Girardin, en entrevue mercredi.

« On a déjà un projet de 1 MW en France, qui est en service depuis quelques années. […] Cette fois-ci, on parle vraiment d’une entrée importante. Un projet de 380 MW, c’est relativement important. Ça va être un des grands projets en Amérique du Nord. »

À plus long terme, Boralex vise un portefeuille de projets de stockage de 1000 MW d’ici 2030. « Avec ces deux projets, on est en ligne avec notre plan stratégique, peut-être même un peu en avance », ajoute-t-il.

L’entreprise québécoise fait cette première percée canadienne en Ontario. La province développe la filière du stockage avant le Québec, car l’énergie nucléaire, une part importante du bouquet énergétique ontarien, n’offre pas la même flexibilité que celle procurée par les réservoirs d’Hydro-Québec.

« Le Québec est probablement capable d’attendre avant d’acquérir de la capacité de stockage, juge M. Girardin. Je pense qu’on va voir ce genre de besoin là apparaître. Il y a probablement un décalage de quelques années. »

L’Ontario pourrait amener d’autres débouchés pour Boralex. La Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité (SIERE) de l’Ontario veut obtenir 2,5 gigawattheures (GWh) de capacité de stockage d’ici 2027. « Boralex pourrait avoir d’autres occasions de proposer des projets », croit l’analyste Rupert Merer, de Financière Banque Nationale.

M. Girardin répond que Boralex travaille sur d’autres projets dans ces différents marchés, mais il n’a pas voulu donner plus de détails.

Deux projets

La SIERE a retenu Boralex pour deux projets à Hagersville et à Tilbury, en Ontario. La mise en service est prévue pour la fin de l’année 2025.

Les deux projets pourraient entraîner des retombées d’entre 50 cents et 1 $ par action, estime M. Merer.

Avec ce 380 MW, la société québécoise a remporté toutes les propositions qu’elle a soumises dans le cadre d’une ronde d’appels d’offres de 780 MW. C’est la société albertaine Capital Power qui a remporté les autres appels d’offres.

Boralex prévoit que le projet nécessitera des investissements d’entre 700 millions et 900 millions. Les deux chantiers devraient être admissibles à un crédit d’impôt fédéral de 30 % pour la production, le transport et le stockage d’énergie propre. « A priori, oui, avance M. Girardin. Il faut quand même savoir que les détails finaux n’ont pas encore été communiqués. Il y a de grosses chances que ce soit le cas. »

Les coûts et les rendements seront partagés avec ses partenaires autochtones. Boralex est associée aux Six Nations of the Grand River pour le site d’Hagersville et à la Première Nation de Walpole Island pour celui de Tilbury.

L’action de Boralex perd 18 cents, ou 0,46 %, à 38,94 $ à la Bourse de Toronto en avant-midi.

Entreprise dans cette dépêche : (TSX : BLX)

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Une «ligne de métro» pour les abeilles dans Villeray


Une abeille qui butine pis qui est heureuse. Photo: iStock

Journal Métro | VILLERAY–SAINT-MICHEL–PARC-EXTENSION | Clément Bolano | 17 mai 2023 à 17h42

La «Silk Bee Line», voie urbaine fleurie dédiée aux abeilles, verra le jour à Montréal le 20 mai, en concordance avec la Journée mondiale de l’abeille. Ce projet est une initiative conjointe de la marque de lait végétal Silk (Danone Canada) et de Pollinator Partnership Canada. Le quartier Villeray accueillera cette ligne fleurie le long de la place de Castelnau.

Trois «hôtels à abeilles» se trouvent à présent dans la Société de développement commercial (SDC) Quartier Villeray. Dotées de fleurs, ces boîtes guident les pollinisateurs en leur offrant nourriture et abri. Les commerces locaux ont ajouté leur pierre à l’édifice en plantant des végétaux qui guideront les pollinisateurs.


Trois «hôtels à abeille» ont été installés dans la SDC Quartier Villeray. Photo: Clément Bolano, Métro Média

Elles servent ainsi de sanctuaire aux pollinisateurs pour se reposer et se reproduire, tout en permettant à des chercheurs de l’Université de Montréal d’étudier les populations d’abeilles indigènes et le processus de pollinisation, sous la direction de l’entomologiste Etienne Normandin.

En plus des trois boîtes, 27 autres ont été installées sur des panneaux publicitaires Silk tout autour de Montréal. Il s’agit de la troisième année que la marque conduit ce projet. Dix autres boîtes sont uniquement accessibles par les universitaires, et placées en zone naturelle.

La journée mondiale de l’abeille

«Pour attirer les abeilles, il faut une diversité de fleurs assez importances», précise la porte-parole de Pollinator Partnership Canada, Adèle Grenouilleau. Parmi lesquelles figurent géraniums, marguerites ou encore les célosies.

C’est comme une ligne de métro pour les espèces d’abeilles solitaires. Celles-ci se déplacent seulement sur quelques mètres. Les fleurs les aident à trouver un espace de nidification.

Adèle Grenouilleau, porte-parole de Pollinator Partnership Canada.

Les visiteurs pourront découvrir ces curieux abris fleuris à l’occasion de la journée mondiale de l’abeille, ce samedi 20 mai. Ils pourront se procurer des semences favorables aux abeilles, contribuant à la préservation des pollinisateurs en milieu urbain. L’occasion également d’admirer la fresque murale inspirée des pollinisateurs réalisée par Marc-Olivier Lamothe et Cath Laporte.

Les chiffres fournis par Pollinator Partnership Canada mettent en évidence l’importance cruciale des pollinisateurs. Ces insectes pollinisent plus de 180 000 espèces de plantes différentes et plus de 1 200 cultures. Cela équivaudrait à un tiers de la nourriture consommée par un Canadien moyen.


Les abeilles peuvent utiliser les alvéoles afin de pondre des œufs. Photo: Clément Bolano, Métro Média

«Une partie de notre mission est de soutenir la santé par l’alimentation, et cette initiative est une façon de montrer notre engagement envers les pratiques d’agriculture régénératrice et l’utilisation de notre échelle pour le bien Il ne s’agit pas de greenwashing», assure la directrice marketing de Danone Canada, Fiona O’Brien.

Rappelons que les abeilles mellifères contribuent à la productivité agricole à hauteur de 395 M$ par an. Ces dernières demeurent grandement menacées par l’industrie agroalimentaire. Une étude de 2021 compilant les recherches issues des 20 dernières années démontrait que l’agriculture intensive et le cocktail de pesticides utilisés sur ces cultures en étaient les principaux responsables.

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Plan pour une économie verte Québec forcera les cimenteries à réduire leurs émissions de GES

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La cimenterie McInnis à Port-Daniel–Gascons, en Gaspésie

Les cimenteries devront réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de gré ou de force, prévient le gouvernement Legault, qui dévoilera ce vendredi le troisième « plan de mise en œuvre » de ses objectifs de lutte contre les changements climatiques.

Publié à 1h30 Mis à jour à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé
Jean-Thomas Léveillé La Presse

La Presse a obtenu d’une source ayant accès au plan les détails des mesures concernant le secteur industriel, qui est le deuxième générateur de GES en importance de la province.

Québec aidera financièrement les grandes entreprises industrielles à réduire leurs émissions, dont les cimenteries, mais ces dernières se verront aussi imposer une « obligation de résultat », explique cette source, qui n’était pas autorisée à parler publiquement du plan avant son annonce officielle.

« Si ce qui est proposé volontairement [par les cimenteries] n’est pas suffisamment conséquent ou important, c’est là qu’on pourra ajouter des contraintes à travers la réglementation », explique cette source.

Le gouvernement pourrait aussi inclure de nouvelles exigences à l’égard des cimenteries dans leur « autorisation ministérielle », un document qui encadre l’exploitation d’un établissement industriel, qui doit être renouvelé d’ici la fin du mandat du gouvernement caquiste.

« Le timing peut difficilement être meilleur », explique cette source.

Québec s’apprête aussi à « optimiser » le marché du carbone conjoint avec la Californie, notamment en accélérant plus rapidement que prévu la baisse des plafonds d’émissions imposés aux grands émetteurs de GES, une limite souvent jugée inefficace, parce que trop permissive.

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, était d’ailleurs en Californie à la fin d’avril pour des discussions sur le sujet.

Des millions pour les « bioénergies »

Québec consacrera 175 millions de dollars supplémentaires aux grandes industries pour les « aider à recourir aux biocarburants plutôt qu’aux énergies fossiles », explique cette source, évoquant la biomasse ou le gaz naturel « renouvelable ».

L’aide à l’électrification, qui figurait dans le précédent plan de mise en œuvre, demeurera offerte.

Ce qui était performant dans le précédent plan est maintenu. Il y a beaucoup d’argent pour la conversion des systèmes énergétiques et la sobriété.

Source anonyme ayant accès au plan de mise en œuvre

Le gouvernement bonifie également d’autres programmes qui aident les industries à réduire leurs émissions, comme le « Défi GES ».

Ce programme est une espèce de « concours » invitant les entreprises à soumettre un projet de réduction de ses émissions et au terme duquel les propositions les plus efficaces obtiennent une aide financière.

« Ça nous aide beaucoup au niveau de notre bilan », affirme cette source.

À elles seules, les mesures destinées au secteur industriel devraient permettre une réduction des émissions de GES de 5,1 millions de tonnes par année d’ici 2030, calcule Québec.

Plan encore incomplet

Ce troisième plan de mise en œuvre du Plan pour une économie verte (PEV), qui couvre la période 2023-2028, bénéficie d’un budget de 9 milliards de dollars, une bonification de 1,4 milliard annoncée dans le budget du ministre des Finances Eric Girard, en mars.

Aucun autre secteur de dépenses n’a obtenu une hausse aussi importante, souligne-t-on à Québec.

Le plan n’identifie toutefois pas encore la totalité des moyens nécessaires pour atteindre la cible de réduction des émissions de GES du Québec, qui est de 37,5 % sous leur niveau de 1990 d’ici 2030.

Le premier plan de mise en œuvre n’identifiait que 42 % des moyens d’atteindre cet objectif, un taux qui montait de 9 points de pourcentage dans le deuxième plan, l’an dernier, pour atteindre 51 % des mesures identifiées.

Le troisième plan permettra un bond « comparable », selon notre source, qui n’a pas voulu être plus précise avant l’annonce de ce vendredi.

« Avec des bonds semblables, on peut de façon très crédible dire qu’on va atteindre notre cible en 2030, dit-elle. On sera peut-être un des seuls États dans le monde à être en mesure d’atteindre ses cibles. »

En savoir plus

  • 1,4 million
    Émissions de gaz à effet de serre (en tonnes) en 2021 de la cimenterie de Port-Daniel–Gascons, en Gaspésie, le plus gros émetteur de GES du Québec

Source : ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec

  • 77 millions
    Émissions de gaz à effet de serre (en tonnes) du Québec en 2021

Source : ministère de l’Environnement et du Changement climatique du Canada

Personnellement je trouve que ce n’est pas suffisant quand on regarde tout le tableau du gouvernement sur l’environnement, bien que ce soit un pas dans la bonne direction.

Un autre action cette fois-ci du côté fédéral pour forcer la main des banques afin qu’elles participent davantage à la lutte aux changements climatiques, en réduisant leurs investissements dans les énergies fossiles.

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La thermopompe, une « arme » de plus en plus populaire pour décarboner les bâtiments

Les ventes de thermopompes ont connu une augmentation record en Europe en 2022, en croissance de près de 40 % par rapport à l’année précédente.

Les ventes de thermopompes, qui contribuent à la décarbonation des bâtiments, ont augmenté sur le globe au cours des dernières années.

Photo : Getty Images

Valérie Boisclair (accéder à la page de l’auteur)

Valérie Boisclair

Publié à 4 h 00

C’est une technologie imaginée il y a plus de 160 ans, et pourtant, plusieurs la considèrent comme l’un des vecteurs de la décarbonation du secteur du bâtiment. Voici pourquoi la thermopompe, ou pompe à chaleur, connaît un regain de popularité ces dernières années.

Les ventes de thermopompes sur le globe ont connu une augmentation 13 % en 2021 et de 11 % en 2022, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

L’Europe s’est révélée être un important marché, où les ventes sont passées de 2,2 millions en 2021 à 3 millions en 2022; une augmentation de 37 %. Des pays comme la France, l’Italie et l’Allemagne ont concentré la moitié de toutes les pompes à chaleur vendues sur le continent.

Certains marchés que l’AIE

qualifie d’émergents, comme la Pologne et la République tchèque, ont pour leur part vu leur taille doubler.

En France et aux États-Unis, l’achat de thermopompes a même dépassé celui des chaudières à combustibles fossiles et des fournaises à gaz.

Mais à quoi sert la thermopompe?

La thermopompe est un appareil qui permet de transférer la chaleur de l’extérieur vers l’intérieur, et vice-versa, tantôt pour chauffer la maison, tantôt pour la refroidir.

Différents modèles existent, mais le système le plus commun en Amérique du Nord est la thermopompe air-air, où la chaleur est diffusée dans la demeure à l’aide d’unités murales (bibloc ou mini-split).

La thermopompe air-eau, quant à elle, est rattachée à un système de chauffage qui comprend soit des radiateurs, soit des convecteurs d’eau. L’air ambiant est acheminé vers ce système pour chauffer la bâtisse.

La petite histoire

La technologie derrière ces installations qui gagnent en popularité ne date pourtant pas d’hier.

Il faut remonter aux années 1850 pour comprendre comment l’idée d’un tel système à double fonction a germé. Dès 1852, Lord Kelvin, un physicien britannique spécialiste de la thermodynamique, suggère qu’un moteur thermique inversé pourrait permettre à la fois de chauffer et de refroidir l’air. Un tel dispositif, supposait-il, nécessiterait moins d’énergie primaire.

Quelques années plus tard, en Autriche, un ingénieur du nom de Peter von Rittinger a concrétisé à l’échelle de projet pilote la première pompe à chaleur connue, en 1856. À l’époque, l’invention, conçue pour les salines du village d’Ebensee, en Haute-Autriche, ne faisait que chauffer et possédait une puissance de 14 kW.

La première pompe à chaleur à grande échelle a quant à elle été aménagée au Royaume-Uni, dans l’enceinte de la compagnie Finn Geotherm à Norwich, en 1945.

Un autre système, la pompe géothermique, peut aussi fonctionner à air ou à eau, mais tire la chaleur du sol. Par temps froid, l’air chaud qui s’y accumule est ainsi réorienté vers la maison, tandis qu’en été, la chaleur de la maison est dirigée vers le sol, à l’extérieur.

Les thermopompes permettent de remplacer les fournaises domestiques à mazout pour un système de chauffage électrique.

Photo : Radio-Canada / Camille Vernet

En quoi s’agit-il d’une solution verte pour chauffer les bâtiments?

Subventionnée par de nombreux gouvernements à travers le monde, la thermopompe permet généralement de chauffer un édifice sans avoir recours aux énergies fossiles, comme le mazout et le gaz. Ce dernier est le combustible le plus utilisé dans le monde pour chauffer les bâtiments. Il couvrait 42 % des besoins énergétiques de ce secteur en 2021.

Afin d’atteindre les cibles de décarbonation, voire de neutralité carbone, le secteur du bâtiment doit être revu pour en renforcer l’efficacité et en réduire l’empreinte écologique, au même titre que le secteur des transports et des industries.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, 10 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre produites dans le monde proviennent du secteur du bâtiment.

Au Canada, il s’agit du troisième secteur en importance, avec une contribution de 87 mégatonnes d’équivalent CO2, soit 13 % du bilan total, selon le plus récent inventaire canadien des GES

. Bien que l’efficacité énergétique des bâtiments s’est améliorée au fil des ans, le bilan du secteur stagne depuis 2005. Un phénomène que le gouvernement fédéral attribue à la croissance démographique et au développement commercial.

Pour Michael Kummert, professeur titulaire du Département de génie mécanique et Polytechnique Montréal, la thermopompe est la meilleure arme pour décarboner les bâtiments.

Qui plus est, elle consomme moins qu’un système de chauffage strictement alimenté à l’électricité.

Disons que pour une unité d’électricité consommée, une pompe à chaleur peut fournir jusqu’à trois unités de chaleur dans un bâtiment, contrairement à la plinthe électrique, qui va donner un kilowattheure de chaleur pour un kilowattheure d’énergie consommée, explique-t-il.

« C’est beaucoup mieux qu’une chaudière au gaz ou qu’une plinthe électrique. Scientifiquement, c’est une machine thermodynamique géniale. »

— Une citation de Michael Kummert, professeur titulaire du Département de génie mécanique et Polytechnique Montréal

Qu’est-ce qui explique les ventes record en Europe?

Dans plusieurs pays de l’Union européenne (UE), l’achat d’une pompe à chaleur est admissible à une série de crédits et de subventions qui permettent d’en alléger le coût, parfois au point de couvrir la totalité de la somme.

Si on se débrouille bien et qu’on habite dans des régions où il y a également des subventions locales, on peut arriver à financer 100 % du coût des travaux d’installation, soutient Anne Creti, directrice scientifique de la Chaire Économie du gaz naturel et de la Chaire Économie du climat de l’Université Paris Dauphine-PSL.

Ces subventions, précise-t-elle, ne sont toutefois pas dédiées uniquement à l’installation d’une thermopompe, elles englobent aussi une série de rénovations énergétiques.

Dans plus de 30 pays – qui couvrent plus de 70 % de la demande en chauffage –, des incitatifs financiers ont été mis en place ou renforcés dans la dernière année. Aux États-Unis, en Irlande, en Pologne et en Autriche, les subventions à l’achat ont même augmenté.

Ces aides économiques sont couplées à un resserrement de la réglementation sur l’efficacité énergétique des bâtiments. En France, où le gouvernement s’est engagé à réduire d’au moins 30 % la consommation d’énergie de ce secteur d’ici 2030, on ne pourra plus utiliser le gaz dans les nouveaux bâtiment, cite-t-elle en exemple. Il y aura aussi, plus tard, des normes strictes sur les installations au gaz existantes.

Le marché du carbone européen, en vertu duquel certaines industries doivent payer si elles dépassent le plafond d’émissions de GES

fixé, sera en outre réformé pour s’étendre à de nouveaux secteurs, dont celui du chauffage des bâtiments. Il faudra alors payer pour les émissions qui en seront issues. Le coût sera quand même beaucoup plus important et on verra probablement les rénovations s’accélérer, prédit Mme Creti, qui s’est consacrée, au cours de ses recherches, à la rénovation thermique des bâtiments.

« La rénovation du bâtiment, pourtant extrêmement nécessaire dans la décarbonation, n’avance pas à un rythme satisfaisant. »

— Une citation de Anne Creti, économiste et professeure titulaire à l’Université Paris Dauphine-PSL

Rappelons aussi que l’Union européenne a fait vœu de s’affranchir de sa relation au gaz naturel provenant de la Russie, qui représentait en 2021 près de 45 % de ses importations. Dans la foulée de l’invasion russe de l’Ukraine, la Commission européenne a annoncé un plan visant à mettre fin à cette dépendance d’ici 2027.

Bien qu’elle juge qu’il est trop tôt pour établir une corrélation forte entre ces politiques et les achats de thermopompes, Mme Creti note que les pays européens où les ventes ont été les plus importantes comptent parmi les plus dépendants du gaz russe pour l’usage thermique.

Les thermopompes sont conçues pour pouvoir fonctionner même dans un climat froid. Le modèle et la grosseur de la pompe peuvent toutefois influencer son efficacité.

Photo : getty images/istockphoto

S’éloignant des considérations géopolitiques, l’économiste ajoute qu’il ne faut pas sous-estimer l’attrait d’un système à solution double qui permet de chauffer et de refroidir sa maison. Les importantes vagues de chaleur et les périodes de canicule qui se sont abattues sur l’Europe ces dernières années ne sont pas étrangères à l’engouement suscité par les thermopompes, estime-t-elle.

La thermopompe est-elle populaire au Canada?

Ici aussi, la thermopompe est de plus en plus adoptée : au cours des 15 dernières années, le nombre d’installations de ces systèmes dans les foyers canadiens est passé de 400 000 à 850 000, selon l’Institut climatique du Canada.

Mais la part du chauffage domestique qu’elle assure, elle, ne dépasse pas les 6 %. Un peu plus de la moitié des ménages possède une fournaise à air pulsé, tandis que le quart des maisons sont chauffées à l’aide de plinthes électriques, selon Statistique Canada.

Certaines provinces des maritimes, comme le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard, ont toutefois considérablement augmenté la part du chauffage par thermopompe ces dernières années. Un phénomène qui peut notamment s’expliquer par la combinaison d’un climat plus tempéré et de la mise en place de programmes gouvernementaux visant à améliorer l’efficacité énergétique.

En parallèle, des règlements viennent proscrire le recours à certains combustibles fossiles pour le chauffage. Au Québec, par exemple, l’installation d’appareils au mazout ou leur remplacement par des systèmes alimentés par des énergies fossiles sera interdit dès le 31 décembre 2023.

Est-ce que ce système fonctionne même dans les climats froids?

En théorie, oui. Mais la performance de ces installations peut en effet être influencée par la température extérieure. S’il fait trop froid, le rendement de l’appareil en sera donc affecté.

Plus il fait froid, moins la thermopompe est en mesure de fournir de la chaleur, explique Michael Kummert. Il faut alors se doter d’une pompe à chaleur plus grosse (et plus coûteuse) ou utiliser un autre type de chauffage pour compenser, par exemple en ayant recours aux plinthes électriques.

De nouveaux modèles apparus au cours des dix dernières années permettent toutefois de chauffer adéquatement une maison lorsqu’il fait -25 degrés Celsius. Ces thermopompes, dites à basse température ou à climat froid, ont contribué à rendre cette technologique plus attrayante dans des climats comme le nôtre, souligne le spécialiste des systèmes énergétiques des bâtiments.

S’il estime que toutes les provinces gagneraient à adopter la thermopompe, Michael Kummert observe que les Québécois n’y voient pas tous une solution intéressante économiquement. Dans la province, 65 % des ménages sont chauffés à l’électricité, une source d’énergie qui coûte relativement peu cher.

Le coût de l’installation et la perspective de travaux de rénovation sont au nombre des freins qui peuvent influencer les consommateurs, selon M. Kummert.

La thermopompe permettrait toutefois d’avoir un meilleur rendement énergétique et d’atténuer la demande sur le réseau d’électricité, poursuit le spécialiste. Si on remplace le chauffage au gaz et au mazout qu’il reste par des plinthes électriques, ça va créer des pointes et des demandes plus élevées, résume-t-il.

De son côté, Anne Creti rappelle que la thermopompe n’est qu’une partie de la solution pour décarboner le secteur des bâtiments. Elle y contribue, certes, mais elle est loin d’en être la pièce maîtresse. Isoler les combles et les sols, doubler le vitrage : voilà de véritables rénovations énergétiques, lance-t-elle. Malheureusement, c’est coûteux, mais on y gagne à long terme.

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Planète bleue, idées vertes Des panneaux solaires sur les gares de France

PHOTOMONTAGE FOURNI PAR LA SNCF

Insertion paysagère du projet en gare de Louveciennes, en France

En novembre 2022, la Société nationale des chemins de fer français (SCNF) a annoncé un large plan de solarisation de ses gares. D’ici 2024, pas moins de 180 000 m⁠2 de panneaux solaires doivent être installés par l’entreprise dans plus de 119 gares. Un projet ambitieux, qui jure avec la faible avancée du solaire au Québec. Peut-on envisager que les toits de la Belle Province soient un jour peuplés de panneaux photovoltaïques ?

Publié à 1h32 Mis à jour à 7h00

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Clémence Delfils Collaboration spéciale

En France, le solaire séduit. Avec son installation, la SNCF compte produire 15 % de l’énergie consommée par les 3000 gares françaises.

Ces quelques milliers de mètres carrés de panneaux solaires devraient s’ajouter aux nombreuses autres installations déjà présentes dans l’Hexagone. Selon le bilan du Réseau de transport électrique français, en 2021, l’énergie solaire photovoltaïque représentait 3 % de la production totale d’électricité dans le pays. Un bilan bien plus haut que celui du Canada, où l’énergie solaire – non seulement photovoltaïque, mais aussi thermique – représentait 0,5 % de l’électricité produite, selon le bilan de l’Office national de l’énergie de 2017. Pourquoi cette différence ?

Une réponse simple : l’hydroélectricité. Cette technologie peu coûteuse et peu polluante écrase le marché du panneau solaire. « Au Québec, le coût de l’électricité est tellement faible que c’est compliqué pour cette technologie de percer. En plus de cela, l’hydroélectricité a aussi une faible empreinte carbone et les panneaux solaires sont souvent choisis pour diminuer cette empreinte carbone », explique Louis Gosselin, professeur au département de génie mécanique de l’Université Laval.

Sur un toit de l’UQAM

Les projets existent tout de même, mais concernent souvent des lieux isolés comme les réserves autochtones ou des infrastructures entièrement pensées pour la gestion énergétique, explique le professeur.

PHOTO FOURNIE PAR L’UQAM

L’Université du Québec à Montréal (UQAM) a installé plus d’une centaine de panneaux solaires sur le toit du Complexe des sciences Pierre-Dansereau.

Parmi ces projets, il y a celui de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) qui, en 2019, a installé plus d’une centaine de panneaux solaires sur le toit du Complexe des sciences Pierre-Dansereau. « C’est une réalité que les panneaux solaires ont peu de sens au Québec à cause de notre hydroélectricité. Évidemment, l’UQAM n’a pas comme ambition de déployer des panneaux solaires sur tous ses bâtiments. Notre objectif est surtout de mettre en lumière les efforts qui peuvent être faits en termes d’énergie », explique l’ingénieur responsable du projet, Philippe Lavallée.

On a installé ces panneaux solaires pour contribuer à la conversation sur l’énergie renouvelable et pour faire de l’éducation et de la sensibilisation.

Philippe Lavallée, ingénieur

Poser des panneaux solaires pour faire parler, l’idée peut sembler étrange. Pourtant, ces discussions pourraient avoir une utilité dans un avenir proche. C’est la conclusion de l’entreprise d’architecture Lemay, responsable de la rénovation du bâtiment Le Phénix. Deuxième installation photovoltaïque en importance dans la région de Montréal, cet ancien entrepôt rénové en 2014 est vu comme un modèle de bâtiment écologique. « On sait déjà qu’on va manquer de puissance. Il faut donc augmenter la résilience. Comme on l’a vu avec l’épisode de verglas, il est important d’encourager la décentralisation de la production et de la distribution d’électricité en créant des bâtiments plus autonomes », argumente Hugo Lafrance, associé en stratégie durable chez Lemay.

« Au Québec, contrairement au reste du monde, le réseau électrique est considéré comme plus écologique que le photovoltaïque, continue Hugo Lafrance. C’est vrai si on se réfère aux données historiques, mais un bâtiment a une durée de vie par cycle. Qu’est-ce qui sera bon dans les 60 prochaines années ? Eh bien, ce ne sera plus vrai que l’hydroélectricité est plus écologique que le photovoltaïque. »

« Les ressources hydrauliques facilement accessibles ont déjà été exploitées. Il faudra mettre en place des systèmes plus complexes et donc plus coûteux », explique Louis Gosselin. Même bilan du côté financier. « Le coût des installations photovoltaïques diminue d’année en année. Dans certaines régions du monde, on est arrivé à un point de bascule où ces systèmes sont devenus rentables. Un jour, ce sera peut-être le cas au Québec », poursuit le professeur.

« La cerise sur le sundae »

Le solaire comme solution à une augmentation du coût de l’hydraulique et comme option plus verte que verte, oui, mais seulement dans une approche plus globale de la consommation et de la production d’énergie. « La vraie solution, c’est réduire nos besoins, revaloriser notre énergie. On peut ensuite voir les technologies qui émergent », soutient Philippe Lavallée.

« Il faut commencer par les gains gratuits que la nature nous donne. Cela passe par une bonne conception du bâtiment, de son enveloppe, de ses composants, sa volumétrie. Une fois que toutes ces choses sont en place, on peut faire le petit bout de chemin qui reste avec le solaire », explique Oscar Hernandez, directeur technique en performance des bâtiments pour l’entreprise d’architecture Lemay.

Dans les projets de bâtiment de l’UQAM et de Lemay, les panneaux solaires ne sont jamais seuls. Ils s’intègrent à de nombreuses autres technologies. « C’est la cerise sur le sundae », ponctue Hugo Lafrance. Un bilan qui différencie encore grandement les initiatives québécoises des grands champs de panneaux solaires français.

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L’actualité verte de la semaine

PHOTO VINCENZO PINTO, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Quelques milligrammes de l’actualité environnementale.

Publié à 1h32 Mis à jour à 6h00

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse

Quiz

Si rien ne change d’ici 2100 dans nos régimes alimentaires et nos pratiques agricoles, notre consommation de nourriture pourrait réchauffer la Terre de :

A) 0,2 à 0,6 °C
B) 0,7 à 0,9 °C
C) 0,9 à 1,3 °C

PHOTO CARL DE SOUZA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Ferme bovine au Brésil

Réponse : B

Une étude récemment publiée dans Nature Climate Change a calculé que d’ici la fin du siècle, la production et la consommation de nourriture pourraient être responsables d’un réchauffement de la planète de près de 1 °C par rapport aux niveaux préindustriels (entre 0,7 et 0,9 °C selon l’augmentation de la population mondiale). En mangeant de la viande seulement une fois par semaine, cette hausse pourrait être réduite de 0,2 °C.

800 millions d’oiseaux ont disparu en Europe

PHOTO ELENA RODRIGUEZ, ARCHIVES REUTERS

Un oiseau sur le bord du réservoir Sierra Boyera, dans le sud de l’Espagne, qui était à peine à 0,01 % de sa capacité à la fin d’avril.

Près de 800 millions d’oiseaux ont disparu sur le continent européen entre 1980 et 2016, un déclin spectaculaire de 25 %. En milieu agricole, la baisse est encore plus dramatique : près de 57 % des oiseaux ont disparu. Voilà les résultats de la plus vaste étude menée sur les oiseaux d’Europe qui viennent d’être publiés dans la revue savante PNAS. « Nous constatons que l’intensification de l’agriculture, en particulier l’utilisation de pesticides et d’engrais, est la principale cause du déclin de la plupart des populations d’oiseaux », écrivent les auteurs, qui ont étudié 170 espèces retrouvées sur 20 000 sites dans 38 pays.

Verte, la viande de labo ?

PHOTO CORINNA KERN, ARCHIVES BLOOMBERG

Un ingénieur inspecte de la viande de laboratoire, en Israël, en 2019.

Vous avez sans doute déjà entendu parler de la « viande » de laboratoire. Grâce aux cellules souches, des scientifiques parviennent à faire pousser du tissu musculaire d’animaux. À quand une telle viande dans nos épiceries ? Difficile à dire. Mais d’un point de vue climatique, ce n’est peut-être pas la solution miracle. Le potentiel de réchauffement planétaire de la viande cultivée en laboratoire serait de 4 % à 25 % plus élevé que celui du bœuf, révèle une analyse du cycle de vie réalisée par des chercheurs de l’Université de Californie à Davis. L’étude a fait l’objet d’une « prépublication », c’est-à-dire qu’elle n’a pas franchi l’étape de révision par les pairs.

Emballages écoresponsables

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Québec donnera un coup de pouce de 18 millions aux entreprises de transformation alimentaire pour les aider à utiliser des matières plus durables dans leurs emballages.

Québec donnera un coup de pouce de 18 millions aux entreprises de transformation alimentaire pour les aider à utiliser des matières plus durables dans leurs emballages. Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, en a fait l’annonce il y a quelques jours. Les nouveaux emballages alimentaires doivent à la fois répondre aux nouvelles exigences du règlement qui encadre la collecte sélective tout en permettant la conservation des aliments de manière salubre. L’aide vise à soutenir les entreprises dans la conception de contenants et d’emballages qui répondent aux critères des centres de tri des conditionneurs et recycleurs québécois.

Engins de pêche à la dérive

PHOTO ROBERT F. BUKATY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Casier à homard et cordes échoués sur une plage du Maine

Avec l’aide de capitaines locaux, des chercheurs de l’Université Dalhousie ont retiré l’équivalent de 25 000 kilogrammes d’engins de pêche fantômes au large de la Nouvelle-Écosse. Des casiers, des cordes, des filets, des hameçons et des câbles à la dérive ont été récupérés dans un territoire de près de 4000 kilomètres, peut-on lire dans un article publié dans Marine Pollution Bulletin. Près de 1000 sorties ont été effectuées entre 2019 et 2021. Dans 68 % des cas, il s’agissait de casiers à homard perdus, qui avaient entre 1 et 37 ans d’âge. L’expérience a permis de libérer 652 homards et 57 poissons pris dans ces engins.

Ventes records de pesticides au Québec

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

La farine de gluten de maïs, utilisée pour limiter la germination des pissenlits, arrive désormais au deuxième rang des pesticides les plus vendus au Québec.

Les quantités de pesticides vendues au Québec en 2021 ont atteint un sommet inégalé depuis 30 ans. Cette hausse s’explique notamment par un rebond dans les ventes de glyphosate en agriculture et une augmentation marquée des ventes de biopesticides en milieu urbain pour lutter contre… les pissenlits.

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Daphné Cameron
Daphné Cameron La Presse

C’est ce que révèle le plus récent bilan annuel des ventes de pesticides, publié discrètement sur le site web du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Les pesticides sont des substances chimiques qui servent à lutter contre les mauvaises herbes (herbicides), les insectes ravageurs (insecticides) ou les champignons (fongicides).

Pour la première fois depuis 1992, les ventes totales de pesticides ont franchi le seuil de 5 millions de kilogrammes d’ingrédients actifs (kg i.a.) vendus.

Ces ventes, qui totalisent 5,1 millions de kilogrammes d’ingrédients actifs, se situent au-dessus de la moyenne des cinq dernières années de 4,5 millions de kilogrammes d’ingrédients actifs, et ce, en dépit des cibles de réduction que le Québec s’est fixées dans le secteur agricole.

« Ça n’a aucun sens. On ne devrait pas, en ce moment, être en progression d’utilisation des pesticides, on devrait être en restriction, et ce n’est pas du tout le profil qu’on voit », déplore Louise Hénault-Ethier, directrice du Centre Eau, Terre, Environnement de l’Institut national de recherche scientifique.

En guerre contre les pissenlits

Fait nouveau, les ventes de biopesticides ont atteint un sommet en 2021 avec près de 1,5 million de kilogrammes d’ingrédients actifs, soit près du double des ventes de 2019. La moitié des biopesticides ont été vendus en milieu urbain. Et c’est la farine de gluten de maïs, utilisée pour limiter la germination des pissenlits, qui arrive désormais au deuxième rang des pesticides les plus vendus au Québec.

Contrairement aux pesticides de synthèse, les biopesticides sont dérivés de sources naturelles. Malgré cela, ils peuvent avoir des impacts néfastes sur la biodiversité, prévient Mme Hénault-Ethier.

C’est une inquiétude parce que d’un point de vue strictement biologique, toutes les plantes comme les pissenlits sont essentielles aux insectes et pollinisateurs qui sont la base de la chaîne alimentaire.

Louise Hénault-Ethier, directrice du Centre Eau, Terre, Environnement

« Les pissenlits, autant que certains puissent les détester, sont les premiers à fleurir au printemps et parmi les derniers à faner à l’automne. Donc ça donne [aux insectes et pollinisateurs] une réserve de garde-manger alors qu’il n’y a pas d’autres fleurs disponibles dans les écosystèmes », ajoute Mme Hénault-Ethier.

Les quantités « d’herbicides pour gazon » vendues sont passées de 419 263 kg i.a. en 2020 à 651 226 kg i.a. en 2021. Un autre record. En 2014, elles étaient de 2609 kg i.a.

« Je ne pense pas qu’on doit lutter contre la biodiversité en milieu urbain en 2023, c’est futile, c’est dangereux », ajoute-t-elle.

Encore loin des cibles en agriculture

Les ventes en milieu agricole représentent, comme chaque année, la majorité des ventes de pesticides dans la province. Or, malgré l’adoption d’une cible pour faire chuter les quantités épandues dans les champs du Québec de 15 % d’ici 2030, les ventes de pesticides en milieu agricole demeurent stables.

« Avec 3,6 millions de kg i.a., les ventes du milieu agricole représentent 72 % des ventes totales. Celles-ci correspondent exactement à la moyenne des cinq dernières années », peut-on lire dans le rapport.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Les ventes en milieu agricole représentent la majorité des ventes de pesticides dans la province.

Adopté en 2020, le Plan d’agriculture durable du Québec vise à réduire de 500 000 kg i.a. le volume de pesticides vendus à l’échelle de la province d’ici 2030, mais à partir d’une valeur de référence annuelle fixée à 3,3 millions de kilogrammes d’ingrédients actifs.

« On a raté les cibles cinq fois depuis 1992 », souligne Louise Vandelac, directrice du Collectif de recherche écosanté sur les pesticides, les politiques et les alternatives (CREPPA) de l’UQAM. « C’est une véritable saga. C’est non seulement triste, il y a un véritable problème de responsabilité de l’État. »

Le glyphosate toujours numéro 1

Mme Vandelac s’inquiète plus particulièrement de la hausse liée aux ventes de glyphosate. Cet herbicide, souvent utilisé en tandem avec des semences génétiquement modifiées pour lui résister, trône toujours au sommet du palmarès des ventes.

Il s’est vendu près de 1,8 million de kilogrammes d’ingrédients actifs de glyphosate en 2021 au Québec. Le produit est responsable de près des trois quarts de la hausse des ventes de pesticide observée par rapport à 2020, note le rapport.

PHOTO JEAN-FRANÇOIS MONIER, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Il s’est vendu près de 1,8 million de kilogrammes d’ingrédients actifs de glyphosate en 2021 au Québec.

« Il n’y a pas un agriculteur dans le monde qui utilise du glyphosate, ils utilisent des herbicides à base de glyphosate et c’est l’ensemble des autres composés, surtout, qui posent problème. Il faut que l’analyse soit faite et il n’est pas normal que les instances publiques ne l’aient pas faite », souligne Mme Vandelac. Dans la liste des autres ingrédients, elle montre notamment du doigt des produits dérivés du pétrole et des métaux lourds.

Moins d’animaux, moins de foin

Questionné sur la hausse des ventes de pesticides, le président du syndicat de l’Union des producteurs agricoles note que les cheptels bovin, laitier et ovin ont diminué au cours des dernières années. Les superficies de foin et de pâturage, qui ne nécessitent pas ou peu de pesticides, ont été remplacées par des cultures annuelles qui en utilisent généralement.

« Depuis 2006, il y a 200 000 hectares de plus en soya et en petits fruits, c’est 20 000 hectares de plus. Pendant ce temps-là, on a 200 000 hectares de moins dans le foin et 90 000 hectares de moins dans les céréales », souligne Martin Caron.

Il affirme que les producteurs sont réellement mobilisés. Il note toutefois que le Plan d’agriculture durable prévoyait l’ajout sur le terrain de 75 agronomes et ingénieurs pour épauler les producteurs. « Les agronomes qu’on a sont pris à remplir la paperasse du côté administratif et ne sont pas dans nos champs avec nous autres. Et ça, il faut vraiment qu’il y ait un virage pour qu’il y ait plus d’accompagnement sur le terrain », dit-il.

Ce qu’il faut savoir

  • Pour la première fois depuis 1992, les quantités de pesticides vendues au Québec ont franchi la barre des 5 millions de kilogrammes d’ingrédients actifs. Un record historique.
  • L’herbicide glyphosate est toujours le pesticide le plus vendu dans la province.
  • La quête d’un gazon sans pissenlits a fait bondir les ventes de farine de gluten de maïs, biopesticide qui arrive en deuxième position des ventes.
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Agora Métropolitaine 2023: objectif développement durable

Photo: Page Facebook Communauté métropolitaine de Montréal - CMM

Guillaume Ledoux

25 mai 2023 à 18h34 - Mis à jour 25 mai 2023 à 18h35 2 minutes de lecture

L’édition 2023 de l’Agora métropolitaine a permis à près de 800 personnes d’échanger et réfléchir à des solutions pour les enjeux actuels du Grand Montréal. Les solutions soulevées par les citoyens, experts et élus visent principalement à relever des défis en matière «d’aménagement du territoire, d’environnement et de mobilité durable, et d’assurer ainsi un développement durable du Grand Montréal», selon un communiqué de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

L’événement, qui en est à sa cinquième édition, est organisé par la CMM. La CMM a d’ailleurs exposé nombre d’enjeux traités lors de l’Agora dans son dernier bilan du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD). Les solutions et «initiatives concrètes» ciblées lors de l’Agora du 25 mai figureront dans le prochain PMAD, lequel sera présenté en consultation publique à l’automne 2024.

La réflexion et les échanges de l’Agora alimenteront la révision du PMAD et serviront de base pour façonner le Grand Montréal de demain.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, ministre responsable du Développement économique régional et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal

Les échanges et réflexions ont été alimentés par des ateliers thématiques portant sur des enjeux spécifiques. Parmi ceux-ci, «les leviers et les obstacles à la réduction de la dépendance à l’automobile; la préservation des milieux et la valorisation des activités agricoles; ainsi que les leviers d’action pour assurer la protection des milieux naturels et de la biodiversité».

Des solutions se voulant ambitieuses

Certaines des solutions soulevées par les participants ont des cibles «ambitieuses», rapporte la CMM par communiqué. «La hausse des cibles de densification et de protection des milieux naturels; la mise en place d’une offre de transport collectif et actif minimale afin de créer une habitude d’utilisation; la mise sur pied d’un fonds pour encourager l’acquisition de terres agricoles par des municipalités», sont listées par la CMM.

Si ces solutions n’ont pas été nommées pour la première fois, «il ne manque que l’appui financier des paliers de gouvernement pour les mettre en place», ont souligné plusieurs participants.

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Le Québec en mouvement Le laboratoire de la forêt boréale

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Baies d’argousier, l’étoile montante des petits fruits de la Côte-Nord

(Baie-Comeau) Pour développer son économie, la Côte-Nord mise sur ce que la nature qui l’entoure lui offre : le bois, bien sûr, mais aussi des petits fruits comme la baie d’argousier, l’airelle ou la chicoutai. Des chercheurs réunis au cégep de Baie-Comeau mènent diverses expériences pour en optimiser l’usage et développer de nouveaux débouchés. Notamment de la bière.

Publié à 1h31 Mis à jour à 5h00

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Alexandre Vigneault
Alexandre Vigneault La Presse

Ce n’est pas pour garder des boissons au frais que la chercheuse Ève-Catherine Desjardins garde un petit frigo dans son bureau du Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB), situé au cégep de Baie-Comeau. Il n’est même pas branché. Derrière sa porte, on découvre pourtant plusieurs dizaines de pots d’environ un litre remplis d’un liquide orangé où flottent parfois des fruits à moitié écrasés de la même couleur.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Ève-Catherine Desjardins et Serge-Thierry Lekounougou, chercheurs au Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale

Ces sphères informes sont en fait des baies d’argousier, étoile montante des petits fruits de la Côte-Nord. Elles baignent dans un liquide essentiellement composé de jus de pomme. Leur entreposage dans ce frigo démis de ses fonctions réfrigérantes fait partie d’un test de fermentation mené par l’équipe du CEDFOB en collaboration avec une entreprise locale, la microbrasserie St-Pancrace.

On est en train de chercher la meilleure technique pour faire fermenter ces fruits-là.

André Morin, copropriétaire de la microbrasserie St-Pancrace

Ce n’est pas la première fois que l’entreprise collabore avec le centre de recherche. Ses bières Tête-de-cheval (une blanche sûre à l’argousier et à l’airelle), Baie-Cachée (une sûre à la camerise) et plusieurs autres ont aussi été développées main dans la main avec les scientifiques du CEDFOB.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La mise en valeur des produits nord-côtiers est au cœur du travail de la microbrasserie St-Pancrace, de Baie-Comeau. André Morin est l’un de ses copropriétaires.

« On ne sait pas toujours si un produit va sortir de ce qu’on fait là, admet André Morin. Ce qu’on sait, par contre, c’est qu’on est en action pour notre croissance et que, pour ça, il faut avoir des projets dans ses cartons. Avec le CEDFOB, on a accès à toute une équipe qui a des équipements qui permettent d’accélérer la phase de recherche et développement. »

Diversifier les produits

Mis sur pied en 2004, le CEDFOB a pour mandat de faire de la recherche appliquée dans le but de stimuler la demande pour les produits issus de la forêt boréale qui l’entoure et d’en optimiser l’utilisation. Il mène plusieurs projets avec l’industrie forestière, mais met de plus en plus l’accent sur les petits fruits nordiques qui, avec l’entomologie, sont une spécialité de la chercheuse Ève-Catherine Desjardins.

Elle se consacre notamment au développement de « régie de production », c’est-à-dire les meilleures pratiques d’agriculture. Spécialiste de la pollinisation et des abeilles nordiques, elle supervise aussi les cultures expérimentales de petits fruits. « On fait de la multiplication en laboratoire. On va en chercher des spécimens et on travaille avec les producteurs pour favoriser les plus productifs, les plus résistants, les meilleurs au goût », explique-t-elle. Une fois les cultures « montées » vient le maillage avec les entreprises locales.

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« Dans le passé, les producteurs se contentaient de vendre leur production », explique son collègue Serge-Thierry Lekounougou.

Étant donné que certains produits peuvent s’oxyder ou se dégrader rapidement, les producteurs et les entreprises de la Côte-Nord mettent de plus en plus l’accent sur la transformation locale.

Serge-Thierry Lekounougou, chercheur au Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale

L’époque où les petits fruits nordiques ne servaient qu’à faire des confitures ou gelées plus ou moins artisanales est révolue. « Il y a une grande demande pour les alcools, mais aussi pour les cosmétiques », dit la chercheuse, évoquant des savons, des hydrolats et des crèmes fabriqués avec des sous-produits de l’argousier, par exemple. « L’idée est d’exposer les propriétés des petits fruits parfois méconnus qui pourraient avoir la même valeur que d’autres produits qui viennent d’ailleurs », ajoute Serge-Thierry Lekounougou, formé en biologie et en chimie.

Un cœur régional

L’impact du CEDFOB sur la Côte-Nord ne peut être sous-estimé, selon André Morin, de la microbrasserie St-Pancrace. « Les projets de maillage avec les cueilleurs et les producteurs de la région partent de là », dit-il. Ce centre de développement et de transfert technologique constitue par ailleurs une priorité régionale aux yeux de Québec, qui a investi plus de 8 des 9 millions nécessaires à la construction d’un nouveau pavillon du cégep de Baie-Comeau qui abritera bientôt le CEDFOB.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Québec a investi 8 des 9 millions nécessaires à la construction d’une nouvelle aile du cégep de Baie-Comeau qui regroupera bientôt tous les laboratoires du CEDFOB.

Le nouvel édifice, toujours en construction au moment du passage de La Presse au mois d’avril, est d’une superficie de 15 000 pieds carrés distribués sur 3 niveaux. Il regroupera les quatre laboratoires actuellement dispersés sur trois sites, dont l’un est situé à Pointe-aux-Outardes, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Baie-Comeau. Il abritera aussi un centre d’interprétation et de sensibilisation sur la forêt boréale.

En 10 ans, Ève-Catherine Desjardins a vu la situation changer : les récoltes de petits fruits augmentent et les marchés se développent. « L’airelle, on ne fournit pas. La chicoutai commence à être très populaire aussi », remarque-t-elle. Investir entre 5000 $ et 20 000 $ dans un projet de recherche vaut le coup, selon André Morin. « Ce sont des sommes raisonnables dans la mesure où on pense qu’il y a un débouché », analyse-t-il, tout en soulignant que la valorisation des produits nord-côtiers fait partie de la signature de la microbrasserie St-Pancrace.

De la forêt au compost

Le volet matière ligneuse n’est pas en reste, signale toutefois Serge-Thierry Lekounougou, spécialiste de la biochimie du bois. Le CEDFOB mène notamment, avec l’industrie forestière et le ministère des Ressources naturelles et des Forêts, un projet visant l’amélioration de la qualité du bois, grandement affecté par la tordeuse du bourgeon de l’épinette.

« L’idée était de développer des méthodes pour identifier les essences et les secteurs où les arbres sont moins dégradés et d’établir des critères de défoliation, explique-t-il. Avant, on le faisait directement sur le terrain, maintenant on utilise aussi des drones qui permettent de voir les secteurs plus ou moins défoliés pour guider les entreprises et leur dire où elles peuvent aller récolter. »

Les chercheurs du volet matière ligneuse travaillent aussi avec des entreprises de la région pour valoriser les résidus de l’industrie forestière et le recyclage de bois de construction. Le CEDFOB aide par exemple une entreprise qui fabrique notamment du compost à partir d’écorce de bois à « améliorer sa recette ».

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Ève-Catherine Desjardins, dans le nouveau pavillon du CEDFOB. Une partie du bois servant à la construction a été offert par Produits forestiers Résolu.

Ce n’est pas un détail, car la mise en place d’une économie circulaire axée sur la réutilisation de résidus forestiers, de déchets de petits fruits ou d’autres activités industrielles (comme le brassage de bière) se trouve aussi au cœur de la mission du centre de recherche. Les huiles d’argousier et de chicoutai, par exemple, sont d’ailleurs issues du pressage de leurs fruits. Les drêches de la microbrasserie St-Pancrace, elles, sont notamment réutilisées par un producteur de champignons et un éleveur de cerfs.

« Participer à une économie circulaire et de partage, c’est une valeur essentielle pour nous, dit André Morin. On le fait avec notre bière, mais on pense aussi qu’une région rayonne à travers son identité entrepreneuriale forte et ses partenariats. »

Qu’est-ce que le CEDFOB ?

Le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale, affilié au cégep de Baie-Comeau, est un organisme sans but lucratif qui travaille en partenariat avec des entreprises de la Côte-Nord à l’amélioration de leurs pratiques et au développement de nouveaux produits.

Il a été fondé en 2004 et s’est d’abord consacré aux produits forestiers. Il s’intéresse de plus en plus à la valorisation des petits fruits nordiques comme l’airelle, l’argousier et la chicoutai. Il valorise aussi le recyclage de déchets et résidus agro-industriels dans un esprit d’économie circulaire.

Le CEDFOB est aussi un centre collégial de transfert de technologie faisant partie d’un réseau panquébécois qui en compte près de 60.

Le Québec en mouvement

Baie-Comeau

Population : 20 800 habitants

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Peut-on éliminer la pollution plastique d’ici 2040 ?

PHOTO ODELYN JOSEPH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Depuis lundi, les représentants de 175 pays se réunissent à Paris pour mettre la table à un futur accord sur la pollution par le plastique.

On retrouve maintenant des traces de plastique partout sur la planète : des fonds marins au sommet de l’Everest, et même dans l’estomac des dromadaires. Pour contrer ce fléau, 175 pays se réunissent à Paris cette semaine pour préparer un accord qui vise à éliminer la pollution plastique d’ici 2040. Du gros boulot en perspective.

Publié à 0h54 Mis à jour à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Bientôt plus de plastique que de poissons

Depuis lundi, les représentants de 175 pays se réunissent à Paris pour mettre la table à un futur accord sur la pollution par le plastique. Cette rencontre est la deuxième d’une série de cinq afin de convenir d’une entente qui serait juridiquement contraignante d’ici la fin de l’année 2024. L’objectif est d’éliminer la pollution plastique d’ici 2040. « Si on ne fait rien, en 2060, il y aura plus de plastique que de poissons dans l’océan », a alerté le ministre français de la Transition écologique, Christophe Béchu.

Seulement 10 % du plastique recyclé

PHOTO OLIVIER MORIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Sur les 9,2 milliards de tonnes de plastique produites depuis 1950, la moitié a été fabriquée à partir de l’an 2000.

Sur les 9,2 milliards de tonnes de plastique produites depuis 1950, la moitié a été fabriquée à partir de l’an 2000. La production annuelle mondiale pointe aujourd’hui à plus de 460 millions de tonnes et pourrait tripler d’ici 2060. Parmi les nombreux usages du plastique, les emballages trônent en tête de liste (36 %), suivis des bâtiments (16 %), des textiles (14 %) et des biens de consommation divers (10 %). Actuellement, 7 % de la production pétrolière mondiale sert à fabriquer du plastique. Moins de 10 % du plastique produit depuis l’après-guerre a été recyclé.

Du plastique partout

PHOTO NICOLAS TUCAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

On retrouverait plus de 171 000 milliards de morceaux de plastique flottant à la surface des océans.

Selon une estimation récente réalisée par le 5 Gyres Institute, une organisation non gouvernementale spécialisée dans la recherche sur la pollution par le plastique, on retrouverait plus de 171 000 milliards de morceaux de plastique flottant à la surface des océans. En 2020, des chercheurs australiens ont suggéré dans une étude qu’il pourrait y avoir 30 fois plus de plastique au fond des océans qu’en surface, soit au moins 14 millions de tonnes. Des études ont aussi démontré qu’on retrouvait des traces de plastique au sommet de l’Everest, dans le lait maternel des femmes et même dans l’estomac de dromadaires aux Émirats arabes unis.

Plastique et GES

PHOTO ADREES LATIF, ARCHIVES REUTERS

L’Agence internationale de l’énergie prévoit que les produits pétrochimiques utilisés pour la fabrication des plastiques représenteront près de 50 % de la hausse de la demande en pétrole d’ici à 2050.

En plus de polluer l’environnement, la production de plastique pourrait générer 53,5 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2050, selon le Center for International Environmental Law. Le plastique représente en quelque sorte l’angle mort des efforts internationaux pour la décarbonation. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit en effet que les produits pétrochimiques utilisés pour la fabrication des plastiques représenteront près de 50 % de la hausse de la demande en pétrole d’ici à 2050. Selon cette agence, les pays développés consomment 20 fois plus de plastique par habitant que les nations les plus pauvres.

Réduire ou recycler ?

PHOTO AZWAR IPANK, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Plus d’une cinquantaine de pays, dont le Canada, plaident pour une réduction de la production mondiale de plastique.

Plus d’une cinquantaine de pays, dont le Canada, plaident pour une réduction de la production mondiale de plastique. Mais d’autres, comme les États-Unis et l’Arabie saoudite, disent privilégier le recyclage, voulant protéger du même coup l’industrie pétrochimique. « Il ne serait pas réaliste de dire que nous devrions interdire complètement la production de plastique (du moins pas à court ou moyen terme). […] Cela dit, la solution passe évidemment par une réduction substantielle de la dépendance quotidienne à l’égard des plastiques à usage unique », a écrit Charlotte Lloyd, chercheuse en chimie environnementale à l’Université de Bristol, dans une lettre publiée récemment dans le quotidien The Guardian.

Bataille en vue au Canada

PHOTO CARLOS OSORIO, ARCHIVES REUTERS

La raffinerie d’Imperial Oil de Sarnia, en Ontario

Au Canada, une coalition d’une trentaine d’entreprises, dont Dow Chemical, Imperial Oil et Nova Chemicals, ainsi que les provinces de la Saskatchewan et de l’Alberta veulent faire annuler une décision d’Ottawa de désigner tous les produits en plastique comme étant toxiques. Depuis 2021, ceux-ci sont considérés comme nocifs pour l’environnement ou pour la diversité biologique. À partir de décembre 2023, six produits de plastique à usage unique seront interdits au pays, ce qui devrait permettre de retirer 1,3 million de tonnes des sites d’enfouissement au cours des 10 prochaines années.

Suivez les travaux de l’ONU sur la pollution plastique (en anglais)

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