L'industrie du condo, ses pièges et ses problèmes

Discussion sur l’industrie du condo. Pour partager ses expériences, ses conseils, discuter de ressources, des règles, des pièges, des problèmes, etc.


Actualité - Des surprises de taille pour les condos achetés sur plan - 16 janvier 2021 (message initial)

Des surprises de taille pour les condos achetés sur plan

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Règle générale, les acheteurs peuvent s’attendre à une différence d’environ 10 % entre la superficie brute et la superficie nette d’un condo neuf acheté sur plan.

Les condos poussent comme des champignons à Montréal. Or, comment réagiriez-vous si, une fois installé dans votre nouveau quartier, la caissière de l’épicerie enlevait de 10 à 20 % des chanterelles de votre casseau sans en réduire le prix ? C’est la déception que vivent de nombreux propriétaires en prenant connaissance de la superficie nette de leur logement. Un jugement récent pourrait leur donner des munitions. Survol en cinq temps.

Publié le 16 janvier 2021 à 12h00

Partager

Charles-Éric Blais-Poulin
La Presse

Superficie brute et superficie nette

« Les superficies et dimensions sont approximatives et sujettes à modifications sans préavis. » Voilà le genre d’avertissement glissé en petits caractères sur l’ensemble des plans et des contrats préliminaires dans le marché des condos neufs.

La superficie brute des logements, généralement estimée par un architecte, inclut des portions non habitables comme une partie des murs, les colonnes de soutien ou les puits de ventilation, de plomberie ou d’électricité. C’est cette mesure que les promoteurs et les courtiers utilisent pour vendre des condos sur plan à des clients potentiels.

La superficie nette, calculée par un arpenteur-géomètre, s’approche davantage de la surface habitable, c’est-à-dire l’espace où il est possible de circuler, en excluant les balcons — là encore, il vaut mieux s’en informer. Cette mesure, dévoilée aux clients plus tard dans le processus d’achat, apparaît dans le plan de cadastre ou dans le certificat de localisation. Règle générale, les acheteurs peuvent s’attendre à une différence d’environ 10 % entre la superficie brute et la superficie nette d’un condo neuf acheté sur plan.

Sur le marché de la revente, la loi exige que seule la superficie nette soit utilisée.

Une pièce en moins

Mireille* et son conjoint cherchaient un condo d’une superficie habitable d’au moins 1000 pi2. Un projet immobilier à Montréal répondait à leurs attentes, et ils ont rapidement signé un contrat d’achat préliminaire.

Méticuleux dans ses recherches, le couple savait très bien que la superficie nette qui serait dévoilée avant la signature serait inférieure à la superficie brute annoncée par le promoteur. Mais de combien ? « Depuis le début, on nous annonçait une différence de 15 %, dans le pire des scénarios, ce qui nous menait environ à notre 1000 pi2. »

Lors d’une première visite du condo, non fini, les jeunes acheteurs ont eu l’impression d’un écart plus important. Petit calcul : il leur était désormais impossible de faire entrer leur lit dans la chambre principale. Après plusieurs tentatives pour obtenir la superficie nette auprès de la courtière immobilière du promoteur, Mireille et son conjoint ont finalement eu leur réponse quelques jours avant de passer chez la notaire… du vendeur. Différence ? 19,5 %.

« C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », dit la jeune femme. Aurait-elle pu refuser de signer le contrat de vente ferme ? Le couple, qui habitait le condo, était coincé : il aurait dû déménager et n’avait nulle part où aller.

Dans une mise en demeure, les jeunes propriétaires, épaulés par les services juridiques de leur courtier, ont exigé un dédommagement d’environ 5 % du coût d’achat, soit la différence entre l’écart réel de quelque 20 % et celui annoncé d’au maximum 15 %.

Après plusieurs échanges, « ils ont décidé de couper la poire », explique Mireille, qui n’a pas souhaité se rendre en cour.

On s’est tout de même senti roulés. Pourquoi avancer un 10 % ou un 15 % en sachant très bien que la différence sera plus grande ? Il nous manque l’équivalent d’une pièce.

Mireille

La Presse a tenté de joindre cinq promoteurs pour ce reportage. Aucun n’a répondu à notre demande d’entrevue.

Ce que prévoit la loi

L’article 1737 du Code civil du Québec stipule que « lorsque le vendeur est tenu de délivrer la contenance ou la quantité indiquée au contrat et qu’il est dans l’impossibilité de le faire, l’acheteur peut obtenir une diminution du prix ou, si la différence lui cause un préjudice sérieux, la résolution de la vente ». Dans le cas qui nous occupe, la contenance peut être comprise comme la superficie du logement.

Sébastien Fiset, avocat spécialisé en droit immobilier, précise toutefois que les promoteurs, en vertu de l’article 1720, peuvent faire valoir « que la contenance, c’est-à-dire la dimension, n’était pas importante pour l’acheteur ». « Par exemple, si un copropriétaire s’est déplacé et a pu visiter le logement à plusieurs reprises, pour lui, la dimension n’aura pas été un facteur prédominant ou un élément essentiel dans son contrat d’achat. Le tribunal pourrait juger qu’il n’y a pas de dommage, ou du moins, être plus mitigé. »

Me Fiset explique en outre que l’indemnisation, en cas de gain judiciaire, ne sera pas fixée à partir d’une « règle de trois » entre le prix payé, la superficie annoncée et la superficie réelle. « Généralement, la jurisprudence va donner un coût moindre parce que la superficie est l’un des éléments essentiels qui ont motivé l’acheteur. Il n’y a pas de caractère solide ou mathématique. »

Récemment, la Cour d’appel a confirmé un jugement de la Cour supérieure condamnant le promoteur Habitats District Griffin à verser 73 000 $ à un client qui a vu la superficie de son condo fondre de 12 %. Le juge a statué que le plaignant n’avait pas renoncé à ses droits en signant le contrat préliminaire et l’acte de vente, où apparaissait un avertissement sur de possibles écarts de superficie.

Au-delà du Code civil, les consommateurs pourraient aussi invoquer des articles de Loi sur la protection du consommateur, note l’avocat Sébastien Fiset. Ceux-ci touchent à la « représentation fausse ou trompeuse » et à l’interdiction d’attribuer « faussement une dimension » à un bien. Comme dans le cas de Mireille, « beaucoup de dossiers se règlent avant d’être entendus sur le fond », note-t-il.

Le rôle des courtiers

Les gens sont souvent mal renseignés lors de l’achat d’un condo neuf, admet Alex Kay, courtier immobilier au sein de l’Équipe immobilière centre-ville de Remax Action Westmount. La Loi sur le courtage immobilier oblige les professionnels à divulguer la superficie nette des logements vendus… pour autant qu’elle soit disponible. « Sur plan, c’est une zone plus grise légalement, parce que le courtier n’a pas accès à l’information. »

Une assistante en gestion immobilière de la région de Montréal, qui a requis l’anonymat puisqu’elle a signé une entente de confidentialité, déplore avoir entendu plusieurs de ses collègues annoncer aux clients une différence de superficie d’environ 5 %, alors qu’ils savaient pertinemment que celle-ci atteindrait plus de 10 %.

« Ça peut coûter cher au courtier et à ses assurances », met en garde Alex Kay, qui juge qu’il y a matière à poursuite quand l’écart dépasse 10 %.

Resserrer les règles ?

Mireille, l’avocat Sébastien Fiset et le courtier immobilier Alex Kay verraient tous d’un bon œil un resserrement des règles gouvernementales pour mieux encadrer l’affichage de la superficie des condos neufs. Les promoteurs, après tout, ne font que profiter d’une zone d’ombre légale.

C’est clair que les développeurs, les architectes et les promoteurs ont l’air de pousser les chiffres à leur avantage. On ne peut pas leur en vouloir. On les laisse faire.

Alex Kay, courtier immobilier

Uniformiser les méthodes de calcul, privilégier les superficies nettes, renseigner plus clairement les futurs propriétaires : de nombreuses pistes de solution existent pour permettre aux clients « de comparer de manière juste ». « Les gens comparent souvent le prix dans les marchés du neuf et de la revente, dit le courtier immobilier Alex Kay. À première vue, ils vont trouver que la différence n’est pas si grande. Mais ils vont avoir une surprise quand ils vont prendre connaissance de la superficie corrigée du condo neuf. »

En France, par exemple, la loi Carrez impose à tous la superficie de plancher comme méthode de calcul.

Malgré les préoccupations des spécialistes, Québec n’envisage pas une révision de la loi. « Le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation n’a pas été interpellé concernant la problématique que vous soulevez, il n’y a donc pas à l’heure actuelle de travaux en cours concernant ce sujet », a écrit dans un courriel le porte-parole Sébastien Gariépy.

** Prénom fictif. La propriétaire a signé une entente avec le promoteur qui lui interdit de médiatiser son dossier.*
https://www.lapresse.ca/maison/immobilier/2021-01-16/des-surprises-de-taille-pour-les-condos-achetes-sur-plan.php

1 « J'aime »

Jugement accessible en ligne SOQUIJ

Selon le jugement, c’est l’îlot 10, donc la phase 1 du District Griffin sur l’eau au 1085, rue Smith.

Les licences bidon de la construction

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

« La Régie du bâtiment du Québec fait peu d’inspections : en trois ans, à peine 7 % des entrepreneurs généraux et 12 % des entrepreneurs spécialisés ont reçu de la visite sur un chantier », écrit notre éditorialiste en chef.

Stéphanie Grammond

Stéphanie Grammond La Presse

Est-ce à cause de la vague de chaleur, de la fièvre du hockey ou de l’allégresse du déconfinement ? Toujours est-il que le récent rapport de la vérificatrice générale du Québec a créé peu de remous, malgré les constats accablants pour l’industrie de la construction.

Publié le 13 juin 2021 à 5h00

Partager

Il est clair que les licences accordées par la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) aux entrepreneurs sont bourrées de vices cachés. Et ce sont les consommateurs qui en paient le prix.

Mais à Québec, on minimise le problème. Quand la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, a lu le rapport, elle s’est dit : « Woups, attends minute, il y a quelque chose là-dedans qui allume des lumières », a-t-elle expliqué à l’Assemblée nationale.

Des lumières ? C’est peu dire. Faisons le tour du propriétaire pour vous en convaincre…

Pouvez-vous répéter la question ?

Depuis 2008, la RBQ utilise à répétition les examens qui permettent d’obtenir une licence. Les risques sont donc élevés que les candidats connaissent les questions à l’avance, ce qui en fait une évaluation bidon. La Régie fait parfois repasser exactement le même test à des candidats qui ont coulé. Franchement !

Il faut dire que la RBQ planche sur un nouveau système de gestion informatisé des examens qui devrait être prêt à l’été 2022. Ce ne sera pas trop tôt.

Peu d’inspections, pas de formation

La RBQ fait peu d’inspections : en trois ans, à peine 7 % des entrepreneurs généraux et 12 % des entrepreneurs spécialisés ont reçu de la visite sur un chantier. Même lorsqu’un entrepreneur commet des bourdes en série, l’inspecteur exige seulement un correctif, sans s’assurer qu’il améliore ses pratiques.

À partir d’avril 2022, les entrepreneurs devront faire de la formation continue. Une belle innovation… sauf que 32 000 entrepreneurs ne seront pas visés. Tant qu’à agir, il ne faut pas y aller à moitié.

La faille du résidentiel

Du côté résidentiel, c’est pire : un grand nombre d’entrepreneurs passent sous le radar de la Régie, notamment dans le terrassement, l’excavation, l’isolation, les portes et fenêtres, les toitures… Pas d’examen des compétences en construction. Pas d’inspection de chantier. Pas de formation à partir d’avril 2022. Zéro supervision !

Ces travaux posent moins de risque pour la sécurité physique, plaide la RBQ. Peut-être. Mais quand les travaux sont bâclés, les clients subissent de lourds préjudices financiers.

La main gauche ne sait pas ce que fait la main droite

À la Régie, l’information est éparpillée, les bases de données ne se parlent pas et les entrepreneurs douteux tombent dans les craques du plancher. Jugez vous-même…

Entre 2018 et 2020, un groupe d’entreprises ayant le même répondant a reçu pas moins de 15 avis de non-conformité, 3 plaintes, 31 réclamations et 4 poursuites civiles.

Huit licences ont été annulées, dont trois pour cause de faillite. Mais le répondant a fini par quitter de son propre chef ses autres entreprises qui avaient conservé leur licence durant tout ce temps. Jamais la Régie n’avait bronché. Outch ! Il est urgent de mieux protéger le public.

Vous êtes un bandit ? Cochez ici.

Dans la foulée de la commission Charbonneau, les règles d’attribution d’une licence de la RBQ ont été renforcées pour lutter contre la criminalité dans la construction. Mais encore aujourd’hui, la Régie ignore qui se trouve vraiment derrière certaines entreprises. Avant d’accorder une licence, elle se fie aux déclarations des entrepreneurs – comme si un criminel allait lever la main –, au lieu de vérifier systématiquement les antécédents. Et parfois, la Régie dort au gaz. En 2020, par exemple, la Sûreté du Québec l’a informé qu’un dirigeant avait été déclaré coupable de complot, rapporte la VG. Un an plus tard, sa licence était toujours active. Ça fait peur !

Les consommateurs le nez à l’eau

Une fois sur deux, les consommateurs lésés par leur entrepreneur écopent des pertes financières – souvent de plus de 10 000 $ – parce que le cautionnement fourni à la RBQ est insuffisant. Il faudrait songer à relever le plafond. Et aussi à étirer le délai de réclamation qui est actuellement d’un an, car les problèmes sont souvent découverts plus tard, notamment pour les toitures.

Un vrai registre, pas un gruyère

Si au moins, les consommateurs pouvaient faire leurs devoirs comme il faut. Mais non ! Le registre de la RBQ où ils peuvent s’assurer que leur entrepreneur possède bel et bien une licence ressemble à un gruyère. Plein de trous. Impossible de savoir le nombre de réclamations au cautionnement dont l’entrepreneur a fait l’objet, le nombre de non-conformités décelées durant des inspections, etc. Il est prioritaire d’offrir aux Québécois un registre digne de ce nom. Et s’assurer qu’il soit largement connu du public.


Tous ces problèmes soulevés par la VG démontrent que ça ne tourne pas rond à la Régie du bâtiment. Avec des entrepreneurs aussi peu encadrés, il n’est pas surprenant que l’industrie de la construction se classe en quatrième position du triste palmarès des plaintes à l’Office de la protection du consommateur (OPC).

Pour éviter que tous ces dossiers viennent encombrer les tribunaux, Québec devrait agir en amont et donner un sérieux tour de vis à la RBQ. Les entrepreneurs doivent être mieux encadrés pour sortir les pommes pourries qui empoisonnent la réputation de l’ensemble de l’industrie. Et surtout, pour que les clients dorment sur leurs deux oreilles.
https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2021-06-13/les-licences-bidon-de-la-construction.php

La facture produit des reportages sur les problèmes systémiques dans la construction résidentielle et l’incompétence ou l’inutilité de la RBQ à chaque année. Il est vraiment plus que temps qu’on fasse quelque chose à ce niveau.

Je ne connaissais pas ce petit « loop hole »

Pas de « taxe de bienvenue » pour des condos de luxe


PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
L’Acadia, immeuble de logements du Golden Square Mile

Alors que les droits de mutation immobilière, dénomination officielle de la « taxe de bienvenue », des familles montréalaises explosent au même rythme que l’immobilier, de grandes fortunes en sont dispensées grâce à un détail technique auquel la Ville veut s’attaquer, a appris La Presse.

Publié le 14 juin 2021 à 5h00
Philippe Teisceira-Lessard
LA PRESSE

Des condos dans plusieurs des édifices les plus prestigieux de la métropole – souvent affichés à plus de 1 million de dollars – sont vendus et achetés sans contribution aux caisses de la Ville depuis des décennies. « Pas de taxe de bienvenue », clament de nombreuses inscriptions immobilières actives en ce moment.

L’administration Plante demande à Québec de s’attaquer à cette situation « inacceptable » en changeant la loi. « Nous croyons fermement que tous devraient contribuer au trésor public de manière équitable », indique le cabinet de la mairesse. La Ville touche plus de 150 millions de dollars par année grâce aux droits de mutation.

Au cœur du problème : la copropriété par actions. Les bâtiments qui sont organisés de cette façon appartiennent entièrement à une entreprise, dont chaque résidant possède un certain nombre d’actions en fonction de la taille de son condo. Chaque groupe d’actions est associé à la jouissance exclusive d’un condo.

Au moment de vendre un appartement, ce sont les actions qui changent de mains. Elles ne sont pas couvertes par la Loi concernant les droits sur les mutations immobilières.

Plusieurs prestigieux bâtiments du Golden Square Mile – le quartier le plus cher de toute la province – sont structurés de cette façon. C’est notamment le cas du Port-Royal, de l’Acadia, du Linton et du Château, rue Sherbrooke Ouest, qui comptent ensemble quelque 450 logements. C’est aussi le cas des chics tours résidentielles Westmount Square, entre autres, ou des Cours de l’Ambassade, avenue du Docteur-Penfield.


PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
Le Château

Ces bâtiments abritent notamment de grandes fortunes, des juges, des avocats, des artistes célèbres et d’ex-diplomates.

« Une aberration »

Certaines copropriétés par actions ont été structurées de cette façon parce qu’elles sont nées à une époque où le concept de condominium en division n’existait pas encore dans la loi, a expliqué en entrevue Me Denys-Claude Lamontagne, sommité du droit notarial.

« C’est apparu en 1969. C’était impensable [avant], a-t-il relaté. C’est probablement la genèse. »

Après des décennies de congé de droits de mutation, la Ville de Montréal veut mettre fin à la récréation. Les pertes fiscales sont difficiles à évaluer, mais elles sont importantes pour le budget de l’hôtel de ville.

« Dans le contexte de la crise de l’abordabilité qui sévit dans la métropole et qui a été exacerbée avec la pandémie, cette situation est autant une aberration qu’elle est inacceptable », a déclaré le cabinet de Valérie Plante dans une déclaration par courriel.

« Il va sans dire que cette méthode d’acquisition des copropriétés nous fait sourciller, continue la déclaration. À l’heure où la classe moyenne peine à acquérir un logement, la Ville de Montréal dénonce vigoureusement ce passe-droit à certains propriétaires. Cela va à l’encontre du principe d’équité fiscale, et le gouvernement du Québec devrait corriger la loi. »


PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
Le Linton

Sur le plan fiscal, les actions dans une copropriété par actions sont déjà considérées comme un bien immobilier dans certains cas. Par exemple, elles sont exemptées de taxes sur le gain en capital au moment de la vente, à condition d’être rattachées à un condominium qui servait de résidence principale.

Des inconvénients aussi

Le courtier immobilier Tristan P. Bournot, de Royal Lepage Heritage, vend des dizaines de propriétés prestigieuses par année au centre-ville de Montréal, dont plusieurs appartements en copropriété par actions.

« C’est très particulier à Ville-Marie, particulièrement au Golden Square Mile, et à Westmount, ce type de copropriétés, a-t-il dit. C’est un peu basé sur le modèle new-yorkais. Park Avenue et 5 th Avenue, partout autour de Central Park, c’est organisé sur le même modèle. »


PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
Le Port-Royal

À son avis, l’exemption de taxe de bienvenue n’a virtuellement aucun effet sur la décision des acheteurs qui veulent s’installer dans ces bâtiments de prestige.

Au contraire, ce mode de propriété « peut faire très peur » à certains acheteurs, qui préfèrent avoir un titre de propriété clair sur un appartement plutôt qu’une certaine quantité d’actions d’une entreprise propriétaire d’un bâtiment.

« La règle de base, c’est qu’au pied carré, [ce genre d’appartements] se vend statistiquement moins cher qu’une copropriété divise », a dit M. Bournot. Parmi les désavantages pour l’acheteur : le financement est beaucoup plus difficile que dans une transaction où le bien immobilier peut être donné comme garantie. Par ailleurs, toutes ces ventes se font sans garantie légale, a indiqué M. Bournot.

C’est plutôt la localisation et le caractère historique de l’immeuble qui poussent les acheteurs vers ces bâtiments.

L’augmentation attendue des frais de condo devient réalité

Le Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec estime à 30 000 le nombre de copropriétés au Québec.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Mathieu Dion (accéder à la page de l’auteur)Mathieu Dion

Mathieu Dion

le 28 avril 2021

Vivre en condo coûte de plus en plus cher. L’effet de plusieurs projets de loi adoptés dans les dernières années pour réformer le droit de la copropriété au Québec commence à se faire sentir sur les cotisations mensuelles. Beaucoup l’apprennent à leurs dépens lors des assemblées générales annuelles qui se tiennent présentement.

Et ce n’est qu’un début, surtout dans les copropriétés vieillissantes.

Depuis l’année dernière, les copropriétés ont l’obligation de se constituer un fonds d’autoassurance d’ici avril 2022. Sa valeur devra atteindre le montant de la plus haute franchise en cas de sinistre (dégât d’eau). Dans certains immeubles, elle peut atteindre 250 000 $. Lorsque le syndicat de copropriété y aura recours pour des réparations, le fonds devra être de nouveau capitalisé.

Cet été, il est en plus attendu que la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation finalise un règlement qui contraindra les copropriétés à mener une étude de fonds de prévoyance et à se conformer à cette analyse sur une période de 10 ans. Les fonds suffisamment renfloués sont l’exception à la règle.

Pour combler le manque à gagner, son ministère prévoit que les charges par copropriétaire devront bondir de 150 $ à 300 $ par année en moyenne. Près d’un ménage sur cinq demeure en condo à Montréal, un sur dix au Québec, selon l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (Association des professionnels de la construction et de l’habitation au QuébecAPCHQ).

De plus en plus difficile de reporter à plus tard

La présidente de SolutionCondo, avec près de 15 000 unités sous gestion, dit observer les augmentations. On a commencé à ramener les contributions des copropriétaires au niveau que va exiger la loi, indique Élise Beauchesne. Les gens qui comprennent qu’il va falloir le renflouer tôt ou tard ont commencé à augmenter leurs contributions. Mais pour plusieurs, ça demeure quand même flou pour le moment.

« Dans les immeubles, on voit beaucoup d’administrateurs vendre leur condo. Ça donne un signal que certaines personnes réalisent que le marché va changer. »

— Une citation de Élise Beauchesne, PDG, SolutionCondo

Les défenseurs de la réforme insistent sur le fait qu’il s’agit d’un mal nécessaire pour assurer une équité intergénérationnelle dans les immeubles, mais des gestionnaires et des administrateurs s’inquiètent tout de même de la vitesse à laquelle les changements sont imposés.

Simion Matei, de Condovision Gestion immobilière, croit qu’il serait plus sage de les faire d’une manière plus progressive.

Tout ce qui n’a pas été fait en 25 ans, le gouvernement veut le faire cette année ou dans trois ans, déplore-t-il. Il y a littéralement des révolutions dans les immeubles. Les copropriétaires vont mettre les gestionnaires et les administrateurs dehors, mais oublient que, pendant les 20 dernières années, ils n’ont rien cotisé.

Les copropriétés plus anciennes frappées de tous côtés

Une copropriété lavalloise de 94 unités et de plus d’une trentaine d’années s’apprête à vivre une situation catastrophique. Juste changer les fenêtres, c’est deux millions de dollars, s’exclame la présidente du syndicat, Sylvie Sauriol. Quelques années plus tôt, elles coûtaient 700 000 $ de moins, mais l’explosion du prix des matériaux depuis le début de la pandémie change la donne.

Les nouveaux frais pour les fonds d’autoassurance et de prévoyance s’ajoutent donc aux travaux et mises aux normes inhérents aux plus vieilles constructions. Et elles sont nombreuses, d’après l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation au QuébecAPCHQ : la moitié du parc des copropriétés a été construit avant l’an 2000.

Mme Sauriol admet se casser la tête en vue d’annoncer aux résidents la mauvaise nouvelle le mois prochain en assemblée générale. Si on veut se conformer, dit-elle, on parle d’une augmentation de 300 $ par mois. Il va falloir être inventif. Elle craint que certains d’entre eux ne soient pas en mesure d’assumer les cotisations supplémentaires, de quoi les forcer à vendre leur condo.

« Pour beaucoup de copropriétaires, pour ceux qui n’étaient pas habitués, ils ont le sentiment de devoir tout supporter d’une traite. C’est pour ça qu’il faut les accompagner le plus possible. »

— Une citation de Paul Rodrigues, président, Galilehos

Pédagogie et planification

Un effort de pédagogie et de planification s’impose dans ce contexte, aux dires du président de Galilehos, Paul Rodrigues, qui offre également des services de gestion. Cet effort sera d’autant plus grand au sein des petites et moyennes copropriétés, majoritairement sans gestionnaire pour les conseiller.

Élise Beauchesne, de SolutionCondo, souligne à ce sujet que les petites copropriétés sont soumises aux mêmes règles, mais avec un plus faible nombre de gens pour assumer les dépenses.

Les prix pour mener les études de fonds de prévoyance sont d’ailleurs appelés à augmenter eux aussi avec l’afflux de demandes pour la trentaine de firmes spécialisées dans ce créneau.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1788527/augmentation-frais-coproprietes-fonds-autoassurance-prevoyance

1 « J'aime »

Si vous voulez davantage en apprendre sur le droit de la copropriété, Me Yves Joli-Coeur, moi ainsi que d’autres tentons de vulgariser et expliquer cette branche particulière via le site Condolegal. Le côté positif dans tout cela est que le gouvernement a réussi dans une période très courte de largement améliorer le droit de la copropriété au Québec.

1 « J'aime »

Exemple d’un dégât d’eau et d’indemnisation

Il est de plus en plus difficile pour les propriétaires de condo de se faire indemniser par leur assureur lorsqu’il y a un sinistre, comme un dégât d’eau. Depuis 2018, des assureurs refusent de payer. Ils affirment que c’est au syndicat de copropriété d’éponger la facture, ce qui retombe sur l’ensemble des propriétaires.

Acheter un condo sur plan: du rêve au cauchemar


L’achat d’un condo sur plan peut se transformer en bien mauvaise expérience quand on se retrouve avec beaucoup de frais imprévus.
Photo: nadia_bormotova/iStock

Constance Cazzaniga
10 août 2022 à 16h25 - Mis à jour 10 août 2022 à 16h43
6 minutes de lecture

Comme pour n’importe quel nouveau chez soi, l’achat du condo de ses rêves sur plan devrait être synonyme de bonheur. Si tout se déroule comme prévu pour la majorité des gens, il demeure des cas cauchemardesques, malgré une réforme de la loi. Délais de livraison, travaux incomplets et, surtout, frais imprévus figurent au tableau des mauvaises surprises.

Marie Demers s’est acheté un condo sur plan dans Rosemont, au printemps 2021. Elle devait au départ y aménager dès la fin de l’été, mais des retards ont reporté son entrée dans le logement à janvier dernier. Encore à ce moment-là, les balcons et la terrasse n’étaient pas finis, contrairement à ce qu’elle croyait.

Les travaux qui se sont poursuivis ont engendré une tonne de désagréments pour les nouveaux.elles propriétaires, qui avaient réussi à faire annuler une hausse annoncée de 5% du coût des condos peu avant leur prise de possession, une histoire rapportée par La Presse. Mais ce n’était pas la fin des frais inattendus.

Payer toujours plus

Entre les travaux non complétés et les déchets laissés par les ouvrier.ère.s qui jonchaient le sol, Marie Demers et ses voisin.e.s ont pensé que leurs frais de condo pour les premiers mois n’auraient pas à être versés.

«Dès que ça a commencé à aller un peu mieux, que les tapis étaient mis, on nous a demandé sept mois de frais de condo à payer rétroactivement avec un délai d’une semaine, explique-t-elle. Tout le monde capotait! Les frais de condo sont même plus élevés que ceux projetés, alors que ce n’est pas fini.»

Heureusement, une réforme du droit de la copropriété avec le projet de loi 16 et le projet de loi 141, en décembre 2019, permet aux copropriétaires de se faire rembourser certaines sommes par le promoteur si les frais de condos sont 10% supérieurs à ce qui était inscrit dans le budget prévisionnel.

Le syndicat des propriétaires de l’immeuble où vit Marie Demers étudie les factures pour voir les recours possibles, mais rien n’effacera sa mauvaise expérience. «Non seulement on a payé des frais, mais en plus, il faudra en repayer pour s’en faire rembourser d’autres», souligne la jeune femme, qui déplore devoir ouvrir à nouveau son portefeuille pour faire valoir ses droits.

Une loi améliorée, mais pas sans faille

La réforme de la loi a assuré une meilleure protection aux acheteur.euse.s, dit la notaire Me Catherine Béland. D’abord. Elle oblige les promoteurs à protéger entièrement les dépôts, évitant aux acheteur.euse.s de perdre des dizaines de milliers de dollars si le promoteur fait faillite ou abandonne la construction.

Ensuite, il y a ce recours possible de la part du syndicat des copropriétaires, si jamais le promoteur a sous-estimé les frais de condo d’au moins 10% dans son budget prévisionnel. Si on pense acheter un condo sur plan, on doit tout de même se prévoir un jeu dans notre capacité financière, puisqu’on n’a pas de recours face à une hausse de moins de 10%.

Finalement, la note d’information – qui contient le résumé de la déclaration de copropriété, l’extrait des règlements, le budget prévisionnel, les plans et les devis descriptifs – est maintenant obligatoire dans le cas d’un achat sur plan. L’acheteur.euse la reçoit normalement au moment de la signature du contrat préliminaire. Si on ne l’obtient pas, on peut demander la nullité de la vente ou réclamer des dommages et intérêts, mais on doit fournir la preuve d’un préjudice sérieux.

N’oubliez pas les juristes

Or, il est très important de lire et comprendre la note d’information, malgré que les documents soient très volumineux, puisqu’elle indique d’autres frais surprises qui pourraient être demandés aux acheteur.euse.s

Quelques centaines de dollars peuvent être exigés comme frais de démarrage du syndicat de copropriété, par exemple. Mais c’est aussi là qu’on va prévoir une possible hausse du prix des logements pour refléter une augmentation des coûts des matériaux, comme l’a découvert à ses dépens Marie Demers, qui n’aurait pas eu les moyens pour son condo si cette hausse n’avait pas été annulée.

Me Béland conseille donc vivement de faire appel à un.e juriste, que ce soit un.e notaire ou un.e avocat.e, pour faire l’étude de la note d’information, considérant que la loi prévoit une période de 10 jours après la signature du contrat préliminaire pendant laquelle l’acheteur.euse peut se retirer.

Souvent, les documents sont un peu durs à comprendre pour des non-juristes, donc se faire accompagner est un investissement qui peut en valoir la peine, parce que les juristes pourront soulever les points par rapport à une potentielle hausse des coûts où concernant les délais de livraison.

— Me Catherine Béland

Plus d’un après l’achat, la situation n’est toujours pas réglée pour Marie Demers, qui doit encore régler la question des frais de condo. Son investissement aura engendré plusieurs coûts imprévus, mais lui aura aussi demandé énormément de temps et de recherches pour connaître ses droits.

«Tout ça a été extrêmement frustrant, alors que je devrais plutôt être heureuse d’avoir fait ce premier achat-là. Je ne le suis pas, avoue-t-elle. C’est tellement d’énergie et de stress qu’au bout du compte, tu te demandes si tu l’aurais fait, avoir su. Et la réponse, c’est non.»

3 « J'aime »

Tensions linguistiques dans les tours de condos

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Immeubles de condos au centre-ville de Montréal

L’explosion des tours résidentielles a des répercussions linguistiques, surtout au centre-ville de Montréal. Quelle langue utiliser dans les documents, les assemblées, les ascenseurs ?

Publié à 5h00

Partager

Suzanne Colpron

Suzanne Colpron La Presse

Lorsqu’il a pris possession de son condo, il y a huit ans, M. Serge ne pensait pas devoir se battre pour parler français. Mais la situation s’est à ce point envenimée qu’il s’est résolu à intenter une poursuite en dommages contre les administrateurs de sa copropriété.

« Je les poursuis parce qu’ils m’ont dit carrément que je n’avais pas le droit d’être un Québécois au Québec, lance-t-il. Ils veulent que tout soit dans la langue anglaise. J’ai refusé, moi. Et j’ai simplement dit que j’avais le droit de m’exprimer en français au Québec. »

L’entrée en vigueur en juin de la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, souvent appelée « loi 96 », change la donne. « Ils commencent à comprendre qu’ils ont moins de liberté dans l’imposition de leur volonté », laisse-t-il tomber.

Le cas de M. Serge, qui préfère taire son nom de famille, est extrême, mais il illustre les défis de l’aménagement linguistique dans la vie en condo. Celle-ci soulève des problèmes particuliers, qui ont pris de l’ampleur avec l’explosion de la construction de tours en copropriété au centre-ville de Montréal.

Un chez-soi

L’enjeu peut se résumer ainsi : un condo, est-ce que c’est un chez-soi où on peut parler la langue de son choix, un espace public où, en principe, la langue commune est le français, ou encore un endroit semi-privé, semi-commercial où s’appliqueraient, par exemple, les règles d’affichage ?

Ces questions se posent de façon très concrète lorsqu’il faut déterminer quelle langue est utilisée dans les assemblées de copropriétaires.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Me Yves Joli-Coeur, président du Regroupement des gestionnaires et des copropriétaires du Québec

Me Yves Joli-Cœur, président du Regroupement des gestionnaires et des copropriétaires du Québec, est un expert dans le domaine. « La question de la dualité linguistique dans les assemblées de copropriétaires, c’est une réalité très montréalaise, dit-il. À Québec, ce ne sera pas un enjeu, ni à Chicoutimi. Mais c’est sûr qu’à Montréal, dans une ville très multiethnique, on a cette réalité de la langue, et ce n’est pas juste entre le français et l’anglais, mais également entre les membres de la communauté chinoise qui sont propriétaires, dans les grandes tours du centre-ville, de nombreux appartements. »

Il fait remarquer qu’une copropriété est un milieu collectif, « un milieu de partage d’un actif ».

« Si les gens ne comprennent pas sur quoi ils votent et sur quoi ils ont à partager, c’est évident qu’il va y avoir un autre problème. Il ne faut pas être des intégristes linguistiques, mais il faut avoir à cœur la protection de la langue française. »

L’irréductible francophone

Me Ludovic Le Draoullec, aussi spécialisé en droit de la copropriété, préside des assemblées de copropriétaires depuis 10 ans.

« On se retrouve parfois dans des copropriétés où tu sens que tu vas pouvoir faire l’assemblée uniquement en anglais. Mais, du fait de la loi de la charte française, on se doit quand même de poser la question au début, explique-t-il. Et là, tu vas toujours, comme dans la série Astérix, avoir l’irréductible francophone qui comprend l’anglais, mais qui va dire : “Moi, je ne suis pas d’accord.” Donc, là, on se retrouve obligés de tenir l’assemblée dans les deux langues. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Me Ludovic Le Draoullec, avocat spécialisé en droit de la copropriété au cabinet De Grandpré Jolicoeur

Ces situations rappellent qu’il faut regarder les deux côtés de la médaille. Les francophones, dans leur souci d’affirmer la place de leur langue, pourront s’appuyer sur les lois linguistiques. Les anglophones, de leur côté, qu’ils soient ou non d’accord avec les lois linguistiques, voudront pouvoir vivre dans leur langue, que ce soit dans leur quartier ou dans leur résidence en copropriété.

Claude Deschênes, ex-journaliste de Radio-Canada, croit de son côté qu’il faut défendre la présence du français.

« Il ne faut pas baisser la garde, affirme-t-il. Il faut parler français à ceux qui sont là. On a ce rôle-là. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Claude Deschênes, ex-journaliste de Radio-Canada

Il y a un peu plus de deux ans, M. Deschênes a quitté la copropriété qu’il possédait depuis 30 ans, au coin de la rue Sherbrooke et du boulevard Saint-Laurent, pour aller habiter dans une tour de 20 étages au centre-ville, dans un secteur plus anglophone.

Toutes les communications internes sont dans les deux langues, mais la priorité est accordée au français, indique-t-il. Les assemblées annuelles se déroulent aussi en français, avec traduction simultanée dans une salle attenante. Toutefois, sur la page Facebook des résidants de la copropriété, « les gens s’interpellent entre eux en anglais, énormément », constate M. Deschênes.

Je suis surpris. Mais je suis surpris aussi de constater à quel point tout ce monde-là parle français.

Claude Deschênes, à propos des résidants de sa copropriété

« La question, c’est : est-ce qu’on sera assez nombreux comme francophones pour leur faire réaliser que c’est important de parler français ? enchaîne-t-il. Comme la majorité parle anglais, parce que c’est plus simple, ils vont apprendre l’anglais. On se plaint que ça ne parle plus français à Montréal, mais c’est parce que les francophones ne sont pas là ; ils quittent Montréal. C’est ça qui m’inquiète le plus. »

Un clivage

Le politicologue de l’Université Laval Éric Montigny, qui possède aussi un condo à Montréal, partage ces préoccupations.

« Il y a beaucoup de tensions linguistiques dans les réunions annuelles de copropriété, signale-t-il. Le premier enjeu, c’est la langue dans laquelle la réunion doit se dérouler. C’est un enjeu de frustration et de débats. On a même changé d’administrateur de l’édifice parce que des gens se plaignaient qu’il n’y avait pas assez d’anglais. Un autre enjeu important, c’est la longueur des réunions parce qu’elles sont bilingues. Donc, les réunions sont deux fois plus longues. »

La population de sa copropriété est composée à moitié de francophones et à moitié d’anglophones.

Il y a un clivage : des anglophones qui ne parlent pas du tout français veulent être servis en anglais. Il y a des enjeux d’affichage aussi à l’intérieur. Des francophones demandent qu’il y ait une prépondérance de l’affichage en français.

Éric Montigny, politicologue

Il ajoute : « Dans les condos, il y a des espaces privés et des espaces communs. Est-ce qu’on doit étendre la portée de la loi aux aires communes pour le vivre-ensemble et la prépondérance du français ? Moi, je pense que oui. Les gens font ce qu’ils veulent dans leur appartement, mais un espace commun, c’est un espace commun, et la langue commune, c’est le français. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La construction de tours en copropriété explose dans le centre-ville de Montréal.

Ce que dit la loi

Quelles sont les règles qui s’appliquent dans les condos ?

La langue des documents

Depuis l’entrée en vigueur de la loi 96, tous les documents tenus à la disposition des copropriétaires doivent être en français. « On ne peut plus rien publier en anglais au registre foncier », précise Me Ludovic Le Draoullec, spécialisé en droit de la copropriété. « Les déclarations de copropriété ne peuvent plus être publiées en anglais, seulement en français. Ça, ça peut être une source de tensions. »

Les amendes en cas de violation vont de 700 $ à 7000 $ pour les personnes et de 3000 $ à 30 000 $ pour les personnes morales (par exemple, une entreprise, un syndicat de copropriétaires), ajoute Me Yves Joli-Cœur, avocat expert en copropriété.

La langue des assemblées

Toute personne a le droit de s’exprimer en français en assemblée délibérante. « Il existe un droit linguistique fondamental au Québec qui est celui de s’exprimer en français dans les assemblées délibérantes », affirme Guillaume Rousseau, professeur agrégé de droit à l’Université de Sherbrooke, directeur des programmes de droit et politique de l’État.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Guillaume Rousseau, professeur agrégé de droit à l’Université de Sherbrooke

« Le président d’une assemblée de copropriétaires ne pourrait pas dire : “veuillez parler en anglais parce qu’il y a des gens qui ne comprennent pas le français”. Non. C’est un droit fondamental de s’exprimer en français, ajoute-t-il. En matière de droit fondamental, on ne peut pas renoncer à un droit fondamental. On peut renoncer à son exercice. Quelqu’un pourrait dire : “j’ai le droit de parler en français, mais je décide de ne pas exercer ce droit”. Mais ça ne pourrait pas venir du président. Je ne pense même pas que ça pourrait venir du règlement de copropriété parce que quelqu’un pourrait dire : “votre règlement est contraire à la loi”. »

La langue de l’affichage

Si on publie une annonce pour louer un condo, la loi sur l’affichage s’applique, puisque c’est commercial. La publicité doit se faire en français. Elle peut aussi se faire en français et dans une autre langue, à condition que le texte rédigé en français ait un impact visuel plus grand que celui rédigé dans l’autre langue. « Mais si ce n’est pas à des fins commerciales ou publicitaires, comme une communication interne, ça peut être bilingue 50-50 », signale le professeur Guillaume Rousseau.

La langue du vivre-ensemble

Pour le reste, il n’y a pas beaucoup de choses précises sur les copropriétés.

« Au niveau théorique, ça semble bien, mais est-ce que dans les faits, les conditions sociales démographiques permettent vraiment l’exercice de ces droits-là ? soulève M. Rousseau. Est-ce que l’Office québécois de la langue française fait des choses au niveau de la copropriété ? À ma connaissance, ce n’est pas si évident. Le rôle de l’Office, c’est souvent les entreprises, la langue de travail. Est-ce qu’il y a suffisamment de travail de persuasion, de sensibilisation au niveau des copropriétés ? Je ne me souviens pas d’avoir vu un programme spécifique de l’Office de la langue visant à faire la promotion du français dans les assemblées de copropriétaires.

« Donc, au niveau de la loi, les droits sont là, mais le contexte ne rend pas ça toujours facile dans l’exercice à Montréal. Peut-être qu’il y aurait lieu d’avoir des programmes gouvernementaux de promotion de ces droits-là et de sensibilisation dans l’importance de les respecter. »

2 « J'aime »

Ce qu’il faut savoir avant d’acheter un condo

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Être propriétaire dans une copropriété implique un partage avec d’autres propriétaires.

Généralement moins cher qu’une maison individuelle, un condo peut aussi s’avérer un placement immobilier intéressant. Cela dit, des vérifications s’imposent par rapport à la réglementation, ainsi qu’à la santé financière et structurelle de l’immeuble. Il faut en plus être prêt à vivre et à décider en collectivité.

Publié à 12h00

Partager

Emmanuelle Mozayan-Verschaeve

Emmanuelle Mozayan-Verschaeve Collaboration spéciale

LA question essentielle

Selon Mikael Lacroix, courtier immobilier résidentiel et commercial pour le Groupe Sutton-Immobilier Estrie, affilié à Barnes International, l’aspect le plus important à prendre en considération avant d’acheter un condo existant est de savoir qu’être propriétaire dans une copropriété implique un partage avec d’autres propriétaires. « Quand on achète un condo, on est chez soi, mais pas chez soi. Si on en est conscient et à l’aise avec ça, on peut y trouver des avantages », remarque le courtier, en nommant les corvées d’entretien extérieures dont on n’a plus à s’occuper puisqu’elles sont prises en charge par une entreprise.

Un condo, trois parties

Une copropriété se divise en trois parties :

– la partie privative, qui est souvent l’unité intérieure personnelle ;

– les parties communes, comme le terrain à l’extérieur, le vestibule d’entrée que se partagent les copropriétaires ;

– les parties communes à usage restreint, telles que les balcons ou les places de stationnement. Chaque propriétaire profite seul de son espace, mais il doit se soumettre aux règlements de l’immeuble. Par exemple, il peut être interdit d’avoir un barbecue sur son balcon ou de laver son véhicule à sa place de stationnement.

Bien lire les règlements de l’immeuble

Il est essentiel de prendre connaissance de la déclaration de copropriété dans laquelle on va retrouver les règlements de l’immeuble avant de signer une offre d’achat. Certains pourraient ne pas vous convenir, comme le fait que les chiens ne sont pas acceptés, que la location à court terme est interdite, que les vélos doivent impérativement être rangés dans un local, etc.

Vérifier la santé financière de la copropriété

Autre aspect fondamental : vérifier la santé financière de la copropriété. « C’est souvent une condition dans la promesse d’achat et il y a toujours un endroit prévu pour que l’acheteur puisse prendre connaissance de tous les documents de la copropriété », souligne Mikael Lacroix.

Pensez aussi à demander les états financiers et les procès-verbaux, ce qu’il y a dans le fonds de prévoyance et s’il y a suffisamment d’argent prévu en cas de travaux majeurs à réaliser prochainement. « C’est important, car la copropriété aurait pu voter que chaque copropriétaire sorte 3000 $ de ses poches pour payer les rénovations sans prendre l’argent du fonds de prévoyance », dit Mikael Lacroix.

« En devenant nouveau copropriétaire, vous seriez obligé de payer ces 3000 $ puisque le vote est antérieur à votre arrivée », ajoute-t-il.

Pour avoir une idée claire sur l’immeuble, y compris ses états financiers et son administration, les courtiers immobiliers demandent à un représentant dûment autorisé du syndicat de copropriété de remplir un formulaire de demande de renseignements auprès du syndicat des copropriétaires (DRCOP) chaque fois qu’ils font une promesse d’achat. Cette démarche nécessaire pour protéger le nouvel acquéreur d’une copropriété a récemment été appuyée par le gouvernement du Québec, qui a voté deux nouvelles lois.

Deux nouvelles lois bienvenues

Le projet de loi 16 introduit par Québec modifie les règles en matière de copropriété dans le but de mieux protéger les consommateurs.

« Il y a deux articles importants qui sont une révolution légale en copropriété parce qu’ils ont été adoptés par l’Assemblée nationale et vont permettre aux acheteurs d’obtenir de l’information utile en amont de la transaction », souligne Yves Joli-Cœur, président du Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec (RGCQ) et instigateur du site de vulgarisation sur la copropriété condolegal.com.

Consultez le site condolegal.com

« L’article 1068,1, qui n’est pas encore en vigueur — il devrait l’être au cours de 2023 —, mentionne ce qui suit : Celui qui vend une fraction de copropriété (partie privative plus la quote-part des parties communes) doit en temps utile remettre au promettant acheteur une attestation du syndicat sur l’état de la copropriété dont la forme et le contenu sont déterminés par règlement du gouvernement. Ce texte signifie que chaque transaction immobilière en copropriété nécessitera au préalable une attestation de conformité. L’acheteur saura notamment si la copropriété est en difficulté, s’il y a des litiges afin que la transaction soit beaucoup plus transparente.

« Le deuxième article de loi 1068,2 est déjà en vigueur : Celui qui promet d’acheter une fraction peut demander au syndicat qu’il lui fournisse les documents ou renseignements concernant l’immeuble et le syndicat qui sont de nature à lui permettre de donner un consentement éclairé. Le syndicat est tenu, sous réserve des dispositions relatives à la protection de la vie privée de les fournir avec diligence au promettant acheteur aux frais de celui-ci. »

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

La question des assurances en cas de sinistre concernant une copropriété est à prendre très au sérieux.

Des responsabilités collectives

Les frais d’assurance s’ajoutent aux différentes charges de copropriété et la loi exige désormais d’avoir une assurance responsabilité civile pour une copropriété (1 million pour moins de 13 unités, 2 millions pour plus de 13 unités). « Il y a un autre volet rendu obligatoire : il s’agit du fonds d’auto assurance qui comprend le montant de la franchise en cas de sinistre de l’immeuble, mais il faut également faire évaluer l’immeuble par un évaluateur agréé pour vérifier les coûts de reconstruction de l’immeuble, parce que s’il dépasse la couverture de l’assurance, il faudra revoir celle-ci à la hausse pour s’assurer d’avoir les fonds nécessaires », précise Mikael Lacroix.

Inspection partielle ou globale

Avant d’acheter, vous pouvez choisir de faire inspecter uniquement votre partie privative, mais vous pouvez aussi mandater l’inspecteur de vérifier les parties communes intérieures et extérieures. L’inspection peut être l’occasion de savoir comment l’immeuble a été bâti, si les unités sont bien insonorisées. Sur ce point-là, vous pouvez également questionner le voisinage.

Investir… et s’investir

Vivre dans un condo nécessite une implication et une responsabilité collective et il faut être prêt à participer aux réunions du syndicat de copropriété pour prendre les décisions, voire à en devenir membre actif pour s’occuper du cahier des charges.

Pour Agnès D., l’expérience s’est révélée plutôt positive dans son ancien triplex, où chaque étage était occupé par un propriétaire. « Il peut y avoir des désaccords, alors il faut savoir manier l’art du compromis, mais globalement, ça se passait bien. »

Isabelle M., de son côté, n’est pas prête à réinvestir dans une copropriété. « Le côté positif, c’est que c’était accessible pour moi en tant que premier acheteur, mais il y a eu beaucoup de points négatifs. Il s’agissait d’un gros immeuble, les réunions n’en finissaient pas et il y avait souvent des désaccords. Aussi, on paie pour un fonds de prévoyance, mais même s’il y a des travaux d’entretien à faire, comme la peinture, ça peut prendre des mois, voire des années avant qu’ils soient réalisés. Et puis, les gens se surveillent les uns les autres, ça ne me convenait pas du tout, mais quand on m’a demandé de m’impliquer dans le fonctionnement de la copropriété, j’ai joué le jeu pour faire ma part, mais c’est très important de savoir qu’il s’agit d’une lourde responsabilité qu’on te met sur les épaules. »

5 « J'aime »

Reportage à l’émission La Facture

Il en coûterait 54 M$ en travaux, c’est plus que la valeur des condos!

Stupéfaction à Boisbriand : 162 propriétaires de condos devront abandonner leur maison

Tout un ensemble résidentiel âgé d’à peine 15 ans devra être refait, car les habitations sont toutes gravement affectées par le même vice de construction et/ou de conception. Il s’agit de 27 habitations de six unités de condos chacune.


Le lotissement compte 27 immeubles de six unités chacun.
PHOTO : RADIO-CANADA

François Dallaire
Publié à 4 h 00

Environ 200 personnes ont été réunies à la Maison des citoyens de Boisbriand pour entendre le verdict final de plusieurs experts et avocats qui, au cours des deux dernières années, se sont penchés sur l’état de leurs bâtiments.

Les coûts de réfection seront énormes pour les 162 copropriétaires. Une analyse réalisée par l’architecte André Flora-Velhinho indique qu’il leur faudra débourser la somme de 2,9 millions de dollars par bâtiment pour le remettre en état. Vingt-sept bâtiments sont touchés, à des degrés divers, par les mêmes vices puisqu’ils ont été construits par le même entrepreneur, dont les plans ont été dessinés et approuvés par les mêmes firmes d’architectes et d’ingénierie. Ce sont donc 54 millions qui devront être investis par les 162 copropriétaires, une somme qui dépasse la valeur réelle de leur propriété.


Édouard Safi et sa famille peinent à se reloger alors que leur condo est inhabitable.
PHOTO : RADIO-CANADA

Au sortir de la réunion, plusieurs ont exprimé leur frustration, dont Édouard Safi. Son unité de condo a d’ailleurs été en partie démolie pour permettre aux experts de constater l’ampleur des dégâts. On est tous dans le même bateau. Mais nous, on est déjà dans la noyade. Moi, mon épouse et ma fille, on est déjà dans la noyade.

La famille d’Édouard Safi a dû quitter son unité de condo à la suite d’un dégât d’eau. Lors des travaux de correction, les experts se sont aperçus que le problème était encore plus vaste. Cela fait déjà un an qu’Édouard Safi se promène d’un logement à l’autre. À cela s’ajoute le fait qu’il doit malgré tout payer son hypothèque, de même qu’une cotisation spéciale au syndicat de 400 $ par mois, comme tous les autres copropriétaires. Il se sent pris à la gorge. Financièrement, je ne souhaite ça à personne, d’être dans la situation dans laquelle je suis, que ce soit mentalement ou physiquement.

Deux syndicats de copropriétaires impliqués

Ces unités de condos sont regroupées à l’intérieur de deux syndicats de copropriétaires de Boisbriand, soit Pimbina et Pimbina-Loggia. Ils s’intègrent dans un ensemble résidentiel plus vaste, construit sur les terrains de l’ancienne usine GM.

Les deux syndicats ont intenté une poursuite qui totalise actuellement 33 millions de dollars, mais les montants réclamés pourraient grimper. Les défendeurs sont le promoteur et entrepreneur Construction Nomade, de même que les architectes et ingénieurs qui ont signé et approuvé les plans. Comme nous sommes au début des procédures, personne n’a déposé de défense à la cour, mais les défendeurs ont annoncé qu’ils contestent la poursuite. Les allégations restent donc à être démontrées.


Des infiltrations d’eau récurrentes ont créé des dommages irréversibles.
PHOTO : PHOTO : SYNDICAT DE COPROPRIÉTÉ DU FAUBOURG BOISBRIAND

L’eau, source du problème

Tous les bâtiments ont été inspectés par l’architecte André Flora-Velhinho. Construits sur le même modèle, ils sont tous touchés à des degrés divers par la pourriture de la structure de bois. Selon l’expert retenu, et comme on peut le lire dans la poursuite, l’infiltration de l’eau derrière les façades de brique est imputable au fait qu’aucune mesure n’a été prise pour pallier le rétrécissement de la charpente de bois, un phénomène naturel et prévisible. Ce rétrécissement est provoqué par l’assèchement progressif de l’eau emprisonnée dans le bois.

« Le bois contient un certain pourcentage d’eau. Il est d’environ 19 % normalement. En prenant de l’âge, il va perdre une partie de cette eau. En séchant, le bois va perdre un peu de ses dimensions, donc il va se rétrécir, il va diminuer en termes de volume. »

— Une citation de André Flora-Velhinho, architecte


L’architecte André Flora-Velhinho a constaté des dégâts plus importants qu’on l’estimait au départ.
PHOTO : RADIO-CANADA

Bien connus dans l’industrie de la construction, des moyens existent pour permettre l’absorption de ce retrait sans affecter les autres composantes, souligne l’expert architecte. Il faut préparer le bâtiment, l’assemblage, l’enveloppe, et la désigner, la construire de manière à parer ce phénomène naturel.

Et cette démarche n’a pas été réalisée, selon André Flora-Velhinho. Il n’y a pas eu de mesures tant au niveau de la conception qu’au niveau de la réalisation de la construction. Ces mesures-là n’ont pas été déployées.

La santé des copropriétaires à risque

Tous les échantillons de surface contiennent une contamination fongique, peut-on lire dans le rapport d’analyse de la qualité de l’air rédigé par la firme Bâtisso. Selon les résultats de cette analyse, les spores de moisissures retrouvées sur les 18 façades [analysées] représentent une flore fongique problématique. L’analyse de la qualité de l’air d’une unité de condo a démontré une telle contamination que le copropriétaire a dû quitter son logement.

Corriger ou démolir?

Deux scénarios ont été présentés aux propriétaires lors de la rencontre avec les experts, mais aucun des deux ne leur permettra d’éviter de perdre leur propriété, à moins d’engager d’énormes sommes d’argent. À près de trois millions de dollars par bâtiment, le coût de la reconstruction s’élèvera à environ 500 000 $ par copropriétaire. La directrice générale du syndicat de copropriété du Faubourg Boisbriand écarte ce scénario, à moins qu’une aide financière ne soit apportée par le gouvernement. On s’entend que c’est impossible, dit Marie-Josée Leclerc. Les gens ne pourront pas assumer ça. Ils ne pourront pas payer ça si, évidemment, on n’a pas une aide extérieure.

Des démarches ont déjà été entreprises auprès de leur député, le ministre des Finances, Eric Girard. Pour l’avocat en droit de la copropriété Yves Joli-Cœur, qui déplore l’absence de loi obligeant la surveillance des chantiers de construction, le gouvernement doit s’impliquer financièrement. Il faut se poser la question : pourquoi [cette] situation se présente-t-elle? La première cause, évidemment, c’est qu’on construit mal au Québec. [Il faut] que le gouvernement assume sa responsabilité morale d’un déficit législatif qu’on connaît depuis des décennies au Québec.

L’autre scénario implique la dissolution des deux syndicats, une procédure qui permettra qu’un syndic organise la liquidation des actifs, c’est-à-dire la vente des terrains sur lesquels sont construits les bâtiments. Pour cela, il faut l’approbation de 90 % des copropriétaires. Mais ce n’est pas tout, souligne Yves Joli-Cœur. Il faut également que tous les créanciers hypothécaires soient d’accord avec le processus de liquidation. Est-ce possible juridiquement? Peut-être, mais en termes pratiques, la réponse est non.

Dans tous les cas, ça ne libère pas les copropriétaires de leurs dettes envers leurs créanciers hypothécaires, a rappelé la directrice générale. On parle de personnes nouvellement parties chez leurs parents, de retraités, des gens qui ont leur fonds de pension. Donc ces gens-là vont tout perdre, ultimement. Certains envisagent de remettre les clés à la banque, comme Ionescu Laurentiu, qui a acheté son condo en juin 2021 et qui a encore une hypothèque de 320 000 $ à payer. Qu’est-ce que je peux faire? Je me rends malade? La seule option que j’ai, c’est la faillite.

Pour la directrice générale, il n’y a pas d’issue favorable. Il s’offre malheureusement peu de choses. On est dans une impasse. La situation est grave. On est très préoccupés. On parle d’un drame humain à grande échelle.

5 « J'aime »

Il y en a plusieurs qui semblent vouloir passer le problème au suivant…

1 « J'aime »

Syndicat de copropriété : ce qu’il faut savoir avant d’acheter votre condo

Équipe Explorez

26 avril 2023 à 13h40 - Mis à jour 27 avril 2023 à 11h13 4 minutes de lecture


L’achat d’un condo est une décision importante qui nécessite une planification minutieuse. Outre l’emplacement et le prix, il est essentiel de comprendre le rôle clé d’un conseil d’administration dans la gestion de votre copropriété.

Le rôle clé du syndicat de copropriété

Un syndicat de copropriété est une organisation composée de tous les propriétaires de condos d’un immeuble ou d’un complexe immobilier. Ce syndicat est responsable de la gestion, de l’entretien et de la sécurité de l’immeuble et de ses installations communes, telles que les espaces verts, les aires de stationnement et les ascenseurs.

Avant d’entamer une recherche active de condo à vendre à Montréal, une bonne connaissance des normes régissant les conseils d’administration de propriétés, à Montréal ou au Québec, est déterminante.

Le conseil d’administration de condo est un groupe de personnes élues par les copropriétaires pour gérer les affaires courantes de la copropriété. Il est responsable de la prise de décisions importantes concernant les finances, la maintenance et la gestion de l’immeuble. Les membres du conseil sont élus lors d’une assemblée générale annuelle, et ils travaillent en collaboration avec le gestionnaire de la copropriété pour s’assurer que les copropriétaires et les locataires bénéficient d’un environnement de vie agréable et sécurisé.

Les syndicats de copropriété sont courants dans les grandes villes du Québec, y compris à Montréal, où la densité de population et le marché immobilier sont très dynamiques. Les syndicats de copropriété permettent aux propriétaires de bénéficier d’une gestion professionnelle et efficace de leur propriété, tout en partageant les coûts d’entretien et de réparation des espaces communs.

Ce qu’il faut savoir sur le conseil d’administration

Ce conseil est formé de membres élus parmi les propriétaires de condos, et il est responsable de la gestion des finances de la copropriété, de l’entretien de l’immeuble, de la mise en place de règles et règlements, de la résolution des conflits et de la prise de décisions importantes concernant la copropriété.

Le conseil d’administration est également chargé de superviser les opérations quotidiennes de la copropriété, ainsi que de s’assurer que les règles et règlements sont appliqués de manière équitable et cohérente. Pour remplir ses fonctions, le conseil d’administration doit travailler en étroite collaboration avec le gestionnaire de la copropriété et les autres parties prenantes, tout en tenant compte des besoins et des préoccupations de tous les copropriétaires. La gestion efficace de la copropriété est essentielle pour maintenir la valeur de la propriété et pour assurer un environnement de vie agréable et sécurisé pour tous les résidents de la copropriété.

Il est essentiel de bien se renseigner avant d’acheter un condo, notamment sur le rôle et les responsabilités du conseil d’administration de la copropriété.

Il est également important de comprendre les règles et règlements de la copropriété, ainsi que les coûts associés aux charges de copropriété, tels que le budget annuel. Cette information vous permettra de prendre une décision éclairée et de vous assurer que le condo répond à vos besoins et à votre budget.

En bref

À Montréal, les copropriétés sont très courantes et il est important de comprendre le rôle du conseil d’administration de condo. Ce groupe de personnes élues par les copropriétaires est responsable de la gestion financière de la copropriété, de l’entretien de l’immeuble, de l’application des règles et règlements, de la résolution des conflits et de la prise de décisions importantes.

Avant d’acheter un condo à Montréal, il est essentiel de bien comprendre ces éléments et de s’informer sur les règles, règlements et coûts associés aux charges de copropriété pour éviter toute surprise. Cette information vous permettra de faire un choix éclairé et de trouver un condo qui convient à vos besoins et à votre budget en un temps record.


Pour plus d’information, visitez vistoo.com ou leurs réseaux sociaux!

2 « J'aime »

Un bon conseil alors… n’achetez pas au Séville :rofl:

Comment savoir si un condo est bien insonorisé ?

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Michael Courrier, promoteur et président de Dorem

Talons qui claquent sur le plancher, cris d’enfants, sons vibrants de climatiseurs… Les bruits peuvent gâcher notre quotidien quand on réside en copropriété. Comment savoir si le logement que vous envisagez d’occuper est bien insonorisé et quelles sont les solutions si vous subissez déjà ces nuisances ?

Publié à 1h43 Mis à jour à 12h00

Partager


Emmanuelle Mozayan-Verschaeve
Emmanuelle Mozayan-Verschaeve Collaboration spéciale

« L’insonorisation est malheureusement l’enfant pauvre du monde de la construction parce qu’on n’en parle pas suffisamment, alors que c’est un problème majeur », lance d’emblée Vincent Moreau, vice-président d’AcoustiTech.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’être humain est affecté en première ligne par la pollution atmosphérique, puis par la pollution acoustique. En fait, lorsqu’on visite un appartement, on observe tout, mais on pense rarement à écouter. Pourtant, le bruit peut être insupportable.

Planification et inspection

Pour savoir si le logement est bruyant, prévoyez de le visiter à une heure achalandée, comme la fin de la journée, quand les gens sont rentrés du travail. Au besoin, retournez-y à un autre moment pour constater, par exemple, l’impact du bruit de la circulation extérieure. N’hésitez pas non plus à vous informer auprès du voisinage.

En tant qu’acheteur potentiel d’un condo sur plan, neuf ou récent, demandez au syndicat de copropriété de vous fournir des documents sur la performance acoustique de l’immeuble. S’il n’y en a pas ou qu’il semble réticent à vous les fournir, c’est mauvais signe.

PHOTO FOURNIE PAR ACOUSTITECH

La MuteBox d’AcoustiTech permet d’entendre la différence entre un plancher mal insonorisé et un plancher bien insonorisé et de trouver une solution en fonction de chaque problème de bruit.

« Il y a 10 ans, on voyait beaucoup de projets immobiliers qui annonçaient un confort acoustique supérieur, mais peu de normes étaient établies, poursuit le vice-président d’AcoustiTech. Il y a d’ailleurs présentement beaucoup de poursuites pour des non-conformités acoustiques, parce que les performances ne correspondent pas aux critères espérés par les habitants. »

Le document doit tenir compte des bruits aériens, qui proviennent notamment des voix, de la radio et de la télévision, ainsi que des bruits d’impact, issus d’un choc ou d’une vibration, comme quelqu’un qui se déplace, des meubles qu’on déplace ou des objets qui tombent.

Dans un immeuble ancien, cette information est rarement accessible, mais vous pouvez demander les plans du bâtiment et contacter un acousticien pour qu’il fasse un bilan des nuisances sonores éventuelles, à savoir les bruits aériens et les bruits d’impact. L’acousticien est un inspecteur du son. Il va procéder à une analyse technique pour savoir si l’insonorisation répond à des standards acceptables ou non, un peu comme l’inspecteur en bâtiment vérifie différents points importants avant l’achat d’une propriété. Vous pouvez donc demander que la vente soit conditionnelle au résultat de l’inspection acoustique.

PHOTO FOURNIE PAR ACOUSTITECH

Injecter de la laine isolante dans le plafond : une technique pour améliorer l’isolation phonique

Quelques pistes de solution : ajouter du gypse sur des murs existants ou injecter de la laine isolante dans le plafond sont des techniques visant à améliorer l’isolation phonique. Mais avant d’agir, il faut impérativement passer par plusieurs étapes : demander l’autorisation au syndicat de copropriété, vérifier auprès d’un acousticien quel est le moyen le mieux adapté à votre habitation et faire appel à un professionnel acousticien pour exécuter ce type de travaux.

L’insonorisation en première ligne

Michael Courrier, promoteur et président de Dorem, rénove des habitations dans les quartiers centraux de Montréal et met un point d’honneur à les insonoriser au mieux. « Je travaille sur de vieux immeubles existants, ce qui complexifie les corrections d’insonorisation, notamment quand il y a de magnifiques planchers de bois d’origine et que les plafonds sont décorés de rosettes et de moulures de plâtre, parce qu’on ne veut pas les endommager », précise-t-il.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Pour le promoteur Michael Courrier, l’insonorisation, c’est une priorité !

Il faut alors choisir l’une des options suivantes. On peut faire le minimum, c’est-à-dire injecter de la laine insonorisante dans le plafond, ou alors on conserve les plafonds et on dégarnit les planchers, pour insonoriser par le plancher, ce qui le remontera un peu. On peut aussi conserver les planchers et dégarnir les plafonds, pour insonoriser par le plafond, ce qui le rabaissera un peu. Dernière option : on ne conserve que les solives et on dégarnit les planchers et les plafonds, pour insonoriser des deux côtés.

Autre point important : les fenêtres, surtout si les pièces donnent sur une rue passante. « Le triple vitrage est le plus efficace, mais il peut être double à condition que les deux épaisseurs de verre soient différentes pour couper le son. »

Bref, l’insonorisation, tout comme l’isolation, est un principe dont la finalité est influencée par plusieurs facteurs, qui ne sont malheureusement pas « simplement » additionnables.

M. Courrier recommande également de vérifier dans les logements du dernier étage des constructions neuves ou récentes s’il n’y a pas de bruit émanant du toit. « Des compresseurs de climatisation ou des thermopompes y sont souvent installés et provoquent une vibration. Le problème peut se régler avec une base qui va absorber le bruit. »

1/2

À l’instar de Vincent Moreau, il confirme qu’à moins d’obtenir un document démontrant une bonne insonorisation de l’immeuble, demander à un acousticien de faire une analyse avant d’acheter vaut vraiment la peine pour assurer votre tranquillité et ne pas avoir le sentiment d’habiter avec vos voisins.

Consultez le site d’AcoustiTech

Consultez le site de Dorem

4 « J'aime »

Un sondage confirme l’augmentation des charges de copropriété


PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE
Le quart des propriétaires paient maintenant 400 $ ou plus par mois en « frais de condo », selon un sondage.

Les propriétaires de logements en copropriété divise font face à une forte augmentation de leurs charges mensuelles depuis 2020. Pour le quart d’entre eux, les « frais de condo » dépassent 400 $ par mois.

Publié à 1h18 Mis à jour à 6h30
André Dubuc
LA PRESSE

Dans un récent sondage Léger sur les intentions d’achat des ménages québécois, on a interrogé les propriétaires concernés sur cet aspect singulier du mode de vie en copropriété.

En moyenne, les 161 répondants qui ont dit être propriétaires d’un condo depuis au moins cinq ans ont déclaré des charges de copropriété de 281 $ par mois en 2023, ce qui représente une augmentation de 46 $, ou 19 %, en deux ans.

Pire, le quart des propriétaires paient maintenant 400 $ ou plus par mois en « frais de condo ». En 2020, c’était la réalité de seulement 8 % d’entre eux.

De fait, la popularité du condo comme produit d’habitation semble s’effriter, d’après le sondage. Parmi les personnes interrogées qui envisagent d’acquérir une propriété d’ici cinq ans, le condo a reculé de 2 points de pourcentage, étant le premier choix de 14 % des répondants en 2023, comparativement à 16 % en 2020 ; un écart appréciable, a dit Christian Bourque, vice-président directeur chez Léger.

Il y a un changement. Mon impression, c’est qu’avec les nouvelles dispositions de la loi sur les fonds de prévoyance, il y a un phénomène de rattrapage dans les copropriétés où les fonds étaient insuffisants.

— Christian Bourque, vice-président directeur chez Léger

De fait, la « loi 16 », adoptée en 2019, rend obligatoire l’étude du fonds de prévoyance, mais après 2027 ou plus tard, or on peut penser que des syndicats de copropriété ont trouvé intérêt à y voir sans tarder.

Désaffection pour le condo

« Avec les taux d’intérêt qu’on a eus, j’ai été très étonné de voir que la copropriété ne se porte pas mieux sur le marché de la revente qu’elle se porte en ce moment », a confié Charles Brant, directeur de l’analyse de marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), dans un entretien en marge de l’évènement annuel Fenêtre sur le marché immobilier, qui s’est tenu jeudi.

C’est vraiment l’unifamiliale qui attire l’intérêt des gens, des jeunes surtout.

— Charles Brant, directeur de l’analyse de marché à l’APCIQ

Pour comprendre la désaffection du public pour le condo, M. Brant énumère les charges de copropriété qui augmentent de façon importante, les difficultés à s’assurer, les cotisations spéciales vertigineuses et les cas de qualité de construction défaillante. « Les gens ont peur d’acheter un condo », dit-il.

Sur le marché du neuf, cela fait 10 ans que la part de marché du condo décroît, confirme Francis Cortellino, économiste principal à la Société canadienne d’hypothèques et de logement, qui participait à l’évènement. Le condo est pourtant un produit plus abordable que la maison, idéal pour les premiers acheteurs. En cette ère de lutte contre les changements climatiques, la copropriété est un choix écologique sensé en raison de sa densité qui limite l’étalement urbain, par rapport à un lotissement de maisons unifamiliales.

2 « J'aime »

Dans mon immeuble, fumer le cannabis est interdit dans les espaces communs, mais aussi les balcons, car l’odeur se propage très rapidement chez les voisins.

Dans cet article, c’est interdit à l’intérieur même des unités de condo

Un homme condamné à payer plus de 100 000$ pour avoir fumé du cannabis chez lui


Darryl Dyck ,Archives La Presse canadienne
La consommation personnelle de cannabis à des fins récréatives a été légalisée en 2018. Mais en fumer peut encore entraîner des conséquences, même si elles ne sont pas criminelles. Photo d’illustration.

Stéphanie Marin
28 décembre 2023
Justice

Le cannabis récréatif est désormais légal au Canada, ce qui ne veut pas dire qu’on a le droit d’en fumer partout, y compris dans le confort de son propre salon. Un propriétaire de condominium vient d’être condamné à payer plus de 100 000 $ au syndicat des copropriétaires qui l’a traîné devant la Cour pour qu’il cesse.

La consommation personnelle de cannabis à des fins récréatives a été légalisée en 2018. Mais en fumer peut encore entraîner des conséquences, même si elles ne sont pas criminelles. Car un syndicat de copropriété peut tout à fait interdire une activité qui est autrement légale, explique Me Marjolaine Condrain-Morel, avocate et vulgarisatrice sénior chez Éducaloi.

Bref, la pensée : « Je suis chez moi, je fais ce que je veux », a ses limites dans une tour de condos.

Un an avant la légalisation, un chic immeuble de condominiums de l’Île-des-Soeurs, à Montréal, a adopté trois règlements pour y interdire toute consommation et culture de cannabis. L’interdiction vise les espaces communs, mais aussi les « parties privatives », c’est-à-dire l’intérieur des unités de condominium.

En 2019, Mohammed Mehdi Mokaddem devient propriétaire d’un appartement. Il a été avisé de l’existence des règlements avant son achat.

Mais dès qu’il emménage, des voisins commencent à se plaindre des odeurs de cannabis qui émanent de son unité. Un premier avis d’infraction lui est transmis en octobre 2019. Mais rien ne change et les plaintes se succèdent — une voisine en a transmis 80 ! — et un second avis d’infraction lui est donné en janvier.

L’homme reconnaît être un consommateur de cannabis, mais nie avoir fumé dans son unité. Il affirme que l’odeur provient soit de ses vêtements lorsqu’il fume dehors ou d’une autre unité.

Las, le syndicat de copropriété dépose une demande d’injonction. Une juge ordonne alors à M. Mokaddem de cesser de fumer du cannabis dans son unité et sur son balcon. L’homme persiste et il est condamné pour outrage au tribunal. Il continue, selon le syndicat, qui modifie sa demande pour exiger la vente de son unité et réclamer des dommages.

Des règlements limpides

Pour le juge Martin Sheehan de la Cour supérieure, les règlements sur le cannabis du condominium « ne souffrent d’aucune ambiguïté ». C’est interdit, point final.

« Des règlements interdisant aux copropriétaires de fumer dans leur partie privative ont déjà été considérés comme étant valides par les tribunaux. En effet, ceux-ci se justifient par les risques pour la santé que représente la fumée secondaire et les désagréments qui peuvent être causés par les odeurs », écrit-il dans sa décision rendue à la fin de l’automne.

La preuve au dossier démontre « sans équivoque » que M. Mokaddem a contrevenu à plusieurs reprises aux règlements, tranche-t-il. Plusieurs voisins ont témoigné. Une dame a décrit de la fumée et des odeurs fortes qu’elle sentait même chez elle, lui causant maux de tête et troubles de sommeil. Des représentants du syndicat sont allés cogner chez lui à plus d’une reprise après des plaintes : lorsqu’il a ouvert sa porte, l’odeur était encore plus prenante, ne laissant aucun doute sur son origine, ont-ils témoigné. Et lorsque M. Mokaddem va quelques mois au Maroc, les émanations cessent — tout comme les plaintes — mais tout reprend dès son retour.

Dans ce condominium, les règlements prévoient la possibilité pour le syndicat de copropriété de réclamer ses frais d’avocats engagés pour les démarches devant les tribunaux — jusqu’à concurrence de 15 % de la valeur de l’unité. Pour les multiples procédures et demandes à divers juges — dont en appel — le juge Sheehan condamne l’homme à rembourser 103 000 $ au syndicat.

Le règlement fait loi

Fumer du cannabis, c’est un peu comme posséder un animal, illustre Me Condrain-Morel d’Éducaloi. « C’est tout à fait légal de posséder un chien. La police ne va pas débarquer chez nous parce que l’on a un chien. Mais dans notre unité de condominium, si le règlement de condo l’interdit, je dois me conformer à ce règlement et ne pas posséder de chien. »

En condominium, on accepte que l’on vit dans une communauté, qui a ses règles, poursuit l’avocate. Les règlements qui ont été adoptés par les copropriétaires, c’est un contrat. « Et ce qui est écrit dans ce contrat, c’est notre loi. »

Elle donne d’autres exemples de ce qui a été interdit par des condominiums : la cigarette, les BBQ, et certaines décorations de Noël.

Le Code civil du Québec prévoit qu’un syndicat de copropriété peut demander la vente en justice de l’unité du propriétaire qui refuse de se conformer à une injonction. Ici, le syndicat l’a tenté, mais le juge Sheehan ne l’a pas permis : la vente est un « remède de cheval », qui doit être réservé aux circonstances exceptionnelles, dit-il. Un fait qui a pesé dans la balance est que M. Mokaddem avait quitté le pays et mis son condominium en vente : il ne pourra plus importuner ses voisins, conclut le magistrat.

Me Condrain-Morel rappelle qu’il y a d’autres endroits, outre les condominiums, où les citoyens ne peuvent pas fumer le cannabis : dans les parcs et sur les trottoirs, par exemple. Le bail d’un locataire peut aussi l’interdire. Bref, des restrictions existent, même si le cannabis est légal.

Ajout : je viens de vérifier notre règlement, c’est interdit dans les parties privatves aussi! Notre règlement a été adopté en mars 2018 avant la légalisation du cannabis qui est entrée en vigueur en octobre 2018!

J’imagine que la compagnie de gestion applique ce même règlement à tous les immeubles dont elle est responsable. C’est souvent ainsi, mais les propriétaires peuvent tjs voter contre les propositions, mais rares sont les personnes qui lisent tous les documents avant les assemblées

ATTENDU QUE : L’utilisation et la consommation de cannabis causent de la fumée et des odeurs qui peuvent migrer vers d’autres unités de copropriété et dans les parties communes ;

ATTENDU QUE : Qu’une telle migration de fumée et d’odeurs nuirait aux droits des autres copropriétaires et résidents de l’immeuble en copropriété, y compris leur droit à la jouissance de leur partie privative ;

IL EST RÉSOLU : D’ajouter à la DEUXIÈME PARTIE de la déclaration de copropriété du Syndicat de copropriété LSV 1 à savoir le RÈGLEMENT DE L’IMMEUBLE, aux articles 114.24°, 115.14°, 117.6° la limitation additionnelle suivante d’ajouter le règlement comme suit :

Il est strictement interdit de consommer du cannabis ou ses produits dérivés par tout mode de consommation qui provoque de la fumée ou des odeurs. Cette interdiction vaut tant à l’intérieur de toute partie privative et partie commune de l’immeuble, que sur les balcons et sur tout terrain de l’immeuble.

1 « J'aime »

C’est interdit dans les parties privatives de mon immeuble aussi, mais il faut vraiment fumer comme une cheminée pour déranger les voisins! J’en fume un peu de temps à autre sous la hotte du four et ça ne sent jamais le cannabis chez moi.