810-830, rue Saint-Antoine Est - 5 à 20 étages

Oui! J’ai eu du plaisir à lire ces posts, ça m’a forcé à réviser ma position à moi-même sur ce building. Je pense que ce qui me dérange, c’est que je me sens trahi quand un building a l’air vieux, mais qu’il ne l’est pas, tout en ne commentant pas sur son propre anachronisme.

Le style Chicago School est arrivé avec la construction d’armatures en acier. Ça a donné un certain type de building en hauteur qui avait des utilités industrielles et/ou commerciales. Les nouvelles possibilités amenées par cette technologie ont donné un langage très bien maîtrisé par les architectes de l’époque. On cherchait à remplir le plus possible les terrains en hauteur pour pas cher tout en gardant un minimum d’ornementation pour attirer les passants (c’est toujours bien Louis Sullivan, un des architectes les plus connus de ce courant, qui a écrit l’essai “Form Follows Function”). Aussi, les deux étages du bas étaient souvent plus grandiose et avaient un bris de texture avec le reste du building pour briser la monotonie créée par la hauteur. Les buildings du style Chicago School ont souvent de fausses colonnes par-dessus les armatures d’acier qui varient les volumes et, encore une fois, brisent la planitude de la brique.

Je vois un rappel des colonnes et des bris avec les deux premiers étages. Les panneaux de brique texturées sont ornementés pour simuler un vieux building où on a dû remplir certaines fenêtres pour convertir en habitations. Il y a des allusions aux ornements sur les colonnes, mais tout est très plat et ça crée un bloc très massif. Avoir mis les premiers étages et les entre building tout en brique ajoute un effet de lourdeur qui n’est pas du tout près du style des vieux buildings. Même les rénos de vieux buildings ou les clins d’œil à Chicago School cassent la monotonie des briques et des volumes plats.



Ici, pour le 407 McGill, Lemay a choisi de faire une façade d’entre-building en panneaux vitrés, ce qui complémente et met en évidence la façade de briques à côté. Il y a plusieurs éléments de la vieille partie du building qui sont traduits dans le vocabulaire des nouvelles techniques de construction.


Le Quartier Général de Nós architectes fait clairement allusion aux buildings industriels avec les colonnes d’acier sans donner sans être juste un coup de marketing superficiel. Les balcons de coin créent un vide qui donne l’impression que les fenêtres sont un rideau de verre qui n’est pas soutenu avec le reste de la façade de brique pour rappeler que le building est une construction contemporaine. L’utilisation des panneaux métalliques pâles pour les étages du haut et le pavillon central rappelle les matériaux utilisés dans le coin tout en conférant un aspect plus moderne au building. Ça allège énormément la brique rouge et donne l’illusion que le building est à dimension plus humaine. Le recul de façade du milieu donne aussi un aspect accueillant et chaleureux au building. Je pense que les balcons à l’avant et les commerces en bas qui montrent l’usage du building contribuent aussi à ça.

Pour retourner au bloc de bâtiments de Broccolini, il y a beaucoup d’éléments pour cacher la vue de l’intérieur du building au premier étage, ce qui le rend assez froid pour un coin de la ville qui est semi-touristique. Les espaces entre les buildings foncés pas tant reculés renforcent un certain hermétisme. Les barreaux noirs de balcons du bâtiment ajoutent l’insulte à l’injure selon moi. De plus, je m’explique mal les escaliers horizontaux aussi, je n’aime vraiment pas.

Mon impression générale, c’est qu’on a voulu donner un cachet de vieux buildings rénovés aux bâtiments, sans avoir une véritable sensibilité au style architectural (ni avoir les 100 ans d’histoire comme la gare Viger juste à côté). Ça me rappelle des “Nouveaux développements” quétaines comme Les portes de l’Europe à Boucherville . Ça m’aurait moins dérangé si ce building n’occupait qu’un terrain, mais je pense qu’il faut être plus sévère vu que ces buildings vont occuper un bloc au grand complet. Je trouve ça assez intense aussi de remplir le bloc avec de la brique brune sans espace pour la vie communautaire ou l’impression de. Surtout que toutes ces grosses surfaces planes risquent de refléter le bruit et le vent dans un environnement bien mouvementé.

Je pense que @Nicogag a un peu raison que le pastiche est fréquemment utilisé comme un sophisme pour justifier pourquoi on n’aime pas une construction. Je suis clairement coupable d’en avoir commis un :slight_smile:

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D’abord bienvenue sur le forum!

Le truc est qu’en mettant trop de stationnements, il y a 2 risques :

1- le promoteur n’étant pas sûr de les vendre, donc pour gérer le risque financier du projet, il va ventiler une partie des cases non vendables dans le prix des logements (donc logements en moyenne plus chers $$$). S’il fini par vendre toutes les cases, il fera plusss de profit (ce n’est pas un problème en soi)

2- si jamais toutes les cases sont vendues, il y aura forcément du traffic induit, voire certains propriétaires de cases loueraient leur stationnement à des résidents limitrophes.

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J’adore ce forum pour lire vos points de vue informés et constructifs. Comme je m’y connais peu en architecture, il m’est difficile de me prononcer et je manquerais sûrement de perspective. Cela dit, j’étais très sceptique face au projet Le Sherbrooke de Broccolini. Ils semblaient encore vouloir reproduire un style du passé et je craignais un résultat kitsch. Finalement, j’adore : c’est bien fait et, à mon goût, ça s’intègre parfaitement dans l’environnement.

C’est devenu la signature de Broccolini récemment, et ils m’ont donné tort avec Le Sherbrooke. Je me sens donc en confiance qu’ils sauront livrer quelque chose de réussi dans ce style.

De plus, dans ce secteur, l’usage de la voiture est déjà limité et beaucoup se fait à pied, à vélo ou en transport collectif. Ce type de projet s’harmonise donc avec la réalité locale et s’inscrit dans une vision d’avenir où les quartiers centraux se développent sans dépendance à la voiture.

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J’ai refait le modèle 3D avec le nouveau rendu.

Je crois que c’est assez flagrant comment le volume de la version finale vient s’harmoniser de tous les côtés avec les alentours… Mon rendu n’est pas au mètre prêt, on peut assumer que ça vient reprendre assez fidèlement les hauteurs des divers volumes adjacents.

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Idem pour moi!

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J’apprécie les proportions des façades et les volumes des immeubles plus bas qui s’élèvent avec respect de leur voisins, surtout si l’exécution est aussi bonne qu’on le pressent ici.

Par contre, je pourrais comprendre qu’on craigne l’ombre si on habite sur St-Christophe. La tour de 20 étages va se dresser au Sud (géographique) de ce quadrilatère résidentiel majoritairement de 3 étages. Le recul me paraît très léger.


L’angle qui me confronte est celui du viaduc Notre-Dame, où la hauteur me paraît dépasser les proportions du quartier. Je pense que c’est surtout le viaduc lui-même qui mériterait d’être transformé et connecté aux bâtiments, pour amener cette artère et les tours adjacentes à l’échelle de l’humain.

D’ailleurs ça serait tellement badass de prévoir déjà une connection potentielle à un viaduc transformé, comme un signal fort auprès des gens du quartier et auprès des prochaines administrations municipales. Je sais que ce n’est pas une mince affaire aux niveaux technique ou financier, mais est-ce envisagé ou envisageable?

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Il me semble que c’est le cas pour l’hôtel Hyatt juste à côté donc je ne vois pas pourquoi ça ne pourrait pas l’être ici! Par contre il y a peut-être des enjeux de sécurité vu qu’on parle ici de résidences et non d’un hôtel.

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Ça pourrait être connecté, mais ça impliquerait d’avoir des espaces commun communicant sur plusieurs étages pour avoir 2x entrées du même immeuble sur 2 différents étages. C’est techniquement facile, mais ça va occuper plus de pieds carrés, donc une dépenses de plus et moins de revenu.

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J’ai l’impression que pour le Hyatt le viaduc offre un débarcadaire additionnel mais aussi un accès à du stationnement sur rue sur le viaduc.

Je me demande si pour du résidentiel, cette motivation est suffisante. L’attrait du viaduc serait plus intéressant aux riverains s’il offrait des services récréatifs: une promenade et des installations de sport, comme le projet style High Line qu’on a fait miroiter pendant quelques années.

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J’aime beaucoup les aspects “post-Chicago school” de cet immeuble et la brique brune qui fera peut-être sans le vouloir un clin d’œil à la tour Molson. Il n’en demeure pas moins contemporain de par la disposition de sa fenestration, et pourrait ne pas se démoder de sitôt, de par l’agencement de ces aspects. :star_struck:

Par contre, je trouve le projet trop chargé sur les plans visuel et volumétrique:

  • L’alternance brun / brun foncé / beige est superflue et alourdit l’ensemble, déjà imposant sur son quadrilatère.
  • Les variations du recul de la façade à partir du 12e étage vis-à-vis la rue N-D., ainsi que de l’étage sommital vis-à-vis du coin St-Ant./St-Christophe enlèvent à l’aspect “classiciste” global de l’immeuble, aussi par la création de terrasses avec balustrades noires qui détonneraient des façades en arrière-plan.
  • L’avancée disproportionnée sur 5 étages en beige sur St-Christophe, avec 2 murs aveugles latéraux (!), saccage grossièrement l’harmonie de cette haute et mince façade est. Bien que le souhait des architectes de créer une continuité horizontale soit louable, cette avancée pourrait nettement mieux s’intégrer au volume principal en harmonisant la brique et en offrant une fenestration similaire à celle des façades adjacentes (E et N). Il resterait à abaisser le muret entourant la terrasse du 6e étage, qui détonne car elle aboutit au mur de la façade principale à mi-étage.

Ce dernier élément des évocations, encerclé ci-haut et avec un X sur le mur aveugle S me rappelle vaguement…
:point_down:t3::stuck_out_tongue_winking_eye:

Bref: “Less is more!”

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