CPE Tortue têtue - 3 étages (2022)

Projet de CPE fondé par et pour les étudiants.es de l’UQAM. Originalement, un bâtiment résidentiel de 3 étages était prévus sur le site, en lien avec le projet au 325 René-Lévesque Est.

Informations

Nom: Centre de la petite enfance tortue têtue
Emplacement: Rue Christin - Lot 2 162 002
Hauteur: 3 étages
Architecte: Guillaume Pelletier Architecte (GP Architecte)
Promoteur: CPE Tortue têtue
Début et fin de la construction:
Dates importantes:
Autres informations:

Sources des informations:

Autres images

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2022-10-22 - Le firme gp_architecte a partagé un rendu d’un projet de CPE sur le terrain donnant sur Christin.

Ce qui est particulier, c’est que le projet de logement sociaux à côté est représenté, alors qu’il ne l’est pas pour la version “logement” que nous connaissons.

Je ne sais pas trop quoi en penser. Est-ce qu’il s’agit d’un vrai changement?

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Ce serait donc potentiellement en remplacement de ceci:

Si c’est le cas, cette nouvelle version s’agence mieux avec Le Christin je trouve.

Un autre rendu partagé aujourd’hui:

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Pour un CPE, il faudrait personnellement des plus grandes fenêtres. C’est une bonne chose si ce projet va de l’avant. J’espère vraiment que la ville va refaire les rues Christin & Savignac plus verte et agréable à circuler, car actuellement c’est littéralement des ruelles et sont presque épeurantes à utiliser le soir.

J’espère qu’on va utiliser du béton préfab blanc et pas de la tôle de métal, car ça va faire cheap… De plus, être l’architecte/constructeur du Christin, je n’aurais pas dépensé pour de la brique lacquée de couleur custom pour tout le mur aveugle ouest.

De plus, est-ce que cette petite placette sera privée ou publique ? Car avec la clientèle sur Sanguinet, j’espère que la cohabitation se fera sans trop de problèmes et incivilités, car ce bout de Sanguinet à des airs de Doantown Eastside de Vancouver…

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OMG quelle saga avec le ministère de la Famille qui semble être complètement déconnecté des coûts de l’immobilier et de construction à Montréal :flushed:

TROIS ANS DE TRAVAIL POUR CONSTRUIRE UN CPE QUI N’A JAMAIS VU LE JOUR

« Ça m’a complètement démotivée, toute cette lourdeur bureaucratique finit par tuer. »

PAR HUGO MEUNIER
24 NOVEMBRE 2022
18 MIN

L’histoire qui suit est une fable des temps modernes.

Une fable à propos d’un cafouillis ordinaire.

Son propos est certes aride, mais demeure d’intérêt public, puisqu’il illustre bien un mal de notre époque: la bureaucratie.

Il concerne un projet de construction de CPE qui s’est étiré sur plusieurs années et dans lequel de nombreuses personnes ont investi temps, énergie et espoir, jusqu’à ce que le ministère de la Famille et des Aînés (MFA) de la CAQ ne tire la plogue le 16 novembre dernier, dans l’incompréhension générale des intervenant.es impliqué.es dans le dossier. Le ministère allègue toutefois que le projet existe toujours et s’explique plus bas.

Mais bon, un projet porté à bout de bras par Marie-Claude Gagnon, la directrice du CPE Tortue Têtue, situé à un jet de pierre de l’UQAM, au centre-ville de Montréal.

Transparence oblige, Marie-Claude est une amie et c’est via sa page Facebook que j’ai d’abord eu vent de l’histoire.

IL ÉTAIT UNE FOIS, UN CPE

L’affaire débute au printemps 2019, lorsque le ministère de la Famille lance un appel d’offres pour des projets de garderie, dont un volet consacré à des initiatives ciblant les parents-étudiant.es avec une pouponnière.

Marie-Claude Gagnon, récemment embauchée au CPE Tortue têtue, y voit alors une occasion rêvée d’accomplir son mandat d’explorer un projet d’expansion. « C’est un projet de 60 places avec 20 poupons âgés de 0 à 18 mois. Comme notre première installation (ouverte en 2015), on offre du temps partiel, une flexibilité à la réalité étudiante et une halte-allaitement », résume-t-elle. « En ce moment, on a environ 400 parents sur notre liste d’attente, dont 90 poupons. Les appels sont constants et on refuse continuellement des gens », précise la directrice.

LA PANDÉMIE BAT ALORS SON PLEIN, CE QUI COMPLIQUE LES VISITES DE LOCAUX ET RENCONTRES AVEC LEURS PROPRIÉTAIRES.

Elle prépare donc un dossier étoffé (avec l’appui de l’UQAM) pour répondre à l’appel d’offres, qu’elle envoie au ministère. « À ce moment, on avait ciblé un local de la rue Sainte-Catherine en location qui répondait aux critères du MFA (près de l’université, fenestration suffisante, proximité d’un parc, cour, etc.) », énumère Marie-Claude, rencontrée à son CPE.

Un an passe avant de recevoir des nouvelles.

À l’été 2020, le ministère approuve le projet, pourvu qu’il réponde à leurs exigences. La pandémie bat alors son plein, ce qui complique les visites de locaux et rencontres avec leurs propriétaires.

LE FUN COMMENCE

Accrochez-vous, ici s’amorce la plongée dans les dédales administratifs.

Le local visé au départ (10 000 pieds carrés) dépasse le nombre de pieds carrés maximum (6112) approuvé par le ministère. Ce dernier suggère donc à Marie-Claude un projet de partage d’espace, ce qui signifie deux baux et des partenaires. Marie-Claude en identifie donc cinq, en phase avec la mission du CPE (coworking, organisme d’aide aux parents, etc.)

Le loyer exigé pour le local oscille autour de 10 000$ par mois, ce qui est trop élevé aux yeux du ministère. À titre comparatif, le CPE Tortue Têtue – ouvert depuis 2015 – a un loyer d’environ 5750$ par mois. Mais le marché locatif a drastiquement changé depuis, sans négliger l’inflation et la situation géographique du projet, note Marie-Claude.

Le MFA renvoie donc Marie-Claude faire ses devoirs.

Sous la recommandation du ministère, elle embauche une chargée de projet à l’automne pour la soutenir.

Quelques mois plus tard, le MFA fait volte-face et suggère alors à Marie-Claude d’envisager plutôt l’achat d’un bâtiment, puisque l’enveloppe octroyée est supérieure si elle devient propriétaire. Une seule condition: pas trop cher. Une mission quasi impossible dans le centre-ville.

Avec la chargée de projets, Marie-Claude entreprend alors de cibler des bâtiments à vendre près de l’UQAM.

Printemps 2021, une rencontre est organisée (toujours en zoom) avec le MFA pour leur faire part de leurs recherches.

25 MAI 2021, LE MINISTÈRE CHANGE ENCORE SON FUSIL D’ÉPAULE, EXPLIQUANT QUE ÇA SERAIT TROP COMPLIQUÉ D’AVOIR UN PROJET MIXTE.

L’équipe du CPE présente une trentaine d’endroits à louer et à vendre, avec les caractéristiques, les coûts et les résumés des visites (périlleuses en pleine pandémie). La moitié sont des bâtiments à vendre, dont les prix varient entre deux et trois millions de dollars.

Le CPE en retient cinq qui respectent à priori les normes du ministère. Marie-Claude trouve même un nouveau partenaire pour partager la facture, soit un organisme qui construit et loue des logements étudiants.

Pour Marie-Claude, c’est la solution idéale, en plus de s’intégrer parfaitement à la mission du CPE.

25 mai 2021, le ministère change encore son fusil d’épaule, expliquant que ça serait trop compliqué d’avoir un projet mixte mélangeant deux baux et autant de bailleurs de fonds.

« C’était leur idée au départ de chercher des partenaires. En plus, le MFA nous dit que le mieux serait d’acheter un terrain pour bâtir à neuf. Pour nous, c’est le retour à la case départ, presque deux ans plus tard. Au moins ça nous a permis de montrer au ministère la réalité des coûts du centre-ville », soupire Marie-Claude, qui ne baisse pas les bras pour autant.


LA DIRECTRICE DU CPE TORTUE TÊTUE MARIE-CLAUDE GAGNON.

Avec la chargée de projets, elle cible alors quatre terrains à vendre, dont un de 1600 pieds carrés sur la rue Christin non loin de l’UQAM et du CPE existant, au coût de 1,8 million de dollars. « Avec ce nombre de pieds carrés, j’ai pas le choix de construire en étages », fait savoir la directrice, qui entame le long processus d’achat, incluant une foule de documents, dont des tests de sol et un contrat avec une firme d’évaluation. L’offre d’achat est déposée en novembre 2021 et le dossier prend parallèlement le chemin du ministère pour évaluation.

Le MFA approuve enfin l’achat du terrain en décembre 2021.

Marie-Claude et son équipe pensent que le reste n’est qu’une formalité.

Elles se trompent.

LE BRAS DE FER S’INTENSIFIE

En mars 2022, le CPE devient officiellement propriétaire du terrain. La garderie dépose à même son budget une mise de fonds de 120 000$, le ministère injecte le reste. « Parallèlement, on nous dit de trouver un architecte, mais on doit choisir le plus bas soumissionnaire. Plusieurs ne veulent rien savoir des projets avec le ministère, puisque ce n’est pas payant pour eux », constate Marie-Claude, qui trouve néanmoins la perle rare en la firme de GPA/ Guillaume Pelletier Architecte. Ce dernier se met aussitôt au travail.

Il dépose un projet approuvé par le CPE au ministère en avril 2022.

«ON NE POUVAIT PLUS COUPER SUR GRAND-CHOSE, SAUF FAIRE LE DEUIL D’UNE COUR POUR LES ENFANTS QU’ON VOULAIT AMÉNAGER SUR LE TOIT.»

Pas une mince affaire, puisque l’architecte doit répondre à tous les critères pointus du ministère (luminosité, largeur du corridor, nombre de pieds carrés par enfant, etc.). « Parallèlement à ça, le ministère me demande d’amorcer le processus pour demander un permis de construction à la ville, au coût de 35 000$ », souligne Marie-Claude, qui trouve que l’élastique du « autres tâches connexes » de son contrat commence à être étiré au maximum.

Surtout qu’il faut aussi tenir compte des exigences municipales, notamment en ce qui a trait aux normes du service d’incendie, à l’harmonisation avec le voisinage et au respect du patrimoine.

23 juin 2022, le ministère revient à la charge en demandant une réduction des coûts du projet. « Il y a un dépassement d’environ deux millions dans l’enveloppe achat-construction. Le projet doit être optimisé. À cet effet, nous vous transmettons des plans de rationalisation à regarder avec votre architecte », écrit alors le ministère dans une lettre envoyée au CPE.

Au total, le projet s’élève alors à autour de quatre millions alors que le MFA s’attend à payer environ la moitié.

Pour Marie-Claude, il s’agit sans doute d’un bras de fer normal avec le ministère. Elle espère au moins qu’il tienne compte de la réalité du centre-ville de Montréal, bien différente de celle d’ailleurs à travers la province. « Avec la pandémie, juste le prix des matériaux a explosé. Mais à ce moment, on se dit que tout est normal », insiste Marie-Claude, qui passe plus de temps à jouer les contremaîtres de chantier qu’à gérer son CPE.

En juillet 2022, de nouveaux plans rationalisés sont envoyés au ministère. « On ne pouvait plus couper sur grand-chose, sauf faire le deuil d’une cour pour les enfants qu’on voulait aménager sur le toit », rapporte Marie-Claude.

Une rencontre est simultanément organisée avec la Ville pour présenter les plans de l’architecte en vue de l’obtention du permis de construire.

LES CHOSES SE CORSENT

Les choses prennent une tournure inattendue en septembre lors d’une réunion.

Le MFA présente d’abord à l’équipe du CPE le nouveau conseiller régional au développement du réseau, qui prend le relais du dossier.

Ce dernier demande d’optimiser à nouveau le projet (lire ici réduire les coûts) et trouver des partenaires.

Marie-Claude Gagnon tombe en bas de sa chaise. « Je suis en crisse parce que cette mesure a été écartée dès le début, puisqu’ils ne voulaient pas mixer les baux. Je me disais: coudonc, tu veux que je trouve un mécène dans la rue! », s’impatiente alors Marie-Claude.

Le MFA ajoute une tuile en invoquant pour la première fois l’enjeu de la clientèle. « On nous dit que certaines installations ne sont pas comblées au centre-ville, mais c’est normal puisque plusieurs tours à bureaux sont encore désertes. Je lui explique que ma clientèle est bien différente, que j’ai une liste d’attente et que mes parents n’habitent pas le centre-ville », peste Marie-Claude.

LE COUPERET TOMBE LE 16 NOVEMBRE, LORSQUE LE MFA MET FIN AU PROJET DANS LA CONSTERNATION GÉNÉRALE, VIA ZOOM.

Refusant de jeter la serviette, elle retourne se mettre au travail avec son équipe. Elle fait signer des lettres d’appui au projet, dont une de la députée solidaire locale Manon Massé et une autre du Comité de soutien aux parents étudiant.e.s de l’UQAM.

Allez de l’avant, les besoins sont bien là, martèle-t-on alors.

« J’ai même dû fournir un argumentaire pour démontrer la pertinence du projet après presque trois ans, je n’en revenais pas », soupire Marie-Claude, néanmoins encore convaincue que tout se déroule dans le jeu des négociations habituelles.

Elle rencontre même au début novembre un comité relevant du ministère de la Culture pour l’intégration d’une œuvre d’art au projet.

Le couperet tombe le 16 novembre, lorsque le MFA met fin au projet dans la consternation générale, via Zoom. « Ils nous ont dit ça avant de nous balancer une diarrhée de chiffres. Ils ont dit que le projet coûterait 8,2 millions avec des dépassements de 3,7 millions alors qu’on a proposé un projet de 4,1 millions de dollars. On ne comprend pas leurs chiffres qu’ils sortaient de nulle part. Notre architecte martelait en plus depuis le début que le budget octroyé était irréaliste…»

Le MFA a aussi réitéré son argument selon lequel il n’y a pas de besoin pour ouvrir un CPE au centre-ville, ce qui est totalement faux, s’insurge Marie-Claude, aux premières loges pour en témoigner. « Je refuse des gens à chaque semaine.»

«SI JE PARLE AUJOURD’HUI C’EST PARCE QUE JE SUIS CONVAINCUE QUE PLUSIEURS AUTRES CPE VONT VIVRE LA MÊME CHOSE QUE MOI.»

Et la cerise sur le gâteau: le ministère demande à la directrice de vendre elle-même le terrain. « Je dois prendre ça sur mes épaules, trouver un courtier et gérer ça. Ça m’a complètement démotivée, toute cette lourdeur bureaucratique finit par tuer. Sans leur appel d’offres, j’aurais jamais fait tout ça », plaide Marie-Claude, qui sort très échaudée de toute cette histoire, en plus d’avoir investi un temps fou et des sommes considérables dans ce bourbier. « Je suis tellement épuisée que j’aurais juste envie de tourner la page, mais si je parle aujourd’hui c’est parce que je suis convaincue que plusieurs autres CPE vont vivre la même chose que moi. Je veux les mettre en garde », tranche-t-elle, amère.

« ÇA M’A ENLEVÉ UN POIDS ÉNORME.»

Naomi Grenier avait 21 ans lorsqu’elle est tombée enceinte de sa fille. Elle amorçait un bac en désign de l’environnement. C’est la flexibilité du CPE Tortue têtue qui l’a convaincue de rester sur les bancs d’école. « Je pouvais modifier mon horaire à chaque session, ça m’a vraiment enlevé un poids énorme de sur les épaules », reconnaît-elle.

Naomi Grenier et sa fille inscrite au CPE Tortue Têtue.
NAOMI GRENIER ET SA FILLE INSCRITE AU CPE TORTUE TÊTUE.

Sans cette sensibilité, la jeune femme aurait été obligée d’envoyer son enfant à plein temps comme c’est le cas partout ailleurs, à condition bien sûr d’avoir une place en CPE. « J’aurais pas pu me payer une place au privé », précise-t-elle.

Depuis Naomi a terminé son bac, en plus d’avoir donné naissance à un deuxième enfant. Les deux profitent toujours des services sur mesure du CPE Tortue Têtue. Elle se désole d’apprendre que d’autres parents ne profiteront pas de la même chance qu’elle. « C’est très décevant et un non-sens à mes yeux. Ce qui est le plus aberrant, c’est que ça vient d’un ministère qui a publié (en 2019) un document complet sur les besoins de garde des parents-étudiant.es québécois.es, reconnaissant justement leurs exigences spécifiques. »

«ILS VEULENT DES BOÎTES BRUNES PAS CHÈRES»

«Je comprends que Marie-Claude soit déçue et démolie. Elle a travaillé tellement fort et c’est le ministère qui a recommandé l’achat. Les besoins sont là en plus.»

L’architecte au dossier, Guillaume Pelletier, ne cache pas son empathie envers la directrice du CPE qui s’est retrouvée parachutée dans la maison des fous d’Astérix.


GUILLAUME PELLETIER, ARCHITECTE.

Comme architecte, ses critiques sont dirigées vers la manière archaïque avec laquelle le ministère de la Famille gère de tels projets.

En clair, lui et son équipe doivent composer avec des règles du jeu froides, beiges et drabes, orientées uniquement vers la réduction de coûts. Une approche bien décevante tranche Guillaume Pelletier. « Ils veulent des boîtes brunes pas chères et perçoivent les architectes comme des artistes fous et non des partenaires. Ailleurs dans le monde, les partenaires et les enfants sont au cœur des décisions et ça donne des résultats formidables», déplore l’architecte, en exhibant les plans du projet sur lequel il a planché jusqu’au bout.


PLAN DU CPE.

Il ajoute que plusieurs collègues architectes refusent de soumissionner des projets du ministère, justement à cause des embûches perpétuelles. « Donc ces projets atterrissent entre les mains d’architectes de la relève, qui veulent faire changer les choses. Mais l’écoute n’est pas facile au ministère, ils sont sur leur piédestal », constate l’architecte.

Guillaume Pelletier ne comprend toujours pas comment le ministère a pu arriver à des estimations de coûts oscillant autour de huit millions de dollars, des chiffres qui ne correspondent en rien à ses propres estimations.

«LE GOUVERNEMENT DOIT REVOIR SES RÈGLES POUR UNE VISION D’AVENIR À LONG TERME.»

Il impute à la peur et une méconnaissance du marché leur décision d’abandonner le projet. « Un site en plein centre-ville avec une construction sur étages (ce qui aurait été une première) est déjà super contraignant. Il (le MFA) était conscient des prémisses avant de commander l’achat du terrain », croit M. Pelletier.

Il redoute maintenant l’avortement de plusieurs autres projets de CPE en chantier, pour les mêmes motifs. « Les coûts vont toujours dépasser. Le Programme de financement des infrastructures n’est pas adapté, le gouvernement doit revoir ses règles pour une vision d’avenir à long terme. »

«JE N’AI PAS ENVIE D’EN PARLER AU PASSÉ.»

La députée solidaire locale Manon Massé ne connaît pas personnellement Marie-Claude Gagnon, mais ça n’empêche pas de désigner la directrice du CPE Tortue Têtue comme une battante. « Je n’ai même pas envie d’en parler au passé! », lance la députée de Sainte-Marie-St-Jacques, au sujet du projet et qui a écrit jeudi dernier au ministère pour exiger des éclaircissements.


LA DÉPUTÉE MANON MASSÉ.

Pour elle, le refus d’aller de l’avant ne fait aucun sens, d’autant plus que le CPE est à ses yeux un modèle à suivre. « C’est essentiel pour aider cette clientèle à mener ses études jusqu’au bout. Ça prend cette souplesse », affirme sans détour Manon Massé, également convaincue que les besoins en CPE sont criants pour les parents de l’UQAM et ceux de l’ensemble de sa circonscription.

La députée voit dans ce projet avorté un exemple concret de la lourdeur bureaucratique. « François Legault avait dit vouloir l’alléger après les libéraux, mais il a raté son coup dans ce dossier. Si on ne donne pas aux parents-étudiant.es un accès au CPE, c’est un projet de vie qui risque de tomber à l’eau », résume Manon Massé, qui invite la nouvelle ministre de la Famille Suzanne Roy à se positionner comme une alliée.

« C’ÉTAIT TELLEMENT LOURD ET COMPLIQUÉ!»

L’euphorie a été de courte durée pour la coordonnatrice au Comité de soutien aux parents étudiant.es Annie Noël de Tilly, qui attendait impatiemment l’ouverture d’une deuxième garderie pour répondre aux besoins croissants. « Leur sensibilité (du CPE Tortue Têtue) du temps partiel est super importante. Sans ça, plusieurs femmes mettent une pause dans leurs études. On consacre une partie de notre financement au projet, on voit ça comme une mobilisation communautaire », résume la coordonnatrice, dont l’organisme est engagé depuis le début avec le CPE.

«J’AI L’IMPRESSION QU’ILS LA REGARDAIENT SE DÉBATTRE SEULE DANS UN ÉTANG DE BOUETTE EN SE DEMANDANT S’ILS DEVAIENT OU NON L’AIDER.»

À l’instar des autres, Annie Noël de Tilly non plus n’a pas vu venir la mort du projet. « C’était tellement lourd et compliqué. Je n’en reviens pas qu’ils ont laissé une directrice de CPE tout gérer comme ça, même le terrain qu’elle doit revendre. J’ai l’impression qu’ils la regardaient se débattre seule dans un étang de bouette en se demandant s’ils devaient ou non l’aider », déplore-t-elle.

Elle aussi jure que les besoins sont criants et bien réels, surtout dans un contexte où la population étudiante change. « Il y a de plus en plus de retours aux études et une féminisation des cycles supérieurs. Le portrait de l’universitaire qui débarque du cégep et habite chez ses parents ne colle plus à la réalité. Un nouveau CPE serait rempli dans le temps de le dire. »

Selon ses estimations (même si aucun recensement exhaustif n’a été fait), il y aurait autour de 5000 parents étudiant.es à l’UQAM sur 35 000 étudiant.es.

LE MINISTÈRE RÉPOND

De son côté, un porte-parole des médias au ministère de la Famille a fait savoir par courriel qu’« il est faux d’énoncer que le projet a pris fin ». « Cependant, dans sa forme actuelle, le projet dépasse largement les montants prévus par le Programme de financement des infrastructures et l’exercice de rationalisation du projet n’aura pas permis de réduire substantiellement les coûts du projet ni de réaliser des économies d’échelles », affirme le MFA, ajoutant son intention d’accompagner le CPE pour la suite.

Marie-Claude Gagnon s’esclaffe de découragement devant cette « main tendue », qu’elle retrouve aussi dans le dernier paragraphe de la lettre du ministère justifiant son refus.

« Dès lors, le Ministère vous demande de présenter un nouveau projet répondant toujours à l’objectif de développer des places pour la communauté parent-étudiant et dont le coût respecte les enveloppes budgétaires dédiées à l’achat-construction ou à l’amélioration locative », conclut le MFA.

Marie-Claude Gagnon n’a pu s’empêcher de se défouler un peu en leur répondant: « Je trouve cela bien ordinaire de me suggérer de faire un nouveau dépôt, j’ai perdu deux ans de travail acharné, de rencontres, de discussions, de dépenses pour rien, pensez-vous réellement que mon CA et moi on a envie de repartir la machine? », demande-t-elle sans attendre la réponse.

Malheureusement pour les enfants, on ne la reprendra plus jamais.

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Ce qu’ils n’ont pas compris, c’est qu’Ils n’avaient pas d’appuis du côté de la CAQ! Une lettre d’appui de Manon Massé, ils venaient de se faire hara kiri.

Projet annulé. Le terrain est à vendre.

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