Environnement, biodiversité et transition écologique

C’est complètement stupide.

Prévenir les changements climatiques, plutôt que de s’y adapter va nous coûter beaucoup moins cher à long terme que de l’inverse.

On veut juste pas avoir les conséquences politiques de réellement régler les problèmes, comme tous les autres partis d’ailleurs, la CAQ n’est pas seul là-dedans.

Faisant que l’on va sacrifier le futur des générations suivantes, on le voit juste cet été avec la sécheresse qu’on a eu.

Et ça se dit gouvernement de comptable…

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Équiterre le mentionne dans l’article, si les mesures d’adaptation provoquent des changements de comportements, les deux objectifs peuvent être atteints.

Il faut bien lire l’article pour comprendre que ce n’est pas le cas. En réalité la CAQ pellette le problème en avant pour le laisser aux prochains gouvernements. Elle fait exactement au contraire de la logique et du développement durable, qui veut que l’on agisse maintenant pour éviter que le problème ne prenne de l’ampleur avec le temps.

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Selon nos sources, le gouvernement Legault souhaite que l’argent du Fonds serve davantage à offrir de l’aide financière aux citoyens aux prises avec les impacts directs des changements climatiques dans leur quotidien

Ouais, je ne crois pas qu’on va faire fort dans la prévention avec cette approche. On va dédommager des catastrophes, qui vont revenir sans cesse.

Un peu comme avec nos sécheresses, plutôt que de voir comment fondamentalement réduire la consommation d’eau, on va juste faire le puit un peu plus profond.

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Exactement, ce n’est pas une mauvaise mesure en soi, mais je n’ai absolument aucune confiance en la CAQ et Drainville.

Ma lecture de la situation est que la CAQ va utiliser cette approche de façon populiste pour dilapider ces fonds sans réels impacts positifs. Je suis très inquiet de voir la suite.

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J’ai l’impression que l’approche environnementale de la CAQ consiste surtout à gérer le cout du dédommagement des événements extrêmes.

Un professionnel avait présenté la chose de même aussi lors des consultations pour les nouvelles zones inondables…

Entrevue avec Laure Waridel à RDI

Peut-on se passer de la taxe carbone? Entrevue avec Laure Waridel | Zone économie

Québec et Ottawa revoient leurs cibles de réduction des GES à la baisse, mais disent en contrepartie investir plus dans l’adaptation aux changements climatiques. Le Canada est-il en train de sacrifier ses cibles environnementales à des fins électoralistes?

Entrevue avec Laure Waridel, professeure associée à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQÀM et co-instigatrice de Mères au front à Zone économie.

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Course contre la montre pour sauver le frêne

Alors que l’agrile du frêne décime les populations de frênes en Amérique du Nord à une vitesse alarmante, des scientifiques sont en mission pour préserver l’héritage génétique de cet arbre emblématique. La semaine verte a rencontré quelques-unes de ces chercheuses.

Publié à 4 h 00 HAE

Résumé

Au sud de Lévis, sur une terre expérimentale, Nathalie Isabel et Jill Hamilton mènent une bataille pour l’avenir du frêne noir.

L’enjeu est de taille : l’agrile du frêne, un minuscule insecte détecté près de Détroit dans les années 1990, progresse de manière fulgurante et ne laisse que peu de survivants sur son passage.

99,9 % des arbres meurent une fois l’agrile arrivé, précise Nathalie Isabel, chercheuse scientifique au Service canadien des forêts.

La menace est donc double. Non seulement l’insecte tue les arbres en les étouffant, mais il anéantit aussi leur avenir bien avant leur mort en stoppant net leur reproduction naturelle.

L’agrile du frêne pourrait bien anéantir l’espèce.

Photo : Getty Images / Monique van Someren

AILLEURS SUR INFO : Femmes disparues et assassinées : deux décennies de doutes et d’enquêtes de la GRC

Il y a peut-être un arbre encore debout, mais il n’est plus vert et ne produit plus de graines, explique Jill Hamilton, professeure adjointe à l’Université Penn State, en Pennsylvanie.

Bien que le frêne noir ne représente pas un grand intérêt commercial, il est essentiel à l’équilibre des milieux humides et riverains où il prospère.

Son importance est également capitale pour les communautés autochtones, qui l’utilisent dans la fabrication traditionnelle de paniers et lui accordent une valeur spirituelle profonde, rappelle Nathalie Isabel.

Les travaux des chercheuses Nathalie Isabel et Jill Hamilton pourraient permettre de sauver le frêne.

Photo : Radio-Canada / La semaine verte

Face à l’urgence, les scientifiques ont une mission : collecter un maximum de graines de frênes avant qu’ils disparaissent. Nous avons rassemblé ces graines provenant de populations qui n’existent plus aujourd’hui à l’état sauvage, souligne Jill Hamilton.

Ces graines sont ensuite plantées sur trois sites expérimentaux : à Lévis, dans l’État de New York et en Pennsylvanie.

Cette bibliothèque génétique couvre toute l’aire de répartition de l’espèce et permet d’étudier l’adaptation des arbres à différents climats et sols.

Des variétés qui n’existent plus à l’état sauvage sont cultivées à Lévis, dans l’État de New York et en Pennsylvanie.

Photo : Radio-Canada / La semaine verte

Les arbres plus au sud devraient avoir une plus longue saison de croissance que les arbres qui sont plus au nord. Donc, on va pouvoir regarder si ça a un effet, si l’insecte a des préférences ou pas, explique Nathalie Isabel.

Reste à attendre la prochaine et inévitable infestation de l’agrile. Les scientifiques tenteront alors de déterminer si la provenance des arbres influence leur résistance ou conditionne le comportement de l’insecte à leur égard.

C’est en fait la larve de l’agrile qui cause les dommages : en se nourrissant, elle creuse ces sillons caractéristiques sous l’écorce du frêne.

Photo : Getty Images

L’espoir des survivants

L’espoir réside aussi dans quelques individus d’exception. En effet, tous les arbres ne semblent pas égaux face à l’envahisseur.

Ce sont ces arbres que l’on trouve parfois seuls au milieu d’une forêt où tous les autres sont morts, mais qui eux sont encore bien vivants et produisent des graines, affirme Jill Hamilton.

On a la preuve que de la résistance existe chez les frênes de Pennsylvanie et les frênes d’Amérique. On les surnomme “les frênes survivants”.

Une citation de Jill Hamilton, professeure adjointe à l’Université Penn State

Ces spécimens sont également au cœur des recherches pour comprendre les mécanismes de leur résistance.

Nathalie Isabel et Christine Martineau au laboratoire de Québec

Photo : Radio-Canada / La semaine verte

Après le travail de terrain, la recherche se poursuit en laboratoire à Québec. Une autre équipe s’intéresse à l’étude du microbiome, ces micro-organismes qui vivent en symbiose dans le sol.

Ces alliés microscopiques pourraient jouer un rôle clé, car ils peuvent soutenir les arbres dans leur croissance, réduire les stress et contribuer à la nutrition, explique Christine Martineau, chercheuse en génomique du microbiome au Service canadien des forêts.

Le projet offre une occasion rare d’étudier cette interaction dès la plantation.

On n’a jamais “le temps zéro”, précise Mme Martineau. Voir le début de la plantation, l’arrivée de l’infestation, et comprendre l’évolution des interactions entre les arbres et les micro-organismes dans le temps : c’est vraiment exceptionnel de pouvoir faire ça.

Les travaux des chercheuses suscitent beaucoup d’espoir.

Photo : Radio-Canada / La semaine verte

Le clonage

Une approche plus futuriste consiste à reproduire en laboratoire des copies identiques des arbres les plus prometteurs à partir de simples fragments de feuilles.

Cette technique de clonage représente une avancée majeure par rapport aux méthodes traditionnelles.

Avant, on procédait avec des croisements dirigés, on reproduisait des semis, on faisait des sélections, explique Nathalie Isabel.

Maintenant, on est capable, à partir de feuilles ou de pétioles, de reproduire des arbres qui vont être identiques à l’individu de départ. On a des gains de plus d’une vingtaine d’années avec ce type d’approche là.

Une citation de Nathalie Isabel, chercheuse au Service canadien des forêts

Sur le terrain, au milieu des jeunes pousses de frênes, le projet est vu comme porteur d’espoir, car il représente une ultime bibliothèque génétique pour des populations sauvages aujourd’hui éteintes.

Jill Hamilton entend faire tout ce qu’elle peut pour sauver le frêne.

Photo : Radio-Canada / La semaine verte

Dans cette course contre la montre, la science peut changer les règles du jeu, même si le visage de nos forêts est à jamais transformé.

Au-delà du frêne, ces travaux serviront à d’autres espèces, souligne Nathalie Isabel. On va apprendre des choses qu’on ne connaissait pas.

Perdre le frêne noir, c’est perdre un héritage écologique et culturel. C’est ce qui motive Jill Hamilton.

Nous sommes nombreux à avoir grandi dans son ombre, dit-elle. Le voir disparaître, c’est perdre un héritage à la fois écologique et culturel. Pour ma part, si je peux faire la moindre chose pour aider à sauver cette espèce, je n’hésiterai pas.


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Un reportage de Benoît Livernoche à ce sujet sera présenté à l’émission La semaine verte , diffusée samedi à 17 h (18 h 30 HA).

Voici une mouche qui pourrait devenir un élément de solution pour plusieurs problèmes environnementaux. Originaire des Amériques, elle vit maintenant sur tous les continents. Dans la nature, elle ne survivrait pas à l’hiver québécois, mais en captivité, elle accomplit des exploits en transformant les déchets organiques en protéines et en fertilisant. La semaine verte vous présente la mouche soldat noire.

Résumé

La mouche soldat noire est arrivée sans prévenir dans la vie de Mariève Dallaire-Lamontagne. C’est dans le cadre d’un stage universitaire, sous la supervision de la professeure adjointe Marie-Hélène Deschamps, qu’elle a fait sa rencontre.

Ce ne fut pas un coup de foudre, se remémore-t-elle. Ça m’a levé le cœur, j’aimais pas ça.

Mais elle a rapidement été charmée par les possibilités qu’offrent les mouches soldat noires pour la valorisation des déchets. Maintenant, je les trouve adorables et j’aime beaucoup travailler avec cet insecte-là, lance-t-elle, tout sourire.

Mariève Dallaire-Lamontagne est candidate au doctorat en sciences animales à l’Université Laval.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

La mouche soldat noire est très intéressante parce qu’elle est très versatile dans un contexte d’économie circulaire. Elle est très vorace, elle est capable de réduire vraiment très rapidement des substrats alimentaires, fait valoir la professeure Deschamps.

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Cet insecte ne pique pas, ne mord pas et n’est pas vecteur de maladies. Mais c’est plus particulièrement son stade larvaire qui rend la mouche si prometteuse.

La larve mange des déchets organiques – d’origine végétale ou animale – et les convertit en biomasse. Elle gobe tellement de nourriture en peu de temps qu’elle gagne de 10 000 fois son poids en 10 jours.

C’est un peu comme si on passait d’un rat à un éléphant adulte en l’espace de moins de deux semaines, illustre Mariève Dallaire-Lamontagne.

Les larves de mouches soldat noires ont la capacité de convertir des substrats de piètre qualité, comme des matières en putréfaction, en biomasse protéinée.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Nourrir le bétail

Sa fascination pour la mouche l’a poussée à en faire le sujet d’une thèse de doctorat. Elle s’est demandé s’il était possible d’utiliser les larves de mouches soldat noires pour en faire de la nourriture pour animaux et ainsi valoriser des résidus d’élevage.

Pour creuser la question, elle s’est associée au Couvoir Scott, une entreprise de la Beauce qui produit des poussins pour les aviculteurs. Quelque 35 millions d’œufs y sont incubés annuellement.

Le Couvoir Scott génère des centaines de tonnes de déchets organiques, comme des embryons non développés, des coquilles d’œufs et des poussins morts. La gestion de ces rebuts représente des dépenses importantes et leur déplacement vers des sites de gestion des matières résiduelles engendre des gaz à effet de serre.

Photo : Radio-Canada / Vincent Archambault Cantin

Photo : Radio-Canada / Vincent Archambault Cantin

Photo : Radio-Canada / Vincent Archambault Cantin

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

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Des mouches soldat noires pondent leurs oeufs sur de petites plaquettes.

Photo : Radio-Canada / Vincent Archambault Cantin

Une mouche soldat noire.

Photo : Radio-Canada / Vincent Archambault Cantin

Le projet de doctorat de Mariève Dallaire-Lamontagne est rapidement devenu une jeune pousse.

Avec Jérémy Lavoie, directeur des fermes du Couvoir, la candidate au doctorat a démarré l’entreprise Inscott. Celle-ci transforme des résidus de couvoirs en pâte utilisée pour nourrir des larves de mouches soldat noires.

Notre idée de départ, c’était de faire de l’économie circulaire directement à la ferme. De produire des insectes sur le site des éleveurs, que ce soit des couvoiriers ou d’autres sortes d’entreprises du milieu agroalimentaire, pour générer des larves qui vont servir d’ingrédients pour nourrir les animaux d’élevage, explique Mariève Dallaire-Lamontagne.

Les larves sont ensuite séchées et servies à de jeunes coqs du Couvoir Scott.

Il n’y a à peu près aucun producteur qui va donner des larves à ses animaux. Ici, on le fait dans un contexte de recherche. Étant donné qu’on en produit sur le site, on essaie différentes recettes pour voir un peu leur intérêt, explique Jérémy Lavoie.

Jérémy Lavoie nourrit de jeunes coqs avec des larves de mouches soldat noires séchées.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Les petits poulets semblent se régaler, mais la jeune entreprise a rapidement été freinée dans son développement, puisque l’Agence canadienne d’inspection des aliments ne permet pas de donner à des animaux d’élevage des larves nourries avec des résidus carnés, soit des restes de viande, d’os, de poissons…

Au Canada, la nourriture destinée à l’alimentation du bétail doit être sans danger pour les animaux qui la consomment, de même que pour les humains qui s’alimentent des produits issus de ces animaux. C’est au producteur d’en faire la démonstration dans le cadre d’une demande d’enregistrement.

Des démarches dispendieuses qui ne sont pas à la portée d’Inscott pour le moment. Surtout que ses dirigeants savent qu’une autre entreprise a tenté, sans succès, d’obtenir l’autorisation de vendre ses larves pour l’alimentation du bétail.

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400 millions de petits soldats contre des déchets d’épiceries

Cette entreprise, c’est Entosystem. Son usine de 9000 mètres carrés installée à Drummondville a la capacité de traiter 250 tonnes de matières organiques par jour, explique son président et cofondateur, Cédric Provost.

250 tonnes, ça veut dire près de 60 éléphants qui vont rentrer [dans l’usine] et qui vont être mangés par les insectes chaque jour. Donc, c’est 250 tonnes qu’on va dévier des sites d’enfouissement.

Une citation de Cédric Provost, cofondateur d’Entosystem

Les déchets sont d’abord séparés mécaniquement pour en extraire les emballages avant d’être broyés.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Chez Entosystem, les larves ne se nourrissent pas de résidus animaux, mais plutôt des invendus d’épicerie, surtout des fruits et légumes.

Tout le processus a été automatisé pour permettre de transformer une grande quantité de déchets.

Les résidus alimentaires sont ensuite transformés en une pâte dans laquelle on dépose des petites larves de mouches soldat noires, qui grossissent très rapidement.

Les larves sont ensuite séchées et vendues comme nourriture pour animaux.

Les déjections des larves et leurs restes de mue et d’alimentation, le frass, sont mis en marché comme fertilisant.

À pleine capacité, l’usine d’Entosystem devrait produire 5000 tonnes de larves séchées et 15 000 tonnes de fertilisant par année.

Une fois bien nourries, les larves peuvent être vendues séchées comme source de protéines (photo du haut) et les résidus de substrat sont commercialisés sous le nom « frass », un fertilisant (photo du bas).

Photo : Radio-Canada

Interdit au Canada

On n’a pas le droit d’utiliser nos larves dans l’alimentation du bétail au Canada, explique M. Provost. […] Pour l’instant, on a un très beau marché américain. C’est sûr qu’on aimerait vendre plus localement, donc il faut travailler avec la réglementation canadienne.

S’il fait face au même problème qu’Inscott, c’est notamment parce que les résidus d’épiceries contiennent parfois des restes de prêt-à-manger qui peuvent contenir de la viande.

Nous, on a tout fait la démonstration que c’était salubre pour l’alimentation animale, mais c’est là que ça accroche un peu avec le gouvernement, actuellement, explique le cofondateur d’Entosystem.

L’entreprise a déjà dépensé des milliers de dollars en analyses pour prouver l’innocuité de ces produits à l’Agence canadienne d’inspection des aliments, souligne-t-il.

Cédric Provost et son équipe persévèrent afin d’obtenir l’enregistrement nécessaire pour vendre les larves d’Entosystem aux producteurs de volailles.

Photo : Radio-Canada / Pier Gagné

Malgré ce frein réglementaire, la mouche soldat noire a le vent dans les ailes. Entosystem a déjà amassé le financement nécessaire à la construction d’une nouvelle usine, qui permettrait de valoriser encore plus de déchets.

L’équipe d’Inscott aussi persévère, parce qu’elle croit profondément au potentiel de la mouche soldat noire dans le milieu agricole, dit-elle.

Avec l’écoulement des stocks mondiaux de poissons et les problématiques environnementales qui sont associées à ces sources de protéines là, il va falloir trouver des alternatives. Et je crois que la mouche soldat noire va faire partie de la solution et que la réglementation va devoir en tenir compte, assure Mariève Dallaire Lamontagne.


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Un reportage de Marie Maude Pontbriand et Pier Gagné à ce sujet sera présenté à l’émission La semaine verte , diffusée sur ICI Télé le samedi à 17 h (18 h30 HA).

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Québec réduit sa collecte de données ou cesse carrément de faire les inventaires de certaines espèces animales, selon des données compilées par le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), qui représente notamment les biologistes du ministère de l’Environnement.

Ce changement de pratique, conséquence directe des compressions budgétaires, inquiète non seulement les biologistes touchés et leurs représentants syndicaux, mais aussi l’Association des biologistes du Québec et l’organisme Nature Québec.

Le gouvernement soutient pour sa part qu’il pourra, malgré tout, continuer d’assurer la conservation des espèces en situation précaire au Québec.

Du travail de nuit nécessaire

Comme son nom l’indique, le hibou des marais vit dans les milieux humides. Le petit oiseau de proie, actif au crépuscule, est une espèce susceptible d’être désignée comme menacée ou vulnérable, mais les inventaires de ses populations sont quand même suspendus, restrictions budgétaires obligent. Le saumon de l’Atlantique, la tortue des bois et la chauve-souris sont d’autres exemples d’espèces qui ne sont plus inventoriées.

Certains inventaires doivent se faire la nuit – comme c’est le cas pour les chauves-souris, les anguilles ou les hiboux des marais – mais comme le Ministère a aboli les heures supplémentaires, les biologistes ne pourront pas évaluer les populations de ces espèces.

Le hibou ne s’adaptera pas aux compressions budgétaires, ça va rester un animal nocturne, cette prise d’inventaire là devait toujours se faire de nuit, c’est quelque chose qui est récurrent dans la prise de décision du ministère, dit Guillaume Bouvrette, président du SPGQ, alors on ne comprend pas c’est quoi l’objectif, derrière tout ça.

À la fin septembre, le ministère de l’Environnement avait coupé 134 postes, une réduction d’effectifs qui correspond à 3,5 % du nombre d’employés permanents et occasionnels. Le sous-ministre avait ensuite confié à des employés que des activités allaient être abandonnées par le Ministère.

Les biologistes au gouvernement ne font pas une tâche cléricale qui prend quelques minutes, indique Guillaume Bouvrette, il faut planifier sur de nombreuses années. Certains projets sont donc abandonnés, parce que les données ne peuvent être obtenues pour la deuxième année d’un projet étalé sur trois ans.

On passe un temps fou actuellement à refaire des planifications, parce qu’on a changé des orientations, on a modifié des ressources auxquelles on a accès, et ça, c’est réellement de la bureaucratie.

Une citation de Guillaume Bouvrette, président du SPGQ

Questionné à ce sujet, le ministère de l’Environnement confirme que la planification de certains projets a été modifiée et que d’autres suivis ne seront pas réalisés. Un porte-parole affirme dans un courriel qu’il est difficile de dresser un portrait exhaustif des espèces pour lesquelles les inventaires ont été suspendus.

Le Ministère concède que l’absence de certains travaux pourrait limiter, à court terme, la précision de l’évaluation des tendances de population de certaines espèces. Néanmoins, nous demeurons confiants que notre capacité à long terme d’assurer la conservation des espèces en situation précaire au Québec ne sera pas compromise, indique le porte-parole.

Sans ça, on avance dans le noir, à tâtons

C’est quand même choquant, considérant que la mission du Ministère c’est la protection de la biodiversité et la saine gestion du territoire, indique Bernice Chabot-Giguère, de l’Association des biologistes du Québec. Des inventaires, c’est un peu la base. C’est la donnée avec laquelle les biologistes seront capables de travailler par la suite, ajoute-t-elle.

Sans cette donnée de base, on se demande comment la mission va être atteignable pour le Ministère.

Une citation de Bernice Chabot-Giguère, de l’Association des biologistes du Québec

C’est terrible. C’est incroyable, s’insurge Alice-Anne Simard, qui dirige l’organisme Nature Québec.

Sans ça, on avance dans le noir, à tâtons, dans notre lutte à la perte de la biodiversité.

Une citation de Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec

À son avis, les compressions se font de façon arbitraire, sans analyse sérieuse des impacts que ces décisions peuvent avoir. C’est un manque de vision à long terme de venir se priver de ces données-là maintenant, soutient la directrice générale de Nature Québec, tout en s’interrogeant sur la compréhension de cette science de la part des décideurs politiques.

Impacts à venir sur les permis de chasse et de pêche?

Selon le SPGQ, ces réductions budgétaires pourraient avoir des répercussions sur la chasse ou la pêche. Les inventaires pour le petit gibier, comme les perdrix ou les lièvres, ou encore la grande faune, comme les orignaux ou les chevreuils, ne seront pas faits cette année.

L’émission de permis de chasse et de pêche pourrait être touchée éventuellement, croit Guillaume Bouvrette. Si on n’a pas les données nécessaires pour prendre les meilleures décisions par nos experts au sein du gouvernement, comment va-t-on y arriver?, lance-t-il.

Ceux qui pratiquent la chasse et la pêche ne verront peut-être pas les effets cette année, mais une réduction des inventaires vient jouer sur notre capacité à gérer ces populations, et on peut prendre des mauvaises décisions qui vont venir avoir un impact notamment sur les densités d’orignaux ou de chevreuils, évoque Alice-Anne Simard, de l’organisme Nature Québec. Des impacts plus importants pourraient se faire sentir dans quelques années, d’après elle.

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Planète bleue, idées vertes L’écologie s’invite chez les dentistes

(Lac-Brome) Dans un milieu où la contamination croisée peut provoquer des problèmes graves, une poignée de dentistes passent au vert au Québec. Pour l’instant, seulement sept cliniques ont obtenu une certification écologique, un tour de force dans l’univers de la santé buccale, où les produits jetables à usage unique sont rois.
Publié hier à 6 h 00

Texte : Sara Champagne La Presse
Photos : Marco Campanozzi La Presse

« On ne va pas se le cacher, les cliniques dentaires sont des usines à déchets », concède la chirurgienne-dentiste Julie Tremblay, en ouvrant à La Presse la porte de l’une des salles d’examen de sa clinique de Lac-Brome, dans les Cantons-de-l’Est.

En apparence, la salle n’a rien de particulier. Tout est immaculé, blanc, avec des plateaux en acier inoxydable. Mais quand on y regarde de plus près, des pratiques écologiques sont présentes dans tous les recoins. La clinique est en plein chantier pour redessiner ses espaces en gardant à l’esprit le développement durable.

Résumé

À l’entrée, les pantoufles jetables bleues ont laissé place à des sandales lavables et faciles à enfiler. Quand un patient tourne le coin du couloir, il ne peut pas manquer la présence d’une boîte de recyclage. La clientèle peut y déposer ses vieilles brosses à dents en plastique, contenants de fil de soie dentaire, brossettes, curettes et seringues de blanchiment des dents. La clinique les achemine à une entreprise de recyclage.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Des sandales lavables et une boîte de recyclage de déchets de soins dentaires se trouvent à l’entrée de la clinique de la chirurgienne-dentiste Julie Tremblay.

Catherine Pelletier est hygiéniste dentaire. Avec la Dre Tremblay, elle a embarqué à fond dans une expérience verte proposée par l’Association des chirurgiens-dentistes du Québec (ACDQ). Le duo dentaire a commencé par réduire les déchets à la source, en trouvant des solutions de rechange aux produits jetables.

Une vingtaine de cliniques au Québec ont tenté l’expérience, mais seulement sept ont décroché une certification officielle de la société provinciale RECYC-QUÉBEC (ICI on recycle).

À la clinique de Lac-Brome, l’un des changements les plus notables concerne le bavoir dentaire : le bavoir en papier que le patient se fait passer autour du cou, attaché avec des agrafes, a été remplacé par une version lavable en polyuréthane imperméable, compatible avec les désinfectants dentaires, fabriquée en Outaouais.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La Dre Tremblay et l’hygiéniste Catherine Pelletier

Dentistes et hygiénistes portent encore des masques jetables (moins chauds à porter qu’en tissu, disent-elles), mais ils ne sont pas jetés à tout bout de champ. Idem pour les gants.

« Il y a une façon de se déganter pour une tâche et de remettre les gants durant un même traitement, sans les contaminer », précise la Dre Tremblay.

Le plus difficile, c’est de changer les habitudes dans un milieu qui doit rester très aseptisé, explique l’hygiéniste Catherine Pelletier.

« Par exemple, au lieu de jeter le bavoir après utilisation, il faut nettoyer la surface de travail sur lequel on a posé le bavoir souillé, le nettoyer, et ensuite nettoyer de nouveau la surface de travail. Il y a une logistique qui demande du temps, mais c’est faisable avec de la volonté », explique-t-elle.

Clientèle ouverte

L’expérience écologique vécue par les patients va plus loin. Les tiges en bois des cotons-tiges utilisés pour désensibiliser les gencives avant l’anesthésie vont au compost. Les métaux des vieilles couronnes et des amalgames sont acheminés à une entreprise de récupération.

Les contenants de produits grand format rechargeables sont favorisés. Au lieu des gobelets jetables pour se rincer la bouche, la clinique a garni ses tablettes de verres à eau récupérés dans un sous-sol d’église du village. Ils vont au lave-vaisselle. Les serviettes à mains ne sont plus en papier, ce sont des serviettes comme à la maison, elles vont à la machine à laver.

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Plus encore, la clinique est actuellement en pourparlers pour offrir des brosses à dents en bambou, résistantes, qui ne goûtent pas le carton, explique la Dre Julie Tremblay, et elle projette de remplacer les pochettes jetables qui recouvrent les cassettes d’instruments stérilisés, dont la fameuse seringue, par du réutilisable. Les embouts de succions sont stérilisés et réutilisés.

Enfin, quand le patient reçoit son congé de la chaise du dentiste, on lui remet sa trousse de nettoyage, une brosse à dents neuve et de la soie dentaire, dans un sac en papier.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La Dre Julie Tremblay

Mon objectif est d’éliminer complètement les sacs de la clinique. En ce moment, quand nous voyons que les gens sont ouverts, on leur demande s’ils ont besoin du sac. La clientèle est heureuse de constater nos démarches. Elle se montre généralement ouverte à notre virage.

La Dre Julie Tremblay

Afin de parvenir à ces résultats, la clinique a suivi le plan vert de l’ACDQ élaboré grâce à une subvention, et l’expertise diagnostique de la firme Stratzer, spécialisée en services-conseils en économie circulaire.

À l’ACDQ, le directeur des services aux membres, Benoit Tardif, a constaté qu’il demeure difficile de trouver une solution de remplacement au plastique en dentisterie. Les déchets à eux seuls nécessitent trois poubelles dans les salles d’examen : déchets, déchets toxiques (seringues) et recyclage.

« Ça ne se fait pas en criant ciseau, dit-il. Ça demande une réorganisation tout en gardant en tête la priorité de garder les cliniques aseptisées. On a présenté nos conclusions au printemps, l’Ontario et la Colombie-Britannique nous suivent. Il faut commencer par réduire à la source. On espère que d’autres cliniques vont emboîter le pas, que ça va s’étendre à l’ensemble du réseau. »

Consultez le programme de réduction des produits à usage unique

En savoir plus

  • 337 000
    Nombre d’articles à usage unique que 20 cliniques ont réussi à détourner de l’enfouissement en participant au plan vert, en 2024. Plus de 75 000 articles ont été réorientés vers les collectes de recyclage ou de matières organiques.

Source : Association des chirurgiens-dentistes du Québec (ACDQ)

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2025-10-20/planete-bleue-idees-vertes/l-ecologie-s-invite-chez-les-dentistes.php

Organisation onusienne de l’agriculture La déforestation ralentit sur Terre, mais reste trop rapide

(Paris) Les abattages ou incendies qui font reculer la surface des forêts du monde ont ralenti, mais la déforestation reste encore trop rapide, surtout au Brésil, estime mardi la FAO, organisation onusienne de l’agriculture.
Publié à 6 h 36

Agence France-Presse

En tenant compte des plantations de forêt, la « perte nette » de forêts est de 4,12 millions d’hectares par an sur la période 2015-2025, soit deux à trois fois moins qu’en 1990-2000.

Mais « les écosystèmes forestiers dans le monde affrontent toujours des difficultés, avec un rythme actuel de déforestation toujours trop élevé, à 10,9 millions d’hectares par an », écrit la FAO dans un communiqué sur son « Évaluation des ressources forestières mondiales » quinquennale.

Cela équivaut à plus de 12 km² de forêts détruites chaque heure.

Évoquant la « complexité des dynamiques dans l’usage des terres », la FAO ne donne pas de raisons détaillées à la déforestation.

L’essentiel se joue dans les zones tropicales, où a lieu 88 % de la déforestation mondiale, et particulièrement en Amazonie, où la plus forte pression est exercée par l’agriculture.

Le Brésil est responsable de plus de 70 % de cette perte nette, avec 2,94 millions d’hectares par an, alors qu’il regroupe 12 % des forêts du globe.

« Le Brésil a fait part d’une réduction importante du rythme de la perte nette de forêts », note la FAO. Elle a presque été divisée par deux (-49 %) par rapport à la dernière décennie du XXe siècle.

Selon l’observatoire Global Forest Watch, la destruction des forêts vierges tropicales a atteint en 2024 un rythme jamais vu depuis 2002, principalement en raison d’incendies. En 2023 au contraire, l’Amazonie avait bénéficié de mesures de protection instaurées sous la présidence de Lula au Brésil.

Le pays accueille en novembre la conférence des Nations unies sur le climat (COP30 à Belém) et les forêts seront l’un des grands sujets de cette COP.

Le Brésil souhaite le lancement d’une Facilité de financement des forêts tropicales (TFFF), c’est-à-dire un fonds qui fournirait des moyens pour protéger les forêts face aux convoitises.

Les forêts « sont l’habitat pour une grande partie de la biodiversité de la planète, aident à réguler les cycles mondiaux du carbone et de l’eau, et peuvent réduire les risques et l’incidence des sécheresses, de la désertification, de l’érosion des sols, des glissements de terrain et des inondations », écrit le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

Les forêts recouvrent 4,14 milliards d’hectares, soit 32 % des terres émergées. Cinq vastes pays regroupent ensemble plus de la moitié des forêts du monde (Russie, Brésil, Canada, États-Unis et Chine).

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2025-10-21/organisation-onusienne-de-l-agriculture/la-deforestation-ralentit-sur-terre-mais-reste-trop-rapide.php

Montréal Anciens dépotoirs, dépôt à neige et émissions de méthane

Des chercheurs de l’Université McGill et d’Environnement et Changement climatique Canada ont parcouru 3300 km à vélo et en voiture dans les rues de Montréal sur une période de quatre ans pour mesurer les émissions de méthane. Parmi les 3045 sources identifiées figurent d’anciens dépotoirs et un dépôt à neige dont les émissions sont grandement sous-estimées par la Ville.
Publié à 7 h 00

Valérie Simard La Presse

Les anciens dépotoirs, de grands émetteurs

Les décharges inactives figurent parmi les points névralgiques (hotspots) émettant le plus de méthane (CH4) sur l’île de Montréal, selon les résultats de cette étude publiée en septembre dans la revue scientifique Environmental Research Communications. « La plupart des points chauds que nous avons observés étaient liés à des parcs qui étaient auparavant des décharges, y compris le parc Frédéric-Back et quelques autres parcs de l’île », note Regina Gonzalez Moguel, chercheuse postdoctorale à l’Université McGill au moment de l’étude et autrice principale de l’article. L’ancien site d’enfouissement de Pierrefonds se trouve aussi parmi ces « points chauds ».

Captage inefficace à Frédéric-Back ?

Avec ses puits de biogaz qui lui donnent une allure futuriste, le parc Frédéric-Back ne remplit-il donc pas ses promesses ? Le site du Complexe environnemental de Saint-Michel, qui abrite le parc, est identifié dans l’inventaire des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la Ville de Montréal, note Peter Douglas, coauteur de l’étude et professeur agrégé au département des sciences de la Terre et des planètes de l’Université McGill. « Ils savent donc qu’il ne capte pas tout le gaz produit », dit-il. Or, les émissions estimées par son équipe à partir des mesures enregistrées sont 60 % plus élevées que celles consignées dans l’inventaire. Le chercheur précise ne pas avoir investigué pour identifier les sources des émissions de méthane à l’intérieur du Complexe, mais il avance que celles-ci pourraient provenir de la partie nord-ouest du site qui n’a pas été réhabilitée. Selon lui, il est aussi possible qu’il y ait des fuites dans le système de captage du biogaz. L’ancien dépotoir de Pierrefonds est aussi muni d’un tel système.

Surprise, un site de dépôt à neige

Les chercheurs ont été surpris de voir un dépôt à neige figurer parmi les plus grands émetteurs de méthane de l’île. Située dans le quartier Saint-Michel, l’ancienne carrière Francon reçoit une grande partie de la neige ramassée dans les rues de Montréal. Comment de la neige qui fond peut-elle émettre du méthane ? Peter Douglas a quelques hypothèses. « La plus probable est que la neige est mélangée à beaucoup d’autres choses. Dans la rue, il y a beaucoup de déchets, beaucoup de matières organiques, beaucoup de feuilles qui sont prises dans la neige. Quand la neige fond, elle forme un grand lac et nous pensons que ce lac est un très bon environnement pour produire du méthane. » Il croit aussi possible que du méthane s’échappe de la roche qui est exposée sur les parois de la carrière.

Bien que les chercheurs estiment à 2329 à 3282 kg par jour la quantité de méthane émise par la carrière Francon, le site ne figure pas dans l’inventaire des émissions de GES de la Ville de Montréal. Comme plusieurs autres villes, Montréal publie un inventaire annuel de ses émissions, mais les données qui y sont présentées ne sont que des estimations. L’équipe de recherche aimerait que les résultats de son enquête de surveillance mobile amènent la Ville à ajouter, à tout le moins, la carrière Francon dans son inventaire. « Ce serait une première étape évidente », souligne Peter Douglas.

Plus de méthane dans l’est de l’île

Les chercheurs ont constaté que les concentrations de méthane sont réparties de manière inégale sur le territoire de l’île de Montréal. Les concentrations les plus élevées ont été observées au centre de l’île et dans l’est, un secteur où se trouvent plusieurs anciens dépotoirs et où les fuites de gaz naturel sont plus fréquentes en raison de conduites vieillissantes et de la densité de la population. Avec une moyenne de 14,8 fuites pour 100 km inspectés, Montréal obtient néanmoins un résultat semblable à celui d’autres villes de taille ou de densité comparable, notent les chercheurs.

Le méthane, puissant gaz à effet de serre

Bien que le méthane soit moins présent dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone (CO2) et que sa durée de vie soit plus courte, une molécule de méthane réchauffe la planète 28 fois plus qu’une molécule de CO2. Alors que toutes les sources d’émissions possibles de GES doivent être réduites pour freiner le réchauffement climatique, le méthane est une bonne cible, soutient Peter Douglas. « D’une certaine manière, il est plus difficile de réduire les émissions de CO2, car cela implique de renoncer à certaines activités que nous aimons faire, alors qu’avec le méthane, la plupart des sources sont des fuites dans les canalisations ou des décharges que nous pouvons mieux gérer afin de réduire ces émissions. » D’où l’importance, poursuit-il, d’identifier les sources qui émettent le plus et de les éliminer.

Des fuites pas si faciles à colmater

Colmater des fuites de gaz naturel peut être relativement facile si elles sont bien identifiées. Or, c’est surtout aux émissions des anciennes décharges que la Ville doit s’attaquer, croit Peter Douglas. « Il s’agit alors de se rendre sur ces sites, d’enquêter minutieusement sur l’origine du gaz, puis d’améliorer l’ingénierie, mais cela devrait être possible. »

Consultez l’étude (en anglais)

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2025-10-27/montreal/anciens-depotoirs-depot-a-neige-et-emissions-de-methane.php

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Planète bleue, idées vertes Un broyeur pour recycler des centaines de kilos de déchets 3D

Les 15 imprimantes 3D du studio de création de l’Université de Sherbrooke fonctionnent presque en continu à longueur d’année : victimes de leur succès, elles produisent plus de 600 kilos de déchets de matières plastiques chaque année. Un broyeur conçu par des étudiants pourrait changer la donne et permettre de recycler ces rebuts.
Publié à 6 h 00

Marek Cauchy-Vaillancourt La Presse

Résumé

D’impression en impression, les déchets produits par les étudiants de l’Université de Sherbrooke sont vite devenus une véritable montagne, à tel point que la professeure Valérie Grandbois s’est dit qu’il fallait faire quelque chose pour leur permettre d’avoir une seconde vie.

Au printemps dernier, elle a donc lancé un concours pour que les étudiants en génie conçoivent un broyeur. Celui-ci « répond à deux problèmes : la nécessité d’avoir des morceaux uniformes et un problème de stockage », explique-t-elle.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La professeure Valérie Grandbois

De différentes tailles et formes, les produits imprimés doivent être transformés en granules, qui prennent également beaucoup moins de place, avant de pouvoir être recyclés.

Les copeaux de plastique seront ensuite envoyés à des entreprises de recyclage de la région, où ils seront fondus et transformés en divers produits, comme des palettes, des pinces à cheveux ou des appuie-livres.

Une fin de semaine, top chrono

Les étudiants avaient une fin de semaine, top chrono, pour concevoir un prototype et faire la démonstration de son efficacité. À la clé : 1000 $ pour l’équipe gagnante, en plus de prix de participation.

Le délai serré n’a pas fait peur aux étudiants en génie Thomas Giroux, Zachary Rodrigue, William Roy et Loïc Langlois, les vainqueurs du concours. Les quatre ingénieurs en herbe pouvaient compter sur une chimie hors pair, eux qui participent à des concours internationaux de conception de moto électrique.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Zachary Rodrigue (à gauche) et Thomas Giroux (à droite) en compagnie du journaliste Marek Cauchy-Vaillancourt (au centre)

« On a fait un meeting à l’appart le vendredi soir. On est arrivés avec un concept assez basique », dit Zachary Rodrigue, étudiant en génie informatique.

Une fois les idées lancées et notées, l’équipe a donc sorti une tablette et fait un dessin 2D du broyeur qui allait ultimement lui valoir la victoire au concours.

Le lendemain matin, c’était l’étape du studio de création. Les quatre jeunes devaient faire passer le broyeur d’un dessin virtuel à une machine de bois, de métal et de styromousse, capable de transformer les produits imprimés en copeaux de plastique de taille uniforme.

L’idée centrale de leur broyeur est assez simple. Différentes lames déchiquettent le plastique de plus en plus finement, jusqu’à obtenir des morceaux uniformes.

Le broyeur devait par la suite séparer les morceaux de plastique des « impuretés », un important défi. Pour le relever, les jeunes hommes ont imaginé un ingénieux système de « rivière » d’eau où les impuretés lourdes, en métal, coulaient au fond tandis que le plastique flottait.

Il fallait ensuite séparer les impuretés de l’eau. Nouveau problème, nouvelle solution !

On se promenait, puis on a trouvé un bac de moppe. C’était parfait, parce que c’est fait pour avoir de l’eau dedans et le bout où tu essores la moppe, c’est déjà un tamis. Des fois, la solution est juste là !

Zachary Rodrigue, étudiant en génie informatique

Quelques calculs d’ingénierie plus tard et c’était l’heure de présenter le projet au jury chargé d’évaluer les différents projets. « Ils se sont distingués immédiatement », dit la professeure Valérie Grandbois, aussi membre du jury.

Thomas Giroux dit qu’il ne s’attendait pas à gagner : « On voulait juste se changer les idées de la moto. C’est juste arrivé, on a gagné », a-t-il lancé, candidement.

De nouveaux étudiants prendront la relève de Thomas, Zachary, William et Loïc à l’automne en concrétisant le modèle conçu au printemps et en prenant des éléments intéressants des projets qui n’ont pas gagné.

Campagne de sensibilisation

Le broyeur n’est qu’une composante d’une campagne plus large visant à réduire les déchets de matières plastiques issus de l’impression 3D.

Dès la rentrée, Valérie Grandbois et ses collègues sillonneront des salles de classe pour sensibiliser les étudiants en génie aux bonnes pratiques en matière d’impression 3D, parce qu’il « y a beaucoup de paresse humaine derrière les déchets ».

De nombreux étudiants vont par exemple utiliser des bobines de plastique neuves pour éviter de changer de bobine en cours d’impression, explique-t-elle.

Les murs du studio de création seront donc tapissés de conseils et recommandations rapides pour l’utilisation des imprimantes. De plus, les étudiants qui veulent utiliser les imprimantes 3D devront suivre des formations sur leur bonne utilisation.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Les murs du studio de création seront tapissés de conseils pour l’utilisation des imprimantes.

Valérie Grandbois espère que la création d’un broyeur pourra faire des petits. « C’est sûr qu’on va partager le système avec d’autres universités, des PME, des cégeps ! » Par contre, le broyeur n’a de sens que dans un circuit fermé, quand il y a un gros volume d’impression.

Ce n’est donc pas demain la veille que les particuliers auront des broyeurs à côté de leur imprimante 3D. Mais dans le milieu scolaire et industriel ? Probablement plus tôt que plus tard, grâce à l’initiative de Valérie Grandbois.

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2025-10-27/planete-bleue-idees-vertes/un-broyeur-pour-recycler-des-centaines-de-kilos-de-dechets-3d.php

Nouvelle étude Moins de sacs éparpillés grâce aux interdictions

Les restrictions sur les sacs de plastique ont fait diminuer les déchets sur les rives des cours d’eau américains, selon une nouvelle étude.
Publié à 9 h 20

Mathieu Perreault La Presse

Résumé

« Nous montrons pour la première fois que les restrictions de vente et de distribution de sacs de plastique dans les commerces réduisent le nombre de sacs qui se retrouvent dans la nature », explique Anna Papp, de l’Université Columbia. « Cet effet est plus marqué dans les endroits qui avaient un plus gros problème de ce type de pollution. » Selon les endroits, la réduction du nombre de sacs trouvés dans la nature varie entre 25 % et 47 %.

L’étude de Mme Papp, publiée en juin dans la revue Science, fait le décompte des sacs. « Nous n’avons pas de données en poids, donc nous ne savons pas si les sacs qu’on retrouve maintenant dans la nature sont plus lourds. Alors on ne sait pas si la quantité totale de plastique dans la nature, liée à ce type de pollution, diminue. »

Les données proviennent de plus de 45 000 corvées volontaires de nettoyage de rives. Mme Papp n’a pas observé de différences entre les lieux où il existe des interdictions totales sur les sacs de plastique et les endroits où les sacs sont vendus.

Ces résultats sont une bonne nouvelle, selon Andrew Macintosh, de l’Université nationale australienne (ANU), qui a publié en 2020 dans la revue Resources, Conservation and Recycling une étude sur les interdictions de sacs plastiques dans son pays. « Pour les endroits où l’interdiction visait à réduire le nombre de sacs qui se retrouvent dans la nature, l’étude de Science confirme que ça marche. »

L’étude de M. Macintosh montre toutefois que l’interdiction des sacs de plastique légers augmente la consommation de sacs de plastique plus robustes.

On voit avec l’interdiction des sacs légers une augmentation des sacs intermédiaires de plastique, des sacs réutilisables et des sacs-poubelle.

Andrew Macintosh, professeur à l’Université nationale australienne

Selon l’étude australienne, l’interdiction des sacs légers fait à peine diminuer l’usage de plastique. « Il faut voir si ça se produit aussi avec les interdictions totales de sacs plastiques à usage unique, remarque M. MacIntosh. On entend parler de gens qui accumulent des dizaines de sacs réutilisables, et qui finissent par les jeter. Une chose est sûre, par contre, ces sacs réutilisables sont plus lourds, donc ils vont moins partir au vent pour se retrouver dans la nature. »

Entre 2018 et 2023, seuls les sacs légers étaient bannis à Montréal. À partir de 2023, les sacs intermédiaires ont aussi été interdits, mais la vente de sacs réutilisables est toujours autorisée.

Microplastiques

Les résultats de Mme Papp semblent aussi encourageants pour Rebecca Taylor, chercheuse en recyclage et compostage à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign. Ses études ont notamment montré que les interdictions de sacs plastiques réduisent de 90 % à moins de 50 % la proportion des consommateurs qui achètent souvent des sacs pour transporter leurs achats à l’épicerie.

Le principal objectif de ces interdictions est de diminuer la quantité de sacs qui se retrouvent dans l’environnement. C’est intéressant de voir que les résultats sont au rendez-vous.

Rebecca Taylor, chercheuse en recyclage et compostage à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign

Les interdictions de sacs de plastique ne réduisent-elles pas aussi la quantité de microplastiques dans l’environnement ? « La principale source de microplastiques est l’usure des pneus de voiture et la deuxième est le lavage des vêtements, qui crée des fibres de plastique », répond Mme Taylor. Mme Papp et M. MacIntosh confirment que les interdictions des sacs plastiques ne devraient pas avoir un impact important sur la quantité de microplastiques dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau et l’eau potable.

1,5 million de tonnes

Production mondiale de plastique en 1950

Source : Resources, Conservation and Recycling

400 millions de tonnes

Production mondiale de plastique en 2022
Source : Cleaner Materials

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2025-10-27/nouvelle-etude/moins-de-sacs-eparpilles-grace-aux-interdictions.php

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https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2025-10-27/le-canada-n-atteindra-pas-ses-cibles-climatiques-selon-une-recente-etude.php

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On s’y attendait déjà avec les changements dans les objectifs de réduction d’émissions du gouvernement, pas seulement fédéral mais aussi du côté des provinces. C’est la qualité de vie générale de la population qui risque de pâtir sévèrement avec le temps. Pour moi c’est une grave injustice que l’on impose aux générations futures, car on ne pourra pas dire que l’on ne savait pas.

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Parc régional Rivière-du-Nord: Tricentris investit 500 000 $ pour le développement du parc

En juin 2025, la MRC de La Rivière-du-Nord devenait propriétaire et gestionnaire du Parc régional de la Rivière-du-Nord. « Depuis plus de trois mois, la MRC a peaufiné un plan de développement à court terme, afin notamment de rendre le parc financièrement autonome », a expliqué le directeur général de la MRC, Guillaume Laurin-Taillefer.

Le plan de développement prévoit entre autres d’améliorer l’expérience client, les infrastructures et la création de milieux de vie intéressants pour les visiteurs. Pour réaliser son plan, la MRC avait besoin d’un partenaire et Tricentris a décidé de s’impliquer.

Dany Dumont, directeur général de Tricentris, explique le choix de l’organisation. « C’est à travers son programme S’investir pour les communautés durables qu’une somme de 500 000 $ permettra de développer le parc de la Rivière-du-Nord et de mettre en valeur ce joyau », a-t-il expliqué.

Des discussions depuis 2017

Le préfet de la MRC de La Rivière-du-Nord, Xavier-Antoine Lalande, relate les discussions qui se sont tenues depuis 2017 sur l’avenir du parc régional. « On s’est entendu pour planifier des opérations afin de le reprendre en main et d’en faire une porte d’entrée magnifique pour les Laurentides », a souligné le préfet. Pour lui, il s’agit d’un site exceptionnel qu’on doit valoriser.

Quand les villes unissent leurs efforts

Dans le but de valoriser les merveilles naturelles du parc, il est prévu en premier lieu de rédiger un plan d’affaires. « Les villes de Prévost et de Saint-Jérôme ont décidé de s’engager financièrement et d’évaluer la possibilité d’établir un plan d’affaires. Après réflexion, il nous a semblé judicieux de nous réunir et de mettre nos efforts en commun pour développer des activités. Il fallait aussi trouver une façon d’atteindre l’autonomie financière pour développer ce projet. On veut créer de la valeur territoriale, économique, culturelle et expérientielle, en plus de contribuer à faire de ce lieu unique un attrait incontournable dans la région », souligne le préfet.

Phase 1 du développement

Les 500 000 $ vont contribuer au développement de la phase 1 qui consiste en la modernisation des infrastructures. On vise aussi le maintien de la gratuité pour les citoyennes et les citoyens de la MRC.

« On veut que la population profite du parc et des activités de plein air. Il y a un véritable potentiel de développement et de mise en valeur afin d’attirer les gens à profiter de ces espaces-là. L’autre objectif, évidemment, c’est d’accroître l’attractivité régionale », explique Xavier-Antoine Lalande.

Le partenariat avec Tricentris

Tricentris est l’entreprise qui est en charge du tri de la collecte sélective (bacs bleus) depuis 30 ans. On y traite 200 000 tonnes de matière résiduelle par année.

C’est une coopérative de solidarité dont font partie 200 municipalités du Québec. « Ces municipalités peuvent profiter des services de Tricentris et bénéficier du programme S’investir pour les communautés durables. À travers les différents projets, on veut démontrer que l’économie linéaire peut se transformer en économie circulaire. Les entreprises d’économie sociale peuvent faire une réelle différence dans les communautés. Chez Tricentris, on a une nouvelle mission, une nouvelle vision. Il s’agit d’offrir des services au bénéfice des membres au quotidien, en favorisant la durabilité des communautés », a souligné le directeur général, Dany Dumont.

Il souligne l’apport de la MRC de La Rivière-du-Nord qui a participé à la transformation de Tricentris. Cette entreprise ne s’occupe pas seulement du tri mais aussi de la gestion des matières résiduelles. « Notre premier contrat de gestion d’un écocentre a été signé avec la MRC de La Rivière-du-Nord. On est vraiment fiers d’être partenaires, particulièrement dans le cadre de ce projet-là. Le parc est vraiment extraordinaire. Venez le visiter ! », a conclu M. Dumont.

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Environnement

L’actualité verte de la semaine

Publié à 6 h 00

Valérie Simard La Presse

Les espèces exotiques envahissantes dans le viseur de Québec

Il pourrait être bientôt interdit de vendre et de cultiver à des fins de distribution plusieurs espèces exotiques envahissantes (EEE) au Québec. Le 22 octobre, le gouvernement a déposé un projet de règlement visant 31 espèces de plantes, arbres et arbustes qui présentent une menace pour la biodiversité du Québec. Parmi les plus connues, notons la châtaigne d’eau, le myriophylle à épis, le nerprun cathartique et le nerprun bourdaine, la renouée du Japon et le roseau commun. Introduites de manière volontaire ou accidentelle dans les milieux naturels québécois, ces plantes nuisent à la faune et à la flore indigènes. Si le règlement est adopté, les contrevenants s’exposent à des amendes allant jusqu’à 3 millions.

Des catastrophes climatiques qui coûtent cher

Des tornades, des inondations, les incendies de forêt de Los Angeles : les catastrophes climatiques ont coûté cher aux Américains pendant les six premiers mois de 2025. Le premier semestre de l’année est le plus coûteux jamais enregistré à ce chapitre aux États-Unis depuis 1980, année où ces données ont commencé à être compilées. Selon Climate Central, une organisation à but non lucratif qui a repris ce recensement interrompu par l’administration Trump, 14 désastres ont coûté 101,4 milliards US et tué 174 personnes. Puisqu’il s’arrête en juin, ce bilan n’inclut pas les crues soudaines survenues au Texas en juillet, qui ont fait 135 morts. À eux seuls, les incendies qui ont ravagé des quartiers de Los Angeles en janvier ont causé pour 61 milliards de dommages.

Avec The Guardian

Consultez le bilan publié par Climate Central (en anglais)

Les citrouilles à la rescousse de l’eau contaminée

Et si les nombreuses citrouilles qui prennent le chemin du compost le lendemain de l’Halloween pouvaient être utiles ? Des chercheurs de l’Université Laval ont fait une découverte surprenante. Un peu par hasard, alors qu’ils cherchaient dans des rejets végétaux des ingrédients actifs présentant des bienfaits pour la santé, ils ont constaté que les pelures de certains fruits permettent d’absorber des métaux lourds comme le plomb. Ils ont fabriqué une poudre à partir de pelures de quatre fruits : le melon d’eau, la banane, le melon jaune et la citrouille. « Après 5 minutes de contact, les poudres de chacun de ces fruits avaient absorbé 99 % du plomb présent dans l’eau », résume le professeur Seddik Khalloufi, dans un communiqué. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue International Journal of Environmental Science and Technology.

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2025-11-03/l-actualite-verte-de-la-semaine.php

La dégradation des terres n’est ni inévitable ni irréversible, souligne aussi la FAO.

Agriculture 1,7 milliard de personnes touchées par la dégradation des terres, selon l’ONU

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2025-11-03/agriculture/1-7-milliard-de-personnes-touchees-par-la-degradation-des-terres-selon-l-onu.php


Planète bleue, idées vertes Des coquilles d’huîtres transformées en comptoirs de cuisine

Les coquilles d’huîtres jetées aux ordures sont en voie de devenir une mine d’or dans le domaine de la construction décarbonée. Alors que la saison des dégustations bat son plein, des collectes s’organisent chez les ostréiculteurs de la France pour récupérer les coquillages. L’objectif est de les transformer en comptoirs de cuisine, en tables de salon design ou en revêtement de sol perméable – du pavé éponge.

Publié à 5 h 00

Sara Champagne La Presse

’Hexagone est l’un des endroits au monde où se consomment le plus d’huîtres au monde : entre 85 000 et 100 000 tonnes (85 à 100 millions de kg) chaque année, selon des données gouvernementales françaises, et ce, malgré une légère baisse autour de 2022 liée à un norovirus qui a attaqué le mollusque. Dans les usines, les invertébrés morts sont habituellement jetés dans des zones d’enfouissement. Idem pour les restes de table des grands restaurateurs et des particuliers. Au mieux, les coquilles finissent au compostage.

Le même destin attend les restes des mollusques dégustés au Québec.

Quatre jeunes entrepreneurs passionnés par la mer sont toutefois en voie de changer les pratiques après avoir visité des pêcheurs d’huîtres à Riec-sur-Belon, en Bretagne, en 2020. Devant une montagne de coquillages, ils s’étaient dit qu’il existait sûrement une solution pour leur donner une seconde vie.

« À l’époque, j’étais conseiller expert chez le géant Google, je vivais une perte de sens professionnelle. L’idée de transformer les coquilles a germé en parlant avec trois amis. On a mis nos expertises en commun, l’un d’eux est ingénieur. Notre usine laboratoire est née, ensuite notre entreprise », a raconté à La Presse par visioconférence le cofondateur et président de l’entreprise Ostrea, Camille Callennec.

Cinq ans ont passé. Les jeunes entrepreneurs ont peaufiné leurs méthodes. Ils ont décroché des subventions, conclu des partenariats avec des ostréiculteurs pour récupérer des coquilles, élargi leurs collectes aux coquilles Saint-Jacques et à la culture conchylicole (l’élevage de coquillages comestibles). Ils ont commencé par produire des palettes de 1000 mètres carrés, ils en sont aujourd’hui à 40 000 mètres carrés, avec une possibilité d’aller jusqu’à 500 000 mètres carrés.

L’entrepreneur Camille Callennec explique que ses associés se sont creusé les méninges pour mettre au point la technique de nettoyage des coquilles. Quand le mollusque mort dans sa coquille arrive à l’usine, il est sale, souvent contaminé, pris dans des filets de pêche. Les entrepreneurs ont mis au point un procédé pour laver, désinfecter et frotter.

Ensuite, les coquilles sont broyées pour devenir paillettes. Elles sont mélangées à une potion biominérale. La pâte ainsi obtenue est coulée dans un moule. Une fois durcie, au bout de 20 à 30 jours, la plaque de quelques centimètres d’épaisseur est démoulée, calibrée et polie pour devenir un comptoir de cuisine, une table design ou des tuiles de plancher.

« On a obtenu un brevet du matériau, explique Camille Callennec. Sa performance est semblable à celle du granit et elle revient environ au même coût. Nous sommes extrêmement fiers de notre découverte. C’est de l’économie circulaire. Nous estimons qu’il y a un potentiel de recycler jusqu’à 250 000 tonnes de coquilles. Nous travaillons à établir des partenariats avec des restaurateurs pour la collecte. »

Pavé éponge

L’entreprise Ostrea n’est pas la seule à entrevoir la manne. Dans la commune du Poiré-sur-Vie, département de Vendée, deux jeunes entrepreneurs, Philippe Gaboriau et Thierry Didelon, tracent leur chemin en transformant les coquillages en revêtement de sol extérieur perméable aux fortes pluies, une sorte de pavé éponge. Ils conçoivent aussi une porcelaine pour mouler des bijoux ou de la vaisselle, par exemple. L’entreprise Alegina offre aux particuliers, aux collectivités et aux ostréiculteurs des caisses-palettes et des bennes pour collecter la matière première provenant de l’océan.

Au Québec, 779 302 kg d’huîtres fraîches de différentes provenances (pour une valeur de 10 millions) ont été vendus en 2024 dans les grands magasins (ex. : supermarchés, clubs entrepôt, etc.), selon les données du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Ces ventes ne représentent pas la consommation totale puisqu’elles n’incluent pas les poissonneries et autres petits commerces.

En cinq ans, entre 2019 et 2024, les ostréiculteurs de la province ont vendu 120 tonnes (120 000 kg) d’huîtres en moyenne par année, pour des revenus moyens de 2,6 millions.

Chez le poissonnier Odessa, le directeur des opérations, Raphaël Vanderstocken, explique que le recyclage des coquilles n’est pas un sujet abordé par les clients de ses six succursales. Cet automne, de grosses cargaisons arrivent chaque semaine, particulièrement du Nouveau-Brunswick.

« On fait beaucoup la promotion des huîtres fraîches de Caraquet, mais on a jusqu’à une trentaine de variétés à offrir, précise-t-il. Nous remarquons un engouement de plus en plus marqué entre les mois de septembre et décembre. Quand nos clients posent la question, on leur dit de mettre les coquilles dans les bacs de compostage. »

La direction des communications de la Ville de Montréal confirme que les poissons et arêtes, les fruits de mer et leurs coquilles ou carapaces, ainsi que les œufs et leurs coquilles, sont acceptés dans les bacs bruns. À défaut d’être transformées en tables design ou en revêtement de sol perméable, les coquilles deviennent généralement de l’engrais solide ou liquide, ou du biogaz.

Consultez le site de l’entreprise Ostrea

Voyez une vidéo de l’entreprise Alegina

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2025-11-03/planete-bleue-idees-vertes/des-coquilles-d-huitres-transformees-en-comptoirs-de-cuisine.php

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https://youtu.be/3iTozcjbPuE?si=oh17JncIDMPh6UGQ

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Environnement

23 000 arbres pour minimiser les impacts d’une nouvelle autoroute

Par Jean-Luc Lorry, La Voix de l’Est

8 novembre 2025 à 04h37

Une forêt en devenir aux abords du prolongement de l’autoroute 35. Photo prise au sud du pont qui traverse la municipalité de Pike River. (Émile Boulet Bordeleau)

Une future forêt d’une superficie d’environ 24 hectares composée de 23 000 arbres est en émergence aux abords de la nouvelle autoroute 35 en direction des États-Unis dans la MRC de Brome-Missisquoi.

Pour compenser les pertes écologiques engendrées par les travaux du prolongement autoroutier qui relie Saint-Jean-sur-Richelieu à la frontière américaine, un partenariat s’est créé entre le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) et l’Université du Québec à Montréal (UQAM).


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L’autoroute 35 enfin accessible aux automobilistes

Dans le secteur géographique dans lequel sont situées les municipalités de Pike River et de Saint-Armand, le MTMD s’était engagé à corriger tout impact de ce chantier majeur sur les milieux boisés et humides.



«Ce projet met en œuvre une approche écosystémique - l’ensemble des composantes d’un écosystème - pour créer une nouvelle forêt qui n’existait pas à cet endroit avant la construction du prolongement de l’autoroute 35», indique Dominique Tardif, biologiste et agente de recherche au laboratoire du Dr Daniel Kneeshaw, en entrevue à La Voix de l’Est.

Ce laboratoire de recherche est intégré au Centre d’Étude de la Forêt de l’UQAM.

Restauration forestière sur un ancien champ de maïs situé dans le secteur de Pike River. (Natacha Jetha)

Depuis 2020, plus de 13 000 arbres ont été plantés dans le cadre de ce projet majeur de reboisement. D’ici la fin de l’année 2025, plus de 10 000 arbres seront ajoutés.

Ainsi, la restauration d’un écosystème forestier va contribuer au stockage de carbone et offrira un habitat pour divers groupes fauniques, comme les oiseaux, les chauves-souris, les amphibiens et les reptiles.

«Une forêt ne se résume pas qu’aux arbres. On a d’abord le reboisement qui est réalisé par l’équipe de Daniel Kneeshaw, le chercheur principal, mais il y a toute une équipe d’experts qui s’affairent sur le projet.»

— Dominique Tardif, biologiste et agente de recherche

Les principaux objectifs de ce projet sont:

  • Créer un écosystème résilient et diversifié en testant différentes stratégies d’aménagements et de plantation.
  • Évaluer l’impact de la construction routière sur la faune et son utilisation de la nouvelle forêt.
  • Réaliser un bilan de l’évolution du carbone dans les écosystèmes.

Chargé de projet à la Direction du soutien technique des grands projets au MTMD, Julien-Michel Blondin-Provost est à l’origine de cette initiative environnementale.



«En 2020, le chargé de projet, M. Blondin-Provost avait confié au Centre d’Étude de la Forêt, la responsabilité de concevoir un projet de compensation et de restauration forestière», mentionne Dominique Tardif.

Mise en place de drapeaux de couleurs en vue des plantations. Chaque couleur correspond à une espèce d’arbre. (Dominique Tardif)

Depuis cinq ans, une équipe de chercheurs multidisciplinaires travaillant en partenariat s’affaire à compenser la perte de milieux boisés et humides occasionnés par la construction des nouvelles infrastructures.

«Nous considérons non seulement des plantations riches en diversité, mais aussi la création d’habitats pour la faune et la séquestration du carbone. L’objectif est de créer une nouvelle forêt sur des terres anciennement agricoles, afin de préserver et enrichir la biodiversité locale tout en assurant une résilience face aux changements globaux», mentionne Mme Tardif.

«À ce jour, nous avons réussi à préserver des espèces menacées, vulnérables ou à statut, initialement présentes dans le tracé déboisé. Des arbres matures ont également été transplantés dans une parcelle agricole devenue inadaptée à la culture», ajoute cette biologiste.



Appuyé par plusieurs autres chercheurs possédant des expertises dans le rétablissement de la faune et le bilan carbone, entre autres, ce projet innovateur se poursuivra jusqu’en 2033 afin de permettre une étude à long terme.

Cliquez ici pour en savoir plus sur ce projet mené par une équipe de l’UQAM.

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Planète bleue, idées vertes Dépolluer grâce aux champignons

Et si les champignons étaient des alliés de la dépollution ? C’est ce que propose Biopterre, un institut de recherche situé à La Pocatière, grâce à un procédé méconnu mais qui gagne du terrain : la mycoremédiation.
Publié à 0 h 00

Mark Suciu La Presse

« Il y a un champignon quelque part qui possède le bagage pour pouvoir dégrader la plupart des contaminants qu’on lui présente », explique Kawina Robichaud, la chercheuse qui dirige la majorité des projets de remédiation de Biopterre.

La mycoremédiation repose sur l’utilisation de champignons pour assainir l’environnement. Cette technique biologique permet le traitement des eaux et des textiles, mais aussi la décontamination des sols.

Grâce à leur mycélium, leur réseau souterrain qui se développe dans le sol, les troncs d’arbres ou d’autres matières organiques, les champignons sont en mesure d’excréter des enzymes à l’extérieur de leurs filaments pour dégrader une panoplie de contaminants. Les champignons possèdent une « batterie enzymatique extrêmement agressive ».

Il y a des champignons qui sont même capables de digérer de la roche.

Kawina Robichaud, chercheuse chez Biopterre

Ce processus enzymatique permet de d’attaquer et de dégrader des composés organiques complexes, comme des hydrocarbures pétroliers, certains explosifs, des pesticides ou encore des produits pharmaceutiques.

Dans d’autres cas, les champignons ne détruisent pas les contaminants, mais les stockent. C’est notamment le cas des métaux lourds. « Les champignons ne font pas la différence, qu’il y ait beaucoup ou peu de métaux dans le sol. Ils les accumulent. Ce sont des super stockeurs », précise Félix-Antoine Bérubé-Simard, codirecteur à l’innovation et au transfert technologique chez Biopterre.

Autrement dit, les champignons offrent deux voies de remédiation : la dégradation par des enzymes ou l’absorption de certains contaminants dans leur structure cellulaire.

Une expérience prometteuse sur la Côte-Nord

Pour illustrer le potentiel de cette approche, Biopterre travaille sur un projet mené sur la Côte-Nord. Il faut remplacer des traverses de chemin de fer imbibées de créosote, un contaminant utilisé pour protéger le bois, formé d’hydrocarbures toxiques et cancérigènes, interdit au Canada depuis 2011. Mais on ne sait pas quoi faire avec ce bois contaminé.

Les solutions traditionnelles sont très peu intéressantes : enfouir ces traverses, ou les transporter sur des centaines de kilomètres pour les incinérer. « L’enfouissement, c’est léguer le problème aux générations futures, et le transport pour l’incinération, ça laisse une empreinte carbone énorme », souligne Mme Robichaud.

Les champignons peuvent-ils servir à décontaminer ces traverses ? À première vue, rien ne semblait survivre à cet environnement. « On se disait qu’on perdait peut-être notre temps, raconte Kawina Robichaud. Tout était sec. On aurait dit qu’il n’y avait rien qui poussait dessus. »

Pourtant, de retour au laboratoire, l’équipe a réussi à isoler 109 souches de champignons. « C’était impressionnant, la vie qui sortait de là », dit-elle.

La mycoremédiation pourrait donc devenir une solution intéressante, mais surtout la « méthode biologique la plus efficace » dans certains cas.

Pas une baguette magique…

Résumé

Cette approche, bien que prometteuse, n’est pas sans contraintes. Les champignons sont des organismes vivants et nécessitent minimalement les conditions propices à la vie. Le climat, l’humidité, le type de sol… tout doit être aligné. « Ce n’est pas n’importe quel champignon qui peut pousser n’importe où, et encore moins digérer n’importe quel contaminant », rappelle Kawina Robichaud.

Il faut aussi veiller à maintenir l’équilibre des écosystèmes. L’introduction d’une espèce non indigène pourrait perturber un système déjà en place. Certains projets explorent la génétique pour créer des souches plus performantes, mais la prudence est de mise.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Félix-Antoine Bérubé-Simard, codirecteur à l’innovation et au transfert technologique chez Biopterre

Il ne faut pas changer l’écosystème. Il y a des questionnements à avoir lorsqu’on remet dans la nature un organisme modifié.

Félix-Antoine Bérubé-Simard, codirecteur à l’innovation et au transfert technologique chez Biopterre

En général, les approches biologiques sont plus longues que les approches traditionnelles, mais elles sont moins coûteuses et exigent moins d’interventions mécaniques. Les champignons jouent plusieurs rôles pour les sols : décontamination, restauration, mais aussi prévention – ce qui est difficile à réaliser avec les méthodes chimiques traditionnelles.

Une piste à faire germer

Au Québec, il commence à être difficile de faire germer des idées dans un sol économique décidément bien sec, déplore M. Bérubé-Simard.

On voit l’aspect financier plus vite que celui du traitement d’un certain environnement. On a du mal à mettre de la valeur sur la santé d’un environnement

Félix-Antoine Bérubé-Simard, codirecteur à l’innovation et au transfert technologique chez Biopterre

Biopterre continue tout de même ses explorations en s’intéressant entre autres aux champignons extrêmophiles, qui peuvent vivre dans les profondeurs de l’eau saline du fleuve Saint-Laurent. « Il y a encore beaucoup de recherche et développement à faire, c’est vraiment une voie porteuse d’avenir », indique Mme Robichaud.

La mycoremédiation ne réglera pas tous les problèmes du jour au lendemain, mais elle offre une piste concrète pour des effets à long terme. Dans bien des cas, les champignons pourraient devenir des outils précieux pour redonner vie à des sols abîmés. Une solution qui pousse lentement, mais sûrement.

« Il y a une explosion en ce qui concerne le savoir et l’intérêt pour les champignons », conclut Kawina Robichaud.

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2025-11-10/planete-bleue-idees-vertes/depolluer-grace-aux-champignons.php

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