Le stade IGA devrait-il avoir un toit rétractable?
Graham Hughes La Presse canadienne Un homme reste dans les gradins malgré la pluie qui s’abat sur le court central.
Michel Lamarche - La Presse canadienne
19 h 37
Sports
Malgré la température incertaine tout le long de la semaine, Valérie Tétreault était fière d’annoncer un record d’assistance pour un tournoi du volet féminin à Montréal, à 219 000 spectateurs, lors de son premier bilan à titre de directrice de l’Omnium de tennis Banque Nationale. L’ancien record était de 182 000 et remontait à 2014, au moment où Eugenie Bouchard connaissait les meilleurs moments de sa carrière.
Mais qui sait combien de spectateurs de plus se seraient rendus au stade IGA — et aussi, quel aurait été le dénouement du tournoi — si le court central avait pu être protégé par un toit rétractable ?
Car, bien sûr, le sujet du toit est revenu sur le tapis au cours de la semaine, avec tous les épisodes de pluie et des matchs qui ont dû être déplacés d’un court à un autre et, dans certains cas, d’une journée à une autre.
Comme l’a rappelé l’ancien directeur Eugène Lapierre lors d’une conférence de presse lundi dernier, le projet du toit semblait en voie de se réaliser avant que la pandémie ne frappe. Tétreault en a parlé lorsqu’elle a été questionnée sur le dossier du toit dimanche. « Les conversations allaient quand même bien avant la pandémie. La pandémie a mis ce projet sur la glace. Les dernières années, on s’est surtout concentrés, je dirais, à se relancer. Les priorités ont changé. »
Par ailleurs, Tétreault a fait remarquer que l’ATP et la WTA n’imposent pas encore l’ajout d’un toit rétractable. Mais rien ne dit que ça ne changera pas.
« Lorsque l’on regarde le portrait à l’international, il y a de plus en plus de tournois, de [tournois du] Grand Chelem, mais [aussi] de tournois 1000 — donc de la même catégorie que nous — qui ont des toits rétractables et ça, ça met de la pression, a-t-elle admis. Même si ce n’est pas un standard qui est imposé par les circuits, ça ne veut pas dire que dans cinq ans, dans dix ans, ça ne le deviendra pas. »
D’où l’importance, a-t-elle noté, de commencer la réflexion et, aussi, de regarder le stade dans son ensemble. Un stade qui, à compter de 2025, accueillera un tournoi qui s’échelonnera sur une douzaine de jours et réunira 96 athlètes, au lieu de 56. « Le stade se fait vieillissant, il date de 1996. Alors, il y a une grosse réflexion à avoir. Et après ça, oui, reprendre les discussions pour faire progresser la chose parce qu’à la minute où ça deviendra quelque chose d’imposé, ça ne sera pas à ce moment-là qu’il faudra commencer à en parler. »
1996
Il s’agit de l’année où le stade IGA, tel qu’on le connaît aujourd’hui, a été construit.
En présentant son bilan dimanche, Tétreault a évoqué un commentaire que lui avait fait Clare Wood, une superviseuse de tournois au sein de la WTA, deux jours plus tôt.
« Elle m’a dit “Val, after this, it’s going to be a piece of cake” (“Val, après ça, tout sera facile”) », a relaté Tétreault. « Lorsqu’on l’entend d’une superviseuse qui voyage partout à travers le monde pour s’occuper de différents tournois, on se dit : “OK, c’était réellement particulier, ce qui s’est passé cette semaine.” »
Le « après ça » faisait sans doute référence aux chambardements à l’horaire qui avaient dû être apportés, entre autres jeudi, à cause des intempéries. Et, du coup, à l’horaire du lendemain.
Des joueuses affectées
Deux matchs de huitièmes de finale qui auraient dû être joués jeudi ont été transférés au vendredi midi, un sur chacun des deux courts principaux du stade. Les gagnantes de ces matchs — Liudmila Samsonova et Belinda Bencic — ont ensuite croisé le fer en quarts de finale, pour lancer la séance de la soirée. Dans un match qui a duré 1 heure et 49 minutes, et qui s’est terminé peu après 23 h, Samsonova l’a emporté en deux manches de 6-4, 6-4.
Mais il allait rester un autre duel de quarts de finale à disputer vendredi soir. Un duel qui ressort de tous les autres matchs joués pendant le tournoi. Il était 23 h 26 lorsque Daria Kasatkina et Elena Rybakina ont foulé le sol du court central. Elles l’ont quitté peu avant 3 h samedi matin, après une spectaculaire, mais surtout éprouvante, bataille de 3 heures et 27 minutes gagnée par Rybakina.
D’autres chambardements à l’horaire allaient venir samedi. L’affrontement de demi-finale entre Rybakina et Samsonova, qui devait s’amorcer à 18 h, a été reporté à dimanche, 13 h 30 — heure à laquelle la finale devait commencer à l’origine —, à cause de la pluie, une fois de plus. On connaît la suite. Rybakina a perdu ses moyens à partir de la deuxième manche et a été éliminée en trois manches, en 1 heure et 43 minutes.
Photo: Minas Panagiotakis Getty Images via Agence France-PresseLa Russe LiudmilaSamsonova qui a dû jouer deux fois dimanche.
Quant à Samsonova, elle a perdu la finale en 49 petites minutes contre Jessica Pegula, 6-1, 6-0. Une finale qui avait commencé vers 17 h 40, soit un peu plus de deux heures après la conclusion de la demi-finale.
Autant Rybakina que Samsonova ont affirmé dimanche que les conditions météo et les perturbations dans leur horaire leur avaient compliqué l’existence. Rybakina s’est d’ailleurs présentée à la demi-finale avec l’épaule droite bandée, résultat possible de son match marathon contre Kasatkina.
Évidemment heureuse d’avoir gagné le match ultime, Pegula s’est aussi montrée empathique à l’endroit de Samsonova et à l’horaire difficile avec lequel cette dernière a dû négocier pour accéder à la finale.
Dans un contexte où le climat est devenu une préoccupation grandissante, des épisodes comme ceux de la dernière semaine au stade IGA pourraient très bien se reproduire, pense Tétreault. « Et c’est pour ça qu’on recommence, tranquillement pas vite, à penser à un toit, au besoin d’avoir un toit. C’est sûr que dès qu’il pleut, c’est là qu’on recommence à en parler. »