Environnement, biodiversité et transition écologique

J’ai une question par rapport aux ilôts de chaleur en ville. Est-ce que quelqu’un sait si la ville légifère sur la couleur des façades de constructions nouvelles? Je trouve abérrant que plusieurs nouvelles constructions soient en briques noires, ce qui au mieux de mes connaissances, me fait croire à contribution aux ilôts de chaleur. Je cherche mais je ne trouve rien à ce sujet.

Transition énergétique Financement de 350 millions pour des parcs éoliens

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Quatre projets de parcs éoliens proposés par l’Alliance et ses partenaires ont déjà été retenus dans le cadre des plus récents appels d’offres d’Hydro-Québec, en mars, pour un total de 922 MW.

Un regroupement de plus de 200 municipalités québécoises décroche un financement de 350 millions de dollars pour la construction et l’exploitation de parcs éoliens.

Publié à 1h00 Mis à jour à 7h00

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Richard Dufour
Richard Dufour La Presse

L’Alliance de l’énergie de l’Est représente des communautés et territoires du sud-est du Québec allant de Montmagny jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine.

Le financement obtenu auprès du Mouvement Desjardins permettra aux membres de cette alliance de se qualifier pour des appels d’offres d’Hydro-Québec avec des projets d’énergie renouvelable.

Quatre projets de parcs éoliens proposés par l’Alliance et ses partenaires ont déjà été retenus dans le cadre des plus récents appels d’offres d’Hydro-Québec, en mars, pour un total de 922 MW.

La facilité de crédit de 350 millions sera notamment utilisée pour financer la contribution en capital de l’alliance dans les projets. « On parle de projets totalisant entre 2,5 et 3 milliards en coûts de construction », dit Jean-François Thériault, directeur général de l’Alliance de l’énergie de l’Est.

Ce financement est l’aboutissement de près de deux ans de discussions, souligne Mathieu Talbot, vice-président au financement corporatif chez Desjardins.

« C’est une structure de financement qui a demandé de la créativité », précise Jean-François Thériault en parlant d’un produit sculpté sous la forme d’une facilité bancaire du secteur privé s’appliquant à des entités municipales.

Le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, estime que les projets financés auront des retombées économiques « importantes ».

« Ils stimuleront à court terme l’activité économique (construction, restauration, hébergement, etc.) et des projets d’entreprises dans des communautés autochtones. À moyen et à long terme, on dégage de la capacité additionnelle qui répondra aux besoins en mégawatts pour des entreprises. »

Durable

La présentation de la solution de financement élaborée pour ces projets éoliens arrive alors que le grand patron de la coopérative de Lévis participe mercredi à une conférence dans le cadre du Sommet de la finance durable au centre-ville de Montréal.

Le grand patron du Mouvement Desjardins discutera avec l’ex-gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney de l’importance du rôle des institutions financières pour construire un avenir durable.

Mark Carney est l’envoyé spécial des Nations unies en matière d’action climatique et de finance. Il dirige la Glasgow Financial Alliance for Net Zero.

Comme d’autres grandes institutions financières, le Mouvement Desjardins adhère à cette alliance qui guide la transition vers une économie plus verte en encourageant notamment l’augmentation des investissements dans les énergies propres.

Desjardins souhaite devenir carboneutre avec ses activités de financement et d’investissement dans trois secteurs (transport, énergie et immobilier) d’ici 2040.

Le financement de projets de parcs éoliens contribue à l’ajout d’énergie renouvelable additionnelle sur le marché. « Cette énergie fera partie des activités de plusieurs entreprises qu’on finance et ça viendra réduire leur bilan carbone », dit Guy Cormier.

« C’est une question de transition et ça prend des alternatives pour réaliser une transition », ajoute Mathieu Talbot.

La Zone bleue verra bientôt le large

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La Zone bleue aura le mandat d’articuler une vision commune autour de la valorisation des ressources maritimes du fleuve Saint-Laurent et du Saguenay, qu’il s’agisse de pêche durable, d’aquaculture, d’exploitation des marais salins, de la transformation ou des biotechnologies marines.


Jean-Philippe Décarie
Jean-Philippe Décarie La Presse

Québec a lancé cette semaine la zone d’innovation de la Vallée de la transition énergétique à Shawinigan, Trois-Rivières et Bécancour, et ce devrait être bientôt au tour de Rimouski et de Grande-Rivière de devenir la prochaine zone d’innovation, responsable celle-là d’articuler le déploiement de l’économie bleue.

Mis à jour le 1er juin

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Après les sciences quantiques à Sherbrooke, les technologies numériques à Bromont et la transition énergétique dans la région de Trois-Rivières, La Zone bleue verra bientôt le large dans le Bas-du-Fleuve et en Gaspésie ; il s’agira de la quatrième zone d’innovation désignée par le gouvernement du Québec.

La Zone bleue aura le mandat d’articuler une vision commune autour de la valorisation des ressources maritimes du fleuve Saint-Laurent et du Saguenay, qu’il s’agisse de pêche durable, d’aquaculture, d’exploitation des marais salins, de la transformation ou des biotechnologies marines.

Cette nouvelle zone d’innovation veillera aussi au développement des technologies maritimes, de la navigation et à l’utilisation optimale des infrastructures, telles que les grands ports de mer, les chantiers maritimes avec le développement accéléré de celui de la Davie à Lévis ou celui des Méchins, racheté par le Groupe Océan.

Martin Beaulieu, qui était depuis 2014 le président de la Société de promotion économique de Rimouski, devient officiellement ce jeudi le président de La Zone bleue.

PHOTO IFTEN REDJAH, FOURNIE PAR LA ZONE BLEUE

Martin Beaulieu

« C’est un projet qui se développe de façon informelle depuis quelques années déjà. On travaillait déjà avec la Corporation de développement économique de Grande-Rivière pour favoriser le développement de l’économie bleue autour de nos forces communes dans les secteurs maritimes et de la pêche », explique Martin Beaulieu.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, également responsable du Développement économique régionale, a lancé le concept des zones d’innovation en février dernier dans le but de regrouper dans un même environnement les acteurs de la recherche, de l’industrie, du milieu de l’enseignement et de l’entrepreneuriat pour développer les avantages concurrentiels et l’innovation des entreprises autour d’un secteur de niche.

Le fleuve Saint-Laurent, le Saguenay, l’accès à la mer, la pêche qu’on y pratique, les nouveaux produits que l’on y expérimente et le fait que près de 90 % des biens de consommation dans le monde sont acheminés par bateau sont à la base de l’économie bleue.

« On parle d’économie bleue, mais c’est une économie que l’on veut verte en trouvant des solutions pour réduire les émissions de GES et des techniques utilisant l’intelligence artificielle pour combattre l’érosion des berges, notamment », explique Martin Beaulieu, titulaire d’un doctorat en sciences de l’alimentation.

Des mandats spécifiques

Rimouski a développé une forte expertise dans le domaine maritime qui repose sur une base historique importante. On y retrouve l’Institut maritime du Québec et l’Institut des sciences de la mer, en plus de l’Institut Maurice-Lamontagne à Mont-Joli.

« On a plus de 600 chercheurs dans la région de Rimouski et plus d’une centaine en Gaspésie. On a établi Novarium à Rimouski, un campus d’innovation qui accueille une cinquantaine de jeunes pousses et d’entreprises qui travaillent au développement de l’économie bleue avec des recherches sur les biocarburants ou l’utilisation de l’IA pour détecter les baleines.

« À Grande-Rivière, en Gaspésie, on a un budget de 33 millions pour construire un centre spécialisé dans la capture, la transformation et l’aquaculture et qui assurera des services d’accompagnement d’entreprises. On veut cesser d’exporter toutes nos prises et de consommer des produits de la mer qui sont importés », explique Martin Beaulieu.

L’activité maritime sur le Saint-Laurent et le Saguenay implique un millier d’entreprises et génère des retombées annuelles de 2,5 milliards. L’objectif avoué de La Zone bleue est de faire passer la contribution du secteur maritime de 0,6 % du PIB à 1,6 % d’ici cinq à dix ans.

Les ambitions du gouvernement fédéral sont encore plus grandes puisqu’Ottawa souhaite quintupler la contribution du secteur maritime canadien dans les 25 prochaines années.

Quand Martin Beaulieu espère-t-il obtenir la désignation officielle de zone d’innovation ?

« Je pense qu’on devrait être en mesure de devenir la prochaine zone d’innovation d’ici l’automne prochain », anticipe-t-il. Une prédiction qui risque bien de se réaliser quand on sait que le projet peut compter sur un allié de taille.

Dans le résumé de son livre Cap sur le Saint-Laurent, publié en 2013, l’aspirant premier ministre François Legault disait souhaiter faire de la vallée du Saint-Laurent « un lieu où innovation, éducation de haut niveau et entrepreneuriat se donnent la main pour créer un extraordinaire dynamisme économique ».

Ce qui résume, vous en conviendrez, de façon assez claire le concept de La Zone bleue.

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Batteries vertes, « gaz brun »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Énergir fait des démarches pour agrandir sa capacité gazière dans le parc industriel de Bécancour pour desservir les entreprises de la filière des batteries qui viendront s’y installer.

Le gouvernement Legault veut fabriquer les composants de batteries « les plus verts du monde », mais leur construction consommera du gaz naturel polluant, notamment parce que la « capacité électrique actuelle est limitée ». Une situation dénoncée par Québec solidaire et qui fait réagir un expert en énergie.

Publié à 1h18 Mis à jour à 5h00

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Charles Lecavalier
Charles Lecavalier La Presse

Énergir fait en effet des démarches pour agrandir sa capacité gazière dans le parc industriel de Bécancour pour desservir les entreprises de la filière des batteries qui viendront s’y installer. « Ce projet contribuera […] au développement d’une industrie québécoise des batteries en assurant à d’éventuels clients de se raccorder au réseau d’Énergir », plaide le fournisseur de gaz dans un document remis à la Régie de l’énergie.

Elle demande une autorisation rapide pour pouvoir y livrer du gaz dès l’automne, destiné au chauffage d’une usine en construction. Rappelons que le gouvernement Legault a annoncé lundi dernier que General Motors produira des matériaux de batteries au Québec dès 2025 dans le parc industriel de Bécancour, grâce à une aide publique de 300 millions.

Lisez l’article « Filière québécoise des batteries : Québec et Ottawa offrent 300 millions à General Motors »

Les plus vertes « au monde »

« Pendant qu’on vend notre électricité aux États-Unis, on utilise du gaz naturel. On est très étonné du peu d’intérêt du gouvernement par rapport à nos obligations climatiques », dénonce le député de Québec solidaire Haroun Bouazzi en entrevue avec La Presse.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le député de Québec solidaire Haroun Bouazzi

À ce moment, le ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, ne mentionnait pas l’usage du gaz naturel. « Grâce à ses ressources naturelles, ses talents et son énergie renouvelable, le Québec attire des géants de l’électrification. […] C’est ici qu’on va fabriquer les composants de batterie les plus verts au monde », se vantait-il.

M. Bouazzi dénonce ce qu’il estime être un manque de transparence de la part du ministre. « On ne peut pas en 2023 augmenter notre impact de GES en le cachant à la population », dénonce-t-il.

Énergir estime que les entreprises de la filière des batteries consommeront à terme, dans le parc industriel de Bécancour, 30 millions de mètres cubes de gaz naturel.

Ce n’est pas juste une contribution nulle, c’est une contribution négative avec cette connexion de 50 000 tonnes de CO2, l’équivalent des émissions de la population de Chicoutimi.

Haroun Bouazzi, député de Québec solidaire

Et les émissions pourraient être encore plus importantes, car Énergir « projette un volume total de 53 millions de mètres cubes » à plus long terme.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le siège social d’Énergir, à Montréal

Le ministère de l’Économie est au courant de l’usage du gaz naturel par la filière des batteries. La sous-ministre adjointe à l’Économie, Dominique Deschênes, est même intervenue en faveur d’Énergir auprès de la Régie de l’énergie. Dans une lettre, elle appuie le projet de prolongement du réseau de gaz à Bécancour. « Puisque la capacité électrique actuelle est limitée, que certains procédés industriels ne peuvent pas techniquement être électrifiés ou nécessitent du gaz naturel comme intrant et que la redondance et la fiabilité sont essentielles à leurs opérations, le prolongement de l’infrastructure de gaz naturel s’avère nécessaire », écrit-elle.

L’attaché de presse de Pierre Fitzgibbon, Mathieu St-Amand, tient le même discours. Il affirme qu’il n’est pas judicieux de chauffer des bâtiments industriels avec de l’hydroélectricité. « Les projets comme celui annoncé lundi seront majoritairement alimentés à l’hydroélectricité », indique Mathieu St-Amand. Il estime que l’on peut « aisément spéculer que de produire des batteries à faible intensité carbone contribue positivement aux efforts de lutte aux GES de façon globale ».

Contradictions

Au contraire, le député Haroun Bouazzi estime que le gouvernement Legault et le ministère de l’Économie agissent en complète contradiction avec les objectifs environnementaux du Québec, qui vise la carboneutralité en 2050, et avec leur propre plan vert.

Le Plan pour une économie verte stipule en effet que les nouveaux projets industriels devraient « établir des installations compétitives et vertes » et que la construction de ces usines doit « intégrer des équipements plus efficaces sur le plan énergétique et qu’elles privilégient un approvisionnement en énergies renouvelables ».

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre François Legault, lors de l’annonce des investissements à Bécancour, le 29 mai dernier. Il est accompagné du président de POSCO Future M, Chi Gyu Cha, et de la présidente de GM Canada, Marissa West.

L’expert en énergie et professeur à HEC Montréal Pierre-Olivier Pineau estime qu’il est « problématique de prolonger un réseau au gaz naturel pour de nouvelles installations ». La seule façon de rendre acceptable cette pratique serait de prendre un « engagement ferme de décroissance de la consommation de gaz fossile » en faisant décroître la consommation de gaz naturel ailleurs. Il estime également que le chauffage des bâtiments « ne devrait se faire ni à l’électricité ni au gaz naturel ».

Les nouveaux bâtiments devraient être des bâtiments passifs, avec des enveloppes thermiques tellement performantes qu’aucun besoin de chauffage n’est nécessaire. Ils existent et sont rentables à long terme, mais ne sont ni imposés par la réglementation ni dans la culture actuelle.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

Il critique également que les composants produits par cette usine soient destinés à de grosses voitures électriques, comme le Hummer. « On est peut-être en train de construire et de subventionner des installations complètement superflues et inutiles pour la transition énergétique. Nous devons avant tout investir dans une mobilité durable, pas dans des flottes de gros véhicules électriques », déplore-t-il.

Hummer électrique

Cette critique est aussi faite par Haroun Bouazzi, de Québec solidaire. Il estime que le gouvernement devrait plutôt miser sur l’électrification du transport collectif, et que le coût des aides publiques – près de 300 millions – n’est pas justifié par le nombre d’emplois créés, soit 200, et la production de grosses voitures électriques pesantes et énergivores. « Ce n’est pas brillant », laisse-t-il tomber.

Jean-Pierre Finet, analyste pour le Regroupement des organismes environnementaux en énergie, estime que les installations des fabricants de composants de batteries auraient pu être électrifiées à 100 %. Or, ils ont plutôt choisi de polluer, a-t-il déploré. « Ce sera des batteries vertes produites avec du gaz brun. »

De son côté, Énergir assure que les entreprises auront le choix d’acheter, si elles le désirent, du gaz naturel renouvelable. Or, contrairement aux particuliers et à la classe affaires, les nouveaux clients industriels d’Énergir n’ont aucune obligation d’en acheter.

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Planète bleue, idées vertes Recycler les fonds vaseux du fleuve ? Oui, mais…

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

De 2000 à 10 000 tonnes de sédiments sont dragués à Montréal chaque année.

Super navires de croisières, cargos de plus en plus gros, concurrence internationale féroce ; les ports partout dans le monde doivent racler le fond de leur chenal chaque année pour permettre d’accoster. C’est ce qu’on appelle le dragage. Il en ressort des tonnes de sédiments, une sorte de vase, communément appelée de la boue. Elle termine la plupart du temps sa course dans des sites d’enfouissement.

Mis à jour hier à 11h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Une partie de la France est toutefois en train de donner un solide coup de barre à ce gaspillage en confiant à une entreprise le mandat de recycler la vase issue du dragage. L’objectif est de la réintégrer dans des matériaux de construction, comme le béton ou le ciment.

« Dans un premier temps, elle sera utilisée pour les travaux de voirie. Avec le temps et la recherche, on espère pouvoir l’utiliser pour fabriquer des bâtiments », a fait valoir lors d’une annonce officielle Robert Huet, de l’entreprise Eqiom, mandataire du gouvernement français.

Chaque année, 8500 kilomètres de voies fluviales sont dragués en France**,** générant 50 millions de mètres cubes de vase. Parvenir à la recycler permettrait de produire jusqu’à 40 000 tonnes de béton chaque année, selon les prévisions d’Eqiom.

C’est astronomique, la quantité de vase draguée là-bas [en France]. Ils ont des voies maritimes, des canaux, les rivières. Les opérations ont des coûts qui peuvent se chiffrer dans les millions.

Émilien Pelletier, chimiste et professeur émérite à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski

Le port de Sorel-Tracy a tenté une expérience en récupérant les boues du dragage de la marina de Saurel pour les façonner en terre-pleins destinés au parc industriel. C’était en 2005. L’opération a permis de revaloriser 5000 mètres cubes. Cependant, la transformation a créé une « zone dite contaminée » puisque les sédiments auraient d’abord dû être assainis, selon la réglementation canadienne.

Pour « de petits projets, ça peut toujours aller », mais la Société des parcs industriels Sorel-Tracy (SPIST) est à la recherche d’autres façons pour disposer de ses fonds vaseux, explique sa directrice, Nancy Annie Léveillée. Le port de cette région est le septième en importance au Canada. Selon les quais, un dégagement minimal des fonds de 8,3 à 11,2 mètres est nécessaire aux navires. Le dragage est « incontournable », ajoute-t-elle.

Dragage d’entretien ou d’expansion

PHOTO ANDREW CABALLERO-REYNOLDS, ARCHIVES BLOOMBERG

Ponton de dragage dans le nord de Chypre

Mathieu Saint-Pierre est président-directeur général de la Société de développement économique du Saint-Laurent. L’organisation chapeaute tous les ports longeant le fleuve. Il rappelle que 80 % de ce qu’on consomme provient du transport maritime, que ce soit la nourriture ou les produits de consommation – vêtements, meubles, appareils électroniques, jouets, équipements sportifs, etc.

Il existe essentiellement deux types de dragage : celui d’entretien, comme au port de Sorel-Tracy, et celui – très controversé – pour permettre l’expansion, comme le projet du site Contrecœur du Port de Montréal. Avec la cible d’accueillir 1,15 million de gros conteneurs. À Montréal, de 2000 à 10 000 tonnes sont draguées chaque année. M. Saint-Pierre estime qu’il faut obtenir une « acceptabilité sociale ». Il y a également un grand défi à relever pour améliorer les connaissances et approfondir la recherche scientifique, dit-il.

Il cite le port de New York, où 21 contrats de dragage ont été attribués pour dégager le fond marin jusqu’à 50 pieds. Pas moins de 52 millions de mètres cubes de boue ont été récupérés. Cette boue a permis de restaurer les marécages des îles de la baie de la Jamaïque et le Lincoln Park, au New Jersey, ce qui a calmé en partie la grogne des environnementalistes.

« Les travaux à New York en ont fait le plus grand port de la côte est de l’Amérique du Nord. Les études le démontrent, il est envisageable au Québec de réutiliser les sédiments. On peut penser au remblaiement dans le domaine de la construction, aussi pour la stabilisation des berges. Il faut revoir notre approche, obtenir concertation auprès du gouvernement. »

Le dragage pourrait tout à fait diminuer la pression économique grâce à l’utilisation des sédiments en génie civil, sur les terres agricoles.

Mathieu Saint-Pierre, président-directeur général de la Société de développement économique du Saint-Laurent

L’expert de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski Émilien Pelletier a consacré une partie de sa carrière à l’écotoxicologie marine. Il explique qu’à l’heure actuelle, les sociétés portuaires québécoises sont réduites à deux options. La première consiste à relâcher les sédiments en aval. L’autre se résume à charger la vase sur des barges pour la transporter par camions jusqu’à l’enfouissement.

« Les coûts sont déjà très élevés pour l’enfouissement. Théoriquement, chimiquement et biologiquement, c’est donc très possible de recycler les sédiments. La boue ne devient ni plus ni moins que de l’argile une fois traitée, ce n’est pas riche en carbone, ça pourrait minimalement consolider des sols. »

Le dragage au Québec

30 infrastructures portuaires au Québec et une voie navigable de 3700 kilomètres (du lac Supérieur à l’océan Atlantique)

PHOTO FOURNIE PAR LE GROUPE OCÉAN

Le navire Océan Traverse Nord réalise du dragage de la voie navigable du Saint-Laurent.

3 types de dragage

  • Dragage d’entretien des chenaux de navigation et des aires portuaires
  • Dragage d’approfondissement ou de capitalisation
  • Dagage de restauration de sites à forte pollution (plus rare)

500 000 m3

Quantité de sédiments dragués au Québec chaque année. De cette quantité, de 50 000 à 100 000 m3 sont dragués sur la Traverse du Nord (nord de L’Isle-aux-Grues).

Source : Université du Québec à Rimouski, Gestion et valorisation des sédiments de dragage au Québec. Julien Dionne Lavoie, 2018

Incendies de forêt Des images dangereusement belles

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le lever du soleil était spectaculaire, mardi matin, au-dessus de l’île Sainte-Thérèse, à Pointe-aux-Trembles.


Patrick Lagacé
Patrick Lagacé La Presse

Ce n’est pas la première fois qu’on le remarque : quand les forêts brûlent, les astres sont magnifiques. Le soleil, lundi soir, était d’un orange fluo aux contours flous. Mardi matin, il était encore anormalement magnifié.

Publié à 1h41 Mis à jour à 5h00

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Lundi, au café, c’est comme si on avait appliqué aux fenêtres un filtre de couleur : l’extérieur semblait jauni artificiellement, gracieuseté des particules fines qui nous parviennent des nombreux chemins des incendies.

Ces mêmes particules fines changent la vision qu’on peut avoir du monde jusqu’à New York où, semble-t-il, le smog québécois a coloré le ciel, lundi soir. Encore là, les photos sont magnifiques… Même si l’atmosphère du Nord-Est américain est polluée comme elle ne l’avait pas été depuis 2019.

Certains parlent de ces images dangereusement belles comme celles de la fin du monde. C’est sans doute le signe de la fin d’un monde : chaque été ou presque depuis des années, on bat un record de chaleur établi l’été précédent. Le nouveau monde sera beaucoup moins tempéré. Comme le veut l’adage inventé par je ne sais qui : Ne dites pas que cet été est chaud, dites que c’est le plus frais des années à venir…

Ces incendies de forêt sont-ils un effet indéniable des changements climatiques ? Les scientifiques le disent et le répètent : il est difficile de prendre un évènement et de dire : voilà, c’est lié au réchauffement de la planète… Ce qu’ils disent, c’est que les évènements climatiques extrêmes vont se multiplier, à cause du réchauffement climatique.

Ce qui se passe au Québec est-il « extrême » ? On dirait bien. Il y a deux ans, un record canadien de chaleur a été établi à Lytton, en Colombie-Britannique : 49,6 ˚C, dans un contexte de « dôme de chaleur ». Quelques jours plus tard, le village de Lytton était rasé par un gigantesque incendie de forêt. Bonjour le symbole…

Je sais, je sais : il faut « combattre » les changements climatiques. L’ennui, c’est encore et toujours le manque de volonté politique. Ici et ailleurs. Ça, c’est la version courte.

La version longue, c’est que la volonté politique n’est que la queue du chien. Le chien, c’est nous. Nous, qui votons. Nous, qui donnons de la légitimité à nos gouvernants. Le chien choisit de quel bord sa queue remue, je veux dire que nos priorités imposent celles des partis politiques qui sollicitent nos votes…

L’environnement, le climat ? Loin, ben, ben loin derrière les baisses de taxes et d’impôts, l’accès aux soins de santé, combler les nids-de-poule et tout ce qui constitue l’essentiel du buffet électoral.

L’environnement, le climat ? C’est la priorité… numéro 28.

Si vous en doutez, répondez à cette question : y a-t-il un gouvernement dans ce pays, au provincial ou au fédéral, qui depuis 20 ans a été défait sur la question de l’environnement, du climat ?

Réponse, et je veux bien être contredit : non… Au contraire.

Prenez la CAQ. Le parti de François Legault a fait campagne sur un programme et des promesses électorales dénués de toute ambition en matière de climat. Pas grave, il a remporté une super majorité de 90 députés.

Prenez l’Alberta. La candidate conservatrice a été élue première ministre en promettant de combattre tout ce que le fédéral pourrait être tenté d’imposer comme mesure de réduction des gaz à effet de serre.

Prenez le gouvernement fédéral. Le Parti libéral du Canada se pose en champion climatique. Son ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a été pendant une génération le visage de la lutte contre les changements climatiques, celui qui alertait sur les dangers du réchauffement et qui a même escaladé la tour du CN pour y accrocher une bannière : CANADA AND BUSH-CLIMATE KILLERS…

Devenu ministre, Steven Guilbeault a autorisé le projet de forage pétrolier en mer de Bay du Nord – depuis mis sur pause –, au large de Terre-Neuve.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique

Devenu ministre, Steven Guilbeault a donné son aval à l’extraction d’un milliard de barils de pétrole du fond marin. Cent mille personnes pourraient abandonner leur char pour un BIXI demain matin, ça ne compensera pas ce milliard de barils de pétrole.

C’est pourtant une équation assez simple : plus on va creuser pour sortir du gaz et du pétrole de terre, moins les énergies propres seront attrayantes pour les investisseurs, plus elles tarderont à s’imposer. M. Guilbeault connaît ce principe, il pourrait parler de cela pendant des heures sans regarder ses notes.

M. Guilbeault aurait pu démissionner plutôt que d’autoriser ce milliard de barils, comme un ministre français de l’Environnement tanné d’avaler des couleuvres l’a fait, il y a quelques années. Mais M. Guilbeault semble être un grand amateur de tartare de couleuvres.

Alors on peut blâmer le politique. Je le fais. On peut blâmer les individus dans les postes de responsabilité. Je le fais.

Mais il faut que nous, citoyens, fassions quand même un examen de conscience : si M. Guilbeault a pu donner le feu vert à un projet qui va ajouter un milliard de barils de pétrole au bilan carbone du Canada, c’est surtout parce qu’il n’y a pas de prix politique à payer pour une telle décision.

L’environnement, le climat, c’est magnifique pour la page couverture du plan de marketing politique. Mais ce n’est pas payant politiquement. Et ça, ce n’est ni la faute de Steven Guilbeault ni celle de tous les ministres de l’Environnement depuis trois décennies ainsi que leurs premiers ministres, non, c’est la faute de ceux qui votent. Notre faute.

Tant qu’il n’y aura pas de prix politique à payer pour les demi-mesures climatiques, on va continuer à affronter la crise climatique avec des demi-mesures politiques.

Les demi-mesures sont « payantes » depuis plus de 30 ans, depuis le Sommet de Rio qui a imposé le climat aux consciences et dans la sphère publique.

Et je doute que l’odeur des forêts qui brûlent change quoi que ce soit à cette réalité, pas plus que les images dangereusement belles qui en découlent.

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Rejet d’une demande d’appel en Cour suprême Une autre victoire pour la rainette faux-grillon

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

La décision du plus haut tribunal au pays met fin à une autre saga juridique entourant la rainette faux-grillon.

Mine de rien, la plus petite des grenouilles au Québec vient de remporter en quelque sorte une deuxième victoire en trois ans devant la Cour suprême du Canada.

Mis à jour hier à 16h52

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Le plus haut tribunal au pays a en effet rejeté jeudi une autre demande d’un promoteur immobilier qui contestait le décret d’urgence pris par Ottawa en 2016 pour protéger la rainette faux-grillon, une espèce menacée. Des groupes environnementaux se réjouissent de la décision qui confirme ainsi que la décision du gouvernement fédéral ne constituait pas une expropriation déguisée.

La décision de la Cour suprême met fin à une autre saga juridique entourant la rainette faux-grillon de l’Ouest, une minuscule grenouille mesurant moins de 3 cm, menacée d’extinction. Rappelons qu’Ottawa avait adopté un décret d’urgence en 2016 afin de protéger l’espèce à La Prairie, menacée par un important projet de lotissement.

Un promoteur, Groupe Maison Candiac, avait d’abord contesté jusqu’en Cour suprême la validité du décret fédéral. En décembre 2020, la Cour suprême avait refusé la demande de l’entreprise qui contestait une décision de la Cour d’appel du Québec rejetant tous les arguments du promoteur.

De leur côté, les promoteurs du projet de lotissement Symbiocité à La Prairie ont choisi une autre voie pour contester le décret fédéral. D’emblée, les entreprises 9255-2504 Québec inc., 142 550 Canada inc. et Grand Boisé de La Prairie inc. ont décidé de ne pas contester la validité du décret, mais ont plutôt soutenu qu’Ottawa était dans l’obligation de leur verser une compensation puisque son entrée en vigueur les a empêchés de réaliser les dernières phases de leur projet immobilier.

Leurs arguments ont d’abord été rejetés par la Cour fédérale dans une décision rendue en janvier 2020. En mars 2022, la Cour d’appel fédérale a confirmé la décision rendue en première instance. Comme elle a l’habitude, la Cour suprême n’a pas justifié jeudi son refus d’entendre l’appel des promoteurs dans ce dossier.

La décision a réjoui la Société pour la nature et les parcs (SNAP) et le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE). Elle confirme selon ces deux organisations que « la protection des habitats [des espèces en péril] ne peut être assimilée à une expropriation déguisée ».

« C’est une bonne nouvelle pour les espèces en péril, lance Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec. Ce jugement consolide la légitimité d’agir du gouvernement fédéral. » Une bonne nouvelle qui cache cependant une ombre au tableau, estime M. Branchaud.

Selon lui, les décisions de la Cour fédérale et de la Cour d’appel fédérale mettent en lumière des lacunes importantes dans la mise en œuvre de l’article 64 de la Loi sur les espèces en péril. Cet articule stipule en effet que le ministre responsable peut verser une indemnité après l’adoption d’un décret d’urgence, mais que le gouvernement doit avoir un règlement pour encadrer le versement d’une éventuelle indemnité. Or, un tel règlement n’existe pas à l’heure actuelle.

Dans sa décision rendue en janvier 2020, le juge René LeBlanc, de la Cour fédérale, écrivait que « la défenderesse, d’ailleurs, aurait tort d’interpréter le présent jugement comme si l’affaire était entendue, en ce sens qu’elle est réglée et ne requiert plus aucune action ; elle devra, plus tôt que tard, si elle ne veut pas s’exposer à d’autres recours, trouver une façon d’aller au bout de ce que le Parlement souhaitait pour la protection des espèces en péril au Canada ».

Selon Alain Branchaud, ce passage est une invitation claire pour Ottawa de se doter d’un tel règlement, ce qui ne l’obligerait pas de verser une compensation, estime-t-il, mais qui permettrait de remplir les obligations prévues à la Loi sur les espèces en péril.

La Presse a tenté sans succès de joindre les entreprises concernées par la décision de la Cour suprême.

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Actualités

Incendies de forêt A-t-on perdu la maîtrise du feu ?

PHOTO TYLER HICKS, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Incendie de forêt survenu en mai 2016 à Fort McMurray, en Alberta

Le feu est assurément une des grandes découvertes de l’histoire de l’humanité. Mais en a-t-on perdu la maîtrise ? C’est la question qu’on se pose à la lecture de Fire Weather, ouvrage de John Vaillant, selon qui les incendies de forêt sont de plus en plus incontrôlables, en plus de rejeter quantité de CO2 dans l’air. Entrevue.

Publié à 0h48 Mis à jour à 5h00

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André Duchesne
André Duchesne La Presse

Pour l’auteur et journaliste américano-canadien John Vaillant, les incendies de forêt suivent les mêmes schémas de croissance que les grandes entreprises de ce monde comme Standard Oil, Walmart et Amazon. « Lorsqu’ils ont atteint une certaine taille, ces incendies sont en mesure de dicter leurs propres conditions à travers le monde, dit-il. Même si cela détruit l’écosystème qui leur a permis de devenir si puissants. »

Percutante, la métaphore renvoie au concept général de son essai Fire Weather, selon lequel la surconsommation des énergies fossiles se retourne contre les humains, notamment par l’entremise des changements climatiques et d’un assèchement accéléré des forêts.

Il n’y a donc pas d’ironie ni de coïncidence dans le fait que l’ouvrage de M. Vaillant arrive en librairie alors que le Québec, la Nouvelle-Écosse et d’autres régions du Canada sont aux prises avec d’importants brasiers forestiers. « Nous sommes dans une tendance, dit-il en entrevue téléphonique avec La Presse depuis Portland, en Oregon. Ce qui se passe actuellement s’inscrit dans la continuité. C’est commencé depuis le début des années 2000. »

Le très grave incendie survenu en mai 2016 à Fort McMurray, en Alberta, est au cœur de la démonstration extrêmement détaillée, tant d’un point de vue scientifique qu’historique, de l’ouvrage. Mais il n’y a pas que celui-là. John Vaillant nous renvoie à l’incendie dévastateur de Slave Lake, en Alberta (2001), à celui de Lytton, en Colombie-Britannique (2021) ou à ceux d’Australie et de Californie survenus dans les dernières années.

« Les mauvais effets du brûlage massif du pétrole nous rattrapent, estime M. Vaillant. On a surchargé l’atmosphère et les mers de CO2. Notre maîtrise du feu nous a permis d’atteindre la prospérité et un bien-être enviables et jamais vécus auparavant par un aussi grand nombre de gens. C’est bien. Mais ce qui ne l’est pas est que chaque fois que l’on brûle quelque chose, on produit des émissions polluantes. »

Et le Québec aussi…

Or, au fil des ans, les scientifiques ont noté un assèchement progressif des forêts, poursuit M. Vaillant. Celles-ci deviennent chaque jour plus susceptibles de s’embraser, ne serait-ce qu’au passage d’un train dont le frottement des roues sur les rails crée des étincelles.

PHOTO FOURNIE PAR L’AUTEUR

John Vaillant

L’Alberta est devenue une véritable poudrière, dit-il à cet effet. Et c’est aussi le cas au Québec, où l’on trouve un système forestier très semblable et qui s’assèche. Si vous parlez à n’importe quel hydrologiste forestier, il vous dira que cette tendance à l’assèchement est en cours depuis des décennies.

John Vaillant

Joint par La Presse, Christian Messier, ingénieur forestier et professeur d’écologie forestière à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université du Québec en Outaouais, explique que cette situation est attribuable aux printemps hâtifs, où les arbres feuillus n’ont pas le temps de jouer un de leurs rôles. « Plus il y a de feuillus dans une forêt et plus la susceptibilité au feu diminue. Car leurs feuilles ne brûlent pas bien, contrairement aux aiguilles de conifères pleines de résine », dit ce dernier, qui a récemment publié une lettre ouverte sur nos plateformes pour une intervention plus forte des gouvernements sur la gestion de la forêt.

Lisez la lettre ouverte de Christian Messier

Il précise toutefois que certaines régions du Québec et du Canada seront plus enclines que d’autres à être vulnérables au feu, et ce, en raison de la variabilité des conditions météo qu’entraînent les changements climatiques. « Les risques vont être plus élevés dans l’ouest que dans l’est du Canada et dans l’ouest du Québec [là où on trouve des incendies aujourd’hui] que dans l’est », estime M. Messier.

Lorsqu’on signale ses qualités de vulgarisateur à John Vaillant, ce dernier indique avoir voulu se mettre dans la peau de monsieur et madame Tout-le-Monde. « Les scientifiques intéressés par le climat, qui s’inquiètent profondément des changements dans le monde, du sort de la planète, ne sont pas nécessairement de bons conteurs », dit-il sans un gramme de méchanceté. « Alors, j’ai essayé de les comprendre, comme une personne normale, et de synthétiser leur science pour des personnes comme vous et moi. »

Une collision frontale

Né aux États-Unis, vivant à Vancouver et ayant la double nationalité canado-américaine, John Vaillant en est à son quatrième ouvrage avec Fire Weather. Lauréat d’un prix du Gouverneur général du Canada pour son livre The Golden Spruce, il voit un lien entre chacun de ses ouvrages.

« Comme tous les autres, mon nouveau livre s’intéresse à la collision entre l’ambition humaine et la nature, dit-il. Mais il a été fait dans une urgence que les autres n’avaient pas. Il est le seul à s’intéresser à des évènements actuels et qui se déroulent à une vitesse folle. Cette collision entre nature sauvage et civilisation risque de libérer une immense énergie, comme si deux plaques tectoniques se broyaient l’une l’autre. »

Fire Weather

John Vaillant

432 pages

En savoir plus

  • Imprévisible feu
    Les volcans peuvent être dévastateurs, mais ils sont fixés dans l’espace géographique et donnent généralement l’alerte ; les armes nucléaires sont également dévastatrices, mais elles sont régies par des traités internationaux et déclenchées intentionnellement par des êtres humains. Le feu est différent : il a son propre programme qui se manifeste comme quelque chose qui s’apparente à la volonté, et il est aidé, souvent involontairement, par les êtres humains. L’incendie de Chisholm a été déclenché par une étincelle provenant du passage d’un train de marchandises.

extrait de fire weather (traduction libre)

À ses débuts…
Les conséquences de la combustion de millions d’années d’énergie fossile accumulée en l’espace de quelques décennies seront permanentes et dramatiques. Les effets influenceront tout ce qui compte de plus de manières que nous ne pouvons l’imaginer dans un avenir prévisible et probablement bien plus longtemps. À la lumière de ce qui précède, il est presque insupportable de considérer que notre bilan en matière de CO2 industriel n’en est qu’à ses débuts et que les générations futures porteront ce fardeau bien plus lourdement que nous ne le faisons aujourd’hui.

extrait de fire weather (traduction libre)

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Rio Tinto plante son drapeau à la Baie-James

PHOTO RONNY HARTMANN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le lithium sert d’intrant dans la fabrication de cathode, le pôle positif de la batterie lithium-ion d’une voiture électrique. La cathode représente environ 40 % du coût d’une cellule.

La ruée vers le lithium que connaît la Baie-James vient d’attirer un acteur majeur. Rio Tinto, deuxième société minière en importance dans le monde derrière BHP, investira 65 millions dans une dizaine de propriétés lithium du Nord-du-Québec. Pour la multinationale, le Québec vient s’ajouter à ses projets de lithium aux côtés de pays comme la Serbie et l’Argentine.

Publié à 1h30 Mis à jour à 7h00

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André Dubuc
André Dubuc La Presse

Le géant minier fait de l’exploration à la recherche de lithium à différents endroits dans le monde. Il a des projets en Argentine et en Serbie. Ce dernier est toutefois bloqué par la population locale depuis janvier 2022.

« La convention d’option conclue entre Rio Tinto et Midland permettra à la société d’accéder à de nouvelles cibles d’exploration de lithium dans la région de la Baie-James », a déclaré un porte-parole de Rio Tinto dans un courriel.

Il s’agit, selon nos informations, d’une première entente commerciale pour un projet d’exploration de lithium au Canada pour Rio Tinto.

« Rio Tinto est fier du travail qu’il accomplit au Canada – que nous considérons comme l’une des meilleures juridictions minières au monde – et nous pensons que le Québec offre de bonnes occasions de continuer à développer nos activités. »

Mercredi, Exploration Midland a annoncé son entente avec Rio Tinto Exploration Canada. L’accord porte sur 10 propriétés totalisant 2009 claims et couvrant une superficie de plus de 1000 kilomètres carrés. Ces propriétés incluent Mythril-Corvette, Mythril-Est, Mythril-Chisaayuu, Galinée, Moria, Shire, Komo, Warp, Sulu et Picard.

Rio Tinto peut acquérir 50 % des propriétés d’ici 5 ans à la condition notamment d’y dépenser 14,5 millions en exploration.

Après avoir acquis une participation initiale de 50 % dans les propriétés, Rio Tinto aura la possibilité d’augmenter sa participation à 70 % dans les 5 ans suivant l’exercice de la première option, à la condition d’y dépenser 50 millions en exploration. En tenant compte des paiements en espèces versés à Midland, l’investissement totalise 65,5 millions.

Il a été impossible de parler à Gino Roger, président de Midland.

Une reconnaissance pour les compagnies locales

Les propriétés sont actuellement détenues à 100 % par Midland et sont situées près d’importants gîtes de lithium telle sa propriété Mythril-Corvette qui se trouve dans le voisinage de Corvette appartenant à Patriot Battery Metals. Ses autres propriétés sont localisées près de Moblan (Sayona-Soquem), Adina (Winsome Resources), Whabouchi (Nemaska Lithium) et James Bay Lithium (Allkem), tous situés dans la région d’Eeyou Istchee Baie-James au Québec.

La nouvelle n’est pas passée inaperçue à la Baie-James. « C’est super intéressant, s’exclame Jean-Marc Lulin, président et chef de la direction d’Exploration Azimut, qui détient notamment des baux miniers avec SOQUEM sur la propriété Galinée qui jouxte Adina où une importante découverte de lithium a été effectuée par la société australienne Winsome Resources.

« Ça fait 30 ans que je travaille à la Baie-James, poursuit le géologue. C’est une dynamique qui est en train de se mettre en place qui est absolument enthousiasmante. »

C’est extraordinaire de voir la Baie-James qui est en train d’émerger et qui attire le regard de majeures à l’échelle mondiale pour une substance qui est très en demande et qui va pouvoir alimenter au Québec la filière énergétique qui se met en place.

Jean-Marc Lulin, président et chef de la direction d’Exploration Azimut, très active dans le Nord-du-Québec

Le lithium sert d’intrant dans la fabrication de cathode, le pôle positif de la batterie lithium-ion d’une voiture électrique. La cathode représente environ 40 % du coût d’une cellule.

« C’est une marque de reconnaissance envers les compagnies juniors qui font les travaux d’exploration au quotidien sur le territoire québécois, se réjouit pour sa part Guy Bourgeois, directeur général de l’Association de l’exploration minière du Québec (AEMQ). [Rio Tinto] reconnaît cette expertise via les Québécois qui le font depuis de nombreuses années et qui ont eu du succès dans le passé. »

Pour lui, l’annonce se démarque par l’importance des sommes en jeu et par l’engagement à long terme (possiblement 10 ans) de la multinationale.

La région de la Baie-James connaît une ruée vers le lithium alimentée par des découvertes majeures sur des propriétés comme Adina de Winsome Resources et Corvette de la part de Patriot Battery Metals.

Stratégie lithium de Rio Tinto

Les signes de l’intérêt que porte le géant minier à l’égard du lithium québécois se multiplient depuis 18 mois.

Lundi dernier, le ministre fédéral François-Philippe Champagne annonçait la signature d’une entente de collaboration avec Rio Tinto visant à soutenir les objectifs de la Stratégie canadienne sur les minéraux critiques, dont le lithium.

La Stratégie, qui a été lancée en décembre 2022, dispose d’une enveloppe de 3,8 milliards de dollars. Le financement proposé couvre la totalité de la chaîne d’approvisionnement en minéraux critiques.

En octobre 2022, Ottawa a annoncé l’attribution d’un financement pouvant atteindre 222 millions de dollars, dans le cadre du Fonds stratégique pour l’innovation, à Rio Tinto Fer et Titane, pour l’aider à accroître sa production de minéraux critiques, notamment le lithium.

En avril 2022, un article de La Presse faisait état de la volonté de Rio Tinto Fer et Titane de se doter d’une usine de recherche et de développement de lithium.

Lisez l’article « La stratégie lithium de Rio Tinto au Québec »

Dans ce reportage, Michel Jébrak, professeur du département des sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’UQAM et auteur d’un livre sur les défis de la transformation du lithium, soutenait que Rio Tinto tentait de retomber sur ses pattes après l’échec de son gigantesque projet de mine de lithium en Serbie.

Sous la pression populaire, le gouvernement serbe a décidé de tirer un trait sur ce qui s’annonçait comme le plus grand gisement européen de lithium.

Ce projet dans les Balkans devait permettre à la minière d’extraire suffisamment de lithium pour permettre la construction de 1 million de véhicules électriques par année. Il devait coûter 2,4 milliards.

« Rio Tinto a une stratégie lithium et veut se retourner rapidement après son échec en Serbie », disait M. Jébrak, en ajoutant que la société venait de conclure l’acquisition d’un projet de lithium en Argentine pour 825 millions.

L’énergie solaire veut se porter à la rescousse d’Hydro-Québec

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Le plan soumis au gouvernement suggère qu’il est réaliste d’aller chercher 2000 mégawatts d’énergie solaire avec des appels d’offres réservés à ce type d’énergie et 2000 mégawatts supplémentaires en encourageant l’installation de panneaux solaires sur les toits des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels qui peuvent en accueillir.

Le Québec ne peut pas se priver du grand potentiel des toits des immeubles disponibles qui, une fois équipés de panneaux solaires, pourraient fournir jusqu’à 25 % des besoins futurs en électricité d’Hydro-Québec, selon un regroupement d’entreprises appuyé par des experts en énergie.

Publié à 1h28 Mis à jour à 7h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

Dans un mémoire soumis dans le cadre de la consultation sur l’avenir énergétique du Québec, le regroupement propose des mesures pour augmenter le potentiel solaire de la province actuellement très sous-utilisé, expliquent Mike Perreault et Marco Deblois, respectivement président et directeur général de Rematek Énergie.

Les dirigeants de l’entreprise qui se spécialise dans les installations solaires ne sont pas désintéressés, mais ils disent croire que c’est le Québec avant tout qui gagnerait à exploiter la filière solaire.

« On ne dit pas qu’il faut du solaire plutôt que de l’éolien, précisent-ils. On dit qu’on a besoin des deux. »

« On compte sur toit »

Le plan soumis au gouvernement suggère qu’il est réaliste d’aller chercher 2000 mégawatts d’énergie solaire avec des appels d’offres réservés à ce type d’énergie et 2000 mégawatts supplémentaires en encourageant l’installation de panneaux solaires sur les toits des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels qui peuvent en accueillir. La version prudente de ce plan baptisé « On compte sur toit » pourrait combler 12 % des besoins identifiés par Hydro-Québec à l’horizon 2032, une part qui pourrait atteindre 25 % dans un scénario plus musclé.

Des crédits d’impôt

En ajoutant un crédit d’impôt de 20 % à celui offert par le gouvernement fédéral dans son dernier budget, le Québec pourrait encourager les propriétaires d’immeubles à investir dans les panneaux solaires et des installations de stockage. Avec le crédit d’impôt fédéral de 30 %, le propriétaire d’un immeuble commercial peut espérer un rendement de son investissement en 12,2 années. Un crédit d’impôt provincial permettrait de réduire cette période à moins de 10 ans et encouragerait les propriétaires d’immeubles à investir dans l’énergie solaire, estiment les dirigeants de Rematek Énergie, qui a réalisé le toit solaire de la Maison Simons, à Québec, et celui de la firme d’architectes Lemay à Montréal.

De 13 à 16 cents le kilowattheure

Une autre façon d’encourager les Québécois à investir dans l’énergie solaire serait d’acheter cette énergie à un tarif intéressant, estimé à 16 cents le kilowattheure pour une résidence et à 13 cents le kilowattheure pour un immeuble commercial. Ce tarif, au moins deux fois plus élevé que le coût que paie actuellement Hydro-Québec aux producteurs privés d’énergie éolienne (6 cents le kilowattheure), peut paraître trop élevé, reconnaît Mike Perreault. « Il a besoin d’être expliqué : une résidence ou un commerce équipé de panneaux solaires fournit de l’énergie là où on la consomme et ne nécessite pas d’investissements coûteux dans un réseau de transport et de distribution. C’est parce qu’on ne considère pas ces coûts que l’énergie éolienne semble moins chère. »

Des panneaux solaires couplés à du stockage peuvent aussi contribuer à réduire la pression sur le réseau d’Hydro-Québec en période de pointe, ajoute-t-il.

Des embûches et peu d’encouragement

Hydro-Québec limite à 50 kilowatts le volume d’électricité qui peut être injecté dans son réseau par les autoproducteurs d’énergie. C’est un frein majeur pour les propriétaires d’immeubles qui voudraient investir dans des installations solaires de grande capacité parce qu’ils ne peuvent pas revendre leurs surplus à Hydro-Québec.

Le gouvernement du Québec, de son côté, pourrait faire plus pour accélérer le développement de la filière solaire en exigeant par exemple que les futures usines de batteries qui s’installeront au Québec se dotent de toits solaires.

Un appel d’offres consacré

Un appel d’offres d’Hydro-Québec consacré à l’énergie solaire serait un autre moyen d’encourager le développement de la filière, suggèrent les intervenants du secteur. Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, s’est montré ouvert à cette possibilité qui permettrait de mettre en lumière les avantages du solaire : sa rapidité de mise en production, une meilleure acceptabilité sociale et une contribution à la demande de pointe.

Lors du récent appel d’offres d’Hydro-Québec pour de l’énergie renouvelable, une seule soumission pour un parc solaire de 32,4 mégawatts à Matane a été reçue, et n’a pas été retenue.

Consultez l’étude

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Planète bleue, idées vertes Révolution verte à la cafétéria de l’hôpital

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La candidature de l’hôpital Notre-Dame a été retenue par Recyc-Qc afin que sa cafétéria devienne « zéro déchet ».

Comment ils sont passés de la parole aux actes

Mis à jour hier à 8h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

Ça ne saute pas aux yeux du premier coup, mais une véritable révolution verte se prépare dans les cuisines de l’un des plus vieux hôpitaux du Québec. La cafétéria de l’hôpital Notre-Dame deviendra « zéro déchet » dans la prochaine année. Un virage cohérent avec le règlement montréalais interdisant le plastique à usage unique.

La cafétéria de l’établissement de santé du centre-ville de Montréal, situé rue Sherbrooke, s’est débarrassée de son austérité au fil du temps. Avec ses couleurs vives, ses banquettes, ses écrans plats, elle ressemble aujourd’hui à une salle à manger. À travers la pandémie, raconte le chef des services alimentaires de l’hôpital, Jean-Marc Riverin, elle est devenue un lieu de socialisation. Et maintenant, elle est appelée à devenir un lieu de sensibilisation à l’environnement.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Marion Nuss, responsable du bureau de santé environnementale et développement durable du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, et Jean-Marc Riverin, chef des services alimentaires de l’hôpital Notre-Dame

« Ça fait 17 ans que je rêve d’un virage de nos services alimentaires avec des valeurs de développement durable », lance M. Riverin, en offrant une tournée des lieux.

Le chef des services explique que la cafétéria est la plus importante dans ce secteur de la métropole avec pas moins de 1,6 million de personnes qui y circulent chaque année. Il est question d’un volume de 300 000 transactions, d’une moyenne de 5,42 $ chacune. Une bonne partie de la clientèle provient d’un milieu défavorisé.

Dans un premier temps, la direction de l’hôpital du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal procédera à l’achat de contenants et de vaisselle réutilisables. L’établissement songe à un système de contenants en consigne. Tout un espace sera consacré à l’ajout d’un lave-vaisselle à l’image de ceux des grands hôtels. Et des fontaines d’eau sans contact seront installées.

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Marion Nuss, responsable du bureau de santé environnementale et développement durable du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, a piloté le projet qui a permis de décrocher une première subvention de 185 136 $ provenant d’un programme de Recyc-Québec. Au total, une enveloppe de 6,4 millions a été accordée par la société d’État pour développer une quarantaine de projets dans différents milieux visant à remplacer le plastique et les produits à usage unique.

L’hôpital Notre-Dame a fait le calcul : 8000 bouteilles d’eau sont vendues chaque année à sa cafétéria.

« Nous avons l’intention d’éventuellement informer nos usagers de la quantité de plastique qui évitera l’enfouissement grâce aux fontaines d’eau et autres mesures. En analysant ce que nous vendons, on a déjà diminué l’offre. On a vite réalisé qu’on n’a pas besoin d’offrir plusieurs variétés d’eau embouteillée », estime Mme Nuss.

Sur le cabaret

Le virage vert a également donné lieu à une expérience inusitée pour un hôpital. Avec la collaboration d’une brigade d’employés, le contenu de 1000 cabarets a été analysé avec l’objectif de récupérer les matières organiques. Du déjeuner au souper, les restants de table ont été quantifiés, calibrés, puis débarrassés.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La cafétéria de l’hôpital Notre-Dame reçoit 1,6 million de personnes annuellement.

Premier constat ; c’est rare que le contenu d’une assiette soit totalement vidé. Second constat : la quantité de nourriture ayant le potentiel d’être détournée d’un site d’enfouissement est la même, qu’il s’agisse du repas du midi ou du soir.

« Au départ, on pensait faire l’acquisition d’un gros digesteur pour récupérer les matières résiduelles. Avec ce qu’on a quantifié comme restants de table, on pense plutôt à deux digesteurs de taille moyenne. L’expérience a aussi mis en évidence l’importance de continuer à obtenir l’avis d’un panel d’usagers pour élaborer de bons repas, et ainsi éviter du gaspillage. »

Dans le réseau de la santé du Québec, plusieurs établissements se sont dotés d’un digesteur, notamment l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et l’Institut Philippe-Pinel de Montréal. La matière organique qui ressort du processus de fermentation – ce qu’on appelle le digestat – est acceptée dans les usines de biométhanisation de la Ville de Montréal. Mais dans certaines autres municipalités, la collecte n’est pas encore implantée.

Nathalie Robitaille est directrice générale de Synergie Santé Environnement, un organisme spécialisé dans l’accompagnement en santé environnementale. Son équipe a obtenu des subventions pour implanter des digesteurs dans six hôpitaux. Ils permettent de récupérer jusqu’à 70 % des restes alimentaires.

La dirigeante affirme que le nouveau règlement bannissant le plastique à usage unique a servi de levier à Montréal. Il y a l’environnement à prioriser, dit-elle, mais aussi la santé à mettre de l’avant dans les pratiques.

« Si on prend l’exemple des fameux verres en polystyrène. La plupart des gens savent désormais que ce n’est pas bon pour l’environnement. Mais les gens sont moins nombreux à savoir que le polystyrène est un agent cancérigène quand on s’en sert pour boire une boisson chaude, comme du café. »

Bon à savoir

Devant l’engouement pour les initiatives visant à réduire l’utilisation des produits à usage unique, Recyc-Québec a ouvert une nouvelle enveloppe de 3 millions. La société d’État acceptera les nouvelles propositions jusqu’à la fin du mois de juin. Au Québec, 45 000 tonnes de produits à usage unique se retrouvent à l’élimination annuellement, selon l’organisme.

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Pour ses 40 ans, le Fonds FTQ se lance dans la bioénergie

« On est assez en retard surtout lorsqu’on regarde les technologies en Europe. On ne va pas révolutionner la roue, on vient l’appliquer ici », explique l’institution.

Créé en juin 1983, le Fonds de solidarité FTQ est une société de capital de développement dont les investissements ciblent l’économie québécoise.

Photo : The Canadian Press / Paul Chiasson

Olivier Bourque (accéder à la page de l’auteur)

Olivier Bourque

Publié à 4 h 00

Conscient que le Québec a pris du retard dans la production de bioénergie, le Fonds de solidarité FTQ veut aider à stimuler le secteur. L’institution qui fêtera ses 40 ans dans quelques jours lance une nouvelle filière qui aidera le développement du gaz naturel renouvelable (GNR), produit à l’aide de matières agroalimentaires et agricoles et qui pourra approvisionner le réseau d’Énergir.

On a des préoccupations qui sont très fortes au niveau des changements climatiques. Je crois que comme institution financière, on doit livrer non seulement un rendement financier, mais aussi un rendement sociétal. On a l’obligation de faire avancer la société, a expliqué la PDG du Fonds, Janie Béïque, en entrevue à Radio-Canada.

Le bras financier de la FTQ met donc en place une nouvelle filiale, le Fonds FTQ bioénergie dans laquelle 100 millions $ sont investis. Du même souffle, l’institution fait l’acquisition de trois entreprises québécoises qui ont une expertise dans le secteur.

Janie C. Béïque est la présidente et cheffe de la direction du Fonds de solidarité FTQ.

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Ainsi, le Fonds achète le Centre de traitement de la biomasse de la Montérégie (CTBM) qui opère une usine de valorisation des matières résiduelles organiques, sa filiale Qarbonex qui se spécialise dans les projets de GNR et Solucycle, une entreprise de Québec qui développe des robots aux applications étonnantes.

C’est très innovateur. On parle de robots qui ramassent des produits alimentaires et les déchets dans des restaurants par exemple. Ils envoient les matières dans des récipients, c’est ramassé par un camion et ça permet de produire du GNR, explique Normand Bélanger, PDG de la nouvelle filiale.

Site Internet de l’entreprise Solucycle.

Photo : Site Internet Solucycle

Le Québec en retard

Ce dernier qui dirigeait jusqu’à tout récemment le fonds immobilier croit que le Québec est loin d’être un leader dans le secteur de la bioénergie et qu’un coup d’accélérateur était nécessaire.

« On est assez en retard surtout lorsqu’on regarde les technologies en Europe. On ne va pas révolutionner la roue, on vient l’appliquer ici. Il manquait des capacités financières et on aide des sociétés qui ont déjà l’expertise. »

— Une citation de Normand Bélanger

Le but de la filière est de permettre le développement de la bioénergie au Québec et la création d’usines à taille humaine, implanté harmonieusement dans les communautés. Le tout se fait en concertation, on ne va pas déranger les gens, fait-il valoir.

Le modèle d’affaires idéal, c’est avec des agriculteurs qui seront partenaires avec nous. On a aussi l’agroalimentaire et des opérateurs qui doivent être à proximité des réseaux pour distribuer ce gaz, poursuit-il.

De l’aveu du Fonds, la filiale pourrait grandir rapidement et nécessiter l’injection de nouveaux capitaux.

On veut aussi développer la biomasse forestière et travailler les sites d’enfouissement pour capter le biométhane. […] Le gaz naturel renouvelable a un net avantage sur le gaz fossile. C’est un non-sens qu’on n’en produise pas plus ici au Québec, soutient M. Bélanger.

La production pourra approvisionner le réseau d’Énergir, anciennement Gaz Métro, qui doit atteindre des cibles plus élevées de GNR dans son réseau lors des prochaines années. Actuellement, il y a environ 1 % de renouvelable dans le produit livré aux consommateurs québécois.

On va aider Énergir à rencontrer ses cibles, ce sont des cibles ambitieuses, ce qui va permettre à certaines industries de s’approvisionner en GNR et diminuer leurs empreintes carbones, explique Mme Béïque.

Dernièrement, Énergir a été sous le feu des critiques en raison de son offre de GNR. Certaines organisations environnementales et de défense des consommateurs ont accusé l’entreprise de tromper ses clients.

Énergir est à 100 % propriété du Québec. La Caisse de dépôt et placement du Québec détient 80,9 % des parts, le Fonds FTQ à 19,1 %. On va aider Énergir par la bande, mais en premier on voulait aider le Québec à diminuer son empreinte carbone, a assuré la PDG.

Ces annonces s’inscrivent dans la vision stratégique du Fonds de solidarité FTQ, qui vise à atteindre 12 milliards $ en actifs liés au développement durable d’ici 2027.

« On est à un moment charnière dans notre société, on a des choix à faire qui auront des impacts sur les générations futures »

— Une citation de Janie Béïque, PDG, Fonds de solidarité FTQ

40 ans pour le Fonds

Cette annonce survient au moment où le Fonds FTQ soufflera sur ses 40 bougies le 23 juin prochain. Cet important levier du Québec Inc. avait été créé en 1983 par une loi de l’Assemblée nationale du Québec sous l’impulsion du gouvernement de René Lévesque.

Le Fonds FTQ a été constitué par une loi à l’Assemblée nationale adoptée le 23 juin 1983. Le premier ministre de l’époque, René Lévesque, avait milité pour la création d’un tel fonds.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Le Fonds avait été fondé pour soutenir l’emploi dans une époque tourmentée de l’économie, celle de la récession du début des années 1980, un projet défendu par le président de la FTQ de l’époque, Louis Laberge.

Quand Louis Laberge l’a créé, on lui avait demandé son rêve le plus fou. Il voulait un actif de 100 millions $, et là on est à 18 milliards $, lance Mme Béïque en riant.

Louis Laberge, ancien PDG de la FTQ, en 1983, au moment de la création du Fonds.

Photo : Radio-Canada

Depuis, l’institution est devenue un incontournable au Québec et aide les épargnants à constituer leur retraite, tout en épaulant plusieurs entreprises québécoises qui ont besoin de capital de risque, soutient la PDG.

J’aime me promener en région, je suis allé en Abitibi dernièrement et c’est fou tout ce qu’on peut faire au Québec, on a tellement de potentiel, lance-t-elle.

Très prochainement, le Fonds pourrait aussi annoncer une réouverture de la souscription à son fonds de travailleurs qui avait été limité en raison de sa popularité.

Les gens qui sont au dernier pallier d’imposition n’auront plus accès, mais ça laissera plus de place pour d’autres qui gagnent moins de 55 000 $ ou qui n’ont pas accès à des régimes de pension, explique-t-elle.

Lors de son dernier budget, Québec avait pris la décision de limiter l’accès au Fonds FTQ aux plus nantis pour aider les ménages plus modestes à économiser en se procurant des actions.

Olivier Bourque (accéder à la page de l’auteur)

Changements climatiques Ottawa met à jour sa stratégie nationale d’adaptation

PHOTO JASON FRANSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Depuis 2015, le gouvernement a investi 6,5 milliards dans l’adaptation, ce qui inclut 2 milliards depuis l’automne 2022.

(Montréal) Ottawa a présenté une mise à jour de sa stratégie visant à rendre les collectivités plus résilientes aux changements climatiques, mardi.

Publié à 13h08 Mis à jour à 14h28

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Stéphane Blais La Presse Canadienne

La Stratégie nationale d’adaptation au climat a initialement été publiée en novembre dernier. Depuis, le gouvernement fédéral a consulté les provinces et les territoires pour obtenir leur adhésion au plan, qui nécessitera que tous les niveaux de gouvernement travaillent ensemble.

Cette stratégie est « une feuille de route qui s’adresse à l’ensemble de la société et qui définit comment vivre dans un climat changeant », a résumé un haut fonctionnaire lors d’un breffage technique aux médias mardi matin.

Depuis 2015, le gouvernement a investi 6,5 milliards dans l’adaptation, ce qui inclut 2 milliards depuis l’automne 2022.

La Stratégie nationale d’adaptation comprend une série de cibles et d’objectifs pour renforcer la résistance aux incendies de forêt, à la chaleur extrême et aux tempêtes majeures, telles que les ouragans.

Éliminer les décès liés à la chaleur

Parmi les cibles présentées mardi, le Canada compte éliminer, d’ici 2040, les décès dus aux vagues de chaleur extrême.

À l’automne, Ottawa avait annoncé que la stratégie comprenait 30 millions sur cinq ans pour étendre les programmes de Santé Canada qui aident les gens à se protéger contre la chaleur accablante, et 13 millions sur cinq ans pour étendre d’autres programmes de santé liés aux impacts des changements climatiques.

De nouvelles cartes des zones inondables

Parmi les autres cibles, le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires devront, d’ici 2028, « collaborer pour établir des priorités dans au moins 200 zones inondables à haut risque en vue de l’élaboration de nouvelles cartes des risques d’inondation ». Une somme de 164 millions sur cinq ans a été annoncée à l’automne pour la cartographie des zones à risque.

Modifications de codes de construction

Également, d’ici à 2026, le Code national du bâtiment, le Code canadien sur le calcul des ponts routiers et le Code canadien de l’électricité auront intégré « des considérations supplémentaires relatives à la résilience aux changements climatiques ».

Selon le gouvernement fédéral, de nouvelles lignes directrices et normes en matière d’inondations et d’incendies de forêt pour les nouvelles constructions « pourraient faire économiser au Canada une somme estimée à 4,7 milliards de dollars par année ».

Ottawa prévoit 60 millions sur cinq ans pour accélérer l’utilisation de normes qui tiennent compte du climat pour des infrastructures résilientes.

Des nouveaux parcs urbains

Ottawa compte également créer 15 nouveaux parcs urbains nationaux d’ici à 2030. Le gouvernement fait valoir que les forêts urbaines dans la ville de Toronto ont « généré 3,20 dollars pour chaque dollar investi, en diminuant les frais de climatisation, en améliorant la qualité de l’air et en réduisant la pression sur l’infrastructure de gestion des eaux pluviales ».

La mise en place de mesures de résilience dans 80 % des collectivités côtières, l’inclusion de mesures d’adaptation dans 80 % des entreprises du secteur de l’agriculture, de la pêche, de la sylviculture, de la foresterie et des mines, la mise sur pied d’une table de concertation avec les provinces et la création de corridors écologiques sont d’autres exemples de cibles qui font partie de la mise à jour de la stratégie.

« Nous sommes entrés dans l’air des changements climatiques, il n’y a pas de solutions magiques, il n’y a pas de baguette magique, nous allons devoir travailler à lutter contre les changements climatiques pendant de nombreuses décennies avant de pouvoir limiter les hausses de température et les impacts qui y sont associés », a prévenu mardi le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, en précisant que « nous sommes au début de la mise en œuvre de cette stratégie ».

1,6 milliard annoncés l’automne dernier

Ottawa avait annoncé, à l’automne, que la Stratégie nationale d’adaptation du Canada prévoyait notamment 489 millions sur 10 ans au Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes. Ce fonds fédéral fournit déjà du financement pour des projets plus petits qui traitent des problèmes tels que le risque pour les côtes de la hausse du niveau de la mer et l’effondrement des infrastructures en raison du dégel du pergélisol.

La stratégie nationale prévoit aussi 284 millions sur cinq ans pour le renforcement de la gestion des incendies de forêt, grâce à des mesures telles que la création de coupe-feu plus larges entre les forêts et les localités.

Lors d’une conférence de presse à Vancouver mardi, le ministre Guilbeault a mentionné que des montants importants s’ajouteront, dans les prochains mois, aux 6,5 milliards qu’Ottawa a investis dans l’adaptation depuis 2015.

La mise à jour de la stratégie a été présentée tandis que le Canada fait face à sa pire saison d’incendies de forêt jamais enregistrée, fracassant le record de la plus grande superficie brûlée en une seule année en moins de six mois.

Tirerons-nous des leçons des grands incendies ?

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Évacuations à Sept-Îles au début juin, à cause des incendies


Alexandre Sirois
Alexandre Sirois La Presse

C’est tout ce qu’il y a de plus normal dans nos sociétés contemporaines : une fois une crise terminée, on passe à un autre appel. On aborde de nouveaux problèmes à régler. On s’attaque aux plus récentes controverses à apaiser.

Publié à 1h13 Mis à jour à 5h00

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Pendant un bref moment, la crise la plus retentissante au Québec a été celle de la qualité de l’air. Montréal qui se retrouve numéro un au classement des villes avec la pire qualité de l’air au monde, ça secoue.

C’était la triste conséquence d’une autre crise. Celle provoquée par les incendies de forêt qui continuent de faire des ravages dans plusieurs secteurs de la province.

Mais cette crise aussi sera un jour derrière nous. On ne s’en plaindra pas. Le plus tôt sera le mieux. Si la danse de la pluie était efficace, nous serions nombreux à en apprendre les pas.

Le revers de la médaille, toutefois, c’est qu’on risque de passer à un autre appel. Il serait pourtant sage – et responsable – de tirer des leçons de ce qui s’est passé.

C’est ce qui a poussé Québec solidaire à expédier une lettre aux autres chefs des partis politiques de l’Assemblée nationale pour proposer, dès la rentrée parlementaire, une rencontre dans le but de planifier une « démarche transpartisane » sur l’adaptation aux changements climatiques.

La lettre est rédigée dans la foulée des incendies de cet été, mais aussi des inondations du printemps dernier.

« Les scientifiques nous préviennent depuis longtemps de l’intensification et de la multiplication de ces phénomènes naturels et de plusieurs autres (érosion des berges, canicules, sécheresses, etc.) dans le contexte des changements climatiques. Pourtant, de l’aveu même des autorités en place, le Québec n’était pas prêt à y faire face dans les derniers mois », écrit le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

C’est vrai. Et la vulnérabilité de notre territoire et de nos infrastructures nous saute en plein visage un peu plus chaque année.

On sait que le Québec est loin d’investir – et d’innover – à la hauteur du défi que représente l’adaptation aux changements climatiques.

Une preuve tangible, c’est que les municipalités du Québec ont estimé (à l’aide d’une étude en deux volets de la firme WSP) qu’elles auraient besoin d’injecter 2 milliards de dollars par année pour le relever, ce défi. Et ce jusqu’en 2055.

Ça représente une (nécessaire) augmentation d’environ 12 % des dépenses municipales actuelles.

Il serait injuste de dire qu’on regarde la situation évoluer, de Québec, les bras croisés. C’est vrai, le premier ministre avait initialement balayé la demande des municipalités du revers de la main l’automne dernier.

Mais le gouvernement a, depuis, annoncé des sommes additionnelles pour l’adaptation aux changements climatiques.

Au-delà des investissements, on note aussi certaines avancées très concrètes.

Un exemple cité par plusieurs experts : la gestion du risque de l’impact des changements climatiques sur les inondations. Les épisodes catastrophiques de 2017 et 2019 ont fait bouger les choses. On a fait beaucoup de progrès, notamment, quant à la cartographie des zones inondables.

Mais si on compare à un marathon le chemin qu’il nous reste à parcourir en matière d’adaptation dans tous les secteurs concernés, on est encore bien loin de la ligne d’arrivée.

C’est une riche idée d’en faire un enjeu transpartisan à Québec. Elle n’est d’ailleurs pas entièrement nouvelle. L’an dernier, avant de quitter la politique, le péquiste Sylvain Gaudreault avait proposé la formation d’un caucus de députés de tous les partis pour travailler à la lutte contre les changements climatiques⁠1.

Ces dernières années, on a pu constater l’effet positif du travail transpartisan, notamment sur la question de l’aide médicale à mourir ou sur celle des violences sexuelles.

Ça se comprend. Le sujet devient alors prioritaire. Les luttes partisanes et la politicaillerie passent au second plan. Tous les partis collaborent dans le but de trouver des solutions, chose rare.

C’est pourquoi, alors que le Québec est encore aux prises avec des incendies de forêt historiques, il faut souhaiter que l’idée d’une démarche transpartisane s’impose dès septembre à l’Assemblée nationale sur la question de l’adaptation aux changements climatiques.

Le défi est si grand, les enjeux tellement complexes, les gestes à faire si urgents qu’il serait vraiment absurde de s’en priver.

1. Lisez notre éditorial à ce sujet

Shell qui fait du lobbyisme envers le gouvernement, Farnham, Louiseville et Saint-Joseph-de-Beauce pour permettre le développement de projets de gaz naturel renouvelable au Québec, ainsi que d’explorer les possibilités d’utiliser le financement gouvernemental pour la construction ou l’exploitation d’usines de gaz naturel :


Carrefour Lobby Québec

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J’espère que le fédéral maintiendra sa position.

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Ressources La vieille idée qui pourrait donner un coup de pouce à Hydro-Québec

INFOGRAPHIE NEW YORK TIMES

L’appétit croissant pour l’électricité renouvelable pourrait redonner vie à une vieille technologie tombée dans l’oubli : les centrales hydrauliques à réserve pompée, qui intéressent même Hydro-Québec.

Publié à 1h17 Mis à jour à 5h00

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Hélène Baril
Hélène Baril La Presse

« Ça fait partie de l’éventail des solutions possibles que nous examinons pour augmenter la production de nos centrales », indique le porte-parole de la société d’État, Maxence Huard-Lefebvre.

Deux réservoirs d’eau situés à des dénivelés différents et une turbine entre les deux, c’est tout ce qu’il faut à une centrale à réserve pompée pour produire de l’électricité.

Les centrales à réserve pompée produisent de l’électricité comme les autres centrales hydrauliques, mais leur fonctionnement est limité à quelques heures à la fois : quand le bassin le plus élevé s’est vidé de son eau, il faut remonter cette eau en la pompant du bassin inférieur vers le haut.

Hydro-Québec n’a pas de projet en cours, mais la société d’État fait spécifiquement mention des centrales à réserve pompée dans son plan stratégique 2022-2026 dans les options possibles pour augmenter la production d’électricité.

Nous étudierons toutes les options possibles, y compris le rehaussement de barrages existants, l’aménagement de nouveaux ouvrages ou la construction de centrales de pompage.

Extrait du plan stratégique 2022-2026 d’Hydro-Québec

Ces centrales sont utiles au cours des périodes de forte demande. La turbine fonctionne pendant les heures de pointe et l’eau du bassin inférieur peut être pompée vers le bassin supérieur par la turbine qui fonctionne en sens inverse la nuit quand la demande d’électricité est réduite.

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L’eau contenue dans le bassin supérieur agit comme une batterie disponible au besoin et rechargeable en dehors des périodes de pointe. Ces centrales peuvent aussi servir à équilibrer d’autres sources d’énergie intermittentes, comme l’éolien.

Une solution pour le Québec ?

Le Québec n’a pas de centrale à réserve pompée, mais il a bien failli en avoir une. Au début des années 1970, Hydro-Québec cherchait à augmenter sa production d’énergie en période de pointe, comme elle le fait actuellement. L’entreprise envisageait sérieusement d’aménager une centrale de ce type à l’étang Fullerton, près de Mansonville.

Ce plan d’eau aurait servi de bassin supérieur et un bassin inférieur aurait été créé, en inondant une partie du territoire en aval estimée à 1,3 kilomètre carré, selon une recherche réalisée pour l’Association du patrimoine de Potton. Les deux bassins auraient été réunis par des conduites souterraines.

Le projet a été abandonné en 1980, notamment en raison de l’opposition de la population locale.

L’intérêt nouveau pour les centrales à réserve pompée s’explique par la hausse du coût de l’énergie et par l’augmentation des besoins d’énergie renouvelable pour la décarbonation, explique Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Source : Schéma du fonctionnement d’une centrale à réserve pompée – Hydro-Québec

Une centrale à réserve pompée n’est pas la façon la moins coûteuse de produire de l’électricité, dit-il. Ce n’est pas non plus une installation qui peut servir uniquement à satisfaire la pointe hivernale. « Si ça fonctionne seulement quelques heures par année, ça revient trop cher. Il faut que ça fonctionne tous les jours. »

Il faut de l’énergie pour pomper l’eau et la remonter vers le bassin supérieur. L’idée est de pomper l’eau quand la demande d’énergie est au plus bas et de la turbiner pour produire de l’électricité quand on en a besoin.

Avec la migration d’un nombre croissant d’activités des énergies fossiles vers l’électricité, Hydro-Québec prévoit une augmentation considérable des besoins en puissance pendant toute l’année et encore davantage au cours de la pointe hivernale induite par le chauffage.

Il faudra plus de puissance pour appuyer les éoliennes, qui fourniront à court terme l’électricité additionnelle dont le Québec a besoin.

Les centrales à réserve pompée font certainement partie des options qui doivent être envisagées par Hydro-Québec, selon Normand Mousseau, d’autant que ses réservoirs existants pourraient être utilisés. En construisant un réservoir en amont ou en aval des réservoirs existants, l’eau peut être pompée et turbinée une deuxième fois par la même centrale.

Ça exige des investissements, mais pas considérables. Ce serait certainement moins coûteux que de construire de nouvelles installations.

Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal

La société d’État a déjà annoncé son intention d’augmenter la production de ses centrales existantes en les équipant de groupes turbine-alternateur plus performants.

Le pompage de l’eau déjà passée dans les turbines pour qu’elle soit turbinée une deuxième fois « est un outil qui peut avoir du sens dans un portefeuille énergétique », selon Maxence Huard-Lefebvre.

PHOTO TIRÉE DE WIKIPEDIA

La station hydroélectrique Sir Adam Beck à Niagara Falls, en Ontario

Une renaissance

Les centrales à réserve pompée existent depuis plus d’un siècle et plusieurs installations de ce type sont en fonction partout dans le monde, là où la géographie s’y prête. Le Canada en compte plusieurs, dont une sur la rivière Niagara en Ontario qui est gérée par Ontario Power Generation.

Le monde énergivore d’aujourd’hui semble avoir redécouvert cette ancienne façon de produire de l’électricité renouvelable, selon le Global Energy Monitor, une ONG établie à San Francisco qui s’intéresse aux projets de production d’énergie.

La capacité de production totale des centrales à réserve pompée existantes est de 170 000 mégawatts et les projets connus pourraient la porter à près de 500 000 mégawatts, selon ces spécialistes.

C’est la Chine qui mène le bal, avec 80 % de tous les projets de centrales à réserve pompée répertoriés dans le monde.

Les centrales à réserve pompée ont une moins grande empreinte sur le paysage que les grands barrages qui nécessitent d’inonder de grandes surfaces, mais elles ne sont généralement pas bienvenues à proximité des milieux habités.

C’est la raison pour laquelle, par exemple, la Californie a creusé des réservoirs d’eau souterrains, illustre Normand Mousseau.

Des cavernes existantes ou d’anciennes mines peuvent aussi être utilisées pour aménager des réservoirs et des centrales à réserve pompée.

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Stockage d’énergie Une filiale d’Hydro-Québec fait une percée aux États-Unis

PHOTO HYDRO-QUEBEC, VIA REUTERS

Stockage d’énergie Evlo a remporté un contrat d’une durée de 20 ans pour un projet de stockage d’énergie éolienne par batterie à Troy dans l’État du Vermont.

(Montréal) Après une percée en France, une filiale d’Hydro-Québec spécialisée dans le stockage d’énergie par batterie vient de signer un premier contrat aux États-Unis.

Mis à jour le 6 juillet

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Stéphane Rolland La Presse Canadienne

Stockage d’énergie Evlo a remporté un contrat d’une durée de 20 ans pour un projet de stockage d’énergie éolienne par batterie à Troy dans l’État du Vermont. Le projet de 3 MW/12 MWh devrait entrer en service d’ici la fin de l’année 2023. Cela représente la consommation quotidienne de 600 maisons.

Il s’agit d’un jalon important dans la stratégie d’affaires d’Evlo qui veut faire partie des trois plus importantes entreprises de stockage d’ici 2030, souligne en entrevue le vice-président du développement des affaires et des ventes chez Evlo, Martin Rheault. « Les États-Unis, pour nous, c’est 85 % de notre marché adressable. »

Le projet pourra servir de vitrine, car les Américains valorisent le fait qu’un fournisseur ait déjà obtenu des contrats aux États-Unis, ajoute M. Rheault. Comme au Québec, la demande d’énergie aux États-Unis devrait suivre une tendance haussière dans un contexte de transition énergétique.

Le stockage d’énergie par batterie est l’un des moyens de gérer l’augmentation de la consommation. Il permet d’emmagasiner l’énergie en période de forte production pour une consommation en période de pointe.

Les besoins de stockage pourraient atteindre « des dizaines de gigawattheures » d’ici 2030, souligne M. Rheault. À titre d’illustration, cela pourrait représenter un peu moins de la production totale d’Hydro-Québec qui avoisine les 40 gigawattheures.

La firme BloombergNef estime que la capacité de stockage mondial pourrait atteindre 441 gigawattheures en 2030. C’est 15 fois la capacité mondiale en 2021. La firme estime que les États-Unis et la Chine seront les plus importants marchés.

Evlo ne dévoile pas les revenus tirés de son premier contrat américain, mais le vice-président évoque des revenus dans une fourchette d’entre 3 millions US et 6 millions US.

En septembre dernier, la filiale d’Hydro-Québec avait obtenu un premier contrat à l’international, en France, en collaboration avec le producteur d’énergie québécois Innergex. La société a également obtenu des contrats en Ontario et en Colombie-Britannique.

Les discussions vont rondement pour l’obtention d’autres contrats, assure M. Rheault. « On a six contrats à annoncer prochainement, dont une majorité aux États-Unis. Le projet Troy, c’est le premier de plusieurs projets aux États-Unis. »

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Les Montréalais boudent le compostage

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Les Montréalais sont encore peu nombreux à composter.

À peine le tiers des Montréalais qui peuvent composter le font régulièrement. Si la collaboration des citoyens est indispensable pour améliorer la situation, la Ville devra aussi réduire les inconvénients liés à la collecte des matières organiques, soulignent des experts.

Publié à 1h22 Mis à jour à 5h00

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Henri Ouellette-Vézina
Henri Ouellette-Vézina La Presse


Naomie Duckett Zamor
Naomie Duckett Zamor La Presse

« On a vraiment besoin qu’il y ait un effort collectif »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

À ce jour, près des trois quarts des Montréalais ont accès au compost.

Lorsqu’ils ont accès à un bac brun, deux Montréalais sur trois ne l’utilisent pas. Un taux d’adhésion très loin de l’objectif de la Ville, qui vise à le rehausser à 60 % d’ici 2025. Si, d’ici là, la participation des citoyens n’augmente pas, c’est l’efficacité du système de collecte des déchets qui sera compromise, prévient une élue.

« Je recycle, mais je ne composte pas », lance Krastev Krassimir, qui demeure dans le quartier Ahuntsic. « Je n’ai pas assez de matières organiques pour faire le compostage, en réalité. Je mange souvent à l’extérieur et avec mon mode de vie, ce n’est pas fait pour moi. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Krastev Krassimir recycle, mais ne composte pas.

Son cas n’est pas unique. Seuls 35 % des Montréalais qui ont accès au bac brun ou à un sac de compostage participent activement au système de collecte, selon des données de la Ville de Montréal.

Charles-Émile Robin-Chabot, lui, composte depuis plusieurs années, mais il reconnaît que les barrières à l’utilisation sont encore nombreuses.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Charles-Émile Robin-Chabot

Ce n’est vraiment pas tout le monde qui est conscientisé de la même manière. Souvent, c’est sale, il y a des mouches, donc les gens n’ont pas nécessairement envie de composter. Mais l’essentiel est de penser au prochain, en essayant de voir plus grand.

Charles-Émile Robin-Chabot, Montréalais qui composte depuis plusieurs années

Le principal élément irritant, poursuit-il, est que les fameux bacs bruns sont régulièrement endommagés lors de la collecte. « En un an, chez nous, ça fait trois bacs qui sont cassés complètement. Tantôt les travailleurs ne font pas attention, tantôt on se retrouve avec beaucoup d’écureuils dans nos bacs. Ça a l’air banal, mais c’est un facteur important pour l’adhésion, selon moi. »

« De l’or brun »

Convaincre des citoyens de composter leurs restes de table plutôt que de les jeter à la poubelle sera « crucial » dans les prochaines années, juge la responsable de l’environnement au comité exécutif montréalais, Marie-Andrée Mauger.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Andrée Mauger, responsable de l’environnement au comité exécutif montréalais

Nos sites d’enfouissement se remplissent à la vitesse grand V. On ne peut pas continuer à penser que nos matières disparaissent comme par magie.

Marie-Andrée Mauger, responsable de l’environnement à la Ville de Montréal

Autrement dit, si le taux de participation n’augmente pas rapidement, de sérieux défis risquent de se poser pour la Ville de Montréal. « On a vraiment besoin qu’il y ait un effort collectif. Certes, c’est un changement d’habitude et on le reconnaît, mais les résidus alimentaires, c’est de l’or brun. On peut en faire un compost de qualité agricole pour nous nourrir, ou encore le transformer en gaz naturel renouvelable. C’est la voie de l’avenir », persiste Mme Mauger.

« Ça va être vraiment important qu’on se concentre sur la sensibilisation de la population pour renverser la tendance. Ce n’est clairement pas suffisant en ce moment », déplore quant à elle la conseillère municipale Stéphanie Valenzuela, critique en environnement pour l’opposition, qui juge le faible taux de participation « extrêmement inquiétant » pour la suite.

Le défi, pour Marie-Andrée Mauger, est surtout lié à la communication. Récemment, le cas du promoteur immobilier Mondev, qui avait annoncé mettre fin à la collecte du compost en raison de mauvaises odeurs dans son immeuble Le Neuf Cents, dans Ville-Marie, a poussé la Ville à rectifier le tir : les promoteurs n’ont pas autorité sur la collecte des matières.

« C’est sûr qu’il y a de la résistance. Mais chaque fois qu’on est mis au courant d’une situation pareille, on organise une rencontre, on trouve des solutions », affirme l’élue, qui dit s’être assurée que la collecte soit offerte dans l’immeuble en question.

L’urgence de faire mieux en compostage est, pour plusieurs, une question écologique de premier plan.

« Les matières organiques représentent 55 % des matières résiduelles envoyées à l’enfouissement à Montréal. La présence de ces résidus dans les lieux d’enfouissement technique produit plusieurs effets néfastes sur l’environnement, comme la production de gaz à effet de serre (GES) et la contamination des eaux, en plus de participer à la saturation des sites d’enfouissement », explique la doctorante en biologie à l’Université de Montréal spécialisée en transformation biologique des résidus organiques, Vanessa Grenier.

Comment Montréal se compare-t-il ?

  • Montréal : 77 311 tonnes de matières organiques collectées en 2021 pour 1 762 949 habitants
  • Laval : 37 171 tonnes de matières organiques collectées en 2022 pour 446 000 habitants.
  • Vancouver : 48 300 tonnes de matières organiques collectées en 2021 pour 662 248 habitants.
  • Toronto : 141 800 tonnes de matières organiques collectées en 2022 pour 2 794 356 habitants.

Source : Ville de Montréal

Bientôt plus de capacité

Montréal disposera bientôt de deux centres de traitement des matières résiduelles. L’un sera dans Montréal-Est et fonctionnera par biométhanisation ; il entrera en rodage en 2024. L’autre sera dans Saint-Laurent, traitera les matières par compostage, et sera en activité d’ici la fin de 2023.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Le centre de compostage Saint-Laurent sera en activité d’ici la fin de 2023.

« Le compostage et la biométhanisation sont des processus biologiques et naturels réalisés en milieu contrôlé et basés sur l’action de différents microorganismes qui vont décomposer la matière organique. En misant sur ces procédés, on peut gérer la production des biogaz et les capter tout en produisant du compost ou du digestat qui peuvent ensuite être utilisés comme fertilisant », précise Mme Grenier à ce sujet.

Avec la construction de ces deux nouvelles usines, la Ville pense pouvoir atteindre d’ici peu un taux de valorisation de 70 %. Ce chiffre, qui se définit par la proportion de matières organiques qui est ultimement réutilisé après avoir passé dans un centre de tri, est actuellement d’à peine 52 %. Ce faible taux s’explique notamment par le fait que des matières non-compostables sont trop souvent mises dans le bac brun.

Objectif 100 %

À ce jour, près des trois quarts des Montréalais ont accès au compost. Dans les logements de 8 unités et moins, ce qui représente quelque 542 000 foyers, le déploiement des bacs bruns est déjà terminé depuis 2020. Pour les immeubles de 8 logements et plus, toutefois, il reste encore du chemin, seuls 135 000 des 370 000 habitations ayant pour l’instant été « branchées » au compost.

Bref, sur un total d’un peu plus de 910 000 immeubles, plus de 675 000 ont accès aux bacs bruns, ce qui équivaut à environ 74 % d’entre eux.

« On est sur notre cible de desservir 100 % du résidentiel d’ici 2025. Dans les écoles, on est à plus de 300 établissements scolaires, dont 100 % des cégeps dans la ville de Montréal et 11 universités comme l’UQAM et l’UdeM. Pour les industries et les commerces, on est à environ 10 000 membres jusqu’ici, et on vise à être à 17 000 d’ici la fin de l’année », précise Mme Mauger.

En revanche, un constat s’impose clairement : la quantité de Montréalais qui compostent et la quantité de matières résiduelles ramassée n’augmentent pas aussi rapidement que le nombre de bacs bruns disponibles dans la métropole.

Matières organiques collectées à Montréal

  • 2018 : 66 592 tonnes
  • 2019 : 74 113 tonnes
  • 2020 : 84 674 tonnes
  • 2021 : 77 311 tonnes

Source : Ville de Montréal

Matières organiques collectées dans l’agglomération de Montréal

  • 2018 : 95 329 tonnes
  • 2019 : 104 168 tonnes
  • 2020 : 117 263 tonnes
  • 2021 : 77 311 tonnes (agglomération : 107 560 tonnes)

Source : Ville de Montréal

Même si composter est obligatoire, Montréal n’impose que très peu d’amendes aux récalcitrants jusqu’ici. En principe, des amendes allant jusqu’à 2000 $ pour une première infraction et jusqu’à 4000 $ pour une récidive peuvent être données. On ignore néanmoins combien de constats ont été formulés. Chose certaine : sévir ne va pas de soi. « Il faut pouvoir trouver des preuves permettant d’identifier les personnes coupables et ce n’est vraiment pas simple », explique une porte-parole du Plateau-Mont-Royal, Geneviève Allard.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Antonietta Careriro

Antonietta Careriro, une Montréalaise qui composte depuis des années, espère surtout voir les mentalités changer. « On vit de façon dispendieuse, on produit beaucoup de déchets, ça doit être valorisé. C’est juste normal de faire notre part quand c’est possible », conclut la Montréalaise.

Un casse-tête de gestion

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Daphné Jerbi se questionne sur l’implantation du compostage dans les immeubles de 9 logements et plus.

Daphné Jerbi habite au Murray, un immeuble de 15 étages à Montréal. Quand elle voit comment la récupération est gérée dans son immeuble, elle voit mal comment l’implantation du compost pourrait réussir.

Selon la locataire, l’ajout de nouvelles mesures pourrait complexifier la gestion des ordures, qui s’avère déjà un casse-tête.

Preuve à l’appui, le conseil d’administration de l’édifice situé au cœur du quartier Griffintown a récemment lancé un avertissement à ses résidants : si vous ne découpez pas vos boîtes de carton destinées au recyclage de manière convenable, vous pourriez recevoir une amende de 250 $. D’après Daphné, cette mesure incitative pourrait décourager certains locataires. Elle craint que plusieurs abandonnent et décident de tout jeter aux poubelles, par le vide-ordures, communément appelé « chute à déchets ».

De plus, les nombreux locataires disposent de seulement trois chariots pour transporter leur récupération au sous-sol, où sont situés les bacs.

La gestion du compost devra être plus accessible, sinon personne n’y participera, renchérit Mme Jerbi.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Daphné Jerbi

Avec la construction continuelle, les bacs bruns vont se retrouver n’importe où sur la rue. Courir après les bacs, ça découragerait les gens plus qu’autre chose.

Daphné Jerbi, résidante du centre-ville de Montréal

Un exemple parlant

La situation au Murray illustre les nombreux défis que devra surmonter la Ville de Montréal, qui souhaite instaurer le compostage dans tous les immeubles de 9 unités et plus d’ici 2025.

Devant une densification urbaine en pleine croissance, la métropole devra adapter la pratique pour susciter l’intérêt de tous : locataires et propriétaires.

« Ce sera un défi de créer des espaces aménagés pour le compost dans des bâtiments déjà construits […], surtout au centre-ville, où tous les mètres carrés comptent et sont maximisés », explique Mark Kilajian, directeur des acquisitions de l’entreprise d’investissement immobilier Black Ridge.

« Actuellement, ce qu’on voit, c’est les gros bacs devant les immeubles à appartements. Non seulement [les propriétaires] doivent mandater quelqu’un pour les laver et les déplacer, mais il faut aussi avouer que ce n’est pas très esthétique », ajoute Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.

L’implantation du système de collecte de matière résiduelle dans les tours de condos engagera des dépenses importantes, ce qui fera assurément bondir les charges de copropriété.

Il faut se demander si les résidants des tours seront prêts à payer pour la gestion de compost au sein de l’établissement, parce que ce genre d’initiative entraînera une gestion qui devra être faite par un employé.

Mark Kilajian, directeur des acquisitions de l’entreprise d’investissement immobilier Black Ridge

Les propriétaires d’immeubles à logements multiples recevront une amende s’ils ne mettent pas de dispositif pour le compost à la disposition de leurs locataires.

« Si on oblige les propriétaires d’immeubles à condos à instaurer un système de compost, il faut se poser la question : qui va payer pour ça ? », demande Mark Kilajian.

Nouveaux projets

Le contexte est différent du côté des nouveaux projets, indique Mark Kilajian. « C’est primordial que les nouveaux projets soient verts et que, dès la construction, des systèmes de recyclage et de compost soient inclus dans les plans […]. Ce genre d’installation apportera une plus grande valeur aux immeubles. »

Même son de cloche chez Karel Ménard. « Les nouvelles bâtisses qui se munissent de système de compostage pourront même capitaliser là-dessus, souligne-t-il. Ce type d’installation augmente la valeur d’un immeuble parce qu’il facilite la vie des gens qui y résident. »

Ces systèmes pourront responsabiliser les citoyens à gérer leurs matières résiduelles puisque le système de collecte sera facilité et adapté.

« La collecte des matières résiduelles n’a pas évolué »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le bac brun est l’outil principal pour collecter les matières résiduelles à Montréal.

Bac brun, panier beige, sac mauve. Plusieurs outils de compostage sont mis à la disposition des citoyens qui résident dans des immeubles de 8 unités et moins à Montréal. Est-ce toujours le moyen de composter en ville ? Non, répondent les experts.

« La collecte des matières résiduelles n’a pas évolué, souligne Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets. Il est temps d’adapter cette pratique au XXIe siècle pour que ça soit facile et beau. On ne peut pas juste mettre des bacs bruns et laisser les citoyens et les propriétaires à eux-mêmes. »

Doctorante en biologie spécialisée en transformation des matières organiques, Vanessa Grenier abonde en ce sens. Selon elle, la mairesse Valérie Plante doit proposer un système pratique et adapté à une grande ville comme Montréal.

« La Ville de Longueuil propose à ceux qui ne veulent pas gérer de bacs bruns à la maison huit points de chute pour déposer les sacs de compost, signale-t-elle. Or, à Montréal, la plupart des gens se promènent en transport en commun. La plupart des gens ne trimbaleront pas leurs sacs de compost dans le métro en direction du point de chute. »

Des options plus modernes

Selon les deux experts, on doit adapter nos pratiques en prenant en considération la densité croissante de la population à Montréal puisque l’espace peut être un enjeu. Dans un arrondissement moins densément peuplé, on peut garder les bacs à l’extérieur, près des espaces de stationnement. Par contre, au centre-ville, les bacs bruns cohabitent plus difficilement avec les automobilistes, les voies réservées, les cyclistes et les piétons.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets

Ça serait intéressant de réfléchir aux conteneurs semi-enfouis, comme le font plusieurs pays en Europe.

Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets

Le spécialiste explique que ces conteneurs semi-enfouis « débourberaient » les rues de Montréal et empêcheraient la dispersion des bacs bruns. « Les citoyens n’ont pas envie de faire du slalom entre les bacs jonchés sur les coins de rues de leur quartier quand ils se promènent à vélo ou à pied », ajoute-t-il.

« C’est sûr que, pour atteindre les cibles souhaitées par la Ville de Montréal, il va falloir s’assurer qu’il n’y ait pas d’irritants pour le citoyen et que le compost ne devienne pas une corvée », rappelle Vanessa Grenier.

Quoique certains implorent une meilleure gestion de la part de la Ville, la collaboration des citoyens est de mise.

« Une part de la responsabilité revient aux Montréalais. On doit arrêter de voir la gestion du compost comme une tâche ménagère et commencer à l’intégrer à notre routine, insiste Karel Ménard. On est capable de trier notre sac d’épicerie et de placer les aliments aux bons endroits, on est capable de faire la même chose avec nos déchets et nos matières résiduelles. »

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