On a testé la Floride en transport en commun
Marie-Julie Gagnon
Collaboration spéciale
11 mars 2023
Photo: Photo fournie
Les stations du train à grande vitesse Brightline se trouvent au coeur des villes qu’il dessert.
Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Alors que le tourisme durable s’impose dans un nombre grandissant de destinations, est-il possible de visiter la Floride de manière un peu plus écoresponsable ? Parmi les projets qui se démarquent, le train à grande vitesse Brightline, lancé en 2018, a séduit notre journaliste.
Tout, dans la station de train à grande vitesse Brightline de Miami, a des airs futuristes. À l’intérieur, le blanc et le jaune dominent. Immaculé, le plancher blanc et gris reflète le contenu d’un écran géant diffusant des informations en boucle. Malgré le calme du terminus, d’immenses fenêtres donnent à l’usager l’impression d’être en plein coeur de l’action. C’est bien là l’un des grands avantages de ces trains modernes qui relient le centre et le sud de la Floride : les stations se trouvent au coeur des villes qu’ils desservent.
Solution économique et écologique
« Go carefree », peut-on lire sur un panneau, sur le quai. Plus rapide que les autobus et les trains d’Amtrak, Brightline propose une option de remplacement économique à l’avion et écologique à la voiture. Carboneutre, Brightline mise aussi sur le service. Des agents accueillent les passagers avec le sourire et sillonnent les rangées avec un chariot, comme en avion. Les sièges sont équipés de prises de courant et de ports USB. Des voyageurs comme des résidents s’y croisent. Mais peu après l’heure de pointe, les passagers se font plus rares. Des bribes de conversations glanées ici et là portent à croire que plusieurs montent à bord pour la première fois. Les cellulaires se dégainent pour immortaliser le départ.
Il faut compter environ une heure et quart pour atteindre la gare de West Palm Beach depuis Miami. Entre les deux, le train fait escale à Aventura, à Fort Lauderdale et à Boca Raton. La première gare d’Orlando sera inaugurée plus tard cette année. Trois heures seront nécessaires pour le voyage, au départ de Miami, alors que le trajet en voiture s’effectue en environ quatre heures et demie. La station se trouvera à l’intérieur de l’aéroport, dans le nouveau terminal, et deux autres gares seront construites près des parcs d’attractions et du Convention Centre, mais l’année de l’inauguration reste encore à confirmer. Viendra ensuite la gare de Tampa.
Pour faciliter le transport des passagers, une fois ceux-ci rendus à destination, Brightline semble avoir pensé à tout. Depuis la mi-janvier, un partenariat avec Uber fait en sorte qu’une voiture attend le passager qui en fait la demande à la sortie du train. À Miami, il est facile de poursuivre le voyage en transport en commun. À West Palm Beach, on trouve, près de la sortie de la gare, des vélos en libre-service, les BrightBike, qui constituent une option de choix pour l’exploration de la ville. C’est cependant la seule gare sur le parcours qui en soit dotée.
Miami vert ?
Si Brightline parvient à convaincre des voyageurs de délaisser la voiture et leur facilite la transition vers d’autres moyens de transport, il ne leur tient pourtant pas la main une fois à destination. Les voyageurs doivent faire l’effort d’apprendre à naviguer à travers les différents systèmes de transport en commun. La bonne nouvelle ? Certains font office d’attractions touristiques, comme le train aérien MetroMover, à Miami, qui offre une autre perspective sur la ville. Ici aussi, des images de films de science-fiction surgissent immanquablement. Son prolongement vers Miami Beach prévu au cours des prochaines années devrait simplifier encore davantage les déplacements.
Au-delà des transports en commun, les options écoresponsables ne sont cependant pas toujours faciles à repérer dans l’État du Soleil. Quand on demande à Héloïse Colin, directrice de Miami Off Road et résidente de la ville depuis sept ans, si elle observe une évolution en matière de tourisme durable, peu d’exemples lui viennent spontanément à l’esprit. Elle évoque notamment la restauration des Everglades, projet de longue haleine qui vise à rétablir le flux naturel de l’eau du lac Okeechobee vers le sud. Une autre initiative qui lui apparaît intéressante est The Underline, le réaménagement d’une zone située sous les rails du metrorail en parc linéaire. « L’idée est de relier Downtown au sud de Miami par une piste cyclable accompagnée de nombreuses installations sportives, explique-t-elle. C’est en fait inspiré de la High Line new-yorkaise. »
Côté hébergement, la chaîne européenne citizenM, qui a inauguré un premier hôtel dans le quartier Brickell en 2022, s’avère une excellente option pour quiconque se soucie de l’environnement. Ici, pas de bouteilles en plastique, et des poubelles permettent le tri des déchets. La technologie y est utilisée de manière judicieuse, par exemple pour un réglage facile de l’éclairage. Pas de flafla : les chambres sont petites et parfaitement aménagées pour une ou deux personnes. L’omniprésence de l’art, le wifi ultrarapide et le restaurant ouvert 24 heures sur 24 en font aussi l’endroit idéal pour les travailleurs nomades.
Finalement, en toute franchise, entre les tons pastel d’Ocean Drive et les murs bigarrés du très branché Wynwood, je dirais que le vert le plus facile à repérer reste celui de la végétation luxuriante.
Le train est-il toujours plus vert ?
D’un point de vue environnemental, la meilleure option est-elle toujours de prendre le train ? Pas forcément, selon Claude Villeneuve, directeur de la Chaire de recherche et d’intervention en éco-conseil et de l’infrastructure de recherche Carbone boréal, associée à l’Université du Québec à Chicoutimi. Si l’on souhaite rejoindre Miami depuis New York, par exemple ? « En gros, un avion court-courrier produit, par kilomètre, l’équivalent en CO2 d’une auto compacte par passager. Un autocar en produit à peu près trois fois moins. Le train diesel en Amérique du Nord arrive à deux fois et demie moins. Reste à faire la part des choses. Si vous devez prendre plus de temps, vous allez consommer plus de repas, passer peut-être une ou deux nuits de plus à l’hôtel ou dormir une ou deux nuits dans un siège inconfortable. Je l’ai fait quand j’avais 17 ans, mais à 68, ça me tenterait moins. Il ne faut pas regarder uniquement le mode de transport, mais aussi l’empreinte écologique du voyage. » Comme j’ai opté pour la location d’une « roomette », petite cabine où les sièges se transforment en lit, mais qui prend plus d’espace qu’un simple siège, pour effectuer les 27 heures de voyage entre Miami et la Grosse Pomme, mon impact environnemental reste important. Le verdict de Claude Villeneuve est sans appel : mon empreinte aurait été moindre si j’avais pris un vol direct, puisqu’il faut multiplier les émissions du train par l’espace qu’y occupe un passager, comme on multiplie les émissions d’un passager en classe affaires dans un avion.
Visites guidées à pied à Miami
Plusieurs compagnies nous proposent d’explorer les quartiers de Miami à pied avec un guide anglophone ou francophone. Du côté de l’iconique Ocean Drive, la Miami Design Preservation League propose l’Art Deco Walking Tour, qui plonge les participants dans l’histoire du quartier. Miami Off Road a concocté plusieurs visites en français, dont l’une qui combine trois quartiers : Miami Beach, Art District et Wynwood. Une bonne manière de se faire une tête lors d’une première visite à Miami.
Une partie des frais de ce séjour ont été payés par Greater Miami&Miami Beach.
Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir*, relevant du marketing. La rédaction du* Devoir n’y a pas pris part.