Corridor ferroviaire en Gaspésie

Les trains de marchandises seront de retour à Gaspé en 2026, promet Québec

Le troisième tronçon du chemin de fer gaspésien, propriété de Québec, s’étend sur 127 kilomètres.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes

Radio-Canada

Publié hier à 14 h 29

Alors que le provincial n’avançait plus de date butoir depuis 2022 pour un retour des trains de marchandises jusqu’à Gaspé, voilà que Québec s’engage à ce que le chemin de fer gaspésien soit réhabilité dans son entièreté en 2026.

La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, a annoncé un investissement de 518 millions de dollars pour la réfection du troisième et dernier tronçon entre Port-Daniel–Gascons et Gaspé.

Ces fonds serviront notamment à effectuer des travaux d’enrochement, qui devraient débuter cette année. La réhabilitation complète du chemin de fer de la Gaspésie, elle, aura nécessité un investissement total de 870 millions de dollars.

Une aide financière de 21 millions de dollars est par ailleurs accordée à la Société du chemin de fer de la Gaspésie (SCFG) pour qu’elle poursuive l’exploitation, le développement et l’entretien du corridor ferroviaire.

« C’est une excellente nouvelle pour nous. Ça fait des années, voire des décennies, qu’on travaille sur ce dossier-là. »

— Une citation de Daniel Côté, maire de Gaspé

Le maire de Gaspé, Daniel Côté, assure que ces investissements vont permettre de bénéficier d’une infrastructure durable qui pourrait être maintenue pendant plus d’une centaine d’années. Ce sont des investissements qui sont durables. Ça dure pas mal plus longtemps un investissement ferroviaire qu’un investissement routier, fait-il valoir.

De nombreux élus étaient présents pour l’annonce prévue par Québec, dont le maire de Gaspé, Daniel Côté.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes

C’est un outil de développement économique pour une région comme la nôtre, rappelle quant à lui Éric Dubé, préfet de la MRC

de Bonaventure et président de la SCFG

. Les impacts économiques vont être très grands, a-t-il renchéri.

L’année dernière, un rapport réalisé par la firme Lelièvre Conseils Développement des Régions à la demande du Comité citoyen pour le développement de Gaspé et Solidarité Gaspésie pointait du doigt le manque de volonté politique du provincial dans le dossier de la réhabilitation du chemin de fer régional.

Éric Dubé est maire de New Richmond et préfet de la MRC de Bonaventure. Il est également président de la Société du chemin de fer de la Gaspésie.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes

En entrevue à Bon pied, bonne heure mercredi matin, le président de cette firme, Gaétan Lelièvre, n’a pas caché sa joie quant à l’annonce, qu’il a qualifié de certaine surprise.

Désormais conseiller en développement régional, Gaétan Lelièvre a notamment été député de Gaspé et ministre délégué aux Régions. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat

C’est surtout l’échéancier de 2026 qui me satisfait parce qu’on parlait de plus en plus de 2028 à 2030, se réjouit-il, ajoutant néanmoins que les réfections effectuées sur le deuxième tronçon ont accusé deux ans de retard. Selon M. Lelièvre, atteindre la cible de 2026 est audacieux et optimiste, mais pas irréalisable.

« Je crois que tout est faisable si la volonté est au rendez-vous et honnêtement, elle semble l’être. »

— Une citation de Gaétan Lelièvre, président de Lelièvre Conseils Développement des Régions

Un retour de VIA Rail?

Les trains de passagers ne sont plus en service depuis août 2013.

L’annonce de mardi ouvre toutefois la porte au retour de VIA Rail en région puisque la société d’État avait indiqué qu’une telle éventualité serait envisagée une fois le chemin de fer sécuritaire et fonctionnel jusqu’à Gaspé.

Cela va faire partie des prochaines étapes de discuter avec le ministère des Transports et VIA Rail pour le retour du train de passagers le plus rapidement possible, a indiqué Éric Dubé.

La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, a procédé à l’annonce à la gare intermodale de Gaspé, mardi après-midi.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes

Sur le premier tronçon actuellement, ce sont des marchandises qui circulent, mais c’est sûr qu’instinctivement, on aimerait tous que les passagers puissent reprendre le train. C’est l’objectif!, mentionne la ministre des Transports et de la Mobilité durable. Selon Geneviève Guilbault, les discussions avec le transporteur vont très bien et se poursuivront.

Le maire de Gaspé a tenu à rappeler, mardi, les promesses de VIA Rail. Je compte sur leur bonne volonté pour qu’ils reviennent, lance Daniel Côté, ajoutant que le transport passager constitue un service essentiel en Gaspésie.

Avec les informations de Jean-François Deschênes, Marguerite Morin et Véronique St-Onge

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Le train de Montréal à Gaspé reviendra en 2026

Bonne nouvelle pour les Montréalais qui souhaiteront visiter la Gaspésie sans devoir conduire. En 2026, le train Montréal-Gaspé devrait reprendre du service grâce à un investissement du gouvernement du Québec.

Le Chaleur, nom de la liaison ferroviaire, avait vu son tracé être réduit en 2011 avant que le service ne soit complètement suspendu en 2013. La cause de cet arrêt? Le mauvais état des voies ferrées entre Port-Daniel–Gascons et Gaspé. Depuis dix ans, le projet était donc presque au point mort jusqu’à ce que le ministère du Transport et de la Mobilité durable (MTMD) annonce, mardi, des investissements afin de réhabiliter les rails du chemin de fer gaspésien.

Le retour de ce train représente un investissement de 870 M$ de la part de Québec. La mobilisation était importante dans la péninsule pour que le train reprenne du service. Il amenait des touristes, représentait une option de transport plus écologique que la voiture et permettait aux étudiants gaspésiens d’aller étudier dans les centres urbains, fait valoir la Coalition des Gaspésiens pour le retour du train de passagers.

Le train Montréal-Gaspé passait et passera de nouveau par un grand nombre de villages et villes touristiques de la région. Parmi celles-ci, on compte Carleton-sur-Mer, Bonaventure, New Richmond, New Carlisle, Percé et, bien sûr, Gaspé. Sur le tracé, on retrouve trois parcs nationaux gaspésiens à proximité, dont celui du Rocher-Percé et de l’île Bonaventure et celui de Forillon.

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Québec lance un appel d’offres lié au dernier tronçon du chemin de fer de la Gaspésie


Dennis Jarvis, archives Wikimedia Commons
En 2010, le train de VIA Rail « Le Chaleur » traverse un pont à Grande-Rivière.

Pierre Saint-Arnaud - La Presse canadienne
17 h 40
Transports / Urbanisme

La réhabilitation du dernier tronçon du chemin de fer de la Gaspésie commence à prendre forme avec le lancement, vendredi, d’un appel d’offres visant neuf structures situées entre Port-Daniel-Gascons et Gaspé.

Le premier ministre François Legault était à New Carlisle, où se déroulent les travaux de réhabilitation sur le deuxième des trois tronçons de la voie ferrée, pour annoncer le lancement de cet appel d’offres, qui comprend notamment la réfection de deux ponts et la reconstruction complète de deux autres ponts.

Il s’agit du premier de quatre appels d’offres pour ce dernier tronçon qui toucheront en tout 17 ponts, deux murs de soutènement, plusieurs ponceaux et le déplacement de la voie ferrée là où l’érosion l’oblige.

La réhabilitation du chemin de fer de la Gaspésie, réclamée depuis plusieurs années par la région, devrait être complétée en 2026 et aura nécessité des investissements évalués jusqu’ici à 871 millions $.

Pour François Legault, cet investissement s’inscrit directement dans la réduction des gaz à effet de serre. « Au Québec, c’est encore un peu les champions du camion. Un train émet, pour des mêmes tonnes de matériaux déplacés, 80 % moins de GES que des camions. »

Le premier ministre a également évoqué les nouvelles technologies à venir, rappelant les projets dans Charlevoix « pour avoir éventuellement des locomotives, donc des trains, qui sont à hydrogène vert, donc zéro GES. Le train c’est l’avenir. »

Le premier tronçon, entre Matapédia et Caplan, est déjà en exploitation et la liaison Caplan-Port-Daniel-Gascons, où les travaux se poursuivent, doit être mise en service l’an prochain.

Les travaux sont importants puisque la voie ferrée a longtemps été laissée à l’abandon. Dans certains cas, c’est l’érosion de falaises qui oblige des travaux, parfois la voie ferrée doit être déplacée et la quasi-totalité des structures nécessite des travaux de réfection ou de reconstruction.

Et plus on avance, plus ça coûte cher. Le premier tronçon de 118 kilomètres entre Matapédia et Caplan a nécessité un déboursé de 54,5 millions $, alors que celui, beaucoup plus court, de 65 kilomètres entre Caplan et Port-Daniel-Gascons a requis près de 300 millions $. C’est toutefois la dernière portion, qui est aussi la plus longue à 139 kilomètres, entre Port-Daniel-Gascons et Gaspé, qui exigera les plus importants investissements, soit un peu plus de 517 millions $.

Québec s’est porté acquéreur du chemin de fer en 2015 tout en conservant la Société du chemin de fer de la Gaspésie comme gestionnaire et exploitant.

Pour le moment, la voie ferrée est destinée au transport de marchandises, mais le premier ministre a dit avoir bon espoir que, d’ici à la mise en service complète du tronçon de 322 kilomètres en 2026, des ententes pourront être conclues avec Via Rail afin d’assurer un service passager jusqu’à Gaspé.

Mais il tient à l’échéancier de 2026, car il s’inscrit dans son agenda politique. « C’est un engagement et c’est un engagement qu’a pris aussi Geneviève Guilbault, la ministre des Transports. Comme vous le savez, il y a une élection générale à l’automne 2026, donc on veut que ce soit fait avant l’élection. »

Toujours dans le domaine des transports, François Legault a aussi été interrogé sur l’abandon de certaines dessertes aériennes régionales.

Sa réponse a été sans équivoque. Il n’est pas question de laisser une seule région sans desserte aérienne. « Je considère que c’est un service essentiel de desservir en avion nos régions. »

M. Legault a expliqué que la décision d’abandonner le service chez certaines compagnies aériennes était liée à la fin du programme de soutien mis en place à la suite de la pandémie, mais que d’autres programmes s’en viennent.

« Ce qu’on essaie de négocier actuellement avec différentes compagnies aériennes, c’est une entente de trois à cinq ans où on donnerait une subvention annuelle en échange d’une garantie de service à maximum 500 $ aller-retour à chaque jour. »

« Je veux que tous les aéroports régionaux soient desservis de façon quotidienne », a-t-il affirmé avec fermeté, ajoutant que Québec allait « mettre l’argent qui est nécessaire parce que ce n’est pas toujours rentable pour les compagnies aériennes de le faire ».

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Le train gaspésien sur les rails, si la nature le veut


Photo: Jean-Louis Bordeleau, Le Devoir
Des dizaines et des dizaines de ponts doivent être réhabilités avant que le train ne circule à nouveau en Gaspésie.

Jean-Louis Bordeleau
à Chandler
Initiative de journalisme local
27 janvier 2024
Économie

Voyager en train en Gaspésie pourrait bientôt devenir possible. Les derniers contrats sont en voie d’être accordés pour la réhabilitation du rail reliant Gaspé à la baie des Chaleurs. Tout est donc prêt pour une ouverture en 2026… à moins que la mer n’en décide autrement.

Quelque 320 km de rail. Neuf cents ponceaux. Quatre-vingt-treize structures de pont. Près d’un milliard de dollars de fonds publics. La ligne d’arrivée apparaît enfin pour la restauration du chemin de fer en Gaspésie. Les derniers appels d’offres sont enfin sortis, pour le dernier tronçon, soit celui entre la cimenterie de Port-Daniel et Gaspé. Le premier de ces derniers appels d’offres s’est terminé jeudi, et le reste devrait suivre sous peu.

Se concluront alors l’ensemble des contrats de réhabilitation de ce chemin de fer bâti à la fin des années 1800 et tombé en désuétude à la fin des années 1960.

Des malversations au moment de sa construction avaient provoqué un scandale et la chute du gouvernement d’Honoré Mercier, en 1891. Mais les estimations de sa réhabilitation au XXIe siècle restent dans les prix pour l’instant. « Je n’ai pas le choix de dire que ça va bien », lance Éric Dubé, président de la Société de chemin de fer de la Gaspésie, le gestionnaire et exploitant du circuit.

Les derniers appels d’offres ont même été remportés « un peu en dessous » des estimations du ministère, selon celui qui est également maire de New Richmond et qui surveille étroitement Québec dans sa gestion des finances. « On est agréablement surpris. »

Un premier tronçon, reliant la cimenterie de Port-Daniel à la baie des Chaleurs, doit être inauguré cet automne, à la fin de la belle saison. Puisque ce chemin de fer servira d’abord au transport de marchandises, environ 60 camions de ciment par semaine seront alors retirés de la circulation sur la route 132. Les trains doivent avancer en moyenne à une vitesse de 50 km/h.

Des chantiers énormes

Il y a là le « projet structurant de la Gaspésie », se plaisent à dire les gens sur place. « Certains trouvent que c’est un gros investissement pour la Gaspésie. Mais si on n’avait pas investi [cet argent] en Gaspésie, s’il avait été mis sur un troisième lien, sur un tramway, ça aurait fait moins de chemin. Pour une fois que la Gaspésie peut profiter de ces investissements », relève le maire de la municipalité de Saint-Siméon, Denis Gauthier.

Il se souvient de sa jeunesse dans les gares désaffectées, et des aïeux qui racontaient comment les soldats partaient à la guerre en train. Les prochaines années s’annoncent pleines d’espoir, bien que l’heure soit pour l’instant aux bouleversements.

Sa petite ville de la baie des Chaleurs a été chamboulée par l’arrivée des chantiers. D’énormes monticules de terre ont envahi des terrains côtiers. Et ses commerces ont été presque vidés par les travailleurs venus refaire les multiples ponts. Ce sont des « ouvrages titanesques » qui s’opèrent par chez lui, dit-il. « Pour un seul des points, ils ont construit quasiment deux routes pour s’y rendre. »

Malgré l’ampleur des défis d’ingénierie qui attendent les équipes, l’élu se dit aussi certain que son collègue de New Richmond de voir bientôt des marchandises circuler sur les rails plutôt que sur l’asphalte. Mais ce n’était pas le cas il y a tout juste quelques années : « Ça aurait pris un rien pour que les rails soient enroulés et envoyés en Chine pour qu’on les fonde et qu’on récupère le fer. C’est une façon de parler, mais c’est passé très près. »

La mer, le talon d’Achille

Petit train devrait aller loin, donc, à moins que la mer ne le fasse dérailler. L’océan est le véritable talon d’Achille de ce chemin de fer qui longe le littoral, des tempêtes de plus en plus fortes menaçant les rails. Environ 25 kilomètres se trouvent suffisamment proches de la mer pour être considérés comme à risque d’érosion par les spécialistes. À Saint-Omer, le chemin de fer se trouve d’ailleurs directement en bord de falaise.

Le tracé a donc dû être dévié à l’intérieur des terres à certains endroits. Près de Port-Daniel, par exemple, le sol s’est dérobé sous le rail lors du passage d’une onde de tempête l’été dernier.


Photo: Ministère des Transports du Québec
Plusieurs travaux sont liés aux conditions géologiques et côtières spécifiques de la Gaspésie. L’érosion des côtes oblige notamment le déplacement de la voie ferrée longeant le littoral à Port-Daniel.

Comme c’est le cas pour la route 132, qui risque elle aussi d’être grignotée par la mer, des équipes pallieront toute avarie sur le chemin de fer en reconstruction. « Chaque fois qu’il y a une tempête, comme la semaine passée, il y a des roches qui partent. La mer, elle ramasse, mais le lendemain, on va remettre de nouvelles roches. On l’entretient parce qu’on a les budgets pour faire ça. Au printemps prochain, on va aller réparer », indique Éric Dubé.

La facture totale du maintien en état d’un rail constamment battu par les vagues reste quant à elle vague.

Le retour des trains de passagers ?

Les passagers ont cessé de circuler sur les rails reliant Matapédia et Gaspé en 2013, et les gares qui jalonnent encore le parcours rappellent cette époque pas si lointaine où l’on pouvait visiter la région sans toucher à un volant. Et bien que VIA Rail n’ait pas confirmé si son service reprendra dans la région, tout sera en place pour un tel redémarrage, promet la Société de chemin de fer de la Gaspésie. Les gares seront rénovées, et la réfection des ponts ferroviaires permettra la circulation des voitures de passagers.

La fiabilité devra cependant être au rendez-vous, dit le président de la société gaspésienne, Éric Dubé, qui n’a pas oublié les années où trop de trajets se terminaient en autobus. « Si, dans la première semaine, vous êtes obligé d’annuler un voyage, et puis que la semaine d’après, vous en annulez un autre, les gens vont dire qu’on a regagné ce qu’on a perdu, mais que ça n’a rien donné… »

Des rencontres sur le retour du transport ferroviaire de passagers sont prévues ce printemps. « Je veux entrer dans le premier wagon qui va partir de New Richmond vers Gaspé », annonce avec enthousiasme l’élu. Ne reste qu’aux Gaspésiens et aux Québécois à embarquer, eux aussi, dans l’aventure.

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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Il me semble avoir vu des travaux préparatoires à Paspébiac et à l’est de Bonaventure, tout juste avant New-Carlisle.

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