Politique provinciale

SkahHigh said:

Xa1992 a dit : C’est de l’arrogance rendu la… J’avais déjà peu d’affinités avec la CAQ, mais jamais je n’aurais cru qu’ils se transformeraient en Union Nationale…
Le pire, j’ai jasé avec deux députés de la CAQ l’été dernier, et ça vole pas très haut non plus. L’un d’eux disait qu’ils avaient la légitimité de faire ce qu’ils veulent, l’autre que l’économie était la chose la plus importante pour le Québec…

Je trouve carrément que leur attitude fait très amateur. Un groupe de politiciens qui n’ont jamais eu le pouvoir et qui font carrément tout ce qui peut les avantager au détriment du bien-être collectif.

On s’entend que les deux seuls avec une expérience ministérielle sont Marguerite Blais et François Legault… Mais bon, discutons de cela dans le thread politique.

je ne voulais pas mettre ça dans le fil sur la densité et l’étalement urbain car ça risque de prendre un mauvais virage linguistique.

Dans sa chronique aujourd’hui, Michel C. Auger fait un lien entre le projet de loi 96 et l’étalement urbain, car ce sont surtout les francophones qui ont quitté pour les banlieues, laissant ainsi la place aux anglophones sur l’île de Montréal.

Le projet de loi 96 ou l’art de serrer les boulons


PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Manifestation contre le projet de loi 96 à Montréal, le 14 mai

MICHEL C. AUGER
COLLABORATION SPÉCIALE
Publié à 6h00

Le projet de loi 96 va-t-il aider la cause du français au Québec ? On le verra à l’usage, mais ce n’est pas certain. Par contre, cela nous donne un éclairage assez cru sur la façon dont le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) gouverne et légifère.

Si la situation de la langue française au Québec est menacée, il aurait été normal d’en faire une étude sérieuse avant de légiférer. Et, disons-le d’entrée de jeu, 45 ans après l’adoption de la loi 101, il est bien possible qu’il soit utile ou même nécessaire de la revoir. Après tout, elle a été adoptée alors que l’internet et les réseaux sociaux n’existaient pas et on ne parlait ni de libre-échange ni de mondialisation.

Mais cela aurait pris trop de temps pour la CAQ. Il importait de présenter et d’adopter la loi avant les élections – question de pouvoir faire la campagne électorale sur le dos des partis qui « sont contre le français au Québec ». Ce qui devrait être suffisant pour une part non négligeable de l’électorat pour qui tout « ajout » à la loi 101 sera nécessairement une bonne chose.

On a donc choisi de prendre la loi 101 et de resserrer d’un quart de tour tous les boulons disponibles. Ce qui ne change rien de fondamental et qui n’aura sans doute pas d’effet réel sur la situation du français.

Mais pour avoir l’effet souhaité, il importait de serrer le plus de boulons possible pour donner l’impression qu’on a fait quelque chose pour freiner le déclin du français, mais sans donner un nouveau regard à l’ensemble du dossier. C’est le syndrome : la loi 101 ne marche pas, il faut plus de lois 101.

Sauf qu’il y aura parfois des effets carrément négatifs.

Par exemple, dans toutes les démocraties, on rebute à donner un pouvoir de perquisition et de saisie sans la permission d’un juge. Pas même pour les policiers qui luttent contre le crime organisé ou le terrorisme. Mais c’est ce que pourront faire les inspecteurs de l’Office québécois de la langue française au cas où un courriel de trop aurait été envoyé en anglais.

Dans un gouvernement normal, le ministre de la Justice aurait gentiment indiqué à son collègue que cet article de la loi n’est pas vraiment nécessaire et ne va que causer d’inutiles mauvaises perceptions. Mais voilà, le ministre de la Justice est aussi ministre responsable de la Langue française, et M. Jolin-Barrette insiste que tout cela a été monté en épingle… et l’article sera maintenu !

De même, la loi 96 ferait en sorte qu’après six mois de présence au Québec, un immigrant ne pourrait plus recevoir de services de l’État dans une autre langue que le français. Même dans un hôpital où il est quand même essentiel que la communication entre soignants et patients soit la plus limpide possible.

Tout n’est pas négatif dans cette loi. Même certaines obligations – comme les trois cours en français au collégial anglophone – ne devraient pas causer de problèmes majeurs, quoi qu’on en dise.

Mais la loi 96 nous révèle surtout quelque chose de plus profond à propos du gouvernement de la CAQ : son côté transactionnel. On semble dire : il n’y a pas de votes ou de circonscriptions pour nous dans la communauté anglophone, nous n’avons donc pas à nous soucier de ce que pense la communauté anglophone.

Ce qui donne une loi qui donne à plusieurs l’impression de faire porter à la communauté anglophone du Québec la responsabilité de l’attractivité de l’anglais – ce qui est pourtant un phénomène continental, sinon mondial.

Par contre, il y a des électeurs pour la CAQ dans les banlieues de Montréal ou de Québec, alors rien n’est trop beau. Que ce soit le troisième lien ou des autoroutes ou d’autres infrastructures qui favoriseront l’étalement urbain.

Pourtant, l’étalement urbain est une des raisons principales qui expliquent que l’anglais gagne du terrain dans les quartiers centraux de Montréal.

Au cours des 50 dernières années, de simples villages dans la couronne de Montréal sont devenus des villes de dizaines de milliers d’habitants. Ces villes comme Mirabel, Mascouche, Terrebonne, Candiac, etc. sont en grande majorité habitées de familles francophones qui, si elles étaient restées dans l’île de Montréal, en auraient totalement changé l’équilibre linguistique.

Est-ce que le gouvernement caquiste a pris quelque mesure que ce soit pour limiter l’étalement urbain ? Bien sûr que non. À long terme, ce serait le meilleur moyen d’aider le français à Montréal. Mais à court terme, un gouvernement aussi transactionnel ne fera rien qui risquerait de lui coûter des voix dans sa base électorale du 450.

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Plus ou moins le bon thread mais je croyais pertinent de partager la nouvelle. C’est triste de voir la déchéance de Boisclair au fil des ans. Il a quand même brisé un plafond de verre en tant que premier chef de parti LGBT représenté à l’Assemblée au Canada.

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3 messages ont été fusionnés à un sujet existant : Élections provinciales Québec 2022

Entrevue avec Pierre Fitzgibbon

« Le trait d’union » entre Québec et la métropole

PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD


Pierre Fitzgibbon dans son bureau du Vieux-Montréal PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Pierre Fitzgibbon, nouveau ministre responsable de la Métropole, s’apprête à faire l’argumentaire de vente le plus difficile de sa longue carrière dans les affaires : convaincre les Montréalais que le gouvernement qu’ils ont majoritairement rejeté peut travailler pour eux.

Son argument de vente, c’est d’abord le développement économique – une autre de ses responsabilités au gouvernement.

Entre une ville préoccupée par les sujets sociaux et climatiques et un gouvernement provincial particulièrement attentif à l’économie, le ministre pense qu’il est « le trait d’union », a-t-il confié à La Presse au cours de sa première entrevue officielle comme ministre responsable de la Métropole.

« Peut-être que la ville de Montréal n’a pas été aussi axée “économique” qu’on l’aurait voulu. Moi, j’amène ça », a-t-il déclaré, la semaine dernière, dans son bureau du Vieux-Montréal.

Dans sa boîte à outils, il compte sa relation avec la mairesse Valérie Plante.

Je n’irai pas dire qu’on va être un power couple, mais j’ai un très bon rapport avec elle. On est différents, mais en étant différents, on est complémentaires. Et en étant complémentaires, on va arriver plus facilement à une destination.

Pierre Fitzgibbon

Il promet de « bien représenter Montréal » autour de la table du Conseil des ministres. Même face aux demandes incessantes de la mairesse pour obtenir davantage de fonds provinciaux ? « Nous, on fait la même chose avec le fédéral, a-t-il dit, sourire en coin. Et j’ai ce rapport-là avec elle pour lui dire : à un moment donné, arrête. Le sac d’argent est là, il n’y en aura pas plus. »

« Le trafic est épouvantable »

Pierre Fitzgibbon entre dans l’adolescence quand son Ahuntsic natal est subitement relié au centre-ville grâce au tout nouveau métro, en 1967. Soudainement, « Ahuntsic n’était plus une banlieue ».

Le même électrochoc va secouer les secteurs à proximité du REM dans les prochains mois, a-t-il assuré. Au point d’accélérer les autres projets de transport sur la planche à dessin du gouvernement.

« Le REM de l’Ouest va être un catalyseur pour faire de Montréal une vraie ville de mobilité urbaine », a-t-il lancé avec l’assurance du vendeur dans la voix. « Ça va permettre d’avoir une mobilisation pour la ligne bleue, peut-être la ligne jaune, la ligne orange dont on parle, le fameux train de Lachine vers [le centre-ville de] Montréal. »


Pierre Fitzgibbon dans son bureau du Vieux-Montréal PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L’élu a vécu à Hong Kong, dont il vante le système de transport collectif. Montréal aurait dû s’inspirer de cet exemple et des autres métropoles du monde bien avant, a-t-il dit. Ce grand voyageur devant l’Éternel est persuadé que s’il avait été relié par un train rapide, l’aéroport de Mirabel serait toujours ouvert en 2022.

« Je ne pense pas qu’on réalise comment le REM va rendre les gens conscients à quel point la mobilité, le transport collectif, deviennent incontournables, dit-il. Le trafic à Montréal est épouvantable. »

Inquiétudes pour le REM de l’Est

Le REM de l’Est – que Québec et la Ville de Montréal ont repris de CDPQ Infra en mai dernier – risque aussi d’être au cœur du mandat de Pierre Fitzgibbon comme ministre responsable de la Métropole.

Il ne s’en cache pas : « C’est clair que la communauté des affaires est un peu inquiète » de l’absence de lien direct avec le centre-ville dans les derniers tracés proposés.

Entre une controversée structure aérienne au centre-ville et un pharaonique projet souterrain, François Legault a préféré mettre une croix sur le tronçon. « Une bonne décision », a estimé le ministre.

Lui-même est un résidant du Vieux-Montréal, après avoir vécu au cœur du centre-ville et à L’Île-des-Sœurs.

Un raccordement à « la ligne verte temporairement peut suffire », a-t-il dit. « Je pense qu’on peut augmenter un peu la capacité de la ligne verte. Est-ce que dans 15 ans, 20 ans, ça va être suffisant ? Probablement pas. Mais il faut commencer quelque part. »

La Rive-Nord – dont il représente une partie à l’Assemblée nationale comme député de Terrebonne – risque de voir les rames du REM arriver plus rapidement. « Partir de Terrebonne pour s’en aller au centre-ville de Montréal, ça prend de la patience, a-t-il déploré. Il faut faire de quoi. Est-ce le REM qui se rend là ? Est-ce le REM qui arrête à Repentigny et on fait une connexion avec le train de l’Est ? Tout est à l’étude. »

L’Est dans le « catalogue »

Un autre grand chantier du nouveau ministre, c’est justement l’est de Montréal.

« Il faut faire de quoi là », a-t-il synthétisé dans son style direct et sans fioritures. « Montréal est tellement performant au niveau de l’image à l’international que de pouvoir libérer des terrains dans l’est de Montréal où il y aurait de l’habitation, où il y aurait du transport collectif […], ça va permettre un développement économique. » Cette image de la ville de Montréal – joyeuse, diverse, paisible –, il la décrit d’ailleurs comme son arme principale dans ses démarchages aux quatre coins du monde.

Pour l’Est, il ne s’agira pas « d’industrie lourde, bien sûr. Ça va être de l’industrie légère ou du service ».

Il l’avoue candidement : jusqu’à maintenant, le secteur n’était pas vraiment dans son « catalogue » d’emplacements lorsqu’il rencontrait des entreprises étrangères pour les convaincre d’investir au Québec. « Ça n’a jamais été sur le radar vraiment, a-t-il admis. Parce qu’on offrait quoi ? Un terrain pas loin de Montréal, mais il n’y avait rien d’autre. » Quelques minutes plus tard, il sort une carte de son dossier pour montrer du bout de son crayon le degré d’enclavement de certaines parties de l’Est.

La décontamination des terrains, le futur REM de l’Est et une vision plus structurante du secteur vont changer les choses, a-t-il assuré. « Moi, je pense qu’on va commencer à intégrer l’est de Montréal dans notre plan de développement international. »

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Une entrevue assez intéressante qui laisse présager de bonnes choses. J’aime bien ce Fitz et je crois qu’il va apporter quelque chose à la ville, que ce soit sur le plan des affaires ou, justement, sur le lien avec le gouvernement. Il a l’oreille du Premier ministre et il est, selon moi, le vrai numéro 2. Donc, sachant que la Mairesse peut être assez pragmatique, j’ai l’impression qu’ils peuvent travailler ensemble sur les sujets importants tel le transport collectif, l’est de Montréal, la décontamination des terrains, l’économie etc. Ne restera alors qu’à trouver le ou la championne pour pousser le logement abordable.

Ce n’est pas juste ça. Les élections municipales de 2021 et les élections provinciales de 2022 ont toutes deux donné la légitimité aux administrations de Montréal et du Québec. Les deux doivent collaborer, et vont le faire.

Fitzgibbon avait beaucoup travaillé pour trouver une candidature contre Valérie Plante. Ils sont à l’opposé idéologique. Par contre, Fitzgibbon (et Legault) sont des apôtres de l’économie, et ils savent que la bonne santé économique du Québec passe nécessairement par la Ville de Montréal. Ce sont des partenaires de circonstances.

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Pour ceux qui s’intéressent au côté local des élections, voici la carte interactive. des résultats électoraux de 2022 pour chaque section de vote. Le lien mène à la carte.

https://mediaprogram.maps.arcgis.com/apps/Embed/index.html?webmap=9ce3ce62f77142f299288ec5ebbf51ff&extent=-74.4296,45.1309,-71.3974,46.2836&zoom=true&previewImage=false&scale=true&search=true&searchextent=true&legendlayers=true&disable_scroll=false&theme=light

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Petite “percée” conservatrice à Côte-Saint-Luc?

PCQ - CSL

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Vraiment intéressant, je suis surpris de voir que le quartier Christ-Roi à La Prairie est orange. Aussi, là où il y a eu le plus fort développement d’unifamiliales à Saint-Constant est libéral (près de Kahnawake), probablement car ce sont beaucoup de familles provenant de Montréal (et particulièrement de l’ouest de l’ile).

Il y a également cette poche conservatrice près de CSL que je ne m’attendais pas de voir.

Ajout : Vince était plus rapide

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Et du coté de Lapinière (Brossard) les ilôts de CAQ semble correspondre aux résidants d’édifice à condo en hauteur… :face_with_monocle:

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Intéressant, je me demande aussi ce qu’il en est de la poche CAQiste autour du métro Frontenac dans un Hochelaga largement orange!

C’est probablement un vote contre la loi 96. La position du PLQ ne plaisait pas à plusieurs électeurs anglophones.

On note que partout ou il y a des universités QS a gagné les sections de vote (pour la plupart).

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Trop drôle :rofl:

Legault reçoit Trudeau

MARC BEAUDET, COLLABORATION SPÉCIALE

21 décembre 2022


Marc Beaudet
Marc Beaudet Collaboration spéciale

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Pourrait-on y voir un parallèle avec les poches de votes républicains dans les quartiers avec une grosse population de juifs hassidiques à New York? J’avoue que cela m’avait intrigué aussi.


Source

:cricket::cricket::cricket:

Ça se bousule pas aux portes du parti en tout cas…


Direction du PLQ André Fortin ne sera pas candidat


Charles Lecavalier La Presse
Mis à jour à 9h56


PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

André Fortin avait déjà renoncé à tenter de remplacer Philippe Couillard lorsque l’ex-premier ministre a quitté la vie politique à la suite de sa défaite électorale en 2018.

(Québec) André Fortin renonce à la direction du Parti libéral du Québec. Le député de Pontiac a affirmé qu’il a pris cette décision pour ne pas nuire à sa vie de famille.

« André Fortin ne sera pas sur les rangs de la course à la chefferie du Parti libéral », a affirmé M. Fortin en entrevue au 104,7 Outaouais.

L’élu avait déjà renoncé à tenter de remplacer Philippe Couillard lorsque l’ex-premier ministre a quitté la vie politique à la suite de sa défaite électorale en 2018.

« Je voulais aider du mieux possible mon parti, mais sans me priver d’être le genre de père que je veux être. J’ai pris la décision à ce moment-là de ne pas être chef et franchement, ça a été une des meilleures décisions de ma vie. Quatre ans plus tard, la conclusion tient toujours », a-t-il affirmé.

Il y aura une course, selon Fortin

« Oui, je veux aider mon parti du mieux que je le peux, mais pas si ça m’empêche d’être le genre de père que je veux être pour mes filles », a-t-il dit.

Malgré son retrait, M. Fortin a affirmé qu’il avait la conviction que cette fois-ci, il y aurait bel et bien une course à la direction du parti, et un débat d’idées. Il estime que le PLQ « doit être remis sur des bases idéologiques claires ». « C’est de plus en plus clair dans ma tête qu’il va y avoir une vraie course au PLQ. Qu’il va y avoir des candidats qui vont se présenter, qu’il va y avoir un débat d’idées », a-t-il dit.

Dominique Anglade, qui a démissionné l’automne dernier, avait été couronnée cheffe du Parti libéral à la suite du retrait du seul autre candidat, Alexandre Cusson.

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Le rapport préliminaire pour la délimitation des circonscriptions provinciales vient juste de sortir.
https://www.assnat.qc.ca/depots-du-jour/2023-09-19/Autres/02-Rapport%20préliminaire%20CRÉ%20délimitation%20circonscriptions%20électorales%20-%20sept%202023.pdf

Je m’étonnais avec une observation dedans. Au contrast avec tous les autres procédures de déliminations des circonscriptions au Canada, au Québec on compte un quota d’électeurs et pas la population totale. Cela à l’effet, en particulier, de donner à Montréal 26 au lieu de 29 circonscriptions. Je ne voie pas comment ce procédure peut-être égale pour les communautés en croissance, en particulier les familles et les nouveau-arrivés.

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Mise à jour économique Québec révise à la baisse ses prévisions

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Dans sa mise à jour économique, Eric Girard précise que le déficit pour l’année qui s’est terminée le 31 mars est un milliard plus élevé que prévu. Ce milliard s’ajoute à la dette du Québec qui dépasse les 200 milliards.

Le gouvernement indexe ses aides fiscales comme prévu : 282 $ en moyenne par contribuable l’an prochain

Publié à 10h38 Mis à jour à 12h04

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Tommy Chouinard
Tommy Chouinard La Presse


Fanny Lévesque
Fanny Lévesque La Presse

(Québec) Le ciel est plus sombre que prévu à Québec, au moment où les relations sont orageuses avec les 600 000 employés de l’État. Le gouvernement Legault coupe de moitié la croissance économique attendue l’an prochain et utilise déjà la majeure partie de son coussin pour les imprévus afin de garder le cap sur un retour à l’équilibre budgétaire en 2027-2028.

Il ajoute 2 milliards par an à ses dépenses avec l’indexation des aides fiscales, qui représente en moyenne 282 $ par contribuable pour l’an prochain.

C’est sans compter les 4,3 milliards en cinq ans pour des « actions ciblées » en matière de logement, d’itinérance et de transition climatique, entre autres.

Voici en un coup d’œil les principales mesures annoncées mardi par le ministre des Finances, Eric Girard, dans sa mise à jour économique et financière :

8000 logements sociaux et abordables

Québec alloue 1,8 milliard sur cinq ans pour la construction de 8000 nouveaux logements sociaux et abordables, dont 500 logements pour les personnes en situation d’itinérance. Les sommes prévues pour 2024-2025 (210 millions) seront d’ailleurs décaissées dès cette année pour commencer le plus rapidement la construction d’unités. Le gouvernement peut mettre le pied sur l’accélérateur grâce à une entente conclue avec Ottawa, qui lui permet de toucher 900 millions en transferts fédéraux. Québec s’engage à investir le même montant. Les nouvelles unités seront construites dans le cadre du Programme d’habitation abordable du Québec.

Indexation des aides fiscales

Plutôt que d’envoyer des chèques, le gouvernement Legault mise sur une indexation de 5,08 % des aides fiscales (régime d’imposition des particuliers et prestations d’assistance sociale) pour dire qu’il donne de l’air aux Québécois qui souffrent de l’inflation. Cette indexation est automatique chaque année depuis 2002, en vertu d’une loi. Cela se traduira par le rehaussement de plusieurs déductions et crédits d’impôt au 1er janvier 2024. Par exemple, le montant maximal de l’Allocation familiale passera de 2782 $ à 2923 $ et le crédit d’impôt pour la solidarité pour une personne vivant seule augmentera de 1162 $ à 1221 $. L’indexation – qui représente 2 milliards par année – correspondra à un montant moyen de 282 $ par contribuable en 2024.

Lutte contre l’itinérance

Pour répondre à la crise de l’itinérance qui frappe plusieurs villes du Québec, le gouvernement Legault injecte des sommes additionnelles de 22 millions par année pour la construction de refuges d’urgence. À cela s’ajoutent les 4,5 millions déjà prévus dans le budget pour un total de 26,5 millions par an jusqu’en 2027-2028. Dans la foulée de la publication du dernier dénombrement en septembre, le ministre Lionel Carmant était parvenu à faire débloquer 15,5 millions d’argent frais pour démarrer des projets d’hébergement avant l’hiver. Son souhait de voir ces sommes devenir récurrentes a été exaucé. Québec bonifie aussi l’appui aux services culturellement adaptés pour les Premières Nations et la réinsertion sociale.

Aide ponctuelle pour les banques alimentaires

Le gouvernement Legault débloque une aide ponctuelle et ciblée de 20,8 millions pour cinq organismes offrant de l’aide alimentaire (réseau des Banques alimentaires du Québec, le Club des petits-déjeuners, La Tablée des Chefs, la Fondation OLO et La Cantine pour tous), un autre secteur où les demandes explosent. Québec répond donc à la demande des banques alimentaires, qui réclamaient une aide totale de 24 millions.

Formation dans des domaines spécifiques

Le gouvernement Legault décaisse de nouvelles sommes pour soutenir la formation dans le secteur de la construction et de la santé et des services sociaux, deux domaines particulièrement affectés par la pénurie de main-d’œuvre. Québec injecte 261 millions pour son « offensive en construction » qui vise à former entre 4000 et 5000 travailleurs, et 67,8 millions pour relancer la formation accélérée des préposés aux bénéficiaires, qui a connu du succès lors de la pandémie.

Soutenir la transition climatique

Québec verse aux villes des montants additionnels de 292,1 millions sur cinq ans, dont 114,9 millions dès cette année, pour les aider à s’adapter aux changements climatiques. Il s’agit en partie de l’impact financier de la « Déclaration de réciprocité » entre le gouvernement et les municipalités, la formule qui remplace le pacte fiscal. Comme La Presse le révélait, quelque 500 millions supplémentaires doivent être versés aux villes au titre de la transition climatique. La différence fera partie de mesures annoncées « ultérieurement » par le ministre de l’Environnement, Benoit Charette. Pour cette année, le gouvernement décaisse également 269 millions pour aider les collectivités qui ont souffert des incendies de forêt à l’été 2023. Il ajoute comme prévu 265 millions pour le transport collectif.

Eric Girard intègre au cadre financier la nouvelle offre du gouvernement aux 600 000 employés de l’État : des hausses de salaire de 10,3 % en cinq ans, des augmentations différenciées représentant 3 % pour certaines catégories de travailleurs et un montant forfaitaire de 1000 $ la première année.

Il faut s’attendre à ce que le gouvernement rappelle aux syndicats le contexte économique pour éviter d’ouvrir davantage ses goussets.

Dans sa mise à jour économique, Eric Girard précise que le déficit pour l’année qui s’est terminée le 31 mars est un milliard plus élevé que prévu (5,7 milliards après le versement au Fonds des générations, qui sert à réduire le poids de la dette). Ce milliard s’ajoute à la dette du Québec qui dépasse les 200 milliards.

Le grand argentier du gouvernement maintient sa prévision de croissance économique pour 2023 – 0,6 % –, mais révise à la baisse celle pour 2024, qui passe de 1,4 % à 0,7 %.

« Une récession technique, soit un recul du PIB réel pendant au moins deux trimestres consécutifs, n’est pas envisagée à court terme », selon la mise à jour économique.

Les investissements résidentiels sont en recul de 18,4 % en 2023, alors que les investissements non résidentiels des entreprises baissent de 1,8 %. « La période actuelle d’incertitude incite les entreprises à la prudence », note-t-on.

Les recettes du gouvernement tirées de l’impôt des particuliers et des entreprises sont moins élevées qu’anticipé pour 2023-2024, d’un peu plus d’un milliard. Mais globalement, l’ensemble de ses revenus sont révisés à la hausse notamment grâce à Ottawa, selon la mise à jour économique. Les transferts fédéraux bondissent de 1,7 milliard cette année.

Les dépenses augmentent de 1,3 milliard par rapport au budget. Il faut ajouter à cela les « actions ciblées » annoncées par M. Girard qui représentent un milliard pour 2023-2024.

Résultat : le gouvernement doit utiliser dès maintenant la majeure partie de son coussin financier, sa « provision pour éventualités », afin de compenser les révisions de son cadre financier. On parle d’un milliard de dollars.

Il lui reste donc 500 millions dans son coussin pour des dépenses et des baisses de revenus inattendues.

Le déficit sera de 4 milliards en 2023-2024. Il atteindra 3 milliards l’année suivante et diminuera ainsi progressivement pour être éliminé à temps pour 2027-2028, selon les prévisions des Finances. Réactions de l’opposition

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Marc Tanguay

On voit que le gouvernement n’a plus de marge de manœuvre. […] Le 7 milliards qu’avait laissé le gouvernement libéral en 2018, ça fait longtemps qu’il a été dépensé par la Coalition avenir Québec, entre autres par des mesures qui n’étaient pas structurantes.

Marc Tanguay, chef par intérim du Parti libéral du Québec, selon qui le gouvernement Legault a perdu le contrôle des finances publiques avec des dépenses « irrationnelles ». L’opposition officielle veut entendre le ministre Girard et la présidente du Conseil du trésor Sonia LeBel en commission parlementaire.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Paul St-Pierre Plamondon

Si véritablement, le ministre a budgété les prochaines années en calculant l’appauvrissement de milliers de travailleurs au Québec, c’est son erreur. Minimalement, un budget prudent implique de ne pas appauvrir les travailleurs [et] de se maintenir à l’inflation.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, en réaction à la mise à jour économique qui intègre la plus récente offre du gouvernement pour le renouvellement des conventions collectives des employés de l’État.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Christine Labrie

Il y a des feux à éteindre partout actuellement : en logement, sur le marché de l’immobilier, en itinérance, en transports en commun… Puis qu’est ce que la CAQ fait ? Ils attendent qu’il pleuve. […] Moi, je trouve qu’attendre qu’on soit proche des élections pour faire arriver de vraies mesures pour la crise du logement, c’est prendre les électeurs pour des imbéciles. C’est un manque de respect pour les Québécois, c’est insultant.

Christine Labrie, porte-parole de Québec solidaire en matière d’administration gouvernementale et pour le Conseil du trésor

Avec Hugo Pilon-Larose

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