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Méchant hasard !
Habitations Trigone et le Fonds FTQ au cœur d’une mégatransaction
IMAGE FOURNIE PAR TRIGONE | Illustration du Quartier Victoria Saint-Lambert des Habitations Trigone, à Saint-Lambert.
Le Fonds de solidarité FTQ est sur le point de vendre ses participations dans 30 immeubles d’appartements des Habitations Trigone, dans une transaction à plusieurs joueurs frisant le milliard de dollars. Il s’agirait de la plus importante vente de l’histoire de l’immobilier résidentiel au Québec.
Publié le 4 octobre 2021 à 15h24 | HUGO JONCAS | LA PRESSE
La part du Fonds dans l’entente vaut à elle seule plus de 300 millions. Il était propriétaire au tiers des immeubles du portefeuille.
La clôture de la transaction a eu lieu le 1er octobre, le lendemain de la décision du Bureau des régisseurs de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) d’annuler toutes les licences d’Habitations Trigone. Le chien de garde de l’industrie reproche à ses dirigeants d’avoir « contourné une loi d’ordre public » par différents stratagèmes : dettes de jugements non payées, fausses déclarations, absence de collaboration avec les autorités, confusion entre les filiales, manque de discernement quant à la sécurité du public, manquements aux lois, mauvais service et mauvaise qualité…
L’acheteur des appartements d’Habitations Trigone, le fonds de placement immobilier Centurion Apartment REIT de Toronto, met la main sur 3678 unités en location dans la grande région de Montréal.
Centurion ne précise pas si Habitations Trigone reste son partenaire dans la propriété de ces appartements.
Selon nos informations, Montez Corporation, une autre entreprise de Toronto, était elle aussi propriétaire au tiers immeubles résidentiels de Trigone, et elle s’en départit également aux mains de Centurion.
La Presse a tenté de joindre le fonds torontois sans succès.
Quant au copropriétaire d’Habitations Trigone, Patrice St-Pierre, il a renvoyé nos questions à un porte-parole, qui a refusé de préciser si, oui ou non, l’entreprise vend elle aussi ses parts dans ses appartements au fonds torontois.
« Notre réponse c’est : “On est heureux de commenter les transactions que Trigone réalise” », dit Jean-Maurice Duddin, qui a obtenu le mandat de répondre aux journalistes pour Patrice St-Pierre et son partenaire Serge Rouillard. Il n’a fourni aucune autre réponse.
Résultat : impossible de savoir pour le moment si les patrons d’Habitations Trigone restent copropriétaires de ces immeubles ou s’ils liquident leur participation.
« Énorme coïncidence »
Centurion a publié son communiqué au lendemain de la décision de la RBQ, annulant l’ensemble des 19 licences qu’utilisaient les patrons d’Habitations Trigone pour construire des immeubles résidentiels.
Au Fonds FTQ, le porte-parole Patrick McQuilken assure qu’il s’agit d’une « énorme coïncidence ».
« On a mis en vente nos participations dans les projets de Trigone au début 2020 dans le cadre normal de notre horizon d’investissement », dit-il.
Selon le porte-parole, les immeubles dans lesquels le Fonds a investi aux côtés de l’entreprise a fourni « un bon rendement » pour ses actionnaires.
Inspections supplémentaires
Habitations Trigone a deux champs d’activités : la construction de copropriétés et les immeubles d’appartements. Le Fonds FTQ est surtout partenaire de l’entreprise dans les appartements.
Quand un reportage de l’émission La Facture à Radio-Canada a fait état de nombreuses déficiences dans les immeubles de copropriétés qu’a érigés Habitations Trigone, le Fonds dit avoir fait faire des inspections supplémentaires dans les immeubles d’appartements. « Nous n’avons pas trouvé de déficiences majeures », dit Patrick McQuilken.
Selon nos informations, Centurion a aussi réalisé des inspections supplémentaires, sans trouver de problèmes.
Après la transaction, le Fonds FTQ reste partenaire d’Habitations Trigone dans trois immeubles en construction et trois terrains.
« Des discussions se poursuivent quant à ces actifs », dit Patrick McQuilken.
Le Fonds tâche d’ailleurs de mettre en branle un « plan de contingence » pour être en mesure de terminer les immeubles en chantier, dit-il. « Nos dispositions sont déjà en train d’être prises pour s’assurer que les projets soient terminés en temps prévu pour les locataires qui ont signé des baux. »