Économie et commerce - Actualités

J’aimerais qu’une OBNL puisse acheté ce genre de petits immeubles afin de les retirer du marché et de garder les loyer relativement abordable. Car tôt ou tard il faudra trouver une solution, tout comme dans le résidentiel.

Perspectives économiques Le ralentissement fera moins mal à Montréal, selon Desjardins

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Vue aérienne de Montréal

Le ralentissement économique au Québec se fait sentir à Montréal, selon une analyse des économistes du Mouvement Desjardins publiée vendredi. Même ralentie, la croissance économique de la région devrait se maintenir au‑dessus de la moyenne provinciale. Tour d’horizon.

Publié à 1h01 Mis à jour à 6h00

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Martin Vallières
Martin Vallières La Presse

Des prévisions-clés de Desjardins pour l’économie de Montréal en 2024 :

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le ralentissement économique au Québec se fait sentir à Montréal, selon une analyse des économistes du Mouvement Desjardins publiée vendredi.

Croissance du PIB régional : + 1,4 % (+ 2,9 % en 2023 et + 9,8 % en 2022)

Revenu disponible par habitant : + 3,3 % (+ 4,1 % en 2023 et + 9 % en 2022)

Nombre d’emplois : -0,6 % (+ 1,8 % en 2023 et + 4,6 % en 2022)

Taux de chômage : 7,3 % (5,8 % en 2023 et 5,7 % en 2022)

Mises en chantier résidentielles : 6744 (6500 en 2023 et 10 436 en 2022)

Le marché du travail se desserre

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Selon Desjardins, le ralentissement économique « de plus en plus prononcé » freine la croissance de l’emploi à Montréal, et pourrait même la faire basculer en « légère diminution » en 2024.

Selon Desjardins, le ralentissement économique « de plus en plus prononcé » freine la croissance de l’emploi à Montréal, et pourrait même la faire basculer en « légère diminution » en 2024. « La grande diversification du marché du travail de Montréal devrait toutefois réduire les effets du ralentissement économique dans la région », anticipent les économistes de Desjardins. Il n’empêche, après avoir connu un creux historique de 5,7 % en 2022, le taux de chômage à Montréal devrait augmenter à 5,8 % pour toute l’année 2023, et encore plus en 2024 pour dépasser la barre des 7 %.

L’emploi par grands secteurs

PHOTO DENIS GERMAIN, ARCHIVES LA PRESSE

Selon Desjardins, les secteurs du commerce et de la fabrication « pourraient connaître des mois plus difficiles comme l’indique la baisse de l’activité au port de Montréal ».

Selon Desjardins, les secteurs du commerce et de la fabrication « pourraient connaître des mois plus difficiles comme l’indique la baisse de l’activité au port de Montréal ». Toutefois, « le secteur aéronautique devrait soutenir l’industrie manufacturière, alors que Montréal est reconnu mondialement comme un centre de l’industrie aérospatiale ». Dans la construction de bâtiments, déjà au ralenti depuis le début de 2023, le recul des heures travaillées pourrait s’accentuer avec la baisse des activités dans tous les secteurs : résidentiel, commercial et institutionnel. Dans le secteur des soins de santé et des services sociaux, Desjardins anticipe que « la demande de main-d’œuvre devrait continuer d’augmenter, tirée par le vieillissement de la population et les besoins accrus pour les services sociaux ».

Le marché résidentiel encore tendu

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Les économistes de Desjardins anticipent que « la tendance à la baisse [du taux d’inoccupation des logements locatifs] devrait se poursuivre d’ici 2024 ».

Avec la baisse marquée des mises en chantier résidentielles, alors que la demande de logements à Montréal demeure très forte avec « la reprise de l’immigration et le retour des étudiants étrangers », les économistes de Desjardins anticipent que « la tendance à la baisse [du taux d’inoccupation des logements locatifs] devrait se poursuivre d’ici 2024 ». Et ce, en dessous de son niveau déjà abaissé de 3,1 % à seulement 2,3 % depuis un an. Dans le marché de la revente des propriétés résidentielles, Desjardins anticipe que la chute de 38 % des transactions depuis le début de l’année à Montréal pourrait s’atténuer au cours des prochains mois. En conséquence, l’impact de ce ralentissement sur les prix de vente s’annonce encore « limité » à court terme.

Investissements forts

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

La construction du Réseau express métropolitain nécessitera un investissement de 8 milliards entre 2018 et 2027.

Bonne nouvelle pour atténuer le ralentissement économique dans la région de Montréal : « De fortes croissances des investissements [non résidentiels] sont attendues autant dans le secteur privé que dans le secteur public, grâce à l’arrivée ou la continuité de nombreux projets d’infrastructures », constatent les économistes de Desjardins. Parmi ces grands projets, ils signalent le prolongement de la ligne bleue du métro (6,4 milliards entre 2020 et 2029), la construction du Réseau express métropolitain (REM, 8 milliards entre 2018 et 2027), la réfection du tunnel Louis-Hippolyte‑La Fontaine (2,5 milliards de 2022 à 2025) ainsi que la reconstruction du pont de l’Île‑aux‑Tourtes sur l’A40 à l’extrémité ouest de l’île de Montréal (2,3 milliards de 2023 à 2027).

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Prix à l’épicerie Rencontre « productive » des manufacturiers avec le ministre Champagne

PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS

Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne

(Ottawa) Sept dirigeants canadiens de grandes entreprises manufacturières internationales telles que Nestlé et Kraft Heinz ont rencontré lundi le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, pour discuter d’un éventuel plan pour stabiliser les prix des aliments à l’épicerie.

Publié à 13h10

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Émilie Bergeron La Presse Canadienne

Le directeur général de l’association Food, Health & Consumer Products of Canada (FHCP), Michael Graydon, les accompagnait et a qualifié la réunion qui s’est déroulée à Ottawa de « très bonne » et « très productive ».

« Nous sommes vraiment dans la coopération et le soutien, la collaboration. […] C’est une industrie qui doit s’aligner et travailler collectivement pour trouver les solutions », a-t-il assuré en sortant de la rencontre.

M. Graydon a affirmé que les manufacturiers veulent travailler avec les autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement, comme les grandes chaînes de détail telles que Loblaw et Costco dont le ministre Champagne a rencontré les dirigeants une semaine plus tôt.

« Il y a un engagement de notre organisation et des manufacturiers présents aujourd’hui de travailler avec les détaillants », a poursuivi le directeur général de la FHCP, qui représente de nombreuses entreprises, dont celles qui étaient convoquées dans la capitale fédérale lundi.

La rencontre réunissait à la même table les grands patrons de McCain, Unilever, Nestlé, Lactalis, Lassonde, Kraft Heinz et Smucker Foods, a précisé le bureau de M. Champagne.

Tous les dirigeants ont esquivé les journalistes qui les attendaient à leur sortie de réunion, seul M. Graydon ayant accepté de répondre à quelques questions en leur nom.

Il y a près de deux semaines, le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé qu’il donnait aux PDG des cinq plus grandes chaînes de supermarchés jusqu’à l’Action de grâce pour fournir leur plan visant à « stabiliser » les prix des aliments en épicerie. Les discussions incluent les manufacturiers qui se sont rendus à Ottawa lundi.

Si le fédéral juge la feuille de route fournie par chaque grand détaillant insuffisante, il menace d’intervenir, notamment par des mesures fiscales.

Questionné à savoir s’il considère que l’échéance de l’Action de grâce donne suffisamment de temps à l’industrie, M. Graydon a mentionné qu’il reste à voir jusqu’où les plans iront dans le détail.

« Nous allons devoir voir […] le détail d’à quel point la complétude pourra être faite d’ici là, mais je pense que tout le monde travaille très fort pour atteindre cela », a-t-il soutenu.

Le ministre Champagne devrait se rendre disponible pour répondre aux questions des journalistes en mêlée de presse plus tard lundi.

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Un message a été fusionné à un sujet existant : Enquêtes et recherches - Projets immobiliers

L’article parle du projet de l’ancien Holt Renfrew, mais à la fin on mentionne qu’une transformation importante pourrait avoir lieu au Centre de commerce mondial:

Allied’s plans for Montreal retail space

During another session on retail at the conference, Andrew Rankin, director of leasing at Allied Properties REIT, said the developer is working on a “super important” repositioning of the retail space at 747 Rue du Square-Victoria, part of the Centre de commerce mondial (World Trade Centre Montreal).

Allied (AP-UN-T) has owned the retail and office component of the development since 2019.

“It’s an unbelievable asset,” Rankin said. Occupied by institutional users since it was built in the 1990s, “it’s a little bit off of everyone’s radar as it relates to office space.”

Rankin said Allied is known for converting former industrial space or character space into high-end office and “we’ll take care of that; that’s straightforward.”

However, Allied also has the potential to transform the retail space, including “a very dated food court that’s perfectly serviceable, but just not in keeping with modern standards and the expectations of office users and the community at large today.”

Working with “a global leader in hospitality and food service,” Allied hopes to transform it into a flagship food hall.

Banking on the history of the space – the city of Montreal’s fortification walls once stood there – Allied plans to develop a spill-out indoor patio experience on the site. The developer hopes to make an announcement by the end of the year.

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Recensement des locaux vacants sur les principales artères commerciales par le JdeM

https://www.journaldemontreal.com/2023/10/05/la-rue-sainte-catherine-continue-den-arracher

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L’étude pour le Québec:

Les données pour Montréal:

AJOUT:

Le décompte est intéressant, mais le bassin de captation et la vocation des artères n’illustrent pas la réalité sur le terrain. Selon l’étude, je suis en tout juste en dehors du bassin de Mont-Royal, mais pratiquement dans celui du boulevard Maurice-Duplessis (je suis résident du Mile-End). Saint-Viateur est une rue locale pour 5 000 ménages, écartant la notion de zones d’emploi et de tourisme, etc…

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Du grand JdM, cet article. Ils parlent d’une catastrophe sur st.catherine, que tout les commerces quittent l’artère, et au bas complètement, ils présentent la donnée qui révèle que le taux d’inoccupation à l’ouest a considérablement diminué (sans le mentionner dans l’article, évidemment). On appel ça du journalisme?

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Je connais au moins un journaliste qui avait quitté le JdeM à cause de l’angle forcé des articles. C’est dommage parce qu’ensuite le texte est souvent bien pertinent. Et plusieurs journalistes au JdeM font un excellent travail d’enquête.

Mais pour moi aussi l’analyse de Sainte-Catherine manque de nuance à mon avis. Les gros investissements, à ce jour, sont dans l’ouest. Il y a toujours une montée de la vacance avec de gros travaux, mais ce qui est important c’est de voir si les locaux se remplissent par la suite. Il y a plus de commerces ouverts que l’an passé, et plus de locaux sur le marché locatif plutôt que simplement vacant, ce qui n’est pas systématiquement mauvais. L’est de la rue connait une problématique bien différente, et mettre les deux dans le même panier ne donne pas un portrait précis de la situation.

Si l’étude prend la peine de séparer l’est et l’ouest de la rue, il y a peut-être une raison dans la dynamique commerciale.

Cependant, il faut reconnaître qu’il reste des défis pour Sainte-Catherine. Mais avec un achalandage qui revient sur l’artère, c’est encourageant. Ce qui est dommage, c’est que souvent les gens vont lire le titre de ces articles, blâmer le manque de clients par les pistes cyclables ou je ne sais quoi, alors que le problème n’est pas au niveau du nombre de gens dans la rue.

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Il y a des détails sur Ste-Cath dans la 2e moitié de cet article:

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Tout un constraste de ton:

État de la rue Sainte-Catherine : le pire a été évité

La rue Sainte-Catherine fait preuve de résilience après que l’on eut craint le pire pour ses commerçants pendant la pandémie.

Des signaux clés de la vitalité commerciale pointent dans la bonne direction, même si tout n’est pas revenu au niveau prépandémique, souligne l’étude annuelle de l’agence immobilière JLL portant sur les propriétés commerciales au Canada.

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https://montrealgazette.com/news/local-news/travel-app-hopper-lays-off-250-employees

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Article intéressant sur l’économie, d’un point de vue plus macro:

Forum des affaires Le retard économique de Montréal sur Toronto n’est plus que de 5 %

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

En 2022, 80 % de la population montréalaise de 15 à 64 ans occupait un emploi, contre 77 % à Toronto. Et le taux de chômage avait atterri à 4,8 % à Montréal, nettement en dessous du taux de 6,4 % à Toronto.

Un « graphique choc » de la Banque Nationale (BN) a récemment indiqué qu’en 2019, le produit intérieur brut (PIB) par habitant de Montréal accusait un retard de 25 % sur celui de Toronto. Ce chiffre a été repris par le ministre des Finances, Eric Girard, et par le quotidien Montreal Gazette. Il exagère toutefois considérablement l’avance réelle de Toronto sur Montréal en matière de performance économique. Voici pourquoi.

Publié à 1h59 Mis à jour à 16h00

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Pierre fortin Professeur émérite d’économie à l’UQAM

Mario polèse Professeur émérite d’économie urbaine et régionale à l’INRS

De 1970 à 1995, l’économie de Montréal a connu des années très difficiles. Au cours de cette période, le taux de chômage de Montréal a oscillé régulièrement entre trois et six points de pourcentage au-dessus de celui de Toronto. À partir des années 1990, cependant, la tendance s’est inversée. L’économie montréalaise vit depuis 30 ans une renaissance économique qui a tout l’air d’une petite révolution. Le Financial Post de Toronto parle même de l’émergence d’un Montreal 2,0 qui met Toronto au défi et qui soulève l’enthousiasme de plusieurs entrepreneurs montréalais comme Harley Finkelstein, Mitch Garber et Chris Stern.

L’évolution récente leur donne raison. En 2022, 80 % de la population montréalaise de 15 à 64 ans occupait un emploi, contre 77 % à Toronto. Et le taux de chômage avait atterri à 4,8 % à Montréal, nettement en dessous du taux de 6,4 % à Toronto.

Lire L’article Could Montreal challenge Toronto for Canadian economic supremacy ? du Financial Post (en anglais)

La performance globale de l’économie, quant à elle, se mesure par le volume réel de biens et de services (PIB) que l’économie parvient à produire par habitant d’âge actif (de 15 à 64 ans, disons). Les données de Statistique Canada permettent de calculer que, de 2001 à 2019, cet indicateur a progressé de 27 % à Montréal, contre 17 % à Toronto. Montréal n’a pas encore rattrapé Toronto, mais l’avance de Toronto, qui atteignait 14 % en 2001, avait diminué à environ 5 % juste avant la pandémie.

Comment alors expliquer que le calcul du PIB par habitant des économistes de la BN donne un retard économique de 25 % pour Montréal tandis que nous l’estimons à 5 % ? Il n’y a pas ici de querelle de chiffres. Tout simplement, la BN ne mesure pas la même chose que nous. Deux éléments sont à la source de la différence.

Le premier est que le dénominateur de leur PIB par habitant inclut toutes les personnes âgées, dont l’immense majorité est inactive et n’offre, par définition, aucune prestation de travail contribuant au PIB. Cette inclusion a pour effet d’abaisser le PIB par habitant de Montréal par rapport à celui de Toronto parce que le poids démographique des personnes âgées est plus important à Montréal.

Le deuxième élément est que les économistes de la BN utilisent un concept de PIB qui estime la valeur monétaire des biens et services produits et vendus plutôt que leur volume physique réel. Cela donne évidemment un PIB plus faible pour Montréal, parce qu’en moyenne, les mêmes biens et services (dont notamment les services de logement) se vendent beaucoup moins cher à Montréal qu’à Toronto. Statistique Canada a, par exemple, estimé qu’en 2019, le même panier représentatif de consommation qui coûtait 1000 $ à un ménage montréalais coûtait 1150 $ à un ménage torontois.

Or, nous purgeons le retard de 25 % calculé par les économistes de la BN de ces deux éléments. En suivant rigoureusement la règle internationale, qui veut que les comparaisons se fassent sur une base de parité de pouvoir d’achat, nous comparons les quantités physiques réelles de biens et de services que les deux économies métropolitaines parviennent à produire avec les ressources humaines offertes par leur population de 15 à 64 ans. C’est le portrait juste de l’écart Montréal-Toronto, un 5 % qu’il nous reste maintenant à combler.

La conclusion que l’économie de Montréal a connu une renaissance vigoureuse depuis 30 ans et comble peu à peu son déficit de performance par rapport à Toronto est incontournable. Montréal n’est plus le « ti-canard la patte cassée » des années 1970 à 1995. Il y a encore beaucoup de travail à faire dans tous les domaines, mais disons que l’objectif de parité avec Toronto est tout à fait réalisable.

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Analyse | Sous la CAQ, des fleurons du Québec continuent de partir


Uni-Sélect, une entreprise créée à Boucherville en 1968, a été vendue en février 2023 à LKQ, de Chicago, pour 2,8 milliards de dollars. (Image Google datant d’août 2021)
PHOTO : GOOGLE STREET VIEW

Gérald Fillion
Publié à 4 h 00 HAE

La vente de fleurons québécois à des intérêts étrangers ne fait plus vraiment la manchette. Nous n’avons plus de grands débats comme à l’époque de la vente de Provigo, d’Alcan, du Cirque du Soleil, de la Bourse de Montréal ou de Rona. N’empêche, le Québec continue ces jours-ci de perdre des sièges sociaux.

Les politiciens tendent à déchirer leur chemise à propos de la vente d’entreprises québécoises à des intérêts extérieurs lorsqu’ils sont dans l’opposition. Une fois rendus au gouvernement, ils sont généralement plus nuancés et cherchent, la plupart du temps, les bons côtés d’une transaction. Ils s’aperçoivent surtout qu’ils ne peuvent pas y faire grand-chose.

Prenez l’exemple de François Legault. En février 2016, dans la foulée de la vente de Rona à Lowe’s, le chef de la CAQ, qui était alors dans l’opposition, avait posé les questions suivantes au gouvernement libéral de l’époque : Est-ce que le Québec devient une économie de succursales? Le gouvernement Couillard a-t-il un plan pour nos sièges sociaux?

En 2019, le gouvernement Legault a annoncé une stratégie destinée à protéger les sièges sociaux considérés comme étant stratégiques. Par l’entremise d’Investissement Québec, le gouvernement a annoncé l’ajout de 1 milliard de dollars au capital-actions de cette institution pour lui permettre d’intervenir plus souvent et plus rapidement lorsque des entreprises cherchent du financement en s’accordant avec la Caisse de dépôt et avec le Fonds de solidarité FTQ.

Force est de constater, toutefois, que le gouvernement de François Legault n’est pas parvenu à stopper la tendance de la vente d’entreprises du Québec à des intérêts étrangers. Les données que nous avons obtenues du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie le confirment.

De 2015 à 2018, sous le gouvernement de Philippe Couillard, on a recensé 223 ventes complétées d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers. De 2019 à 2022, sous la gouverne de François Legault, un nombre presque identique d’entreprises québécoises, soit 222, ont été vendues à des intérêts étrangers. Nous en sommes donc au même point.

Malgré les promesses du chef de la CAQ devenu premier ministre en 2018, la tendance ne s’est pas inversée. Elle s’est plutôt maintenue.

Par ailleurs, le nombre d’acquisitions d’entreprises à l’étranger par des sociétés québécoises est demeuré plus élevé que celui des ventes, mais il est un peu plus bas que durant les années libérales.

Ainsi, de 2015 à 2018, on compte 367 achats complétés à l’étranger par des entreprises québécoises, contre 348 durant les années Legault, de 2019 à 2022. Il faut dire que l’année pandémique de 2020 a stoppé les activités économiques durant plusieurs mois.

Toujours selon le ministère de l’Économie du Québec, il y a eu 35 ventes d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers au cours des neuf premiers mois de 2023 et 50 acquisitions à l’étranger par des sociétés québécoises.

Parmi les ventes d’entreprises québécoises survenues au cours des derniers mois, on compte des sociétés de premier plan, qui ont innové et créé beaucoup d’emplois. En voici quelques-unes :

  • Le 16 octobre, Logistec, une entreprise de Montréal spécialisée dans les services maritimes, a annoncé sa vente par la famille Paquin à deux firmes d’investissement aux États-Unis, Blue Wolf Capital Partners et Stonepeak. Les deux groupes offrent 1,2 milliard de dollars pour acquérir Logistec. Blue Wolf promet d’investir 200 millions de dollars dans l’entreprise.

  • Le 10 octobre, Opsens, une entreprise de Québec qui évolue dans le domaine des équipements médicaux, a annoncé sa vente au groupe Haemonetics, de Boston, pour 345 millions de dollars.

  • Le 4 octobre, une autre entreprise de Québec, H2O Innovation, spécialisée dans le traitement des eaux, a conclu une entente avec la société américaine Ember Infrastructure Management, une transaction évaluée à 395 millions de dollars. La Caisse de dépôt et Investissement Québec demeurent des actionnaires minoritaires.

  • Le 4 octobre également, le fabricant pharmaceutique Capcium, de Pointe-Claire, a été racheté par une société du Delaware sous le contrôle d’une firme de Chicago, Hilco Global. L’entreprise québécoise était en difficultés financières depuis des mois. Elle est spécialisée dans les gélules de médicaments. Investissement Québec pourrait avoir perdu de l’argent dans cette aventure.

  • Le 13 septembre, une autre entreprise du Massachusetts, FirstLight Holding, a annoncé l’acquisition d’Hydroméga, spécialisée dans la production d’énergie renouvelable, d’hydroélectricité et d’énergie éolienne. FirstLight est la propriété de l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public du Canada. Le siège social d’Hydroméga se trouve à Montréal.

  • Le 27 février, le fournisseur de pièces d’autos Uni-Sélect a annoncé sa vente à LKQ, de Chicago, pour 2,8 milliards de dollars. Uni-Sélect, qui compte aujourd’hui 5200 employés, a été créée en 1968 à Boucherville.

Cela dit, la transformation d’Investissement Québec a eu des répercussions notables sur les injections financières d’entreprises extérieures chez nous.

Investissement Québec a annoncé au printemps dernier une hausse des investissements directs étrangers, passés de 2,3 milliards de dollars en 2018-2019 à 6,03 milliards en 2022-2023. Le travail d’Investissement Québec à l’étranger fonctionne, de toute évidence.

N’empêche, l’expérience nous montre clairement que l’acquisition d’une entreprise québécoise signifie, dans presque tous les cas, une perte de pouvoir et un affaiblissement de l’écosystème local. Le cas de Rona frappe l’imagination : Lowe’s, qui a acheté l’entreprise en 2016, avait promis la protection des emplois et du siège social à Boucherville.

Or, depuis, Lowe’s a quitté le Canada, a vendu les enseignes de Rona, et c’est une firme de capital-investissement, Sycamore Partners, de New York, qui est devenue propriétaire de l’entreprise. Dans notre économie de marché, c’est le format de propriété le plus désincarné du capitalisme.

Secteur financier Montréal attire un nouvel acteur

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La PDG et fondatrice d’Ardian, Dominique Senequier


Jean-Philippe Décarie
Jean-Philippe Décarie La Presse

La communauté financière montréalaise vient de s’enrichir d’un nouveau membre d’envergure avec l’implantation de la société française Ardian, un leader mondial de l’investissement privé qui gère 156 milliards US d’actifs pour le compte de plus de 1400 clients dans le monde. Un quasi-retour aux sources pour la PDG et fondatrice d’Ardian, Dominique Senequier, qui a lancé la firme en 1996 en s’associant avec la Caisse de dépôt.

Publié à 1h22 Mis à jour à 7h30

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Ardian a été fondée en 1996 par le groupe français AXA Assurance qui voulait revenir dans le secteur de l’investissement privé après une courte éclipse. Le PDG Claude Bébéar a recruté Dominique Senequier qui était déjà active dans le domaine pour bâtir AXA Private Equity à partir de zéro.

« Il m’a donné le mandat de bâtir une société de gestion pour le compte de tiers en mettant sur pied un fonds de rachat d’entreprises françaises doté de 100 millions. Il fallait que je trouve deux sociétés partenaires et j’ai lancé le premier fonds d’AXA Private Equity avec la Caisse de dépôt et la Rabobank », souligne la PDG.

« La Caisse était intéressée à s’associer à une grande société d’assurance française et on a bien fait puisque ce premier fonds d’investissement privé a généré un rendement de 35 %. »

En 2013, dans la foulée de la dégradation des services financiers qui a suivi l’adoption de nouvelles lois fiscales contraignantes en France, AXA Assurance a décidé de vendre sa division d’investissement privé.

Dominique Senequier et le management de la firme se sont associés à une douzaine d’institutions et des gestionnaires de fortunes pour procéder au rachat d’AXA Private Equity et la renommer Ardian.

« Ça nous a pris par surprise, il n’y avait pas beaucoup d’intérêt pour acheter une firme d’investissement privé en France. Le management a donc pris une participation de 50 % et les institutions que l’on a sollicitées, l’autre 50 %. On a près de 530 actionnaires employés », précise la fondatrice.

Une transaction qui n’a pas mal tourné puisque les actifs sous gestion d’Ardian, qui étaient de 32 milliards US en 2013, totalisent aujourd’hui 156 milliards US. La firme compte aujourd’hui 1050 collaborateurs répartis dans 17 bureaux en Europe, en Amérique, en Asie et au Moyen-Orient.

Développements en Amérique du Nord

C’est pour mieux servir ses clients au Québec et développer une expertise sur place qu’Ardian a ouvert un bureau à Montréal cette semaine.

Le groupe d’investissement privé gère quelque 9,3 milliards US d’actifs au Canada pour plus de 50 clients – caisses de retraite, fonds de pension, universités, gestionnaires de fonds – dont les trois quarts sont établis au Québec.

Ardian veut s’implanter davantage en Amérique du Nord où la firme a déjà des bureaux à New York et à San Francisco. Montréal devient la troisième antenne du groupe.

« On a une forte présence en Amérique du Nord, mais les grands développements d’Ardian vont se faire sur ce continent dans les prochaines années », estime Dominique Senequier.

Frederick Castonguay, le directeur exécutif d’Ardian pour le Québec – et ex-directeur de la caisse de retraite de Rio Tinto et d’Alcan – prévoit l’embauche d’une quinzaine de personnes au cours de la prochaine année, principalement dans le secteur du développement des affaires.

« Le plan, c’est de faire de Montréal un hub pleinement opérationnel avec les autres fonctions de gestion. On prévoit rencontrer les gens de Finance Montréal pour voir le potentiel qu’on peut développer », explique le responsable.

Ardian propose 16 stratégies d’investissement aux gestionnaires de fonds institutionnels. Sa grande spécialité reste l’investissement privé secondaire, soit le rachat de fonds existants sur le marché qui sont rendus disponibles en raison du rééquilibrage des portefeuilles des grands investisseurs institutionnels.

« On est le numéro 1 mondial dans ce secteur et on est en train de lever 25 milliards pour notre 9e fonds secondaire. On fait aussi du co-investissement avec nos grands partenaires comme KKR », expose Dominique Senequier.

Outre l’investissement privé primaire et secondaire, les autres principaux segments pour lesquels le groupe Ardian propose des solutions aux grands investisseurs sont les infrastructures, l’immobilier et le crédit.

« Il y a 30 ans, les banques finançaient 80 % du rachat d’une entreprise, aujourd’hui, ce sont les fonds comme nous qui financent 80 % des rachats de sociétés », précise Mme Senequier.

À l’instar du secteur industriel français qui vit depuis quelques années un renouveau certain, celui des services financiers enregistre lui aussi une renaissance appréciable en France depuis l’avènement du Brexit.

Beaucoup d’entreprises et de gestionnaires qui avaient fui la France trop réglementée pour trouver refuge en Angleterre ont fait le chemin inverse depuis le Brexit.

« Les courtiers et les firmes basées à Londres n’ont plus de licences pour faire affaire en Europe, même chose dans le secteur des fusions et acquisitions. Ils reviennent en France ou ailleurs en Europe pour pouvoir exercer sur le continent. On vit un renouveau encore plus spectaculaire que celui de l’industrie », souligne avec ravissement Dominique Senequier.

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