Résumé
Technologies médicales Un labo pour robots-chirurgiens ouvre à Montréal
PHOTO FOURNIE PAR THINK SURGICAL
Le système robotisé TMINI Miniature de Think Surgical
La société californienne Think Surgical se spécialise dans la fabrication de robots-chirurgiens pour le remplacement du genou. Après deux feux verts de la FDA américaine pour la commercialisation de sa technologie, l’entreprise ouvre un laboratoire à Montréal où elle continue d’y développer le logiciel qui anime ses robots.
Mis à jour hier à 9h00


Alain McKenna La Presse
C’est en quelque sorte l’entêtement à ne pas déménager en Californie de Sunil Rottoo, le directeur établi à Montréal qui supervise la technologie appelée TMINI System, qui a mené Think Surgical à investir dans la métropole québécoise pour la première fois en 2017, puis à nouveau cet automne, explique à La Presse son patron, le PDG Stuart Simpson.
« Tout ça a débuté à l’époque sur la table de cuisine de Sunil, et nous ouvrons aujourd’hui un laboratoire où nous mettrons au point le logiciel derrière ce système. Cela fait dix ans que nous développons la technologie, il y a beaucoup d’innovation et de propriété intellectuelle impliquée dans le projet, et une bonne partie vient du logiciel de Sunil », dit-il.
Le laboratoire prend la forme de bureaux situés au centre-ville, rue Sainte-Catherine. Avant cela, la douzaine d’ingénieurs en logiciel qui travaillent pour Think Surgical à Montréal le faisaient à partir de bureaux locatifs.
En plus de centraliser ses activités montréalaises, cet investissement d’une valeur qui n’est pas divulguée permet à Think Surgical de se rapprocher des universités montréalaises, notamment Concordia et McGill, avec qui elle collabore déjà.
« Ça nous donne un meilleur accès à la recherche universitaire et au talent qui sort de ces universités », ajoute Stuart Simpson. « Nous collaborons avec elles, mais nous engageons aussi des ingénieurs issus des deux universités. »
Une opération recherchée
Créer un robot-chirurgien spécialisé dans le remplacement du genou peut sembler être une activité commerciale plutôt nichée. Mais le genou est une des articulations qui demandent le plus de traitements, ces jours-ci, et la demande pour des interventions chirurgicales ne fera que grandir partout dans le monde.
Aux États-Unis seulement, on estime à 1 million le nombre de patients en attente d’un remplacement du genou chaque année. Cela devrait passer à 2 millions de personnes par année d’ici 2030, calcule Think Surgical, puis à 3 millions au cours de la décennie suivante.
« C’est une chirurgie curative, dont le succès dépend de la précision de l’opération. Si on peut combiner la robotisation à un implant de bonne qualité, on améliore grandement la qualité du résultat », explique Stuart Simpson.
Pour les patients, l’opération robotisée a aussi ses avantages : ils peuvent souvent sortir de l’hôpital et retourner à la maison dans la journée suivant l’opération. La douleur et la réadaptation nécessitent moins de médicaments antidouleur, ce qui est aussi un avantage.
Un robot-chirurgien est en réalité un appareil manipulé par un chirurgien et qui permet d’effectuer ces opérations plus rapidement et avec plus de chances de succès, dit M. Simpson. À l’heure actuelle, environ 20 % des remplacements de genou aux États-Unis sont effectués de manière robotisée. Cette proportion est beaucoup plus faible au Canada, ce qui est perçu comme une occasion de croissance pour Think Surgical, qui pense que les chirurgiens canadiens adopteront eux aussi progressivement la technologie.
« Quand ils voient notre robot, les chirurgiens sont généralement surpris par son potentiel, et par le simple fait que c’est offert », ajoute Sunil Rottoo.
Montréal se recentre sur les technos de la santé
C’est Montréal International qui a aidé Think Surgical à prendre de l’expansion à Montréal. L’organisme dont la mission est d’attirer l’investissement étranger dans la métropole multiplie les efforts depuis quelques années pour redonner un peu de vie au secteur montréalais de la santé, qui a connu des années difficiles avant la pandémie.
Aujourd’hui, en partie grâce à la recherche universitaire qui se fait dans des secteurs comme l’intelligence artificielle, le secteur compte sur une masse critique d’entreprises spécialisées dans les technologies médicales. Montréal International espère d’ailleurs que des annonces comme celle de Think Surgical attireront d’autres investissements dans la région.
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Nombre d’entreprises spécialisées dans les technologies médicales dans la région montréalaise
Source : Montréal International