Environnement et transition écologique

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Environnement

Marché du carbone Une possible liaison entre le Québec, la Californie et l’État de Washington

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Actuellement, le marché du carbone auquel le Québec participe avec la Californie fonctionne selon les règles du Système de plafonnement et d’échange de droits d’émission.

Le Québec, la Californie et l’État de Washington ont réitéré leur intention de lier leurs marchés du carbone.

Publié à 10h52

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Stéphane Blais La Presse Canadienne

Lundi matin, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs a publié un communiqué pour informer le public des progrès accomplis dans la mise en place d’un marché du carbone commun avec la Californie et l’État de Washington, également appelé « liaison ».

« Nous pensons qu’une liaison renforcera nos efforts respectifs pour lutter contre les changements climatiques et réduire la pollution atmosphérique, tout en encourageant d’autres gouvernements à adopter des politiques climatiques modulables et fondées sur le marché. Nous continuerons d’échanger des renseignements et de collaborer en vue d’établir une liaison et de réaliser ces objectifs communs », peut-on lire dans la déclaration.

Au printemps 2024, le Québec, la Californie et l’État de Washington avaient fait part de leur intérêt pour la création éventuelle d’un marché du carbone lié entre les trois États.

À l’image du Québec depuis 2013, la Californie gère un programme de plafonnement et d’échange d’émissions de gaz à effet de serre depuis 2012. Ces deux marchés ont été liés le 1er janvier 2014.

Après le retrait de l’Ontario en 2018, le gouvernement du Québec cherchait depuis quelques années à intégrer de nouveaux joueurs.

Le communiqué publié lundi matin souligne que l’État de Washington a « entrepris un processus d’élaboration de règles » dans le but d’aligner certaines règles des programmes de plafonnement et d’investissement sur celles de la Californie et du Québec.

Il reste plusieurs étapes

Il est également souligné que « plusieurs autres étapes requises par la loi doivent encore être franchies par l’État de Washington avant qu’une entente de liaison puisse être finalisée et signée ».

Il faut par exemple procéder à « une évaluation sous l’angle de la justice environnementale, une évaluation finale des critères de liaison prévus par le Climate Commitment Act et une consultation publique. ».

Actuellement, le marché du carbone auquel le Québec participe avec la Californie fonctionne selon les règles du Système de plafonnement et d’échange de droits d’émission (SPEDE), aussi appelé la bourse du carbone.

Le SPEDE vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) des deux États fédérés : les entreprises des grands secteurs les plus polluants peuvent acheter aux enchères tous les trois mois des « unités », en quelque sorte des droits d’émission.

Année après année, le plafond des émissions autorisées diminue, ce qui force à la hausse le prix des unités et incite les entreprises à réduire leurs émissions, ou encore à acheter des « unités » dans l’autre territoire.

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Résumé

Manifestation pour le climat « Ras-le-bol » climatique dans les rues de Montréal

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

La manifestation, organisée par plusieurs groupes militants, visait à réclamer des actions concrètes pour la transition environnementale.

Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Montréal vendredi pour exiger une transition environnementale accélérée. « Il y a encore trop de gens qui ignorent l’urgence dans leur tour d’ivoire », a déclaré une manifestante.

Publié hier à 21h21

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Fannie Arcand
Fannie Arcand La Presse

« Ça fait du bien de se rappeler qu’on n’est pas seules à se soucier de la planète », a confié Bella Sidoti, en balayant du regard la foule réunie au pied du monument à sir George-Étienne Cartier au début de la manifestation, vendredi soir. « Ça donne espoir, en cette période si incertaine », a ajouté son amie Kamryn McCallum.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Dès 18 h 30, des milliers de personnes de tous les âges ont envahi l’avenue du Parc.

La manifestation, organisée par plusieurs groupes militants, visait à réclamer des actions concrètes pour la transition environnementale. « On pense que le gouvernement n’en fait pas assez pour que la situation s’améliore et qu’on ait de l’espoir », a commenté Jocelyne Alarie, membre de Mères au front, un des groupes organisateurs de la manifestation.

Dès 18 h 30, des manifestants de tous âges ont envahi l’avenue du Parc, au rythme des tambours et de la musique dansante qui émanait des haut-parleurs. Pour briller dans la pénombre, de nombreux manifestants étaient parés de guirlandes lumineuses, tandis que d’autres soulevaient au-dessus de leurs têtes des lettres fluorescentes. « Ras le bol », épelaient-elles.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

De nombreux manifestants étaient parés de guirlandes lumineuses, tandis que d’autres soulevaient au-dessus de leurs têtes des lettres fluorescentes

En marge de la foule, Alexandre Séguin et ses enfants encourageaient les manifestants qui passaient devant eux sur l’avenue du Parc. « On a des petites choses qui sont en cours pour aider le climat, mais ça ne va pas du tout à la vitesse qu’il faudrait que ça aille », a déploré le père de famille.

En moins grand nombre

À pareille date en 2019, près d’un demi-million de manifestants avaient déferlé dans les rues de Montréal aux côtés de Greta Thunberg pour manifester pour le climat. Bien que plusieurs milliers de personnes aient participé à la manifestation de vendredi, certaines jugent qu’une plus grande mobilisation est nécessaire.

Il faut que tout le monde se joigne à nous. Les gens qui ont pris la peine de se déplacer sont une partie infime de tous ceux qui croient qu’il faut faire quelque chose.

Jocelyne Alarie, membre de Mères au front

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Jocelyne Alarie souhaite que le gouvernement accélère la transition environnementale.

« On pensait qu’il y aurait plus de monde », a souligné Mireille de Keiser, en regardant la foule autour d’elle. « On est des mamies, nous, on a des petits-enfants, a-t-elle ajouté. C’est pour eux qu’on est là. »

Les raisons de manifester sont pourtant nombreuses, selon l’amie de la retraitée Sylvette Muller. « J’aimerais que ça aille mieux pour nos enfants, ici comme en Palestine et en Ukraine, a-t-elle affirmé. Manifester, c’est mon seul moyen de me faire entendre, en tant que citoyenne. »

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Mireille de Keiser et Sylvette Muller manifestaient pour leurs petits-enfants, vendredi.

D’autres rassemblements pour le climat ont eu lieu à travers la province vendredi, notamment à Québec, Sherbrooke et Joliette.

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Environnement

L’actualité verte de la semaine

PHOTO TIRÉE DU SITE DE PROJET DE CONSERVATION DES OKAPIS

Un Okapi à l’état sauvage, en République démocratique du Congo.

Quelques milligrammes de l’actualité environnementale

Mis à jour hier à 12h00

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Sara Champagne
Sara Champagne La Presse

QUIZ

Combien d’okapis subsiste-t-il dans la nature ?

a) Entre 3000 et 5000

b) Entre 500 et 1500

c) Entre 10 000 et 15 000

Réponse

Il en subsisterait entre 10 000 et 15 000, selon des scientifiques du nord-est de la République démocratique du Congo, seul endroit au monde où l’animal vit à l’état sauvage. Ces estimations datent toutefois d’une dizaine d’années. L’organisme à but non lucratif Okapi Conservation Project estime leur nombre à 3000 dans un récent décompte à la réserve faunique d’Ituri. L’okapi est une espèce en voie de disparition, au surnom mystique de « licorne des forêts ». Il a l’allure d’une grande antilope zébrée. Il est menacé par la déforestation au profit des mines d’or illégales et le braconnage pour un marché de prétendue huile curatrice d’okapi.

Consultez le site web de Projet de conservation des okapis

La fin pour le « glacier de l’Apocalypse » ?

PHOTO TIRÉE DU SITE D’INTERNATIONAL THWAITES GLACIER COLLABORATION

Le glacier Thwaites, surnommé glacier de l’Apocalypse à cause de son potentiel de faire monter le niveau de la mer de 3,3 mètres.

Le glacier Thwaites, en Antarctique, touche à sa fin, selon les plus récentes observations des experts de l’International Thwaites Glacier Collaboration (ITGC). Après avoir scruté durant six ans la structure du glacier de la taille de la Floride, le regroupement d’experts du Royaume-Uni et des États-Unis constate que son front s’enfonce de plus en plus dans le plancher océanique. L’effondrement de celui qui est surnommé le « glacier de l’Apocalypse » a le potentiel de provoquer une élévation du niveau de la mer de 3,3 mètres, menaçant des villes comme New York, Calcutta ou Shanghai. Des tests de recongélation de banquise en Arctique avec du pompage d’eau de mer donnent cependant une lueur d’espoir.

avec New Scientist

Consultez le site web de Thwaites Glacier (en anglais)

Relance de l’énergie solaire aux États-Unis

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

La baisse des taux d’intérêt aux États-Unis devrait permettre un regain des installations de panneaux solaires.

Un regain d’intérêt pour les « technologies propres » est pressenti par le holding JP Morgan aux États-Unis grâce au fléchissement attendu des taux d’intérêt. Avant cette baisse, l’Association des installateurs résidentiels, Solar Energy Industries, prévoyait une chute des ventes de 19 % cette année. Mais la Réserve fédérale américaine a changé la donne en abaissant son taux d’un demi-point. Dans une entrevue à différents médias, le haut dirigeant de Gigawatt inc., Deep Patel, a déclaré que la baisse des coûts d’emprunt allait stimuler la vente. Un projet solaire résidentiel moyen coûte facilement 30 000 $ US. Et environ 85 % des propriétaires font financer leurs projets solaires.

avec Bloomberg

Consultez le site (en anglais) de Solar Energy Industries Association

L’oiseau de l’année en Nouvelle-Zélande

PHOTO TIRÉE DU SITE FOREST & BIRD

Un manchot bruyant, facilement reconnaissable à ses yeux jaunes

Le manchot bruyant a remporté le concours de l’oiseau de l’année 2024 en Nouvelle-Zélande. Après une année de campagne, le manchot aux yeux jaunes a été désigné pour sensibiliser la planète à la situation critique des oiseaux de ce pays. Cet oiseau timide, l’hoiho ou « crieur de bruit », est considéré comme le manchot le plus rare au monde. Sa population a chuté de 78 % en 15 ans. Ils seraient tout juste 5000 à l’heure actuelle, notamment à cause de la surpêche de sa nourriture. Son élection lui donne une certaine visibilité, qui pourrait favoriser sa préservation. Le manchot bruyant a récolté 6000 votes parmi les 50 000 participants.

Consultez le site de l’organisme Forest & Bird (en anglais)

Essor de la viande à base de plante en Asie

PHOTO PETER PARKS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Une dégustation de viande produite en laboratoire en Asie.

De la viande à base de plante cultivée en laboratoire dans les assiettes en Asie ? Pourquoi pas ! Les protéines de rechange sont considérées comme une nouvelle énergie propre en Eurasie. À la fin du mois d’août, une conférence a rassemblé des bioingénieurs, des chimistes, des biologistes et des scientifiques de l’alimentation de Chine et de Singapour avec l’objectif de réinventer le marché de la viande. Les experts ont rappelé que les aliments d’origine animale sont responsables d’un cinquième des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre. Le défi asiatique de la culture en laboratoire est de parvenir à en produire en quantité industrielle.

avec le magazine Nature

Consultez le site du Programme pour l’environnement de l’ONU

Vers un ciel plus étoilé à Saint-Laurent!

Lors de sa séance générale du 1er octobre, le conseil de Saint-Laurent a adopté une modification réglementaire visant à réduire la pollution lumineuse sur le domaine privé de son territoire.

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Encore de la mauvaise gestion environnementale de la part d’un ministre incompétent qui soutient l’industrie des pesticides, plutôt que la protection des populations et de la biodiversité. Chaque années les sols sont de plus en plus pollués par effet d’accumulation et on empoisonne les terres et les eaux de surface comme souterraines sans égard à l’équilibre naturel sur le long terme.

On peut donc affirmer que le ministre Charette pratique ouvertement de l’anti-développement durable. La question que je me pose: combien de temps et combien d’argent devrons-nous dépenser pour réparer ces torts à grande échelle faits à notre environnement?

Un voilier-cargo à Québec avec une livraison de Café William

L’Anemos franchit le chenal du Saint-Laurent pour la première fois. Le plus grand voilier spécialement conçu pour le transport de marchandises à ce jour est chargé de café. Sa plus récente mission a pris ancrage à Santa Marta sur les côtes de la Colombie avec comme destination le port de Québec. Le voyage aura duré 15 jours.

Le voilier-cargo a pris le large avec à son bord 50 conteneurs de grains de café totalisant un million de kilogrammes. Mille tonnes métriques ont ainsi été poussées majoritairement par une énergie renouvelable et abondante en mer : le vent.

(Québec) Samedi matin gris à Québec. Serge Picard s’engouffre dans une voiture en direction des Escoumins, sur la Côte-Nord. Le copropriétaire de Café William a un rendez-vous bien spécial avec un voilier long de 81 mètres, haut de 63 mètres et capable de transporter 1000 palettes.

Ces chiffres peuvent paraître abstraits. Pour l’homme d’affaires, ils représentent une petite révolution, l’aboutissement d’une quête de plusieurs années pour transporter du café à la voile.

« Le café est une boisson avec une empreinte environnementale énorme », note Serge Picard, alors que le paysage défile. « On veut que la ligne de café William soit 100 % transportée par bateau à voile. On pensait que ce serait pour dans trois à cinq ans… », explique-t-il.

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Des chiffres comme un « drapeau rouge »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Une réforme du régime d’autorisation environnementale soulève de vives inquiétudes au Québec. Depuis le 1er janvier 2021, le ministère de l’Environnement a accepté plus de 12 000 projets : 40 % d’entre eux ont obtenu le feu vert en vertu du processus d’autorisation ayant trait aux activités présentant un risque environnemental modéré, mais 60 % n’ont pas été évalués par des fonctionnaires du Ministère, révèle une analyse réalisée par La Presse.

Publié à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Le ministère de l’Environnement a « accepté » la majorité des projets après le dépôt d’une simple déclaration de conformité, une procédure prévue pour les activités présentant un risque environnemental faible.

On parle de projets près de milieux humides, d’autres dans l’habitat essentiel d’une espèce menacée ou encore des hausses de production de phosphore.

« Cette proportion [60 %] met en lumière le fait qu’il devient essentiel de dresser un bilan du mécanisme de déclarations de conformité et d’apporter les ajustements nécessaires, avance Marc Bishai, avocat au Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE). Et il y a de très bonnes chances qu’il y ait plusieurs ajustements nécessaires à apporter dès maintenant. »

Découper pour contourner

Avec les nouvelles règles, les promoteurs et monsieur, madame Tout-le-monde peuvent maintenant découper leurs projets pour contourner la loi et ainsi accélérer le processus. Au lieu de soumettre une demande d’autorisation pour l’ensemble d’un projet, un promoteur peut produire plusieurs déclarations distinctes.

Une déclaration de conformité ou une autorisation ministérielle ?

Le cadre réglementaire pour l’évaluation des projets en fonction de leur risque pour l’environnement se décline en quatre catégories.

  • Les activités présentant un risque environnemental négligeable sont exemptées de toute autorisation.
  • Celles ayant un risque faible doivent passer par une déclaration de conformité.
  • Une demande d’autorisation ministérielle doit être déposée pour tous les travaux ou projets présentant un risque modéré.
  • Les activités présentant un risque environnemental élevé doivent être soumises à une évaluation environnementale, par l’entremise du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Ces demandes concernent des travaux qui présentent, individuellement, un faible risque pour l’environnement. Mais lorsque ces travaux s’additionnent, le portrait change, préviennent des groupes environnementaux.

C’est ce qui s’est produit en 2021 quand la Ville de Longueuil a déposé trois déclarations pour des travaux d’aqueduc en vue de prolonger un boulevard dans l’habitat essentiel d’une espèce menacée (voir autre texte).

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Bishai, avocat au Centre québécois du droit de l’environnement

Quand on divise l’analyse des projets et qu’on étudie les différentes composantes en silo, ça fait aussi perdre de vue l’ensemble des impacts globaux des projets. On néglige les impacts cumulatifs.

Marc Bishai, avocat au Centre québécois du droit de l’environnement

« L’écosystème des demandeurs est en train de s’adapter, lance Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la Société pour la nature et les parcs, section Québec (SNAP Québec). Il y a un drapeau rouge qu’il faut lever avec ces chiffres-là. »

Plus rapide

Devant la lourdeur administrative, Chantal Savaria, présidente de Savaria Experts Conseils, une firme de consultants, est catégorique. « Si on peut, on va éviter de travailler avec le Ministère, ça c’est clair. Si on peut l’éviter de façon légale, en faisant autre chose, c’est sûr qu’on va le faire. Qui veut prendre un an de son temps alors qu’il y a des projets qui pourraient se régler en trois mois ? »

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-François Girard, avocat spécialisé en droit de l’environnement

Avocat spécialisé en droit de l’environnement, Jean-François Girard confirme cette tendance. « Les avocats dans les grands cabinets sont passés maîtres dans l’art de découper la loi pour éviter de passer par des autorisations ministérielles. »

Rappelons que Québec a modifié son régime d’autorisation en 2020, permettant aux promoteurs d’éviter le processus d’autorisation ministérielle, jugé complexe et trop long, pour des projets à faible impact. Le règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur impact sur l’environnement (REAFIE), adopté le 31 décembre 2020, a introduit la déclaration de conformité.

Les promoteurs n’ont qu’à remplir un simple formulaire de quelques pages décrivant les grandes lignes du projet. Les travaux peuvent débuter 30 jours après le dépôt de la déclaration de conformité. Dès 2021, cette nouvelle voie rapide s’est attiré la faveur des demandeurs, qui en ont déposé plus de 2000.

Par courriel, le ministère de l’Environnement précise qu’une révision du nouveau régime d’autorisation est prévue après cinq ans, et que le Ministère « a donc amorcé un exercice à cet effet récemment ».

Mais Me Bishai insiste : cette évaluation ne doit pas être réalisée en vase clos. « La participation du public est un élément clé pour la réussite d’une réforme de ce type. »

Un plus pour l’environnement ?

« Il y a clairement des situations où des déclarations de conformité devraient plutôt être des autorisations ministérielles », insiste Marc Bishai.

La réforme réglementaire avait pour objectif de répondre aux plaintes des demandeurs concernant des délais d’autorisation beaucoup trop longs, rappelle l’avocat Jean-François Girard. « Je ne suis pas contre l’idée. Pour avoir été parfois de l’autre côté, c’est vraiment désolant d’inefficacité [au Ministère]. »

L’enjeu ne peut toutefois être réduit à un simple exercice comptable, souligne Me Girard, qui est aussi biologiste. Des activités censées avoir un faible impact peuvent en réalité avoir des conséquences importantes, précise-t-il. « L’environnement, ce sont des équilibres dynamiques. Avec les effets des changements climatiques, les modifications aux équilibres dynamiques sont régulières et rapides. »

« Maintenant, la question, c’est de savoir si l’environnement s’en trouve mieux protégé [avec cette réforme], moins protégé ou protégé autant si on compare avec ce qui existait avant. Je pense qu’on peut se poser la question », avance Jean-François Girard.

Avec la collaboration de Jean-Hugues Roy, La Presse

Des déclarations jugées conformes

Pour l’année 2022-2023, 95 % des déclarations de conformité ont été jugées conformes, indique le ministère de l’Environnement dans son rapport annuel. Il s’agit d’une hausse de 3 % par rapport à l’année précédente. ll n’a pas été possible cependant de connaître la grille d’analyse utilisée par le Ministère. Selon des données transmises à La Presse par le Syndicat de la fonction publique du Québec, le Ministère a réalisé 494 inspections de conformité sur le terrain. Ce bilan inclut les inspections pour les autorisations ministérielles et les déclarations de conformité.

Résumé

Trois cas qui soulèvent des questions

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Travaux de prolongement du boulevard Béliveau, à Longueuil, en 2021

La Presse a recensé trois cas dans lesquels la réforme du régime d’autorisation peut poser problème, selon des experts et des organisations environnementales.

Publié à 5h00

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Éric-Pierre Champagne
Éric-Pierre Champagne La Presse

Espèces en péril

En avril 2021, la Ville de Longueuil a déposé trois déclarations de conformité pour l’établissement et l’extension d’un système d’aqueduc et d’égout pour prolonger le boulevard Béliveau dans l’arrondissement de Saint-Hubert. Ce type de déclaration représente 25 % des 7400 dossiers transmis au ministère de l’Environnement depuis 2021.

La Ville avait déjà déposé une demande d’autorisation ministérielle un an plus tôt, mais s’inquiétait d’un éventuel refus puisque les travaux empiétaient dans l’habitat essentiel d’une espèce menacée : la rainette faux-grillon de l’Ouest.

Selon des documents juridiques, le Ministère a indiqué à la Ville qu’elle pourrait retirer sa demande d’autorisation et procéder plutôt par déclaration de conformité. Dans une déclaration sous serment produite dans le cadre d’un recours juridique contre Longueuil, un fonctionnaire municipal, Thierry Dupasquier, a affirmé que « les représentants du [ministère de l’Environnement] ont proposé à la Ville de contrer ce retard en déposant une déclaration de conformité de façon à éviter l’approbation du MFFP » (ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs).

Fait à signaler, le MFFP avait manifesté des craintes à l’égard du projet, selon le même document.

Au bout du compte, en novembre 2021, le gouvernement fédéral a annoncé un décret d’urgence pour stopper les travaux qui menaçaient la rainette faux-grillon.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs, section Québec (SNAP Québec)

« Le formulaire de déclaration de conformité ne comporte aucune question sur l’éventuelle présence d’espèces à statut précaire, affirme Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec. Quand il y a présence d’espèces en péril, ça devrait être un déclencheur automatique, ça devrait automatiquement passer par une demande d’autorisation. »

Milieux humides

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

La présence de milieux humides « est très sous-estimée », selon une biologiste.

S’il faut faire une demande d’autorisation pour toute intervention dans un milieu humide (sauf certaines exceptions), il est possible de déposer une simple déclaration de conformité pour obtenir l’autorisation d’effectuer des travaux à proximité d’un milieu humide, en respectant certaines distances.

De l’avis de Marc Bishai, avocat au Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), c’est « un problème qu’il faut colmater les plus rapidement possible », parce que l’intervention réalisée sans autorisation ministérielle pourrait, par exemple, « assécher le milieu humide ».

« Les milieux urbains qui s’étendent dans des milieux naturels, ça ne se peut pas qu’il n’y ait pas de milieux humides. C’est ça qui reste ! », lance la biologiste Kim Marineau, présidente de l’entreprise Biodiversité Conseil.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La biologiste Kim Marineau, présidente de l’entreprise Biodiversité Conseil

Selon elle, la présence de milieux humides « est très sous-estimée », surtout dans la vallée du Saint-Laurent. « Les données officielles ne sont pas suffisamment précises », affirme-t-elle.

Production de phosphore

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Il est possible pour un agriculteur d’augmenter sa production de phosphore avec une déclaration de conformité.

Il est possible pour un agriculteur d’augmenter sa production de phosphore jusqu’à 4100 kg au moyen d’une simple déclaration de conformité. Des dizaines de demandes du genre ont été déposées depuis 2021, dont une vingtaine en Montérégie.

L’agronome Louis Robert rappelle qu’il existe deux possibilités pour le phosphore de s’infiltrer dans l’environnement : par l’alimentation animale ou encore les engrais minéraux destinés aux sols. Le phosphore est à l’origine de problèmes d’algues bleues et vertes dans plusieurs plans d’eau au Québec.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

L’agronome Louis Robert

M. Robert déplore que le ministère de l’Environnement autorise des augmentations de cheptel sans trop se poser de questions, alors qu’on a déjà trop de phosphore au Québec, particulièrement pour les zones d’activités agricoles intenses comme la Montérégie.

« D’un côté, avec le bras gauche, le ministère de l’Environnement subventionne des organismes de bassin versant pour réduire les concentrations de phosphore dans les cours d’eau et de l’autre côté, avec son bras droit, il autorise des augmentations de cheptel. C’est incohérent », ajoute l’agronome, qui invite Québec à déclarer un moratoire sur les hausses de production de phosphore.

« On donne priorité au développement économique avec des limites [de phosphore] juste en apparence pour laisser croire qu’on s’occupe du problème. Mais on ne s’en occupe pas du tout », affirme Louis Robert.