Allons contre les consensus d’experts, car une comédienne surannée a certainement plus de crédibilité.
Je n’ai rien contre les artistes engagés. Que tu utilises la tribune qui t’est accordée est compréhensible. Je trouve simplement dommage que les gens accordent tellement de crédit à des gens qui n’ont pas forcément faits leurs preuves. C’est peut-être une jalousie puérile de ma part, mais qu’est-ce que ça contribue au débat que Mme Bardot soit contre les mesures préconisées pour préserver le boisé?
Ça ne me réjouit pas de voir des dizaines de cerfs abattus. Je ne mange aucune viande en partie pour des considérations éthiques. Mais je trouve incroyablement hypocrite le psychodrame collectif qui entoure ce dossier. À commencer par les valeureux défenseurs des “nanimos” qui s’émeuvent du sort d’une poignée de cerfs en mangeant leur bacon.
Canada Les villes de moins en moins verdoyantes
PHOTO JENNIFER GAUTHIER, ARCHIVES REUTERS
Vue de Vancouver, en Colombie-Britannique, où la verdure urbaine a diminué de 14,2 % pour les périodes allant de 2000-2004 à 2018-2022
La verdure urbaine dans les villes du Canada a diminué de 8 points de pourcentage entre 2000 et 2022, selon le plus récent recensement de l’environnement effectué par Statistique Canada. Au Québec, c’est Montréal qui a enregistré le plus grand recul, alors que la ville de Saint-Jérôme, elle, serait la plus verte de tout le pays.
Publié à 5h00
Montréal est plus gris
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
Vue du mont Royal et du centre-ville de Montréal
À Montréal, la verdure urbaine a diminué de 9,3 points de pourcentage pour les périodes allant de 2000-2004 à 2018-2022. La baisse s’est particulièrement fait ressentir entre 2015 et 2018. Mais la métropole ne fait pas exception. Selon l’étude de Statistique Canada, la diminution a été plus marquée dans les grands centres urbains comme Toronto (- 11,7 points), Vancouver (- 14,2 points) et Calgary (- 16,5 points) pour les mêmes périodes. La ville de Milton, en Ontario, a enregistré le pire recul du pays avec une diminution des zones vertes de 30,5 points de pourcentage.
Saint-Jérôme, la plus verte
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Marc Bourcier, maire de Saint-Jérôme
À l’inverse, c’est la ville de Saint-Jérôme qui est la plus verte du Canada puisque 93,2 % de son territoire est constitué de verdure urbaine. Sherbrooke arrive au 5e rang, avec 90,6 % de zones vertes. « Les espaces verts, c’est une richesse qui est très appréciée des citoyens et des investisseurs », souligne Marc Bourcier, le maire de Saint-Jérôme. La municipalité des Laurentides est traversée par le parc linéaire Le P’tit Train du Nord et par la rivière du Nord, elle-même bordée de parcs. « Le parc naturel du Lac-Jérôme est un parc aussi grand que le parc du Mont-Royal. On est très fiers de ça », ajoute M. Bourcier. Selon lui, la sécurité et les espaces verts sont les deux priorités qui ressortent le plus souvent lorsqu’il sonde sa population.
Ailleurs au Québec
Au total, 69,3 % du territoire est classé zone verte à Montréal, 87,7 % à Québec, 86 % à Trois-Rivières et 86,4 % à Chicoutimi. À l’échelle du Canada, 72 % de la superficie des terres occupées par 1016 petites et grandes villes a été classée comme zone verte.
Verdure contre croissance démographique
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Arbre fragilisé par l’agrile du frêne, à Montréal
Pour Geneviève Cloutier, professeure et directrice du Centre de recherche en aménagement et développement de l’Université Laval, le déclin de la verdure urbaine n’a rien de surprenant. « La croissance urbaine est en concurrence avec les milieux verts », note-t-elle. La professeure affirme que les changements climatiques, avec des épisodes de chaleur plus fréquents et plus intenses, mènent aussi la vie dure aux végétaux. Des espèces envahissantes et des maladies nuisent également à la verdure urbaine. « L’agrile du frêne a par exemple été un adversaire redoutable dans certains quartiers de Montréal et à Québec aussi », dit-elle. À Montréal, environ 40 000 frênes ont dû être abattus depuis 2012 à cause de la maladie.
Plus vert, plus en santé
« C’est désolant », lance pour sa part l’urbaniste Danielle Dagenais au sujet de cette diminution. Désolant parce que les végétaux ont de nombreux avantages dans une société. « La verdure et surtout les arbres, c’est important pour contrer les îlots de chaleur, pour réguler le cycle de l’eau, et c’est essentiel à la sauvegarde de toute une biodiversité », dit-elle. Les végétaux ont également un effet positif sur la santé mentale et physique et ils ont un aspect esthétique, ajoute la professeure de l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal.
500 000 arbres d’ici 2030
À Montréal, le cabinet de la mairesse Valérie Plante fait valoir que son administration a récemment créé le Grand Parc de l’Ouest, « le plus grand parc municipal au Canada », et le parc riverain de Lachine, deux projets qui verront le jour dans les prochaines années. « Nous avons comme objectif de planter 500 000 nouveaux arbres d’ici 2030. Quant à l’indice de canopée le plus récent, il est à 25,4 % à l’échelle de l’agglomération, dépassant ainsi l’objectif de 25 % d’ici 2025. Notons également que l’indice de canopée a augmenté de près de 5 points de pourcentage, alors qu’il était de 20,8 % en 2015 », a indiqué le cabinet de la mairesse dans un échange écrit. En 2021, 33 000 arbres ont été plantés et 40 000 frênes ont été protégés à Montréal.
Méthodologie
Pour arriver à mesurer la verdure urbaine, Statistique Canada utilise des images satellitaires prises à différents moments de l’été. Les pixels de ces images sont classés selon une échelle allant de zone urbaine verte à grise et ils permettent de mesurer l’activité photosynthétique. Les données tiennent compte « des parcs et d’autres espaces verts et aménagements publics et privés », souligne Statistique Canada. Aussi, les « centres de population » étudiés comptent au moins 1000 habitants et ont une densité de population de 400 habitants ou plus par kilomètre carré.
Il faut lire l’article pour savoir que les entreprises concernées multiplient les poursuites envers le fédéral pour ne pas avoir à diminuer leurs investissements. Un dossier extrêmement sensible au niveau politique, surtout que le gouvernement est minoritaire, il ne peut alors pas imposer une vision qui irait à leur encontre sans risquer d’être renversé.
Le NPD ne les renverserait jamais sur cette question. Je ne vois pas le risque.
Cerfs du parc Michel-Chartrand Brigitte Bardot critique le projet d’abattage de Longueuil
PHOTO ERIC FEFERBERG, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Brigitte Bardot exhorte la Ville de Longueuil à « laisser la vie sauve à ces animaux en apportant une solution éthique et durable au problème ».
(Montréal) Brigitte Bardot condamne le projet controversé de la Ville de Longueuil visant à abattre la plupart des chevreuils qui vivent dans un parc municipal.
Publié le 17 novembre
La Presse Canadienne
Dans une lettre ouverte publiée mardi sur le site web de sa fondation, l’ancienne actrice française demande à la mairesse Catherine Fournier d’arrêter ce qu’elle appelle le « projet d’abattage à l’arbalète de cerfs de Virginie » dans le parc Michel-Chartrand.
La Ville a expliqué l’été dernier que ce parc abrite près de 10 fois plus de chevreuils que l’écosystème ne peut en supporter. L’administration municipale soutient que cette surpopulation est dangereuse pour les bêtes et pour les résidants à proximité, en raison du risque d’accidents de la route.
L’abattage par arbalète devait avoir lieu cet automne, mais l’opération a été interrompue après que la Cour d’appel du Québec a accepté la demande de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux de Montréal d’entendre la cause. La Cour supérieure avait auparavant refusé, le 4 octobre dernier, d’ordonner la suspension du projet d’abattage.
Brigitte Bardot, qui avait vigoureusement combattu la chasse au phoque au Canada à la fin des années 1970, souligne cette semaine que la chasse à l’arbalète « est une pratique cruelle et totalement interdite en France et dans de nombreux pays ». Elle plaide notamment que cette chasse « ne garantit pas que l’animal soit tué sur le coup ».
Elle exhorte donc la Ville de Longueuil à « laisser la vie sauve à ces animaux en apportant une solution éthique et durable au problème ».
« Ne laissez pas l’image du Canada, symbole de mon premier combat contre la chasse aux phoques, entachée du sang de ces pauvres cervidés qui ne demandent qu’à vivre ! », lit-on dans sa lettre ouverte.
« À l’heure où la biodiversité est plus que jamais en danger, comprenez la colère et l’indignation que soulève votre décision. Il est de notre devoir commun de pacifier notre relation à la nature. »
La cause sera entendue en appel le 25 novembre.
Depuis 2017, le cheptel de cerfs au parc Michel-Chartrand aurait triplé, pour atteindre 108 bêtes, alors que la capacité de ce territoire ne serait que de 10 à 15 cervidés, selon des documents soumis à la Cour.
Je serais le premier à vouloir défendre les animaux dans le contexte de la protection de l’environnement et de la survie de la biodiversité. On ne parle pas ici de destruction de cheptel, mais bien de survie d’une population dont le nombre n’est plus viable sur un si petit territoire totalement enclavé. Au contraire ces animaux soufrent de malnutrition et détruisent malgré eux de plus en plus leur environnement, en broutant excessivement la végétation, qui n’arrive plus à se régénérer.
On dit souvent que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Voilà ici un discours de vedette sincère mais totalement inapproprié à la situation. Un geste qui ne ferait que retarder l’application de solutions durables, afin de rééquilibrer la faune à la capacité de nourriture produite naturellement dans cet environnement déjà largement soumis aux pressions humaines.
Le parc des Iles de Boucherville n’est pas un zoo, ni une zone d’élevage quelconque et ne doit pas être géré comme tel. C’est un environnement dont on tente de protéger le fragile équilibre de toutes les espèces animales et végétales. Donc une sorte de parc de conservation qui est cependant mis en péril par une gestion problématique d’une espèce dominante.
Cela étant dit, cessons de tergiverser et agissons efficacement pour mettre un terme aux hésitations des autorités, qui n’ont d’autres choix que de prendre leurs propres responsabilités dans des délais raisonnables.
J’en conclus qu’on permet aujourd’hui d’abréger humainement la vie des patients qui souffrent inutilement de maladie incurables ou intolérables et pour lesquels il n’y a pas de remède, ni d’espoir. Pourquoi ne pas utiliser ce même genre de protocole en douceur pour euthanasier sélectivement les cerfs considérés en surnombre, puis gérer ensuite selon les meilleurs pratiques la population restante?
Planète bleue, idées vertes Un F-150 qui réduit les GES
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
L’employé Samuel Goyette (à droite) explique le fonctionnement de la camionnette électrique que l’écocentre prête gratuitement aux citoyens pour leur permettre d’apporter leurs rebuts surdimensionnés.
(Joliette) Pour éviter que les gros rebuts dont les citoyens veulent se débarrasser finissent au dépotoir, la MRC de Joliette leur prête une camionnette électrique. Ils peuvent ainsi les apporter à son écocentre, où les deux tiers des matières reçues sont revalorisées.
Publié à 5h00
Photos : Robert Skinner La Presse
Grisaille, pluie, vent, rien n’arrête le citoyen désireux de faire place nette. En ce jeudi après-midi frisquet, gros camions et petites remorques chargés de meubles et de matériaux divers se succèdent à l’écocentre logé dans le parc industriel de Joliette.
Les citoyens qui n’ont pas de moyen de transport adéquat pour leurs rebuts surdimensionnés peuvent faire appel à la collecte d’encombrants, mais tout ce qui est ainsi ramassé par les éboueurs est envoyé au centre d’enfouissement.
« La destination ultime des collectes d’encombrants, c’est l’élimination, et pour moi, ce n’est pas une solution. Il fallait que je trouve des solutions de rechange, novatrices et concrètes », raconte le directeur de la planification et de la gestion du territoire de la MRC, Mario Laquerre.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Mario Laquerre, directeur de la planification et de la gestion du territoire à la MRC de Joliette. « Ça, c’est seulement une semaine », dit-il au sujet des déchets électroniques qui s’empilent derrière lui.
La « destination alternative » existait déjà, puisque l’écocentre, géré par la MRC, recycle 65 % des quelque 3000 tonnes de matières reçues chaque année.
Solution de transport
Ce qui s’est ajouté cet automne, c’est une solution de transport alternative — une camionnette F-150, robuste mais électrique, que l’écocentre prête gratuitement aux citoyens des sept municipalités de la MRC désireux d’apporter leurs encombrants. C’est une première au Québec. Après une vingtaine de journées de service, le véhicule avait déjà été emprunté par une trentaine de résidants.
« Je n’ai pas l’habitude de conduire une camionnette, je n’avais jamais conduit une voiture électrique avant, et j’ai adoré ça. Ç’a été vraiment un charme », nous a raconté Violaine Pelletier, de Joliette.
Lorsque le bas de son duplex a été inondé durant les pluies torrentielles de la mi-septembre, elle s’est retrouvée avec « une quantité incroyable de déchets ». Plancher, bois de construction, meubles, vêtements, papiers, livres, il y en avait tellement qu’elle a emprunté la camionnette électrique à deux reprises, pour un total de sept chargements.
PHOTO FOURNIE PAR VIOLAINE PELLETIER
Violaine Pelletier a pu apporter sept chargements de rebuts à l’écocentre grâce à la camionnette prêtée par la MRC de Joliette.
C’est innovateur comme vision, et ça vient répondre à plusieurs besoins — le besoin personnel d’un camion, mais aussi l’aspect écologique de la chose, et l’aspect communautaire. Je nous ai trouvés impressionnants, à Joliette !
Violaine Pelletier, utilisatrice du service
La camionnette blanc et vert arborant l’inscription « Empruntez ce véhicule » a d’ailleurs suscité la curiosité de plusieurs voisins, dont au moins un s’est promis de l’emprunter aussi.
« Ça fait partie de la philosophie : on essaie de réduire les gaz à effet de serre et en même temps, on fait connaître l’électrification des transports à plein de citoyens », confirme M. Laquerre.
Caverne d’Ali Baba
Cette camionnette est un projet de réemploi en soi, puisque le moteur du véhicule était hors d’usage. La MRC l’a acquis pour 3000 $, puis a payé 70 000 $ pour le faire électrifier, une conversion remboursée pour moitié par une subvention.
Le gain pour la MRC ne vient pas seulement des matières détournées de l’enfouissement, mais aussi du transport. Envoyer des éboueurs ramasser des encombrants devant la résidence d’un citoyen, « ça coûte une fortune », souligne M. Laquerre. « C’est deux employés, souvent trois. Et savez-vous combien ça consomme, un camion à déchets ? Jusqu’à 125 litres aux 100 kilomètres ! C’est énorme en termes de GES ! »
La camionnette, qui peut être réservée au téléphone ou sur le site web de la MRC, est prêtée pour une durée maximale de trois heures, uniquement pour apporter des résidus à l’écocentre. Son autonomie est d’environ 160 kilomètres, mais il est interdit de l’utiliser pour déménager, magasiner ou sortir de la MRC. Le véhicule est équipé d’un GPS qui témoigne en tout temps de son emplacement.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Samuel Goyette, un employé de l’écocentre de la MRC de Joliette, transporte l’un des nombreux téléviseurs reçus chaque semaine.
Au début d’octobre, le service a reçu le Prix coup de cœur du Programme GMR Pro, qui récompense les initiatives de gestion des matières résiduelles municipales. Depuis, près d’une quinzaine de localités s’y sont intéressées, indique M. Laquerre. La MRC en aura plus à dire au terme de son essai de deux ans, durant lequel les quantités de matières apportées avec la camionnette électrique, et les émissions de GES ainsi évitées, seront calculées avec précision.
La MRC, qui a repris la gestion de l’écocentre en 2020, développe d’ailleurs de nouveaux débouchés pour les matières reçues. Cela va du tri des branches de cèdre, envoyées à un fabricant d’huiles essentielles, à la remise en valeur des objets en bon état. Tabourets, chaises, ventilateurs, trépieds et autres petits meubles et accessoires sont désormais offerts gratuitement dans deux conteneurs ornés de l’enseigne La caverne d’Ali Baba. « Ce n’est pas ouvert au public. C’est ouvert à ceux qui viennent porter des matières, on veut les récompenser », précise M. Laquerre.
« Il y a une limite au volontariat : essayez ça avec les impôts, vous me direz si ça marche… », prévient toutefois cet urbaniste de formation, qui enseigne la gestion des matières résiduelles à la maîtrise en environnement de l’Université de Sherbrooke depuis 15 ans.
Pour augmenter la proportion de matière détournée de l’enfouissement, il faudrait « des moyens qui vont permettre d’aller plus loin », croit-il.
« À partir du moment où les citoyens ont accès à trois collectes et à un écocentre, ça devrait être une obligation pour eux de les utiliser. »
Consultez le site du service de camion électrique de la MRC de Joliette
Bilan de la COP27 Du surplace, ou presque
PHOTO ROBYN BECK, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Le soleil dans le ciel californien, en juillet 2021, lors d’une période de canicule intense et d’incendies de forêts
« Nous allons toujours dans la mauvaise direction, mais un peu plus lentement », selon une experte.
Publié à 0h00
Frédérik-Xavier Duhamel La Presse
Les délégués de la COP27 ont convenu d’un accord afin de soutenir les pays en développement victimes des changements climatiques, mais beaucoup reste à faire avant qu’il ne se concrétise. De nombreux observateurs ont été déçus par l’échec à fixer de nouvelles ambitions pour la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES), alors qu’on « s’éloigne de l’objectif » du 1,5 °C, et par la performance du Canada.
Un fonds célébré
Le texte adopté propose de « créer un fonds de réponse aux pertes et dommages »1 pour les pays en développement. Les détails doivent être élaborés d’ici la COP28, qui aura lieu aux Émirats arabes unis en 2023.
Cette entente « est un pas énorme », a déclaré la professeure Kathryn Harrison, spécialiste des politiques climatiques à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), soulignant qu’il s’agit d’un « point de discorde depuis des décennies » auquel s’opposaient les États-Unis et l’Europe.
Des groupes environnementaux comme le Réseau Action Climat et Équiterre se sont également réjouis de cet aspect de l’accord, tout comme des leaders de la communauté internationale.
Cette COP a fait un pas important vers la justice. Il est clair que cela ne suffira pas, mais c’est un signal politique indispensable pour reconstruire la confiance brisée.
António Guterres, secrétaire général de l’ONU
Le ministre de l’Environnement de la Zambie a qualifié ce résultat de « très positif pour 1,3 milliard d’Africains ». Le ministère de l’Environnement d’Afrique du Sud a salué un « progrès », mais réclamé « une action urgente » pour « assurer le respect des obligations des pays développés ».
Kénel Délusca, président du groupe d’experts des pays les moins avancés de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, a aussi évoqué « un pas dans la bonne direction », mais souligné que « les besoins sont énormes, donc il y a encore un grand écart à combler ». Les détails opérationnels feront l’objet de discussions difficiles, a-t-il prévu.
Déception sur la réduction des GES
« Nous devons réduire considérablement les émissions [de gaz à effet de serre, GES] maintenant — et c’est une question que cette COP n’a pas abordée, a regretté M. Guterres. Nous devons investir massivement dans les énergies renouvelables et mettre fin à notre dépendance aux énergies fossiles. »
Contrairement à l’engagement pris à Glasgow en 2021, la COP27 n’a pas réussi à revoir à la hausse le niveau des engagements pour réduire l’utilisation des énergies fossiles.
Le texte adopté évoque la fin des « subventions inefficaces aux carburants fossiles », mais pas la sortie du pétrole ou du gaz.
Le texte réaffirme les objectifs de l’accord de Paris de 2015, qui vise à limiter le réchauffement de la planète « nettement en dessous de 2 °C » par rapport à l’ère préindustrielle, et si possible, à 1,5 °C.
Les promesses actuelles, si elles sont respectées, pourraient limiter le réchauffement planétaire à 2,4 °C d’ici la fin du siècle. « On s’éloigne de l’objectif et on va probablement le dépasser très bientôt », a déploré M. Délusca. Dans un tel scénario, « les conséquences seront dramatiques », a insisté la professeure Julie Talbot, directrice du département de géographie de l’Université de Montréal, rappelant que les émissions de GES ont augmenté depuis l’accord de Paris.
« Nous allons toujours dans la mauvaise direction, mais un peu plus lentement », a tempéré la professeure Harrison.
Le Canada pas à la hauteur
Des groupes environnementaux soutiennent que la contribution du Canada aux négociations n’a pas été à la hauteur de la crise climatique.
Le fait que des représentants de l’industrie pétrolière aient été invités au pavillon du Canada à la COP27, par exemple, est « simplement inacceptable », a soutenu Andréanne Brazeau, analyste politique chez Équiterre. « La large place réservée aux lobbyistes de l’industrie des énergies fossiles à cette COP était franchement choquante […]. Ça démontre le manque de sérieux de nombreux pays, le Canada en tête, pour atteindre les objectifs d’atténuation du réchauffement climatique », a ajouté la professeure Talbot.
En ce qui a trait à l’engagement du Canada à mettre fin au financement public des énergies fossiles, « il n’y a encore aucune trace de ça et aucune avancée concrète, du moins, aucune qui est publique », a souligné Mme Brazeau.
Si les autorités canadiennes visent une réduction des émissions de GES de 40 % d’ici 2030, elles prévoient aussi augmenter la production pétrolière de 5 % — une « incohérence majeure », selon Équiterre.
Selon Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie pour Greenpeace Canada, l’effort du gouvernement fédéral en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre est un « échec » et le Canada n’est actuellement « pas sur la bonne voie ».
Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, s’est au contraire félicité des avancées concernant la création du fonds pour les « pertes et dommages » et l’abandon progressif du charbon. « Nous sommes plus que jamais déterminés à soutenir la transition mondiale vers des formes d’énergie plus propres et renouvelables, en nous affranchissant de notre dépendance aux combustibles fossiles », a-t-il assuré dans une déclaration dimanche soir.
Avec l’Agence France-Presse, La Presse Canadienne, Éric-Pierre Champagne et Jean-Thomas Léveillé
1. Lisez « Le fonds pour aider les pays vulnérables finalement adopté »
En savoir plus
- 2,8 °C
Les politiques actuellement en place pointent vers une augmentation de la température de 2,8 °C d’ici la fin du siècle.
45 %
Pour être sur la bonne voie afin de limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 °C, les émissions mondiales de GES doivent être réduites de 45 % d’ici 2030.
source : UNEP Emissions Gap Report 2022
Montréal veut contribuer à sauver cinq espèces naturelles
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Un papillon monarque
La Ville de Montréal veut contribuer à sauver cinq espèces animales et végétales de sa région, en inaugurant un fonds de recherche.
Publié hier à 15h21
Philippe Teisceira-Lessard La Presse
C’est Espace pour la vie – l’organisation municipale qui regroupe notamment le Biodôme, l’Insectarium et le Jardin botanique – et sa fondation qui sont les fers de lance du projet.
Ils espèrent recueillir 1,5 million en trois ans pour financer des travaux scientifiques. Le Port de Montréal a déjà promis de contribuer à hauteur de 50 000 $. La Ville de Montréal assumera les frais d’administration.
« On va se concentrer sur cinq espèces en péril : l’ail des bois – qui est une espèce végétale, la tortue des bois, le papillon monarque, le chevalier cuivré et la rainette faux-grillon », a expliqué Marie-Andrée Mauger, responsable de l’Environnement au comité exécutif.
« Dans les zones urbanisées, la pression sur la faune et la flore est vraiment importante, donc c’est important que les villes jouent un rôle pour multiplier les efforts et les actions de conservation », a-t-elle ajouté.
L’annonce était effectuée alors que la COP15 sur la biodiversité commencera dans quelques semaines à Montréal.
Transition énergétique Des milliers de tonnes de nouveaux déchets à gérer
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
Selon l’étude de RECYC-QUÉBEC, les deux secteurs où il y aura davantage de matériaux à gérer en 2050 sont l’éolien (environ 49 % des 296 000 tonnes) et la mobilité électrique (environ 47 %).
La transition énergétique devrait permettre de réduire les gaz à effet de serre, mais elle entraînera également l’apparition de nouveaux types de déchets. Dans une étude publiée mardi, RECYC-QUÉBEC souhaite stimuler la réflexion pour gérer de façon optimale les centaines de milliers de tonnes de nouveaux matériaux qui devront éventuellement être récupérés et valorisés.
Publié à 17h15
Stéphane Blais La Presse Canadienne
Le Québec doit réfléchir dès maintenant aux stratégies d’économie circulaire qui seront utilisées pour gérer l’abondance de déchets, ou de matériaux en fin de vie, provoquée par la transition énergétique, selon RECYC-QUÉBEC.
L’étude « Matériaux de la transition énergétique : État de la situation et pistes de solution » souligne que la quantité de matériaux à gérer passerait d’un peu plus de 4000 tonnes en 2021 à 296 000 tonnes en 2050, soit environ 70 fois plus. D’ici 2030, c’est environ 142 000 tonnes de matériaux qui proviendront des secteurs de l’énergie éolienne, de l’énergie solaire, de l’hydrogène vert et de la mobilité électrique.
« Si on aborde la transition énergétique, écologique avec la mentalité de l’économie linéaire, c’est-à-dire qu’on met en marché, on utilise et on jette, alors on s’éloigne de notre objectif », a souligné la présidente-directrice générale de RECYC-QUÉBEC en entrevue avec La Presse Canadienne.
« Il faut que la ressource qu’on utilise devienne un déchet le plus tard possible et lorsqu’elle en est un, il faut trouver comment on en dispose, donc il faut y réfléchir dès maintenant et en y pensant à l’avance, on a le temps de développer des solutions qui sont acceptables, locales, en en boucle courte », a ajouté Sonia Gagné.
La « boucle courte » est une stratégie de l’économie circulaire qui vise à privilégier les marchés locaux pour réutiliser, réparer, rénover ou encore recycler un produit pour que son cycle de vie soit le plus long possible.
À l’inverse, la gestion des matières en boucle longue va privilégier l’exportation de produits en fin de vie à l’étranger, comme c’est le cas pour de grandes quantités de déchets, comme certains plastiques que l’on charge sur des bateaux vers des pays asiatiques, en ignorant parfois s’ils seront brûlés, recyclés ou enfouis.
Selon l’étude de RECYC-QUÉBEC, les deux secteurs où il y aura davantage de matériaux à gérer en 2050 sont l’éolien (environ 49 % des 296 000 tonnes) et la mobilité électrique (environ 47 %).
Recycler les éoliennes : un défi de taille
Si on considère que la durée de vie moyenne d’une éolienne est entre 20 et 25 ans, une quantité importante de celles installées dans les premiers parcs éoliens du Québec au début des années 2000 arriveront en fin de vie dans les prochaines années.
RECYC-QUÉBEC souligne que les principaux freins et enjeux pour le recyclage des éoliennes sont reliés aux pales, car elles sont composées de matériaux composites plus difficilement recyclables.
Actuellement au Québec, les pales d’éoliennes sont envoyées au lieu d’enfouissement technique (LET) le plus proche, elles ne sont donc ni réutilisées ni recyclées.
Utiliser les pales en fin de vie comme combustible dans les cimenteries, comme c’est le cas dans certains pays européens ne représente pas non plus une solution écologique en raison du CO2 émis par leur combustion.
PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE
Prolonger la vie utile des pales d’éoliennes est un défi de taille, car leur imposante dimension nécessite de les découper avant de les transporter ou bien de recourir à un transport particulier, ce qui « augmente significativement les coûts associés à leur logistique, limitant ainsi les possibilités d’atteindre des sites ayant la capacité de les recycler », souligne l’étude de RECYC-QUÉBEC.
« Lorsque les pales arrivent en fin de vie, ce sont de grandes quantités qui sont générées en peu de temps, engorgeant potentiellement les filières de traitement », peut-on lire dans l’étude.
Aux Pays-Bas et au Danemark, certaines pales d’éoliennes en fin de vie font partie du mobilier urbain, elles sont utilisées comme abri à vélo, transformées en banc public ou encore en aire de jeux pour enfant dans les parcs.
Mais l’intégration de pales d’éoliennes dans le mobilier urbain est une solution qui présente des limites, en raison de la très grande quantité d’éoliennes qui devront être gérées.
L’étude de RECYC-QUÉBEC souligne que la valorisation des pales d’éoliennes fait l’objet d’un projet de recherche de Synergie Matanie, en association avec le Groupe Bouffard et l’Université de Sherbrooke, qui vise à « intégrer des résidus de pales, constitués à 75 % de fibre de verre, dans un mélange de béton ».
« C’est un projet à petite échelle qui sert à évaluer des pistes de solutions », a souligné la présidente-directrice générale de RECYC-QUÉBEC, Sonia Gagné.
Mais pour la présidente de RECYC-QUÉBEC, une grande partie de la solution à la gestion des matériaux provenant de la transition énergétique repose sur l’écoconception.
Sonia Gagné suggère que ce principe, qui consiste à intégrer la protection de l’environnement dès la conception d’un produit, devrait être pris en compte dans les appels d’offres.
Parmi les freins à la bonne gestion des matériaux de la transition, le rapport de RECYC-QUÉBEC mentionne également qu’au Québec « il n’existe pas d’incitatifs pour les fabricants ou d’obligation de recyclabilité poussant les fabricants à écoconcevoir les composantes d’éoliennes ».
Il est pourtant possible de fabriquer des pales d’éoliennes avec des matières recyclables ; l’étude de RECYC-QUÉBEC rapporte par exemple que Siemens Gamesa a lancé la première pale entièrement recyclable dans une usine au Danemark en 2021 et que le projet Dreamwind de Vestas, en Suède, a pour objectif de mettre au point des matériaux composites recyclables pour les pales.
Selon la Commission européenne, 80 % des impacts et 70 % des coûts environnementaux et sociaux des produits et services peuvent être déterminés au cours de la conception.
Batteries et bornes : 20 fois plus de matériaux
En 2050, les bornes et les batteries du secteur du transport électrique devraient générer 20 fois plus de matériaux qu’actuellement, environ l’équivalent du secteur de l’éolien selon RECYC-QUÉBEC.
Parmi les 296 000 tonnes de matériaux produits par la transition énergétique et qui devront être revalorisés en 2050, RECYC-QUÉBEC a identifié du béton, de l’aluminium, des métaux ferreux, ainsi que divers minéraux critiques et stratégiques.
L’économie circulaire et la mise en place de stratégies d’écoconception, dans une perspective de réduction à la source, représentent la clé pour assurer la gestion durable des matériaux de la transition énergétique selon l’étude.
Qualité de l’air « Première mondiale » pour un drone conçu à Québec
PHOTO FOURNIE PAR DRONEXPERTS | L’AirDX-SM, de la firme DroneXperts, est un drone de 4,5 kg disposant d’une autonomie pouvant aller jusqu’à 15 minutes, capable d’intégrer trois méthodes d’échantillonnage de l’air.
Né de l’urgence environnementale lors de la tragédie de Lac-Mégantic en 2015, un tout nouveau drone développé à Québec et présenté comme une « première mondiale » a été officiellement lancé mercredi.
24 novembre 2022 | Publié à 7h00 | KARIM BENESSAIEH | LA PRESSE
L’AirDX-SM, de la firme DroneXperts, est un drone de 4,5 kg disposant d’une autonomie pouvant aller jusqu’à 15 minutes. L’utilisation de ce type d’appareil pour l’échantillonnage et l’analyse de la qualité de l’air n’est pas en soi une nouveauté. Ce qui l’est, explique Patrick Chatelle, directeur, environnement et R&D, chez DroneXperts, c’est l’utilisation simultanée de trois méthodes d’échantillonnage.
Le drone dispose en outre d’un GPS qui permet de géolocaliser et de détecter en temps réel jusqu’à sept gaz différents, dont des gaz à effet de serre. L’AirDX-SM est destiné aux grandes industries qui veulent mesurer les émissions de leurs installations, notamment les usines de pâtes et papiers, les sites d’enfouissement sanitaire et les entreprises pétrolières.
« On est en mesure d’aller échantillonner dans des endroits où un humain ne peut se rendre », explique M. Chatelle. Plus spécifiquement, le drone peut intégrer trois technologies utilisées pour l’échantillonnage : un réservoir appelé « poumon rigide », un canister et des tubes dits « adsorbants », sur lesquels se fixent des molécules.
Premières livraisons en janvier
La conception a mobilisé une quinzaine d’experts à partir de 2015, provenant notamment du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) et du Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec (CEAEQ). On voulait notamment répondre aux besoins en « analyse aéroportée » de l’air après la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, précise M. Chatelle. Experts en robotique, en génies électrique et mécanique, en informatique, en environnement et en drones ont été mis à contribution. À partir de 2018, c’est DroneXperts, entreprise fondée six ans plus tôt, qui a piloté ce que M. Chatelle appelle « l’optimisation », allégeant le drone, le testant sur le terrain et améliorant l’autonomie.
Depuis mars 2022, le gros des efforts est mis dans l’obtention des certifications et la démonstration de la conformité réglementaire de l’AirDX-SM.
Les premières unités, estime le directeur chez DroneXperts, seront livrées en janvier 2023, entièrement fabriquées dans les installations de l’avenue Branly à Québec qui comptent une trentaine d’employés. « Ça va vraiment être fait ici. Tout est planifié pour ça, ça va assurer la fiabilité du produit, de certaines composantes et de calibrations pour qu’il soit entièrement opérationnel. »
S’il assure que la demande pour ce drone est déjà très forte, ayant notamment fait sensation lors d’un salon récent à Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, il ne se prononce pas sur le nombre d’unités qui pourraient être vendues dans les prochains mois. Dans un premier temps, on vise les marchés nord-américain et européen.
« L’entreprise est prête à s’ajuster, si des embauches sont nécessaires. »
Dix entreprises émettent la moitié des GES du secteur industriel au Québec
Des cheminées d’usines et de raffineries dans Montréal-Est. Photo: Josie Desmarais/Métro
Alexis Fiocco
16 novembre 2022 à 16h48 - Mis à jour 16 novembre 2022 à 17h00
Une étude révèle que seules dix entreprises comptabilisent plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur industriel au Québec en 2019.
Publiée le 16 novembre par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), l’étude qui met en lumière les industries les plus polluantes de la province demande au secteur industriel de se décarboniser.
D’après l’étude, le secteur industriel émet plus de 29% des émissions totales de GES au Québec, dont les trois quarts sont directement émis par 72 entreprises œuvrant dans la fabrication et l’exploitation minière.
L’industrie de la fabrication serait la plus polluante, suivie par l’industrie de l’extraction minière, de pétrole et de gaz ainsi que l’exploitation des carrières. L’industrie des services de gestion des déchets et d’assainissement occupe la troisième place des plus gros pollueurs, suivie par des établissements publics impliqués dans la production d’électricité.
L’impact économique des gros pollueurs surévalué?
Selon le rapport de l’institut, les bénéfices économiques apportés par les entreprises les plus polluantes sont surestimés. En effet, les 72 établissements industriels les plus pollueurs produisent 22% des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) au Québec, alors qu’ils ne génèrent que 1% des emplois de la province.
L’étude ajoute que ces mêmes entreprises ne participent pas assez à la rétention des richesses au Québec. Tous les actionnaires des dix entreprises responsables de la moitié des GES du secteur industriel proviennent de l’étranger.
L’institut souhaite qu’une transition écologique soit faite par les secteurs les plus polluants, tout en prenant en compte l’importance de ces industries dans l’économie des régions qui en dépendent. Il rappelle que plus de 10% de la population active des régions du Nord-du-Québec, de la Côte-Nord, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de l’Abitibi-Témiscamingue et du Centre-du-Québec est employée par une entreprise polluante. Dans certaines municipalités de la province, c’est près de 40 % de la population active qui est employée par une industrie polluante.
Dans son rapport, l’IRIS demande aux industries les plus polluantes de s’impliquer dans la lutte aux changements climatiques afin de respecter la cible de réduction des émissions de GES de Québec de 37,5% d’ici 2030. «Les grands pollueurs au Québec doivent redoubler d’efforts pour réduire leur empreinte environnementale», déclare Colin Pratte, co-auteur de l’étude. «Pour limiter le réchauffement planétaire, miser sur l’électrification des transports ne suffit pas», estime le chercheur.
Discussions sur l’agrandissement du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent
Une grande lacune du parc actuel est qu’il ne couvre pas l’entièreté de l’aire essentielle des bélugas.
Photo : Courtoisie : Alexandre Shields
Laurence Vachon (accéder à la page de l’auteur)
Laurence Vachon
Publié hier à 19 h 24
Le gouvernement du Québec confirme que des discussions ont cours avec Ottawa sur un éventuel projet d’agrandissement du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Si ces négociations sont concluantes, les deux gouvernements pourraient en faire l’annonce dès le mois prochain. Ils le feraient à la faveur de la grande conférence internationale des Nations unies sur la biodiversité à Montréal.
C’est le quotidien Le Devoir qui a d’abord évoqué la possibilité d’une entente à ce sujet. Dans les milieux spécialisés comme le Comité de coordination du parc marin, on évoque librement ce scénario avec l’espoir qu’il se réalise rapidement.
Le directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), Alain Branchaud, affirme que tout est en place pour que les gouvernements annoncent des mesures concrètes de protection de la biodiversité lors de la COP15.
Le gouvernement fédéral a fait son camp. Il va opter pour l’agrandissement du parc marin, qui semble être l’option favorite du gouvernement du Québec. On espère que le gouvernement du Québec va saisir l’occasion et profiter de la COP15 pour annoncer conjointement avec le gouvernement fédéral l’agrandissement du parc marin, estime Alain Branchaud.
Selon lui, la COP15 est l’occasion pour les gouvernements canadien et québécois de pousser à la roue et d’envoyer un signal clair selon lequel ils sont engagés dans la protection des écosystèmes marins.
Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec
Photo : Radio-Canada / Laurent Boursier
Professeur émérite à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER-UQAR) et président du comité de coordination du parc marin, Émilien Pelletier estime lui aussi que les négociations avancent rondement. Selon ses informations, les discussions sont très bien entamées entre Québec et Ottawa avec les autorités du parc marin pour présenter les paramètres d’un éventuel agrandissement.
Le cabinet du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs indique que des échanges sont en cours entre les deux gouvernements sur plusieurs projets, dont celui du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent.
Le gouvernement fédéral et Parcs Canada n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue.
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Engagement clair demandé
La SNAP
Québec demande depuis plusieurs mois l’agrandissement du parc marin. C’est un modèle qui est éprouvé, qui donne des résultats concrets pour la protection et la conservation de la biodiversité, avance Alain Branchaud.
Le parc marin du Saguenay—Saint-Laurent, créé en 1998 et fruit d’une collaboration entre le fédéral et le provincial, est de ce fait doté d’une structure qui implique les deux ordres de gouvernement.
L’option de l’agrandissement est ainsi plus facile à réaliser que la création d’une seconde zone de protection, qui impliquerait la création d’une nouvelle loi, selon les deux experts consultés. On peut simplement, par décret, modifier les limites du parc marin actuel, après des consultations évidemment, explique le directeur général de la SNAP Québec.
Techniquement et politiquement, c’est plus simple. Et c’est là que semblent s’aligner les planètes entre le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral. On a mutuellement un intérêt politique et socioéconomique à agrandir les limites, ajoute Émilien Pelletier.
Émilien Pelletier s’intéresse depuis plusieurs années aux aires marines protégées.
Photo : Radio-Canada
Cette expansion, si elle se concrétise, pourrait résoudre une grande lacune du parc actuel : il ne couvre pas l’entièreté de l’aire essentielle des bélugas, qui est pourtant le premier objectif de protection du parc marin, rappelle le professeur émérite et président du comité de coordination du parc marin.
On voit très clairement qu’on ne couvre même pas 50 % de l’aire d’occupation, donc on a toujours espéré que l’aire qui n’est pas protégée le sera éventuellement, explique Émilien Pelletier. D’ailleurs, il dit sentir une sensibilité accrue à Ottawa et une nouvelle écoute à Québec en ce qui a trait aux enjeux de protection du territoire maritime.
Le parc marin ne couvre pas la moitié de l’aire d’occupation du béluga dans le Saint-Laurent, selon Émilien Pelletier.
Photo : Radio-Canada
Doubler la superficie
Alain Branchaud croit que la zone du parc marin pourrait doubler si l’habitat des bélugas est pris en compte dans les calculs d’expansion. Le parc pourrait s’étendre de Baie-Saint-Paul jusqu’à Trois-Pistoles et jusqu’aux Escoumins, selon Émilien Pelletier.
« Actuellement, le parc marin coupe l’estuaire en deux sur la longueur, ce qui n’a aucun sens du point de vue écologique. Le béluga, il ne sait pas qu’il y a une ligne au milieu. »
— Une citation de Émilien Pelletier, professeur émérite à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski
Il ajoute que l’expansion apporterait une protection majeure aux mammifères marins puisque les embarcations ne pourraient plus s’en approcher, comme c’est le cas dans le parc marin.
Avec les informations de Camille Lacroix
Des emballages comestibles aux algues comme alternative au plastique
PHOTO JUSTIN TALLIS, AGENCE FRANCE-PRESSE
Une employée de Notpla démontre la comestibilité d’un produit Ooho, qui s’apparente à du plastique, à Londres.
(Londres) Comment éviter d’emballer boissons et aliments dans du plastique et réduire ainsi la pollution des sols et des océans ? À Londres, une jeune entreprise a trouvé une solution : des emballages comestibles ou naturellement biodégradables, fabriqués à partir d’algues.
Publié à 0h09
Marie HEUCLIN Agence France-Presse
Une idée qui vaut à l’entreprise Notpla d’être sélectionnée cette année parmi les quinze finalistes du prix Earthshot, créé par le prince William pour récompenser des innovations bonnes pour l’environnement ou la lutte contre le changement climatique.
L’aventure de Notpla a commencé dans une petite cuisine londonienne. Le Français Pierre Paslier et l’Espagnol Rodrigo Garcia Gonzalez, tous deux étudiants au Royal College of Art de Londres pour se former à la conception de produits innovants, cherchaient à créer des emballages non nocifs pour l’environnement.
« Ingénieur packaging chez L’Oréal, je développais des solutions packaging en plastique, des bouteilles de shampoing, des pots de crème, et rapidement je me suis rendu compte que je voulais travailler plutôt sur des solutions, que créer plus de plastiques qui finissent dans l’environnement », raconte à l’AFP le Français de 35 ans.
Les deux étudiants cherchent à concevoir des emballages à partir de matières naturelles et biodégradables, contrairement aux plastiques issus de l’industrie pétrochimique.
Après avoir testé différentes plantes, « on a trouvé des extraits d’algues, et on s’est rendu compte qu’on pouvait créer des solutions qui étaient très proches de ce qu’on pouvait trouver dans la nature, et même éventuellement mangeables », se souvient Pierre Paslier.
Texture gélatineuse
La vidéo où ils présentent leur concept d’emballage en forme de bulle comestible, baptisée Ooho, devient virale sur l’internet, suscitant l’intérêt d’investisseurs. En 2014, les deux étudiants fondent Notpla, désormais en pleine expansion avec plus de 60 salariés et sur le point de fabriquer ses produits à l’échelle industrielle.
Leur emballage bulle, de la taille d’une grosse tomate cerise, créé à partir d’extraits d’algues selon un processus gardé secret, peut encapsuler toute sorte de liquides : de l’eau, des cocktails utilisables durant des festivals, ou des boissons énergétiques distribuées par exemple en 2019 aux coureurs du marathon de Londres.
Dans la bouche, sa texture s’apparente à un bonbon gélatineux.
C’est dans leurs bureaux situés dans un grand hangar à deux pas du parc olympique Queen Elizabeth de Londres, que se fait la production des bulles, celle des autres produits étant sous-traitées à des fabricants en Europe. La jeune équipe y a aussi ses laboratoires pour mettre au point de nouveaux produits, toujours à base d’algues.
Elle a, par exemple, développé un revêtement biodégradable naturellement pour les boîtes de repas à emporter, qui sert à protéger l’emballage de la graisse ou des aliments liquides.
Notpla fournit ainsi le géant du secteur Just Eat au Royaume-Uni et dans cinq autres pays européens. Les aliments vendus durant la finale de la Coupe d’Europe féminine de football au stade de Wembley à Londres en juillet étaient emballés par Notpla.
« Atouts incroyables »
Une de ses dernières innovations est un emballage transparent pour les produits secs, comme les pâtes.
Les algues « ont des atouts incroyables », explique Pierre Paslier. Elles « poussent très vite, certaines des algues qu’on utilise dans nos labos poussent de près d’un mètre par jour. […] En plus de ça, il n’y a besoin d’aucune activité humaine pour les faire pousser, pas besoin de rajouter de l’eau potable ou des engrais », précise-t-il.
Et « les algues sont là depuis des milliards d’années, donc où que notre packaging finisse, la nature sait très bien comment déconstruire et réutiliser ces matériaux sans créer de pollution », vante l’ingénieur.
Pour l’instant, les produits de Notpla restent plus chers que ceux en plastique, mais en commençant à produire à grande échelle leur boîte pour les repas à emporter, le surcoût a été ramené à 5 à 10 %.
L’entreprise se veut une alternative parmi d’autres pour réduire la consommation de plastique, au moment où de nombreux pays durcissent leur réglementation.
Selon un récent rapport de l’OCDE, au rythme actuel, la quantité de déchets plastiques triplerait d’ici 2060, à un milliard de tonnes par an, dont une grande partie pollue les océans, menaçant de nombreuses espèces.
Cette année, outre Notpla, quatorze autres entreprises sont finalistes du prix Earthshot. Cinq d’entre elles seront distinguées, remportant 1 million de livres (1,62 million CAD) chacune.
Les prix seront décernés le 4 décembre à Boston aux États-Unis, lors d’une cérémonie retransmise en direct.
500 000 nouveaux arbres à Montréal
Photo: iStock, Warchi
Isabelle Chénier
28 novembre 2022 à 5h00 2 minutes de lecture
La Fondation David Suzuki propose de mettre la main à la pâte pour aider la Ville de Montréal à remplir sa promesse: planter 500 000 arbres sur son territoire d’ici 2030.
Un rapport réalisé par la firme Habitat pour la Fondation David Suzuki expose les détails derrière la scénarisation d’un tel projet, notamment les variétés d’arbres résistants aux aléas climatiques à privilégier et les zones de plantations désignées sur le territoire montréalais.
Sur ce dernier point, le verdissement de six arrondissements de la métropole est jugé prioritaire, à la lumière d’une pluralité d’indicateurs socio-économiques et écologiques. Un total de 275 000 nouveaux arbres devraient prendre racine dans les prochaines années à Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Saint-Laurent, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Villeray–Saint-Michel-Parc-Extension, Ahuntsic-Cartierville et Saint-Léonard.
«L’étude propose une approche en quatre étapes que devrait adopter toute ville voulant planifier la plantation d’arbres selon les besoins socio-économiques et écologiques spécifiques des quartiers et ainsi maximiser les bénéfices des interventions à long terme. Une telle approche est essentielle pour planter les bons arbres aux bons endroits dès aujourd’hui, afin d’affronter les conditions futures plus difficiles, et ce, de manière équitable», précise la responsable des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, Catherine Hallmich.
Pour rendre possible la plantation de tous ces arbres, la participation additionnelle des citoyens et des acteurs privés serait nécessaire, a souligné la Fondation dans un communiqué de presse, «puisque plus de 60% de la superficie propice aux nouveaux arbres est localisée en terrain privé et que plus du tiers de la superficie en zone non minéralisée est située sur des terrains résidentiels».