Je possède justement un rush vidéo en drone de la centrale solaire de La Prairie (pas de moi, de Evans Simard). Je m’occuperai sans doute du montage dans les prochains jours / semaines, mais voici des captures d’écran.
Le lundi 28 juin
Actualités
Pour l’instant, LM Wind Power produit surtout des pales de 42 à 47 mètres. Avec l’expansion prochaine, l’usine compte produire des pales allant jusqu’à 107 mètres.
28 juin 2021 3h00 Mis à jour à 4h01
Expansion majeure imminente à l’usine de LM Wind Power à Gaspé
Simon Carmichael
Initiative de journalisme local - Le Soleil
Gilles Gagné
Collaboration spéciale
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C’est à la fois le secret le mieux et le moins bien gardé de Gaspé. L’usine de pales d’éoliennes LM Wind Power devrait annoncer à la mi-juillet d’importants investissements pour agrandir ses installations et se lancer dans la fabrication de pales pour des éoliennes en mer, selon plusieurs sources proches du dossier consultées par Le Soleil. Le projet nécessiterait un investissement de près de 100 millions $. Entre 100 et 200 emplois seraient créés.
Après un important agrandissement en 2016-2017, la compagnie LM Wind Power de Gaspé devrait annoncer une nouvelle phase d’expansion dans les prochaines semaines, possiblement vers la mi-juillet. Le projet serait en partie financé par les gouvernements de Québec et d’Ottawa.
Selon les informations obtenues par Le Soleil auprès de nombreuses personnes bien au fait du projet, la filiale de GE Renewable Energy vise à tripler la superficie de son usine gaspésienne pour se lancer dans la production de pales liées à l’aménagement de parcs éoliens en mer, notamment pour répondre à la demande du Nord-est américain et de l’Europe. Jointe par courriel, la compagnie a refusé de commenter le dossier. «Nous n’avons aucun commentaire à faire en la matière», s’est contenté de répondre par courriel le porte-parole Timothy Brown.
Le projet, qui est dans l’air depuis plus de deux ans, aurait été retardé en raison de craintes liées à de possibles tarifs ou des restrictions pour l’exportation des pales vers les États-Unis. Or, seulement quelques détails resteraient à ficeler avant l’annonce officielle. Les détails du projet auraient déjà été communiqués aux employés de l’usine, laissant croire qu’une annonce est imminente.
https://www.lesoleil.com/actualite/en-region/expansion-majeure-imminente-a-lusine-de-lm-wind-power-a-gaspe-104aae41a4c1deb4ba43558004c5e420?utm_source=omerlo&utm_medium=mailer&utm_campaign=Aujourd%E2%80%99hui%3A+les+p%E2%80%99tits+monstres+de+madame+Ann-Marie
Sachant que le mat du stade olympique fait 165m, ce sont d’immenses pales!
Les pales les plus longues au monde sont en ce moment fabriqué par LM Wind Power en Normandie (le 107m visé par l’usine à Gaspé)
Cependant, si on se fie à la tendance où les pales deviennent de plus en plus longues, il n’est pas impossible d’imaginer des pales plus longues que le mat du Stade Olympique dans quelques années
Je ne m’y connais pas du tout dans le domaine, quelle est la différence recherchée avec une plus longue pale?
Plus de force du vent = + de couple = + de puissance générée = + d’énergie. C’est plus rentable, à divers points de vue, aujourd’hui, dans les zones appropriées, de mettre une seule méga-éolienne que 3-4 plus petites également.
Bon par contre, est-ce que les éoliennes sont vraiment vertes… bof. Ca demande une quantité incroyable de béton pour le socle, d’acier pour le mat et les produits chimiques d’enduit sont extrêmement toxiques pour l’environnement et la santé humaine (les travailleurs de LM qui enduisent les pales ont de grotesques maladies après des années de dur labeur). On ne sait pas recycler les matières composites des pales à proprement parler non plus (tout comme la peau des fuselages d’avion).
Lors d’applications ‘‘offshore’’, la seule grande limitation de la puissance générée par une éolienne est d’être capable de construire des pales assez grosses.
Plus les pales sont longues, plus elles sont efficaces (Moment = Force x Distance) pour la même vitesse de vent. Des nouvelles techniques de fabrication et matériaux permettent donc de créer des pales de plus en plus longues et par conséquent des éoliennes significativement plus puissantes.
Pour apporter une nuance aux propos de Florilege, il est en effet vrai que construire des éoliennes est loin d’être ‘‘vert’’. Cependant, l’énergie éolienne tourne autour (hihi) d’environ 11g de CO2eq par kWh, ce qui est plus bas que l’hydro à 24, le solaire à 45, la biomasse à 230, le gaz naturel à 490 et le charbon à 820. La fission, quant-à-elle, est à 12.
Produire de l’électricité, c’est jamais vert. Mais, en ce moment, c’est le plus ‘‘vert’’ qu’il y a.
Source pour les émissions et site intéressant en même temps: Live 24/7 CO₂ emissions of electricity consumption
Je ne suis d’accord qu’en partie. Ce n’est pas que le bilan carbone qui importe. Just in-Shore, on coule des quantités phénoménales de béton au beau milieu de champs, forêts ou montagnes. Ce béton il va rester là après le démantèlement. Pour une éolienne classique, il y a plus de 900 m^3 de béton… assez pour construire 8-9 maisons et leurs fondations.
Lorsque tu mentionnes l’emprunte de l’hydro, est-ce que ça inclue les GES émis par la décomposition des végétaux lors de l’inondation du réservoir, ou seulement la construction des installations?
Microréseau électrique Hydro-Québec teste l’avenir à Lac-Mégantic
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Vue aérienne des installations d’Hydro-Québec et de ses panneaux solaires sur le toit du centre sportif de la ville de Lac-Mégantic
Les microréseaux permettront de diminuer le recours aux centrales thermiques. D’atténuer les pointes de consommation. D’éviter la construction de nouvelles infrastructures de transport. Hydro-Québec inaugurera ce mardi son tout premier, à Lac-Mégantic, qui fera office de laboratoire. La Presse l’a visité récemment.
Publié le 6 juillet 2021 à 5h00
Jean-Thomas Léveillé La Presse
À quelques reprises au cours des dernières semaines, Hydro-Québec a débranché une partie du centre-ville de Lac-Mégantic de son réseau.
Littéralement.
Avec un gros disjoncteur installé derrière l’édifice de la municipalité régionale de comté (MRC).
Mais les usagers concernés n’ont rien perçu, car durant ces quelques heures, les bâtiments du secteur étaient alimentés en électricité par des panneaux solaires et des batteries géantes.
C’est là le tout premier « microréseau » de la société d’État.
« C’est comme une île au milieu de la mer, isolée du reste du réseau électrique », illustre l’ingénieur Simone Soldati, chef de projets chez Hydro-Québec, qui a montré les installations à La Presse, en mai.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Simone Soldati, ingénieur chargé de projets pour Hydro-Québec
Sans lien avec l’extérieur, il faut donc « amener la production de l’énergie à l’intérieur ou à proximité », poursuit-il.
C’est comme ramener les centrales localement, là où la consommation se fait.
Simone Soldati, ingénieur d’Hydro-Québec
De la tragédie à l’innovation
La tragédie ferroviaire, survenue le 6 juillet 2013, a offert l’occasion d’implanter un microréseau électrique à Lac-Mégantic, et d’en faire un laboratoire grandeur nature.
Lors de la reconstruction du centre-ville, le réseau électrique a aussi été refait, offrant ainsi une boucle facilement « îlotable », qui peut être séparée du reste du réseau, explique M. Soldati.
L’idée de faire un microréseau a germé il y a un peu plus de trois ans dans l’esprit de la municipalité, qui a approché Hydro-Québec.
Des panneaux solaires ont été installés sur le toit des bâtiments nouvellement construits, ainsi que sur celui du centre sportif, situé juste en dehors du « périmètre îlotable », d’où on peut apercevoir l’ensemble du secteur et le lac en arrière-plan.
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D’autres seront ajoutés sur la caserne de pompiers à être construite dans le périmètre, si bien que le microréseau de Lac-Mégantic en comptera à terme 2200, totalisant 800 kilowatts de puissance.
La clef : le stockage
Le stockage est un élément fondamental pour compenser le caractère intermittent des sources d’énergie utilisées sur un microréseau.
Celui de Lac-Mégantic compte deux unités de stockage d’une capacité de 700 kWh qui peuvent être rechargées par le réseau principal ou par les panneaux solaires lorsque la totalité de leur production n’est pas utilisée.
Lors d’une panne ou d’un débranchement planifié, l’énergie emmagasinée dans les unités de stockage est envoyée dans le microréseau, au même titre que l’énergie produite par les panneaux solaires.
Ces échanges complexes sont gérés par un système de commande centralisé.
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Consommer moins d’énergies fossiles
Hydro-Québec voit dans les microréseaux une façon de diminuer le recours aux énergies fossiles pour ses 22 réseaux autonomes, comme ceux des villages du Grand Nord ou celui des Îles-de-la-Madeleine.
C’est pourquoi celui de Lac-Mégantic a été doté d’une génératrice, pour pouvoir tester dans des conditions réelles « le couplage » des énergies fossiles et renouvelables.
Car les centrales au diesel demeureront une composante des réseaux autonomes, pour sécuriser l’approvisionnement, « mais l’objectif, c’est de les utiliser le moins possible », explique Simone Soldati.
On va carrément transposer [dans les réseaux autonomes] ce qu’on apprend ici.
Simone Soldati, ingénieur d’Hydro-Québec
La société d’État diminuera ainsi ses émissions de gaz à effet de serre, bien sûr, mais aussi ses frais d’exploitation, étant donné l’abordabilité croissante des énergies renouvelables.
Et contrairement aux réseaux autonomes éloignés du siège social d’Hydro-Québec, Lac-Mégantic est accessible en quelques heures de route, et il est facile d’y acheminer de l’équipement et des ressources en cas de besoin.
Aplatir la courbe de la consommation
Le concept de microréseau peut aussi bénéficier au réseau principal d’Hydro-Québec, en permettant l’« écrêtage » des pointes de consommation hivernales, indique Simone Soldati.
Le recours à des sources d’énergie locales et à de l’énergie stockée sur un microréseau lorsque la demande en électricité est très forte permet d’aplatir la courbe de consommation du réseau principal, illustre-t-il en faisant référence à une notion de santé publique aujourd’hui bien connue.
Hydro-Québec prévoit aussi avoir recours aux microréseaux dans les régions à fort taux de pannes, ou encore pour celles où la demande excède la capacité des lignes de transport.
« Ça peut être une solution plutôt que construire de nouvelles lignes », affirme M. Soldati, qui prévoit que les microréseaux seront nombreux au Québec d’ici 2050.
L’exportation des surplus d’Hydro-Québec sur les marchés nord-américains promet aussi de rehausser l’intérêt pour les microréseaux, ajoute Patrick Martineau, ingénieur de projet chez Hydro-Québec.
PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE
Patrick Martineau, ingénieur de projet chez Hydro-Québec
Même si ces marchés sont « complémentaires » avec celui du Québec — la demande y est plus forte quand elle est ici plus basse, par exemple —, la transition énergétique modifiera la demande, anticipe-t-il.
« Raccorder des véhicules électriques, illustre-t-il, ça crée des défis, mais aussi des occasions. »
Symbole fort pour Lac-Mégantic
Avec ce tout premier microréseau québécois, Lac-Mégantic veut se positionner comme un acteur de la transition énergétique, un symbole fort pour cette ville dont l’histoire a été tragiquement marquée par les énergies fossiles. « Ça va nous mettre sur la map pour autre chose que la tragédie », lance Fabienne Joly, responsable du développement en transition énergétique à la Ville. « Là, on passe dans la phase concrète, les apprentissages vont commencer », s’enthousiasme-t-elle, évoquant l’intérêt d’universités et d’entreprises évoluant dans le contrôle d’énergie des bâtiments. Le microréseau a fait germer bien des idées, comme celle d’une hydrolienne sur la rivière Chaudière, qui prend sa source dans le lac Mégantic, ou encore d’un approvisionnement énergétique à partir de la biomasse, dans le parc industriel, où l’industrie de la transformation du bois domine. Mais il a été le déclencheur d’une stratégie qui dépasse l’énergie et touche le transport actif comme la gestion des matières résiduelles, explique Mme Joly : « La Ville souhaite être écoresponsable et exemplaire. »
https://www.lapresse.ca/actualites/2021-07-06/microreseau-electrique/hydro-quebec-teste-l-avenir-a-lac-megantic.php
Pourquoi Énergir accepte de perdre de l’argent
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
« Énergir consent à ce que la moitié de ses clients québécois réduise massivement sa consommation de gaz naturel au profit de l’énergie plus verte d’Hydro-Québec », écrit notre chroniqueur.
Francis Vailles La Presse
La décision est vraiment extraordinaire. Comme disent les Anglais, on a « pensé en dehors de la boîte ».
Publié le 16 juillet 2021 à 19h30
Non seulement l’entente fera économiser 1,5 milliard de dollars aux Québécois, mais elle permettra aussi de réduire les gaz à effet de serre (GES) de 540 000 tonnes par année d’ici 2030, l’équivalent de l’émission de 150 000 voitures.
En plus, elle exige que le distributeur de gaz naturel Énergir accepte une baisse significative de son volume d’affaires, ce qui est contre nature. Wow !
De quoi s’agit-il ? D’une entente tripartite entre le gouvernement, Hydro-Québec et Énergir (l’ex-Gaz Métro) pour proposer de la biénergie aux Québécois. La nouvelle a été annoncée le 14 juillet.
Sa particularité ? Énergir consent à ce que la moitié de ses clients québécois réduise massivement sa consommation de gaz naturel au profit de l’énergie plus verte d’Hydro-Québec. Plus précisément, l’entente prévoit que 100 000 clients résidentiels, commerciaux et institutionnels d’Énergir réduiront leur volume de consommation de gaz de 70 % d’ici 2030.
Comment est-ce possible ?
D’abord, il faut savoir que le gouvernement du Québec subventionnera les clients d’Énergir pour qu’ils convertissent leurs installations en unités biénergie, qui fonctionnent au gaz naturel et à l’électricité. Québec déboursera jusqu’à 125 millions de dollars pour financer possiblement entre 75 % et 100 % de la conversion.
L’investissement est intéressant pour le gouvernement, dans la mesure où il fera réduire les GES de 540 000 tonnes au coût moyen de seulement 26 $ la tonne, soit l’équivalent du prix du carbone sur le marché.
En comparaison, les subventions aux autos électriques reviennent à entre 200 $ et 400 $ la tonne de GES économisée. Autre comparaison : le REM de l’Est contribuera à faire réduire les GES de 35 000 tonnes par année, soit 15 fois moins que l’initiative Hydro-Québec–Énergir–Québec.
Ensuite, il faut comprendre la dynamique des coûts d’Hydro-Québec. Pour la société d’État, servir un client coûte très peu cher durant le printemps et l’été, quand ses barrages sont remplis et que la demande est faible. En revanche, la période de pointe hivernale (de 100 à 400 heures par année) coûte extrêmement cher.
En vertu de l’entente, essentiellement, Hydro-Québec fournira aux clients de l’énergie durant les mois où elle a des surplus (70 % du total), tandis qu’Énergir prendra la relève durant les pointes d’hiver (30 % du total). Ce faisant, Hydro fera de grandes économies à la pointe, qu’elle partagera avec Énergir.
Par rapport à une conversion à l’électricité à 100 %, l’entente procurera une économie nette de 1,5 milliard de dollars pour l’ensemble des parties d’ici 2030. Quand même !
Cela dit, malgré la compensation d’Hydro, la transaction aura pour effet de faire diminuer les profits d’Énergir. Pas énormément, puisque l’autre moitié des clients québécois d’Énergir qui n’est pas visée par l’entente – essentiellement les industriels – apporte le plus gros du volume d’affaires de l’organisation. Mais tout de même, il y aura une baisse.
Pourquoi accepter de perdre de l’argent ? D’une part, Énergir pourra refiler la perte – l’excédent de coûts – à l’ensemble de sa clientèle avec une hausse de tarifs, tel que le lui permettent les règles de la Régie de l’énergie. La hausse sera modeste, soit l’équivalent de l’inflation, et sera faite dans le contexte où le gaz naturel est bien meilleur marché que les autres sources d’énergie.
D’autre part, Énergir fait le calcul qu’elle aurait éventuellement perdu une bonne part des clients visés, compte tenu des ambitions canadiennes et mondiales de réductions de GES. Et que cette perte, à long terme, aurait été plus dommageable pour elle.
« On veut faire partie de la solution pour décarboner l’économie. Ne rien faire aurait été pire », explique la porte-parole d’Énergir, Catherine Houde.
Selon Mme Houde, la transaction a été approuvée par le conseil d’administration d’Énergir, et donc par son actionnaire de contrôle, soit la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Même la pétrolière Enbridge – actionnaire indirecte d’Énergir – a appuyé l’entente, précise Mme Houde. « Le conseil est très à l’aise avec la décision, qui fait partie de notre stratégie de diversification de nos sources d’énergie et de verdissement de notre gaz naturel. »
Début juin, la Caisse a annoncé le rachat éventuel de la participation indirecte de la pétrolière Enbridge dans Énergir pour la somme de 1,14 milliard de dollars. La transaction, une fois approuvée dans quelques mois, fera de la Caisse l’actionnaire indirect à 65,7 % d’Énergir. Parmi les autres actionnaires se trouve aussi le Fonds de solidarité FTQ.
Pour Hydro-Québec et Énergir, le partenariat pour la biénergie est unique au monde, fait valoir le communiqué. Une telle transaction aurait-elle été possible, n’eût été la proximité des parties et leur caractère public ou quasi public ?
« Le fait que ce soit deux sociétés à propriété collective ou quasi collective a été une condition gagnante, qui a permis de discuter avec ouverture dès le départ. Ç’aurait été plus compliqué avec deux sociétés cotées en Bourse », dit Marc-Antoine Pouliot, porte-parole d’Hydro-Québec.
Bref, le genre d’entente qui nous fait apprécier le modèle québécois, en quelque sorte. Chapeau !
https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2021-07-16/pourquoi-energir-accepte-de-perdre-de-l-argent.php
Ferme piscicole des Bobines Le plus important site d’élevage de truites au Canada
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Normand et Clément Roy, de la Ferme piscicole des Bobines
Jean-Philippe Décarie La Presse
Le Québec recense quelque 28 000 fermes de tailles et de productions diverses. Si on assiste à l’émergence de nombreuses petites exploitations agricoles bios ou de proximité, la réalité économique est que ce sont moins de 30 % des fermes québécoises qui produisent près de 80 % des denrées que l’on retrouve en épicerie. On vous propose de découvrir quelques-unes de ces grandes entreprises agricoles intégrées et diversifiées du Québec.
Publié le 20 juillet 2021 à 6h30
(East Hereford) Normand Roy a commencé bien modestement l’élevage des truites mouchetées dans le sous-sol de la maison de la ferme laitière de ses parents à Saint-Malo, dans les Cantons-de-l’Est. Aujourd’hui, 56 ans plus tard, la Ferme piscicole des Bobines, à East Hereford, toujours en Estrie, est le plus important producteur de truites au Québec et deviendra prochainement le plus important site d’élevage de truites en bassins fermés au Canada, alors que la production passera de 210 à 460 tonnes de truites par an.
Après les premières expérimentations des débuts à la ferme de ses parents, Normand Roy et sa conjointe, Doris Brodeur, poursuivent leur passion naissante sur une terre qu’ils achètent à Saint-Malo avant de s’établir en 1980 à Sainte-Edwidge-de-Clifton, à proximité du ruisseau des Bobines, qui servira à nommer l’entreprise.
« On était limités à 18 tonnes par année. On vendait pour l’ensemencement des lacs et on distribuait des truites entières à certains magasins Provigo de la région, mais on voulait produire à plus grande échelle. Après plusieurs recherches, on a trouvé un site alimenté en sources souterraines de grande qualité et à grand débit à East Hereford. C’est là qu’on a entrepris notre expansion », relate Normand Roy.
Quand on arrive dans le village d’East Hereford, tout juste à la frontière américaine, on peut difficilement manquer la Ferme piscicole des Bobines, avec sa dizaine de bâtiments blancs qui forment un tout uniforme dans le vallon où ils sont situés, au sud de la petite localité.
C’est ici qu’arrivent les œufs de truites déjà fécondés qui se transformeront en alevins qui seront à leur tour élevés dans deux pouponnières jusqu’à l’âge de 6 mois.
Ces bébés truites fréquenteront par la suite des bassins de préengraissement jusqu’à ce qu’ils atteignent la taille de sept pouces, avant de migrer dans les bassins d’engraissage où ils poursuivront leur croissance durant deux ans jusqu’à ce qu’ils atteignent un poids de 1 kg. On dénombre quelque 110 bassins sur le site des Bobines.
À 28 mois environ, les truites sont mûres pour passer à l’usine de transformation, où elles seront découpées en filets ou transformées en pâtés. Tout est fait sur place. Une quinzaine d’employés sont nécessaires pour réaliser tout le processus.
Une entreprise en transformation
« On s’est installés ici parce que l’eau de source est de très grande qualité et on a entrepris de faire l’élevage en bassins 12 mois par année. On a construit une usine de biofiltration et une usine d’épuration, ce qui nous permet d’éliminer plus de 90 % du phosphore des déjections des truites, bien au-delà des normes du ministère de l’Environnement », précise Normand Roy.
Depuis 1989, le site d’East Hereford a connu des transformations successives qui culmineront bientôt avec l’ajout d’une vingtaine de bassins d’engraissement et le démarrage d’un nouveau système de production qui permettra de doubler la production annuelle.
Ce projet est copiloté par Clément Roy, le fils de Normand qui s’est joint à l’entreprise familiale comme actionnaire minoritaire en 2005, puis est devenu actionnaire majoritaire en 2011. Et bientôt, il sera actionnaire unique, à la suite d’un processus rigoureux de transfert qui a été convenu à l’époque.
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« J’ai fait mes études et j’ai même pratiqué le droit agricole et le droit en environnement durant un an avant de revenir à l’entreprise. J’y travaille depuis que je suis tout jeune et avec ma conjointe, Véronique Fontaine, on est ici à temps plein depuis 2005. On souhaite poursuivre son développement », m’explique Clément Roy.
Le repreneur est particulièrement fier du projet d’expansion qui est en voie d’être finalisé. Pour doubler la production de 210 à 460 tonnes de truites par an, la Ferme piscicole des Bobines a dû implanter un nouveau système qui maintiendra la température de l’eau à 12 degrés.
« Avec de l’eau à température plus élevée, même l’hiver, on réduit de 28 à 18 mois le temps qu’il faut pour rendre une truite mature à 1 kg. On a construit un nouveau bâtiment avec un système de chauffage par géothermie et panneaux solaires. On a réduit de 60 % nos coûts énergétiques », souligne Clément Roy.
Une production écoresponsable
Des coûts de chauffage réduits et une utilisation de l’eau augmentée considérablement grâce à l’ajout d’une usine de filtration à l’entrée du processus qui permet d’utiliser 95 % de la même eau, comme dans un aquarium géant, image le producteur.
« Cette technique nous permet d’élever nos truites sans hormones de croissance ni antibiotiques, grâce à notre eau de source de très grande qualité. »
Les déjections des truites, essentiellement composées de phosphore, sont récupérées et valorisées en servant à engraisser les champs de grandes cultures de la région.
Cela fait des années qu’on n’arrive pas à répondre à la demande, qui est toujours en croissance. Un kilo de truite donne deux filets de 500 grammes. On vend 70 % de notre production en filets de truite congelés, 10 % en filets fumés, 10 % en produits transformés et 10 % en truites d’ensemencement pour les lacs de la pourvoirie Réal Massé.
Clément Roy
L’ancienne aquaculture que Normand Roy avait démarrée avec sa conjointe à Sainte-Edwidge-de-Clifton a par ailleurs été rachetée par sa fille Johanne et son conjoint, qui poursuivent la production pour l’ensemencement des lacs.
« On prévoit atteindre une production de 330 tonnes en 2023 et de 460 tonnes en 2025, ce qui fera de la Ferme piscicole des Bobines le plus important site d’élevage de salmonidés en bassins fermés au Canada », confirme l’éleveur.
À 70 ans, Normand Roy est très heureux de transmettre le flambeau à son fils. Il estime qu’il était temps. Va-t-il pour autant commencer à passer ses hivers en Floride ?
« Ce n’est pas son genre. Il va être encore très présent ici, soyez sûr de ça », répond sur un ton convaincu son fils Clément.
https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2021-07-20/ferme-piscicole-des-bobines/le-plus-important-site-d-elevage-de-truites-au-canada.php
Rejoice, my dears.
Le gouvernement Legault rejette GNL Québec
Photo: Ryan Remiorz La Presse canadienne Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, fera une conférence de presse au Saguenay pour expliquer pourquoi ce projet ne respecte pas les conditions fixées par le gouvernement en matière de lutte contre la crise climatique et d’acceptabilité sociale.
Alexandre Shields
21 juillet 2021
Le gouvernement Legault devrait annoncer ce mercredi qu’il rejette le projet GNL Québec, a appris Le Devoir. Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, fera d’ailleurs une conférence de presse au Saguenay pour expliquer pourquoi ce projet conçu d’abord pour exporter du gaz naturel albertain ne respecte pas les conditions fixées par le gouvernement en matière de lutte contre la crise climatique et d’acceptabilité sociale.
Le Conseil des ministres du gouvernement Legault doit se réunir mercredi, dans le cadre d’une séance extraordinaire, afin de confirmer la décision finale qui sera prise concernant l’avenir de l’usine de liquéfaction et du terminal maritime que GNL Québec souhaite construire au Saguenay.
Selon les informations obtenues mardi par Le Devoir, cette rencontre serait l’occasion de rejeter officiellement ce projet gazier contrôlé par des actionnaires américains qui pilotent également le projet de gazoduc de 780 kilomètres conçu pour alimenter l’usine Énergie Saguenay.
En prévision de la décision qui sera rendue par le gouvernement, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, s’est rendu dès mardi dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Il doit y tenir mercredi une conférence de presse pour expliquer la décision du gouvernement, qui tombe au cœur de la période des vacances estivales. Celle-ci risque de faire réagir dans une région où la population est divisée sur ce mégaprojet industriel en développement depuis plus de cinq ans.
M. Charette doit normalement prendre la parole en compagnie de la ministre Andrée Laforest, qui est responsable de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
À l’instar de plusieurs ministres du gouvernement caquiste, elle s’est déjà portée à la défense du projet en affirmant que celui-ci était « attendu » dans la région, en raison de la création d’emplois. GNL Québec nécessiterait des investissements de 14 milliards de dollars, en incluant le gazoduc.
Le cabinet du ministre Benoit Charette n’a pas répondu mardi aux questions du Devoir.
Conditions de Québec
Le ministre Charette avait fixé plus tôt cette année « trois conditions »que GNL Québec devait respecter pour que le plus gros projet industriel privé de l’histoire du Québec puisse recevoir le feu vert du gouvernement. Les promoteurs devaient ainsi démontrer « l’acceptabilité sociale » du projet, mais aussi son rôle dans le contexte de la « transition énergétique » et sa capacité à générer une « diminution » des émissions de gaz à effet de serre « à l’échelle mondiale ».
Un rapport produit par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) concluait toutefois que le projet de liquéfaction et d’exportation de gaz naturel entraînerait un « ajout net » d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Uniquement en sol canadien, celles-ci atteindraient près de huit millions de tonnes par année, soit l’équivalent d’un ajout de 3,3 millions de véhicules sur les routes du pays.
Le BAPE a aussi réfuté l’idée que ce gaz, exploité « presque exclusivement » par fracturation, contribuerait à la « transition énergétique » nécessaire pour lutter contre la crise climatique. Le rapport souligne plutôt que GNL Québec « pourrait constituer un frein à la transition énergétique sur les marchés visés par le projet ».
GNL Québec confiant
GNL Québec n’a pas souhaité réagir avant d’obtenir les détails de la décision du gouvernement Legault. « Il s’agit d’une information que nous ne sommes pas en mesure de confirmer ou d’infirmer », a indiqué l’entreprise, par courriel.
Dans le cadre d’une entrevue accordée mardi au Devoir, mais qui avait été planifiée quelques jours auparavant, le président de GNL Québec, Tony Le Verger, se disait confiant pour la suite des choses. « Après des années de travaux au niveau du processus réglementaire, on attend une décision positive du gouvernement par rapport au projet », a-t-il fait valoir. Selon lui, l’entreprise a su répondre aux questions du gouvernement au sujet des questions climatiques et d’acceptabilité sociale du projet.
M. Le Verger a également affirmé que le projet reçoit des appuis « très positifs », tout en admettant une certaine opposition. « Il est clair qu’il y aura toujours de l’opposition pour ce type de projet, comme pour tout autre type de projet de développement industriel. Je crois que c’est la réalité des choses maintenant. C’est à nous de composer avec ça et de s’assurer qu’on puisse répondre le plus diligemment et de façon transparente aux différentes personnes et à leurs inquiétudes », a-t-il fait valoir.
Président de GNL Québec depuis novembre 2020, Tony Le Verger ne se formalise pas des mauvaises nouvelles des derniers mois, jugeant que cela fait partie du processus « normal » du développement d’un tel projet.
À l’hiver 2020, le fonds Berkshire Hathaway, propriété du milliardaire américain Warren Buffett, s’est désisté du projet, alors qu’il était question qu’il y investisse plus de quatre milliards de dollars. Par la suite, GNL Québec et Gazoduq (qui pilote le projet de gazoduc) ont dû procéder à des mises à pied. Le président de GNL Québec, Pat Fiore, a également quitté son poste.
Investissement Québec a en outre fait valoir en juin qu’il n’y aurait pas d’investissement dans ce projet. Stéphanie Fortin, qui était « directrice principale, affaires publiques et relation avec les communautés » depuis près de trois ans, a aussi quitté son poste en juin. GNL Québec a finalement rompu récemment ses liens avec la banque française Société Générale, conseillère financière de l’entreprise depuis 2019.
Avec Marco Bélair-Cirino
Voilà c’est maintenant officiel: GNL définitivement abandonné
Énergie Saguenay Un projet déphasé en mal d’acceptabilité
PHOTO ROCKET LAVOIE, ARCHIVES LE QUOTIDIEN
Les audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement sur le projet Énergie Saguenay, à Chicoutimi, l’automne dernier
Jean-Philippe Décarie La Presse
Personne n’a été particulièrement surpris d’apprendre que le gouvernement du Québec décidait finalement de rejeter le projet Énergie Saguenay, piloté par GNL Québec. Malgré l’enrobage très attrayant sous lequel il a été présenté par ses promoteurs qui le décrivaient comme le plus gros investissement industriel privé de l’histoire du Québec, ce n’est pas d’hier que ce projet a de l’eau dans le gaz et qu’il peine, en cette période de prise de conscience environnementale globale, à générer un degré d’acceptabilité sociale minimal.
Publié le 22 juillet 2021 à 6h30
Au départ, les chiffres étaient spectaculaires. Le projet de construire une usine de liquéfaction de gaz naturel et un terminal maritime au Saguenay allait nécessiter des investissements de 9 milliards, auxquels il faudrait ajouter 5 autres milliards pour la construction d’un gazoduc entre le nord de l’Ontario et le Saguenay pour y acheminer le gaz naturel de l’Ouest canadien.
Cette injection de capitaux industriels privés dans l’économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean et d’une partie de l’Abitibi-Témiscamingue (pour la construction du tracé de 750 km du gazoduc) aurait eu un important effet de levier pour l’activité économique de ces régions. Ce qui est indéniable.
Cette somme de 14 milliards représentait le plus important investissement industriel privé de l’histoire du Québec et elle allait permettre la création de 6000 emplois permanents et temporaires durant la période de construction des infrastructures.
Une fois en activité, l’usine de liquéfaction de gaz naturel de GNL Québec et les activités de transbordement au terminal maritime de Saguenay allaient pour leur part entraîner la création de quelque 1100 emplois permanents, ce qui est considérable dans une région où l’activité industrielle – aluminerie et foresterie – est restée depuis des années stable, sinon décroissante.
La promesse de cette nouvelle et forte activité économique a été accueillie favorablement au Saguenay par des citoyens qui y ont vu enfin une occasion inespérée de diversification et de croissance pour l’avenir.
Pourtant, plusieurs économistes ont souligné au contraire que le projet GNL Québec allait aggraver la pénurie de main-d’œuvre au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Plus de 800 employés de Résolu doivent bientôt partir à la retraite et la moitié des corps de métier de la construction dans la région sont victimes d’un manque criant de travailleurs.
Mais au-delà de ces considérations strictement économiques, le projet GNL Québec souffre depuis son dévoilement de la nature même de son utilité, de sa finalité.
À l’heure où les préoccupations environnementales n’ont jamais été aussi exacerbées par les effets des changements climatiques et que même les grands investisseurs cherchent à réduire au maximum leur empreinte carbone, l’idée de produire davantage de CO2 est devenue antinomique à une croissance productive.
L’eau dans le gaz
Dès le départ, le projet de GNL Québec a suscité la controverse en proposant d’ériger une infrastructure industrielle gigantesque dans le Saguenay et de générer une activité maritime peu compatible avec l’écosystème environnant. La menace aux bélugas était lancée dès le premier jour du dévoilement du projet.
Les véritables retombées économiques étaient davantage en amont, dans l’Ouest canadien, où on aurait pu pomper davantage de gaz naturel à des fins d’exportation. Encore là, la logique n’était pas fluide.
Extraire du gaz naturel en Alberta pour le faire transiter par gazoduc jusqu’au Québec pour qu’il soit transformé en gaz liquide qui serait acheminé par bateau vers l’Asie alors que la route vers la Colombie-Britannique est pas mal plus expéditive et rationnelle…
Les promoteurs de GNL Québec n’ont pas été en mesure de susciter une acceptabilité sociale minimale. Même leurs grands partenaires financiers ont décidé de se désister en cours de route.
Le groupe Berkshire Hathaway, qui devait investir 4 milliards dans le financement du projet, a décidé de ne pas aller de l’avant en février 2020.
La Société Générale, qui agissait à titre de conseiller financier de GNL Québec, s’est retirée du projet parce qu’elle veut réduire ses participations liées aux activités d’extraction pétrolière et gazière. Investissement Québec a aussi annoncé officiellement qu’elle ne souhaitait pas participer au financement de GNL Québec parce que ce projet ne cadre pas avec ses orientations de développement durable.
Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a aussi émis beaucoup de réserves sur la pertinence des activités de GNL Québec dans la poursuite d’une plus grande diversification énergétique et sa capacité à générer une acceptabilité sociale conséquente.
Bref, le projet GNL Québec aurait peut-être eu davantage de sens s’il avait vu le jour il y a 20 ou 30 ans alors qu’on cherchait à tout prix à élargir notre base industrielle et à générer de la croissance pour la croissance, sans trop se soucier des impacts environnementaux que pouvaient impliquer de telles décisions. Aujourd’hui, on n’a tout simplement plus les moyens de négliger l’empreinte que creuseront nos choix économiques.
https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2021-07-22/energie-saguenay/un-projet-dephase-en-mal-d-acceptabilite.php
Finance durable Le nouveau régulateur mondial à Montréal ?
PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE
Montréal International et Finance Montréal prévoient déposer la candidature de la métropole du Québec auprès de l’IFRS à Londres dès que le gouvernement canadien lui aura signifié officiellement que le Canada souhaite accueillir le siège social de l’ISSB.
La communauté financière de Montréal se mobilise pour attirer le futur siège social du nouvel organisme international de réglementation en finance durable, l’International Sustainability Standards Board, mieux connu sous le sigle ISSB dans le secteur financier.
Publié le 23 juillet 2021 à 7h00
Martin Vallières La Presse
En préparation depuis des mois, sous la direction des organismes Montréal International et Finance Montréal, la candidature de la métropole québécoise pour accueillir l’ISSB doit être déposée d’une semaine à l’autre auprès de l’organisme qui en chapeaute la mise en place, c’est-à-dire la Fondation IFRS, établie à Londres.
L’IFRS est la principale instance internationale de normalisation en matière de comptabilité financière. Elle prévoit déterminer la ville qui accueillera le siège social de l’ISSB au cours de l’automne prochain, en vue de sa mise en fonction au début de l’an prochain.
Selon les informations obtenues auprès de Montréal International, le futur siège social de l’ISSB devrait regrouper de « 50 à 100 employés », surtout des professionnels en comptabilité financière et des analystes en économie durable et investissement responsable.
Ils agiront à titre de principaux administrateurs et régulateurs des nouvelles normes comptables internationales en matière de finance et d’économie durable. Ces normes sont très attendues dans les milieux d’affaires et les marchés des capitaux d’investissement afin de rehausser l’évaluation et la comptabilisation des risques d’affaires liés notamment aux changements climatiques et aux préoccupations d’ordre socio-environnemental.
Montréal International et Finance Montréal prévoient déposer la candidature de la métropole du Québec auprès de l’IFRS à Londres dès que le gouvernement canadien lui aura signifié officiellement que le Canada souhaite accueillir le siège social de l’ISSB.
Toutefois, ces principaux promoteurs de la candidature de Montréal s’attendent à des propositions concurrentes lors du processus de sélection à l’IFRS.
Entre autres de la part de Toronto, qui se targue d’être la métropole financière du Canada, mais aussi de villes d’activités financières situées en Europe et en Asie.
En revanche, les promoteurs de la candidature de Montréal font valoir ses atouts en tant que ville hôte de nombreux organismes internationaux et de centre d’affaires déjà bien établi en matière de finance durable et de gestion d’investissement responsable.
« Montréal est déjà la troisième ville en Amérique du Nord, après New York et Washington, pour le nombre de sièges sociaux d’organisations internationales. En aviation notamment, mais beaucoup aussi dans le secteur des ONG en matière de développement durable et de biodiversité », souligne Stéphane Paquet, PDG de Montréal International, lors d’un entretien avec La Presse.
« Par ailleurs, Montréal est au troisième rang des villes nord-américaines pour l’indice de la finance verte après San Francisco et Los Angeles. Bref, l’implantation du siège social de l’ISSB à Montréal se ferait dans un terreau déjà fertile en matière d’activités internationales et de finance durable. »
Chez l’organisme Finance Montréal, qui regroupe les principaux intervenants du secteur des services financiers et de la gestion d’actifs au Québec, le directeur général, Jacques Deforges, anticipe un important apport au positionnement de la métropole québécoise dans le milieu financier international si elle est sélectionnée pour abriter le futur siège social de l’ISSB.
« Avec l’implantation de l’ISSB, Montréal deviendrait le centre mondial de développement et de gestion des nouvelles normes internationales de divulgation et de comptabilisation en matière de finance durable », indique M. Deforges à La Presse.
« Ça serait aussi un message très, très fort du positionnement de Montréal à l’avant-garde du mouvement mondial dans les milieux d’affaires et les marchés financiers vers des pratiques de gestion en faveur du développement durable et de l’investissement responsable. »
C’est vraiment une grosse affaire. Tout le monde s’entend dans le monde comptable pour dire que le “next big thing” est l’incorporation du développement durable dans la normalisation comptable internationale. Si cette influence décisionnelle se retrouve à Montréal, ce serait toute une victoire! En tant que CPA ça me rendrait très fier
Planète bleue, idées vertes La STM s’attaque aux îlots de chaleur
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Le toit vert récemment installé sur le Complexe Crémazie, une usine d’entretien majeur des bus de la STM
Quatre stations de métro et centres de transport de Montréal seront dotés d’un toit vert au cours des prochains mois. Ils s’ajouteront aux 10 autres bâtiments de la Société de transport de Montréal (STM) ayant déjà un toit végétal, qui sert notamment à réduire les îlots de chaleur urbains.
Publié le 26 juillet 2021 à 7h00
Alice Girard-Bossé La Presse
Jusqu’à maintenant, les stations de métro Champ-de-Mars, Vendôme, Place-d’Armes, Angrignon et Université-de-Montréal sont munies d’un toit vert, tout comme les centres de transport Legendre, Anjou, St-Laurent, Stinson et le Complexe Crémazie.
Au cours des prochains mois, la station Mont-Royal, le garage Côte-Vertu, le Centre de transport Bellechasse et le centre d’attachement Nord-Ouest, boulevard Décarie, s’ajouteront à la liste. À plus long terme, les cinq stations du prolongement de la ligne bleue seront également dotées d’une toiture verte.
« La STM a un programme environnemental très poussé. Elle a certainement contribué à l’essor des toits verts. Presque tous ses nouveaux projets en ont », affirme Kimberly McCormick, membre de l’équipe de direction chez Toits Vertige, entreprise montréalaise qui a conçu la majorité des toits verts de la STM.
Les toits verts ont la cote depuis quelques années, mais la pandémie a accéléré cet engouement. Ils s’imposent aujourd’hui comme un ajout écologique et design aux infrastructures.
Réduire les îlots de chaleur
« Les bénéfices environnementaux des toits verts sont multiples, notamment avec la diminution de l’impact des îlots de chaleur en milieu urbain, mais ils permettent également une meilleure acceptabilité sociale des projets en étant traités comme une cinquième façade », indique Amélie Régis, conseillère corporative en affaires publiques pour la STM.
En effet, chaque mètre carré de plantes capture 250 g de poussières, ce qui permet une diminution importante du smog en milieu urbain.
La poussière reste prise dans les plantes et descend dans la terre.
Xavier Laplace, fondateur de Toits Vertige
Le toit vert possède un albédo plus élevé que celui d’une toiture traditionnelle, ce qui signifie qu’il réfléchit davantage les rayons du soleil au lieu de les absorber.
Grâce à l’albédo élevé du toit vert, les besoins en climatisation pendant la saison estivale peuvent être réduits d’environ 10 %. La température à l’intérieur du bâtiment peut être abaissée de 3 à 7 °C. La toiture verte permet la réduction des îlots de chaleur en milieu urbain. En hiver, le toit vert permet également une réduction des pertes de chaleur par le toit de 26 %.
Un filtre naturel
Le toit vert agit comme un filtre naturel, en traitant les eaux de pluie. « La végétation absorbe 75 % des eaux de pluie, ce qui réduit le débit et le volume total d’eau envoyé à l’égout », explique Mélodie Desmarais, estimatrice pour Toits Vertige, diplômée en technologie de l’architecture et experte en bâtiments écologiques et construction durable.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Xavier Laplace, fondateur de Toits Vertige, Kimberly McCormick, de l’équipe de direction, et Mélodie Desmarais, estimatrice et experte en bâtiments écologiques et construction durable
La végétation permet aussi une isolation acoustique. Un substrat de 12 cm atténue les bruits à l’intérieur de 40 dB. « Les basses fréquences sont bloquées par le substrat et les hautes fréquences sont bloquées par les végétaux », explique Mme Desmarais.
De nombreux défis et beaucoup d’amour
Avant d’envisager un toit vert, les concepteurs doivent tenir compte de la capacité portante de l’immeuble, du type de membrane d’étanchéité, de l’accessibilité de l’équipement mécanique, du niveau d’entretien et de l’accès à l’eau.
Sans oublier l’accès au chantier de construction sur la toiture qui est souvent limité. « Quand on a fait l’agrandissement du toit du Centre de transport Legendre, qui était sur trois niveaux, certaines sections n’étaient pas accessibles avec la grue, alors il a fallu apporter tout le matériel avec des brouettes », se rappelle Mme Desmarais.
Lorsque l’accessibilité est très restreinte, des solutions simplifiées s’offrent à eux.
Pour le Centre de transport Stinson, on a opté pour un système de cassette, alors le toit vert était déjà dans des bacs que l’on déposait directement sur le toit, ce qui est plus simple, parce qu’on n’a pas à apporter les membranes, la terre et les plantes séparément.
Xavier Laplace, fondateur de Toits Vertige
Le Centre de transport Stinson, un garage d’autobus dans l’arrondissement de Saint-Laurent, est l’établissement qui a le plus grand toit vert de la STM. La toiture est pourvue d’un couvert végétal sur environ 25 % de sa surface, soit 8000 m2. C’est l’équivalent d’un terrain de football et demi. Le reste de la toiture est couvert de matériel réfléchissant.
Les spécialistes rappellent qu’une toiture verte est un produit haut de gamme. « C’est le double du prix, donc ce n’est pas à la portée de tous », précise Mme McCormick. Le prix, joint aux nombreuses contraintes mécaniques, explique pourquoi le toit vert est souvent utilisé pour des bâtiments publics.
Enfin, un toit végétal demande un entretien régulier. « Un toit vert, c’est comme un jardin au sol. Il faut l’entretenir et lui donner autant d’amour », résume Mme McCormick.
https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-07-26/planete-bleue-idees-vertes/la-stm-s-attaque-aux-ilots-de-chaleur.php
Réduction des émissions de gaz à effet de serre Des crédits forestiers québécois à la Bourse du carbone
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
L’établissement d’un « protocole » encadrant l’émission de crédits compensatoires pour des projets de foresterie sur le sol québécois était ainsi « attendu depuis plusieurs années », à la fois par les grands émetteurs de GES et par le milieu de la foresterie, affirme le ministre de l’Environnement, Benoît Charette.
Les entreprises québécoises actives sur le marché du carbone Québec-Californie auront bientôt un plus grand choix de crédits compensatoires made in Québec, a appris La Presse.
Publié le 4 août 2021 à 5h00
Jean-Thomas Léveillé La Presse
Le gouvernement Legault annoncera ce mercredi un projet de règlement autorisant à participer à la Bourse du carbone des projets de séquestration des gaz à effet de serre (GES) par le boisement ou le reboisement en terres privées.
Cette décision mettra un terme au monopole de la Californie sur ce type de crédits compensatoires et augmentera considérablement l’offre de crédits québécois, très limitée, près de neuf ans après que le marché du carbone québécois eut été mis sur pied.
« Bien souvent, faute d’autre option, les compagnies québécoises vont acheter leurs crédits du côté californien, ce qui entraîne une sorte de fuite de capitaux », a dit dans un entretien avec La Presse le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette.
Seulement 9 % des crédits compensatoires achetés sur le marché du carbone avant 2017 étaient émis par des projets de séquestration québécois, pour la destruction des halocarbures, des gaz réfrigérants, ou encore la captation du méthane provenant des sites d’enfouissement, des fosses à lisier et des mines de charbon, précise-t-il.
L’établissement d’un « protocole » encadrant l’émission de crédits compensatoires pour des projets de foresterie sur le sol québécois était ainsi « attendu depuis plusieurs années », à la fois par les grands émetteurs de GES et par le milieu de la foresterie, affirme le ministre.
Impliquer le milieu agricole
Le protocole québécois mettra notamment à contribution le milieu agricole, en permettant l’émission de crédits compensatoires pour la plantation d’arbres sur les bandes riveraines, grâce au « principe d’agrégation » des zones de boisement et de reboisement.
« Ça va devenir intéressant même pour de plus petites superficies », affirme le ministre.
Québec ne se limitera pas non plus à l’approche « plus traditionnelle » de calculer la quantité de carbone séquestrée sur un cycle de 100 ans, ce qui empêche d’autres usages sur le territoire concerné.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
Benoît Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
Les crédits vont être émis sur la valeur réelle de captation du carbone, en fonction de la superficie, de la densité, de la maturité des arbres.
Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
Cette approche évite la création d’une « dette environnementale » lorsqu’un projet de séquestration ne produit finalement pas le résultat escompté, indique le ministre.
Miser sur les « cobénéfices »
La séquestration du carbone par la foresterie a l’inconvénient de prendre beaucoup de temps pour être efficace ; en revanche, elle a l’avantage d’apporter des « cobénéfices », explique le professeur Jérôme Dupras, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique à l’Université du Québec en Outaouais.
« On est capables de restaurer des habitats pour la biodiversité, de restaurer des sols, de diminuer le lessivage de sédiments », illustre-t-il.
L’inclusion des bandes riveraines dans le projet de règlement québécois est donc « une bonne nouvelle », estime-t-il, d’autant plus qu’elle concerne le sud du Québec.
« On a tendance à pelleter nos projets environnementaux dans le Nord ; on l’a vu avec les aires protégées », dit-il.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Jérôme Dupras, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique à l’Université du Québec en Outaouais
Le professeur Dupras attendait justement ce règlement pour lancer un projet de séquestration du carbone dans les « coulées agricoles » de la vallée du Saint-Laurent, des espaces laissés en friche où l’agriculture n’est pas possible en raison de la morphologie des terrains.
Il estime le potentiel à 50 000 hectares.
« L’idée, c’est vraiment de revaloriser ces espaces abandonnés », explique-t-il, soulignant que l’absence d’un protocole québécois dirigeait les investissements à l’étranger.
On finançait des projets dont on a bien besoin ici.
Jérôme Dupras, professeur à l’Université du Québec en Outaouais
Retombées économiques
Les crédits compensatoires liés à des projets de séquestration en foresterie revêtent un potentiel « drôlement intéressant », affirme le ministre Benoit Charette, évaluant que 40 000 crédits pourraient être émis annuellement.
Lors de la plus récente vente aux enchères sur le marché du carbone, en mai dernier, les crédits – qui compensent l’émission d’une tonne de GES – pour l’année en cours se sont écoulés à 22,66 $ chacun.
L’augmentation de l’offre de crédits québécois n’augmentera pas les revenus qui sont versés dans le Fonds d’électrification et de changements climatiques (anciennement appelé Fonds vert), mais générera davantage d’activité économique, souligne le ministre.
« À partir du moment où un système en place est mis au Québec, on a des gens qui y travaillent au quotidien et, dit-il, ultimement, on a des sous qui restent au Québec. »
Québec prévoit que le règlement sera adopté à l’automne, après une période de consultation de 45 jours.
https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-08-04/reduction-des-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre/des-credits-forestiers-quebecois-a-la-bourse-du-carbone.php
Who’s ready to jump the ship?
Nouveau rapport du GIEC
Il est minuit moins une
À moins de réduire immédiatement, rapidement et massivement les émissions de gaz à effet de serre,limiter le réchauffement de la planète sous la barre des 2 °C sera impossible, prévient un nouveau rapport du GIEC, rendu public ce lundi. Il n’est pas trop tard pour agir, mais tout ne reviendra pas à la normale pour autant.
Publié le 9 août 2021 à 5h00 | Mis à jour à 7h25
JEAN-THOMAS LÉVEILLÉLA PRESSE
Bientôt impossible de limiter le réchauffement à 2 °C
Les incendies de forêt, sécheresses, pluies diluviennes et inondations que le monde connaît cet été demeureront inévitablement une réalité, prévient le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Ce qui peut changer, c’est le facteur de multiplication de ces catastrophes naturelles.
L’incendie de forêt Dixie, en Californie
PHOTO DAVID SWANSON, ARCHIVES REUTERS
En réduisant dès maintenant, dans une large mesure et à un rythme soutenu les émissions de gaz à effet de serre (GES), ces phénomènes extrêmes pourraient se limiter à ce que l’on connaît ; dans le cas contraire, ils pourraient s’aggraver significativement.
Dans un rapport rendu public ce lundi, l’organisation détaille cinq scénarios d’émissions de GES qui montrent l’éventail des conséquences possibles.
Si les émissions se poursuivent sensiblement au rythme actuel, l’augmentation de la température de la Terre pourrait dépasser d’ici 20 à 40 ans les 2 °C, limite ultime de l’Accord de Paris, et atteindre 3,6 °C à la fin du siècle.
Même le scénario « intermédiaire », dans lequel les émissions se stabiliseraient jusqu’en 2050 avant de commencer à diminuer, se traduirait par une hausse de la température de 2,7 °C à l’horizon 2100.
Seul le scénario le plus optimiste, dans lequel la diminution draconienne des émissions commencerait dès maintenant pour atteindre la carboneutralité en 2050, permettrait de limiter le réchauffement sous la barre de 1,5 °C à la fin du siècle, puis éventuellement de le renverser.
« Limiter la hausse des températures [à 1,5 °C] est encore possible », résume Eddy Pérez, directeur de la diplomatie climatique internationale au Réseau action climat Canada et chargé de cours à l’Université de Montréal, convenant toutefois que l’humanité n’est pas engagée sur cette voie.
“C’est exactement ça, le message principal du rapport : clairement, il y a un écart entre l’action politique actuelle et ce que la science nous dit qu’on doit faire pour limiter la hausse à 1,5 °C.”
Eddy Pérez, directeur de la diplomatie climatique internationale au Réseau action climat Canada
Les problèmes vont se poursuivre…
Peu importe quel scénario se concrétisera, il est acquis que la température terrestre continuera d’augmenter au moins jusqu’au milieu du siècle, entraînant avec elle la poursuite des bouleversements climatiques déjà observés.
« Il est pratiquement certain que les terres émergées continueront de se réchauffer davantage que la surface des océans [et] que l’Arctique continuera de se réchauffer davantage que le reste de la Terre », indique le « résumé à l’intention des décideurs » du rapport du GIEC.
Les phénomènes extrêmes de chaleur gagneront en importance, puisque chaque tranche de 0,5 °C supplémentaire de réchauffement provoque déjà des augmentations « clairement perceptibles » de leur intensité et de leur fréquence, prévient le document.
Des « preuves renforcées » indiquent que le cycle de l’eau continuera de s’intensifier à mesure que les températures augmenteront, ce qui entraînera une hausse des précipitations dans certaines régions du monde, notamment dans les latitudes élevées, où la fonte des neiges au printemps deviendra plus précoce, avec des débits de pointe plus élevés au détriment des débits d’été.
Logiquement, les sols s’assécheront dans les régions où les précipitations diminueront, mais aussi là où les températures seront plus élevées, en raison de l’évapotranspiration.
Un climat plus chaud intensifiera les évènements climatiques très humides et très secs, provoquant inondations et sécheresses, « mais l’emplacement et la fréquence de ces évènements dépendent des changements prévus dans la circulation atmosphérique régionale », indique le rapport.
Autre élément de préoccupation : tous les scénarios d’émissions entraîneront un affaiblissement du phénomène de circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC, pour Atlantic Meridional Overturning Circulation en anglais), dont dépend le courant Gulf Stream.
Un éventuel effondrement de l’AMOC « provoquerait très probablement de brusques changements dans les régimes météorologiques régionaux et le cycle de l’eau, tels qu’un déplacement vers le sud de la ceinture des pluies tropicales [et] et l’assèchement de l’Europe », affirme le rapport.
Plus les concentrations de CO2 dans l’air augmenteront, plus les puits de carbone naturels perdront leur efficacité, jusqu’à éventuellement atteindre la saturation, avertit le GIEC.
Ils pourraient même devenir des sources de carbone, à l’image de la forêt amazonienne, qui émet désormais davantage de CO2 qu’elle n’en absorbe, selon une récente étude.
Le méthane dans l’ombre du CO2
Parvenir à des émissions négatives de CO2 provoquerait graduellement un renversement du réchauffement climatique et de l’acidification des océans, tout en améliorant singulièrement la qualité de l’air.
Mais un autre gaz joue un rôle de plus en plus important dans la crise climatique : le méthane, dont la concentration dans l’atmosphère a augmenté de manière plus marquée que celle du CO2.
“On sous-estime l’importance du méthane [dont le] potentiel de réchauffement est plus rapide que le CO2”,
Eddy Pérez
Les émissions de méthane proviennent principalement de l’agriculture, des sites d’enfouissement de matières résiduelles et… de l’exploitation gazière, d’où l’importance de cesser cette pratique, dit-il.
Si l’on permet trop l’expansion du gaz naturel comme énergie de transition, ça risque de faire exploser le budget carbone.
Eddy Pérez, directeur de la diplomatie climatique internationale au Réseau action climat Canada
Ce rapport du GIEC arrive à trois mois de la 26e Conférence des parties (COP26) signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui se tiendra en novembre à Glasgow, en Écosse, ainsi qu’à un mois de l’assemblée générale des Nations unies.
« Normalement, ce genre de rapport a une incidence sur ce qui est décidé à la COP », souligne Eddy Pérez, rappelant que le précédent rapport du GIEC a été « crucial » dans les négociations de l’Accord de Paris.
« On s’attend à ce que la contribution du GIEC influence la suite des choses. »
« Nos empreintes digitales » sur la crise climatique
Le nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rappelle avec une certitude renforcée la responsabilité humaine « sans équivoque » dans la crise climatique actuelle.
« Les preuves des changements observés dans les extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux, et, en particulier, leur attribution à l’influence humaine, se sont renforcées depuis [le rapport précédent, publié en 2013] », peut-on lire.
« Il est indiscutable que les activités humaines sont à l’origine des changements climatiques », a déclaré Valérie Masson-Delmotte, coauteure du rapport et coprésidente du Groupe de travail I du GIEC, lors d’une conférence de presse, dimanche.
Cette paléoclimatologue française est directrice de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), un organisme public français de recherche à caractère scientifique.
Ce « fait établi » se vérifie de différentes façons, notamment par les « études d’attribution » de la responsabilité, « qui concluent que la meilleure estimation du réchauffement dû à l’influence humaine, jusqu’en 2019, équivaut à ce qui est observé », indique-t-elle.
« Nos empreintes digitales se retrouvent un peu partout dans le système climatique actuel », image Eddy Pérez, directeur de la diplomatie climatique internationale au Réseau action climat Canada et chargé de cours à l’Université de Montréal.
Zéro émission nette
Cette responsabilité humaine de la crise climatique appelle une solution elle aussi humaine, souligne à grands traits le rapport : réduire radicalement l’émission des gaz qui l’ont engendrée.
Belchatow Power Station, plus grande centrale électrique au charbon d’Europe, en Pologne
PHOTO KACPER PEMPEL, ARCHIVES REUTERS
« Limiter le réchauffement climatique d’origine humaine à un niveau spécifique [requiert d’atteindre] au moins des émissions nettes de CO2 nulles, ainsi que de fortes réductions des émissions d’autres gaz à effet de serre », notamment le méthane, lit-on dans le rapport.
Si cela est fait maintenant, on en verra les bénéfices d’ici 10 ou 20 ans.
Valérie Masson-Delmotte, coauteure du rapport et coprésidente du Groupe de travail I du GIEC
Les concentrations de CO2 dans l’atmosphère terrestre étaient plus élevées en 2019 qu’à « n’importe quel moment depuis au moins 2 millions d’années », souligne le rapport, ajoutant que leur augmentation depuis 1750, de même que celle des concentrations de méthane, dépasse « de loin » les changements naturels multimillénaires survenus entre les périodes glaciaires et interglaciaires au cours des 800 000 dernières années, au moins.
Par conséquent, chacune des quatre dernières décennies a été successivement plus chaude que toutes les décennies qui l’ont précédée depuis 1850, indique le document, qui rappelle que la température mondiale des 10 dernières années était plus élevée de 1,1 °C que la période 1850-1900.
« Le GIEC est assez clair : il n’y a absolument rien qui peut remplacer les réductions immédiates de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », résume Eddy Pérez, rappelant que les technologies de capture du carbone sont encore incertaines.
Ce rapport témoigne d’un « progrès des connaissances assez spectaculaire », indique Valérie Masson-Delmotte.
Il permet ainsi d’anticiper l’avenir afin de prendre les décisions qui s’imposent, dit-elle, estimant que, jusqu’à maintenant, « beaucoup de décisions dans le monde sont basées sur le fait de regarder dans le rétroviseur ».
La deuxième vie des vieilles tubulures d’érablières
PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE
La saison des sucres venue, le sirop d’érable est récolté grâce à un système de tubulures qui parcourt l’érablière.
Le projet Irri-Blière veut transformer les vieilles tubulures d’érablières en systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte, à moindre coût que le matériel importé et avec un faible indice de carbone. Associés à des pompes mues à l’énergie solaire, ces systèmes trouveront des débouchés chez les maraîchers québécois, mais également en Afrique.
Publié le 9 août 2021 à 11h00
Marc Tison La Presse
Qui
Outre son emploi habituel, l’ingénieure Chantal Bernatchez se voue à la cause de l’économie circulaire.
Avec son mari et associé Rasmané Ouedraogo, qu’elle a rencontré lors d’un mandat de coopération de deux ans, elle a fondé l’association Vergers d’Afrique, qui se consacre au développement durable sur le continent africain.
Ensemble, ils ont créé une petite entreprise qui recycle les pellicules isolantes garnissant les conteneurs réfrigérés pour en faire des sacs isolants, conçus par son conjoint. « Il a été designer de costumes pour le Cirque du Soleil et Walt Disney, dit-elle. Il a un très grand talent. »
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Chantal Bernatchez, avec un des sacs fabriqués par son autre entreprise, Iso-Protek, qui réutilise les bâches isolantes des conteneurs pour en faire des glacières.
C’est avec la même conviction – et le même homme – que la mère de quatre enfants s’est attaquée aux kilomètres de tubulures de plastique dont les érablières se débarrassent chaque année.
Je trouve qu’on a beaucoup à apprendre de l’Afrique en matière de développement durable, d’économie circulaire, et même comment les femmes entrepreneures s’entraident. C’est ma source d’inspiration.
Chantal Bernatchez, ingénieure
Le problème
Le renouvellement des tubulures d’érablières, après 15 à 20 ans d’usage, entraîne chaque année l’enfouissement de 2900 tonnes de plastique : l’équivalent de neuf piscines olympiques pleines à ras bord, fait valoir Chantal Bernatchez.
Alors qu’elle était jeune étudiante dans la vingtaine, elle avait déjà à cœur cet impact environnemental. Elle s’est intéressée à nouveau à la question à l’automne 2020, pour découvrir que l’organisme Environek, en Beauce, avait commencé à récupérer chaque année 290 tonnes de tubulures pour les réduire en granules.
PHOTO FOURNIE PAR ENVIRONEK
Grande quantité de tubulures d’érablière désuètes, chez Environek, en Beauce
« Je les ai appelés. Un mois plus tard, on a signé un contrat pour qu’ils fassent le projet avec nous. »
Irri-Blière vise à réutiliser quelque 2400 tonnes de tubulures chaque année.
« L’idée, c’est que les tubulures qui sont encore bonnes et qu’on n’a pas besoin de mettre en granules sont conservées pour faire du goutte-à-goutte, explique l’ingénieure. On peut concurrencer la Chine avec nos propres déchets, en les revalorisant. »
La solution
Les tubulures seront recueillies chez les acériculteurs, puis nettoyées, mesurées, coupées et percées dans les installations d’Environek à Saint-Malachie.
En période de changements climatiques, avec le goutte-à-goutte, on économise 60 % d’eau, et on veut rendre ça accessible aux maraîchers du Québec.
Chantal Bernatchez, ingénieure
Un dispositif de panneaux solaires pourra activer les pompes, afin que le système soit autonome dans les régions privées d’électricité.
« On fait le test actuellement au Burkina Faso avec un hectare. Au lieu de coûter 20 000 $ d’irrigation pour 10 hectares, ça va coûter 2000 $. Je veux rendre ça accessible aux ONG canadiennes pour aider les pays d’Afrique. »
L’avenir
Chantal Bernatchez veut favoriser l’emploi de personnes ayant des limitations fonctionnelles.
Elle entend créer 10 nouveaux postes en Beauce, pour l’assemblage de 10 000 systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte par année.
« On passe de l’idée à l’action dès le mois de septembre », dit-elle.
L’écoconception du système sera alors réalisée par six étudiants de l’UQTR, dont trois en génie mécanique.
« Environek va s’assurer de l’approvisionnement en tubulures, de la transformation, de la distribution de nos produits, et nous, nous allons faire la plateforme de commerce en ligne. »
Une fois la machinerie acquise, la production devrait être lancée en janvier prochain, pour une commercialisation en mars.
Tout juste issue du programme d’accélérateur d’entreprises à vocation environnementale de l’organisme Esplanade, Irri-Blière vient de déposer une demande de financement de 250 000 $ auprès du ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec.
https://www.lapresse.ca/affaires/pme/2021-08-09/pme-innovation/la-deuxieme-vie-des-vieilles-tubulures-d-erablieres.php