Halloween 2025 d’après Ygreck :
Une voie de passage avec les médecins
Stéphanie Grammond La Presse
Fermez les yeux. Inspirez profondément par le nez. Retenez votre souffle quelques secondes. Puis expirez longuement…
Publié à 5 h 00
Face à la colère déclenchée par la réforme de la rémunération des médecins, tout le monde a avantage à faire baisser la tension.
Quelle triste semaine.
Un projet de loi adopté sous bâillon. Des médecins en plein désarroi. Le premier ministre ontarien qui jette de l’huile sur le feu en essayant d’attirer nos docteurs. Composez 1 800 Doug Ford !
Pendant ce temps, la Coalition avenir Québec (CAQ) poursuit son implosion avec la démission du ministre Lionel Carmant. Et voilà que les étudiants en médecine menacent de faire la grève à leur tour.
Le Québec s’enfonce dans une spirale malsaine qui risque de nuire aux patients. Il est urgent de trouver une voie de passage pour résoudre la crise.
En restant inflexible, la CAQ est en train de torpiller sa propre réforme. Et le ministre de la Santé Christian Dubé, un des rares caquistes encore crédibles, pourrait bousiller sa sortie politique en voulant « casser » les syndicats de médecins à tout prix.
Il est encore temps d’ajuster le tir.
Mais les fédérations médicales doivent aussi fournir leur part d’efforts pour calmer le jeu. En répétant dans leur publicité que les médecins se font traiter de « paresseux », elles utilisent une rhétorique qui alimente les préjugés qu’elles disent vouloir combattre.
Disons-le, la loi 2 comporte des aspects qui sont essentiels à l’amélioration du système de santé. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
Par exemple, la rémunération par capitation est la voie de l’avenir pour les médecins de famille. Elle prévoit un paiement forfaitaire pour la prise en charge des patients, ce qui favorise le travail d’équipe multidisciplinaire. Le gouvernement veut aussi récupérer son droit de gérance sur les médecins, afin d’assurer une meilleure intégration avec l’ensemble du réseau.
Pour dénouer l’impasse, il faut prendre un pas de recul.
Au lieu de lancer sa réforme dès avril prochain, Québec pourrait déployer son projet par étapes. Cela donnerait aux médecins la période de transition essentielle pour adapter leur pratique au nouveau mode de rémunération.
Aussi, le gouvernement pourrait temporairement mettre en veilleuse le fameux 15 % de rémunération liée à des objectifs de performance qui fait tellement rager les médecins.
Ce n’est pas qu’une telle rémunération variable soit déraisonnable. Au contraire, c’est monnaie courante dans le secteur privé où une partie de salaire dépend de différents facteurs (profits, cours de l’action, satisfaction des clients, etc.).
Mais dans le cas des médecins, les experts estiment qu’il serait plus judicieux d’instaurer des cibles en fonction des résultats pour les patients, plutôt que du volume de soins.
Si le gouvernement et les fédérations médicales se donnaient le temps de coconstruire des cibles robustes, quitte à commencer par un projet pilote ?
Les médecins découvriraient qu’ils peuvent être financièrement gagnants de la réforme, en prenant en charge davantage de patients vulnérables, en déléguant des cas à d’autres soignants (physio, infirmière, etc.). Mais pour cela, encore faut-il que les ressources soient à leur disposition.
La loi laisse la porte ouverte à la négociation. Pourquoi ne pas prendre une grande respiration et recommencer à se parler ? En laissant les ego au vestiaire…
https://www.lapresse.ca/actualites/editoriaux/2025-11-01/une-voie-de-passage-avec-les-medecins.php
Finalement, l’ouragan était venteux
Paul Journet La Presse
Publié à 6 h 00
On ne peut jamais vraiment se préparer à affronter un ouragan. Les bulletins météo annoncent ce qui vient. Malgré tout, l’expérience est un choc. Parce qu’on ne peut pas la comprendre tant qu’on ne l’a pas ressentie.
C’est un peu comme cela que le gouvernement caquiste a dû vivre les lendemains de sa loi spéciale. Menaces d’exode des médecins, désaveu d’experts, trahison de Doug Ford, démission du ministre Lionel Carmant : grosse semaine au bureau…
Pourtant, la tempête était prévisible. François Legault l’avait lui-même annoncée à plusieurs reprises.
Le 11 septembre, lors du remaniement ministériel, il promettait de « mettre [ses] culottes ». Le modèle québécois étouffe dans sa « camisole de force ». Dans son collimateur, il y avait entre autres les médecins. Et il jurait être « prêt à se battre ».
Difficile de dire dans quel film de Rocky on se trouve. Mais chose certaine, dans le coin du héros, on a perdu le décompte des coups encaissés.
Depuis des années, M. Legault parle d’utiliser sa « réserve de courage » pour affronter les syndicats et autres forces de l’inertie, selon lui.
Bien sûr, le premier ministre lisait dans les sondages que sa croisade pourrait être populaire1. Mais cette consultation restait théorique. Elle s’appuyait sur l’hypothèse d’une loi qui forcerait les médecins à être plus « productifs ». Or, on est maintenant dans la pratique. Et on apprend jusqu’où ira le gouvernement : des ententes passées sont annulées, et celles à venir pourront être imposées.
Québec y voit un moyen nécessaire pour orienter le travail des médecins, en fonction des intérêts des patients. Mais pour être accepté, un tel pouvoir exige une rare confiance. M. Legault l’a perdue dans les derniers mois, s’il l’a déjà eue.
En mars 2023, M. Legault annonçait vouloir profiter de sa popularité pour s’attaquer aux syndicats et aux gestionnaires en santé et en éducation.
Cette fois, le rapport de force a changé. Il est tombé de haut, et très bas. Près de 75 % des sondés souhaitent qu’il ne se présente pas aux prochaines élections.
Cela le rend dangereux, pour différentes raisons.
Le chef caquiste n’a plus rien à perdre. Selon le site Qc125, si l’élection se déroulait aujourd’hui, son parti serait rayé de la carte. Il se sent libéré. Il lui reste 10 mois au pouvoir pour faire ce qu’il veut. Du moins, s’il réussit à finir son mandat.
Le mois dernier, La Presse révélait des fissures à la CAQ. Des militants réclament pour la première fois le départ du chef. Ces voix demeurent minoritaires, voire marginales. Mais quand une vaguelette monte, on ne sait jamais jusqu’où elle ira.
Un coup dur est venu avec la démission de Lionel Carmant. C’était le seul médecin du gouvernement, et il était ministre délégué à la Santé. François Legault et Christian Dubé espèrent que les médecins prendront le temps d’examiner froidement la loi, mais M. Carmant a fait ce travail, et il n’a pas été convaincu. Il s’en va malgré son amitié pour M. Legault, sans motivation personnelle à part celle d’écouter sa conscience.
Le message est dévastateur. D’ailleurs, aucun expert en administration de la santé n’a appuyé la réforme Dubé-Legault.
M. Legault répète qu’aucun parti n’a osé changer le mode de rémunération des médecins. En fait, avant l’élection de la CAQ, les omnipraticiens étaient déjà payés en partie par capitation, et ils sont d’accord pour que cette portion augmente. Le conflit porte sur le type de cibles à imposer et sur les pénalités.
M. Legault a toujours cru aux incitatifs financiers et aux menaces. En santé et en éducation, il voulait pouvoir congédier les gestionnaires moins performants. Il reproduit cette approche avec les soignants. Des chercheurs l’ont toutefois prévenu que cette logique s’appliquait mal au travail des médecins.
Le premier ministre est sincèrement convaincu d’avoir raison. M. Dubé aussi. Cela explique pourquoi ils continuent de se battre. Mais le courage consiste parfois à changer d’idée. Sinon, il peut ressembler à de l’entêtement.
Le premier ministre de l’Ontario Doug Ford a manqué d’élégance en invitant les médecins québécois à s’installer chez lui. Reste que ce n’est pas lui qui leur a donné envie de partir.
Sa sortie montre que des politiciens n’ont plus intérêt à s’associer à M. Legault. Qui d’autre fait ce calcul ?
Dans le caucus caquiste, les derniers jours rendront encore plus nerveux les députés qui craignent que le chef les conduise au naufrage. Même les plus loyaux constatent une ambiance de désordre.
Les fédérations médicales continuent avec le gouvernement leur jeu de chicken. Personne ne veut faire le premier pas menant à une sortie de crise. Quelques semaines seront probablement requises pour que le calme revienne. Mais on peut se demander si les médecins n’espèrent pas que le temps les rapproche d’un changement d’interlocuteur.
Pour l’instant, à travers cette tempête, il ne se dégage qu’une impression de désordre, et je ne vois pas qui au Québec en profite.
1. Lisez « Moyens de pression des médecins : les ennemis utiles »
https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2025-11-01/finalement-l-ouragan-etait-venteux.php
La députée de Laporte (St-Lambert / Greenfield Park) Isabelle Poulet siégera comme indépendante. La CAQ l’a expulsée parce qu’elle a exploré l’idée de passer au PLQ.
source RDI
Avec la source ![]()
J’ai entendu la saga rocambolesque à la radio.
Bref, elle a essayé de se magasiner un autre parti. Rodriguez l’a stoolée, car il pense que le PLQ pourrait reprendre cette circonscription avec un candidat vedette ![]()
Elle a été naïve d’avoir annulé sa conférence de presse ce matin. C’était trop tard à ce moment là pour reculer.
L’«effet» Catherine Fournier
Plusieurs commencent d’ailleurs à l’imaginer devenir un jour première ministre du Québec. Qui sait?
Au micro de Patrick Lagacé au 98.5 il y a quelques jours, Luc Ferrandez avait posé la même question.
Entrevue avec Lucien Bouchard Christian Dubé « va encore tout faire pour bloquer un règlement »
(Québec) Québec et les médecins spécialistes sont passés tout près de s’entendre à deux reprises, alors que le gouvernement Legault acceptait d’abandonner les sanctions pour privilégier des mesures d’incitation à l’atteinte de cibles de performance, révèle Lucien Bouchard. Mais chaque fois, c’est Christian Dubé qui a fait capoter la négociation, selon l’ex-premier ministre.
Publié à 5 h 00
Fanny Lévesque La Presse
En entrevue avec La Presse, le négociateur en chef de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) lève le voile sur les derniers mois de négociation avec le gouvernement.
Devant un ministre de la Santé qui « va encore tout faire pour bloquer un règlement », Lucien Bouchard fixe ses conditions pour reprendre la négociation : Québec doit suspendre la loi 2 et le premier ministre François Legault doit fournir « des garanties » sur le sérieux de la main tendue mardi par la présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau. « Chat échaudé craint l’eau froide », laisse tomber le négociateur des grandes occasions. M. Bouchard livre sa version de ce qui s’est passé dans les coulisses de la négociation avec le gouvernement, un processus traditionnellement hermétique.
Selon son récit, la FMSQ et le gouvernement Legault sont venus près d’un règlement à deux reprises. D’abord à la mi-août, puis pendant le processus de médiation en octobre. Or, le gouvernement a fait des « volte-face incroyables », relate M. Bouchard.
Discussions durant l’été
Québec demande que l’accent soit mis sur le rattrapage en chirurgie, l’accès à la médecine spécialisée et la couverture en région. Entre mai et la mi-juillet, « c’est intensif », raconte M. Bouchard. « On explore et on a devant nous quelqu’un qui aime ce qu’on avance », plaide-t-il.
Au point que « les sanctions punitives sortent du décor », révèle le négociateur.
On nous dit que le gouvernement est prêt à discuter en dehors [du projet de] loi 106, “à condition que vous acceptiez des engagements pour atteindre des cibles”. Le lien à établir entre la rémunération et la performance, [le gouvernement] y tient, sauf que ça ne sera pas des liens punitifs, ça va être des liens incitatifs.
Lucien Bouchard, négociateur en chef de la FMSQ
Or, tout s’effondre à la mi-août quand les négociateurs doivent faire rapport à nouveau au gouvernement.
« On nous revient le 14 août en nous disant : “On n’a rien à proposer, ça va être 106” », relate M. Bouchard, qui affirme que la rencontre a duré « cinq minutes ».
LeBel « cherchait un règlement »
Lucien Bouchard tient le ministre Christian Dubé responsable de cet échec : « Il avait autorisé la démarche […] il pensait qu’on ne pourrait pas y arriver, j’en suis convaincu, il a bloqué le dossier. Donc, on retombe à zéro après tout ce qu’on a fait », se désole-t-il.
« Le Conseil du trésor cherchait un règlement, je peux l’affirmer. [L’ex-présidente Sonia] LeBel ne voulait pas se compromettre avec une autre loi abusive, autoritaire comme celles que fait toujours adopter M. Dubé », dit M. Bouchard.
Selon M. Bouchard, le même scénario s’est produit une deuxième fois en octobre, en pleine médiation.
« Clairement, on s’enligne vers un règlement », répète M. Bouchard. Or, le 14 octobre, nouvelle « volte-face » : les négociateurs informent la FMSQ que les « sanctions monétaires, ça va rester ».
Legault doit intervenir, selon M. Bouchard
Mais François Legault doit également s’impliquer, selon M. Bouchard. « S’il y a une crise, ça devient un dossier de premier ministre […] Ce n’est pas le ministre de la Santé qui va régler ça, il va encore tout faire pour bloquer un règlement », déplore M. Bouchard. Il admet que le moment est difficile pour M. Legault, mais ce dernier, selon lui, doit convaincre son ministre de faire un pas de côté pour dénouer l’impasse.
Il demeure convaincu qu’« un règlement est possible » avec le travail fait jusqu’à présent.
« J’ai déjà fait des choses comme ça, c’est dur à faire. En politique, on a des alliés, mais on a des amis aussi, des gens avec qui on a traversé le Rubicon », illustre l’ancien premier ministre.
Selon lui, François Legault a « le sens du leadership », ce qu’il a prouvé pendant la pandémie. « Quelque part, j’ai un espoir », ajoute M. Bouchard, qui a lui-même recruté M. Legault en politique en 1998.
La caricature de Côté
Par André-Philippe Côté, Le Soleil
6 novembre 2025 à 04h00
(André-Philippe Côté/Le Soleil)
Loi 2 sur les médecins La présidente du Conseil du trésor n’écarte pas des primes plutôt que des sanctions
(Québec) La présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau, n’écarte pas d’abandonner les sanctions contre les médecins pour privilégier des incitatifs financiers à l’atteinte de cibles de performance.
Publié à 10 h 20 Mis à jour à 11 h 29
Tommy Chouinard La Presse
Fanny Lévesque La Presse
C’est précisément l’option qui était acceptée par les négociateurs gouvernementaux à la table, à deux reprises au cours des trois derniers mois, avant que le ministre de la Santé, Christian Dubé, ne fasse capoter les discussions, révélait à La Presse le négociateur en chef de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), Lucien Bouchard.
Sa version des faits n’a pas été contredite par le gouvernement jeudi. Les caquistes n’ont pas voulu présenter leur propre version ; Mme Duranceau a plaidé que « le dossier est judiciarisé » en raison de la poursuite de la FMSQ.
Sa version des faits n’a pas été contredite par le gouvernement jeudi. Les caquistes n’ont pas voulu présenter leur propre version ; Mme Duranceau a plaidé que « le dossier est judiciarisé » en raison de la poursuite de la FMSQ.
C’est tout le contraire du projet de loi 106 et, aujourd’hui, de la loi 2 qui prévoit plutôt une ponction dans l’enveloppe de rémunération des médecins, somme qui serait versée aux médecins à la condition qu’ils respectent des cibles de performance.
Lucien Bouchard a rapporté que Québec a même évoqué, cet été, la création d’un fonds de 150 millions de dollars, « de l’argent neuf qui sortirait du Trésor » et qui servirait à payer des primes pour les médecins qui atteindront les cibles.
Mme Duranceau a rappelé que son mandat est de « trouver une voie de passage ». Et ce mandat, comme elle l’a précisé cette semaine, vient du premier ministre François Legault. Quelques minutes plus tôt, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a esquivé les questions sur son rôle et sa responsabilité dans l’échec des pourparlers.
Legault doit « tasser » Dubé
Le Parti libéral du Québec demande au premier ministre de retirer Christian Dubé du dossier pour espérer une sortie de crise. « Je pense que c’est le temps que François Legault agisse comme premier ministre, tasse son mauvais ministre qui a créé cette pagaille dans le réseau », a lancé le porte-parole libéral en matière de santé, Marc Tanguay. Ce dernier ne réclame cependant pas sa démission.
Ce n’est pas sans rappeler lorsque l’ex-premier ministre Philippe Couillard a fait de même avec son ministre de l’époque, Gaétan Barrette, dans la foulée de l’adoption de lois controversées et des négociations houleuses avec les médecins spécialistes, en 2017. « C’était une nouvelle approche […] qui était plus collaborative », a admis M. Tanguay.
Les solidaires réclament le retrait complet de la loi 2 tandis que les libéraux demandent sa suspension pour s’entendre avec les fédérations médicales.
Le Parti québécois veut aussi que M. Dubé soit écarté du dossier. « C’est aussi ce que demandent les députés de la CAQ. […] C’est rare, mais je serais plutôt d’accord avec les députés de la CAQ », a piqué Joël Arseneau, faisant référence à la grogne au sein même du caucus caquiste.
« C’est regrettable parce qu’on voit que le gouvernement, et particulièrement le ministre Dubé, a voulu provoquer de toute pièce une guerre aux médecins et une crise sociale essentiellement », a ajouté le porte-parole péquiste en matière de santé en réaction aux révélations de M. Bouchard.
Ma caricature préférée cette semaine, c’est celle d’Ygreck concernant l’exclusion de la députée Isabelle Poulet de la CAQ, après avoir tenté de se joindre aux Libéraux.
Félicitations à Sol Zanetti! Quand même intéressant qu’il gagne malgré l’appui de beaucoup des ténors de QS à son adversaire Étienne Grandmont
Ça montre surtout qu’ils ont complétement abandonné de faire des gains à Montréal ce qui nous placerait dans une situation similaire à la CAQ s’ils gagnaient en 2026.
Le PQ pourrait très bien faire des gains à Montréal. QS est, malheureusement, en pleine dégringolade et le PQ a tout intérêt à récupérer les circonscriptions perdues par QS. PSPP a sa circonscription à Montréal, aussi, ce qui n’est pas négligeable.



