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Un projet au Marché 440 remis en cause
Le mélange de commerces et de logements pourrait y être interdit par un nouveau règlement municipal
JEAN-LOUIS FORTIN
Lundi, 16 août 2021 00:00MISE À JOUR Lundi, 16 août 2021
Une véritable institution lavalloise, le Marché 440, craint pour son avenir à cause d’un nouveau règlement municipal qui pourrait l’empêcher d’ériger un projet résidentiel et commercial de 300 millions $.
Des immeubles d’appartements d’une quinzaine d’étages, des marchands au rez-de-chaussée, une place publique, des espaces verts ; c’est la vision sur laquelle planchent depuis deux ans les propriétaires du Marché. Ils comptent dévoiler leurs plans au public la semaine prochaine.
Ce concept où les résidents n’ont qu’à faire quelques pas pour acheter les ingrédients du souper est recherché partout dans le monde, surtout à l’ère post-pandémique où le commerce de proximité devrait être encore plus important.
Depuis 2012, le Marché aurait eu le droit d’ériger des édifices résidentiels sur son terrain en bordure nord de l’autoroute 440. Mais le nouveau règlement d’urbanisme sur lequel planche la Ville, qui fait en ce moment l’objet de consultations publiques, change la donne. Il permettrait uniquement l’activité commerciale.
« C’est un vrai retour en arrière », déplore Jacques Nantel, conseiller du Marché dans le cadre de ce projet.
M. Nantel, qui est aussi professeur émérite à HEC Montréal, s’intéresse beaucoup aux grandes tendances mondiales en matière de commerce de détail.
« Quand tu regardes ce qui se fait en termes de développement, que ce soit à Toronto, à New York ou à Barcelone, [le projet du Marché] est exactement ce qui est recherché », estime-t-il en entrevue.
Le Marché 440 a commandé un sondage à la firme Ad hoc recherche qui montre que 85 % des Lavallois souhaitent plus de développement résidentiel ou mixte.
Survie des commerçants
Pierre Francoeur, le propriétaire de la Fromagerie des Nations, établie sur les lieux depuis 35 ans, explique au Journal que la construction d’unités résidentielles amènerait une nouvelle clientèle.
« Au fil des années, les coûts de loyer augmentent, les dépenses augmentent, les salaires augmentent, mais si la clientèle n’augmente pas, ça peut devenir difficile », raconte le commerçant.
Dans une lettre datée du 10 mai dernier à propos du nouveau code de l’urbanisme, il écrivait même : « Développer de l’immobilier résidentiel intégré et annexé au marché est essentiel pour assurer notre survie ».
Pour l’heure, les propriétaires du Marché 440 ont présenté leur projet, qui serait financé à 100 % par des investissements privés, à la ville de Laval, mais ils n’ont pas obtenu de réponse claire.
La Ville pourrait changer d’idée
Le vice-président du comité exécutif, Stéphane Boyer, qui a succédé au maire sortant Marc Demers comme chef du parti Mouvement lavallois, explique que le nouveau règlement d’urbanisme vise à éviter les projets résidentiels le long des autoroutes, comme là où est situé le Marché 440.
« Il y a des études qui disent que ce n’est pas dans les meilleures pratiques au niveau de la santé publique », justifie-t-il en entrevue.
Par contre, il reconnaît qu’il y a plusieurs « éléments intéressants » dans la vision d’avenir du Marché. En conséquence, « ce n’est pas impossible que le projet puisse être permis », dit-il.
« De manière générale, on veut des bâtiments de bonne qualité, esthétiques, des espaces verts […]. On veut plus de mixité, on veut des commerces de proximité », énumère le candidat à la mairie pour l’élection de novembre.
Les consultations sur le nouveau plan d’urbanisme ont d’ailleurs suscité beaucoup d’intérêt, car la Ville a reçu 263 mémoires, dont beaucoup proviennent de promoteurs qui souhaitent développer des terrains.
Le numéro deux de l’administration lavalloise promet que ces demandes obtiendront des réponses dans une « version 2 » du nouveau règlement d’urbanisme, qui devrait être présentée « au début 2022 ».