Lieux culturels

Minimusées Petits trésors et grande fierté

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La Maison Nivard-De Saint-Dizier a fière allure avec ses murs de pierres des champs, son toit pentu couvert de bardeaux de cèdre, ses deux grandes cheminées et sa lourde porte de bois qui grince lorsqu’on l’ouvre.

Il y a de grands musées qui se retrouvent tout en haut de la liste des endroits à visiter dans une ville. Mais il y a aussi nombre de petits musées, peu connus, qui valent le déplacement, qu’on soit un touriste ou un habitant du coin. Tous recèlent de petits trésors et font la fierté de ceux qui y travaillent. La Presse a visité trois de ces sympathiques minimusées.

Publié à 11h30

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Marie Tison

Marie Tison La Presse

Le Musée des ondes Emile Berliner

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D’une certaine façon, la visite du Musée des ondes Emile Berliner commence à l’intersection des rues Lenoir et Saint-Antoine, au cœur de Saint-Henri. Une petite plaque apposée sur un grand bâtiment industriel met la table : on y apprend qu’Emile Berliner, l’inventeur du gramophone, a fait construire cette usine en 1908. Acheté plus tard par RCA Victor, l’immeuble a abrité le studio d’enregistrement le plus moderne de son époque et a produit au cours des années des radios et des téléviseurs. C’est même là qu’on a assemblé le premier satellite canadien de communications, Alouette.

Il reste maintenant à pénétrer dans le bâtiment, rénové et occupé en partie par un gym et de petites entreprises, puis à trouver le musée. Il y a des présentoirs ici et là dans les corridors, qui exposent quelques objets d’antan comme des tourne-disques et des téléviseurs, et même une figurine de Nippy, le chien qui écoutait le son émis par un gramophone et qui est devenu la marque de commerce de RCA Victor.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

L’inventeur du grramophone, l’Allemand Emile Berliner, s’est installé au Canada.

C’est au deuxième étage que se dissimule le petit musée. On y trouve une exposition temporaire sur les 100 ans de la radiodiffusion à Montréal ainsi que l’exposition permanente, une salle remplie de trésors comme des phonographes (qui utilisaient des cylindres) et des gramophones (qui utilisaient des disques). Avec enthousiasme, une jeune guide, Sureaya White, appose l’aiguille d’un gramophone sur un disque pour montrer son fonctionnement. Le mécanisme ne comprenait pas de contrôle du volume. Il fallait simplement fermer le couvercle pour assourdir un peu le son ou ouvrir les portes du meuble pour le libérer.

Sureaya White raconte en brièvement l’histoire de la radio et de la télévision en faisant admirer l’imposante collection d’appareils. Elle ne manque pas de glisser un VideoDisc SelectaVision de Star Trek dans un lecteur pour montrer comment cette technologie n’a pas pu faire le poids devant les cassettes VHS. RCA a perdu les 580 millions de dollars qu’elle avait investis dans le développement de cette technologie.

L’exposition se poursuit dans les corridors, qui font connaître la vie et l’œuvre d’Emile Berliner, mais aussi de son fils Herbert, qui s’est lancé dans l’enregistrement de disques, notamment avec des artistes comme La Bolduc, le Soldat Lebrun et La Poune.

C’est tout un pan de l’histoire québécoise qui est évoqué dans le petit musée de Saint-Henri.

Consultez le site du Musée des ondes Emile Berliner

Le Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal

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Il suffit de faire quelques pas, de passer du hall d’entrée moderne à la première salle d’exposition, dans l’ancien presbytère, pour réaliser que le Musée des Hospitalières retrace en fait l’histoire de la présence européenne à Montréal.

« Ce n’est pas juste un hôpital, c’est un témoin de l’histoire de Montréal depuis 1642 », résume le directeur général de l’institution, Paul Labonne, qui ne cache pas sa fierté.

Cette histoire commence avec l’arrivée de Jeanne Mance et de Paul de Chomedey de Maisonneuve puis la création d’un petit dispensaire, et ensuite d’un hôpital dans ce qui deviendra la rue Saint-Paul. Cet hôpital déménagera sur le terrain actuel, le long de l’avenue des Pins, en 1861.

M. Labonne s’enthousiasme devant les trésors du musée : les lettres patentes pour l’établissement des Hospitalières dans l’île de Montréal, signées par le roi Louis XIV, un des rares tableaux à sujet religieux d’Alfred Pellan, des pièces d’orfèvrerie, d’impressionnantes sculptures de bois réalisées par un maître, Paul Jourdain dit Labrosse.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

La Vierge et l’Enfant, une sculpture de Paul Jourdain dit Labrosse

« Les sœurs allaient voir les meilleurs artisans de l’époque, explique M. Labonne. La collection des Hospitalières est un peu passée sous les radars, mais nous sommes véritablement dans l’art québécois. »

L’histoire médicale est évidemment à l’honneur, avec des récipients de faïence qui servaient à la fabrication des médicaments au XVIIe siècle et des instruments de chirurgie qui donnent froid dans le dos.

Les dimanches, il est possible de se joindre à des visites guidées qui explorent le monastère, les jardins, la chapelle ou encore la crypte. Cette dernière constitue un véritable voyage dans le temps. « C’est comme un instantané, rien n’y a changé depuis 1861 », affirme M. Labonne.

On y voit notamment l’endroit où reposent Jeanne Mance et les trois Hospitalières qui sont venues lui prêter main-forte en 1659.

Difficile de se retrouver plus près de l’histoire de Montréal.

Consultez le site du Musée des Hospitalières

La Maison Nivard-De Saint-Dizier

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C’est une belle maison paysanne de 1710, coincée entre le fleuve Saint-Laurent et le boulevard LaSalle, à Verdun. Elle a fière allure, avec ses murs de pierre des champs, son toit pentu couvert de bardeaux de cèdre, ses deux grandes cheminées et sa lourde porte de bois qui grince lorsqu’on l’ouvre.

Mais la réelle richesse de cet endroit se retrouve probablement dans le sous-sol. C’est que l’endroit, aux abords des rapides de Lachine, était un lieu de portage et de campement, un terrain d’échanges et de rencontres pour les peuples autochtones bien avant la venue des Européens. Il s’agit du plus grand lieu archéologique préhistorique de l’île de Montréal, qui retrace 5500 ans d’occupation.

Des fouilles archéologiques, réalisées entre 2005 et 2017, ont permis de récupérer une variété de petits objets, comme des pointes de flèches, des grattoirs, des tessons de poterie et des fourneaux de pipe. Plusieurs d’entre eux sont exposés à l’intérieur même de la Maison Nivard-De Saint-Dizier. On y apprend que ces objets proviennent de la région, mais aussi de lieux aussi éloignés que le Maine, le lac Supérieur ou la Pennsylvanie. Ils ont voyagé au gré des échanges entre les nations autochtones.

Des archéologues sont justement en train de fouiller un terrain à l’extérieur de la maison. Le musée veut installer un puits sec pour éloigner l’eau de pluie des fondations de la maison, et il faut s’assurer que les travaux ne détruiront pas d’éventuels trésors archéologiques.

Les travaux de fouille, réalisés par la firme Ethnoscop, ne devraient pas permettre de découvrir grand-chose puisqu’ils s’effectuent dans la zone de remblais, soit le premier mètre de sol, et non pas dans la zone d’occupation historique, située immédiatement en dessous.

Mathieu Sévigny, d’Ethnoscop, se montre philosophe. « Oui, c’est un peu frustrant, mais notre rôle, c’est de préserver la ressource archéologique. »

Une voisine, Michèle Verreault, suit la scène de près. Elle habite de l’autre côté du boulevard et s’interroge : peut-être y a-t-il des artéfacts sous sa demeure ? « Je viens souvent ici, j’amène des gens, dit-elle. Le musée est très intéressant, mais en plus, il y a souvent des activités, des spectacles. »

On peut en apprendre plus sur l’histoire de l’endroit et de la vieille demeure elle-même en consultant les panneaux à l’intérieur. Mais rien ne vaut une visite guidée pour vraiment s’imprégner des lieux.

Consultez le site de la Maison Nivard-De Saint-Dizier
Consultez le site Musées Montréal

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