Industrie aérospatiale et astronautique

Airbus peine à accélérer la cadence de production de l’A220, fabriqué à Mirabel


Un employé d’Airbus travaille sous l’aile d’un A220 à l’usine de Mirabel, au Québec.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / GRAHAM HUGHES

La Presse canadienne
Publié à 17 h 11

La cadence de production de l’A220 d’Airbus, assemblé en partie à Mirabel, a été ralentie par les difficultés de la chaîne d’approvisionnement en 2022. L’avionneur français estime que le programme, détenu à 25 % par l’État québécois, devrait toujours atteindre la rentabilité vers 2025.

En 2022, Airbus a livré 53 appareils A220, l’ancienne C Series de Bombardier, selon les données dévoilées par la société, mardi. Il s’agit d’une augmentation de seulement trois appareils par rapport à l’année 2021.

Le président à la gestion d’Airbus, Guillaume Faury, a reconnu que le nombre de livraisons n’a pas été à la hauteur des attentes de l’entreprise. Les difficultés de la chaîne d’approvisionnement nous ont empêchés d’atteindre nos cibles, a expliqué le dirigeant lors d’une conférence de presse téléphonique.

Le grand patron d’Airbus ne croit pas que ces difficultés vont retarder le moment où le programme atteindra la rentabilité, prévue pour la mi-décennie, soit vers 2025. Nous travaillons à maintenir la trajectoire du programme. Oui, il y a des difficultés. Nous travaillons fort pour nous rattraper et maintenir nos prévisions.

En moyenne, Airbus a livré 4,4 avions A220 par mois au cours de l’année 2022. Elle veut atteindre un rythme mensuel de 14 appareils d’ici 2025. En mars, le président-directeur général d’Airbus Canada, Benoît Schultz, avait dit que l’entreprise avait atteint une cadence de production de six appareils par mois.

Le gouvernement du Québec a investi près de 1,68 milliard de dollars dans la C Series et l’A220 depuis 2016. Québec pourra racheter sa participation en 2030, soit environ cinq ans après le moment où Airbus croit qu’elle atteindra la rentabilité.

En 2022, Airbus a reçu 127 commandes pour l’appareil A220. En tenant compte des annulations, cela représente 105 commandes nettes. Parmi les commandes notables de 2022, JetBlue a annoncé, en février, qu’elle commandait 30 appareils supplémentaires. En octobre, Air Canada a annoncé l’acquisition de 15 avions de plus.

Une situation complexe

Les difficultés liées à la chaîne d’approvisionnement ont représenté un défi pour l’ensemble des activités de la multinationale. Airbus a livré 661 appareils, une augmentation de 8 % par rapport à 2021. La société visait toutefois 720 livraisons initialement. C’est moins que nos objectifs, a reconnu M. Faury.

Airbus a enregistré 1078 nouvelles commandes, soit 820 commandes nettes en tenant compte des annulations.

Même si Airbus a affronté des vents contraires, la société française devance l’avionneur américain Boeing pour une quatrième année d’affilée.

L’industrie de l’aviation continuera à naviguer dans un contexte difficile en 2023, a prédit M. Faury. Même si les vieux problèmes s’améliorent, nous pourrions être frappés par les conséquences de la crise énergétique en Europe ainsi que par la situation chaotique en Chine, qui a mis de côté la politique de zéro COVID.

Malgré l’environnement complexe, la direction maintient qu’elle sera en mesure de suivre son plan de production à moyen terme et de respecter les contrats inscrits à son carnet de commandes.

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Des engins spatiaux pourront être lancés à partir du Canada


PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE | Le ministre des Transports, Omar Alghabra, dit souhaiter l’émergence au Canada de telles activités qui seront sécuritaires, sûres et durables sur le plan environnemental.

(Montréal) Les entreprises privées voulant conquérir l’espace pourront bientôt le faire en décollant du Canada.

20 janvier 2023 | Publié à 10h02 | LA PRESSE CANADIENNE

Ottawa a annoncé vendredi, à l’Agence spatiale canadienne, que son cadre réglementaire sera modernisé afin de permettre le lancement d’engins spatiaux à des fins commerciales sur le territoire canadien.

L’objectif est de répondre, ici même, aux besoins et à la forte demande du secteur privé pour des lancements permettant de placer en orbite diverses technologies spatiales, devenues essentielles dans de multiples secteurs économiques.

L’intention fédérale est d’élaborer des exigences réglementaires strictes, des normes de sécurité et des conditions de délivrance des permis rigoureuses pour encadrer l’activité.

Le ministre des Transports, Omar Alghabra, dit souhaiter l’émergence au Canada de telles activités qui seront sécuritaires, sûres et durables sur le plan environnemental.

À terme, le gouvernement fédéral promet des lancements approuvés et conformes à la législation canadienne et aux conventions et traités internationaux.


Communiqué de presse:

Le gouvernement du Canada soutient le lancement d’engins spatiaux à des fins commerciales au Canada

NOUVELLES FOURNIES PAR Transports Canada | Janv 20, 2023, 10:02 ET

LONGUEUIL, QC, le 20 janv. 2023 /CNW/ - Depuis le début des années 1980, les astronautes canadiens ont fait progresser la science et les technologies et ont inspiré la population canadienne. Neuf astronautes extraordinaires de l’Agence spatiale canadienne sont allés dans l’espace 17 fois. Accroître la capacité du Canada en matière de lancement d’engins spatiaux apportera des possibilités économiques pour le secteur spatial du pays, non seulement dans les centres urbains, mais aussi dans les régions, encouragera l’innovation et la recherche, appuiera la sécurité nationale et créera de bons emplois pour les Canadiennes et les Canadiens.

Aujourd’hui, le ministre des Transports, l’honorable Omar Alghabra, était accompagné de la secrétaire parlementaire du ministre des Transports, Annie Koutrakis, du député de Notre-Dame-de-Grâce-Westmount, l’honorable Marc Garneau, et de la présidente de l’Agence spatiale canadienne, Lisa Campbell, pour annoncer l’intention du gouvernement du Canada d’appuyer les activités de lancement d’engins spatiaux à des fins commerciales au Canada.

Des personnes représentant l’Association des industries aérospatiales du Canada et Espace Canada, des organismes qui représentent l’industrie aérospatiale canadienne et des innovatrices et innovateurs canadiens dans le domaine de l’espace, se sont également joints au ministre Alghabra pour cette annonce afin de souligner les immenses avantages pour le secteur aérospatial canadien.

Le Canada est géographiquement bien placé pour appuyer les lancements d’engins spatiaux. Toutefois, son cadre réglementaire doit être modernisé pour tenir compte de tous les aspects associés à cette industrie émergente.

C’est pourquoi le gouvernement a annoncé aujourd’hui les mesures suivantes, qui seront prises entre-temps et à l’avenir :

  • Dans l’intervalle, qui devrait durer trois ans, le gouvernement du Canada a l’intention de permettre des activités de lancement d’engins spatiaux à des fins commerciales au Canada qui sont sécuritaires, sûres et durables sur le plan environnemental, en vertu des lois et des règlements existants et en fonction de chaque cas.
  • Pendant l’intervalle, Transports Canada travaillera en étroite collaboration avec d’autres ministères et organismes fédéraux afin d’élaborer des exigences réglementaires, des normes de sécurité et des conditions de délivrance de permis rigoureuses nécessaires au lancement d’engins spatiaux à des fins commerciales au Canada.
  • De plus, le ministre des Transports établira un processus d’examen interministériel pour tirer parti de l’expertise d’autres ministères et organismes afin de s’assurer que tout lancement est envisagé et approuvé conformément à la législation canadienne, aux conventions et traités internationaux, et aux intérêts du pays en matière de sécurité nationale et de politique étrangère.

Les technologies spatiales placées en orbite terrestre sont en forte demande dans la plupart des secteurs, y compris les secteurs des transports, des services et des télécommunications. Les promoteurs canadiens et internationaux ont démontré leur intérêt à mener des activités de lancement d’engins spatiaux à des fins commerciales à partir du Canada.

Citations

« Les lancements d’engins spatiaux à des fins commerciales sont une évolution naturelle des applications et de l’exploration spatiales, et le Canada est prêt à apporter sa longue histoire et sa réputation de chef de file mondial à ce domaine en croissance rapide. L’élaboration d’un régime de lancement d’engins spatiaux à des fins commerciales pour le Canada aidera à rendre notre secteur spatial plus concurrentiel et permettra à l’industrie canadienne d’occuper une plus grande part du marché mondial de l’économie spatiale. »

L’honorable Omar Alghabra
Ministre des Transports

« Les entreprises du secteur spatial canadien carburent aux défis et produisent des technologies et des innovations de calibre mondial. En rendant possible les lancements spatiaux commerciaux à partir du Canada, nous mettons en place des conditions qui assureront le dynamisme et la croissance de notre secteur spatial, notamment la possibilité de créer des milliers d’emplois de plus, ce qui favorisera notre compétitivité à l’échelle internationale et notre résilience au pays. »

L’honorable François-Philippe Champagne
Ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

« Un cadre réglementaire canadien à long terme sur le lancement d’engins spatiaux à des fins commerciales est essentiel au maintien du Canada en tant que chef de file dans l’exploration spatiale et son développement, ce qui représente une évolution importante dans le domaine des activités spatiales du Canada. La capacité canadienne de lancement d’engins spatiaux créera des possibilités économiques durables pour le secteur spatial canadien, encouragera l’innovation et la recherche, et appuiera la sécurité nationale. »

Annie Koutrakis
Secrétaire parlementaire du ministre des Transports

« Le Canada a une longue et importante histoire dans le domaine spatial, dont j’ai eu l’honneur de faire partie. L’annonce d’aujourd’hui aidera notre pays à se positionner comme chef de file dans le domaine des lancements d’engins spatiaux à des fins commerciales, ce qui profitera à notre économie et créera de bons emplois pour les Canadiennes et les Canadiens. »

L’honorable Marc Garneau
Députée de Notre-Dame-de-Grâce-Westmount

Les faits en bref

  • En 2020, l’industrie aérospatiale canadienne a contribué pour plus de 22 milliards de dollars au PIB et a créé près de 207 000 emplois dans l’économie canadienne.
  • Un lancement d’engins spatiaux à des fins commerciales désigne le lancement par une entité privée d’un objet spatial (p. ex., un satellite), y compris son véhicule de lancement et ses parties correspondantes.

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SOURCE Transports Canada

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An English version below

LONGUEUIL, QUE. – Canada is hoping to capitalize on its vast geography and space expertise to position itself as the next global player in commercial space launches.

Transport Minister Omar Alghabra announced today that the federal government will develop the regulatory requirements, safety standards and licensing conditions necessary to authorize commercial satellite space launches from Canada within the next three years.

He told reporters at the Canadian Space Agency headquarters in Longueuil, Que., that the country is also ready to approve launches in the interim period on a case-by-case basis, and he invited private companies to come forward with projects.

Montreal-area MP and former astronaut Marc Garneau said Canada has a number of geographic advantages when it comes to satellite launch locations, including a vast, sparsely populated territory and a wide range of possibilities for high-inclination orbits.

He said that while Canada has previously launched suborbital rockets — which go up into space and fall back down — it has not yet launched an orbital space flight.

Alghabra says a number of companies have expressed interest in launching from Canada, including Maritime Launch, which is planning to build the country’s first spaceport in northeastern Nova Scotia.

This report by The Canadian Press was first published Jan. 20, 2023.

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[Canada hopes to be future leader in commercial space launches | CTV News]

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Il y a 20 ans, Columbia explosait en pénétrant dans l’atmosphère

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(Paris) Le 1er février 2003, Columbia se désintégrait au-dessus du Texas, dans un mélange de brouillard épais et de bruit assourdissant, fauchant la vie de sept astronautes et accélérant la mise à la retraite des navettes spatiales américaines.

1er février 2023 | Publié à 6h00 | LAURENCE COUSTAL | AGENCE FRANCE-PRESSE

« Columbia, ici Houston […] Nous n’avons pas capté le dernier (message)… ». Réponse du commandant de bord : « Bien reçu, mm… ». La communication est rompue.

Il est 8 h 59 sur la côte est des États-Unis. La navette américaine Columbia s’approche de la Terre à plus de 21 000 km/h. Quelques minutes plus tard, elle se désintègre dans une lueur orangée visible 61 km plus bas.

Une pluie de métal incandescent s’abat sur une partie du Texas et de la Louisiane.

Une cassette vidéo, retrouvée plus tard avec des débris, immortalise des astronautes insouciants, collés aux hublots de la navette une dizaine de minutes avant l’accident.

« C’est orange vif, jaune, tout autour du nez » de la navette, commente l’un deux. Columbia entre alors dans l’atmosphère, s’entourant d’une boule de plasma à très haute température.

Cinq hommes et deux femmes

Les images se troublent puis virent au noir quatre minutes avant que le centre de contrôle de la mission à Houston (Texas) ne décèle les premiers problèmes d’instrumentation de Columbia.

Selon le rapport final de la NASA, les astronautes ont eu le temps de réaliser qu’il y avait un problème, le pilote ayant tenté de reprendre le contrôle « avant la perte de connaissance » de l’équipage sous l’effet de la dépressurisation de la cabine.

Ils étaient sept à bord, six Américains et un Israélien, cinq hommes et deux femmes. Ils restent à ce jour les dernières victimes de l’espace, dix-sept ans après l’explosion de la navette américaine Challenger en 1986.

La NASA éreintée

Columbia s’était envolée mi-janvier de Cap Canaveral pour une mission scientifique en orbite. C’est alors son 28e vol.

81,7 secondes après le décollage, un morceau d’isolant de la taille d’une valise se détache du réservoir central et vient percuter le bord de l’aile gauche, fissurant le bouclier thermique.

Des techniciens demandent à plusieurs reprises l’inspection visuelle de la navette avant sa rentrée sur Terre. Sans résultat.

Seize jours plus tard, la brèche laisse pénétrer les gaz très chauds (plus de 1000 degrés) générés par la friction de la navette avec les couches supérieures de l’atmosphère. La structure d’aluminium de l’aile gauche se met à fondre et se casse.

« Nous sommes convaincus que les pratiques de gestion régissant le programme de la navette spatiale (Columbia) sont tout autant une cause de l’accident que l’isolant qui a frappé l’aile gauche », écrivent, sept mois plus tard, les treize enquêteurs du Conseil d’enquête (CAIB).

Leur rapport de 250 pages met notamment en lumière des « causes organisationnelles », « ancrées dans l’histoire et la culture » de l’agence. Les auteurs dénoncent « les ressources limitées, les priorités fluctuantes, les pressions au lancement… », et éreintent la NASA pour le non-respect des procédures de sécurité et sa tendance à se reposer sur des succès passés.

Ils estiment également qu’une opération de sauvetage de l’équipage aurait pu être tentée.

De retour avec SpaceX

Les navettes américaines représentent un système de transport spatial spécifique. Constituées d’un avion spatial emportant équipage et satellites, de deux accélérateurs à poudre et d’un réservoir externe, elles sont récupérables, une nouveauté.

Cinq seront envoyées dans l’espace : Columbia, Challenger, Discovery, Atlantis et Endeavour.

Après l’accident de 2003, l’administration Bush décide de tirer un trait sur le programme : les trois navettes encore en exercice prendront leur retraite en 2011 dès la Station spatiale internationale (ISS) achevée.

Jusqu’en 2020 et la reprise des vols avec la société privée SpaceX, les États-Unis dépendront de la Russie pour acheminer des astronautes vers l’ISS.

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Avions électriques Beta Technologies s’installe à Montréal

PHOTO FOURNIE PAR BETA TECHNOLOGIES

(Montréal) Un autre fabricant dans le secteur de l’aviation électrique ouvre une antenne au Québec. L’entreprise américaine Beta Technologies a annoncé officiellement, mercredi, l’ouverture d’un centre d’ingénierie à Montréal.

Publié à 8h12

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Stéphane Rolland La Presse Canadienne

Le centre compte déjà une cinquantaine d’employés. L’équipe montréalaise jouera un rôle dans le développement et la certification de l’avion ALIA de Beta. L’appareil entièrement électrique est conçu pour voler sur de courtes distances.

En juin 2022, le prototype de Beta a effectué un vol aller-retour de 2000 miles nautiques, soit de Plattsburgh dans l’État de New York à Bentonville en Arkansas. L’appareil s’est arrêté en cours de route pour être rechargé à l’aide de l’infrastructure que développe l’entreprise en parallèle.

L’entreprise en démarrage fondée en 2017 au Vermont compte Amazon parmi ses actionnaires. En 2021, elle a signé un important contrat avec le courriériste UPS pour une commande pouvant aller jusqu’à 150 appareils. Au moment de la signature, les 10 premiers appareils devaient être livrés en 2024.

Beta n’est pas la seule entreprise américaine de la filière de l’aviation électrique à avoir des visées au Québec. C’est le cas de l’entreprise texane Jaunt Air Mobility, qui développe un aéronef électrique capable de décoller et d’atterrir à la verticale. L’entreprise qui suscite de l’intérêt pour un potentiel service de taxi volant dans la région de Montréal a des activités au Québec.

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Électrification de l’industrie aéronautique L’entreprise suisse H55 se pose au Québec

PHOTO ANNA PIZZOLANTE FOURNIE PAR H55

Les blocs-batteries conçus par H55 permettent d’alimenter les systèmes de propulsion d’un petit avion.

L’industrie aéronautique a besoin de batteries si elle veut prendre le virage électrique. L’entreprise suisse H55 comblera ce besoin dès l’an prochain en implantant une usine de blocs-batteries en banlieue sud de Montréal afin d’approvisionner des acteurs de l’industrie bien connus comme Pratt & Whitney Canada ainsi que CAE.

Publié à 7h00

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Cofondée par André Borschberg – détenteur du record du monde pour le plus long vol en solitaire sans ravitaillement avec un avion sans carburant à bord de Solar Impulse –, la jeune pousse confirmera son implantation en sol québécois ce mercredi. Elle est appuyée à hauteur de 10 millions par le gouvernement Trudeau, qui consent un prêt sans intérêt.

« On vise la conversion des avions existants pour le moment parce que c’est plus rapide, explique M. Borschberg, en entrevue avec La Presse. Nous sommes en train de développer notre site à Saint-Hubert. On l’annoncera plus tard cette année. Mais nous voulons produire les premiers blocs-batteries en 2024. »

H55 a déjà noué des partenariats avec Pratt & Whitney Canada pour lui fournir les systèmes de batteries pour la réalisation d’un moteur hybride électrique qui doit propulser un avion à hélices Dash 8 construit par De Havilland Canada. L’entreprise est aussi un fournisseur du partenariat formé par CAE et Piper pour développer une trousse de conversion électrique destinée au modèle Archer de l’avionneur américain. Finalement, elle collabore avec Harbour Air afin d’électrifier ses appareils Beaver.

L’objectif de la société établie à Sion : livrer des blocs-batteries à ses clients canadiens en 2024 pour ensuite mettre sur pied un site de production automatisé d’ici 2026, explique M. Borschberg. Sans chiffrer l’ampleur des investissements à réaliser dans le projet qui doit se décliner en plusieurs phases, l’homme d’affaires affirme que la facture sera de « plusieurs dizaines » de millions de dollars.

H55 discute aussi avec Investissement Québec, bras financier de l’État québécois. En janvier dernier, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, avait visité les installations de l’entreprise en Suisse après sa participation au Forum économique mondial de Davos.

Première étape

Bon an, mal an, le secteur du transport aérien représente environ 2 % des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Les vols transatlantiques dans un avion 100 % électrique ne sont pas pour demain, mais l’électrification est néanmoins en marche dans la « petite aviation », affirme le cofondateur de H55.

« C’est ce que nous faisons avec la conversion des appareils existants, dit M. Borschberg. On est en train de démarrer la prochaine étape avec la transformation et le développement de l’aviation régionale. On parle de vols qui peuvent aller jusqu’à 2000 kilomètres avec des avions qui peuvent avoir jusqu’à 80 places. Le moteur hybride que développe Pratt & Whitney Canada sert à cela. »

Si Ottawa a décidé de donner le feu vert à un prêt de 10 millions, c’est parce que l’entreprise suisse propose une technologie qui doit permettre d’améliorer l’empreinte environnementale du secteur aérien.

« Il y a la question de l’amélioration de la productivité, de la commercialisation des nouvelles technologies et de l’intégration des fournisseurs dans la chaîne d’approvisionnement, souligne la ministre responsable de l’Agence de développement économique pour le Québec, Pascale St-Onge. Le projet cadre dans les objectifs du gouvernement. »

H55 s’est déjà tournée vers le Québec pour bonifier son équipe de direction. Martin Larose, qui a passé les six dernières années chez le constructeur d’autocars Nova Bus – où il occupait le poste de président depuis l’automne 2021 –, a quitté ses fonctions pour devenir chef de la direction de la société suisse. Il est en poste depuis le 1er mars dernier.

En savoir plus

  • 2017
    Année de fondation de H55

Source : h55

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Aéronautique québécoise Près de 50 millions pour aider l’industrie à se décarboner

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Québec offrira près de 50 millions pour financer quatre nouveaux projets visant à réduire l’empreinte carbone de l’industrie aéronautique québécoise.

Les principaux acteurs de l’industrie aérospatiale se partageront environ 50 millions pour développer des technologies qui amélioreront l’empreinte carbone du secteur. Présentées ce vendredi à l’assemblée générale annuelle d’Aéro Montréal, ces initiatives sont au cœur des priorités de la nouvelle présidente-directrice générale de l’organisation, Mélanie Lussier.

Publié hier à 9h30

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

« C’est l’aérospatiale durable, explique-t-elle en entrevue. En positionnant notre industrie comme plus durable, nous pourrons aussi nous montrer attractifs pour attirer de la main-d’œuvre et résoudre un défi auquel sont confrontées nos entreprises. »

À l’instar des années précédentes, le gouvernement Legault profitera de ce rendez-vous annuel pour annoncer un soutien financier à divers projets de recherche et développement. En 2023, quatre initiatives – qui représentent des investissements totaux qui frôlent les 100 millions – obtiendront un soutien financier de 47,47 millions. C’est le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, qui en présentera les détails.

La recherche et développement concernera la mise au point d’un système de commande de vol électrique, les carburants d’aviation durables, la propulsion hybride électrique et une plateforme de contrôle pour aéronefs plus légère.

Les projets financés par Québec

  • Airbus Canada, Pratt & Whitney Canada et Consortium SAF+ : essais en vol pour favoriser l’utilisation des carburants d’aviation durables
  • CMC Électronique et Bell Textron Canada : développement de technologies de propulsion hybrides électriques
  • Bombardier et Thales Canada : création d’une plateforme de contrôle d’avion pour notamment diminuer son poids
  • Dirigeables Flying Whales et Thales Canada : développement d’un système de commande de vol électrique compact et d’une suite avionique connectée pour le dirigeable LCA60T

Ce n’est pas demain la veille que l’on verra des avions propulsés à l’électricité transporter plusieurs dizaines, voire des centaines de passagers. La route vers la décarbonation de l’industrie aérienne – qui représente de 2 % à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre – sera longue. Dans ce contexte, on table sur une multitude d’initiatives pour tenter de réduire l’empreinte de l’industrie.

On ne parle pas d’une transition semblable à celle du secteur automobile où l’on finira par arrêter de construire des véhicules à essence. La propulsion hybride électrique, le carburant d’aviation durable et les technologies, c’est ce qui peut faire évoluer notre industrie.

Mélanie Lussier, présidente-directrice générale d’Aéro Montréal

Les quatre projets financés par Québec ont été retenus au terme d’une démarche déployée en juillet dernier visant à appuyer le développement de « technologies liées aux transports de demain ». Un volet de cette initiative concerne « l’aéronef de demain ».

Redémarrage

Mme Lussier pilotera sa première assemblée annuelle d’Aéro Montéral à titre de présidente-directrice générale. Après des années plus difficiles marquées par les restructurations chez Bombardier – l’un des principaux donneurs d’ouvrage du secteur – et les turbulences pandémiques, l’ambiance du rendez-vous annuel devrait être différente cette année.

Signe que la crise sanitaire ne semble qu’être un mauvais souvenir, un redémarrage vigoureux a été observé dans l’industrie l’an dernier. Des piliers comme Bombardier, Airbus Canada, Bell Textron ainsi que Pratt & Whitney Canada sont à la recherche d’employés. Des postes sont à pourvoir dans la plupart des entreprises de la grappe.

« Je reviens dans une industrie qui a vraiment le vent dans les voiles, dit Mme Lussier. Mais il faut être attractifs pour la relève. Les hausses de cadence de production, si on ne veut pas [les perdre], il faut réussir à conserver notre main-d’œuvre mobilisée. »

Aéro Montréal espère toujours voir le gouvernement Legault mettre la table à une zone d’innovation pour l’aérospatiale à Montréal. Mme Lussier s’attend à ce qu’une décision soit prise cette année.

En savoir plus

  • 35 000
    Nombre d’emplois générés par le secteur aéronautique au Québec en 2022

Source : ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

12,5 milliards
Ventes estimées de l’industrie en 2022

Source : ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

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Salon de l’aéronautique du Bourget « Beaucoup de rencontres » sur le taxi aérien prévues pour Montréal International

PHOTO BENOIT TESSIER, ARCHIVES REUTERS

L’utilisation d’aéronefs électriques capables de décoller et d’atterrir à la verticale pourrait un jour permettre le déplacement de marchandises et de passagers sur de courtes distances.

L’industrie du taxi aérien est un secteur où le Québec peut se démarquer au Salon de l’aéronautique du Bourget, qui débute lundi prochain, croit le président-directeur général de Montréal International, Stéphane Paquet.

Publié hier à 15h08

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Stéphane Rolland La Presse Canadienne

« On s’est rendu compte que la mobilité aérienne avancée, c’est un élément porteur pour l’avenir, commente M. Paquet, en entrevue. Ce n’est pas demain matin que vous allez prendre un taxi aérien de Montréal à Trois-Rivières. La recherche et le développement, c’est maintenant que ça se passe. Il faut être présent. »

L’utilisation d’aéronefs électriques capables de décoller et d’atterrir à la verticale pourrait un jour permettre le déplacement de marchandises et de passagers sur de courtes distances. Des entreprises en démarrage tentent de développer cette filière dans la région de Montréal, notamment Jaunt Air Mobility, Beta Technologies, Wisk Aero et Dufour Aerospace.

Il reste encore des occasions pour attirer d’autres entreprises étrangères dans ce secteur, croit M. Paquet. « Il y a beaucoup de joueurs. L’important, c’est de faire un certain tri entre le bon grain et l’ivraie. Ce n’est pas tout le monde qui va se rendre à un prototype qui va bel et bien voler. On a beaucoup de rencontres au Bourget là-dessus cette année. »

Encore au stade du démarrage, le secteur de la mobilité aérienne avancée suscite un engouement de la part des investisseurs depuis 2020 où les sommes consacrées ont franchi le seuil du milliard US à travers le monde, selon les données publiquement disponibles compilées par la firme McKinsey.

Les investissements ont atteint un sommet de 7 milliards US en 2021. Dans un contexte d’incertitude économique et de hausses des taux d’intérêt, cette somme est toutefois retombée aux alentours de 3 milliards US en 2022.

Opération recrutement

Montréal International ne fera pas que vanter les mérites de la métropole aux entreprises étrangères. Pour la première fois, elle profitera du Bourget pour courtiser les professionnels du domaine.

Elle accompagne 12 entreprises, dont Bombardier, Airbus et Groupe Meloche, qui déploieront des efforts de recrutement sur place. Près de 200 offres d’emploi sont présentées dans le cadre de cette initiative. « Les entreprises nous disent qu’il y a un besoin et on est là pour y répondre », dit M. Paquet.

La reprise du transport aérien ramène le recrutement au sommet des priorités des entreprises, constate Mélanie Lussier, présidente et directrice générale d’Aéro Montréal. « On est en pleine reprise : on est presque revenus au niveau prépandémique en termes d’emplois. »

Aéro Montréal estime qu’il y aura 38 000 postes à pourvoir d’ici 10 ans en tenant compte des remplacements et de la croissance. « C’est beaucoup ! »

Chez Bombardier, il y a près de 825 postes disponibles à Montréal, confirme le constructeur de jets d’affaires qui mène aussi des opérations de charme sur les bancs d’école, notamment avec des bourses d’études et des programmes rémunérés d’alternance travail-études. « La relève en aéronautique est une question sur laquelle nous mettons beaucoup d’efforts. »

En février, Airbus Canada, qui construit l’avion A220 à Mirabel dans les Laurentides, a indiqué qu’elle voulait embaucher 700 personnes en 2023 au Québec. Ce chiffre comprend 450 nouveaux postes.

Le premier Bourget depuis 2019

Il s’agit du premier rendez-vous du Bourget en quatre ans, qui se tient tous les deux ans les années impaires. L’an dernier, le Salon aéronautique de Farnborough (années paires) marquait le retour des grands-messes de l’aviation depuis la pandémie.

En toile de fond, les acteurs de l’industrie se réuniront dans un contexte de perturbations de la chaîne d’approvisionnement. Les difficultés logistiques compliquent la livraison de nouveaux appareils à un moment où la reprise du trafic aérien demeure résiliente, malgré l’incertitude économique.

La décarbonation de l’industrie demeurera un thème central du salon, croit Mme Lussier. « Je vous dirais que la thématique de l’heure, c’est vraiment la transition de nos produits. L’industrie de l’aviation civile s’est donné comme cible d’être carboneutre d’ici 2050. Quand je regarde ce que les gens mettent de l’avant, c’est vraiment la transition énergétique. »

Montréal peut se démarquer à cet égard, abonde M. Paquet. Il cite l’exemple de deux projets accompagnés récemment par son organisation « pour avoir des avions moins polluants », soit H55 qui veut implanter une usine de blocs de batteries sur la Rive-Sud et la société d’experts-conseils Ricardo qui ouvrira un centre en aérospatiale.

« Il n’y a pas un projet où cette notion de carboneutralité n’est pas abordée, assure M. Paquet. C’est vrai pour le taxi aérien, mais c’est aussi vrai pour le secteur en général. »

La Presse au Bourget Pratt & Whitney au cœur de l’aviation durable

PHOTO LUDOVIC MARIN, REUTERS

Le salon du Bourget bat son plein depuis lundi, à Paris.


Jean-Philippe Décarie
Jean-Philippe Décarie La Presse

(Paris) C’est l’entreprise Pratt & Whitney Canada de Longueuil qui prendra la direction du consortium d’entreprises de l’industrie qui va chapeauter l’Initiative de technologie aéronautique durable (INTAD), dont le ministre fédéral François-Philippe Champagne a confirmé la création lundi. Doté d’un budget de 350 millions, l’INTAD financera des projets visant à réduire l’empreinte carbone des PME de l’industrie canadienne de l’aéronautique.

Publié à 1h10 Mis à jour à 6h30

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« On prévoit déjà la mise en œuvre d’une douzaine de projets dès cette année », m’explique Maria Della Posta, PDG de Pratt & Whitney, qui a participé à la création de ce nouveau consortium, qui sera géré par l’industrie. La direction de l’INTAD sera assumée par un membre de la direction du motoriste.

Pratt & Whitney Canada est l’entreprise du secteur aéronautique qui investit le plus dans la recherche et le développement au Canada avec plus de 500 millions d’investissements par année.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Maria Della Posta, PDG de Pratt & Whitney

L’entreprise a bénéficié du soutien d’Ottawa et de Québec pour le financement du projet de développement d’un avion propulsé de façon hybride électrique qui progresse de belle façon et qui doit prendre son envol à la fin de 2024.

« On a investi 100 millions dans ce projet, c’est 20 % de notre budget de recherche qui y a été consacré. Québec et Ottawa ont pour leur part investi 50 millions, ç’a été un coup de pouce bénéfique », explique la présidente.

Mené depuis le Québec

C’est Mme Della Posta qui a été l’instigatrice de ce nouveau fonds, administré par un consortium de grandes entreprises de l’aéronautique pour soutenir l’innovation dans l’écosystème des PME du secteur.

« On va se doter d’un conseil d’administration et d’un comité de sélection de projets indépendant. On veut commencer rapidement nos interventions », poursuit Maria Della Posta.

Outre la grande expertise de Pratt & Whitney Canada dans le domaine de la recherche et du développement, il allait aussi de soi qu’un consortium d’entreprises de l’aéronautique soit chapeauté par une entreprise québécoise.

Selon les chiffres du ministre François-Philippe Champagne, les entreprises canadiennes contribuent à hauteur de 27 milliards annuellement à l’économie nationale ; les entreprises québécoises de l’aéronautique totalisent à elles seules 18 milliards de revenus du total canadien et affichent une croissance annuelle de 5 % de leurs revenus depuis les 20 dernières années.

L’aéronautique, c’est beaucoup au Québec que ça se passe, mais le secteur se développe aussi à l’extérieur, avec notamment l’entreprise De Havilland qui a annoncé lundi le lancement d’une nouvelle version de son appareil DH6-300, le Twin Otter Classic 330-G, avec des accords de vente sur 45 appareils, dont 10 ventes fermes à la société de location Jetcraft Commercial.

Une entreprise discrète, mais omniprésente

Pratt & Whitney Canada est spécialisée dans la fabrication de moteurs d’avions régionaux, de jets d’affaires et d’hélicoptères, avec une clientèle tout aussi vaste que diversifiée.

L’entreprise est le motoriste de 65 constructeurs d’avions dans le monde et elle compte plus de 16 000 sociétés opérantes dans le secteur de l’aviation pour qui elle assure le service après-vente d’entretien et de maintenance de moteurs.

Pratt & Whitney Canada se fait discrète, on en entend peu parler, convient Maria Della Posta, mais son empreinte est importante dans l’écosystème québécois de l’aéronautique.

On est bien présent et on veut soutenir les entreprises du secteur pour leur permettre d’innover dans le mouvement de décarbonation. On va mettre sur pied un laboratoire de recherche et développement auquel auront accès les PME, pour leur permettre d’évoluer.

Maria Della Posta, présidente de Pratt & Whitney Canada

Pratt & Whitney a été peu affectée par la COVID-19 parce que son carnet de commandes dans le secteur de l’après-vente, des hélicoptères et des jets d’affaires a permis d’absorber la baisse de régime de l’aviation commerciale régionale.

« On a encore certains enjeux au niveau de la chaîne d’approvisionnement, on a de la difficulté à livrer certaines commandes et ça, je n’aime pas ça, mais on travaille pour corriger la situation », expose-t-elle.

Avec 5000 employés au Québec, à Longueuil, à Saint-Hubert et à Mirabel, Pratt & Whitney Canada fait toujours face à l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre, mais Maria Della Posta n’en fait pas tout un plat, estimant que l’entreprise est privilégiée de pouvoir profiter d’un réseau d’enseignement très performant en mesure de livrer de la relève.

Pour ce qui est du projet de moteur hybride électrique, le dossier progresse à bonne cadence entre les trois partenaires, Pratt & Whitney Canada, Collins et la firme suisse H55 qui va implanter une usine de blocs-batteries sur la Rive-Sud de Montréal.

« Il faut une puissance de 2000 chevaux-vapeur pour faire décoller un avion. Notre partenaire Collins est maintenant capable de produire une puissance de 1 mégawatt, ce qui fournira la moitié des 2000 chevaux-vapeur générés par un moteur thermique, et nous, on travaille sur un moteur plus petit et plus performant. On va réduire de moitié les émissions de GES sur un Dash-8 », explique la PDG.

Pratt & Whitney Canada est une division du groupe Raytheon Technologies Corporation depuis la fusion entre United Technologies et Raytheon il y a trois ans maintenant. Raytheon était active dans les systèmes de défense, en fabriquant notamment les antimissiles Patriot et les missiles de croisière Tomahawk, et de l’aéronautique avec Collins Aerospace.

« C’est un mariage de cultures qui va bien parce que Raytheon est plus présente dans l’aéronautique. Notre collaboration avec Collins Aerospace permet un échange de technologies important dans le projet de l’avion hybride électrique », souligne Maria Della Posta.

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Satellites MDA confirme un contrat majeur au Québec

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

L’entreprise MDA est spécialisée dans la fabrication d’antennes de satellite.

(Montréal) Un important contrat pour l’usine montréalaise du fabricant d’antennes de satellite MDA peut finalement aller de l’avant, maintenant que son client, Télésat, a complété son montage financier.

Publié à 9h55 Mis à jour à 11h15

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Stéphane Rolland La Presse Canadienne

D’une valeur de 2,1 milliards, ce contrat, le plus important dans l’histoire de MDA, lui permet de lancer une nouvelle technologie de satellite numérique, explique le président et chef de la direction de l’entreprise, Mike Greenley, en entrevue vendredi.

« Ce contrat est tellement gros qu’il permet de commercialiser ce produit avec un grand volume de production. C’est un excellent point de départ qui va nous mettre sur une bonne lancée pour vendre ce produit à d’autres clients. »

L’entente prévoit que 198 satellites seront construits à Sainte-Anne-de-Bellevue sur l’île de Montréal. Le contrat prévoit des options permettant l’achat de jusqu’à 100 satellites supplémentaires. Ces satellites en orbite basse permettront notamment de connecter les régions éloignées à l’internet.

Le contrat va entièrement être exécuté à Montréal. Il va impliquer plusieurs centaines d’employés et nécessiter un agrandissement de nos installations.

Mike Greenley, président et chef de la direction de MDA

MDA a suffisamment d’employés pour entamer la production « dès maintenant », assure le dirigeant. « Dans les deux à trois prochains trimestres, nous allons embaucher un nombre significatif de personnes en raison de ce contrat. En tenant compte du projet de Télésat et des futurs contrats de satellites numériques, nous allons ajouter quelques centaines de nouveaux employés. »

Les premiers satellites de Télésat devraient être envoyés en orbite en 2026 en vue d’offrir un service commercial en 2027. En 2021, Télésat anticipait un lancement en 2023.

Un projet longtemps attendu

Télésatfaisait miroiter le projet depuis 2021, mais l’entreprise n’avait pas encore les fonds suffisants pour confirmer la commande, malgré une promesse de soutien financier d’environ 2 milliards de la part du fédéral et de Québec.

Chez Télésat, on explique que la nouvelle technologie numérique permettra de réduire la facture du projet de près de 2 milliards US par rapport aux précédentes estimations. « C’est une économie significative et ça améliore grandement la rentabilité estimée du projet », déclare Télésat dans un communiqué.

La réduction des coûts ne vient pas avec une baisse de la qualité, assure M. Greenley. « Nous pouvons ajuster en temps réel la performance du satellite pour cibler la communication où et quand le consommateur en a besoin. Ça donne une grande flexibilité à Télésat pour offrir une communication optimale à leurs clients. »

Dans l’ensemble, le programme a une valeur de 3,5 milliards US (4,69 milliards). Télésat dit qu’elle financera le projet à hauteur de 1,6 milliard US (2,14 milliards).

Les investisseurs ont bien réagi à la nouvelle tandis que l’action de MDA gagne 1,97 $, soit 23,34 %, à 10,41 $ à la Bourse de Toronto en avant-midi.

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Aérospatiale Nouvelle usine en vue pour Calogy Solutions

PHOTO MAXIME PICARD, LA TRIBUNE

Mahmood Shirazy, PDG et cofondateur de Calogy Solutions

Calogy Solutions conçoit et fabrique des batteries de même que des composants de gestion thermique pour batteries, deux produits ayant un fort potentiel en aérospatiale. Avec sa nouvelle usine, qui ouvrira d’ici deux ans, l’entreprise de Sherbrooke pourrait doubler le nombre de ses employés.

Mis à jour à 9h00

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Simon Lord Collaboration spéciale

En mars dernier, Calogy Solutions annonçait l’achat d’un terrain dans le parc industriel régional de Sherbrooke afin d’y construire sa première usine de fabrication. Le projet avance à bon rythme.

« On finalise actuellement les plans d’architecture. On va commencer les travaux en 2024. On devrait y déménager en 2025 », explique le PDG et cofondateur, Mahmood Shirazy. Conçu pour accueillir une cinquantaine d’employés, le bâtiment pourra soutenir une production annuelle, à terme, de 1 million d’unités thermiques par année, et de 3000 à 5000 modules de batterie.

Incorporée en 2017, l’entreprise a véritablement commencé à brasser des affaires en 2020. Depuis, elle a travaillé avec différents clients comme Safran, Unither Bioélectronique et Bell Textron.

Ce qui la différencie des autres fabricants de batteries : ses modules de gestion thermique, qui permettent de régler la température des batteries. C’est que les batteries au lithium-ion fonctionnent le mieux dans les températures allant de 15 à 25 ℃, explique le PDG.

« Plus chaud, la batterie vieillit prématurément ou risque de prendre en feu, dit-il. Plus froid, sa performance est réduite. »

Applications aérospatiales

Mahmood Shirazy voit un nombre d’avenues potentielles pour les batteries de son entreprise dans l’industrie aérospatiale.

La première est celle des avions 100 % électriques. Comme les batteries au lithium-ion ont encore une densité énergétique relativement faible, ceux-ci sont principalement des aéronefs à décollage et atterrissage verticaux pouvant servir de taxis aériens et couvrant de courtes distances.

La seconde est celle des aéronefs utilisant deux sources d’énergie. On peut penser à des avions utilisant de l’hydrogène et des batteries, par exemple, mais aussi à des aéronefs hybrides qui utiliseraient des turbines traditionnelles doublées d’une propulsion électrique pour les atterrissages et les décollages.

C’est que les turbines à gaz traditionnelles sont très efficaces à vitesse constante, en mode « croisière », explique le PDG. Mais elles gaspillent beaucoup d’énergie au décollage et à l’atterrissage, contrairement aux moteurs électriques.

« Certaines compagnies développent actuellement des moteurs hybrides et nos batteries seraient très appropriées pour ce genre d’application. »

Un ciel plus propre

Mahmood Shirazy reconnaît que des moteurs d’avion entièrement électriques ne permettraient pas de régler totalement le problème des émissions de CO2 liées au transport aérien : la production d’électricité n’est pas nécessairement propre partout dans le monde.

Toutefois, ils permettraient d’endiguer un autre problème causé par les turbines traditionnelles : celui de la pollution de l’air.

Les moteurs d’avion produisent actuellement beaucoup de particules qui sont nocives pour l’environnement. Avec des moteurs électriques, propulsés par des batteries comme les nôtres, on viendrait amenuiser ce problème.

Mahmood Shirazy, PDG et cofondateur de Calogy Solutions

En attendant sa nouvelle usine, Calogy Solutions a toutefois du pain sur la planche. En juillet dernier, Ottawa annonçait lui verser un soutien financier de 1,4 million de dollars par l’entremise de Développement économique Canada (DEC). Des sommes qui l’aideront à se développer davantage.

« Le montant a servi à créer 16 emplois, portant le total à 20, et aidera notre équipe d’ingénieurs à développer notre technologie davantage », dit Mahmood Shirazy.

Une usine de dirigeables dans le Grand Montréal pour Flying Whales

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Image Flying Whales Esquisse du LCA60T, le dirigeable de la société française Flying Whales.

Alain McKenna

13 octobre 2023

Le projet de Flying Whales d’ouvrir une usine au Québec pour fabriquer des dirigeables géants avance. L’entreprise française hésite entre des sites situés dans la grande région de Montréal. Son objectif est toujours de produire un premier dirigeable au Québec en 2027.

Dans «la grande région de Montréal», Flying Whales inclut le Centre-du-Québec, la Mauricie et l’Estrie, des régions toutes à moins d’une heure et demie de route de la métropole.

Après plusieurs mois d’accalmie, les choses semblent débloquer pour Flying Whales. L’entreprise a annoncé début septembre avoir signé un partenariat stratégique avec l’État de Victoria, en Australie, pour la construction de ce qui deviendra sa troisième usine, après celle prévue en Gironde, en France, et celle au Québec.

En partie québécois

Malgré cette annonce, l’actionnariat de Flying Whales demeure partagé entre la France et le Québec. Des 40 millions d’euros (55 millions de dollars canadiens) investis dans ce projet par Investissement Québec à l’été 2022, 25 millions d’euros (35 millions de dollars canadiens) sont allés dans le capital-actions de la société française. Cela se traduit par une propriété québécoise à hauteur de 25 % de l’entreprise. Le reste appartient à des intérêts français. L’autre partie de la somme consentie par Investissement Québec est allée à la création de la filiale québécoise de Flying Whales.

25 %

C’est le pourcentage de la propriété québécoise de l’entreprise Flying Whales, qui est partagée avec la France.

Dans la foulée du bannissement par plusieurs pays occidentaux de l’équipementier de télécommunications chinois Huawei, Flying Whales a passé une bonne partie des derniers mois à remplacer des investisseurs chinois qui étaient perçus négativement par des partenaires commerciaux potentiels et certains investisseurs. L’annonce d’une usine en Australie boucle en quelque sorte ce chapitre dans la courte histoire de cette entreprise encore toute jeune.

La prochaine étape sera de confirmer dans quelle municipalité sera érigée son usine québécoise. Flying Whales dit avoir réduit de quinze à cinq le nombre de sites potentiels. Ils sont regroupés dans deux municipalités régionales de comté (MRC) du Grand Montréal. La volonté des élus régionaux de s’impliquer dans le projet et la disponibilité de la main-d’oeuvre — Flying Whales compte embaucher 300 personnes — détermineront le choix final.

Entre-temps, la recherche de partenaires locaux va bon train, explique en entrevue au Devoir le p.-d.g. de Flying Whales, Sébastien Bougon. « Certains sont situés au Québec, comme Pratt&Whitney Canada, Thales et Honeywell, entre autres », dit-il.

Du lourd

Flying Whales propose d’établir quelque 160 bases dans le monde d’où ses dirigeables géants pourront assurer le transport de gens ou de marchandises vers des destinations où il serait plus difficile ou plus coûteux de le faire autrement. Ils seront partagés à peu près également entre trois régions : l’Asie-Pacifique, l’Europe et l’Afrique, et les Amériques.

Chaque aéronef devrait mesurer 200 mètres de long. L’espace de chargement fera 96 mètres de long sur 7 mètres de large et 8 mètres de haut. À titre indicatif, un conteneur industriel pour transporter des marchandises mesure généralement 12 m x 2,5 m x 2,5 m. Un dirigeable de Flying Whales pourrait donc, sur papier, transporter l’équivalent d’une quarantaine de ces conteneurs.

Le grand patron de Flying Whales espère pouvoir transporter un tel volume de marchandises à un coût compétitif par rapport à d’autres moyens de transport, là où l’infrastructure traditionnelle n’est pas facilement accessible.

« On pourrait transporter des pales d’éoliennes, qui sont très difficiles à déplacer sur les routes, jusqu’à des endroits loin des grands centres, illustre Sébastien Bougon. En Australie, le gouvernement veut déployer 10 000 km de lignes d’électricité à haute tension. C’est une quantité importante d’équipement à acheminer vers des régions où les routes ne sont pas nombreuses. »

On pourrait transporter des pales d’éoliennes […] jusqu’à des endroits loin des grands centres

— Sébastien Bougon

Au Québec aussi, le transport d’équipement énergétique vers des régions éloignées est un vecteur prometteur. Flying Whales envisage aussi de créer une espèce d’hôpital volant qui desservira à tour de rôle différents villages du Grand Nord canadien. Un tel dispositif mobile pourrait rapidement être remballé et transféré d’un village à l’autre, par la voie des airs.

Du transport propre… un jour

Il reste encore à Flying Whales à faire approuver ses dirigeables par les autorités gouvernementales. Déjà, l’entreprise espère gagner des points grâce à une combinaison de technologies qui, dit-elle, rendra son moyen de transport beaucoup moins polluant que d’autres.

D’abord, l’énorme ballon qui soutiendra la gondole de ses dirigeables sera gonflé à l’hélium. Chacun de ces dirigeables sera ensuite propulsé par 32 hélices animées chacune par son propre moteur électrique. Pour alimenter ces moteurs, dans un monde idéal, Flying Whales se rabattrait sur des piles à hydrogène. De l’hydrogène vert, produit par l’électrolyse de l’eau à l’aide d’énergie renouvelable.

Sauf que cette technologie tarde à voir le jour, si bien que les premiers dirigeables de Flying Whales devront recourir à des turbines génératrices alimentées par du kérosène ou du carburant synthétique comme celui développé à Montréal par le consortium SAP.

« On va commencer par utiliser des technologies que l’on connaît, indique Sébastien Bougon. J’ai quand même bon espoir qu’on finira par utiliser de l’hydrogène. Tous les motoristes de la planète travaillent à faire cette transition. Ils finiront par y arriver. »

Une usine de dirigeables dans le Grand Montréal pour Flying Whales | Le Devoir?

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Remplacement des avions de surveillance Aurora Ottawa accordera le contrat sans appel d’offres à Boeing

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’Aviation royale canadienne doit remplacer ses CP-140 Aurora.

(Ottawa) Le gouvernement Trudeau a tranché : il accordera à Boeing le contrat de 9 milliards de dollars, sans appel d’offres, pour lui acheter 16 avions P-8A Poseidon, afin de remplacer la flotte des avions de surveillance CP-140 Aurora de l’Aviation royale canadienne (ARC), a appris La Presse.

Publié à 0h51 Mis à jour à 5h00

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Joël-Denis Bellavance
Joël-Denis Bellavance La Presse


Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Ce qu’il faut savoir

  • L’Aviation royale canadienne doit remplacer ses vieux avions de surveillance CP-140 Aurora.
  • Ce contrat pouvant atteindre 9 milliards sera accordé sans appel d’offres à Boeing.
  • Bombardier demandait une chance de rivaliser avec son concurrent américain.

Cette décision, qui risque de provoquer un ressac politique au Québec, sera annoncée jeudi par trois ministres du cabinet fédéral : Bill Blair (Défense), Jean-Yves Duclos (Services publics et Approvisionnement) et François-Philippe Champagne (Innovation, Sciences et Industrie). Pour tenter d’apaiser la grogne, on devrait annoncer que le géant américain implantera un centre de recherche et développement dans la région de Montréal.

Ottawa s’apprête ainsi à ignorer les plaidoyers de Bombardier et d’autres poids lourds de l’industrie – comme la filiale canadienne de General Dynamics – ainsi que ceux des syndicats représentant les travailleurs de l’aérospatiale, qui réclamaient un appel d’offres pour permettre à l’avionneur québécois de rivaliser avec Boeing. Depuis des mois, Bombardier répète être en mesure de construire un avion de surveillance et de lutte anti-sous-marine, donc capable de lancer des torpilles, qui est à la fine pointe de la technologie, moins coûteux à exploiter et dans les délais.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Depuis des mois, Bombardier répète être en mesure de construire un avion de surveillance et de lutte anti-sous-marine, donc capable de lancer des torpilles. Il s’agirait d’une version militarisée de son jet privé Global 6500.

Il s’agirait d’une version militarisée de son jet privé Global 6500, qui est assemblé dans la région de Toronto. Contrairement au Poseidon de Boeing, l’avion proposé par la multinationale québécoise n’est qu’un prototype à l’heure actuelle. Cela a visiblement joué contre l’entreprise, qui mise grandement sur le secteur de la défense dans le cadre de son redressement. Le constructeur de jets privés a déjà livré des avions exclusivement spécialisés dans les missions de surveillance à des clients comme les États-Unis et l’Allemagne.

Drôle de signal

Le choix du gouvernement Trudeau envoie un drôle de signal. D’un côté, il privilégie Boeing à l’intérieur de ses frontières, mais souhaite aider Bombardier à vendre son avion militarisé à l’international. La semaine dernière, la Corporation commerciale canadienne, dont le mandat est d’aider les entreprises canadiennes à accéder à « des marchés publics étrangers », annonçait son intention d’épauler l’avionneur québécois.

« Le protocole d’entente offre aux gouvernements la possibilité d’acquérir ce nouvel avion-multimission de gouvernement à gouvernement et vise à contribuer au développement du commerce entre le Canada et d’autres pays », annonçait-on.

En entrevue avec La Presse, le 26 octobre dernier, le président et chef de la direction de Bombardier, Éric Martel, affirmait que « trois ou quatre pays » s’intéressaient à l’avion militaire développé par son entreprise.

Des sources gouvernementales et de l’industrie de l’aérospatiale ont confirmé à La Presse que la décision de privilégier Boeing a été prise lors d’une réunion du Cabinet la semaine dernière. Cette décision devait être entérinée par les membres du comité du Conseil du Trésor lors d’une réunion extraordinaire, mardi soir, à Ottawa. Ce comité est présidé par la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand. Le ministre Jean-Yves Duclos en assure la vice-présidence. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, y siège aussi.

Stratégie déjà prête

La stratégie du gouvernement Trudeau pour tenter de faire passer la pilule au Québec, où le gouvernement Legault a publiquement demandé un appel d’offres, est déjà prête, d’après des notes internes préparées pour cette réunion et que La Presse a pu consulter.

On y explique notamment qu’Ottawa craint que Bombardier ne soit pas en mesure de construire l’avion dans un délai raisonnable et que cela puisse porter préjudice au ministère de la Défense nationale, qui pourrait se retrouver sans avions de surveillance au-delà de la période de 2030, au moment où le contexte géopolitique est hautement volatile. On y souligne aussi que l’offre de Boeing vient à échéance à la fin du mois, soit cette semaine, et que les coûts d’achat du Poseidon vont augmenter si une décision n’est pas prise d’ici le 30 novembre. De plus, faute de nouvelles commandes, Boeing pourrait cesser d’assembler le P-8A après 2025.

L’appareil de Boeing est assemblé aux États-Unis, mais plusieurs entreprises implantées au Québec et dans le reste du Canada sont impliqués à titre de fournisseur. Parmi celles-ci, on retrouve le spécialiste québécois des simulateurs de vols CAE, GE Aviation, qui exploite une usine à Bromont, ainsi que le constructeur de moteurs Pratt & Whitney, bien implanté sur la Rive-Sud de Montréal. Le Poseidon est également déjà en service chez les « Five Eyes », une alliance de services de renseignement de cinq pays dont fait partie le Canada.

Craintes partagées

James Fryer, un analyste du secteur de la défense établi à Toronto, partage une partie des craintes d’Ottawa. Dans une analyse récemment diffusée dans la publication Frontline, spécialisée dans les questions militaires, il soulignait que le Global 6500 de Bombardier n’avait jamais volé en étant équipé des systèmes ou armes destinés aux missions de lutte anti-sous-marine.

« Un acheteur potentiel ne peut pas (encore) évaluer comment l’ajout d’un compartiment à torpilles ou l’ajout d’équipement sur les ailes affectera le poids, le centre de gravité ou l’aérodynamisme, écrit-il. Si Bombardier estime qu’elle peut offrir une meilleure option que le P-8, il convient de se demander pourquoi elle n’a pas tenté de commercialiser le concept auprès d’autres utilisateurs potentiels de cet avion, comme le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, l’Inde ou l’Allemagne. »

Dans les notes gouvernementales, Ottawa reconnaît aussi qu’il court le risque d’une poursuite devant les tribunaux de la part de Bombardier et de General Dynamics – une option qu’ont évoquée les deux entreprises dans une lettre envoyée à une brochette de ministres. Mais on calcule en coulisses que les coûts d’une telle poursuite devant les tribunaux seraient moins élevés que de lancer un appel d’offres.

Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse

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  • 1 milliard US
    Cible des revenus annuels que Bombardier souhaite générer grâce au secteur de la défense à compter de 2025

Source : Bombardier

155
Nombre de P-8A Poseidon actuellement en service dans le monde

Source : Boeing

Remplacement des avions de surveillance Aurora Boeing met ses cartes sur la table

PHOTO JUSTIN TANG, LA PRESSE CANADIENNE

Comme La Presse l’avait révélé, le gouvernement Trudeau a confirmé, jeudi, qu’il achèterait jusqu’à 16 exemplaires du Poseidon de Boeing – 14 commandes fermes et 2 options.

Un centre de recherche et développement dans la région de Montréal, un élargissement de contrat chez L3Harris à Mirabel et de nouveaux simulateurs pour CAE… Boeing met quelques cartes sur la table pour montrer comment elle générera des retombées économiques au pays après avoir été retenue pour remplacer les Aurora CP-140 vieillissants de l’Aviation royale canadienne (ARC).

Publié à 13h15 Mis à jour à 17h23

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

« Il y a déjà de belles occasions pour nous, souligne Robert Foster, vice-président de L3Harris Canada, qui compte quelque 1200 employés à Mirabel. Nous avons obtenu une augmentation du volume [de travail] pour l’entretien du Chinook [un hélicoptère militaire construit par Boeing]. »

Dans l’immédiat, cela permettra à l’entreprise d’ajouter quelque 20 employés à son effectif. Elle pourra probablement en embaucher une trentaine d’autres à moyen terme en raison du travail supplémentaire de maintenance qui sera effectué par L3Harris sur le Chinook.

Il s’agit de l’un des 16 exemples offerts par la multinationale américaine, qui devra générer, au Canada, des retombées économiques équivalentes à la portion du contrat entourant la construction des Poseidon. Un suivi des engagements doit en principe être effectué par les fonctionnaires fédéraux.

Exemples de retombées prévues au Québec

  • Centre de développement dans la région montréalaise
  • Développement d’un taxi aérien dans le centre d’ingénierie de Wisk (propriété de Boeing) à Montréal
  • Élargissement des relations d’affaires avec L3Harris à Mirabel
  • Collaboration avec Héroux-Devtek
  • Contrats d’exportation des services de formation de CAE
  • Partenariats avec l’Université McGill

« Nous sommes prêts à aller de l’avant dès 2024 avec les investissements indiqués dans la liste, affirme en entrevue Jeff Hurst, directeur des partenariats internationaux de Boeing au Canada. Nous avons déjà établi le plan. Il pourra aller de l’avant dès la signature du contrat. »

Plusieurs détails restent cependant à finaliser. Par exemple, il n’a pas été possible, jeudi, d’avoir une idée de l’empreinte du centre qui doit voir le jour à Montréal ainsi que le nombre de personnes qui y travailleront.

Dossier politique

Comme La Presse l’avait révélé, le gouvernement Trudeau a confirmé, jeudi, qu’il achèterait jusqu’à 16 exemplaires du Poseidon P-8A de Boeing – 14 commandes fermes et 2 options – construits aux États-Unis. L’entente est évaluée à 10,4 milliards, dont 5,4 milliards pour l’acquisition des aéronefs. Il n’y a pas eu d’appel d’offres malgré les appels répétés de Bombardier et de son partenaire, l’antenne canadienne de General Dynamics.

Ce dossier avait pris une tournure politique en raison de la mobilisation de plusieurs acteurs de l’industrie aérospatiale canadienne. Appuyées par Québec et l’Ontario, les deux entreprises demandaient la chance de pouvoir rivaliser avec Boeing.

Bombardier souhaitait offrir une version militarisée de son jet privé Global 6500, qui est assemblé dans la région de Toronto. Contrairement au Poseidon de Boeing, l’avion proposé par la multinationale québécoise n’est qu’un prototype à l’heure actuelle. Cela a visiblement joué contre l’entreprise, qui mise grandement sur le secteur de la défense dans le cadre de son redressement.

« Il y a présentement un appareil disponible, en service et en production [le Poseidon] et de l’autre côté, vous avez un concept », a lancé en conférence de presse le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, en faisant référence à l’option de Bombardier.

En désaccord avec le gouvernement Trudeau, l’avionneur québécois estime plutôt que sa solution « aurait été un tournant pour l’économie canadienne ». Dans une déclaration, jeudi, la multinationale québécoise affirme qu’Ottawa aurait pu miser sur une plateforme locale destinée à devenir « un modèle » pour d’autres pays qui auront à un moment donné à remplacer leurs flottes d’appareils de surveillance.

Lisez « Un obstacle à l’international pour Bombardier »

À venir

Dans le cadre des conditions qu’elle doit remplir, Boeing devra également intégrer des fournisseurs canadiens dans sa chaîne d’approvisionnement, donc sur d’autres programmes. Ces ententes n’ont pas encore été conclues. Établie à Longueuil, Héroux-Devtek, qui génère près de 20 % de ses revenus annuels auprès du géant américain, estime qu’il s’agit d’une bonne nouvelle.

« Les retombées ne seront pas uniquement sur le P8, souligne son président et chef de la direction, Martin Brassard. On ne regarde pas les 14 avions qui seront achetés par le Canada, mais les autres programmes de la compagnie. C’est un gros donneur d’ouvrage. »

Spécialisée dans la formation de pilotes et la construction de simulateurs de vol, CAE a déjà obtenu l’assurance qu’elle devrait livrer des simulateurs à l’ARC en plus d’entraîner ses pilotes lorsque les P-8A seront livrés. Reste à voir combien de simulateurs seront construits.

« Le Canada doit décider où seront situés ses centres de formation, précise France Hébert, vice-présidente, défense et sécurité, Canada, chez CAE. Nous avons aussi d’autres ententes avec Boeing pour d’autres occasions d’affaires. Cela dépendra de ce que notre client veut pour la suite des choses. »

En service depuis 1980 au Canada, les CP-140 Aurora devaient initialement être mis au rancart à compter de 2030. Plusieurs centaines de millions ont été mis sur la table pour prolonger la durée de vie de la flotte, mais cet échéancier a visiblement changé. Le premier exemplaire du P-8A devrait être livré en 2026 et l’ARC devrait avoir reçu tous les appareils l’année suivante.

Le P-8A de Boeing

Équipage : jusqu’à huit personnes

Charge utile : cinq torpilles anti-sous-marines et quatre missiles anti-navires

Distance franchissable : 7240 kilomètres

Exploitants : neuf pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie

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  • 163
    Nombre de Poseidon P-8A livrés par Boeing à ce jour

BOEING

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Aérospatiale | Quatre chiffres étonnants


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L’aérospatiale se place au premier rang des industries exportatrices au Québec.

L’industrie aérospatiale est connue en tant que secteur important de l’économie québécoise. On sait cependant moins à quel point le secteur contribue aux exportations de la province ou que cette industrie plus que centenaire compte des acteurs bien au-delà du Grand Montréal. Survol.

Publié à 1h21 Mis à jour à 10h00
DIDIER BERT
COLLABORATION SPÉCIALE

80 %

La grande majorité de l’activité aérospatiale québécoise est destinée à l’exportation. Au total, c’est 80 % de la production réalisée dans la province qui est vendue à des clients étrangers. Les entreprises québécoises ont exporté pour plus de 12,4 milliards de dollars en 2022, en hausse de près de 8 % sur un an, selon les données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). L’aérospatiale se place ainsi au premier rang des industries exportatrices au Québec, devant la production d’aluminium et l’extraction de minerai. Plus que jamais, le Québec réaffirme sa position de chef de file à l’échelle canadienne. Les deux tiers des exportations aérospatiales canadiennes sont réalisés par les entreprises québécoises.


PHOTO MAXIME PICARD, ARCHIVES LA TRIBUNE
Cet hiver, ce sont 4964 postes qui seront à pourvoir dans la province dans l’industrie aérospatiale québécoise.

4964 emplois

L’industrie aérospatiale québécoise a un grand besoin de main-d’œuvre. Cet hiver, ce sont 4964 postes qui seront à pourvoir dans la province, selon le dernier rapport sur les prévisions de main-d’œuvre 2023-2025, publié par le Comité sectoriel de main-d’œuvre en aérospatiale (CAMAQ). La plupart de ces postes (2477) sont vacants, dont 400 le sont depuis plus de six mois. Mais ce sont aussi 1564 postes qui viennent d’être créés cette année pour répondre à la demande des clients. Enfin, 923 postes sont à pourvoir en raison du roulement naturel de personnel, lié aux départs à la retraite, aux départs et aux attributions de nouvelles fonctions.


PHOTO FOURNIE PAR AVIONNERIE VALDOR
Polyvalent, l’avion de brousse Beaver est équipé de roues, de flotteurs ou de skis.

1re

L’aérospatiale au Québec, ce n’est pas seulement dans la région de Montréal. En Abitibi-Témiscamingue, l’entreprise Avionnerie Valdor, spécialisée dans l’entretien de petits aéronefs, est la première au Canada à obtenir le Certificat de type supplémentaire (CTS) de Transports Canada l’autorisant à redonner vie aux avions de brousse de type Beaver. Cette autorisation vient récompenser les efforts de l’entreprise valdorienne qui avait lancé son projet de certification en 2017. Construit à la fin des années 1940 par la firme canadienne De Havilland, le BX Turbo Beaver repensé par l’entreprise embarquera le turbopropulseur de Pratt & Whitney, ainsi que des ailes BX conçues par Avionnerie Valdor elle-même. L’entreprise de 22 employés compte procéder à des embauches pour répondre à la demande.


PHOTO FOURNIE PAR CMC ÉLECTRONIQUE
CMC Électronique est la doyenne des entreprises aérospatiales au Québec.

120 ans

Le secteur aérospatial québécois fête ses 120 ans cette année. C’est en 1903 que l’on trouve la première trace de ce qui allait devenir une des principales grappes aérospatiales au monde. Cette année-là, Guglielmo Marconi fonde Canadian Marconi, qui deviendra plus tard CMC Électronique. Aujourd’hui, l’entreprise montréalaise est un des principaux équipementiers canadiens. Elle fournit des solutions d’intégration de systèmes de poste de pilotage à près d’un millier de clients répartis dans plus de 80 pays. CMC Électronique équipe depuis 25 ans le système de gestion de vol des hélicoptères Black Hawk conçus par Lockheed Martin pour l’armée américaine. Et l’entreprise québécoise a renouvelé ce contrat pluriannuel cette année.

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Aérospatiale Les nouveaux visages de l’aérospatiale québécoise

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Optima Aéro recycle les pièces d’hélicoptère, qu’elle réintroduit sur le marché comme pièces détachées.

Elles n’ont pas la même renommée que les grands noms de l’aérospatiale québécoise. Pourtant, certaines PME se démarquent par leur capacité à répondre aux enjeux sans cesse renouvelés de l’industrie. Plusieurs d’entre elles se sont fait remarquer cette année en glanant les prix Gilles-Demers décernés par Aéro Montréal.

Publié à 1h21 Mis à jour à 8h00

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Didier Bert Collaboration spéciale

À l’ombre de grands acteurs comme Bombardier, Pratt & Whitney et Bell Textron, des PME du secteur aérospatial québécois connaissent une croissance prometteuse en parvenant à s’adapter aux nouveaux défis du marché international.

Forte croissance

À Belœil, Optima Aéro connaît une croissance annuelle moyenne de plus de 30 % en recyclant les pièces d’hélicoptère, qu’elle réintroduit sur le marché comme pièces détachées. L’entreprise vient de recevoir le prix Gilles-Demers de la PME de l’année et celui de la catégorie Croissance et création de richesse, décernés par Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec.

Depuis neuf ans, les prix Gilles-Demers visent à reconnaître le leadership et l’excellence des PME aérospatiales du Québec. Ces prix ont été créés en hommage à Gilles Demers, ancien président de l’Association québécoise de l’aérospatiale (AQA), qui a fusionné avec Aéro Montréal en 2012.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Usine d’Optima Aéro à Beloeil

« Optima Aéro connaît une croissance phénoménale, en ayant doublé sa clientèle depuis trois ans », observe Mario Longpré, président du jury des prix Gilles-Demers et leader canadien du secteur Aérospatiale et défense chez PwC. Optima Aéro réalise la plupart de sa croissance à l’international, avec une usine dans le sud-ouest de la France et une autre ouverte cette année près de Dallas, au Texas. « L’entreprise se donne un rôle de chef de file au niveau international », salue M. Longpré.

Ruiz Fabrications Aérospatiales symbolise elle aussi le renouvellement du secteur aérospatial québécois, en mettant l’accent sur la durabilité de sa production. La PME lavalloise se distingue sur le marché de la fabrication des pièces composites en utilisant des fibres tissées en 3D. « Avec ce procédé, les pièces ne se délaminent pas, ce qui leur offre une durée de vie plus longue, en plus de réduire le poids des pièces de 30 % », explique Mario Longpré, qui salue l’obtention par la PME du prix Gilles-Demers de l’Engagement envers l’innovation.

De son côté, Groupe DCM se démarque avec le prix du Rayonnement international et celui de l’Équité diversité inclusion (EDI). Avec une clientèle à 90 % à l’étranger, la PME établie à Saint-Bruno est un des plus grands sous-traitants de pièces d’aérostructure et de sous-ensembles, en plus d’être un des trois principaux fabricants d’outillage d’entretien d’aéronefs au monde.

Groupe DCM fait rimer son développement international avec la prise en compte des enjeux EDI.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Mario Longpré, président du jury des prix Gilles-Demers et leader canadien du secteur Aérospatiale et défense chez PwC

La nouvelle usine de Saint-Bruno [de Groupe DCM] a été conçue pour intégrer les politiques EDI de façon assez spectaculaire. Par exemple, elle a été pensée pour que les personnes se déplaçant en fauteuil roulant puissent aller effectuer les différentes tâches dans l’entreprise.

Mario Longpré, président du jury des prix Gilles-Demers et leader canadien du secteur Aérospatiale et défense chez PwC

Groupe DCM s’est dotée d’une politique d’intégration destinée aux sans-abri, « ce qu’on ne voit presque jamais », souligne le président du jury.

Enfin, Calogy Solutions a développé une technologie de gestion thermique des batteries qui permet de les maintenir dans la plage de température optimale pour leur fonctionnement. Cette trouvaille lui a permis de remporter le Coup de cœur du jury des prix Gilles-Demers. « L’entreprise est jeune, mais elle peut exploser dans les prochaines années », prédit Mario Longpré. Née en 2019, la PME sherbrookoise a déjà noué des partenariats avec Bell Textron, Pratt & Whitney et CAE.

La force de l’écosystème québécois

Comme quoi, l’ombre des géants du secteur aérospatial québécois profite aussi à l’essor des jeunes pousses. « C’est une force d’être un petit écosystème où les entreprises de toutes les tailles sont habituées à travailler ensemble », se félicite Mélanie Lussier, PDG d’Aéro Montréal. Ce travail collectif permet aux plus grandes entreprises de soutenir la croissance des plus petites, ces dernières apportant leur capacité à répondre aux enjeux en mutation.

Cette capacité à œuvrer ensemble s’incarne également sur le plan international. En juin 2023, Aéro Montréal a été un des membres fondateurs du Global Aerospace Cluster Partnership (GACP), qui regroupe 12 grappes aérospatiales du monde entier dans le but d’approfondir leur collaboration. Comme un symbole de son attachement à la collaboration entre différents acteurs, la grappe québécoise aimerait bien amener le siège social de cette nouvelle organisation internationale à Montréal, confie Mélanie Lussier.

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Challenger 3500 Une commande pour finir l’année chez Bombardier

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Au troisième trimestre ayant pris fin le 30 septembre dernier, l’avionneur québécois avait affiché un ratio de nouveaux contrats par rapport au nombre de livraisons de 1,1.

Bombardier gonfle son carnet de commandes avant la fin de l’année en vendant 12 exemplaires du Challenger 3500, un jet privé assemblé dans ses installations montréalaises.

Publié à 16h44

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

Annoncé vendredi, le contrat est estimé à 326 millions US (436 millions CAN) selon les prix affichés. Les clients peuvent généralement obtenir des rabais lorsqu’ils achètent plusieurs appareils. L’identité de l’acquéreur n’a pas été dévoilée.

« Cette commande démontre clairement que cette plateforme (le Challenger 3500) offre l’expérience exceptionnelle recherchée par les clients », affirme le président et chef de la direction de Bombardier, Éric Martel, dans un communiqué.

Au troisième trimestre ayant pris fin le 30 septembre dernier, l’avionneur québécois avait affiché un ratio de nouveaux contrats par rapport au nombre de livraisons de 1,1. Cela signifie que la compagnie livre pratiquement autant d’appareils qu’elle reçoit de commandes.

La valeur de son carnet de commandes était estimée à 14,7 milliards US.

À la Bourse de Toronto, vendredi, le titre de catégorie B de Bombardier a clôturé à 52,23 $, en hausse de 16 cents ou 0,3 %. Depuis le début de l’année, l’action affiche un repli de 1,15 %.

Pouh, qu’il est laid !

PHOTO FOURNIE PAR DE HAVILLAND CANADA

Trois CL-215 en construction au mois d’août 1967

Même sur papier, le Canadair CL-215 avait la grâce d’un fardier, et ses créateurs ne nourrissaient aucune illusion sur son élégance. « L’industrie aéronautique vient de reculer de 50 ans ! », aurait dit en rigolant Dave Hanchet*, membre de l’équipe de conception, devant ses caractéristiques : une aile droite comme une planche, déposée sur le toit d’un fuselage aussi carré qu’une boîte à chaussures.

Publié à 5h00

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Marc Tison
Marc Tison La Presse

Ce sera pourtant l’avion emblématique du constructeur québécois, au point qu’en France, on parle d’un canadair pour désigner l’appareil.

Dans l’histoire de l’aviation, une poignée de gros appareils auront été en production aussi longtemps.

Mais probablement aucun en aussi petit nombre.

Convaincre… General Dynamics

Pourtant, Canadair ne cherchait pas à concevoir un avion-citerne.

Au début des années 1960, le constructeur songeait plutôt à construire un hydravion de transport pour desservir les régions nordiques. Un pilote du Service aérien gouvernemental du Québec (SAG), qui utilisait depuis 1961 de vieux hydravions militaires Canso transformés en bombardiers d’eau, leur a plutôt suggéré de s’intéresser aux avions de lutte contre les incendies de forêt.

Invité chez Canadair, le directeur général du SAG, Paul Gagnon, convient avec l’équipe technico-commerciale du constructeur que l’appareil idéal devrait avoir une capacité de 5400 litres d’eau, 50 % de plus que le Canso.

Les ingénieurs de Canadair ont d’abord proposé des hydravions à flotteurs, avant d’arrêter leur choix sur un hydravion à coque, bimoteur et amphibie (qui peut décoller sur piste et sur eau).

IMAGE TIRÉE DE L’ARTICLE THE CANADAIR CL-215 WATER BOMBER PROGRAM, PAR L’INGÉNIEUR DE CANADAIR R. F. STAPELLS, PARU DANS SAE TRANSACTIONS EN 1968

Les trois configurations envisagées successivement par les ingénieurs de Canadair au milieu des années 1960. C’est celle du bas qui sera retenue.

Canadair était alors détenu par le conglomérat américain General Dynamics. Son président Roger Lewis « n’est pas emballé par l’idée que Canadair construise un hydravion démodé », raconte un ouvrage qui célébrait le 50e anniversaire de Canadair.

Depuis 1965, Canadair est dirigé par le Québécois Frederick Ronald Kearns, natif de Quyon, en Outaouais. Il sait de quoi il parle : pilote lui-même, il avait fait 140 sorties à 20 ans sur le chasseur Spitfire pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le bombardier d’eau CL-215 « n’aurait pas existé sans la détermination de Kearns à faire approuver le projet par […] General Dynamics », lit-on sur la page que lui consacre le Canada’s Aviation Hall of Fame.

Se rendant aux arguments de Fred Kearns, Roger Lewis donne son accord le 1er février 1966. Des commandes de 20 appareils pour le Québec et 10 pour la France sont confirmées en juin suivant.

Chez Canadair, les ingénieurs sont déjà à l’ouvrage. Le premier vol est prévu à l’automne 1967, à peine 19 mois après l’autorisation de General Dynamics. Pour raccourcir les délais, le design de l’appareil, la conception de l’outillage et la planification de la production sont menés simultanément.

IMAGE TIRÉE DE L’ARTICLE THE CANADAIR CL-215 WATER BOMBER PROGRAM, PAR L’INGÉNIEUR DE CANADAIR R. F. STAPELLS, PARU DANS SAE TRANSACTIONS EN 1968

Le profilage de la coque a fait l’objet de tests hydrodynamiques en bassin avec une maquette.

Faire passer un avion du stade de la conception préliminaire à celui de la production complète sans passer par un programme de prototypes est une première pour Canadair et une rareté dans l’industrie. Le risque inhérent à un tel programme ne peut être justifié que par les circonstances, à savoir une exigence de livraison d’avions entièrement certifiés en mars 1968.

Robert F. Stapells, chef du programme CL-215 chez Canadair, dans son article paru en 1968 dans la revue SAE Transactions

Particularités

Afin de restreindre l’outillage de production, qui influe fortement sur le prix de l’appareil, les ingénieurs simplifient les formes. Pour que les nervures internes de l’aile soient toutes identiques, son profil demeure constant d’une extrémité à l’autre.

La carlingue est construite comme une boîte de camion, avec des flancs droits, sans la moindre courbure. Seuls le toit légèrement arqué de la cabine et le cône arrondi du nez font quelques concessions à l’aérodynamisme. Le dessous du fuselage, profilé comme une coque, est le résultat de plus de 800 heures de tests de maquettes en bassin.

PHOTO FOURNIE PAR DE HAVILLAND CANADA

Des études en soufflerie sont effectuées au CNRC à Ottawa.

L’appareil est muni de deux moteurs à 18 cylindres en étoile Pratt & Whitney R-2800, dont la technologie date du début de la Seconde Guerre mondiale.

L’hydravion devra voler à basse altitude et à faible vitesse dans les perturbations causées par les incendies, négocier des virages serrés dans les corridors topographiques, et faire du rase-mottes, ou plutôt du rase-vagues, pour aspirer l’eau en effleurant la surface des lacs. Les ingénieurs ont prévu deux écopes rétractables, situées à l’arrière du redan – la petite saillie hydrodynamique dans la coque.

« Sur l’hydravion Canso, on avait une écope qui chargeait les deux réservoirs, indique le technicien d’entretien retraité Michel Blumhart. Dans le CL-215, ils ont sorti une écope pour chaque réservoir. Ça a augmenté la vitesse de chargement. »

PHOTO FOURNIE PAR DE HAVILLAND CANADA

Une équipe de techniciens de Canadair s’affaire dans la carlingue pendant la construction du modèle d’essai CF-FEUX-X en 1966.

L’appareil fait son premier vol en 1967 et son premier amerrissage l’année suivante.

Les quatre premiers appareils destinés à la France lui parviennent en 1969. Les six autres sont livrés l’année suivante. Le Québec, qui a réduit à 15 avions sa commande initiale de 20, reçoit ses premiers appareils en 1970.

Le technicien Michel Blumhart y était.

  • Source : Canadair, 50 ans d’histoire, CANAV Books, 1995
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Un CL-215 avec du punch

PHOTO FOURNIE PAR LE SERVICE AÉRIEN GOUVERNEMENTAL DU QUÉBEC

Un appareil CL-415 du Service aérien gouvernemental du Québec. Ses hélices sont quadripales, alors que celles du CL-215 n’en portaient que trois.

Le CL-215 vivait avec les conséquences des modestes conditions de sa naissance. Les cinq courtes séries produites au gré des ventes étaient toujours en quête d’économies de fabrication.

Publié à 6h00

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Marc Tison
Marc Tison La Presse

Les effets se manifestaient jusque dans son tableau de bord, constellé de cadrans analogiques.

« Les cadrans étaient achetés au plus bas prix, là où il y en avait, ce qui fait que ce n’était que par séries d’une dizaine d’avions que les cadrans étaient les mêmes », relève l’ancien ingénieur en avionique Sylvain Morel, maintenant à la retraite, qui a été intégrateur en chef en avionique sur l’avion au milieu des années 1990.

« Les systèmes de communication n’étaient jamais pareils d’une série à l’autre. Il était très difficile de faire de l’ingénierie de maintenance là-dessus. »

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

Le tableau de bord constellé de cadrans analogiques du CL-215

Mais ce n’était, somme toute, que des inconvénients.

Le principal ennui relevait de ses moteurs à pistons.

Canadair a longtemps cherché un mode de propulsion plus moderne que le vieux R-2800 à 18 cylindres en étoile pour son avion-citerne. L’apparition d’une nouvelle génération de turbopropulseurs à hélices pour le transport régional, au début des années 1980, lui a fourni un moteur suffisamment léger, fiable, puissant et sobre en carburant.

Un premier CL-215T (T pour turbopropulseur), muni de deux moteurs PW123 de Pratt & Whitney Canada, vole en 1989, plus de 20 ans après le vol inaugural du CL-215.

Canadair propose d’abord à ses clients d’installer des turbopropulseurs sur leurs CL-215 existants. L’intégration du nouveau moteur entraîne toutefois une telle cascade de modifications qu’une nouvelle désignation voit le jour : le CL-415.

« Avec autant de puissance, on se retrouve avec des problèmes aérodynamiques », décrit Sylvain Morel. « Tu as tellement de puissance de propulsion que ça prend deux gorilles pour manœuvrer », caricature-t-il.

Pour accroître la stabilité de l’avion, des appendices aérodynamiques sont installés sur les bouts d’aile et sur l’empennage. Une assistance hydraulique est ajoutée aux commandes de vol pour les alléger.

« Dans le 215, les commandes n’étaient pas assistées, souligne l’ancien pilote Gaston Audy. Ça prend de la force pour piloter un 215. Dans un 415, tout est assisté. »

La cabine du CL-415 est désormais climatisée. « Il faisait chaud dans le 215 ! », se remémore le pilote.

Sylvain Morel a participé à de nombreux tests en vol à bord du robuste mais fruste appareil. « Une horreur », confirme-t-il à propos de son esthétisme. « Mais il a du charme ! Il faut voler à bord pour constater comment c’est un avion extraordinaire. »

De l’électricité dans l’air

En raison de la plus grande inertie de leurs turbines, il faut davantage d’énergie pour lancer les turbopropulseurs. De puissantes batteries nickel-cadmium remplacent les vieilles batteries acide-plomb du CL-215.

Il s’ensuit « inévitablement un changement avionique parce que tous les instruments à aiguilles deviennent caducs », relate Sylvain Morel.

Le tableau de bord est complètement réaménagé avec des systèmes électroniques et des écrans numériques. On n’a plus l’impression d’être aux commandes d’un bombardier de la Seconde Guerre mondiale.

« Sur le plan ergonomique, grosse amélioration ! », constate l’ingénieur retraité.

La refonte de l’appareil est aussi l’occasion d’acquiescer à une demande des clients français, qui veulent plus de souplesse dans le largage de l’eau.

Plutôt que deux réservoirs et deux portes, le CL-415 est doté de quatre citernes et quatre portes. Elles contiennent 6135 litres d’eau, soit 15 % de plus que le CL-215.

« Les quatre portes s’ouvrent toutes en même temps, ou deux à la fois à gauche ou à droite, ou une à la fois, ou en séquence », explique Sylvain Morel.

Un nouveau système électronique de contrôle de largage ajuste la séquence et le délai d’ouverture des portes afin de produire la dispersion d’eau optimale en fonction de l’altitude et des caractéristiques de l’incendie.

La fin… et la suite

Le programme du CL-415 est lancé en octobre 1991 sur la base d’une commande d’une douzaine d’appareils par la France.

« C’est une machine qui a évolué sous certains aspects, mais la base du 415 est la même que celle du 215, observe le technicien d’entretien à la retraite Michel Blumhart. Le fuselage a la même longueur et la même largeur. Ce sont les mêmes ailes, à part les winglets [ailettes] au bout des ailes. »

Quelque 95 CL-415 seront achevés entre 1993 et 2015.

Canadair avait été rachetée à General Dynamics par le gouvernement canadien en 1976, puis cédée à Bombardier 10 ans plus tard. Aux prises avec de sérieux problèmes de liquidités, Bombardier Aéronautique a vendu le programme du bombardier d’eau à la firme albertaine Viking en 2016.

En 48 ans, Canadair et Bombardier Aéronautique avaient assemblé quelque 220 avions-citernes.

PHOTO N FAZOS, FOURNIE PAR DE HAVILLAND CANADA

De Havilland Canada a relancé en 2022 le programme du bombardier d’eau, sous le nom DHC-515.

L’histoire n’est pas terminée. De Havilland Canada, qui détient les droits par l’intermédiaire de Viking, a annoncé en mars 2022 qu’elle lançait officiellement le programme de sa version remaniée – et parfaitement reconnaissable –, le DHC-515.

Peut-être laid, mais indémodable.

220 appareils en 48 ans

Nombre de CL-215 construits (de 1967 à 1990) : 125

Nombre de CL-415 construits (de 1993 à 2015) : 95

PHOTO WIKIMEDIA COMMONS

Une des deux écopes d’un CL-415.

La légende du nageur aspiré

Dans le roman Barney’s Version (Le monde selon Barney) de Mordecai Richler, une mystérieuse disparition est résolue quand on apprend que le cadavre d’un nageur a été retrouvé au milieu de débris brûlés. Il aurait été aspiré par accident par un bombardier d’eau et largué sur l’incendie.

Un nageur ou un plongeur pourraient-ils être gobés par un CL-215 ou un CL-415 ?

« C’est totalement impossible », assène l’ingénieur à la retraite Sylvain Morel, qui a travaillé sur l’avion amphibie. « Les écopes mesurent environ 4 po sur 5 po (10 cm sur 12 cm). En plus, il y a un quadrillage à l’intérieur de cette ouverture pour s’assurer que des branches ou des débris n’entrent pas dans le conduit. »

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Bombardier décroche un contrat de l’armée américaine

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Un Global 6500 de Bombardier en stade de finition.

L’armée américaine s’est tournée vers le Global 6500 de Bombardier pour la mise sur pied d’un programme de détection et de surveillance aérienne, appelé HADES.

Publié hier à 15h00

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Julien Arsenault
Julien Arsenault La Presse

L’annonce survient à peine un mois après que le gouvernement canadien a rejeté le plaidoyer de Bombardier en faveur d’un appel d’offres ouvert pour remplacer les CP-140 Aurora de l’Aviation royale canadienne. Le contrat a été confié à son rival américain Boeing.

Dans le cadre de cette entente, dont le prix n’a pas été dévoilé par Washington, l’avionneur québécois pourrait livrer jusqu’à trois exemplaires de son jet privé.

Le programme HADES consiste à mettre en place une plateforme de surveillance et de reconnaissance aérienne. Le Global 6500 a été choisi comme appareil prototype. Il sera équipé de capteurs et de systèmes de détection. « Le programme permettra de voler à des altitudes plus élevées que les anciennes plateformes d’avions turbopropulsés (à hélices), affirme le colonel Joe Minor, dans un communiqué. Une altitude plus élevée permet d’accentuer les capacités de détection. »

Bombardier souhaite accroître son exposition au secteur de la défense. L’entreprise aimerait éventuellement générer des revenus annuels d’environ 1 milliard US grâce à ce créneau. Bombardier convoitait un contrat lucratif pour le remplacement des avions de surveillance et de patrouille anti-sous-marine de l’Aviation royale canadienne. Ottawa a plutôt opté pour un contrat sans appel d’offres avec Boeing pour son Poseidon P-8A, un appareil déjà en service et capable de lancer des torpilles.

Avec La Presse Canadienne

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