REM 2 (Est de Montréal) - Projet annulé

Pourtant, ce n’est pas la première entente conclue entre le CN et CDPQ infra pour le REM. :wink:

Les deux parties avaient entre autres conclu une entente concernant le Viaduc du Sud (bâtiment-pont ferroviaire) et l’utilisation de la Gare Centrale (le 24 août 2016)… seulement 4 mois après le dévoilement du projet du REM au public.

Loin de moi de présumer quoi que ce soit ici, mais… l’ancien PDG de la CDPQ, en place lors de la présentation et le début des travaux du REM-A, Michael Sabia (pour qui j’ai d’ailleurs un grand respect), avait également occupé divers postes de direction au Canadian National au cours des années 1990. :zipper_mouth_face:

Sabia held a number of executive positions at Canadian National Railway during the 1990s, including the position of chief financial officer.

https://en.m.wikipedia.org/wiki/Michael_Sabia

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Quelqu’un en provenance de l’Est devra faire un détour entre 5 et 10 minutes pour se rendre à la ligne verte, bleue ou sur la branche Nord. Pareil pour la station Labelle. Je ne suis pas sure si c’est ton point, mais la façon qu’elle est prévue, il faudra marcher 5 minutes pour se rendre à la ligne orange et 10 min pour la ligne jaune. Peut-être qu’il faudra marcher dehors l’hiver pour faire le transfer jusqu’à ce qu’ils annoncent le contraire.

Le CDPQ met pas assez d’importance sur l’intermodalité et la connexion. Un détour de 5 ou 10 minutes ça ne parait pas beaucoup mais ça décourage les usagés à utiliser le transport en commun. S’ils auront plus d’un transfer à faire ils vont simplement utilisé la voiture.

Il reste encore beaucoup de questions à répondre pour que ce projet aie l’acceptabilité sociale. C’est encore loin d’être de première classe. Un transfer en saut-de-mouton ça serait déjà un positif pour l’Est, mais selon moi c’est encore la partie sur Rénée-Lévesque qui soulève le plus de questions.

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Reportage radio à l’émission Le 15-18 aujourd’hui

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Texte d’opinion de Marc-André Carignan dans La Presse ce matin

Nouveau tracé du REM de l’Est

La fausse bonne idée

Marc-André Carignan
Chroniqueur en aménagement urbain et lauréat du prix Frederick-Todd

La force d’un réseau de transports en commun repose sur plusieurs critères : la qualité de son service, son accessibilité, son déploiement et, comme son nom l’indique, sur le fait d’être… un réseau !

Plus les connexions se font avec rapidité et efficience entre les systèmes sur rails (tramway, train…), le réseau routier (autobus, voies réservées…) et les modes de transport actif (vélo, marche, trottinette…), plus ce réseau devient attractif pour les citoyens. Plus on a de chance de voir un transfert modal, c’est-à-dire d’inciter des automobilistes à utiliser un autre mode de transport.

Or, les changements que vient d’annoncer la Caisse de dépôt pour son REM de l’Est, dans le secteur de Mercier, vont exactement dans le sens contraire. Alors que la branche Nord sera connectée à la ligne verte du métro via la station L’Assomption, on propose maintenant de déconnecter la branche Est afin de déplacer une portion du tracé vers une emprise ferroviaire existante qui longe les avenues Souligny et Dubuisson.

On laisse ainsi tomber la connexion avec notre système souterrain pour les quartiers à l’est du Stade olympique, où certaines stations de métro sont encore sous-utilisées.

Résultat : on élimine des options de transport pour les usagers et on isole le REM plutôt que de développer une vision d’ensemble pour mieux servir les citoyens, qui n’ont pas uniquement le besoin de se rendre au centre-ville. Cette « déconnexion » du métro risque d’ailleurs d’avoir un effet collatéral : celui de diminuer le financement de la Société de transport de Montréal (STM) par effet de cannibalisation de la clientèle.

Au service d’un modèle d’affaires

Remarquez que ce n’est pas le rôle de la Caisse d’élaborer une vision cohérente avec les infrastructures existantes, mais bien celui de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM)… qui aurait probablement dû, à la base, piloter ce dossier. Ou du moins, être davantage impliquée dans le développement du projet. La Caisse, elle, pense avant tout à son modèle d’affaires, basé sur la profitabilité. Transférer des usagers sur des réseaux complémentaires nuit à sa rentabilité, surtout lorsqu’on reçoit une contribution par kilomètre parcouru par ses clients…

Ce changement de tracé dans l’Est est d’autant plus discutable pour les résidants de Mercier, qui verront s’aggraver une fracture urbaine qui fait déjà mal au secteur depuis plusieurs années.

Quiconque ayant circulé dans le quartier a constaté que l’emprise ferroviaire du Canadien National (CN) rend hasardeux les déplacements nord-sud, en plus de créer deux solitudes de chaque côté des rails. Les voitures doivent se synchroniser de façon fastidieuse pour traverser à certaines intersections, rendant la vie plutôt difficile aux piétons et aux cyclistes.

Et comme si ce n’était pas suffisant, cette cicatrice urbaine sera amplifiée par les voies aériennes du REM, qui atteindront de « 10 à 12 mètres de haut » à proximité d’immeubles résidentiels de faible hauteur. Sans compter les nuisances sonores que généreront les trains de la Caisse. Si les résidants du coin sont déjà habitués aux bruits provoqués par les trains de marchandises, le REM n’est pas comparable avec une fréquence des passages qui sera beaucoup plus élevée.

Et là, je vous épargne les enjeux de sécurité sous la structure et la propreté des lieux. Les graffiteurs seront inévitablement séduits par les futurs piliers de béton du REM, qui s’enchaîneront à perte de vue.

Pas surprenant d’ailleurs de constater que les citoyens du secteur ont réservé un accueil très mitigé à cette annonce de la Caisse. Plusieurs d’entre eux espèrent toujours voir un REM souterrain dans leur quartier dans l’espoir de préserver leur qualité de vie.

Bref, plus le projet progresse, plus on se demande s’il est souhaitable pour la métropole. En plus de mettre en péril des milieux de vie et le paysage urbain, le modèle d’affaires établi coûtera très cher aux Québécois, tout en venant cannibaliser les réseaux de transport actuels. Cela en vaut-il vraiment la chandelle collectivement ?

https://plus.lapresse.ca/screens/f9de7bf1-c69d-429f-9201-b86efe8baad2__7C___0.html

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Je trouve qu’il y va quand même fort avec les fractures urbaines et les deux solitudes. Certes, c’est un large espace vide qui crée une démarcation, mais c’est aussi un chemin de fer très peu actif et qui a très peu d’impact sur la démarcation du quartier. Je suis pas mal certain que les gens qui habitent près du parc Bellerive ne vivent pas le stigmate de vivre “l’autre côté de la track” et que personne qui habite près de Sherbrooke ne voit une journée au bord de l’eau comme un voyage dans un autre monde.

C’est encore un message qui semble avancer l’idée que toute forme de train surélevé est nécessairement mauvaise et apporte trop d’inconvénients. Pourtant, autant on peut se dire que ça n’a pas sa place sur René-Lévesque ou Sherbrooke Est, autant cette emprise est pas mal idéale pour ça. C’est assez large pour envisager de quoi qui ne couvrira pas la rue en entier d’ombre et ça n’occupera pas tout l’horizon. C’est assez loin du centre pour se dire que ça ne sera pas automatiquement un “abri à drogués et criminels” comme les gens ont si peur avec tout espace couvert. Et c’est une opportunité de justement réparer cette grosse cicatrice laissée par le chemin de fer et les projets d’autoroute en créant des points focaux de quartier aux stations et en aménageant le dessous en un magnifique parc semi-couvert pour remplacer la grosse friche moche qu’il y a en ce moment, en lien avec ce qu’on a fait de cette emprise à Pointe-aux-Trembles.

Le point faible de cette emprise, c’est sa connectivité. C’est certain qu’on doit s’assurer que ce soit bien fait tout de même, mais le reste des arguments soulevés relèvent de la peur et de la méconnaissance de ce genre de système.

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Grâce à l’outil trouvé par ScarletCoral… je me suis amusé.



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Je crois bien que M. C. Auger ne se magasine pas une invitation à l’inauguration du REM (de l’Est)… :roll_eyes:

CHRONIQUES

REM – Un petit changement de rien du tout


PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE | CDPQ Infra abandonne son projet de connexion entre le REM et la ligne verte du métro au terminus est de celle-ci, la station Honoré-Beaugrand.

Au début, ça pouvait avoir l’air d’un petit changement de rien du tout. Une modification du trajet sur 4 km du Réseau express métropolitain (REM) de l’Est pour mieux servir Tétreaultville et éviter la rue Sherbrooke Est. Jusque-là, rien à redire.

30 janvier 2022 | Publié à 6h00 | MICHEL C. AUGER | COLLABORATION SPÉCIALE

Mais ce que CDPQ Infra – la filiale de la Caisse de dépôt et placement qui construit le REM – n’a jamais pris soin de dire tout haut, c’est que cela signifiait l’abandon de la connexion entre le REM et la ligne verte du métro au terminus est de celle-ci, la station Honoré-Beaugrand.

Une des trop rares connexions avec le réseau existant de transports en commun disparaissait sans explication, et CDPQ Infra ne prenait même pas soin de le mentionner. Ce qui en dit long sur sa longue tradition de transparence, mais c’est un autre débat.

L’abandon de cette connexion signifie pour les usagers des transports en commun de l’est de Montréal une perte de commodité et l’obligation de se rendre au centre-ville à bord des voitures du REM, nous verrons plus tard pourquoi.

Bien des édifices et des services sont directement reliés au métro, mais pas au REM. Si vous voulez vous rendre de Pointe-aux-Trembles à la Grande Bibliothèque, à l’UQAM, à la Place des Arts ou à n’importe quel endroit situé plus à l’ouest, l’accès ne sera plus direct. Il faudra quitter le REM et sa station en hauteur et marcher quelques centaines de mètres à l’extérieur.

On appelle ça une rupture de charge. Toujours à éviter puisque cela réduit l’attractivité des transports en commun. C’est une commodité essentielle que l’on enlève aux usagers : ils ne seront plus dans un réseau avec des interconnexions, mais dans une sorte de sens unique.

Pourquoi CDPQ Infra fait-elle cela ? Parce que le modèle d’affaires du REM l’incite à garder le plus longtemps possible ses passagers à l’intérieur de ses voitures, même si un changement de transporteur aurait été plus simple pour eux.

On n’a pas encore négocié la redevance que recevra CDPQ Infra pour le REM de l’Est, mais pour celui de l’Ouest, ce sera 72 cents par passager-kilomètre.

Ce modèle d’affaires fait en sorte que la Caisse recevra beaucoup plus d’argent si les usagers restent à bord du REM pour une plus longue partie de leur trajet, sans égard à ce qui serait le plus pratique pour eux.

Abandonner la connexion à Honoré-Beaugrand, c’est obliger les passagers à rester dans le REM jusqu’au centre-ville, sans égard à ce qu’ils préféreraient comme service.

On peut même se demander pourquoi le REM se rend au centre-ville puisque le métro le fait déjà.

Le REM de l’Est aura bien deux autres stations de connexion avec le métro, à Assomption (ligne verte) et à Lacordaire (ligne bleue en construction). Mais ces deux stations sont situées sur l’axe nord-sud du REM, cette antenne qui suit le boulevard Lacordaire avant de se rendre à Montréal-Nord.

Ces deux stations vont, dans les faits, permettre d’ajouter des passagers au REM depuis le métro, contrairement à Honoré-Beaugrand qui lui en aurait soustrait.

Bref, tout est à l’avantage de la Caisse. Le métro de Montréal, qui reste la colonne vertébrale des transports en commun à Montréal, est traité comme un concurrent à qui on veut enlever des parts de marché. Ce qui n’est justement pas la logique de ce qui devrait être un réseau intégré de transports en commun.

Cela arrive au moment où la Société de transport de Montréal (STM) se retrouve dans une « situation financière critique » et a besoin d’une nouvelle structure de financement, dit son directeur général, Luc Tremblay, qui quittera la société dans quelques semaines.

Parmi les facteurs qui pourraient rendre la situation de la STM encore plus critique, il y a justement tous les avantages qu’on a consentis au REM en matière d’expropriation et de rabattement des lignes d’autobus vers ses stations. Depuis le début de ce projet, tout se passe comme si on voulait, à Québec, que le REM réussisse et qu’on ne serait pas fâché de voir une STM affaiblie.

Mais un de ces jours, la Caisse devra présenter un bilan, elle qui se vantait au début du projet de toujours être « dans les temps et dans les budgets ».

Or, pour ne parler que du REM de l’Ouest, le projet ne sera finalisé qu’à la fin de 2024 au lieu de 2022 – plus de huit ans après l’annonce initiale.

Pour l’instant, on estime les dépassements de coûts à environ 30 %. Cela alors que plus de la moitié du trajet (39 des 67 kilomètres) se composait déjà d’emprises de transports en commun existantes – comme la ligne de chemin de fer de Deux-Montagnes ou la voie réservée pour les autobus au milieu de l’autoroute 10.

C’est à ce promoteur que le gouvernement du Québec fait toujours confiance, même quand viendra le temps de planter ses horribles pylônes – fussent-ils plus jolis – de béton dans le boulevard René-Lévesque.

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Ne me prenez pas à tort, je crois qu’il y aura effectivement des problèmes à mitiger face à l’intégration urbaine de la structure le long de Souligny, mais à entendre les gens interviewés dans le reportage je pense qu’on a aussi une grosse job à faire à corriger les idées préconçues des résidants dans le secteur.

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Le tronçon continu le plus long que je vois le long de la rue Dubuisson est entre le boulevard Pierre Bernard et l’avenue Hector. J’imagine que c’est là que la caisse sous-entendait qu’elle pourrait faire rouler le REM au niveau du sol? Pour le reste, je me demande qu’elles sont les chances de pouvoir le placer en talus au lieu de le mettre sur pilotis.

Pour la portion René Lévesque, je me demande si la ville considère convertir toute la portion sud du boulevard en un énorme trottoir avec une prolongation de la piste cyclable jusqu’au REV Peel. Je ne connais pas les contraintes de construction, mais j’imagine qu’avec cette emprise élargie, la mezzanine des stations pourrait être au niveau du sol, ce qu’il limiterait leur hauteur totale. La ville, quand à elle pourrait travailler sur un plan de programmation pour ce nouvel espace piéton.

Du côté nord, il resterait encore deux voies de circulation par direction, pour autant qu’on se décide enfin à abolir de façon permanente les places de stationnement sur cette artère.

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Il faut garder des voies pour les autobuses express.

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Why would “express” buses be needed underneath a metro line?

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Frequent or all day service isn’t necessary, but the infra is really convenient in case of service interruption or stations closing for renovations. But yeah, since the green and B lines work as their respective relief line, it wouldn’t be as useful.

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There’s a lot of bus service onto René-Levesque from areas inaccessible to the Métro, in particular to Parc, Côte-des-Neiges, NDG, and peak hour EXO buses from the Mercier bridge, so that those who need to access the downtown core don’t need to go out of their way for a roundabout Métro transfer or a short 1-2 stop connection.

If the REM continued west to at least Atwater, preferably Vendôme, I’d agree that the additional road capacity to keep buses rapid would not be required, that a transfer to the REM would be easy enough. Stopping at Gare Central however is very inconvenient to the west.

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C’est ce que je me dis depuis le tout début. Le côté sud est celui qui a le moins de résidences riveraines, surtout dans le centre-sud. C’est aussi une façon de verdir l’endroit et, si c’est bien intégré, d’effacer un peu la coupure du Faubourg.

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Ce serait tellement génial!

Peu importe qu’on se retrouve avec un métro en aérien, en souterrain ou un tramway, je pense que c’est une idée qu’on devrait considérer pour améliorer le convivialité du boulevard. Avec l’autoroute Ville-Marie tout juste au sud, j’imagine difficilement que ça puisse avoir un impact notable sur la mobilité des automobilistes du secteur.

En ce qui concerne les voies réservées pour bus, la portion nord du boulevard fait un minimum de quatre voies de large, soit assez pour une voie réservée et une voie de circulation normale.

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Voila… En toute honnêteté je ne crois pas que la Caisse acceptera de mettre d’autres portions de la ligne en souterrain au centre-ville, alors la meilleure solution devant cet état de fait ce serait de créer un corridor vert dans la moitié sud du boulevard.

Dans Centre-Sud il n’y a pratiquement jamais de circulation. Les seules fois où j’ai vu du traffic sur René-Lévesque, c’est lorsqu’un des ponts vers la rive-sud est fermé et que beaucoup de monde se rabattent sur Jacques-Cartier.

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To be fair, j’habite le secteur et je vois régulièrement du trafic en direction est sur l’heure de point de l’après-midi, quoi que ce n’est pas aussi intense que Ontario. La quasi totalité n’est que du trafic de transit pour rejoindre le pont Jacques-Cartier ou l’est de Montréal, toutes deux des destinations accessibles à partir de Saint-Antoine et Notre-Dame/A720.

Peut être plus près de Papineau, mais j’habite au coin de Wolfe et il n’y en a tout simplement jamais…

On voit le même trafic alors. Sur Beaudry, je le remarque principalement quand je vois que les bus 150, 410, 445 et 430 peuvent mettre plus de 5 minutes pour passer de Atateken à Panet quand ça devrait prendre 30 secondes.

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Sol argileux dans le secteur de Souligny

Texte intégral

Nouveau tracé du REM de l’Est
#« Une catastrophe pour notre quartier »


PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE
Les résidants de Tétreaultville Marc-André Dinelle, Justin Addison et Fanny Beaudry-Potvin, devant ce qui deviendra une une portion du tracé du REM de l’Est

Des résidants de l’est de Montréal craignent le pire pour leurs résidences, déjà aux prises avec des problèmes de fissures, si le chantier du Réseau express métropolitain (REM) est déplacé comme prévu près de l’avenue Souligny, dans Tétreaultville. Si Montréal se dit impuissant devant cette situation, CDPQ Infra assure de son côté que la question des vibrations sera prise en compte.

Publié à 5h00
HENRI OUELLETTE-VÉZINA
LA PRESSE

« Le REM va être une catastrophe pour notre quartier. Si on n’agit pas avant, le gouvernement et la Ville vont devoir garrocher de l’argent à longueur de temps dans Tétreaultville », fustige Justin Addison, un résidant de la rue Taillon, qui habite tout près d’où passera le nouveau tracé.

Une entente a été annoncée la semaine dernière entre CDPQ Infra et le Canadien National (CN) pour l’utilisation d’une partie de l’emprise ferroviaire entre les avenues Souligny et Dubuisson, dans Tétreaultville. Cela signifie qu’une portion aérienne de quatre kilomètres du REM de l’Est sera déplacée et ne passera finalement plus par la rue Sherbrooke Est, écartant ainsi la possibilité de connexion avec la ligne verte du métro et la station Honoré-Beaugrand.

Fissures et sols argileux

S’il soulage les résidants de la rue Sherbrooke, ce changement de tracé inquiète ceux de Tétreaultville, où les problèmes de fissures et la réalité des sols argileux sont déjà « très préoccupants », disent-ils. Plusieurs voisins ont découvert par dizaines des fissures sur les murs de leurs bâtiments. Une page Facebook, les Sinistrés de Tétreaultville, a été mise sur pied récemment. D’après la Ville, ce phénomène serait principalement attribuable aux changements climatiques et à la sécheresse estivale, surtout pour les maisons reposant sur des sols argileux qui requièrent certains travaux d’entretien. Mais pour les citoyens, ces fissures sont aussi le résultat des vibrations engendrées par les chantiers environnants, dont celui du projet immobilier des Cours Bellerive.

L’automne dernier, puis cet hiver, des citoyens ont mandaté eux-mêmes un ingénieur en structure du bâtiment qui leur a confirmé que les machineries peuvent causer des dommages liés à la vibration. Cet ingénieur n’a toutefois pas souhaité commenter publiquement le dossier. « Je peux vous dire qu’il a montré des signes d’inquiétude. On ne nie pas que les changements climatiques jouent là-dedans, mais on pense que c’est plus large », lance Marc-André Dinelle, qui demeure avenue Meese.

« Les risques sont là »

MM. Addison et Dinelle disent avoir eu les « jambes sciées » lorsqu’ils ont appris, la semaine dernière, qu’une portion du REM de l’Est serait déplacée dans leur quartier, tout près de leurs résidences. « Si des projets somme toute modestes amènent déjà leur lot phénoménal de problématiques sur nos bâtiments, pouvez-vous imaginer ce que ça sera avec le REM ? C’est majeur pour nous. On parle déjà de réparations requises entre 35 000 $ et 100 000 $ », insiste M. Addison. Il affirme que plusieurs centaines de foyers pourraient être affectés par ces vibrations supplémentaires.

On est plus qu’inquiets. Les vibrations du chantier du REM vont avoir un impact majeur sur nos maisons, surtout considérant l’état de nos sols. Ça stresse beaucoup, beaucoup de monde.

— Marc-André Dinelle, résidant de Tétreaultville

« C’est vraiment préoccupant », insiste Fanny Beaudry-Potvin, géomètre de formation, qui habite aussi avenue Meese. « On a beau être sur des fondations profondes, les risques sont là. On ne comprend pas pourquoi les autorités n’agissent pas, surtout que ces problèmes ne datent pas d’hier », affirme-t-elle.

Pour le professeur Alfred Jaouich, du département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM, il est évident que des « risques » existent à l’arrivée d’un chantier comme le REM dans un contexte de sols argileux. « Ça peut créer des glissements de terrain et toutes sortes de situations problématiques, surtout s’ils remettent encore plus de poids sur les talus. Il faudra faire des études géotechniques et faire évaluer le type d’argile, ou encore leur tenue en eau », prévient-il. « On ne peut pas construire sans évaluer un type de sol, ce qui est malheureusement souvent le cas. J’espère vraiment que la nature du sol va être bien identifiée », ajoute M. Jaouich.


PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Virginie Cousineau, directrice des affaires publiques de CDPQ Infra

« Questionnements légitimes »

Chez CDPQ Infra, la directrice des affaires publiques, Virginie Cousineau, affirme être au fait des préoccupations entourant les vibrations, mais aussi les poussières et le bruit qui seront engendrés par le chantier. « Les questionnements des citoyens sont légitimes. Nous prendrons le temps d’y répondre dans le cadre des rencontres que nous tiendrons prochainement », assure-t-elle, soulignant « que nos projets se réaliseront dans un cadre réglementaire strict faisant l’objet d’un décret environnemental du gouvernement » et d’un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Son groupe dit « être à mener une étude d’impact sur l’environnement qui documentera la qualité des sols géotechniques et qui va inclure l’axe Souligny ».

Si on est situés à proximité de la résidence, on va installer des sismographes pour nous permettre de suivre en tout temps le niveau de vibrations chez les riverains, et moduler nos techniques de construction. Notre cadre est très strict.

— Virginie Cousineau, directrice des affaires publiques de CDPQ Infra

Aux citoyens qui craignent de ne pas être entendus, CDPQ Infra assure qu’elle les écoutera. « Le risque de tomber dans une faille est très faible, voire impossible », dit la porte-parole, qui précise toutefois qu’en cas de besoin, des mécanismes de dédommagement seront appliqués auprès des citoyens touchés.

Le député caquiste de Bourget, Richard Campeau, lui, indique qu’il est « au fait qu’il y a dans le secteur privilégié pour ce nouveau tracé des préoccupations concernant les vibrations ». « Je vous assure que CDPQ Infra est bien au fait des enjeux de sol que l’on a dans Tétreaultville et y portera une attention particulière », soutient-il, réitérant que des consultations auront lieu prochainement.


PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE
Pierre Lessard-Blais, maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

« Manque de transparence »

Pendant qu’à Toronto, une réglementation encadre déjà le concept de vibrations entourant les chantiers, Montréal dit de son côté se trouver dans un vide juridique. « La loi ne nous permet pas de légiférer sur les vibrations. On ne peut pas réglementer. Et de toute façon, on n’a pas les ressources pour le faire », dit le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais.

« On comprend les inquiétudes très légitimes des citoyens. Ce qu’on tente de faire, c’est de dresser un portrait des cas de fissures et d’affaissements du sol, pour inciter Québec à se pencher là-dessus, et avoir une réflexion plus large », ajoute l’élu, qui a participé à une rencontre sur le sujet récemment.

Il dénonce aussi le « manque de transparence » de CDPQ Infra.

S’ils créaient des vrais liens avec les arrondissements, comme on le demande depuis longtemps, on n’en serait pas là.

— Pierre Lessard-Blais, maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

« La modification du tracé nous a été annoncée la veille. C’est un peu leur manière de fonctionner. Ce qu’on vit à Tétreaultville, c’est un autre exemple. On ne sent pas que les scénarios sont partagés avec le public, alors qu’ils ont un impact majeur sur leur vie », déplore-t-il. « Tous les scénarios de tracé et d’implantation doivent être analysés, avec leur impact sur la qualité de vie des gens et leurs coûts. Et après, s’il y a un manque sur la facture, ce sera à Québec d’allonger l’argent », persiste le maire.

DE NOMBREUX OBSTACLES

  • Mars 2021 : La majorité des sept membres du comité sur l’intégration urbaine du REM de l’Ouest disent avoir l’impression de ne pas avoir pu se prononcer sur des éléments importants du projet.

  • Septembre 2021 : Une étude révèle que la construction d’un tunnel de 5 km pour faire passer le REM de l’Est sous le centre-ville serait techniquement « réalisable ». CDPQ Infra maintient que cette option demeure trop risquée, convenant toutefois de creuser un tunnel de 500 m entre l’Est et le centre-ville de Montréal.

  • Novembre 2021 : « Ce projet-là doit être modifié », affirme le premier ministre du Québec, François Legault, à propos du REM de l’Est, en réponse à une nouvelle manifestation qui s’était tenue contre ces structures en hauteur, alors qu’il visite la mairesse Valérie Plante, fraîchement réélue. « On doit en faire beaucoup plus pour rendre le REM de l’Est plus acceptable », insiste M. Legault.

  • Janvier 2022 : La Presse révèle que deux explosions imprévues ont secoué le chantier du REM de l’Ouest à l’été 2021**.** CDPQ Infra annonce aussi que le premier tronçon du REM, sur la Rive-Sud de Montréal, ne sera finalement pas prêt pour le printemps ou l’été 2022. Il est reporté à l’automne, en raison de la COVID-19.

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