Architecture et urbanisme - Discussion générale et actualités

Maisons de banlieue des années 80. Un style moderniste, un toit en pente surdimentionné, une entrée de garage proéminente et de la brique grise/beige souvent avec granulats exposés. Un véritable classique qui fixe une époque.

Les deux dernières photos, c’est pas plutôt des banlows des années 90 typiquement post-moderne ? J’ai grandi dans un bungalow du genre, qui était le premier du quartier, construit en 1991.

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Le rôle d’évaluation de la municipalité confirme: 1986, 1987 et 1989 pour les 3 maisons photographiées :slightly_smiling_face:

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ACDF publie un livre

ACDF | Une monographie pour contempler le travail accompli

Entre deux projets de construction, l’architecte Maxime Frappier a pu consacrer du temps à une rétrospective d’ACDF, firme qu’il a fondée et dont il est associé et concepteur principal. Le résultat vient d’être couché sur papier sous la forme d’une monographie, publiée par la prestigieuse maison d’édition néerlandaise Frame.

« Ça faisait un bout de temps qu’on voulait prendre ce recul-là, affirme en entrevue téléphonique Maxime Frappier, joint dans un train à destination de Toronto. Dans notre folie quotidienne, on ne prend pas toujours le temps de s’arrêter. Donc quand Frame nous a approchés pour le livre, ça a été une belle opportunité. »

Dans cette monographie, rédigée en anglais dans un dialogue narré par François-Luc Giraldeau, on aborde le parcours de ce bureau montréalais mené par trois associés : Joan Renaud, Étienne Laplante-Courchesne et Maxime Frappier. On y relate aussi leurs bons (et moins bons) coups ainsi que leurs nombreux apprentissages, au fil des grandes pages glacées illustrées de leurs nombreux projets.

Opposites Attract : ACDF au fil des contrastes
François-Luc Giraldeau
Frame Publishers
272 pages

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Souhait #16 pour Montréal

Montréal a longtemps été reconnue comme une ville colorée. Que ce soit les pavillons d’Expo 67 ou les corniches et escaliers des quartiers centraux, la couleur faisait partie de l’identité montréalaise. Il faut retrouver cet aspect oublié de notre architecture, tant par la restauration des bâtiments existants que par l’intégration de la couleur aux nouvelles constructions. Cette intégration doit se faire dans l’esprit montréalais, avec parcimonie et sensibilité.

Les métaux ouvrés, les escaliers, les saillies, les couronnements et les ouvertures sont autant d’occasions d’intégrer la couleur en complément de la maçonnerie, qui doit demeurer dominante.

Concrètement, ce souhait implique :
16.1 L’élaboration d’une charte montréalaise à utiliser comme référence ;
16.2 L’intégration de la notion de couleur à l’ensemble des PIIA ;
16.3 L’obligation de proposer une couleur dans le cadre des projets de retour aux composantes d’origine ;
16.4 L’interdiction de l’utilisation du noir dans les constructions neuves sur le territoire montréalais.

Plusieurs villes à travers le monde contrôlent la coloration des bâtiments, principalement pour assurer une harmonie dans le paysage urbain et protéger le patrimoine, dans une logique de patrimoine paysager qui va au-delà des bâtiments individuels. Souvent associée à une question de goût, la couleur peut susciter des réticences dans un cadre réglementaire normatif. L’idée n’est pas d’imposer des couleurs, mais bien d’encadrer leur usage tout en laissant une certaine liberté citoyenne et professionnelle.

L’usage du noir en architecture est souvent controversé. À la mode au début des années 2010, son usage est devenu un automatisme, un standard. Dans notre contexte hivernal sombre plusieurs mois par année, alternant avec des étés très chauds, le noir pose de nombreux enjeux. Comme plusieurs villes à travers le monde l’ont fait, ce serait l’occasion d’en limiter l’usage.

1 Maisons du Square Saint-Louis, vers les années 80, Archives de l’Université de Montréal
2 3 Par l’auteur

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Vue en plan de l’aérogare Mirabel

Paru dans Architecture Concept, mai 1976

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Souhait #24 pour Montréal

On ne pourra jamais assez insister sur l’importance de la qualité de l’architecture. L’architecture, c’est ce qui fait la ville. C’est notre patrimoine collectif, notre identité.

Si Montréal compte de nombreux projets remarquables, plusieurs gestes simples pourraient être posés pour rehausser le niveau général. Ce souhait en regroupe quelques-uns, mais plusieurs autres orientations sont aussi possibles.

Concrètement, ce souhait implique :
24.1 L’élaboration d’une charte de la montréalité, définissant en quelques points ce qui distingue et caractérise notre architecture ;
24.2 L’élimination de tous les processus fondés, en tout ou en partie, sur l’octroi de contrats au plus bas soumissionnaire ;
24.3 La mise sur pied d’un comité professionnel indépendant pour l’évaluation et l’approbation de certains projets d’envergure, en remplacement des CCU ;
24.4 La révision des processus de concours afin de replacer la qualité architecturale et la pérennité au cœur des projets ;
24.5 L’exigence de maquettes à l’échelle 1:1 pour les projets majeurs, afin de valider la qualité des enveloppes, des assemblages et des performances énergétiques ;
24.6 L’uniformisation des règlements d’urbanisme à l’échelle de la ville, selon les typologies bâties plutôt que selon les arrondissements;
24.7 Le bannissement des matériaux qui tente d’en imiter un autre.

Toutes ces mesures sont déjà appliquées ailleurs dans le monde et ont démontré leur efficacité. Elles ne règleraient pas tout, mais contribueraient à élever sensiblement la qualité des projets publics et privés réalisés à Montréal.

1 Construction de la Place des Arts, 1962, Affleck, Desbarats, Dimakopoulos, Lebensold, Michaud et Sise, Archives de Montréal
2 Haut: Schmid Ziörjen / Milieu: ACME / Bas: OMI

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Peux-tu développer ton point 24.3 sur le remplacement du CCU ? En quoi ce comité serait différent ?

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Le principe du CCU a été développé pour impliquer les citoyens dans le processus d’évaluation des projets, notamment pour avoir un regard très local. Le CCU est consultatif et non décisionnel.

Le principe fonctionne bien pour certaines échelles de projet. L’agrandissement d’un duplex, un changement d’usage, la transformation d’une façade commerciale.

Mais certains cas dépassent les capacités du CCU, ne serait-ce qu’en temps. Une tour de 50 étages ou un nouveau pavillon universitaire ne peuvent pas être adéquatement évalués en 15 minutes par un comité citoyen.

Comme dans la forte majorité des villes à l’international, ces projets plus complexes qui nécessitent une plus grande attention mériteraient d’être vus par un comité d’experts qui a le temps et les outils pour analyser la proposition, et avec un rôle davantage décisionnel. Les moyens de communications avec les requérants pourraient aussi être améliorés, par exemple en permettant aux architectes du projet de venir présenter en personne et répondre aux questions, et en émettant des rapports plus détaillés et complets.

C’est un sujet complexe, et qui dépend également de lois provinciales, mais il faut en discuter. Le système actuel n’empêche pas toujours les mauvais projets, et à l’inverse, nuit fréquemment aux bons.

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Intéressant, merci pour la réponse. Je ne connais pas le fonctionnement exact des CCU à Montréal spécifiquement mais à Sherbrooke, il y a les CCU d’arrondissements qui examine les dossiers de base et le CCU central qui examine par exemple les projets intégrés ou les plans projet de lotissement.

J’imagine que c’est semblable à Montréal ?

Pour les plus gros projets, surtout ceux qui dérogent au plan d’urbanisme, il y a le comité Jacques-Viger

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Sans pour autant dire que le système est parfait ou qu’il ne faudrait pas le modifier d’une manière ou d’une autre, j’aimerais tout de même clarifier que de mon expérience (au sein du CCU de Verdun), les membres peuvent apporter des expertises variées à la table. Nous avons des connaissances et expertises en architecture, design, développement urbain, et transports. Un dossier touchant une nouvelle tour de multiples étages est presque toujours vu et discuté en CCU à plusieurs reprises. Ces discussions prennent d’une à deux heures par séance juste pour ce projet, sans parler des autres projets de façade, de rénovation ou d’enseigne commerciale. Dans la majorité des cas, l’architecte et le promoteur du projet viennent nous faire part de leur vision au moins une fois durant ce processus. Évidement, nous sommes aussi encadrés par les professionnels d’urbanisme de l’arrondissement en tous temps. Cela étant dit, c’est mon expérience à Verdun, mais il est bien sûr possible que ce soit différent au sein d’un autre CCU de la ville!

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j’ai entendu la même chose du CCU dans Le Sud-Ouest… Il peut y avoir de longs débats entre les membres sur certains projets.

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Il y a un autre détail à prendre en considération, c’est que la qualité des CCU peut vraiment varier dans le temps et selon les arrondissements. Dans les arrondissements centraux, il semble que ce soit surtout des professionnels de l’aménagement du territoire qui y siègent, mais je ne pense pas que ce soit le cas dans les arrondissements moins centraux. Donc des projets majeurs en périphérie comme dans Anjou, Pierrefonds, PAT, etc. n’auront peut-être pas une analyse aussi forte que dans le Sud-Ouest.

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I would like to see a city-wide body evaluate proposals, vs numerous borough committees similar to the Toronto Design Review Panel where industry professionals are invited to apply to serve for a specific term period.

There is also the Waterfront Toronto Design Review panel which specifically handles proposals along the lake - something similar could be implemented for large scale multi phase projects in Montreal or special character areas that require a different level of attention

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Nouvelle vidéo de Not Just Bikes

The Laziest Excuse for Bad Cities

I’m so sick of this lazy excuse for bad cities … the weather!

Ou sur Nebula pour la version sans publicité

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Intéressant: @ 2:58 on voit une animation de superbloc proposé déjà dans les années 1960.

Vidéo sur l’architecture en Chine… incluant les dizaines de copies de villes internationales :flushed:

Why China Banned Weird Architecture

China probably has more Eiffel Towers than anywhere else on earth. Why?

Architecture

Patrimoine architectural Une bibliothèque de moules pour une mémoire en béton

Au Québec, on trouve des musées et des bibliothèques qui s’affichent ouvertement comme tels. Le secteur privé dispose également de ses lieux de conservation, parfois totalement insoupçonnés. Par exemple, cet atelier de reproduction de pièces d’architecture en ciment, au cœur de l’arrondissement du Sud-Ouest, qui recèle une collection complète de moules permettant de perpétuer la mémoire du bâti montréalais.
Publié hier à 12 h 00

Sylvain Sarrazin La Presse

Niché entre le canal de Lachine et l’autoroute 15, l’entrepôt de l’entreprise Allège et Linteau cache plutôt bien son jeu. En son sein, on retrouve tout un pan de l’histoire architecturale municipale, mais aussi les moyens de la reproduire pour les décennies à venir. L’entrepreneur Tommy Bouillon, qui a acquis l’enseigne il y a quatre ans, nous a ouvert la porte des lieux où sont fabriqués divers éléments en béton, tels que – le nom le dit – allèges et linteaux (respectivement les parties inférieure et supérieure de l’encadrement d’une fenêtre), jambages (élément vertical), bandeaux (moulure saillante de délimitation), etc. Bref, toutes ces pièces structurantes, et parfois décoratives, généralement insérées dans les travaux de maçonnerie.

Au fil des décennies, les bâtiments montréalais se sont pourvus d’innombrables éléments de la sorte, une manière de les différencier alors qu’ils étaient couramment construits sur le même modèle de base. Aussi n’est-il pas rare d’apercevoir une fleur de lys, une tête de lion ou un castor sur les façades des immeubles d’époque. Or ces pièces finissent par s’éroder et, selon la réglementation actuelle de conservation patrimoniale, doivent être remplacées par des répliques de même forme et de même matériau.

Il est possible d’envoyer l’élément à reproduire chez un fabricant, qui devra alors constituer un moule jetable en uréthane à partir de l’original. Mais l’atelier de l’entreprise de M. Bouillon ne procède pas ainsi, car les travailleurs ont sous la main des milliers de moules en bois, capables de ressusciter quasiment n’importe quelle pièce de béton insérée dans un mur montréalais au cours du dernier siècle. Certains sont entiers, d’autres se présentent en divers morceaux à assembler pour parvenir à reformer un moule aux dimensions adéquates.

On a accès à une véritable bibliothèque de moules, qui concentrent une partie de l’histoire de Montréal.

Tommy Bouillon, entrepreneur en maçonnerie et propriétaire d’Allège et Linteau

« L’artisan fondateur de cette entreprise, Jacques Paris, a fabriqué pendant plus de 25 ans presque tous les moules en bois possibles. Ç’a été fait à la main, et c’est 100 % réutilisable », détaille Tommy Bouillon, également connu pour sa machine innovante de recyclage de briques.

Des symboles de quartier

Parmi les motifs récurrents dans les bandeaux et ornements, on trouve des symboles évoquant la nature, comme des lions, des castors, des fleurs en demi-cercle, mais aussi des dates, des numéros d’immeuble, ou des formes géométriques d’inspiration néo-classique. Certaines figures étaient particulièrement prisées selon les quartiers de la ville. « Par exemple, on retrouve énormément de motifs de feuille d’érable à Verdun, ou de trèfles, essentiellement à Pointe-Saint-Charles, en lien avec la communauté irlandaise », illustre l’entrepreneur.

Au-delà de la forme, il faut également reproduire l’aspect du matériau original, pouvant arborer, entre tons clairs et plus sombres, de nombreuses nuances de gris. Tommy Bouillon pointe en exemple des pièces en granit lavé, dont le grain original est reproduit à partir de ciment Portland, de ciment blanc, de roches blanches et d’un pourcentage de roches foncées. En jouant avec les ratios, on obtient un effet plus ou moins moucheté.

Même si le respect des éléments authentiques reste au cœur de la reproduction, il se peut que quelques améliorations non visibles à l’œil nu soient apportées, à des fins de durabilité. M. Bouillon montre ainsi un bloc de béton armé fissuré.

En vieillissant, ça s’infiltre et l’armature, en métal non galvanisé, rouille puis fait exploser le béton. Aujourd’hui, si on doit refaire la même pièce, on la coulera avec une armature en fibre de verre, qui sera bonne à vie.

Tommy Bouillon, entrepreneur en maçonnerie et propriétaire d’Allège et Linteau

En plus de disposer de cette collection de moules à valeur patrimoniale, l’entreprise peut se permettre des tarifs compétitifs, puisqu’elle n’en fabrique pas (et donc n’en facture pas) de nouveaux. Les prix des pièces varient évidemment en fonction de leur taille, mais s’échelonnent généralement de 150 $ à 700 $, hors main-d’œuvre.

Bien entendu, l’atelier n’est pas ouvert au public, seuls les clients dans le besoin ont l’occasion d’avoir un aperçu de cette bibliothèque pas comme les autres, qui régénère le passé à l’abri des regards. « C’est vraiment une continuation de l’histoire, c’est comme la face cachée du travail d’époque, remarque M. Bouillon. Ça a un coût, mais les lois permettent de garder ce patrimoine architectural, sinon on perdrait tout ce qui a été fait dans le passé et ça dénaturerait tout. »

Consultez le site d’Allège et Linteau

https://www.lapresse.ca/maison/architecture/2025-10-15/patrimoine-architectural/une-bibliotheque-de-moules-pour-une-memoire-en-beton.php

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Magnifique maison canadienne.