Oui! J’ai eu du plaisir à lire ces posts, ça m’a forcé à réviser ma position à moi-même sur ce building. Je pense que ce qui me dérange, c’est que je me sens trahi quand un building a l’air vieux, mais qu’il ne l’est pas, tout en ne commentant pas sur son propre anachronisme.
Le style Chicago School est arrivé avec la construction d’armatures en acier. Ça a donné un certain type de building en hauteur qui avait des utilités industrielles et/ou commerciales. Les nouvelles possibilités amenées par cette technologie ont donné un langage très bien maîtrisé par les architectes de l’époque. On cherchait à remplir le plus possible les terrains en hauteur pour pas cher tout en gardant un minimum d’ornementation pour attirer les passants (c’est toujours bien Louis Sullivan, un des architectes les plus connus de ce courant, qui a écrit l’essai “Form Follows Function”). Aussi, les deux étages du bas étaient souvent plus grandiose et avaient un bris de texture avec le reste du building pour briser la monotonie créée par la hauteur. Les buildings du style Chicago School ont souvent de fausses colonnes par-dessus les armatures d’acier qui varient les volumes et, encore une fois, brisent la planitude de la brique.
Je vois un rappel des colonnes et des bris avec les deux premiers étages. Les panneaux de brique texturées sont ornementés pour simuler un vieux building où on a dû remplir certaines fenêtres pour convertir en habitations. Il y a des allusions aux ornements sur les colonnes, mais tout est très plat et ça crée un bloc très massif. Avoir mis les premiers étages et les entre building tout en brique ajoute un effet de lourdeur qui n’est pas du tout près du style des vieux buildings. Même les rénos de vieux buildings ou les clins d’œil à Chicago School cassent la monotonie des briques et des volumes plats.
Ici, pour le 407 McGill, Lemay a choisi de faire une façade d’entre-building en panneaux vitrés, ce qui complémente et met en évidence la façade de briques à côté. Il y a plusieurs éléments de la vieille partie du building qui sont traduits dans le vocabulaire des nouvelles techniques de construction.
Le Quartier Général de Nós architectes fait clairement allusion aux buildings industriels avec les colonnes d’acier sans donner sans être juste un coup de marketing superficiel. Les balcons de coin créent un vide qui donne l’impression que les fenêtres sont un rideau de verre qui n’est pas soutenu avec le reste de la façade de brique pour rappeler que le building est une construction contemporaine. L’utilisation des panneaux métalliques pâles pour les étages du haut et le pavillon central rappelle les matériaux utilisés dans le coin tout en conférant un aspect plus moderne au building. Ça allège énormément la brique rouge et donne l’illusion que le building est à dimension plus humaine. Le recul de façade du milieu donne aussi un aspect accueillant et chaleureux au building. Je pense que les balcons à l’avant et les commerces en bas qui montrent l’usage du building contribuent aussi à ça.
Pour retourner au bloc de bâtiments de Broccolini, il y a beaucoup d’éléments pour cacher la vue de l’intérieur du building au premier étage, ce qui le rend assez froid pour un coin de la ville qui est semi-touristique. Les espaces entre les buildings foncés pas tant reculés renforcent un certain hermétisme. Les barreaux noirs de balcons du bâtiment ajoutent l’insulte à l’injure selon moi. De plus, je m’explique mal les escaliers horizontaux aussi, je n’aime vraiment pas.
Mon impression générale, c’est qu’on a voulu donner un cachet de vieux buildings rénovés aux bâtiments, sans avoir une véritable sensibilité au style architectural (ni avoir les 100 ans d’histoire comme la gare Viger juste à côté). Ça me rappelle des “Nouveaux développements” quétaines comme Les portes de l’Europe à Boucherville . Ça m’aurait moins dérangé si ce building n’occupait qu’un terrain, mais je pense qu’il faut être plus sévère vu que ces buildings vont occuper un bloc au grand complet. Je trouve ça assez intense aussi de remplir le bloc avec de la brique brune sans espace pour la vie communautaire ou l’impression de. Surtout que toutes ces grosses surfaces planes risquent de refléter le bruit et le vent dans un environnement bien mouvementé.
Je pense que @Nicogag a un peu raison que le pastiche est fréquemment utilisé comme un sophisme pour justifier pourquoi on n’aime pas une construction. Je suis clairement coupable d’en avoir commis un ![]()











