Résumé
40 ans de patrimoine mondial, une fierté à protéger
Par Valérie Gaudreau, Le Soleil
3 juillet 2025 à 04h00
Le Vieux-Québec a été désigné site du patrimonial mondial de l’UNESCO le 3 décembre 1985, il y a 40 ans cette année. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)
CHRONIQUE / Québec souffle ses 417 chandelles en ce 3 juillet. Cette année marque aussi les 40 ans du Vieux-Québec comme site du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Cette désignation obtenue le 3 décembre 1985 est majeure pour Québec. Elle reconnaissait un patrimoine unique, une riche histoire francophone en Amérique du Nord.
Si vous avez un moment en ce 3 juillet, Fête de Québec, je vous invite à visionner un documentaire produit par la Ville de Québec sur les 40 ans de la désignation du Vieux-Québec.
(Tirée de la chaîne YouTube QuebecVille)
Ce film lancé le 11 juin fait partie d’une programmation qui souligne cet anniversaire tout au long de l’année avec entre autres des illuminations thématiques de la place de l’Hôtel-de-Ville tout l’été du jeudi au dimanche, l’exposition Deux siècles de luttes pour le patrimoine dans le Vieux‑Québec et des projections sur les silos du Vieux-Port du 4 septembre au 2 novembre.
Dans le documentaire, on y entend notamment le récit fort pertinent de Serge Viau. L’architecte et urbaniste de formation qui a été directeur de l’urbanisme de la Ville de Québec relate ce qui a mené à cette importante désignation en 1985, alors que Jean Pelletier était maire de Québec.
L’authenticité de la ville, ses fortifications originales préservées notamment par le gouverneur Dufferin en 1872 ont contribué à faire du Vieux-Québec le premier arrondissement historique au Nord du Mexique désigné patrimoine mondial, indique pour sa part l’historien Jean-François Caron.
Les fortifications emblématiques de Québec ont largement contribué à sa nomination sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Archives Le Soleil)
Mais attention, être sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’UNESCO n’est pas un acquis.
C’est rare, mais des sites et villes ont déjà perdu leur titre dans l’histoire par des choix de développement qui ont gâché le patrimoine.
Dans le documentaire, l’archiviste David Tremblay souligne le cas de la ville de Dresde en Allemagne, retirée de la Liste en 2009.
«C’est arrivé à Dresde qui a obtenu le statut et l’a perdu par la construction d’un pont, qui selon l’UNESCO, altérait la vue sur la ville.»
Un pont? Tiens, tiens.
Un Vieux-Québec vivant
D’autres facteurs contribuent aussi à maintenir le statut de patrimoine mondial.
Le ratio entre tourisme et «vrai monde» qui habite le Vieux-Québec est un autre facteur essentiel.
Devenir une carte postale figée victime du surtourisme, non merci. Mais développer à outrance et risquer des gaffes, re-non merci.
La conseillère municipale et responsable de l’amélioration de la qualité de vie dans le Vieux-Québec, Mélissa Coulombe-Leduc, insiste sur l’équilibre à trouver pour assurer à la fois la préservation et la vitalité du secteur.
Et à ses yeux, une large part passe par ramener des résidents dans le Vieux-Québec. Elle fait son combat de voir le secteur historique véritablement habité «de manière permanente».
La conseillère municipale et responsable de la l’amélioration de la qualité de vie dans le Vieux-Québec, Mélissa Coulombe-Leduc, insiste sur l’équilibre à trouver pour assurer à la fois la préservation et la vitalité du secteur. (Archives Le Soleil)
Le développement, dit-elle, s’articule entre habitation, commerce et services de proximité, tourisme durable et mobilité.
Son administration déploie depuis 2022 un plan d’action élaboré avec les SDC, les CPE, les écoles, Parcs Canada, le milieu touristique.
«La Ville de Québec ne peut être la seule porteuse de ce plan, indique Mélissa Coulombe-Leduc. Ça passe par une communauté tissée serrée qui veille à la préservation de ce site.»
Elle promet de ramener 500 résidents dans le Vieux-Québec d’ici deux ans. L’arrondissement historique en compte environ 6000.
Dans le documentaire, Mélissa Coulombe-Leduc rappelle la stratégie pour voir par exemple des étages supérieurs de commerces de la rue St-Jean transformés en logements.
L’administration Marchand a aussi fait différentes acquisitions comme le pensionnat Saint-Louis-de-Gonzague et le foyer Nazareth, le 1075, rue Saint-Jean coin Saint-Stanislas et le pavillon Collins près de l’Hôtel-Dieu. Elle souhaite ainsi mieux encadrer leur développement.
L’exemple texan à ne pas suivre
En mars, j’étais à San Antonio au Texas où Bruno Marchand et Mélissa Coulombe-Leduc participaient à une rencontre de l’Organisation des villes du patrimoine mondial (OVPM) dont le maire de Québec est président.
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À chacun son patrimoine mondial
Ce réseau vise notamment l’échange de bonnes pratiques. Il permet de se comparer aussi, parfois pour le mieux.
Bruno Marchand l’avait constaté à San Antonio. Malgré son riche patrimoine dont les Missions espagnoles comme la célèbre Alamo de 1720, la ville texane a trop construit.
«Ici, ils n’ont pas protégé une partie de leur patrimoine et ils en payent le prix», avait estimé Bruno Marchand à San Antonio. «La ville a plus de 300 ans, mais ils n’ont pas la qualité de patrimoine qu’on a. Pas parce qu’ils ne l’ont pas bâti, mais parce qu’ils l’ont débâti ou l’ont laissé se morceler.»
Une leçon des siècles passés. Quant à Québec, l’urbaniste Serge Viau regarde vers l’avenir avec optimisme.
«On fête le 40e anniversaire, on fêtera certainement le 80e anniversaire. La nomination est là pour rester. Les citoyens en sont fiers.»
Bonne fête de Québec!