Nouveau parc riverain à Lachine

Les plaisanciers de Lachine plient bagagePublié le jeudi 15 octobre 2020 à 22 h 07À moins d’un revirement judiciaire, la plus vaste marina du Québec ne rouvrira pas l’an prochain.

C’est un au revoir qui avait des airs d’adieu.
Les rares propriétaires de bateaux qui n’avaient pas encore quitté le port de plaisance de l’arrondissement de Lachine, à Montréal, se sont exécutés jeudi, à quelques heures de la fin officielle de la saison estivale.
Or, c’est avec un pincement au cœur que les plaisanciers ont plié bagage cette année. Car à moins d’un revirement judiciaire, la plus vaste marina du Québec ne rouvrira pas l’an prochain.
La Ville de Montréal a annoncé la nouvelle le 8 juillet dernier, causant la stupéfaction chez les propriétaires des 450 bateaux qui, bon an mal an, venaient mouiller le port de plaisance, dont les origines remontent à une centaine d’années.
En théorie, c’est un tout nouveau parc riverain qui devrait s’étendre dans quelques années le long de cette jetée de quatre hectares située tout juste à la sortie du canal de Lachine. Quelques ébauches ont déjà été réalisées. Elles devraient prendre vie d’ici 2025 au coût de 25 millions de dollars, si on en croit la Municipalité.

Le projet a nourri bien des affrontements au cours des derniers mois entre, d’une part, les plaisanciers, qui se sont mobilisés pour convaincre la partie adverse de faire marche arrière, et l’administration Plante, qui est demeurée ferme quant à sa volonté de fermer la marina malgré le prix politique à payer.
Non seulement le parti Projet Montréal s’est-il attiré les foudres de l’opposition dans ce dossier, mais le caucus lachinois de la formation politique, qui détient tous les sièges à la mairie d’arrondissement depuis le scrutin de 2017, en ressort divisé, la conseillère Julie-Pascale Provost ayant voté contre la résiliation du contrat conclu avec l’opérateur de la marina.
Depuis un mois, Mme Provost, dont le district comprend le Vieux-Lachine, dénonce le manque de transparence de la Ville de Montréal dans ce dossier, écorchant au passage le responsable des grands parcs au comité exécutif Robert Beaudry et la mairesse d’arrondissement Maja Vodanovic.

Pour justifier sa décision, l’administration Plante a notamment invoqué – avec le soutien du collectif Réclame ta rive – le fait que le port de plaisance, interdit au grand public, nécessiterait de coûteux travaux de réfection. Elle a aussi mis en doute la rentabilité de la marina et souligné qu’à peine la moitié de ses utilisateurs résidaient à Montréal.
À l’inverse, l’Association des plaisanciers du port de plaisance de Lachine, constituée dans la foulée de la fermeture annoncée, a fait valoir, aux côtés de Nautisme Québec, le caractère patrimonial de la marina; les retombées économiques découlant des activités de celle-ci; et la capacité des propriétaires de bateaux à s’autofinancer. Sans succès.
Le seul espoir des plaisanciers réside maintenant dans une demande d’injonction déposée vendredi dernier en Cour supérieure du Québec pour empêcher la Ville de Montréal de démanteler ses équipements nautiques.
L’échec d’une telle stratégie pourrait sonner le glas des propriétaires de bateaux qui avaient pris l’habitude de s’amarrer chaque été dans le Vieux-Lachine. Le cas échéant, le 15 octobre 2020 pourrait avoir été la dernière journée d’activité de la marina.
Une consultation sur l’avenir du site doit avoir lieu l’an prochain. Des travaux seront entrepris par la suite, sur une période d’environ cinq ans. D’ici là, une programmation et des événements ponctuels viendront animer l’espace, affirmait la Ville le 8 juillet dernier.