Construction en bois

Discussion et actualités sur l’utilisation du bois en construction


Curtain Place, London, UK


Un pas dans la bonne direction

Québec veut doubler la récolte de bois d’ici 2080

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Pour arriver à doubler la production de bois dans les prochaines décennies, le MFFP compte augmenter le volume et la qualité du bois.

(Québec) Le gouvernement du Québec veut doubler la récolte forestière d’ici 2080 et faire du secteur forestier « un incontournable » dans la relance économique.

Publié le 16 décembre 2020 à 20h29

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Stéphane Blais
La Presse Canadienne

C’est ce qu’a annoncé Pierre Dufour, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), lors d’une conférence de presse virtuelle dans laquelle il a présenté « la Stratégie nationale de production de bois et la Politique d’intégration du bois dans la construction ».

Le gouvernement compte faire passer le volume de bois récolté en forêts publiques et privées de 29 millions de mètres cubes par années actuellement à 33 mm3 en 2025, à 42,9 mm3 en 2050 et à 52,9 mm3 en 2080.

Le MFFP souhaite ainsi doubler, d’ici 2080, le Produit intérieur brut généré par le secteur forestier au Québec afin de le faire passer de 6,3 milliards de dollars à 12,3 milliards.

Selon le ministre Dufour, la forêt au Québec est sous-exploitée. « On va faire fructifier davantage notre capital forestier, tant en forêt publique qu’en forêt privée, en produisant plus de bois de meilleure qualité, tout en conservant un aménagement durable de nos forêts ».

Pierre Dufour a fait valoir que les forêts au Québec se portent bien, que le couvert forestier est stable et que la diversité des écosystèmes « est en bon équilibre ».

En citant le Bureau du forestier en chef du Québec, le ministre Dufour a ajouté que « la pression sur la forêt, qu’elle soit d’origine naturelle ou humaine, n’a jamais été aussi faible au Québec depuis 30 ans ».

Répondre aux besoins du marché

Selon le ministre, des travaux de sylvicultures soutenus permettront de maintenir les forêts en santé, tout en produisant toujours plus de bois de qualité pour l’industrie et ainsi répondre à la demande du marché local et international.

Pour arriver à doubler la production de bois dans les prochaines décennies, le MFFP compte augmenter le volume et la qualité du bois.

« En ayant des arbres qui ont les bonnes essences et les bonnes dimensions et qui sont proches des usines, nous, on fait le pari qu’on va augmenter le pourcentage de bois disponible qui sera récolté. C’est la combinaison de deux facteurs, les travaux sylvicoles et des bois de meilleure qualité », a précisé Alain Sénéchal, sous-ministre associé aux Forêts.

Les documents présentés par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs formulent « cinq axes de travail » qui visent à améliorer les caractéristiques du bois des forêts publiques et privées et ainsi stimuler les activités économiques de l’industrie forestière : la production de bois économiquement intéressant, la valorisation du bois déjà disponible, la contribution de la forêt privée à la richesse collective, la contribution du secteur forestier aux objectifs d’atténuation des changements climatiques et l’innovation et les connaissances.

Des stratégies propres aux régions

Aucun nouvel investissement n’a été annoncé à la conférence de presse et le ministre Dufour a indiqué que chaque région sera invitée à définir sa contribution à la stratégie

« Chacune des régions du Québec participera à l’atteinte des objectifs, par le biais de stratégies régionales qui feront partie intégrante du déploiement des efforts », a souligné le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Valoriser le bois dans l’industrie de la construction

Québec veut encourager l’utilisation du bois, « une ressource locale, durable et renouvelable » dans l’industrie de la construction.

Le gouvernement promet « des mesures ambitieuses » qui permettront de réduire l’empreinte carbone des bâtiments.

La FQM réagit positivement

Après la conférence de presse, la Fédération québécoise des municipalités (FQM) a réagi de manière favorable à la stratégie du gouvernement.

« La Politique d’intégration du bois dans la construction est une bonne nouvelle pour les municipalités qui démontrent, depuis longtemps, un grand intérêt à intégrer le bois dans leurs constructions », a indiqué Luc Simard, président de la FQM.

Le préfet de la MRC de Maria-Chapdelaine a toutefois ajouté que pour rendre « la politique plus efficace, il sera important que les incitatifs pour la construction de bâtiments municipaux en bois qui existent présentement soient plus avantageux ».

L’opposition est « fâchée » de ne pas avoir été invitée

Jointe par La Presse Canadienne, la députée Francine Charbonneau, porte-parole du Parti libéral en matière de forêts, de faune et de parcs, a indiqué qu’elle n’avait pas eu l’occasion de consulter la stratégie du ministre, car elle n’avait « pas eu d’invitation formelle ou informelle » à la conférence de presse virtuelle.

L’annonce de la conférence de presse avait été envoyée sur certains fils de presse, mais la députée libérale s’est dite « très fâchée », car « habituellement on reçoit les invitations ».

« Le cabinet du ministre ne nous a pas informés », a-t-elle précisé.https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2020-12-16/quebec-veut-doubler-la-recolte-de-bois-d-ici-2080.php

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Ce que je retiens particulièrement dans cet article est la volonté de valoriser le bois en produits finis. Une valeur ajoutée qui créera véritablement de la richesse en région comme dans les grands centres. Il faut cesser d’exporter simplement des ressources brutes, mais produire des matériaux spécialisés comme le bois d’ingénierie et autres débouchés industriels et technologiques, grands créateurs d’emplois et d’enrichissement collectif.

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Les matériaux naturels en construction, une tendance qui s’enracine au Bas-Saint-Laurent

L'oeuvre d'art de Jean-Philippe Roy sur le toit de la Maison ERE 132.

Depuis son inauguration, la Maison ERE 132 est utilisée pour faire connaître les avantages de la construction écologique pour l’économie régionale, pour l’environnement et pour la qualité de vie des occupants (archives).

Photo : Radio-Canada / Laurence Gallant

Shanelle Guérin (accéder à la page de l’auteur)

Shanelle Guérin

Publié le 20 décembre 2020

L’Université du Québec à Rimouski (UQAR) ajoutera une concentration en écoconstruction à son programme de baccalauréat en génie civil dès l’automne. Ce programme amènera non seulement les étudiants à se questionner sur l’impact environnemental lié à la construction des bâtiments, mais aussi sur les bienfaits des matériaux naturels.

Le souci d’utilisation du bois et des matériaux naturels qui ont une faible empreinte écologique au Bas-Saint-Laurent s’enracine.

Le meilleur exemple est probablement la maison écologique ERE 132, qui a été construite sur le site des Jardins de Métis. Sa construction s’inspire des plus hauts standards de protection et d’intégration à l’environnement.

Depuis son inauguration, elle est utilisée pour faire connaître les avantages de la construction écologique pour l’économie régionale, pour l’environnement et pour la qualité de vie des occupants.

Plus récemment, l’école anglophone Metis Beach, à Métis-sur-Mer, a été rénovée, en 2018 : les architectes se sont pour l’occasion inspirés duprojet Lab-École du gouvernement du Québec.

Le bâtiment de l’école anglophone Metis Beach, à Métis-sur-Mer (archives)

Photo : Radio-Canada / Isabelle Damphousse

À lire également :

Caroline Frenette, professeure au Département de mathématique, informatique et génie à l’UQAR

, est d’avis qu’au Bas-Saint-Laurent, les entrepreneurs tiennent compte des différents impacts sur l’environnement. Ceux-ci ont également une volonté d’utiliser les matériaux locaux.

On a une industrie forestière qui est très présente au Bas-Saint-Laurent. Et donc, ça me semble important que les ingénieurs qui sortent de l’UQAR

aient une bonne connaissance de ces matériaux et de comment les utiliser en construction, affirme Caroline Frenette.

Le bois, vestige du patrimoine architectural québécois

Par ailleurs, l’utilisation du bois fait partie du patrimoine architectural québécois. Or, le bois a été délaissé au début du siècle pour être remplacé par des matériaux dits modernes tels que l’acier et le béton.

La structure de bois de la microbrasserie Côte-du-Sud, à Montmagny, est l’oeuvre d’Art Massif (archives).

Photo : Radio-Canada

La professeure à la tête de la nouvelle concentration en écoconstruction de l’UQAR

précise toutefois que le bois est de nouveau le matériau chouchou de l’industrie du bâtiment.

Je pense que [depuis] les 20-30 dernières années, l’aspect de l’environnement et de la volonté de faire des bâtiments de type bas carbone est de plus en plus présent. Ça ramène ainsi les matériaux naturels biosourcés comme le bois, où on a une réduction de l’empreinte carbone qui est certaine, explique-t-elle.

Charte du bois régionale

Dans les prochains mois, le Créneau d’excellence en écoconstruction au Bas-Saint-Laurent ira à la rencontre des municipalités et des MRC

de la région afin de présenter la Charte du bois régional.

Il s’agit d’un outil qui oblige les promoteurs à évaluer la possibilité d’intégrer le bois dans un bâtiment qui obtient du financement public.

La directrice du Créneau d’excellence en écoconstruction au Bas-Saint-Laurent, Claire Sirois, admet que la charte n’a pas un caractère contraignant, mais qu’elle est une façon de promouvoir le matériau.

L’abbaye Val Notre-Dame, conçue par l’Atelier Pierre Thibault (archives).

Photo : Courtoisie: L’Atelier Pierre Thibault

En 2013, Québec a modifié le Code de construction du Québec pour permettre la construction de structures en bois de cinq et six étages. Avec la nouvelle charte du bois, tout projet financé en tout ou en partie par l’État devra prévoir un scénario bois. Le gestionnaire de projet est donc obligé d’élaborer un plan de construction en bois, et de le comparer avec les autres matériaux comme l’acier et le béton.

Claire Sirois veut y ajouter un volet régional avec une nouvelle charte du bois régionale.

On trouvait que c’était important de développer un sentiment d’appartenance encore plus fort au Bas-Saint-Laurent par rapport à l’utilisation de ce matériau qui est le produit écologique par excellence, indique la directrice du Créneau d’excellence en écoconstruction.

L’idée c’est de proposer une charte qui nous ressemble un peu plus, à laquelle on veut faire adhérer le monde municipal notamment parce que l’on considère qu’ils ont un rôle super important à jouer dans la promotion de cette ressource naturelle là.

Claire Sirois, directrice du Créneau d’excellence en écoconstruction

Avec la Stratégie nationale de production de bois, présentée mercredi après-midi par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), Québec prévoit presque doubler la récolte forestière d’ici 2080. Une augmentation de près de 15 % est anticipée d’ici 5 ans.

Biophilie

En plus de sa capacité à encapsuler les gaz à effet de serre, le bois se démarque par son impact positif sur le bien-être des gens.

La notion de biophilie réfère à l’amour de ce qui est vivant. En architecture, la biophilie consiste à concevoir un environnement le plus naturel possible.

La Maison haute, conçue par l’Atelier Pierre Thibault (archives)

Photo : Courtoisie: L’Atelier Pierre Thibault

Beaucoup d’études qui se sont faites sur la biophilie et sur la présence du bois à l’intérieur des bâtiments démontrent un effet positif sur la santé des gens d’avoir du bois dans leur environnement, entre autres sur les enfants dans les écoles, dans les centres pour personnes âgées, soutient Caroline Frenette.

On a découvert que ça avait des bienfaits sur le bien-être, sur la créativité et sur la concentration.

Caroline Frenette

La concentration en écoconstruction de l’UQAR

est ainsi un exemple d’initiative qui cherche à encourager l’utilisation des matériaux naturels comme outil dans la lutte contre les changements climatiques.https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1758455/bois-architecture-durable-uqar-ecoconstruction-maison-batiment

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Un autre point de vue intéressante sur le sujet: 30 décembre 2020 3h00 Mis à jour à 5h00

En 2021, touchons du bois!

Yves-François Blanchet

Chef du Bloc québécois

Mario Simard

Député de Jonquière, Porte-parole en matière de Ressources naturelles

https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/en-2021-touchons-du-bois-2bae157aa6a6bbce1ca90c126ab52412

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Environnement

GES: mieux vaut préconiser le bois pour réduire l’empreinte carbone

Photo: Istock/Bogdanhoda

Luciano Rodrigues Viana, Alejandra Zaga Mendez, Jean-François Bissonnette et Jean-François Boucher - La Conversation

27 juin 2022 à 15h00 - Mis à jour 3 juillet 2022 à 11h49 8 minutes de lecture

Les conclusions des deux derniers rapports du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont sans équivoque; l’augmentation récente des émissions de gaz à effet de serre (GES) est la plus marquée de l’histoire de l’humanité. Et elles continuent d’augmenter. Dans ce contexte, quand vient le temps de construire des bâtiments, comment limiter la production très énergivore de ciment et d’acier? En misant sur le bois!


ANALYSE – Les bâtiments occupent une place cruciale dans la transition vers une économie décarbonée, notamment vers des sources d’énergie utilisant peu ou pas de combustibles fossiles. Le secteur de la construction et de la rénovation a été responsable d’environ 37% des émissions anthropiques mondiales de dioxyde de carbone (CO2) liées à l’énergie en 2020, dont 27% causés par l’exploitation des bâtiments et 10% attribuables à la fabrication de matériaux de construction.

Les émissions liées à l’exploitation des bâtiments proviennent notamment de la consommation énergétique liée aux besoins thermiques (chauffage et/ou climatisation et l’approvisionnement en eau chaude). Quant à la fabrication des matériaux de construction, les émissions sont principalement liées à la production très énergivore de ciment et d’acier. Ensemble, ces deux matériaux ont été responsables de plus de la moitié des émissions mondiales de CO₂ liées à la fabrication de l’ensemble des matériaux de construction en 2019.

Il est donc nécessaire d’utiliser des matériaux de construction sobres en émissions afin de réduire l’empreinte carbone de la construction et de la rénovation des bâtiments.

Mes collègues et moi travaillons sur l’évaluation des freins potentiels à l’utilisation du bois dans les bâtiments publics au Québec. Sachant que le bénéfice carbone de la construction de bâtiments en bois n’est pas un sujet traité fréquemment dans les médias, nous exposons ici une partie des résultats de notre recherche.

Impacts des bâtiments au Québec

Au Québec, une réduction draconienne de l’empreinte carbone des bâtiments résidentiels et non résidentiels est un objectif de première importance. En effet, en 2019, suivant les secteurs du transport et de l’industrie, les émissions de CO2 des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels étaient responsables de 10% des émissions totales de la province.

Ces impacts imposants associés au secteur de la construction suscitent des inquiétudes au sein de l’industrie et des différentes entités gouvernementales. On observe donc une prise de conscience croissante de la part de ces acteurs, liée à la réduction de l’empreinte carbone d’un secteur clé pour l’économie québécoise.

Quelles stratégies pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments?

Afin de réduire l’empreinte carbone des bâtiments, le gouvernement provincial déploie notamment trois stratégies: l’utilisation de sources d’énergie renouvelable pour les systèmes de chauffage (chauffage solaire, biogaz), l’efficacité énergétique (stratégies de ventilation qui réduisent la demande en énergie thermique, isolement des façades) ainsi que la substitution des matériaux de construction fortement carbonés, comme le ciment et l’acier.

L’utilisation du bois permettrait de réduire les émissions carbone d’un bâtiment. (Shutterstock)

À cause des besoins importants de chauffage, les efforts se sont surtout concentrés, dans les dernières années, sur les deux premières stratégies. Ainsi, à l’avenir, les émissions associées à la fabrication, au transport et à l’installation des matériaux de construction deviendront proportionnellement plus importantes que la consommation d’énergie des bâtiments. Ces derniers deviennent en effet de plus en plus efficaces sur le plan énergétique et s’approvisionnent davantage en énergie à faible teneur en carbone.

Il importe d’accorder une importance croissante à la substitution des matériaux de construction fortement carbonés pour atteindre les ambitions de neutralité carbone de la province.

Dans la suite du texte, nous souhaitons mettre en lumière la réduction carbone potentielle qui pourrait découler de l’utilisation du bois.

Les bâtiments en bois parmi les solutions potentielles?

La plupart des études s’accordent sur le fait que construire des bâtiments en bois permettrait de réduire les émissions de GES du secteur de la construction. Il importe cependant d’évaluer quelle quantité de GES pourrait être ainsi évitée.

Les bénéfices carbone découlant de l’utilisation du bois changent en fonction du choix des systèmes structuraux. Lorsque nous parlons de remplacer les matériaux conventionnels par le bois, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus du tout d’acier ou de béton dans un bâtiment. On parle plutôt de bâtiments dans lesquels le bois est:

  • le seul matériau de structure utilisé;
  • utilisé en combinaison avec d’autres matériaux dans une construction hybride (le système structurel est composé de deux matériaux voire plus);
  • utilisé dans une construction mixte (deux systèmes structurels ou plus se chevauchent).

Il importe de noter que les bénéfices d’utilisation du bois varient également en fonction des choix méthodologiques et des données utilisées dans les études. Par exemple, une méta-analyse récente a montré que les bâtiments en bois, lorsqu’utilisé en remplacement des matériaux de construction conventionnels, permettraient de réduire, en moyenne, 216 kg éq. CO2 m-2 (-69%).

Typologies de bâtiments dans lesquelles le bois prévaut en proportion sur les autres matériaux de construction (bois (timber), steel (acier), concrete (béton)). Eduardo Wiegand & Michael Ramage (2022), étude publiée dans la revue Building Research & Information, Fournie par l’auteur

Qu’en est-il des bâtiments en bois au Québec?

Le Québec se retrouve dans une position favorable à la construction de bâtiments en bois. En effet,

  • la province est un état forestier de classe mondiale, où les forêts sont aménagées selon des critères scientifiques rigoureux qui visent la durabilité (condition obligatoire pour que les constructions en bois soient envisagées) ;
  • les scieries ainsi que les usines de seconde et troisième transformation utilisent l’électricité parmi les moins carbonées au monde pour le fonctionnement de leurs usines ; et
  • contrairement au ciment et à l’acier, la production du bois n’émet pas du tout de GES issus de réactions chimiques.

Lorsque nous nous penchons sur les études qui ont comparé les bâtiments en bois avec des matériaux conventionnels au Québec, l’utilisation du bois fait consensus. Par exemple, une récente étude a montré que si 80% des structures non résidentielles au Québec étaient construites en bois d’ici 2050, cela permettrait d’éviter, en moyenne, 2,6 Mt éq. CO2. Cette quantité équivaut à 3,5% de l’objectif de réduction des émissions de CO2 du Québec en 2050 par rapport à 1990.

Bénéfices carbone de l’utilisation du bois dans plusieurs types de bâtiments au Québec. (Luciano Rodrigues Viana), fourni par l’auteur

De manière générale, la performance carbone des bâtiments en bois est attribuable à plusieurs particularités, dont une utilisation moindre d’énergie fossile pendant la production du bois d’ingénierie ; l’évitement des émissions de carbone des processus industriels fortement carbonés, comme l’acier et le ciment ; l’utilisation des sous-produits issus de la production du bois en remplacement des combustibles fossiles ; le stockage de carbone biogénique dans le bois ; une moindre consommation d’énergie pendant la phase de construction et de démolition d’un bâtiment ; une moins grande quantité de matériaux nécessaires pour la structure ainsi que pour la finition des bâtiments.

Il est important de souligner que nous trouvons plusieurs exemples de construction en bois d’envergure mondiale au Québec, comme le projet Arbora, qui constitue le plus grand complexe résidentiel construit en bois massif d’ingénierie au monde et le projet Origine, un bâtiment de 13 étages, dont 12 construits de bois massif. La réalisation de ces projets d’envergure témoigne la volonté des acteurs de l’industrie du bois et du gouvernement provincial à promouvoir la construction des bâtiments en bois.

La construction de bâtiments en bois n’est pas la panacée. L’exploitation de cette ressource génère une pression importante sur les écosystèmes forestiers, d’où l’importance de développer des stratégies qui optimisent à la fois le stockage du carbone en forêt et la protection de la biodiversité.

Le bâtiment le plus vert demeure celui qui n’est pas encore construit.

Mais en matière d’émissions de carbone, le bois semble être le matériau à privilégier au Québec lors de la construction et de la rénovation des bâtiments.

Une analyse de: Luciano Rodrigues Viana, doctorant en sciences de l’environnement, département des sciences fondamentales à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Alejandra Zaga Mendez, stagiaire postdoctoral en géographie à l’Université Laval, Jean-François Bissonnette, assistant professeur en géographie à l’Université Laval, et Jean-François Boucher, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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L’expertise d’ici de plus en plus appréciée… à l’étranger

PHOTO FOURNIE PAR NORDIC STRUCTURES GRACIEUSETÉ DE KIRKSEY ARCHITECTURE

Le College San Jacinto à Pasadena, au Texas, une réalisation de Nordic Structures

L’expertise québécoise en construction de bois suscite un intérêt accru des grandes institutions américaines, désormais soucieuses de réduire leur empreinte carbone, affirme un dirigeant d’entreprise forestière.

Publié à 12h00

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André Laroche
André Laroche Collaboration spéciale

« Des entreprises technologiques de la Californie, des développeurs d’infrastructures au Colorado et de grandes universités ont un appétit pour le bois massif au nom de la décarbonation », affirme Frédéric Verreault, directeur exécutif, développement corporatif, chez Chantiers Chibougamau, qui possède l’une des plus imposantes usines de fabrication de bois d’ingénierie au monde.

« Ils nous disent : “ Nous avons une nouvelle infrastructure. Nous la voulons contemporaine et performante pour rencontrer les standards les plus exigeants en matière d’empreinte carbone. Nous avons vu les projets que vous avez faits et nous voulons vous rencontrer. » »

Innovation

Outre sa capacité forestière et son usine de pointe, l’entreprise québécoise tire sa force d’une équipe de 60 ingénieurs spécialisés, réunis au sein de sa filiale de conception, Nordic Structures, à Montréal.

PHOTO DAMIEN LIGIARDI/TARMAC FOURNIE PAR NORDIC STRUCTURES

Nordic Structures développe des structures en bois capables de remplacer les systèmes traditionnels, comme ici, pour la toiture de la patinoire Haendel, à Candiac.

Son rôle ? Développer des structures de bois capables de remplacer les systèmes traditionnels en acier ou en béton, mais aussi plus attrayants, économiques et moins néfastes pour l’environnement.

Près de 3000 projets dans le monde portent la signature de Chantiers Chibougamau, selon M. Verreault. Même l’armée américaine a fait appel à son expertise pour construire des logements militaires en bois massif sur une base militaire en Alabama.

PHOTO JC BUCK FOURNIE PAR NORDIC STRUCTURES

Au moment de sa construction, le projet Platte 15 était le premier bâtiment utilisant du bois lamellé-croisé dans la ville de Denver, au Colorado.

Ironiquement, Frédéric Verreault dit faire face à une plus grande résistance de la part des donneurs d’ouvrage québécois. Le Québec ne représente plus que le tiers du volume annuel de ses projets, alors qu’il constituait son marché principal il y a 10 ans.

Convaincre

« Il y a un réflexe au Québec où on rejette le bois pour des raisons qui nous semblent discutables », affirme-t-il.

PHOTO STÉPHANE BRÜGGER FOURNIE PAR NORDIC STRUCTURES

La construction d’écoles en bois massif fait partie des infrastructures publiques réalisées par Nordic Structures, comme ici pour l’École Saint-Frontières à Saint-Jérôme.

« Nous avons connu des succès au fil des ans dans les infrastructures publiques, comme la construction d’écoles et de maisons des aînés en bois massif. Ce sont là les retombées des politiques gouvernementales au Québec au cours des 15 dernières années », tient-il d’abord à souligner.

« Cela dit, tout récemment, notre technologie pour la construction d’une infrastructure-phare, soit un stationnement à étages à Montréal pour le gouvernement du Québec, n’a pas été jugée “ compétente ”. Pourtant, le même matériau a fait ses preuves pour un projet semblable réalisé à Dijon, en France, il y a deux ans. Cela nous laisse perplexes. »

« Nul n’est prophète en son pays, mais nous ne nous en plaignons pas », dit-il.
Consultez le site de Nordic Structures

Noble et plus environnemental

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le bois est une ressource renouvelable, et locale.

Discussion avec les professeurs Gonzalo Lizarralde, de l’Université de Montréal, et Mario Bourgault, de Polytechnique Montréal

Publié à 12h00

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André Laroche
André Laroche Collaboration spéciale

Comment le bois permet-il de réduire l’empreinte carbone des grands immeubles ?

Gonzalo Lizarralde : Le bois est souvent perçu au Québec comme une ressource locale, renouvelable et hautement performante. Un argument fréquemment mobilisé est également que le bois permet de « stocker du carbone ». Les composantes en bois produiraient moins de pollution pendant leur exploitation et production que l’acier ou le béton, qui sont des matériaux non renouvelables et hautement nocifs pour les écosystèmes.

Le bois possède-t-il d’autres atouts ?

GL : On reconnaît d’emblée une noblesse architecturale apportée aux immeubles par la présence de bois, que ce soit dans une école, une bibliothèque, une salle de spectacle ou un stade de soccer. Certains évoquent un effet appelé « biophilie », c’est-à-dire une connexion entre l’humain et la nature, qui conduirait à une amélioration de la productivité, de la santé et du bien-être des occupants. Cela dit, peu d’études confirment cette théorie.

Une autre hypothèse avance que la construction permet de stocker du carbone, mais des études récentes suggèrent que cet avantage est probablement faible si on ne respecte pas certaines conditions dans la gestion des forêts, dans la démolition des bâtiments et la réutilisation des produits de construction en bois.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Gonzalo Lizarralde, professeur à la faculté de l’aménagement de l’École d’architecture de l’Université de Montréal

Pourquoi le bois devient-il tout à coup une option possible pour les grandes constructions ?

GL : Parce que plusieurs avancées techniques ont été réalisées au Québec au cours des 10 dernières années. Les fabricants ont développé des produits de bois massif et de bois d’ingénierie qui permettent désormais l’élaboration de systèmes plus performants.

Est-ce que le Québec possède une expertise dans le domaine ?

GL : Oui, notamment grâce à une série de stratégies et de politiques du gouvernement du Québec à partir de 2012 ou 2013. Ces gestes ont conduit à l’adoption en 2017 de politiques qui visent le développement de l’industrie forestière, la protection de l’environnement et l’amélioration de la qualité des bâtiments.

Cette politique n’est pas restée sur une tablette ?

GL : Non. Depuis ce temps, le gouvernement a même fait preuve d’exemplarité. Par exemple, la Société québécoise des infrastructures a commandé des bâtiments en bois et d’autres organismes publics, comme les centres de services scolaires, ont fait la même chose. On a vu des immeubles en hauteur, comme des immeubles résidentiels, des arénas, des stades et des écoles, construits avec la technologie développée ici. Le secteur privé a aussi accepté le défi et a construit de grands immeubles de bois. Ces projets ont permis de bâtir un réseau solide de manufacturiers, de concepteurs, de chercheurs, de conseillers et de laboratoires.

Qu’est-ce qui freine alors l’utilisation du bois au Québec ?

GL : Les études montrent qu’il y a trois mondes qui ne se parlent pas suffisamment. D’un côté, il y a le système bien rodé de l’industrie forestière. De l’autre, il y a les fabricants qui développent les produits. Et enfin, il y a le domaine du design et de la construction. Chacun répond aux normes de son industrie et de ses professions, mais se trouve en décalage avec les deux autres par un niveau insuffisant de communication et de collaboration. Cela donne lieu à des aberrations comme l’importation de poutres en bois des pays nordiques, avec toute la production de GES que cela peut entraîner.

PHOTO FOURNIE PAR POLYTECHNIQUE MONTRÉAL

Mario Bourgault, professeur titulaire au département de mathématiques et génie industriel de Polytechnique Montréal

Mario Bourgault : Les risques et les coûts associés à l’innovation constituent un autre obstacle. La majorité des firmes d’architectes et d’entrepreneurs, au Québec, sont de petite taille, surtout quand on les compare à des firmes américaines. Il est difficile pour elles d’assumer le risque financier d’une nouvelle façon de construire. Le domaine de la construction est aussi un milieu très fragmenté. Cela devient un frein à l’innovation.

Quel rôle l’État peut-il jouer ?

MB : Le gouvernement essaie de donner un bon exemple. Or, il pourrait soutenir davantage des projets-pilotes (ou démonstratifs) pour réduire les risques financiers associés au développement des innovations.

GL : Il peut aussi assumer les coûts d’assurances de ceux qui vont prendre le risque, comme le font certains pays d’Europe. Il peut cautionner certains risques. Il est coûteux pour un professionnel au Québec d’assumer les coûts liés à l’innovation.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Pour augmenter les chantiers utilisant du bois massif, il faut que le code du bâtiment s’adapte.

Le code du bâtiment est-il adapté à la construction en bois ?

GL : C’est une autre barrière. La plupart des innovations exigent des dérogations, ce qui entraîne des procédures longues et complexes. Par exemple, les normes de résistance au feu obligent à recouvrir le bois avec un matériel ignifuge. La beauté du bois se trouve donc parfois cachée derrière le gypse.

L’autre difficulté, c’est que l’application du code de construction combine des ressources et des actions qui impliquent les trois ordres de gouvernement. Ils se sont engagés à discuter de mesures qui répondent aux objectifs de la construction innovante en bois, mais pour l’instant, ils ne parviennent pas à s’aligner.

Le rôle du code du bâtiment est essentiel. Il est normal de prendre le temps nécessaire pour s’assurer de la sécurité des édifices. Mais les changements climatiques nous obligeront à faire des adaptations qui répondent aux objectifs environnementaux contemporains.

Un séminaire est organisé par l’Université de Montréal sur le bilan de la politique du bois du gouvernement du Québec le vendredi 13 octobre.

Consultez le programme du séminaire

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Vidéo du reportage au Téléjournal 22h

Un gratte-ciel entièrement en bois

Parmi les secteurs d’activités les plus polluants au monde figurent la construction et le bâtiment, qui représentent environ 39 % des émissions totales de CO-2. À elle seule, la production de béton émet près de 8 % des émissions mondiales.

Dans ce contexte, on cherche de nouvelles façons de construire de manière éco-responsable. Le bois, écarté au début du siècle dernier à la faveur de l’acier et du béton, est en train de reprendre sa place.

Jean-François Bélanger s’est rendu à Skellefteå, en Suède, pour visiter un gratte-ciel entièrement en bois.

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Le bois prend de l’altitude

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE

La résidence étudiante Brock à Vancouver, le plus haut immeuble en bois au Canada, durant sa construction

Un gratte-ciel de 87 mètres au Wisconsin, un autre de 90 mètres prévu à Toronto : la construction en bois structurel fait des pas de géant.

Publié à 1h23 Mis à jour à 7h00

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Mathieu Perreault
Mathieu Perreault La Presse

Les attaches russes

Depuis un demi-siècle, des bâtiments en bois sont construits en Russie grâce à un système d’attaches métalliques particulièrement solide. Alexander Salenikovich, professeur de génie à l’Université Laval, travaille d’arrache-pied depuis 20 ans pour importer cette approche ici.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Alexander Salenikovich, professeur au département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval. Il fait des tests avec des matériaux de bois dans le but de construire des immeubles en bois de plus en plus hauts.

« Pour utiliser plus de bois de structure dans les bâtiments, particulièrement les bâtiments en hauteur, il faut mettre au point de nouveaux types d’attaches », dit M. Salenikovich, qui vient d’obtenir du financement supplémentaire du gouvernement québécois pour mener à bien ses recherches.

Les attaches métalliques couramment utilisées, par exemple des étriers de métal, ne sont pas assez solides quand il s’agit de charges importantes, dans les bâtiments très larges ou très hauts. La technologie soviétique résout ce problème.

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« Ce sont des tiges de métal encollées dans des poutres de bois laminé, explique M. Salenikovich. C’est non seulement plus solide, mais aussi plus esthétique. On ne voit pas le métal, seulement le bois. On peut laisser les poutres apparentes. Des milliers de bâtiments en Russie sont construits avec ces attaches. »

Le laboratoire de M. Salenikovich a également mis au point des attaches pour bois de structure, aussi appelé bois massif. « Un de mes étudiants a obtenu un brevet pour une attache », dit-il.

PHOTO FOURNIE PAR ALEXANDER SALENIKOVICH

Une structure en bois de 85 mètres de large dans une mine de Gremyachinsky, en Russie, construite avec la technologie soviétique des tiges encollées. À noter, le mur du centre n’est pas porteur.

M. Salenikovich est membre de l’Alliance de construction de bois de nouvelle génération, qui est soutenue par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), un organisme subventionnaire fédéral. Dirigée depuis l’Alberta, cette alliance qui regroupe les fabricants de produits de bois a trois grands axes de recherche : les nouveaux types d’assemblage et de laminage, les attaches et la résistance au feu. Ce dernier axe est dirigé par un autre professeur de génie de l’Université Laval, Christian Dagenais.

Selon le Conseil du bâtiment durable du Canada, la construction d’immeubles représente 13 % des émissions de gaz à effet de serre du pays, soit à peine moins que le chauffage (17 %) et la moitié des émissions du secteur des transports.

Consultez une carte des projets de bois massif au Canada

Les normes d’incendies

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le bois n’est pas particulièrement vulnérable aux incendies.

Le bois massif est tellement compact qu’il brûle très lentement. C’est un peu comme dans un foyer : on allume avec des journaux et du petit bois. Si on essaie de partir un feu seulement avec des bûches, ça ne marchera pas.

Christian Dagenais, professeur de génie de l’Université Laval

Les normes anti-incendies doivent toutefois être mises à jour pour tenir compte du fait que le bois massif brûle beaucoup moins bien que les 2x4 et 2x6 avec lesquels on fabrique les maisons. « Et quand on parle d’immeubles de plusieurs étages, il y a en plus des gicleurs, alors le risque est vraiment diminué », dit M. Dagenais.

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De grands panneaux de bois comme planchers

Des panneaux de bois de 10 pieds sur 40 pieds (3 mètres sur 12 mètres) pour les planchers des immeubles en hauteur : c’est la solution imaginée par la firme d’architectes torontoise Dialog pour lancer la révolution du bois structurel.

« Nous avons visé ce marché en priorité. Il y a beaucoup de métal et de béton dans les planchers des immeubles en hauteur, fait valoir Craig Applegath, partenaire responsable du projet chez Dialog. À notre avis, nos panneaux pourraient augmenter de façon très importante le remplacement du métal et du béton par le bois. » Cette idée a valu à Dialog le prix de l’innovation 2021 du magazine Fast Company.

« Nous sommes en train de tester la résistance et le caractère ignifuge de nos panneaux avec des universités canadiennes et des partenaires américains, indique M. Applegath. Nous nous sommes assurés d’avoir l’un des principaux constructeurs américains d’immeubles commerciaux et multilogements comme partenaire. » Les laboratoires partenaires de l’Alliance participent aux tests des panneaux de planchers de bois de Dialog, confirme M. Dagenais.

Selon les calculs de Dialog, la fabrication des panneaux en bois émet 9 % moins de gaz à effet de serre que la fabrication de ceux en métal ou en béton. Et si on prend en compte que le bois, durant sa croissance, a absorbé du CO2 atmosphérique, la réduction des gaz à effet de serre est de 46 % par rapport au métal ou au béton.

« Des critiques disent que l’immeuble où le panneau de plancher est installé sera un jour démoli, et que si le panneau de bois est détruit, le carbone contenu dans le bois retournera dans l’atmosphère, reconnaît M. Applegath. Mais les immeubles durent très longtemps, et il n’est pas dit qu’on ne pourra pas réutiliser les panneaux de bois. »

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Une autre firme d’architectes torontoise, Icon, est derrière un projet d’immeuble de 31 étages au centre-ville de la Ville Reine, qui serait – à 90 mètres – le plus haut immeuble en bois au pays. Le record actuel est la tour Brock, une résidence étudiante universitaire de 53 mètres, terminée en 2017 à Vancouver. Le record mondial est détenu par la tour Ascent, de 87 mètres, à Milwaukee, aux États-Unis.

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L’exemple scandinave

Les pays scandinaves ont une longueur d’avance dans l’intégration du bois dans les immeubles en hauteur. Le quartier de Sickla, dans le sud de Stockholm, prévoit la construction de 2000 logements et 7000 bureaux et commerces totalisant 2,5 millions de pieds carrés, où l’usage d’acier et de béton sera réduit au minimum. L’utilisation du bois structurel a décollé en Scandinavie après des changements dans les normes, au milieu des années 1990.

L’obsession de la hauteur

La construction en bois va connaître un essor grâce à l’abandon de deux objectifs « mythiques » : celui de la hauteur et celui de la pureté, selon Craig Applegath.

« On a longtemps visé des immeubles en bois de plus en plus hauts, et des immeubles 100 % en bois. Mais la plupart des immeubles commerciaux ont quatre, cinq ou six étages », dit Craig Applegath.

Et si on veut vraiment faire une différence sur le plan de l’environnement et utiliser plus de bois, il faut viser des segments précis, et laisser l’acier et le béton dans les niches où ils sont les meilleurs.

Craig Applegath, partenaire responsable du projet chez Dialog

« Par exemple, nous nous sommes concentrés sur les panneaux de planchers quand nous avons réalisé qu’ils constituent de 60 % à 70 % de la masse d’un immeuble. »

M. Dagenais est entièrement d’accord. « Le but, c’est de remplacer de l’acier et du béton par le bois, pas de construire uniquement en bois. »

En savoir plus

  • 92 %
    Proportion des maisons unifamiliales à structure de bois aux États-Unis en 2021

Source : Association nationale des constructeurs résidentiels (NAHB)

7 %
Proportion des maisons unifamiliales à structure de béton aux États-Unis en 2021

Source : Association nationale des constructeurs résidentiels (NAHB)

  • 0,5 %
    Proportion des maisons unifamiliales à structure d’acier aux États-Unis en 2021

Source : Association nationale des constructeurs résidentiels (NAHB)

  • 9 %
    Proportion des immeubles multilogements construits en bois en Suède en 2015

Source : Université suédoise des sciences agricoles

20 %
Proportion des édifices multilogements construits en bois en Suède en 2020

Source : Université suédoise des sciences agricoles

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Une éolienne en bois en Suède

World’s tallest wooden wind turbine starts turning

December 27, 2023 at 07:52 p.m. EST
By Jonah Fisher
BBC environment correspondent in Skara, Sweden


Modvion
Engineers work on the construction of the world’s tallest wooden turbine tower

What is made from the same wood as a Christmas tree, held together by glue and manufactured in a Swedish factory for assembly later?

If that calls to mind flat-pack furniture and meatballs, you’re wrong.

If you answered “a wooden wind turbine”, you could be a visionary.

According to Modvion, the Swedish start-up that has just built the world’s tallest wooden turbine tower, using wood for wind power is the future.

“It’s got great potential,” Otto Lundman, the company’s chief executive, says as we gaze upwards at the firm’s brand new turbine, a short drive outside Gothenburg.

It’s 150m (492ft) to the tip of the highest blade and we are the first journalists to be invited to have a look inside. The 2 megawatt generator on top has just started supplying electricity to the Swedish grid, providing power for about 400 homes.

The dream of Lundman and Modvion is to take the wood and wind much higher.

Steel limitations

On the horizon near the Modvion project, several very similar-looking turbines are turning.

Steel, not wood, is the key material for them, as it is for almost all of the world’s turbine towers. Strong and durable, steel has enabled huge turbines and wind farms to be constructed on land and at sea.


Modvion
The blades and generator from this 150m wind turbine in Skara, Sweden, are made of conventional materials

But steel is not without its limitations, particularly for projects on land.

As demand has grown for taller turbines that harvest stronger winds with larger generators, the diameter of the cylindrical steel towers to support them has had to grow too.

In a world of road tunnels, bridges and roundabouts, many in the wind industry say getting those huge pieces of metal to turbine sites has become a real headache, in effect limiting how tall new steel turbines can be.

Wooden turbine or sauna?

From the outside, there is little obvious difference between the Modvion wooden turbine and its steel cousins.

Both have a thick white coating to protect them from the elements and blades made primarily from fibreglass attached to a generator, which produces electricity when it turns.

It is only when we go inside the tower that the differences becomes clear. The walls have a curved raw wood finish, not unlike a sauna.


Kevin Church/BBC
Otto Lundman of Modvion shows Jonah the interior of the wooden turbine

The 105m (345ft) tower’s strength comes from the 144 layers of laminated veneer lumber (LVL) that make its thick walls.

By varying the grain of each of the 3mm-thick layers of spruce, Modvion says it has been able to control the wall’s strength and flexibility. “It’s our secret recipe,” says company co-founder - and former architect and boat builder - David Olivegren, with a smile.

At the factory, on the edge of Gothenburg, the thin layers of wood have been glued and compressed together to make the curved sections. Those pieces are then taken on site, glued together into cylinders and then stacked on top of each other to make the tower.

“Wood and glue is the perfect combination, we’ve known that for hundreds of years,” Olivegren says. “And because using wood is lighter [than steel] you can build taller turbines with less material.”


*David Olivegren of Modvion inspects a modular section of the wooden turbine tower in the factory

Lundman and Olivegren tell me their turbine’s big selling point is that, by using wood and glue, towers can be built in smaller, more easily transported modules.

That will make it much easier to build really tall towers, they say, and to take the pieces to challenging locations.

However, Dr Maximilian Schnippering, head of sustainability at Siemens Gamesa - one of the worlds largest turbine manufacturers - says more pieces are likely to mean more trucks, more people and more time to complete the installation. He considers the modular system “an advantage” and that wooden towers can “nicely complement” steel towers.

Siemens Gamesa’s efforts are focused on reducing the carbon footprint of the steel it uses, he says.

Inside the Modvion tower, I am shown how the wooden modules have been stacked on top of each other and how they are held by steel fittings that are then glued into place.

“The industry wants to build turbines with a 300m [blade] tip height, which means a tower which is 200m or more in height. With modularity you can do that,” says Lundman.


The wooden parts of the turbine tower are glued together on site

Steel could of course be modular too, with the cylinders cut up into smaller pieces, but the extra effort needed to then bolt the pieces together adds both to costs and to maintenance.

One of the investors in Modvion is renewable energy giant Vestas. It has installed more wind power capacity around the world than any other.

Jan Hagen, its chief technology officer for northern and central Europe, tells me they see “tremendous potential” in the market for taller turbines, with wooden turbines “particularly well suited” to play a role.

“What we find interesting about this is that its combination of an economically viable solution that addresses the transport bottleneck and a sustainable solution,” Hagen says.

Negative carbon footprint

Though wind power is cheaper and cleaner than almost all other forms of electricity generation, making steel involves extremely hot furnaces and almost always the burning of fossil fuels. That means CO2 emissions - the main driver of climate change.

Modvion says using wood instead of steel eliminates the wind turbines’ carbon footprint entirely, making them carbon negative.

That’s because the trees take carbon dioxide out of the atmosphere when they are alive and, when they are chopped down, the carbon is stored in the wood. As long as the wood doesn’t end up rotting or being burned, the carbon is not released.

About 200 trees went into Modvion’s turbine tower. They were the same species - spruce - that is used for Christmas trees and the company says they are farmed sustainably, meaning when they are harvested more are planted.

SSE Renewables, one of the UK’s largest producers of wind power, told the BBC it was aware of Modvion’s work and that it would be looking into wooden towers as “an alternative technology” to steel. However, many of SSE’s projects are offshore, which can be reached using huge ships - meaning the modular transport benefits are less pronounced.

Modvion says it is hoping to build another even taller turbine soon and, if all goes well, it will open a facility that will produce 100 wooden modular turbines a year in 2027.

“The industry is currently putting up 20,000 turbines a year,” Lundman says. “Our ambition is that in 10 years time 10% of those turbines - about 2000 - will be wooden.”

Additional reporting by Mark Poynting and Kevin Church

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