REM 2 (Est de Montréal) - Projet annulé

La Presse aux Pays-Bas Un « bas résille »… et un tunnel

PHOTO FOURNIE PAR LE CABINET ZJA

Le « bas résille », une structure de 400 m inaugurée en 2006 à La Haye pour y faire passer un tram-train.

(La Haye ) La Haye avait des tramways, de vieux trains de banlieue et deux quartiers à revitaliser. La capitale néerlandaise et son voisin Rotterdam ont uni leurs forces au début des années 2000 pour créer un imposant réseau de transport collectif intégré. La portion la plus spectaculaire est une structure aérienne futuriste de 400 m que tout le monde ici appelle Netkous – le « bas résille ».

Publié le 21 novembre 2021 à 5h00

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Maxime Bergeron

Maxime Bergeron La Presse

Connecter des réseaux

Après une décennie de discussions et un premier projet avorté, la décision a été prise en 2001. Les autorités ont décidé de convertir des dizaines de kilomètres d’anciennes lignes de tramway et de trains de banlieue dans la grande région de La Haye pour y faire passer un tram-train. Ce type de véhicule peut circuler sur des rails au niveau de la rue et à plus haute vitesse dans des voies réservées, qu’elles soient surélevées ou en tunnel. En lisière du centre-ville, il fallait créer une nouvelle connexion d’environ un demi-kilomètre pour relier deux segments de l’ancien réseau. Deux questions cruciales se sont alors posées : où passer et, surtout, comment ?

Le tracé aérien

PHOTO BERT MELLINK, COLLABORATION SPÉCIALE

Vue aérienne de la Beatrixlaan, artère principale du quartier Bezuidenhout, peu avant la construction du Netkous

Le choix s’est arrêté sur Bezuidenhout, un secteur assez dévitalisé où se trouvaient des immeubles de bureaux datant surtout des années 1960 et 1970. « Le quartier avait vraiment besoin d’un coup de barre », résume Robert van Asten, adjoint au maire et responsable de la mobilité, rencontré par La Presse à La Haye. Les autorités ont étudié la possibilité d’un tunnel, mais la très large Beatrixlaan, l’artère principale de ce quartier, se prêtait à un tracé en hauteur. L’idée de faire un projet flamboyant a germé. « On aurait pu faire une structure générique en béton posée sur des piliers, mais on voulait ajouter une qualité architecturale à tout le quartier », dit Erik Beenen, l’un des principaux dirigeants de HTM, l’agence publique responsable des transports en commun à La Haye.

10 scénarios étudiés

PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE

Ralph Kieft, architecte du cabinet néerlandais ZJA, a dessiné le « bas résille », l’un de ses premiers projets en carrière.

Ralph Kieft, architecte du cabinet néerlandais ZJA, était en début de carrière lorsqu’on lui a confié ce mandat. Dessiner une structure aérienne de presque un demi-kilomètre sans créer un effet oppressant sur la rue a constitué son principal défi. « Il y avait de grandes craintes de la municipalité de La Haye que la ville soit coupée en deux », se rappelle-t-il. De nombreux ateliers ont été organisés entre les architectes, la Ville et les entreprises logées de part et d’autre de la future structure pour entendre leurs idées et inquiétudes. Une dizaine d’ébauches du projet ont été réalisées. La version choisie en 2002 est « une structure élégante qui rappelle un bas résille », souligne M. Kieft.

Un alligator dans un boa

PHOTO FOURNIE PAR ZJA

Vue aérienne du projet. La section centrale, qui semble « enflée », renferme la station de tram-train Beatrixkwartier. Comme si un boa avait avalé un alligator.

À quoi ressemble la chose, sur le terrain ? Le Netkous est une structure tubulaire de 400 m qui comprend dans sa portion centrale la station de tram-train Beatrixkwartier. Cette section est plus large, comme si un boa avait avalé un alligator. L’usage d’anneaux en acier a permis d’espacer au maximum les piliers de béton – entre 30 et 50 m – afin de dégager la vue pour les piétons et les cyclistes. Les trains circulent sur deux étroites travées séparées l’une de l’autre, ce qui permet à la lumière de passer entre les deux, souligne Ralph Kieft pendant une visite de son projet. La caténaire – les fils qui alimentent les trains – a aussi été cachée dans la structure pour en améliorer l’esthétisme. « La transparence de la structure aide à rendre ça à échelle humaine, dit-il. Si c’était une grosse structure bétonnée, ce serait complètement différent. »

Des conditions propices

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S’il est flamboyant et apprécié des résidants, le « bas résille » n’aurait pu être construit dans n’importe quel contexte urbain, souligne Erik Beenen, de HTM. La nature commerciale du quartier – renommé depuis Beatrixkwartier – et la largeur de la rue (environ 50 m) ont permis de bien y intégrer la structure, précise-t-il. Les autorités en ont profité pour faire une place importante aux piétons et aux cyclistes, et réduire celle vouée aux automobiles et au stationnement. Quinze ans après sa construction, le Netkous fait encore tourner les têtes. Deux touristes asiatiques le prenaient en photo, un soir de novembre, alors que la rue était presque déserte (comme la plupart des soirs). La structure inaugurée en 2006 a coûté à l’époque 80 millions d’euros (115 millions de dollars canadiens).

Aussi… un tunnel

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En même temps qu’elles construisaient le Netkous, les autorités ont creusé un tunnel de 1,25 km et deux stations souterraines non loin de là, dans le centre historique de La Haye. Au début des années 2000, la Grote Marktstraat était encombrée par les automobiles et les tramways. La rue était sale et un peu glauque, se rappelle Erik Beenen, de HTM. Le passage du tram-train dans un tunnel sous la rue – et l’interdiction de la circulation automobile – a redonné vie à tout le quartier, dit-il. Les piétons et cyclistes sont tellement nombreux sur Grote Marktstraat que les autorités s’apprêtent à déplacer la piste cyclable une rue plus loin. « C’est un luxe, en fait. Le fait qu’il y a trop de piétons signifie que c’est un secteur très attrayant. » Le tunnel a coûté 236 millions d’euros (341 millions CAN) et sa construction a été parsemée d’ennuis techniques, dont une inondation en cours de chantier. Particularité intéressante : les autorités ont construit un niveau de stationnement souterrain entre le tunnel du tram-train et la rue.

Popularité immense

Le réseau de La Haye, ville de 550 000 habitants, est largement considéré comme un succès. Le nombre de passagers a été multiplié par cinq depuis que tous les vieux tronçons ont été modernisés et connectés les uns aux autres. La création d’une ligne de métro de 27 km vers Rotterdam (au niveau du sol) a aussi dynamisé l’économie de toute la conurbation de 2,7 millions d’habitants, en créant de nouveaux pôles d’habitation et d’emplois autour des gares entre les deux villes. La fréquence relativement élevée des trains – toutes les 10 minutes plutôt que toutes les demi-heures – et la fiabilité du réseau chapeauté par RandstandRail ont contribué à sa popularité, explique Niels van Oort, professeur spécialisé dans la mobilité urbaine à la Delft University of Technology. « RandstandRail, c’est devenu une marque reconnue à qui les gens font confiance, et ça joue un rôle important. »

Une inspiration internationale

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Couronné par des prix d’architecture, le « bas résille » a suscité beaucoup d’intérêt international. Le gouvernement coréen a mandaté le cabinet ZJA en vue d’importer le concept. Avec une demande bien spéciale : que la structure soit suffisamment robuste pour permettre un espacement de 200 m entre les piliers ! Le design du projet est en cours de développement. « Ils sont habitués à de grosses structures de béton pour leurs trains légers ; les stations sont encore pires et ressemblent à de grosses boîtes à souliers, donc ils nous ont demandé de faire des esquisses et des designs pour des prolongements du train dans différentes villes », explique l’architecte Ralph Kieft. Au Québec, CDPQ Infra a déjà mentionné la station de Beatrixkwartier comme l’une des « inspirations » potentielles pour son futur REM de l’Est.

L’avis d’un expert

Sylvain Gariépy, président de l’Ordre des urbanistes du Québec, trouve judicieux l’emploi de l’acier pour créer la structure du Netkous. « Ça permet d’avoir une portée plus longue [entre les piliers], et d’avoir quelque chose qui à la fois frappe visuellement mais est aussi plus léger. » L’autre point non négligeable, souligne-t-il, est le choix fait par les autorités d’utiliser une rue très large pour faire passer cette structure aérienne. La Beatrixlaan a une emprise d’environ 50 m, contre environ 30 m pour la rue Sherbrooke Est et 40 m pour le boulevard René-Lévesque, deux artères que le REM de l’Est doit emprunter à Montréal. Enfin, il salue la tenue d’ateliers entre les architectes, la Ville et les futurs voisins de la structure pour guider l’élaboration du projet, une démarche « ouverte et assumée ».

La Presse en France : Grand Paris Express, de rares tronçons aériens controversés

IMAGE FOURNIE PAR CDPQ INFRA

L’intérieur projeté d’une des 68 gares du Grand Paris Express, cité comme un exemple d’intégration inspirant par CDPQ Infra pour son REM de l’Est

(PARIS) « Des projets comme ça, il y en a peut-être un par siècle », dit Marie Vannieuwenhuyse, avant d’activer l’ascenseur de chantier qui nous entraînera une quinzaine de mètres sous terre.

L’ingénieure et directrice de travaux de Colas Rail nous accompagne dans l’un des nombreux tunnels en construction ces jours-ci dans le sous-sol parisien, dans la banlieue de Champigny-sur-Marne. Son groupe a été mandaté pour installer les rails, les caténaires et d’autres systèmes dans plusieurs portions du Grand Paris Express, le plus grand projet d’infrastructure en Europe. « Ça fait très plaisir de voir ça devenir concret », souligne-t-elle.

PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE

Marie Vannieuwenhuyse, directrice de travaux de Colas Rail, l’une des 4240 entreprises qui travaillent sur le chantier du Grand Paris Express

Titanesque, pharaonique, ruineux : tous les qualificatifs ont été accolés à ce mégaprojet. Après des années de débats corsés, la Société du Grand Paris (SGP) a été créée en 2010 pour doubler – littéralement – la taille du métro de la capitale. Quelque 200 km de rails et 68 nouvelles gares sont prévus ; plus de 90 % du tracé passera sous terre.

Les travaux ont progressé à bon rythme depuis le lancement des premiers chantiers de creusage, en 2018. Les sous-traitants mandatés par la SGP ont déjà percé 50 km de tunnels très profonds sous la capitale. C’est comme si les trois quarts du métro de Montréal avaient été creusés en trois ans.

Les tunnels sont percés par des tunneliers à des profondeurs de 25 à 30 m en moyenne, dans des sols très variés, et passent sous une abondance d’infrastructures existantes (conduites d’eau et électriques, lignes de métro). Certaines gares sont creusées jusqu’à 52 m sous la terre. Les seuls segments en hauteur – environ 20 km au total – seront surtout construits dans des zones agricoles ou industrielles et font encore l’objet de vives contestations.

Le mode aérien déplaît

CDPQ Infra a cité certaines gares souterraines du Grand Paris Express comme étant des « exemples d’intégration inspirants » pour son projet du REM de l’Est. La chose peut sembler paradoxale, puisque les promoteurs du projet parisien font à peu près tout ce que le groupe québécois refuse de faire : creuser des tunnels et des gares très profonds dans des milieux urbanisés où pullulent les obstacles souterrains.

IMAGE FOURNIE PAR CDPQ INFRA

La future gare du Pont de Bondy, d’une profondeur prévue de 44 m, fait partie des exemples d’intégration inspirants cités par CDPQ Infra pour le REM de l’Est au cours des derniers mois.

Ici comme à Montréal, la question des tronçons aériens a donné lieu à des débats souvent animés, reconnaît Bernard Cathelain, l’un des trois membres du directoire de la SGP, en entrevue avec La Presse.

Dès l’annonce du projet en 2010, certains architectes ont proposé de construire une portion plus importante du Grand Paris Express en hauteur, rappelle-t-il. Après tout, plusieurs segments du métro et du RER (le réseau express régional d’Île-de-France) sont déjà posés sur de telles structures surélevées dans la capitale française.

L’enthousiasme suscité par la proposition a été assez relatif, et effectivement, c’est une chose à laquelle on a renoncé très vite en milieu urbanisé, parce que ce n’est plus dans l’air du temps.

Bernard Cathelain, l’un des trois membres du directoire de la SGP

Les tronçons aériens les plus récents du métro de Paris ont été conçus « dans les années 1960 », ajoute M. Cathelain, rencontré dans les bureaux tout neufs de la SGP, à deux pas du Stade de France. « Ça ne passerait plus aujourd’hui dans les milieux urbanisés. »

PHOTO CHARLES PLATIAU, ARCHIVES REUTERS

La ligne 6 du métro de Paris a un tronçon aérien de 6,1 km – sur les 13,6 km qu’elle parcourt –, lequel passe notamment devant le ministère de l’Économie et des Finances, rue Bercy.

Pourquoi ? « La sensibilité aux questions environnementales est devenue beaucoup plus forte, et la sensibilité aux nuisances, qui sont réelles, aujourd’hui, n’est plus du tout la même, souligne Bernard Cathelain. Le fait d’avoir un métro qui passe sous ses fenêtres, ce n’est pas quelque chose qu’aujourd’hui on est prêt à accepter. »

Contestation… en zone rurale

L’objectif ultime du Grand Paris Express est de désengorger le cœur de la capitale en reliant entre elles plusieurs banlieues éloignées et les trois aéroports. De nouveaux quartiers seront construits autour des 68 futures gares, un développement bienvenu dans cette métropole de 12 millions d’habitants où le manque de logements est chronique. Plusieurs connexions sont prévues avec le réseau de transport collectif existant.

IMAGE FOURNIE PAR LA SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS

Une carte du futur réseau du Grand Paris Express

La facture du projet atteint aujourd’hui 36 milliards d’euros (52 milliards CAN) ; presque le double des 20 milliards prévus à l’origine.

Même s’il est souvent critiqué pour ses coûts exorbitants, le projet est en général bien accueilli dans les 130 communes de la région métropolitaine qu’il va traverser. Mais pas partout.

Dans le Plateau de Sarclay, une zone agricole où la ligne 18 doit passer en mode aérien, 250 universitaires, de même que des élus locaux et des agriculteurs, ont demandé l’été dernier à la SGP de renoncer à une portion du tracé, ou à tout le moins de l’enfouir. La Société a proposé un compromis, soit d’abaisser quelques kilomètres de rails au niveau du sol, ce qui n’apaise pas les craintes des opposants. Une enquête publique est en cours sur ce tronçon.

PHOTO LAURENT GRANDGUILLOT, COLLABORATION SPÉCIALE

Vue aérienne du Plateau de Sarclay, situé dans le nord de l’Essonne, au sud de Paris

Sans spéculer sur l’issue du conflit, Bernard Cathelain souligne que le choix de tronçons aériens repose « très clairement » sur des considérations économiques pour la SGP. Et cela, uniquement dans des secteurs où ce mode est « compatible » avec l’environnement urbain.

« Sur une section donnée, on peut tripler le coût du génie civil en étant en souterrain, explique-t-il. Sur la ligne 18, on avait regardé ce que donnait la mise en souterrain de la partie ouest de 8 km ; on avait de 200 à 300 millions d’euros en surcoûts », explique-t-il.

Des sols très variés

Creuser coûte cher, et encore plus dans des sols mixtes comme ceux de la capitale française. On retrouve ici « à peu près tous les profils géologiques possibles », dit Bernard Cathelain. « On a des marnes, on a des sables, on a du gypse, on a d’anciennes carrières par endroits. »

PHOTO LUDOVIC MARIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le tunnelier « Florence », utilisé pour percer la ligne 17 du Grand Paris Express, photographié en 2020 à Bonneuil-en-France, en banlieue parisienne

Malgré toutes les analyses de sols préalables, des « surprises » ont été trouvées en cours de chantier. Le dirigeant de la SGP donne en exemple la découverte récente de « blocs de grès » qui ont fortement ralenti le travail d’un tunnelier, en plus d’abîmer ses lames. À Montréal, les dirigeants de CDPQ Infra ont fait valoir que le mélange de sols meubles, de roc et de gros blocs de pierre « erratiques » ainsi que la présence de la nappe phréatique rendraient trop complexe et coûteux le creusage d’un tunnel au centre-ville.

Malgré plusieurs aléas de construction, la SGP compte inaugurer sa première ligne à temps pour les Jeux olympiques de 2024. Le reste du réseau, qui affiche des retards assez importants, sera terminé graduellement d’ici 2030 en majorité, selon les prévisions actuelles.

L’avis d’un expert

Sylvain Gariépy, président de l’Ordre des urbanistes du Québec, croit que les autorités parisiennes ont bien tenu compte des impacts potentiels d’un tracé aérien au moment de faire des choix en début de projet. « Il va sans dire que creuser comporte des risques (composition du sol variée), et il y aura toujours des surprises, ce qui est vrai pour la majorité des chantiers de construction. Si creuser peut être onéreux, et que cela peut avoir un impact sur la profitabilité du projet pour la CDPQ Infra, alors le gouvernement du Québec pourrait injecter de l’argent afin de sécuriser cet aspect. Si on est prêt à creuser le plus long tunnel routier à Québec, alors pourquoi pas pour un mode structurant du transport collectif dans l’est de Montréal ?

« Les trois principales leçons :

  1. Écouter les citoyens ;

  2. Être transparent ;

  3. Avoir de la volonté politique. »
    https://www.lapresse.ca/contexte/2021-11-21/la-presse-aux-pays-bas/un-bas-resille-et-un-tunnel.php

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De quoi mettre de l’eau au moulin à idées. :thinking:

La Presse au Danemark Les hauts et les bas des structures aériennes


PHOTO RASMUS HJORTSHOJ, FOURNIE PAR COBE | La station Orientkaj, inaugurée en 2020 dans une friche industrielle de Copenhague et citée comme l’une des « inspirations » potentielles pour le projet montréalais du REM de l’Est.

(Copenhague) Les réseaux de métro posés sur des structures aériennes peuvent-ils bien s’insérer dans le cadre bâti d’une ville ? La Presse s’est rendue à Copenhague, à La Haye et à Paris pour visiter trois des « inspirations » évoquées par CDPQ Infra pour son projet montréalais du REM de l’Est. La réponse est : oui… dans certains contextes précis.

Publié le 21 novembre 2021 à 5h00 | MAXIME BERGERON | LA PRESSE

Tracés aériens : Copenhague a appris sa leçon


PHOTO RASMUS HJORTSHOJ, FOURNIE PAR COBE | Vue aérienne du quartier de Nordhavn, appelé à connaître une forte croissance dans les prochaines décennies

Le bruit des marteaux-piqueurs et des scies rondes est presque assourdissant en cette matinée grisâtre de novembre, dans le quartier de Nordhavn. D’un côté, des travailleurs s’affairent à construire un futur quai de bateau-taxi dans les eaux glaciales de l’Øresund, le détroit qui ceinture Copenhague. De l’autre, des grues acheminent à bon rythme des matériaux aux étages supérieurs de nouveaux immeubles de bureaux.

Entre tous ces chantiers se trouve la station de métro Orientkaj, inaugurée en mars 2020. Avec ses arches bétonnées qui rappellent la forme de grues, la structure surélevée ne détonne pas du tout dans ce quartier portuaire en pleine transformation.

« C’est une métaphore de l’époque industrielle », résume l’architecte Caroline Nagel, directrice de projets à l’agence Cobe, qui a dessiné cette station brutaliste et tous les plans de réaménagement du quartier de Nordhavn.

Son cabinet a déployé de nombreux efforts pour rendre la station Orientkaj la plus discrète possible. Les piliers qui la soutiennent ont été espacés au maximum – 33 m. Un stationnement à vélos, plusieurs pistes cyclables et un petit parc ont été aménagés sous la structure haute de 13 m. Les escaliers ont été dessinés tout en finesse.


PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE
| Caroline Nagel, directrice de projets à l’agence Cobe, qui a dessiné la station Orientkaj et les plans de réaménagement du quartier de Nordhavn

Pour nous, c’était important de ne pas créer une brisure, d’avoir des espaces ouverts et de connecter la ville plutôt que de créer un cloisonnement avec cette station.

Caroline Nagel, directrice de projets à l’agence Cobe, qui a dessiné la station Orientkaj et les plans de réaménagement du quartier de Nordhavn

Cette station surélevée fait partie des « exemples d’intégrations inspirantes ailleurs dans le monde » donnés par CDPQ Infra pour son projet du REM de l’Est. La filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec veut construire à partir de 2023 un réseau de train automatisé de 32 km, dont les deux tiers du tracé (et 15 des 23 stations) sont prévus sur des structures aériennes. Le projet en est au stade de la planification détaillée.


PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE | Vue en contre-plongée de la station Orientkaj. Le dégagement sous la structure s’élève à 5 m.


PHOTO RASMUS HJORTSHOJ, FOURNIE PAR COBE | Les arches de la station Orientkaj rappellent la forme d’une grue, en hommage au passé industriel et portuaire du quartier.

Cette deuxième phase du Réseau express métropolitain, évaluée à 10 milliards, soulève de vives inquiétudes chez des experts et résidants, puisqu’elle traversera le centre-ville de Montréal et des quartiers résidentiels. La capitale danoise a aussi dû faire face à ces enjeux urbanistiques au début des années 2000. Et elle a tiré des leçons de certains choix faits à l’époque, a découvert La Presse sur place.

De faillite à succès

Ici à Copenhague, la station aérienne Orientkaj constitue une exception dans le développement récent du réseau de transport collectif. Car ces dernières années, Metroselskabet, la société publique qui construit et exploite le métro, a consacré presque toutes ses énergies – et des milliards – à creuser des tunnels profonds à une trentaine de mètres sous la terre. La plus récente ligne souterraine de 15,5 km a été inaugurée en 2019 après des prouesses d’ingénierie.

Le développement du réseau de métro est intrinsèquement lié à l’histoire récente de la ville. Au début des années 1990, Copenhague était à des années-lumière de la capitale mondiale du cool et du design qu’elle est devenue. Les usines fermaient les unes après les autres. Les familles fuyaient par milliers pour s’installer en banlieue. L’ancienne puissance manufacturière et portuaire de la Scandinavie était – littéralement – au bord de la faillite.

Pour stimuler les investissements, les autorités municipales ont voulu développer un nouveau quartier – Ørestad – à la lisière de Copenhague. Le Parlement danois a adopté une loi en ce sens en 1992, qui prévoyait du même coup la construction d’un réseau de transport.

Les promoteurs se sont posé beaucoup de questions avant de choisir le mode le plus efficace. Devraient-ils opter pour des tramways au niveau de la rue, avec des chauffeurs et des arrêts obligatoires à chaque carrefour ? Un métro entièrement surélevé, ou plutôt 100 % souterrain ?

C’est en fin de compte un modèle hybride, soit un métro automatisé avec des tronçons aériens aux lisières de la ville et entièrement enfouis sous les quartiers centraux, qui a été choisi. La construction a débuté en 1996.

Apprendre du passé

Les autorités ont travaillé sur plusieurs fronts pour concevoir ce tout nouveau système de transport. Elles ont converti en métro léger une ancienne ligne de trains qui traversait des banlieues au niveau du sol. Et érigé une structure aérienne de béton vers Ørestad, dans ce qui était alors une friche industrielle et des espaces verts. Tout le développement du quartier a été pensé autour de cette ligne.


PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE | Le quartier d’Ørestad a été créé de toutes pièces autour de la ligne 1 du métro de Copenhague depuis la fin des années 1990. Le métro est aérien dans cette ancienne friche industrielle.


PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE | Tout le développement du quartier a été pensé autour de cette ligne du métro.

Au même moment, des tunneliers commençaient à percer les entrailles de Copenhague, où les deux premières lignes allaient pénétrer après quelques kilomètres de tracé hors sol. Ces premières années de construction – et les conséquences qui ont découlé de certains choix – ont été riches en enseignements, admet Henrik Plougmann Olsen, président et chef de la direction de Metroselskabet, en entrevue avec La Presse.

La leçon qu’on a apprise de ça, c’est que la meilleure façon de construire un métro dans une ville existante est de le placer dans un tunnel. Mais aussi, que c’est correct de construire une ligne surélevée dans les secteurs de la ville qu’on essaie de redévelopper.

Henrik Plougmann Olsen, président et chef de la direction de Metroselskabet

La construction de la ligne M2 entre l’aéroport et le centre de Copenhague a provoqué de nombreux « débats », rappelle le chef d’entreprise. Car elle a littéralement coupé en deux la banlieue d’Amager, après l’érection de hauts murs sur une distance d’environ 2 km.

Martin Einfeldt, résidant d’Amager qui a tenté de faire modifier le tracé en s’adressant aux tribunaux avec d’autres citoyens, n’en décolère pas, 18 ans plus tard. « Le bruit ne me dérange pas, et même si c’est très laid, on s’habitue, dit-il en nous faisant visiter le paisible quartier résidentiel. Mais la chose à laquelle on ne s’habitue pas, c’est ce mur de 2 km infranchissable. »


PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE |
Martin Einfeldt, résidant du quartier d’Amager, qui a été coupé en deux par la construction de la ligne 2 et de ses hauts murets. Il n’en décolère pas, 18 ans plus tard.


PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE | La ligne 2 du métro, légèrement surélevée par rapport au niveau de la rue et protégée par de hauts remparts, est venue couper en deux le quartier résidentiel d’Amager, dans la proche banlieue de Copenhague. L’exploitant du métro reconnaît aujourd’hui que ce choix fait il y a une vingtaine d’années n’était pas le plus judicieux.

Metroselskabet ferait probablement les choses autrement aujourd’hui, dit son président. La leçon la plus importante, selon lui, c’est qu’il faut permettre aux piétons, cyclistes et automobilistes de circuler librement sous la structure, comme c’est le cas avec la nouvelle station Orientkaj. Ne pas créer une barrière physique, en somme.

Henrik Plougmann Olsen précise toutefois que les structures aériennes ne sont « pas problématiques partout » : tout dépend du contexte urbain dans lequel elles sont insérées. « Si c’est dans un secteur où il y a beaucoup d’industries ou beaucoup de bureaux, ce n’est pas un problème. Mais dans les quartiers où il y a des habitations qui sont très près des structures surélevées, c’est normalement plus difficile. »

HUIT ANS DE TRAVAUX DANS LES ENTRAILLES DE LA VILLE


PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE | Les sous-traitants mandatés pour construire la ligne circulaire du métro de Copenhague ont dû creuser des stations collées sur des immeubles tricentenaires. Ci-dessus, la station la plus profonde du métro, Marmokirken, enfouie à 40 m tout juste à côté de « l’église de marbre ».


PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE | Les constructeurs des stations ont dû maintenir la nappe phréatique au même niveau pendant les travaux, pour protéger les fondations de bois des vieux immeubles.

L’exploitant du métro de Copenhague se fait une fierté des prouesses d’ingénierie qui lui ont permis de construire des stations à plus de 30 m sous la terre, parfois collées à moins de 1 m des fondations d’immeubles. La plus profonde des 17 stations de la récente ligne circulaire – la Cityringen – a été creusée à un cheveu de la majestueuse « église de marbre » et de nombreux autres bâtiments tricentenaires. Elle est enfouie à 40 m sous terre. « Tous les immeubles ont été recensés, leur état, la présence de fissures, tout dommage antérieur a été documenté et photographié avant le début des travaux », explique Sidsel Stabell Hoppe, vice-président responsable des tunnels et de l’ingénierie souterraine du sous-traitant COWI, qui a fait les travaux. La nappe phréatique a aussi dû être maintenue exactement au même niveau pendant tout le chantier. Aucun évènement n’a eu lieu, précise l’ingénieur. Les tunnels profonds ont été percés avec des tunneliers dans le calcaire, un type de sol qui se prête bien aux projets de cette nature.

LE REM DE L’EST EN BREF

CDPQ Infra a étudié plusieurs scénarios pour relier l’est et le nord-est de l’île au centre-ville de Montréal, à la demande du gouvernement Legault. Cet exercice a donné lieu à l’annonce d’une deuxième phase du Réseau express métropolitain en décembre 2020 : le REM de l’Est. Le groupe veut ériger 24 des 32 km de ce réseau sur des structures aériennes, une proposition qui a soulevé une vague d’inquiétude. Certains aimeraient que CDPQ Infra opte pour un tracé souterrain, au moins dans la portion centre-ville du projet. L’option de réaliser un tunnel d’une profondeur de 17 à 38 m dans ce secteur a été jugée techniquement « réalisable » par le consortium d’ingénieurs AECOM-Systra, mais CDPQ Infra estime que cette option lui ferait courir des risques financiers trop grands. La filiale de la Caisse de dépôt indique qu’elle ne serait pas en mesure de quantifier tous les aléas liés à un tel ouvrage en raison de la présence de sols mixtes et d’obstacles souterrains, comme des lignes de métro existantes et des conduites d’eau. L’option aérienne reste donc privilégiée.

Québec a nommé un comité d’experts qui se penche ces jours-ci sur les façons d’assurer la meilleure intégration architecturale et urbanistique du REM de l’Est. Plusieurs « inspirations » guident les travaux de ce comité, au-delà de celles que La Presse a visitées en Europe. La liste d’exemples internationaux publiée par CDPQ Infra ces derniers mois n’est « pas finale ni complète » et « se bonifie au fil du temps », a indiqué le porte-parole Jean-Vincent Lacroix. CDPQ Infra est responsable de concevoir, construire et exploiter ce réseau de 10 milliards de dollars, dont elle espère tirer des rendements financiers. La première phase du REM, longue de 67 km et évaluée à plus de 7 milliards, sera inaugurée graduellement à partir de l’an prochain. Il s’agit du plus important projet de transport des 50 dernières années dans la région métropolitaine de Montréal, qui compte 4,1 millions d’habitants.

Le « meilleur métro au monde »


PHOTO PHILIP DAVALI, ARCHIVES REUTERS |
Les usagers du métro de Copenhague peuvent compter sur l’un des meilleurs systèmes au monde.

Inexistant il y a tout juste 20 ans, le métro de Copenhague est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs systèmes au monde. Le réseau fonctionne avec de courts trains de trois voitures 100 % automatisés, qui passent toutes les 2 minutes, 24 heures sur 24.


IMAGE TIRÉE DU SITE RAILWAY-TECHNOLOGY.COM | La carte du métro de Copenhague

Le réseau de 43,3 km s’étend sans cesse : une nouvelle ligne circulaire de 15,5 km et 17 stations très profondes a été inaugurée en 2019. Deux stations ont ouvert l’an dernier dans la friche industrielle de Nordhavn. Et un autre prolongement souterrain de 4,5 km et cinq stations est en construction en vue d’une mise en service en 2024.

Ce dernier prolongement coûtera l’équivalent de 1,82 milliard de dollars canadiens, indique le président de Metroselskabet. L’ensemble du réseau a coûté jusqu’ici l’équivalent de 9,6 milliards canadiens à Copenhague, dont la région métropolitaine compte 1,3 million d’habitants.

Comment le système est-il financé ? Metroselskabet, qui a repris les rênes du métro en 2007, est détenue à 50 % par la Ville de Copenhague, à 41,7 % par le gouvernement danois et à 8,3 % par la municipalité voisine de Frederiksberg. Cette société publique a une « mission commerciale », précise son dirigeant, mais chaque prolongement du métro doit faire l’objet d’un débat – et de l’adoption d’une loi – au Parlement danois.

« Il y a toujours des débats sur la nécessité de construire telle ou telle ligne, explique Henrik Plougmann Olsen. Ce sont des débats normaux dans une démocratie, si vous voulez. Mais la procédure est simple : dans la dernière décennie, nous avons eu quatre débats de la sorte, et nous avons fait quatre extensions. »

Metroselskabet contracte des prêts garantis par l’État danois, ce qui lui permet d’avoir accès à de très faibles taux d’intérêt. Elle rembourse ses emprunts avec les revenus d’exploitation des nouvelles lignes. La société s’attend à ne plus avoir de dette en 2065. L’exploitation quotidienne et l’entretien de tout le réseau ont été confiés à un consortium privé.

S’il remporte des prix internationaux pour son efficacité, le métro de Copenhague ne fait pas que des heureux. La militante écologiste Stine Linnemann, qui briguait un poste de conseillère municipale aux élections du 16 novembre dernier, déplore le coût élevé du système, la vente massive de terres publiques à des promoteurs privés et la destruction d’habitats naturels pour faire place au réseau.

« Si je pouvais retourner dans le temps, j’aurais souhaité qu’on puisse arrêter avant qu’il ne soit trop tard, lance-t-elle en entrevue. Des tramways auraient été beaucoup moins chers. C’est ça qu’on avait traditionnellement ici et ça fonctionne très bien. »

L’AVIS D’UN EXPERT

Sylvain Gariépy, président de l’Ordre des urbanistes du Québec, estime que les autorités de Copenhague ont bien fait leurs devoirs avec la station Orientkaj, située dans une friche industrielle en pleine transformation. « Elle est adaptée à son contexte, parce que le contexte, on le transforme aux pourtours de la structure. On crée de l’espace, on pense les réseaux actifs, en amont, comment ça va traverser en dessous de la structure, comment ça va être aménagé, pour éviter l’effet de barrière. » La distance entre la station et les immeubles environnants apparaît suffisante « pour minimiser les impacts, entre le cadre bâti et la structure », ajoute-t-il. Des principes qui pourraient guider le projet montréalais du REM de l’Est.

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@Chuck_A ,on était ce matin sur le même dossier et clairement sur la même longueur d’onde. Aussi est-il important de poursuivre la réflexion et de prendre connaissance des solutions appliquées ailleurs dans le monde, afin de réaliser ici le meilleur projet de train léger au bénéfice de toute la communauté montréalaise.

C’est pourquoi il est indispensable de briser le discours unique que nous sert la CDPQ, qui menace d’imposer sa solution envers et contre tous. On l’a vu dans les reportages plus haut, que le consensus a été le moteur de la réussite des projets similaires proposés notamment en Europe. Donc la réflexion doit se faire par des échanges sincères et une ouverture à toutes les solutions possibles, incluant un segment souterrain dans la partie la plus urbaine du projet.

Fort de l’expérience dans l’ouest de Montréal, les gens et les autorités municipales savent déjà ce qu’ils ne veulent pas. Reste maintenant à analyser toutes les formules intermédiaires basées sur des analyses indépendantes et exhaustives, dans le but de répondre aux vrais besoins en TEC pour l’est de la ville et cela pour le long terme.

Alors c’est bien beau de vouloir imposer la vision comptable du projet, ce ne sera jamais plus qu’un aspect parmi bien d’autres. Car l’acceptabilité sociale est elle aussi incontournable, puisqu’après tout ce sera le citoyen qui paiera la note finale d’une manière ou d’une autre. Aussi la population doit-elle être partie prenante des décisions finales avec lesquelles elle devra vivre durant des décennies.

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Fort de l’expérience dans l’ouest ???
Il faudrait que les trains aient commencé à rouler et à passer aux 5 minutes pour avoir une vraie expérience. Là on n’a pas la moindre idée.
Et le gros bas résille il est bien beau, mais il a été installée dans des rues faisant un (ÉDIT demi-kilomètre) de large. Ce qui ne correspond pas du tout à la réalité de René-Lévesque.

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Pas 500m, mais 50m. Contre 40m pour René-Lévesque. Quand même pas si différent.

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L’architecte français qui croit au REM de l’Est

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Le REM de l’Est est un projet essentiel qui inscrit Montréal dans une problématique mondiale, croit l’architecte français Jean-Paul Viguier. Mais il devra être traité de manière originale.

Publié le 22 novembre 2021 à 5h00

Jean-Paul Viguier n’a aucune solution à offrir pour l’intégration du REM de l’Est. Aucune proposition. Aucune suggestion, même. Et il se garde bien d’en faire.

À Montréal de choisir sa propre voie – fût-elle ferrée, fluviale, piétonne, cycliste.

Mais il croit au projet et propose des pistes de réflexion.

10m-20m c’est quand même significatif. 10m c’est au moins à 2 voies de circulation. Et on ne parle même pas des retraits. Il s’agit de milieux bien différents, et il est également improbable qu’on réduise le nombre de voies automobiles pour favoriser l’intégration de la structure.

René Lévesque fait surtout 35m en général. 40m c’est quand les bâtiments sont un peu en retrait.

Et oui c’est une énorme différence, passer de 50 à 35/40m. Ça fait la différence entre une rue qui peut avoir des trottoirs encore ensoleillés vs un boulevard qui devient lugubre de façade a façade.

Aussi, le contexte bâti de Beatrixlaan vs René Lévesque ou Sherbrooke est assez different.

Et même avec tous les éléments “au vert” à la Haye, ils ont quand même limité le tronçon aérien à une très courte distance et l’ont ambitieusement travaillé en matière de design.

Ici, les variables contextuelles sont loin d’être aussi positives ET on ne semble démontrer que l’ombre d’une telle volonté, en maintenant tout le monde dans le noir. C’est d’autant plus inquiétant.

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Ce qui me frappe des différents exemples de station, c’est à quel point celles du REM 1.0 sont ordinaires. Je n’avais pas eu l’occasion d’en voir avant tout récemment. Quand nous en voyons une, nous voyons toutes les autres. Elles sont identiques, qu’elles soient situées à Pointe-Claire ou à Brossard.

C’est dommage étant donné que nous avons des stations de métro assez fabuleuses.

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Exactement… le métro est un joyau d’architecture justement à cause de ça… Ça aurait été la moindre des choses qu’on continue cette belle tradition en incluant aussi les stations du REM.

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Ça fait 3 mois depuis l’annonce du tunnel court… J’ai hâte de voir la prochaine annonce… Dans 3 semaines, on arrive à l’anniversaire du projet…

This is almost too simple. The Métro is a public infrastructure and a civic work of art; the REM is for-profit real estate speculation venture.

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1000% d’accord. Lorsque le brutalisme redeviendra à l’honneur auprès du grand public — et pas seulement chez les fans et les geeks d’architecture — notre métro redeviendra une attraction touristique en soi, une galerie d’art et un musée d’architecture de plus de 69 km.

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REM de l’Est plus « acceptable » Québec n’exclut pas de hausser le financement

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François Legault n’exclut pas d’augmenter le financement de son gouvernement pour rendre le projet du REM de l’Est plus « acceptable », reconnaissant que des ajustements devront être faits. Il souhaite un « projet commun » avec l’administration Plante et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

Publié le 22 novembre 2021 à 16h52 Mis à jour à 16h57 | HENRI OUELLETTE-VÉZINA | LA PRESSE

« À ce moment-ci, on n’exclut rien. On parle d’un coût d’environ dix milliards. Si jamais il fallait tout enfouir, ça serait 20 milliards et ce ne serait pas acceptable. Mais est-ce qu’on est capables de trouver des compromis ? Tous les deux, nous sommes d’accord pour dire qu’il y a des bouts du tracé qui peuvent rester en hauteur », a expliqué M. Legault lors d’une conférence de presse lundi, aux côtés de la mairesse Valérie Plante, qu’il rencontrait durant la journée.

Pour le chef de la CAQ, l’essentiel dans ce dossier sera de « travailler un projet qui fasse l’affaire et du gouvernement, et de la Ville, et de la Caisse de dépôt ».

On doit en faire beaucoup plus pour rendre le REM de l’Est plus acceptable. Il y a des ajustements à faire, le comité présidé par Maud Cohen va faire des propositions. Mais moi ce que je veux est que la prochaine fois qu’on présente le projet, ce soit un projet commun, à trois.

François Legault, premier ministre du Québec

Mme Plante, elle, s’est dite « très heureuse » d’entendre le premier ministre « réitérer l’importance que les trois équipes travaillent ensemble ». « Le REM de l’Est, c’est majeur pour Montréal. C’est un projet auquel on tient énormément. C’est un outil de développement du territoire incroyable, donc c’est vraiment important d’y mettre toute l’énergie possible », a-t-elle imploré.


PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE | Valérie Plante et François Legault

Le tracé aérien choisi pour la majeure partie du REM de l’Est continue de soulever des vagues. Une centaine de citoyens ont manifesté samedi contre les structures en hauteur. « Je vous ai entendu et je comprends qu’il y a des améliorations à apporter. Ce projet-là doit être modifié », leur a directement répondu François Legault lundi. Ces citoyens craignent les impacts visuels ainsi que le bruit qui sera généré par le passage des trains aux deux minutes.

Des citoyens ont aussi déposé une pétition à l’Assemblée nationale pour s’opposer au projet dans sa forme actuelle. Ailleurs dans le monde, la construction de réseaux de transports surélevés en milieu urbain a causé de nombreux débats ces dernières années. En France, par exemple, les autorités ont décidé d’enfouir 90 % du Grand Paris Express, un mégaprojet qui prévoit 200 kilomètres de métros entre les banlieues de la capitale. L’un des dirigeants du chantier a indiqué que l’érection de tronçons aériens dans des quartiers résidentiels n’étaient « plus dans l’air du temps » et « ne passerait plus aujourd’hui ». À Copenhague, au Danemark, les autorités ont choisi d’enfouir en majorité les plus récentes extensions du métro.

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Legault se positionne pour les prochaines élections, comme il a une bonne pente à remonter pour convaincre les montréalais de l’appuyer, il devient plus sensible à leurs revendications. C’est de bonne guerre car on ne gagne pas un scrutin sur de simples promesses, mais sur des ententes signées qui engagent les partis.

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REM de l’Est : le projet doit être « bonifié », croit François Legault

Le premier ministre estime que des améliorations doivent être apportées par le promoteur, CDPQ Infra.


François Legault convient que le projet de REM de l’Est est perfectible.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Jérôme Labbé
17 h 13 | Mis à jour à 18 h 33

Les détracteurs du REM de l’Est dans sa version actuelle se sont fait entendre jusqu’à Québec. Le premier ministre François Legault, de passage à Montréal lundi, a admis que le projet devait être « bonifié » pour être « acceptable ».

Lors d’un point de presse tenu en après-midi, M. Legault a dit souhaiter que des améliorations soient apportées au projet par son promoteur, CDPQ Infra, une filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Ce projet doit être bonifié, a-t-il admis d’emblée. Moi, je veux dire à ceux, entre autres, qui ont manifesté : “Je vous ai entendus et je comprends qu’il y a des améliorations à apporter au projet de la Caisse”. On va le travailler avec la Ville de Montréal et avec le gouvernement du Québec.

Le premier ministre espère d’ailleurs que la mairesse Valérie Plante – qu’il rencontrait lundi pour la première fois depuis sa réélection, le 7 novembre – s’investira davantage dans le projet, elle qui a promis en campagne de consacrer d’ici 10 ans 500 millions de dollars à l’intégration du REM de l’Est dans la trame urbaine.

Ce que je veux, c’est que, la prochaine fois qu’on présente le projet, [il] soit aussi présenté par Valérie et la Ville de Montréal; que ce soit un projet commun, un projet à trois, la Ville de Montréal, le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt, a-t-il insisté. Je veux vraiment qu’on travaille ce projet-là ensemble.

« J’avoue qu’on doit en faire beaucoup plus, le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt, avec la Ville de Montréal, pour rendre le projet du REM de l’Est acceptable. »

— Une citation de François Legault, premier ministre du Québec

Il y a des ajustements à faire, a répété M. Legault, évoquant entre autres le comité consultatif dirigé par l’ex-présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec Maud Cohen, qui va faire des propositions.

Ce comité, mis sur pied en mai 2021, devra entre autres se pencher sur le tracé du REM de l’Est, sur sa portion souterraine, mais aussi et surtout sur sa portion aérienne, qui inquiète de nombreux résidents de l’est de Montréal.

Plusieurs centaines de personnes se sont d’ailleurs rassemblées samedi dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve pour faire part de leurs préoccupations. Elles s’inquiètent des impacts visuels du projet, mais aussi du bruit qui sera généré par les trains.

Éviter une explosion des coûts

Il faudra, cela dit, que la facture du projet, évalué à 10 milliards de dollars, demeure raisonnable, estime François Legault. Le premier ministre n’exclut pas d’augmenter le financement de son gouvernement au besoin, mais pour l’instant, il préfère rester prudent sur le sujet.

À ce moment-ci, on n’exclut rien, a-t-il indiqué. Vous savez, on parle d’un coût d’environ 10 milliards… Si jamais il fallait tout enfouir, ce serait 20 milliards. Ça, ça ne serait pas acceptable.

Est-ce qu’on serait capables de trouver des compromis? Je pense qu’on est tous les deux d’accord, Valérie et moi, pour dire qu’il y a des bouts qui peuvent rester en hauteur, a mentionné le premier ministre.

Ce qu’on veut, c’est travailler un projet qui fasse l’affaire et de la Ville de Montréal, et du gouvernement du Québec, et de la Caisse de dépôt, a-t-il résumé.

Un outil de développement incroyable

Valérie Plante s’est dite pour sa part très heureuse d’entendre qu’on réitère que les trois équipes travaillent ensemble sur ce dossier, et impatiente de consulter le rapport du comité consultatif présidé par Maud Cohen, dont les recommandations sont attendues d’ici Noël.

Selon la mairesse, le REM de l’Est représente un outil de développement du territoire incroyable. On sait que, quand il y a un axe de transport qui se crée, ça ouvre des possibilités, ça crée des opportunités de développement économique, d’habitation, de milieux de vie, a-t-elle souligné.

« La Ville de Montréal continue de travailler avec le gouvernement du Québec et la CDPQ pour trouver les meilleures solutions afin que nous puissions réaliser cet incroyable projet. »

— Une citation de Valérie Plante, mairesse de Montréal

Interrogée à ce sujet par la presse anglophone, Valérie Plante n’a pas voulu dire si elle aimerait que le tracé soit enfoui davantage que ce que prévoit actuellement CDPQ Infra.

Je ne suis pas experte, a-t-elle fait valoir. C’est exactement pour cette raison que nous avons demandé la création d’un comité consultatif.

Et quand ses membres auront terminé leur travail, ce sera notre responsabilité – le gouvernement du Québec, moi-même, la Ville de Montréal et la CDPQ – de voir ce qui a du sens, a expliqué la mairesse.


Valérie Plante, François Legault et leurs équipes se sont réunis pour une brève réunion, lundi après-midi, au château Dufresne, à Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

La rencontre entre M. Legault et Mme Plante survenait après une courte randonnée en autobus électrique sur une portion de ce qui deviendra le Service rapide de bus (SRB) sur le boulevard Pie IX.

Le projet avance selon les échéanciers et les budgets prévus et devrait être livré à l’automne 2022, du moins pour la section entre Henri-Bourassa et la station de métro Pie IX. Le SRB doit, à terme, relier Laval à la rue Notre-Dame.

En point de presse, le premier ministre et la mairesse de Montréal ont une fois de plus demandé au gouvernement fédéral de prendre ses responsabilités pour lutter contre la violence armée – le sujet de l’heure dans la métropole.

M. Legault a aussi annoncé qu’il tendrait mardi après-midi une conférence de presse afin d’annoncer les modalités de vaccination contre la COVID-19 pour les jeunes Québécois âgés de 5 à 11 ans.

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J’aimerais croire cela, mais la réalité c’est que Legault se dirige vers une gouvernement majoritaire avec 60% des comtés, sans avoir besoin de faire le moindre gain à Montréal.

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Il veut faire des gains dans l’est de Montréal pour continuer sa percée des précédentes élections…

Ça peut pas être un meilleur appât que ça…Le terminus actuel est dans le seul comté de la CAQ de l’île… Celui de Rouleau…

Son intention, à mon avis, C’est

Assurer la continuité de son parti après son départ…

Pas fou fou :relaxed::wink:

Le projet devrait se terminer en 2030…

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Une grande partie de la grogne provient de la population de Mercier-Est, qui fait partie du comté de Bourget, qui est représenté par la CAQ depuis 2018 (on oublie parfois que la CAQ a deux comtés sur l’île). Hors cette circonscription est tout de même à risque, puisque la CAQ a gagné grâce à une division du vote entre le PQ et Québec Solidaire.

Toutefois je ne crois pas que les intérêts soient électoraux dans cette affaire. Le gouvernement Legault est très réactionnaire face à l’opinion publique, et avec le REM de l’est il semble qu’une bonne partie de l’électorat est favorable à des changements.

Je ne crois pas qu’on aura une ligne souterraine dans le centre-sud, mais dans Mercier-Est ça pourrait être une possibilité.

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L’argent pouvant être ajouté par Québec dans ce projet à des fins de bonification est disponible depuis longtemps.

  1. L’annonce survient après la campagne électorale montréalaise. On peut comprendre que Québec a voulu attendre de voir qui serait son interlocuteur pour les 4 prochaines années, et adapter sa stratégie en fonction.
  2. L’annonce est aussi pré-électorale pour la CAQ. Presque tout ce que la CAQ fait depuis le début de son mandat est électoraliste, il n’y a aucune raison que ça fasse exception. Au delà des deux comtés en question, c’est aussi une question politique globale : on ne pourra pas accuser la CAQ de ne rien faire côté transport collectif, de ne pas écouter la métropole, de ne pas promouvoir des projets ‘verts’, ou du moins plus difficilement.

Ils vont vouloir diviser l’opposition et consolider leurs acquis.

Reste que c’est une bonne nouvelle en soi, cette annonce.

Mais c’est aussi un coup dur contre la crédibilité de CDPQ, encore, car c’est un aveu que l’enjeu est uniquement financier, pas technique, peu importe ce que crie le promoteur depuis le début. Le sérieux, le professionnalisme de la CDPQ, c’est nul. Et on en arrive au constat suivant : si CDPQ demeure le promoteur du projet, ben le problème demeure entier, puisque les méthodes ne changent pas, la transparence est toujours mise à mal, et toutes les leçons positives ou constructives apprises via les exemples internationaux nous mènent à conclure que pour qu’un REM de l’Est soit un projet réussi, il faut d’abord et avant tout s’attarder aux méthodes et à la démarche.

Et ça implique qu’il faille que CDPQ soit retirée du projet.

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