Logements sociaux, communautaires et abordables - Actualités

Pour une sortie de crise en habitation

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« Aujourd’hui, se trouver un toit est devenu une source d’anxiété pour un grand nombre de familles québécoises. Ce n’est pas normal », écrit notre éditorialiste.

Nathalie Collard

Nathalie Collard La Presse

Les principaux acteurs du secteur de l’habitation seront réunis ce vendredi à Laval à l’invitation des nouveaux maires de Laval et de Longueuil. C’est une excellente initiative. Ce sommet envoie un signal fort afin que la crise de l’habitation devienne un des enjeux majeurs de la campagne électorale qui débutera dimanche.

Publié à 5h00

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On attend des partis politiques qu’ils nous présentent une vision claire de leurs solutions pour sortir de cette crise.

Le prochain gouvernement devrait d’ailleurs songer à nommer un ou une ministre délégué exclusivement à l’habitation afin d’accorder l’attention nécessaire à cet enjeu crucial.

La réponse de Québec doit être à la hauteur de la crise.

Le désinvestissement d’Ottawa durant plusieurs années ainsi que la lenteur de Québec à reconnaître l’existence du problème nous a plongés dans la situation actuelle : une sévère crise en habitation à la grandeur de la province.

La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) estime qu’il faut construire environ 620 000 nouveaux logements d’ici 2030, au Québec, pour rétablir l’équilibre. C’est tout un défi.

Aujourd’hui, se trouver un toit est devenu une source d’anxiété pour un grand nombre de familles québécoises. Ce n’est pas normal. Encore moins dans une société aussi riche que la nôtre.

Il existe heureusement des pistes de sortie de crise.

À commencer par la densification, un principe que l’équipe éditoriale de La Presse a défendu à plusieurs reprises.

La densification représente non seulement une piste de solution pour répondre aux enjeux climatiques, mais elle permet aussi de maximiser l’utilisation des infrastructures et de rentabiliser tout projet de mobilité collective en limitant l’étalement urbain.

Autre solution : augmenter l’offre de logements abordables. Grosso modo, une famille de la classe moyenne ne devrait pas consacrer plus de 30 % de ses revenus bruts pour se loger. Il faut construire davantage de logements sociaux et communautaires et appliquer l’approche « un toit d’abord » en itinérance : une personne dans la rue coûte plus cher à la collectivité.

L’abordabilité doit être une réalité dans les quartiers centraux. La crise de l’habitation repousse les familles moins favorisées toujours plus loin.

Or, elles doivent pouvoir se loger à proximité des services et des transports publics.

Pour favoriser la densification, il faut revoir la réglementation municipale.

Les villes doivent repenser leur plan d’urbanisme à l’heure des changements climatiques et des besoins en habitation. Le « tout à l’unifamiliale » a montré ses limites, tout comme le développement de territoire vierge et les maisons qui consomment trop d’énergie. Les villes doivent se montrer ouvertes : la construction en hauteur et l’ajout d’unités d’habitation accessoires (minimaison dans le jardin, rallonge, etc.) sont réalisables dans le respect de l’environnement urbain et bâti.

Quant à l’acceptabilité sociale, les villes doivent la travailler en amont, de concert avec les promoteurs immobiliers, afin de mieux expliquer la nature et les objectifs des nouveaux principes en habitation. En d’autres mots, le syndrome « pas dans ma cour » doit faire place à une vision plus inclusive du développement urbain.

Évidemment, on n’y arrivera pas en enfonçant ce changement de paradigme dans la gorge des citoyens. Il faut expliquer et éduquer, c’est primordial.

Pour y arriver, voici ce dont les villes ont besoin : plus d’argent d’Ottawa, plus d’argent de Québec et plus de pouvoirs de planification sur leur territoire. À l’heure actuelle, c’est la Société d’habitation du Québec qui gère et définit la plupart des programmes. Elle en établit les critères, parfois sans même consulter les municipalités. Or, ces dernières demeurent les mieux placées pour déterminer quels sont leurs besoins, pourvu qu’elles respectent les principes énoncés plus haut, soit la densification et le freinage de l’étalement urbain, deux éléments de la nouvelle politique d’aménagement du territoire.

Les villes devraient également être aidées financièrement pour développer des projets dont l’impact est déterminant. Le meilleur exemple : l’ancien site de l’hippodrome Blue Bonnets. Montréal ne peut pas, seule, décontaminer les terrains et payer les infrastructures d’un projet immobilier qui accueillera plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Si le gouvernement provincial finance la construction d’autoroutes, il doit impérativement investir dans des infrastructures qui vont permettre de densifier le territoire.

Je n’ai pas trouvé le fil pour le projet Exon Dupuis,

« La Ville n’a pas respecté les règles du jeu »


PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
Un promoteur de Verdun veut construire le projet de logements Exon Dupuis au 3897 avenue Bannantyne, près du parc Duquette.

Un promoteur poursuit la Ville de Montréal après que celle-ci eut exercé son droit de préemption pour forcer l’« arrêt » d’un projet de logements

Publié à 5h00
Henri Ouellette-Vézina
LA PRESSE

Un promoteur de Verdun qui tente de construire des unités résidentielles, dont des logements sociaux, poursuit la Ville de Montréal pour forcer celle-ci à « clarifier » l’usage de son droit de préemption sur l’un des lots où il souhaite construire, ce qui pourrait faire jurisprudence dans le monde municipal.

« Notre intention, ce n’est vraiment pas de bloquer le projet ni le droit de préemption, mais plutôt d’éclaircir la question de droit. Parce que pour nous, la Ville n’a pas respecté les règles du jeu. En fait, ils nuisent même au projet, parce que ça fait un an qu’il n’y a rien qui se passe sur ce terrain-là. Un an que tout le monde a perdu, sans qu’aucun logement social ne puisse se construire », soupire Alexandre Forgues.

Son entreprise District Atwater, qui se dit spécialisée dans le « développement responsable » de logements, a lancé il y a plus d’un an des « discussions très ouvertes » avec la Ville sur son nouveau projet, l’Exon Dupuis, situé tout près du parc Duquette, dans Verdun. Il projette d’y construire trois unités contiguës de centaines de logements qu’il veut « abordables » et « intégrés dans la communauté », comme la plupart de ses projets, dont le plus récent, Origine Habitation Durable.


PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Alexandre Forgues, président de District Atwater

Sauf que l’automne dernier, dans le contexte des élections municipales, tout a basculé, affirme M. Forgues. « D’un coup, ils sont arrivés avec leur droit de préemption sur l’un des lots. Sauf que comme les lots sont contigus, tu ne peux pas en prendre un pour le développer, ça va ensemble. Donc, comme la Ville a décidé d’exercer son droit de préemption sur un des lots seulement, je ne peux plus construire sur aucun terrain. Au final, ce n’est même pas logique et intelligent pour la communauté », condamne-t-il.

On a toujours très bien collaboré avec l’administration de Mme Plante. J’avoue que j’ai été vraiment déçu et vraiment surpris cette fois.

Alexandre Forgues, président de District Atwater

Ultimement, le terrain est donc inactif depuis plusieurs mois, la Ville « n’ayant pris aucune action concrète », selon le promoteur, qui s’impatiente. « Le potentiel total, on l’évalue à environ 600 unités. Avec son droit de préemption, si elle s’active, la Ville pourrait en faire 200 au détriment de 400 autres pour la communauté. Ça n’a pas de sens, il faut absolument s’entendre », insiste M. Forgues.

Dans l’intérêt de tous

Dans sa poursuite, déposée vendredi au palais de justice de Montréal, M. Forgues note que « l’intérêt public ne peut que bénéficier d’un tel jugement en permettant à tous les propriétaires […] de se faire minimalement assurer du respect d’un processus d’exercice du droit de préemption transparent et rigoureux ».

Qui plus est, le promoteur et son entreprise soutiennent que « la position choisie par la Ville a varié selon ses intentions du moment ou, à tout le moins, sont indicatives d’une grande incompréhension concernant les modalités d’exercice du droit de préemption ».

Appelé à réagir, le cabinet de la mairesse Valérie Plante a indiqué vendredi qu’il « compte utiliser tous les outils à sa disposition pour assurer une mixité dans la construction de logements comme le veut notre Règlement pour une métropole mixte ».

Le droit de préemption, qui est maintenant possible pour toutes les municipalités québécoises, nous permet de saisir des opportunités pour créer du logement social et abordable.

Alicia Dufour, attachée de presse du cabinet de la mairesse Valérie Plante

« Concernant le dossier judiciarisé, nous laisserons celui-ci suivre son cours », a soulevé l’attachée de presse, Alicia Dufour.

Si la cour accepte de se pencher sur le dossier, il pourrait bien s’agir d’un premier test juridique pour le droit de préemption à Montréal. C’est depuis février 2020 que la Ville s’est dotée de ce privilège, qu’elle avait acquis par voie législative en 2017, lui donnant la possibilité d’acheter des terrains et des bâtiments « en priorité » afin d’y développer des logements sociaux et communautaires.

« La Ville va avoir la chance d’acheter avant quiconque des terrains ou des immeubles mis en vente dans des secteurs prioritaires. Le marché immobilier est en effervescence à Montréal et il n’y a pas beaucoup de terrains qui sont offerts sur le marché. Lorsqu’il y en a, ils s’envolent très vite », avait expliqué Mme Plante.

Dès 2020, la Ville avait par ailleurs précisé qu’il n’était pas question d’utiliser le droit de préemption dans le cadre d’un projet résidentiel de grands développeurs. La mairesse avait aussi rappelé que dans ce cas précis, il existe un autre « outil », soit le règlement sur l’inclusion, ou le « 20-20-20 ».

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C’est parce que c’est “Hickson Dupuis”, pas Exon Dupuis. :wink:

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C’est moi qui ait créé le fil en plus… :sweat_smile:

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Qu’est-ce qu’on doit comprendre de l’attitude de l’administration? :thinking:

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Les 10 plus grandes villes du Québec s’engagent en faveur du logement social

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Le maire de Laval, Stéphane Boyer, cohôte du Sommet de l’habitation 2022, prononce une allocution devant les mairesses et maires des autres grandes villes de la province, vendredi, à Laval.

Les dix plus grandes villes du Québec s’engagent à mettre en place au cours de la prochaine année toutes sortes de projets de logement social et abordable, à la suite de leur participation au Sommet de l’habitation, vendredi à Laval.

Publié le 26 août

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Isabelle Ducas

Isabelle Ducas La Presse

Alors que la crise du logement frappe partout dans la province, les maires ont voulu présenter des solutions concrètes pour tenter d’améliorer la situation.

Par exemple, la Ville de Terrebonne s’engage à réaliser un projet de logement abordable dans un secteur en revitalisation en mettant en valeur le patrimoine industriel du Vieux-Terrebonne.

La Ville de Laval, de son côté, s’engage à travailler sur la mise en place d’une taxe sur la spéculation foncière afin de financer des initiatives en habitation, comme le maire Stéphane Boyer l’avait évoqué plus tôt dans la journée.

Lisez « Le maire de Laval veut taxer les spéculateurs immobiliers »

Pour la Ville de Trois-Rivières, l’engagement concerne un projet de milieu de vie communautaire pour les étudiantes et les étudiants autochtones et leurs familles.

À Montréal, on évoque le projet sans but lucratif de plus de 200 logements abordables sur le site du futur écoquartier Namur-Hippodrome, un projet déjà annoncé lundi.

Lisez « Ancien hippodrome : un premier projet de logements “100 % abordables” »

« En organisant ce sommet, c’était notre objectif de réfléchir, mais aussi de passer à l’action, et c’est ce que nous avons fait », a affirmé la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, cohôte de l’évènement.

Un besoin criant

Selon un sondage commandé dans le cadre du sommet, 85 % des Québécois estiment que l’accès au logement abordable est un problème important, et 44 % ont dû changer leurs habitudes de consommation pour faire face aux coûts du loyer ou aux paiements hypothécaires.

Le sommet, qui a réuni 400 personnes, a permis à plusieurs experts en habitation, en plus d’élus et d’administrateurs municipaux, d’échanger sur différentes solutions possibles pour augmenter l’offre de logements, densifier les secteurs urbains et construire plus.

On a discuté aujourd’hui de l’importance d’avoir des programmes qui sont flexibles, rapides d’application et qui respectent la réalité des différentes régions du Québec.

Stéphane Boyer, maire de Laval, cohôte du Sommet de l’habitation

Les villes demandent aussi davantage de financement de la part du gouvernement provincial, et des changements réglementaires qui leur permettraient de mettre en place de nouvelles approches fiscales pour favoriser le logement social et le financer.

Des demandes entendues par Québec

La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, qui a prononcé une allocution à l’ouverture de l’évènement, s’est montrée ouverte aux demandes des villes.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales

« J’ai vu vos demandes en prévision des élections. Vous voulez plus de pouvoirs, vous voulez plus de responsabilités, vous êtes sur la bonne voie, » a dit Mme Laforest, qui a évoqué le fait, à la veille du déclenchement des élections, qu’elle pourrait rester « ministre des Affaires municipales pour peut-être longtemps encore ».

Les solutions discutées ici, je veux les entendre.

Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales

Malgré les solutions qui peuvent être mises de l’avant par les municipalités, notamment dans leur réglementation, « le nerf de la guerre, c’est que le gouvernement du Québec investisse plus en logement social, parce que c’est sa responsabilité ultimement », a lancé la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en participant à une table ronde dans le cadre de l’évènement.

« Le logement social, ce n’est pas une dépense, c’est un investissement », a-t-elle ajouté.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Catherine Fournier, mairesse de Longueuil, cohôte du Sommet de l’habitation 2022

« C’est clair que les engagements actuels ne sont pas à la hauteur des attentes », a soutenu la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier.

Valérie Plante a même fait un lien entre la vague de violence par armes à feu qui sévit dans la métropole et la crise du logement, soulignant le fait que procurer un toit décent à tous peut être considéré comme un outil de prévention.

« Il faut agir sur tous les paliers, a-t-elle insisté. La prévention, ça passe aussi par avoir un toit au-dessus de sa tête et avoir un milieu de vie intéressant. C’est un droit fondamental de pouvoir se loger à un prix décent. »

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Investissement de 2 milliards Le gouvernement fédéral construira 17 000 logements

PHOTO PETER POWER, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé mardi à Kitchener la construction de 17 000 logements pour un investissement total de 2 milliards.

(Kitchener) Le gouvernement fédéral affirme qu’il dépensera plus de 2 milliards pour construire 17 000 logements, y compris des milliers de logements abordables.

Mis à jour le 30 août

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La Presse Canadienne

Le premier ministre Justin Trudeau en a fait l’annonce mardi à Kitchener, en Ontario, aux côtés du ministre du Logement, Ahmed Hussen, après avoir rencontré des politiciens locaux et d’autres intervenants.

M. Trudeau a rappelé que les prix des logements augmentaient dans tout le pays et que de nombreux Canadiens craignaient de ne pas pouvoir se payer un logement, qu’ils louent ou cherchent à acheter une maison.

« Quand une personne a son propre endroit où habiter — qu’elle soit locataire ou propriétaire —, il est plus facile pour elle d’investir en elle-même, d’investir dans sa communauté », a-t-il ajouté.

L’Initiative pour la création rapide de logements sera prolongée pour une troisième phase afin de construire 4500 logements abordables, dont certains feront partie de projets de logement axés sur les femmes et de projets d’aide aux personnes en situation d’itinérance ou à risque de le devenir.

Au moins 10 800 autres logements seront construits grâce au Fonds d’innovation pour le logement abordable, dont 6000 seront des logements abordables.

Le gouvernement fédéral crée également un programme de location avec option d’achat de cinq ans pour aider à développer et à tester des modèles et des projets de location avec option d’achat.

Le financement a été alloué à ces projets dans les budgets fédéraux 2021 et 2022.

17,000 logements pour l’ensemble du pays, c’est une goutte d’eau dans l’océan. Ce n’est certainement pas avec ces chiffres que le fédéral reprendra son retard considérable dans sa participation au logement social et abordable.

Ici toutefois il ouvre la porte à une formule qui pourrait certainement aider les gens à prendre pied dans la propriété sans se ruiner. Reste à voir comment cette formule sera arrimée avec celle des provinces.

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Montréal

Investissement de 2,3 M$ par la Ville de Montréal pour des logements abordables

La valeur du projet d’achat et de rénovation du 450, 33e Avenue est estimée à 7,96 M$. Photo: Capture d’écran/Google Maps

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Nicolas Monet

8 septembre 2022 à 5h00 2 minutes de lecture

L’administration Plante alloue une aide financière de 2,3 M$ à la Société locative d’investissement et de développement social (SOLIDES) pour un projet de logements abordables à Lachine.

Le projet vise l’acquisition et la réfection d’un immeuble de 47 logements abordables situé au 450, 33e Avenue.

Les locataires actuels, principalement des personnes seules, issues de minorités ethnoculturelles, et retraitées ou travaillant à faibles revenus, pourront continuer d’habiter le bâtiment pendant toute la durée des travaux de remise en état, condition associée à la contribution financière de la Ville.

«Ces 47 logements deviennent, pour toujours, 47 outils de plus contre l’exclusion sociale et économique de locataires de Lachine et ça, nous en sommes très fiers», déclare le directeur général de SOLIDES, François Giguère, par voie de communiqué.

L’investissement de la Ville de Montréal s’inscrit dans le cadre du Chantier Métropole abordable, mis en place au début de l’été et réunissant divers partenaires privés et collectifs pour accroître l’offre de logements abordables.

«Avec le Chantier Métropole abordable, nous mettons en place toutes les conditions gagnantes pour maintenir le parc locatif abordable existant et accroître l’offre de logements salubres et accessibles sur le territoire montréalais», affirme Valérie Plante.

Plusieurs prêteurs assureront le financement du projet, notamment First National et New Market Funds, précise le responsable de l’habitation, de la stratégie immobilière et des affaires juridiques au comité exécutif de la Ville de Montréal, Benoit Dorais. «Les avantages de ce montage financier feront l’objet d’une évaluation dans le cadre du Chantier Montréal abordable afin d’identifier les conditions de sa reproduction à grande échelle», ajoute M. Dorais.

Qu’est-ce qu’un logement abordable?

La Ville de Montréal qualifie un logement abordable comme «un logement dont le prix est inférieur à la valeur médiane du marché».

Pour réaliser ces logements, le Règlement pour une métropole mixte, en vigueur depuis le 1er avril 2021 à Montréal, «combine un rabais sur la valeur marchande offert par le constructeur avec divers programmes de subvention en habitation qui en maintiennent à long terme le caractère abordable», affirme le site de la Ville.

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Un message a été fusionné à un sujet existant : Katacombes (UTILE) - XX étages

Dans Shaughnessy

Chez Doris ouvre un nouveau refuge de nuit pour femme


Le nouveau refuge se situe au 1437 rue Chomedey à Montréal.
Photo: Quentin Dufranne / Métro

Quentin Dufranne
15 septembre 2022 à 16h15 - Mis à jour 15 septembre 2022 à 16h38 4 minutes de lecture

L’organisme Chez Doris, qui vient en aide aux femmes en situation d’itinérance, a inauguré jeudi son nouveau refuge de nuit pour femmes. Le nouveau refuge de nuit Elspeth McConnell pourra accueillir dès le 19 septembre jusqu’à 24 femmes, offrant un total de 8 760 nuitées par année.

La campagne de financement «Chez Doris, Jour et nuit» a permis à l’organisme de récolter plus de 15 M$, dont la majorité vient de partenaires privés et des trois paliers gouvernementaux, dont 1,88M$ de la Ville de Montréal. De cette somme, 5,2 M$ ont servi à l’achat d’une maison du 19e siècle située au 1437 rue Chomedey et à effectuer les travaux d’amélioration du refuge de nuit.

Les fonds amassés par la campagne de financement permettront aussi à Chez Doris d’ouvrir une résidence permanente de 26 appartements locatifs abordable pour des femmes en situation de précarité dès 2023.

«Nous observons une augmentation constante de femmes à la recherche d’endroits sains et sécuritaires pour passer la nuit et une hausse des demandes d’aide pour trouver un logement», explique la directrice générale de Chez Doris, Marina Boulos-Winton.

Notre nouveau refuge nous permettra d’atteindre les femmes vulnérables là où elles se trouvent, 24 heures sur 24, 365 jours par année.

Marina Boulos-Winton

Le nouveau refuge de nuit se situe sur le trottoir en face du refuge de jour préexistant de Chez Doris, et à quelques rues du Square Cabot.

Un refuge inclusif et adapté

Lors de l’inauguration, l’odeur de peinture fraîche embaumait les pièces du nouveau refuge, qui se décline sur trois étages. Sur les 24 lits, 22 sont des lits-capsules, afin de donner plus d’intimité aux bénéficiaires. Chaque lit est doté de son propre système de ventilation, d’une lampe de nuit, d’accès au wifi et d’une prise électrique. Deux lits réguliers seront aussi à disposition dans des chambres séparées.

L’intérieur du refuge de nuit
Photos: Quentin Dufranne

L’immeuble comprend un vestiaire, des salles de bain, une buanderie, une salle à manger, ainsi qu’une cuisinette et une salle polyvalente. Dans l’optique d’être le plus inclusif possible, une rallonge avec ascenseur a été ajoutée au bâtiment pour permettre l’accès à la clientèle à mobilité réduite.

Grâce à un partenariat avec la fondation Zarabella, les femmes en situation d’itinérance pourront même venir accompagnées de leur chien.

Besoins de services psychiatriques

Les troubles psychiatriques présents chez de plus en plus de femmes en situation d’itinérance sont un des enjeux pour Chez Doris.

On a toujours eu des femmes avec des problèmes mentaux, mais pas autant […]. On se retrouve avec des personnes non traitées qui ont besoin d’aide médicale. Pour nous, c’est un cri d’alarme.

Marine Boulos-Winton, directrice générale de Chez Doris

Un psychiatre vient déjà une fois par mois, mais pour la directrice générale, il est nécessaire d’avoir plus de services psychiatriques pour venir en aide à sa clientèle. Elle demande ainsi l’aide du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal pour déployer plus de ressources en santé mentale.

Un lieu sans jugement

Une problématique bien connue de Chez Doris est la crainte des femmes trans et des personnes non-binaires en situation d’itinérance de se faire discriminer dans les services d’hébergement. En conséquence, un grand nombre de ces personnes ne vont pas dans les centres d’hébergement d’urgence.

«Tout le monde s’est ajusté avec le temps et c’est de l’éducation aussi», dit Marine Boulos-Winton.

Elle explique que les employées du refuge ont été formées aux réalités des personnes LGBTQ2+ pour permettre de les accueillir dans les meilleures conditions, et ce, sans jugement. Prochainement, une employée transgenre et une personne non-binaires intégreront aussi l’équipe de Chez Doris.


Chez Doris inaugure un refuge de nuit pour femmes sans-abris

Le nouvel établissement de 24 lits ouvrira ses portes la semaine prochaine


Le refuge de nuit est situé à deux pas du square Cabot, à Montréal.
PHOTO : RADIO-CANADA / ISMAËL HOUDASSINE

Ismaël Houdassine
Publié à 4 h 00

Alors que l’organisme Chez Doris inaugurait jeudi à Montréal un nouveau refuge de nuit pour les femmes en situation d’itinérance, sa directrice dénonce une situation de plus en plus précaire depuis la pandémie.

Situé sur la rue Chomedey, quasiment en face de l’unique refuge de jour pour femmes de Montréal, le nouvel établissement pourra recevoir dès lundi prochain 24 personnes sans-abri pour y passer la nuit. Rappelons qu’il devait ouvrir ses portes en 2021, mais des pénuries de matériaux ont causé des retards.

Une capacité d’accueil de 24 personnes est insuffisante, admet d’emblée Marina Boulos-Winton, directrice de la maison Chez Doris, qui accueille un nombre important d’itinérantes autochtones de la métropole.

Trois jours avant son ouverture, on sait que le refuge sera déjà plein, lance-t-elle en entrevue. Depuis l’arrivée de la COVID-19, il y a deux ans, nous constatons une forte augmentation de femmes qui cherchent désespérément un endroit où passer la nuit.

Quant au refuge de jour Chez Doris, il fonctionne à pleine capacité, indique Mme Boulos-Winton. L’arrivée de la pandémie a forcé l’organisme à élargir ses services à toutes heures du jour. On doit quand même refuser l’entrée de 5 à 12 personnes à chaque ouverture, se désole-t-elle.

La directrice rappelle que Chez Doris, qui a ouvert ses portes en 1977, offre aux femmes dans le besoin des vêtements pour se changer, des repas et des programmes pour les aider à faire face à des problèmes tels que l’itinérance, la dépendance à l’alcool et aux drogues.

En accélérant la précarité économique et l’isolement social, la pandémie a aggravé la situation, croit la directrice. Nous avons facilement vu plus de 1600 femmes sans adresse fixe dans les deux dernières années, explique-t-elle. Nous devons faire face à de plus en plus de personnes atteintes de problèmes psychiatriques ou qui ne sont pas autonomes.

« Les besoins sont énormes, car la nuit, nous voyons des femmes en situation d’urgence, certaines sont en état d’ébriété, d’autres qui ne se sentent pas en sécurité fuient la violence conjugale. Elles ont toutes besoin de se retrouver à l’intérieur d’un lieu sécuritaire. »

— Une citation de Marina Boulos-Winton, directrice de la maison Chez Doris

C’est dans ce contexte difficile que le refuge de nuit viendra prendre le relais les soirs à partir de 20 h 30. Les femmes peuvent y réserver un lit pendant 30 jours en appelant Chez Doris.

L’édifice de trois étages, doté d’un ascenseur et entièrement rénovés, compte 22 lits isolés dans des cabines ventilées. Elles sont toutes munies d’une prise électrique et d’une connexion internet. Notons que les animaux de compagnie sont acceptés. On y trouve aussi des douches, une buanderie, une cuisinette pour réchauffer les repas et une salle de séjour.

Au troisième étage, une chambre de dégrisement est aussi disponible, ajoute la directrice. Les deux lits supplémentaires pourront également accueillir des personnes agitées ou en situation d’extrême détresse.


Construits en pleine crise sanitaire, les lits ont été pensés de manière à minimiser la proximité entre les résidentes et à leur offrir une plus grande intimité.
PHOTO : RADIO-CANADA / ISMAËL HOUDASSINE

L’appui financier à hauteur de 1,5 million de dollars de la Ville de Montréal et du gouvernement fédéral a permis Chez Doris de mener la conversion du bâtiment en refuge de nuit.

Après avoir mené une campagne de financement de neuf mois, l’organisme a amassé plus de 15 millions de dollars. La somme servira à plusieurs projets, y compris la construction d’un immeuble comportant 26 appartements locatifs abordables pour les femmes en situation de précarité. Son ouverture est prévue pour 2023.


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Logement La Ville de Montréal lorgne 78 maisons de chambres

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Une maison de chambres du Plateau-Mont-Royal, le dernier immeuble du genre du quartier

L’administration Plante veut se donner le droit d’acheter des dizaines de maisons de chambres afin d’en conserver la vocation sociale, selon des documents municipaux.

Publié à 5h00

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Philippe Teisceira-Lessard

Philippe Teisceira-Lessard La Presse

Les élus de la métropole devront se prononcer cette semaine, à l’occasion de la séance du conseil municipal, sur l’inscription d’un droit de préemption visant 78 de ces bâtiments. Une telle procédure permettrait à la Ville de damer le pion à tout acquéreur si ces immeubles locatifs font l’objet d’une transaction dans la prochaine décennie.

« L’assujettissement de lots au droit de préemption à des fins d’habitation dans des secteurs visés accordera à la Ville une agilité accrue pour intervenir sur le marché et procéder, si opportun, à l’acquisition des immeubles assujettis dans le but de développer ou préserver des logements abordables », écrit la Ville dans les documents remis aux élus.

Il continue : « Il est de plus en plus difficile pour un ménage de trouver un logement locatif abordable. Malgré une augmentation du taux d’inoccupation en 2020, celui-ci demeure très faible pour les logements abordables : sur l’île de Montréal, il était entre 1,0 % et 2,2 % pour les loyers de moins de 1000 $, alors qu’il était de 6,7 % pour les loyers de 1000 $ et plus. »

Les maisons de chambres en question sont situées dans neuf arrondissements, surtout centraux, de Montréal.

Montréal se prépare à prolonger l’Assomption

Par ailleurs, les élus montréalais devront se prononcer sur l’acquisition de deux terrains d’Hydro-Québec dans Hochelaga-Maisonneuve. Ils sont situés tout près du Stade olympique, dans un secteur où les pouvoirs publics veulent prolonger le boulevard de l’Assomption et l’avenue Souligny. L’objectif : améliorer la fluidité du camionnage en provenance du port de Montréal.

L’un de ces terrains accueille le boisé Steinberg, que l’hôtel de ville veut sauvegarder dans l’opération : jusqu’à récemment, Hydro-Québec voulait y installer un poste de transformation électrique. Son achat par la Ville est toutefois conditionnel à l’acquisition — par Hydro-Québec — d’un terrain alternatif dans le même secteur. Facture totale : près de 30 millions.

« Les immeubles [terrains] sont requis pour permettre le prolongement du boulevard de l’Assomption au sud de la rue Hochelaga et pour les fins de réserve foncière », indiquent les fonctionnaires municipaux dans leur description du projet.

La Ville espère que le prolongement des deux artères entraîne une « diminution importante des GES par la réduction des distances parcourues par les camions du Port et l’importante réduction des arrêts-départs des véhicules lourds » et une « diminution des nuisances sonores le long de la rue Notre-Dame ».

Quant au boisé Steinberg, on y voit une occasion d’« ajout d’aménagements paysagers de qualité, d’espaces verts publics, d’un parc linéaire, de plantations ainsi que la mise en valeur des eaux de ruissellement ».

Des projets de logements sociaux en manque de financement


Jacques Nadeau, Le Devoir
Les OSBL en habitation réclament des partis en campagne électorale de ne pas se contenter de lancer des promesses, mais de s’assurer, une fois l’élection passée, que le financement est octroyé afin que les projets de logements sociaux puissent se réaliser.

Jeanne Corriveau
17 h 47

Des projets de logements sociaux et communautaires tardent à voir le jour ou sont carrément abandonnés en raison des retards dans le financement par Québec, déplorent les OSBL en habitation qui pressent le prochain gouvernement et les partis d’opposition de s’assurer du respect des engagements en matière d’habitation.

« Presque tous les partis disent vouloir soutenir le logement social ou abordable. Personne n’est contre la vertu. On lance des chiffres à chaque élection. […] Mais quand vient le temps de concrétiser les projets, c’est là que ça commence à être un peu plus difficile », a résumé mercredi Chantal Desjardins, directrice générale de la Fédération des OSBL d’habitation de Montréal (FOHM).

La FOHM avait convoqué les médias sur un terrain vague du secteur Angus, dans Rosemont-La Petite-Patrie, où l’organisme Loggia prévoit construire 78 logements sociaux, dont 10 sont destinés à des adultes avec déficience intellectuelle. Les plans sont prêts, la Ville de Montréal a acheté le terrain et il ne reste qu’à lancer l’appel d’offres pour démarrer le chantier. Sauf que Loggia attend depuis trois ans le financement promis par Québec. « Combien de temps ce terrain va demeurer vide ? » se demande Catherine Boucher, directrice des Habitations communautaires Loggia. « Dans le contexte de la crise du logement, de pénurie et de hausse des coûts des loyers et de l’inflation, c’est inacceptable. »

Ce qui l’inquiète aussi, c’est que chaque mois qui passe fait augmenter les coûts de construction. « Les montants qui sont alloués sont basés sur des coûts d’il y a 5, 10 ou 15 ans », déplore-t-elle.

Selon la FOHM, 29 projets à Montréal se retrouvent dans une situation similaire et attendent leur financement de Québec. « Combien de temps encore devrons-nous attendre ? On ne le sait pas », se questionne Chantal Desjardins.

Un projet abandonné

De son côté, Alain Rioux, directeur des Toits de Mercier, a dû lâcher prise. Le projet de 91 logements sociaux que l’organisme comptait réaliser en partenariat avec un promoteur immobilier sur un terrain situé à l’angle des rues Sherbrooke et Aubry a dû être abandonné car le financement de Québec ne s’est jamais matérialisé malgré deux ans d’attente. « Aujourd’hui, malheureusement, le projet est aux mains du privé. Le même logement, qui devait se louer 900 $, va se louer 1600 $. On ne peut pas en vouloir [aux promoteurs immobiliers], c’est le marché », s’est désolé M. Rioux.

Les OSBL sont encouragés par la détermination affichée par les municipalités dans le dossier de l’habitation. Celles-ci ont d’ailleurs obtenu un droit de préemption qui leur permet de mettre la main sur des terrains pour des projets de logements sociaux. « Mais s’il n’y a pas d’argent, les terrains vont rester vides », fait valoir Chantal Desjardins.

Les OSBL en habitation réclament des partis en campagne électorale de ne pas se contenter de lancer des promesses, mais de s’assurer, une fois l’élection passée, que le financement est octroyé afin que les projets de logements sociaux puissent se réaliser.

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Faire de l’Hôtel-Dieu un «milieu de vie inclusif»

Chantal Rouleau, Ruba Ghazal et Jennifer Maccarone étaient présentes lors de l’assemblée du 15 septembre organisée par la CSU. Photo: Gracieusté, Communauté Saint-Urbain

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Isabelle Chénier

28 septembre 2022 à 5h00 - Mis à jour 28 septembre 2022 à 7h39 6 minutes de lecture

Que faire de l’Hôtel-Dieu? La Communauté Saint-Urbain (CSU) travaille sur la question depuis une dizaine d’années, période pendant laquelle un projet ambitieux a pris forme, sous les regards intéressés de citoyens et d’acteurs communautaires et politiques. Le 15 septembre, la CSU organisait une assemblée publique à la Cité-des-Hospitalières afin d’interpeller les candidats des partis provinciaux et leur demander un appui clair au projet.

En 2013, quelques années après l’annonce du déménagement du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), le site de l’Hôtel-Dieu a été qualifié d’excédentaire.

«Ça veut dire qu’il faut lui trouver une nouvelle vocation», a expliqué l’urbaniste de Rayside Labossière, Louis Fauchard, en s’adressant aux personnes présentes dans la salle.

À la lumière de cet enjeu, auquel s’ajoute la crise du logement, ce dernier souligne qu’une solution – du moins une proposition de solution – existe. Elle s’articulerait autour d’une «vision rassembleuse et d’un concept d’aménagement qui vient perpétuer la vocation sociale et communautaire de ce lieu à haute valeur patrimoniale», précise Louis Fauchard.

Concrètement, la CSU propose de transformer le site de l’Hôtel-Dieu en un milieu de vie inclusif, notamment par la requalification de trois pavillons existants, soit les pavillons Le Royer, Jeanne-Mance et Masson, et la construction de deux nouveaux bâtiments. Cela permettrait de développer une offre de logements sociaux pour diverses catégories de population aux besoins spécifiques: des familles avec enfants, des personnes en situation d’itinérance, des personnes ayant un parcours de vie atypique, des étudiants, des aînés.

«Selon nos estimations, il y aurait 150 unités dans les pavillons existants et 160 dans les deux nouveaux pavillons», précise Louis Fauchard.

Faisant partie d’un «réseau de sites institutionnels exceptionnels», le projet de la CSU prévoit en outre l’intégration d’un ensemble de fonctions complémentaires à celles qui se trouvent dans l’axe de la rue Saint-Urbain. Ce milieu de vie inclurait des espaces pour des groupes communautaires, des ateliers d’artistes, un CPE, des espaces publics et des jardins communautaires. L’accès à des services de santé sur le site de l’Hôtel-Dieu serait aussi prévu.

«Il y a encore du travail à faire»

«Un gouvernement de la Coalition avenir Québec travaillera, rapidement après son élection, en partenariat avec Communauté Saint-Urbain […], afin de développer un quartier innovant voué à la création d’un milieu de vie inclusif et de mixité sociale dans le secteur patrimonial de l’Hôtel-Dieu de Montréal.»

Cette citation est tirée d’un communiqué daté du 21 septembre 2018, diffusé en plein cœur de la campagne électorale de 2018, dont la CAQ est sortie vainqueure.

Ce même document affirmait que l’actuelle ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, alors candidate caquiste dans la circonscription de Pointe-aux-Trembles, avait rencontré «avec beaucoup d’ouverture les promoteurs du projet».

Quatre ans plus tard, bien que Chantal Rouleau réitère que «le projet est en soi intéressant et qu’il mérite d’être bien considéré», elle croit néanmoins qu’il y a encore du travail à faire.

«On peut toujours faire ce qu’on veut faire, mais c’est évident qu’on ne veut rien faire», l’a interpellée une citoyenne durant l’assemblée du 15 septembre.

«On a énormément de bâtiments patrimoniaux à Montréal qui cherchent une nouvelle vocation, mais qui impliquent aussi énormément d’argent. Malheureusement, on doit tenir compte de cette situation monétaire, financière. Ça s’appelle une gestion responsable», lui a répondu la ministre et candidate caquiste. Il faut trouver les fonctions et s’assurer qu’elles soient adaptées, que le bâtiment répondra à ce qu’on souhaite. Ce n’est pas un manque de volonté, mais je suis persuadée qu’il y a encore du travail à faire. Les projets sont longs à arriver. Je le sais, je suis en politique depuis 12 ans. J’en ai réalisé, des projets, et c’est long.»

«La complication, c’est le gouvernement du Québec»

«Il y a quatre ans, on a fait une assemblée comme celle de ce soir, avec les représentants des différents partis politiques, dans le cadre des élections. On avait rencontré Mme Rouleau. Elle était très intéressée, très accueillante. Depuis quatre ans, on attend… on attend», a déploré le président de la Communauté Saint-Urbain, Dimitri Roussopoulos, lors d’une entrevue téléphonique avec Métro.

«Le conseil d’arrondissement du Plateau et la Ville-centre sont intéressés par le projet. On a l’intérêt de notre député fédéral. Ce n’est pas seulement un projet de béton, de bois. Il y a une vision derrière ça», a-t-il ajouté.

La députée sortante de Mercier, Ruba Ghazal, qui était présente lors du rassemblement du 15 septembre, estime que le gouvernement provincial raterait une occasion de faire de l’Hôtel-Dieu un «modèle du genre de développement qu’on veut avoir un peu partout au Québec» s’il ne finançait pas ce projet.

«Je sais qu’il y a des gens de grand talent, de grande expertise qui se mobilisent pour ce projet. C’est un projet complet qui permet de répondre à plusieurs crises que nous traversons», estime la candidate de Québec solidaire.

Du côté des libéraux, la députée sortante de Westmount–Saint-Louis, Jennifer Maccarone, a dénoncé l’inaction du gouvernement caquiste quant à l’avancement de ce projet.

«Depuis 2018, rien n’a été fait avec ce projet. C’est toujours dans les mains du ministère de la Santé. Rien n’a été transféré à la Société québécoise des infrastructures», a-t-elle affirmé.

Le logement abordable comme solution à l’inflation

Bâtiment acquis par la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM) situé au 3794, Henri-Bourassa, à Montréal-Nord. Photo: Gracieuseté, SHDM

David Beauchamp

5 octobre 2022 à 5h00 - Mis à jour 5 octobre 2022 à 7h12 4 minutes de lecture

Dans un contexte où l’inflation cause beaucoup de maux de tête, l’accessibilité à des logements abordables apparaît comme une solution soulageant les effets délétères de l’augmentation des prix.

Le 28 septembre, la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM) annonçait l’acquisition de deux bâtiments dans le but d’offrir des logements abordables aux populations des arrondissements de Rosemont–La Petite-Patrie et de Montréal-Nord.

Ces immeubles regroupent respectivement 37 et 42 logements, dont huit 5 ½ et 36 4 ½ pouvant accueillir des familles, augmentant ainsi à 4847 le nombre de logements résidentiels abordables détenus par la SHDM sur l’ensemble de l’île de Montréal.

Le logement, un droit fondamental

Le logement est un droit fondamental, et avec un logement, on peut mieux s’insérer socialement. Dans un contexte d’inflation où il est plus difficile de se loger, notre organisme a ainsi permis à des gens en situation précaire de ces deux quartiers d’avoir une paix d’esprit.

Nancy Shoiry, directrice générale de la Société d’habitation et de développement de Montréal

Mme Shoiry décrit d’ailleurs le logement abordable comme une des clés pour soulager les effets de l’inflation. «Le logement abordable détenu par les organismes publics est clairement une solution pour éviter l’augmentation des loyers. Quand c’est détenu par des coopératives ou des organismes communautaires, c’est certain que ça assure une plus grande stabilité économique pour toutes et tous, notamment pour les populations vulnérables, parce que les loyers n’augmentent pas arbitrairement», affirme la directrice générale.

Investir en périphérie

Pour Nancy Shoiry, les tendances actuelles du marché génèrent des pressions importantes sur les locataires des quartiers centraux, poussant plusieurs à déménager en périphérie, là où se trouvent les loyers moins dispendieux et où la précarité est plus élevée. Il était donc important d’explorer les options dans ces secteurs périphériques de Montréal.

«C’est notre premier bâtiment dans Montréal-Nord et le bâtiment était en très bon état. On a payé plus cher, mais nous sommes fiers parce qu’on a pu assurer le maintien des locataires déjà présents sur place. Dès que les logements se libéreront, nous voulons que ce soit cette même clientèle qui vienne y loger, grâce à l’appui des organismes communautaires avec qui on travaille pour mieux guider cette population vulnérable.»

Nancy Shoiry explique aussi que certains quartiers ne sont pas priorisés par la SHDM en raison de leur important embourgeoisement. Elle cite en exemple Le Plateau-Mont-Royal, où les bâtiments sont plus chers et où la population est davantage nantie et favorisée par l’accès aux services, contrairement à Montréal-Nord et certains secteurs de Rosemont.

Le logement public et le secteur privé

La directrice générale de la SHDM insiste sur l’importance de favoriser l’accès à des logements abordables dans un univers immobilier où le secteur privé est omniprésent et influence les coûts.

«Notre mission est d’offrir du logement abordable. Nos logements ne sont pas subventionnés, c’est-à-dire que nous payons avec les fonds provenant de nos revenus immobiliers pour l’achat des bâtiments, leur rénovation et les taxes immobilières. En fait, nous sommes un OBNL en compétition avec des promoteurs privés du milieu immobilier pour qui l’augmentation des loyers est une pratique courante, contrairement à nous», explique Mme Shoiry quant à la spécificité de son organisation.

La directrice générale ajoute que la réalité immobilière est certes contraignante, mais que l’objectif de la SHDM de pérenniser l’accès à du logement abordable est favorisée par la Ville de Montréal et ses règlements en matière d’habitation.

«Nous voulons que ces propriétés demeurent dans le domaine public, avec une vocation sociale. Grâce au droit de préemption institué cette année par la Ville, il est plus facile d’acquérir des logements et de maintenir les prix des loyers abordables parce que le droit de préemption vient atténuer les effets de la compétition immobilière», souligne Nancy Shoiry, en qualifiant la SHDM de «bras droit de la Ville» en matière de logement abordable.

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Reportage présenté au TJ18h:

L’inflation freine la construction de logements sociaux

6 oct. 2022

- Radio-Canada Info

Le texte lié au reportage télé

L’inflation retarde la construction de logements sociaux au Québec

Depuis le début de la pandémie en 2020, les coûts de construction de logements sociaux et abordables ont augmenté de 58 %, selon la Société d’habitation du Québec.


Des travaux de 12 M$ vont permettre d’héberger dans ce bâtiment 39 personnes présentant des problèmes de santé mentale, dans Rosemont.
PHOTO : RADIO-CANADA / DAVIDE GENTILE

Davide Gentile
Daniel Boily
Publié à 4 h 00

L’organisme communautaire Maison le Parcours aurait bien aimé ouvrir dès l’an dernier une maison de chambres au cœur de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie.

Le projet doit s’ajouter à d’autres services d’hébergement pour une clientèle présentant des problèmes de santé mentale sévères et persistants.

Quand ça va ouvrir, on va pouvoir sortir 39 personnes de situations potentiellement préjudiciables pour leur vie […], les sortir de situations qui n’ont aucun sens où ils sont abusés par d’autres propriétaires, explique sa coordonnatrice, Melany Gauthier. C’est sûr qu’on est très fiers de ça.

Le projet affronte cependant des vents contraires.

Lorsqu’il s’est porté acquéreur du bâtiment il y a deux ans, l’organisme communautaire Maison le Parcours prévoyait un budget de 10 millions de dollars et 12 mois de travaux.

La présence d’amiante a bousculé les plans tout comme le marché de la construction.

Aujourd’hui, il manque 2 millions de dollars pour viabiliser un projet qui coûte 12 millions, affirme Yann Omer-Kassin, agent de développement, responsable des grands projets, au groupe de ressources techniques Bâtir son quartier.


Le chantier de la maison de chambres dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie
PHOTO : RADIO-CANADA

Cet organisme accompagne depuis près de 30 ans des projets immobiliers coopératifs ou sans but lucratif, notamment pour le montage financier.

On parle de rareté de main-d’œuvre, de coût des matériaux et, plus récemment, on voit les contrecoups d’une augmentation des taux d’intérêt qui a un impact sur l’hypothèque que les organismes auront à payer, précise M. Omer-Kassin.

« On a une petite tempête parfaite entre manque de logements, augmentation des coûts et une demande d’engagement aux gouvernements. »

— Une citation de Yann Omer-Kassin, agent de développement, responsable des grands projets, au groupe de ressources techniques Bâtir son quartier

Selon ce dernier, ce dont on a besoin, c’est un engagement des gouvernements à doter adéquatement les programmes.

337 000 $ par logement

La Maison le Parcours n’est pas le seul projet immobilier à devoir revoir son montage financier.

Selon les données de la SHQ, en 2020-21, le coût de réalisation moyen d’un logement social était de 213 000 $ tandis que les projets en construction atteignent présentement 338 000 $. Une explosion de près de 125 000 $ par logement ou 58 %.

Environ 4300 logements ont été livrés depuis 2019, selon la SHQ. Quelques milliers sont en construction.

On prend du retard par rapport aux besoins, soutient M. Omer-Kassin, de Bâtir son quartier. La liste des gens qui paient trop cher leur logement ou qui sont dans des conditions de vie inacceptables est trop élevée.

À l’Accueil Bonneau, la directrice de la Fondation, Daphnée Mailloux-Rousseau, propose de réduire l’investissement en hébergement d’urgence pour proportionnellement augmenter l’investissement en logement abordable.

Selon elle, Toronto, Calgary, la Finlande ont tous fait ce virage-là et ont drastiquement réduit leurs coûts de services de santé et de services sociaux, de services judiciaires.

De son côté, la Ville de Montréal s’est prévalue récemment d’un droit de préemption sur 78 maisons de chambres que la ville pourrait acquérir pour préserver l’accès à des personnes vulnérables.

En ce moment au Québec, plus de 37 000 ménages sont inscrits sur la liste d’attente pour obtenir une place dans un HLM ou un supplément au loyer, dont environ les deux tiers à Montréal.

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Alerte rouge : stratégie du choc en vue

PHOTO HUGO-SEBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La possibilité d’exiger un référendum sur les changements de zonage constitue un des rares outils vraiment puissants dans les mains des communautés, explique l’auteur.

Maxime Pedneaud-Jobin

Maxime Pedneaud-Jobin Collaboration spéciale

En 2007, Naomie Klein publiait La stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre. C’est un livre assez fascinant où elle tente de démontrer que les chantres de la libre entreprise à tout crin profitent des crises pour promouvoir des réformes, des actions qui, dans un autre contexte, ne passeraient pas la rampe : déréglementation, privatisation, baisse de taxes et d’impôts, subventions massives, etc.

Publié à 5h00

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Chez nous, le phénomène a commencé à se produire dans le domaine du logement.

Le quotidien Le Droit de Gatineau rapportait1 que, même si le conseil municipal a autorisé la construction de quelque 4000 nouvelles portes dans la dernière année, l’industrie n’accepte pas que le conseil municipal en ait bloqué 34… pour respecter sa propre planification ! « Il y a une crise du logement historique, on ne va pas s’en sortir en continuant avec les règles actuelles », affirme l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec. D’autres promoteurs, partout au Québec, dénoncent le « pas dans ma cour » ou encore exigent de l’aide financière pour construire. Parce que la crise leur donne un argument fort, le danger est grand de perdre pour longtemps des outils importants de protection du public.

« Mais c’est dans ma cour ! »

Les promoteurs dénoncent toujours le « pas dans ma cour » (je ne suis pas certain qu’ils feraient la même chose si on parlait de la leur !). Ils dénoncent en particulier la capacité, pour les citoyens, de bloquer par référendum un projet dont la réalisation exige un changement de zonage.

Un changement de zonage peut permettre, par exemple, d’augmenter le nombre d’étages dans un projet ou encore d’ajouter une activité économique qui n’était pas prévue au règlement, activité qui peut très bien inclure des nuisances pour les communautés comme une augmentation d’achalandage importante sur la rue ou encore du bruit.

Cette possibilité d’exiger un référendum constitue un des rares outils vraiment puissants dans les mains des communautés. L’existence seule de ce règlement force les promoteurs à parler aux gens et à déposer des projets plus intéressants. Il ne faut pas que cette possibilité soit emportée par la stratégie du choc.

On construit pour longtemps

Si on doit changer la planification urbaine, ce qui peut être souhaitable, cela ne peut pas être improvisé, et ce, pour deux raisons : d’abord parce que les choix qu’elle encadre sont trop importants pour l’avenir, mais également parce qu’elle est le fruit de vastes consultations.

La planification urbaine constitue, en quelque sorte, un contrat social entre résidants, gens d’affaires et société civile. On ne peut pas la changer à la va-comme-je-te-pousse au nom d’une crise importante soit, mais quand même limitée dans le temps. On ne construit pas une maison ou un quartier en pensant aux trois ou quatre prochaines années, on les construit pour 75 ou 100 ans. Les gens d’un quartier vivront longtemps avec un édifice qui a été construit trop haut ou pas à la bonne place.

Le libre marché ?

L’industrie affirme également qu’un marché plus libre réglera la crise. C’est équivalent d’affirmer que si tout le monde était armé, il y aurait moins de morts par arme à feu. La solution proposée est, en fait, la source du problème.

Le libre marché n’a jamais, au grand jamais, répondu à la demande de logements abordables.

Alors que les aînés peinent souvent à se loger, 11 arrondissements de Montréal s’apprêtent à adopter des règlements de zonage pour éviter que des résidences pour personnes âgées soient converties à des usages plus lucratifs.

Le défi est encore plus grand pour les gens qui cherchent du logement abordable. Dans le cadre de débats au conseil municipal de Saint-Hyacinthe, un promoteur déclarait franchement : « Habituellement, on se donne comme objectif de demeurer à un prix bas, mais en ce moment, ce n’est pas possible. »2

D’ailleurs, de nombreuses villes connaissent une spectaculaire croissance immobilière, mais cela n’influence pas la crise, les logements construits étant trop chers.

Le logement social et communautaire est le seul pour lequel l’abordabilité est garantie à long terme. C’est aussi celui qui répond le mieux aux besoins des ménages locataires les plus fragiles. L’enjeu, c’est le financement public. Des milliers de logements pourraient être construits partout au Québec si on augmentait le financement des programmes idoines3.

Pour compenser la timidité de Québec et d’Ottawa, des villes subventionnent maintenant le logement. En Gaspésie, certaines villes donnent jusqu’à 15 000 $ par porte en subvention à des promoteurs immobiliers. Ce sont des subventions sans obligation pour les logements visés d’être abordables. Cela peut accélérer certains projets qui auraient vu le jour de toute façon, mais cela ne réglera pas la crise pour les plus pauvres.

Affaiblir le cadre réglementaire, enlever de la force aux citoyens, improviser des changements à la planification, subventionner du logement traditionnel sont des actions qui ne régleront pas la crise. Des entrepreneurs feront des profits à court terme, et nous serons pris longtemps avec des quartiers mal construits et des outils de protection du public affaiblis. La stratégie du choc aura fonctionné. Prenons garde.

1. Lisez l’article du Droit « Blocage au conseil : le milieu des affaires de Gatineau ne décolère pas et exige des changements »

2. Lisez l’article du Courrier de Saint-Hyacinthe « Pénurie de logements : une longue crise en vue »

3. Lisez l’article de La Presse « Logement social : de gros promoteurs se font dire “non merci” »

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Après Montréal, Rimouski et Saint-Hyacinthe utilisent le droit de préemption pour acquérir des terrains.

Le nouvel outil des villes pour infléchir le marché immobilier


Photo: Sébastien Raboin
Pour se donner le plus de marge de manœuvre possible dans un premier temps, Rimouski a assujetti tout son territoire à son règlement municipal.

Isabelle Porter
à Québec
24 octobre 2022

Logement social, densification, protection des milieux naturels… Les villes ont à leur portée un nouvel outil pour acheter des terrains sans que cela leur coûte trop cher : le droit de préemption. Rimouski et Saint-Hyacinthe ont récemment été les premières à s’en prévaloir.

« C’est un très très bon outil, qui a fait ses preuves en Europe, en France », mentionne Marc-André LeChasseur, avocat spécialisé en droit municipal. Pour les villes, dit-il, c’est carrément un « must ».

Jusqu’à tout récemment, seule Montréal jouissait de ce « superpouvoir ». Or il est désormais à la portée de toutes les municipalités.

Le mécanisme est relativement simple : le droit de « préemption » est un droit de premier acheteur qui permet aux municipalités d’acquérir des bâtiments clés sur leur territoire.

À Rimouski, par exemple, le maire, Guy Caron, veut s’en servir pour faire de la densification. « Ça pourrait nous permettre de cibler un quadrilatère où on aimerait densifier davantage », explique-t-il en entrevue. « C’est un outil de plus dans notre boîte à outils. On n’en a pas beaucoup pour coordonner le développement de notre ville. »

Par exemple, si une offre d’achat privée est faite sur un immeuble couvert par le droit de préemption, la Ville peut lever la main et l’acquérir au prix offert par l’autre acheteur dans un délai de 60 jours.

Grâce à ces nouvelles règles du jeu, les villes risquent de moins passer à la caisse, poursuit M. Caron. « La tentation est souvent là pour les vendeurs de monter les prix au-delà de la valeur marchande parce que la Ville a de plus grandes capacités financières. »

Le droit de premier acheteur sur une zone donnée s’applique sur une durée de dix ans. Mais en théorie, rien n’empêcherait une ville de le renouveler.

Cela permet aux municipalités d’acheter des immeubles à un prix qui correspond à leur valeur par opposition à un prix négocié par un tribunal dans le cadre d’une expropriation par exemple, souligne Me LeChasseur.

Les villes ont obtenu le droit de préemption en juin lors de l’adoption par le gouvernement de la CAQ du projet de loi 37. Mais avant de s’en servir, elles doivent faire adopter un règlement au conseil municipal. Ce que Rimouski a fait le 17 octobre.

Le règlement vise notamment à préciser sur quelle portion du territoire, la Ville pourrait « préempter ». Pour se donner le plus de marge de manoeuvre possible dans un premier temps, Rimouski a assujetti tout son territoire à son règlement.

Contrairement à ce qu’on pourrait soupçonner, cela n’a pas donné lieu à de fortes résistances de la part des promoteurs immobiliers. À Rimouski, comme à Sainte-Hyacinthe, les maires disent ne pas avoir fait face à de telles pressions.

Un moyen d’action sans levier financier

Les élus maskoutains ont adopté leur règlement sur la préemption le même soir que Rimouski, à la mi-octobre. Le maire André Beauregard y voit, entre autres, une façon de lutter contre la crise du logement en réservant des immeubles clés au logement social ou abordable.

M. Beauregard déplore par contre que les villes n’aient pas les moyens d’acheter beaucoup de terrains. « Ça va devoir venir avec des subventions », dit-il. « Il n’y a pas beaucoup de villes qui peuvent se lancer dans la création de logement social en nombre très élevé sans avoir la collaboration du gouvernement. »

Chose certaine : ce nouveau pouvoir a la cote dans le monde municipal. Au début octobre, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a organisé un webinaire en ligne sur le sujet qui a attiré une centaine de personnes.

L’UMQ avait fait un lobbying soutenu auprès du gouvernement pour qu’il donne ce pouvoir à ses membres. « Dans un contexte de crise du logement et de lutte contre les changements climatiques, chaque mois compte », plaidait-elle dans un mémoire en juin. « En agissant dès maintenant, ce sont des ménages vulnérables qui passeront quelques mois de moins dans un logement inadapté, des milieux naturels qui seront préservés et des équipements collectifs (ex. piscines municipales) qui s’implanteront dans des endroits mieux desservis en transport collectif et actif. »

Si l’UMQ parle de changements climatiques, c’est parce que le droit de préemption peut aussi permettre aux villes de protéger des milieux naturels, en acquérant des terrains pour en faire des parcs, par exemple.

C’est l’une des raisons pour lesquelles Longueuil souhaite, elle aussi, se prévaloir de cette option, explique la mairesse, Catherine Fournier. « La crise du logement et la protection des milieux naturels, ce sont nos deux priorités, donc c’est sûr que, pour nous, l’intérêt du droit de préemption est d’autant plus présent. » Ainsi, l’adoption devrait se faire « d’ici la fin de l’année ou au début de 2023 ».

Or à la différence de Rimouski et de Saint-Hyacinthe, Longueuil n’entend pas appliquer le droit de préemption à tout son territoire, mais envisage plutôt de le circonscrire à un secteur précis. « On va s’en tenir à préempter des immeubles qu’on est sûrs de pouvoir acquérir, d’un point de vue financier », précise Mme Fournier.

Pour avoir un effet structurant, ce nouveau pouvoir devra s’accompagner d’argent, souligne-t-elle. « Ça nous donne des moyens d’action, mais pas des moyens financiers. […] Ça va avoir un effet, et il faut le saluer. Mais pas aussi structurant qu’on le voudrait. »

En témoigne, selon elle, l’usage limité qu’a fait Montréal de ce pouvoir dans le passé, la métropole n’y ayant recouru qu’une dizaine de fois. Un avis partagé par Me LeChasseur, qui impute le faible bilan de Montréal à une question d’argent. « Les villes achètent peu d’immeubles, mais au moins elles pourront les acheter à la valeur marchande, ce qui est un avantage. »

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