« Ensemble, les pollueurs québécois versent à peine six millions de dollars au gouvernement pour compenser leurs rejets industriels. C’est très, très maigre », écrit notre éditorialiste.
Vous trouvez que la pollution émise par la Fonderie Horne est scandaleuse ?
Attachez vos tuques. Parce qu’il y a encore plus troublant.
La majorité des entreprises qui rejettent des contaminants dans l’environnement ne font même pas l’objet d’un plan de réduction supervisé par Québec, comme c’est le cas de la Fonderie. Et contrairement à elle, ces entreprises ne paient pas un cent pour compenser leurs rejets industriels.
Ça doit changer.
Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, a annoncé cette semaine son intention de hausser considérablement les droits de polluer imposés aux établissements qui émettent des contaminants dans l’air et dans l’eau1.
Bravo. Ces droits n’ont pas été indexés depuis 30 ans et il y a un sérieux rattrapage à faire.
Mais ce que le gouvernement provincial omet de dire, c’est qu’il ne puise pas dans toutes les poches.
Seuls 85 établissements appartenant à deux secteurs précis – les pâtes et papiers ainsi que l’industrie minière et la première transformation des métaux – doivent payer pour compenser leurs rejets industriels.
Les autres secteurs, eux, échappent à la réglementation. Pourquoi ? Mystère. À Québec, personne n’a pu nous l’expliquer clairement.
On sait toutefois que les ambitions du ministère de l’Environnement ont déjà été plus grandes.
Sur son site web, le Ministère dit viser à assujettir non pas 85 établissements appartenant à deux secteurs industriels, mais bien 200 établissements qualifiés de « majeurs » dans cinq secteurs distincts2.
Après les pâtes et papiers et la transformation des métaux, « un troisième grand secteur est prévu à être assujetti prochainement », peut-on y lire. Or, aucun nouveau secteur n’a été ajouté à la réglementation depuis 2002. Et au cabinet du ministre Charette, on nous dit que ce n’est pas dans les intentions à court terme.
Cette situation est illogique et injuste.
Un rejet de métaux lourds provoque les mêmes dommages qu’il émane d’une entreprise minière ou d’une usine du secteur de l’industrie chimique. Pourtant, cette dernière n’a rien à payer pour ses rejets industriels.
Malgré cet angle mort gros comme un pan de mur, il faut saluer la volonté du ministre Charette de hausser le prix de la pollution au Québec pour la première fois en trois décennies.
Pour l’instant, les entreprises polluantes sont dans la situation d’un client qui entrerait dans une épicerie pour découvrir qu’on y vend les aliments aux prix d’il y a 30 ans. Ou d’un locataire qui signerait un bail au même loyer qu’en 1993.
Elles se frottent les mains, ne pouvant croire leur chance.
Ensemble, les pollueurs québécois versent à peine six millions de dollars au gouvernement pour compenser leurs rejets industriels. C’est très, très maigre.
Les hausses proposées par Québec sont considérables. Le coût d’émettre une tonne d’arsenic ou de cadmium dans l’environnement, par exemple, passerait de 400 $ actuellement à 908 000 $ en 2026.
Malheureusement, l’effet dissuasif de ces augmentations est atténué par le fait que Québec fixe aussi un montant maximal annuel pouvant être payé par un même établissement. Ce plafond, actuellement à un million de dollars, passerait à deux millions.
Ça veut dire qu’au-delà d’un certain seuil, une entreprise peut polluer sans payer. C’est problématique considérant que les risques pour la santé et l’environnement augmentent avec la quantité de matières toxiques rejetées. Ce plafond devrait être aboli.
De vives inquiétudes entourent finalement l’utilisation des fonds recueillis en vertu de ces pénalités environnementales. Le communiqué de presse publié cette semaine affirme que les sommes pourraient être « réinvesties afin d’améliorer la performance environnementale de l’industrie ».
Une « approche circulaire », selon les mots mêmes du Ministère, qui laisse craindre que Québec prenne l’argent des pollueurs d’une main et le leur redonne de l’autre. Ce serait vraiment aberrant.
Les fonds recueillis devraient plutôt servir à mieux documenter les rejets toxiques et à atténuer leurs effets sur la santé humaine et sur l’environnement.
Le ministre Charette a raison de vouloir augmenter le prix de la pollution au Québec. Mais il reste beaucoup de travail à faire pour accoucher d’une politique complète et cohérente de compensations des rejets industriels.
Secteurs que Québec dit vouloir viser par son programme de réduction des rejets industriels
• Pâtes et papiers
• Industrie minérale et de la première transformation des métaux
• Industrie de la chimie organique et de la chimie inorganique
• Transformation du métal (industrie du traitement de surface et de la métallurgie secondaire)
• Industrie de l’agroalimentaire, de la transformation du bois et des textiles
source : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
Secteurs réellement assujettis à la réglementation
• Pâtes et papiers
• Industrie minérale et de la première transformation des métaux
source : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
Depuis 20 ans, l’industrie forestière québécoise a été passablement perturbée par les nombreuses fermetures d’usines de pâtes et papiers et se retrouve aujourd’hui avec des surplus de résidus problématiques. Ce problème pourrait bientôt se transformer en solution d’avenir pour le verdissement de la planète grâce à l’utilisation des résidus de biomasse pour la fabrication de produits de décarbonation tels que le biocharbon, le biochar et le biocarbone.
Publié à 6h30
Cela fait des années que l’on étudie différents moyens de valoriser la biomasse, qu’elle soit forestière ou agricole, dans des projets qui vont plus loin que sa simple utilisation en mode coénergie.
L’entreprise Airex Énergie, qui fabrique déjà des granules de biocharbon à Bécancour, prépare un important financement et planifie la construction de la plus grosse usine en Amérique du Nord de production de biochar, un amendement du sol qui augmente la rétention d’eau et réduit l’utilisation des fertilisants, mais qui est surtout un puissant capteur de carbone.
La construction prochaine d’une usine de production de biochar se fera dans un lieu que Michel Gagnon, le président d’Airex Énergie, préfère pour l’instant ne pas dévoiler, mais qui sera à proximité d’une source de production importante de biomasse. La nouvelle usine aura une capacité de production de 30 000 tonnes par année, ce qui en fera la plus importante en Amérique du Nord.
La grande vertu du biochar est qu’il capte pour des centaines, voire des milliers d’années le carbone qui était contenu dans les résidus forestiers et qui aurait été rejeté dans l’atmosphère lors de leur décomposition.
Le biochar est fabriqué à partir de la biomasse forestière – sciure et copeaux de bois –, qui est chauffée à plus de 500 degrés en l’absence d’oxygène, sous pyrolyse, pour devenir une poudre noire que l’on peut épandre sur les terres agricoles ou utiliser notamment dans la fabrication du béton.
Outre ses qualités d’enrichissement des sols, la grande vertu du biochar est qu’il capte pour des centaines, voire des milliers d’années le carbone qui était contenu dans les résidus forestiers et qui aurait été rejeté dans l’atmosphère lors de leur décomposition. Il est devenu un produit extrêmement demandé sur le marché des crédits carbone.
L’entreprise québécoise s’est associée à la multinationale française Suez, qui va investir dans la construction de cette usine au coût estimé de 80 millions et qui doit commencer ses activités en 2024. Suez et Airex veulent reproduire ce modèle sur une grande échelle.
« On commence au Québec, mais Suez veut construire rapidement une deuxième usine en France. On prévoit construire une nouvelle usine par année pour arriver à une production totale de 350 000 tonnes d’ici quinze ans. Dans plusieurs pays où on va aussi utiliser la biomasse agricole pour produire le biochar », anticipe Michel Gagnon.
Des crédits payants
Le biochar se vend entre 700 $ et 1000 $ la tonne, selon sa qualité et l’utilisation qu’on en fait, mais chaque tonne génère de 2,5 à 3 tonnes de CO2 séquestré dont le prix varie entre 100 $ et 160 $ la tonne, ce qui constitue une plus-value intéressante, très recherchée par les entreprises qui veulent réduire leur empreinte carbone.
« On s’est associé à un courtier en crédits carbone qui dessert plus de 2400 grandes entreprises qui ont besoin chaque année d’améliorer leur bilan environnemental », précise Michel Gagnon.
Airex Énergie vient tout juste de terminer un nouveau financement de 38 millions auprès de ses partenaires financiers Cycle Capital, Inovatech, Investissement Québec et le Fonds de solidarité FTQ, qui est un nouvel investisseur.
L’entreprise québécoise est déjà en train de préparer un nouveau tour de financement de 130 millions pour soutenir son développement international auprès d’investisseurs américains.
La technologie développée par Airex lui permet également de fabriquer du biocarbone qui sert à la production de biocarburant pour l’aviation et pour remplacer la poudre de coke et l’anthracite dans la fabrication de boulettes de fer. Il s’agit d’un substitut qui intéresse grandement les grands producteurs comme ArcelorMittal ou Rio Tinto dans leur quête pour arriver à produire de l’acier vert.
Airex Énergie fabrique depuis 2016 dans son usine de Bécancour du biocharbon, composé de biomasse forestière torréfiée qui est transformée en combustible qu’on utilise dans les centrales thermiques en remplacement du charbon beaucoup plus polluant.
Le charbon émet 1000 tonnes de CO2 par gigawattheure produit alors que le biocharbon émet seulement 70 tonnes de CO2 par gigawattheure.
C’est considérable quand on sait que le charbon est responsable de 35 % de la production d’énergie dans le monde, m’explique le PDG d’Airex Énergie.
L’usine de Bécancour, qui est la seule usine de biocharbon en exploitation au Canada, a une capacité relativement modeste de 15 000 tonnes par an puisqu’elle était au départ une usine de démonstration. Le groupe Airex Énergie prévoit vendre sa technologie dans des régions où la biomasse est abondante et où on dépend toujours des énergies fossiles.
Depuis l’avènement de la révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle, les usines ont toujours été de grandes manufactures de pollution qui ont conduit au dérèglement climatique que l’on subit aujourd’hui. Il était grandement temps que l’on construise des fabriques à décarbonation pour qu’à tout le moins on recommence à respirer un peu mieux.
10 mars 2023 à 16h48 - Mis à jour 10 mars 2023 à 16h49 1 minute de lecture
Les bibliothèques de Saint-Michel et de Parc-Extension peuvent désormais compter sur une grainothèque, collection de semences que les Montréalais peuvent utiliser pour les planter dans leur jardin.
Pour y avoir accès, suffit de détenir une carte d’abonné valide des bibliothèques de Montréal. Des catalogues des semences disponibles sont présents dans chaque bibliothèque.
Une fois le légume poussé, les Montréalais sont ensuite invités à récolter les graines pour les ramener à la bibliothèque, et ainsi les partager avec les autres usagers. L’objectif de la Ville est de construire une collection au fil des saisons, au gré des dons de chacun.
«On donne accès au jardinage à une grande partie de la population, et ce, sans frais. Ainsi, ceux et celles qui ont le pouce vert ou qui souhaitent le développer peuvent aller y chercher des semences rares et locales», se réjouit la mairesse de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension Laurence Lavigne Lalonde.
Les promoteurs de GNL Québec et Gazoduq déposent une demande d’arbitrage contre le gouvernement du Canada pour avoir bloqué leurs projets de terminal de liquéfaction de gaz naturel et de gazoduc. L’indemnisation recherchée est de 20 milliards de dollars américains.
C’est la compagnie Ruby River Capital LLC qui a enregistré une demande d’arbitrage contre le Canada, jeudi, devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) du Groupe de la Banque mondiale.
Elle invoque des arguments en lien avec l’Accord de libre-échange américain (ALENA) et l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).
Ruby River Capital est la propriété des entreprises des deux promoteurs de GNL Québec, renommée Symbio Infrastructure en mars 2021. Les entreprises sont Freestone, une société de développement financée et dirigée par Jim Illich, et Breyer Capital, fondée en 2006 par Jim Illich, actuel président du conseil d’administration.
Les projets jadis évalués à 14 milliards visaient à construire un terminal à Saguenay pour exporter du gaz naturel liquéfié importé par gazoduc depuis l’Ouest canadien via des conduites existantes ainsi qu’un gazoduc à construire de 780 kilomètres qui aurait relié le nord-est de l’Ontario au port de Saguenay. Le gaz naturel liquéfié aurait été exporté par bateau sur la rivière Saguenay.
Des refus de Québec et Ottawa
La portion du terminal, nommée Énergie Saguenay, a d’abord été refusée par le gouvernement du Québec en juillet 2021, après un rapport critique du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) rendu en mars 2021. Selon le BAPE
, le projet comportait plus d’inconvénients que d’avantages.
Le gouvernement du Canada, par l’entremise du ministère de l’Environnement et du Changement climatique, a aussi refusé le projet de terminal de liquéfaction en février 2022. Le ministre, Steven Guilbeault, s’était alors basé sur les conclusions du rapport d’évaluation environnementale de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC).
L’augmentation des gaz à effet de serre polluants, l’impact du projet sur les mammifères marins, dont le béluga du Saint-Laurent, ainsi que ses effets sur le patrimoine culturel des Premières Nations innues avaient été montrés du doigt par l’AEIC
Les bureaux de GNL Québec étaient situés à Saguenay.
Photo : Radio-Canada / Pascal Girard
L’entreprise, de son côté, estimait que le projet dans son entier aurait contribué à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre en remplaçant des énergies jugées plus polluantes comme le charbon. L’usine de liquéfaction aurait été alimentée en hydroélectricité, ce qui aurait réduit son impact environnemental.
En juin 2022, Symbio Infrastructure avait annoncé avoir conclu un accord avec la société d’État ukrainienne Naftogaz pour approvisionner l’Ukraine, alors déjà en guerre, en gaz naturel liquéfié et en hydrogène.
En septembre dernier, Jim Illich avait eu des discussions avec Steven Guilbeault et le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, en marge de la visite au Canada du chancelier allemand, Olaf Scholz.
Le processus d’évaluation environnementale au fédéral est toujours en cours pour la portion du gazoduc, mais est devenu caduc, dans un sens, puisque sans terminal, le projet n’a plus de sens.
La nouvelle a d’abord été rapportée par le site Internet Investment Arbitration Reporter (IAReporter), une publication spécialisée dans ce domaine. Cette publication estime que le poursuivant prétend que la décision prise par Ottawa était d’abord politique, ce qui irait à l’encontre des accords de libre-échange.
C’est l’un des plus grands défis du Québec. Pour décarboner son économie, la province devra augmenter sa production d’énergie d’au moins 100 térawattheures d’ici 2050 – l’équivalent d’un « demi-Hydro-Québec », comme l’a illustré François Legault. Comment y parvenir ? Notre éditorialiste Philippe Mercure présente quelques pistes.
Le Québec génère aujourd’hui environ 200 térawattheures (TWh) d’électricité, dont 99,6 % proviennent de sources renouvelables.
Mais la province utilise aussi des combustibles fossiles pour propulser ses voitures et ses camions, pour alimenter ses usines, pour chauffer certains de ses bâtiments.
Pour décarboner son économie, c’est-à-dire s’affranchir de ces combustibles fossiles, le Québec devra augmenter sa production électrique de moitié. Ça veut dire générer 100 TWh de plus. En moins de 30 ans.
Les boules de cristal étant un peu floues sur un tel horizon, ce chiffre est une approximation. Mais il est présenté comme un minimum par Hydro-Québec et par les experts.
Selon une étude réalisée par la firme Dunsky Énergie+Climat pour le gouvernement du Québec, c’est plutôt plus de 130 TWh d’énergie supplémentaire qu’il faudra générer d’ici 2050 pour électrifier l’essentiel de nos véhicules, de nos bâtiments et de nos industries. Et cela, après avoir effectué des efforts colossaux pour limiter la croissance des besoins grâce à l’efficacité énergétique et à la généralisation des transports en commun.
Le défi qui nous attend est donc titanesque.
Cet objectif de 100 TWh inclut la décarbonation des entreprises déjà présentes chez nous, mais exclut toute attraction de nouvelles usines. Les besoins énergétiques de la fameuse « filière batterie » que cherche à déployer le gouvernement Legault, par exemple, n’en font pas partie. Pour répondre à leurs besoins, il faudra produire au-delà de l’objectif.
Penser énergie, penser puissance
La quête de 100 TWh est un objectif de production d’énergie. Mais le Québec fait face à un autre défi : lorsqu’il fait très froid et que nos besoins en chauffage explosent, on doit avoir accès à cette énergie en très peu de temps. Nous avons alors besoin de puissance.
Utilisons l’analogie d’une voiture. Le réservoir d’essence représente l’énergie qu’elle contient. La puissance du moteur, elle, dicte la quantité d’essence qui peut être utilisée d’un coup pour propulser la voiture.
Le Québec cherche donc à agrandir le réservoir d’essence de sa voiture. Mais il doit aussi s’assurer d’avoir un moteur puissant, capable de réagir quand il faut mettre la pédale au plancher et répondre aux pointes hivernales comme celle que nous avons vécue en février dernier.
Ces considérations d’énergie et de puissance influenceront les choix énergétiques qui s’offrent à nous.
Rester flexible
Un dernier mot avant d’examiner les pistes de solution. Si on doit commencer dès maintenant à planifier l’augmentation de notre capacité énergétique, il faut aussi réaliser qu’on ne peut prendre immédiatement toutes les décisions pour les 30 prochaines années.
Les coûts et les performances de chaque technologie vont évoluer au cours des prochaines décennies. Ce qui apparaît le plus avantageux aujourd’hui ne le sera peut-être pas dans 15 ans.
Philippe Dunsky, président de la firme Dunsky Énergie+Climat
« Cela veut dire qu’il faudra se garder une latitude et régulièrement retester nos hypothèses », ajoute Philippe Dunsky, président de la firme Dunsky Énergie+Climat, qui conseille les gouvernements et les entreprises sur les enjeux énergétiques.
Certaines technologies requièrent toutefois plus de planification que d’autres. Il faut une quinzaine d’années pour concevoir et construire un barrage hydroélectrique. Si on veut pouvoir compter sur une telle option dans moins de 30 ans, il faut donc l’étudier dès maintenant. C’est ce que propose le plus récent plan stratégique d’Hydro-Québec.
Atteindre 100 TWh, on l’a compris, sera un défi pharaonique. Voici comment il pourrait être relevé.
Économiser au lieu de produire
C’est la première étape de notre quête vers les 100 TWh. Parce que l’électricité qu’on ne consomme pas, on n’a pas à la produire.
Combien d’énergie peut-on économiser au Québec ? Et comment ? Ces questions font l’objet d’intenses débats et nous placent déjà devant des choix importants.
Le potentiel
Hydro-Québec évalue le « potentiel technico-économique » de l’efficacité énergétique à environ 25 TWh. Il s’agit de l’électricité qu’il est techniquement possible d’économiser, de façon rentable.
Cela veut dire que pas moins d’un huitième de toute l’énergie produite au Québec pourrait être récupéré.
Hydro-Québec insiste toutefois pour dire que le potentiel « commercial » réellement possible à libérer par l’entremise de programmes est beaucoup plus faible. Pour l’instant, la société d’État compte récupérer 8 TWh d’ici 2030 – à peine le tiers du potentiel technico-économique.
Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, convient qu’on ne pourra récupérer la totalité des 25 TWh uniquement avec des programmes volontaires. Voilà pourquoi il plaide aussi pour une réglementation afin d’encadrer notre consommation d’électricité.
Techniquement et économiquement, on sait qu’on peut aller chercher 25 TWh. Alors il faut prendre les mesures nécessaires pour aller les chercher.
Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal
L’expert Philippe Dunsky évalue quant à lui le potentiel d’efficacité énergétique du Québec à entre 30 et 50 TWh d’ici 2050. Mais lui aussi estime que la réglementation sera nécessaire pour réaliser de tels gains.
Un biais envers la production
Actuellement, Hydro-Québec doit démontrer à la Régie de l’énergie que ses programmes d’efficacité énergétique n’entraînent pas de hausse des tarifs d’électricité. C’est contradictoire. Les consommateurs résidentiels paient actuellement leur électricité environ 7 cents le kilowattheure (kWh). Or, on sait que développer de nouvelles sources d’approvisionnement coûtera cher – entre 11 et 12 cents le kilowattheure. Entre investir 9 cents pour économiser la consommation de 1 kWh et payer 11 cents pour en générer 1 nouveau, l’option la plus logique est pourtant évidente. Les règles actuelles entraînent donc un biais vers la génération de nouvelle électricité plutôt que vers l’économie de cette électricité. Elles sont à revoir.
PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE / PHOTOMONTAGE LA PRESSE
Parlez aux experts en efficacité énergétique et le premier mot que vous entendrez est invariablement celui-ci : thermopompe.
Ces appareils sont de qualité et de performance inégales, mais leur efficacité s’améliore rapidement, particulièrement par temps froid.
Quand il fait -20 °C, l’air ne semble contenir aucune chaleur. C’est pourtant faux. La véritable absence de chaleur survient au zéro absolu, à -273 °C. L’exploit de la thermopompe est d’extraire cette chaleur de l’air pour l’amener dans nos bâtiments, même par temps très froid.
De plus, ces appareils s’installent généralement en une journée, à un coût approximatif de 10 000 $ par résidence.
L’analyste Jean-François Blain calcule qu’investir une telle somme sur 100 000 résidences par année pendant 10 ans permettrait d’économiser 4,36 TWh en énergie et, surtout, 1500 mégawatts en puissance pour atténuer la pointe hivernale. Le coût serait trois fois moindre qu’en générant la même puissance avec de l’énergie éolienne (ce qui nécessiterait l’équivalent de l’ensemble du parc éolien actuel du Québec).
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE/PHOTOMONTAGE LA PRESSE
Si la thermopompe représente le gain facile, Pierre-Olivier Pineau estime qu’on devra aussi s’attaquer à l’isolation déficiente de nos maisons, de nos écoles et de nos commerces.
La première chose à faire serait de modifier le code du bâtiment pour au moins obliger les nouvelles constructions à consommer le moins d’énergie possible.
Mais il faudra aussi viser les vieux bâtiments, plus nombreux que les neufs. Oui, refaire l’isolation d’une maison ou d’une école implique des travaux coûteux et complexes.
Mais on pourrait s’inspirer de la France, où les bâtiments reçoivent une cote de A à G reflétant leur performance énergétique. Les bâtiments cotés F ou G, qualifiés de « passoires énergétiques », seront bientôt interdits à la location.
On peut se demander pourquoi une province aussi froide que le Québec ne s’attaque pas à l’isolation de ses bâtiments avec la même vigueur que la France.
Efficacité énergétique
Avantages
Enjeux d’acceptabilité sociale minimes. Aucun besoin d’inonder de nouveaux territoires pour créer des réservoirs hydroélectriques ou de quadriller les paysages d’éoliennes.
Certains gains sont rapides et peu dispendieux.
Génère des économies pour les citoyens et les entreprises.
Permet d’atténuer les pointes hivernales, le chauffage résidentiel étant le principal consommateur de puissance lors des grands froids.
Inconvénients
Implique de nombreuses interventions sur de nombreux bâtiments.
La pénurie de main-d’œuvre pourrait retarder ou compromettre les travaux nécessaires.
L’alignement des intérêts n’est pas toujours là. Sans réglementation, comment convaincre un propriétaire dont les locataires paient le coût du chauffage d’investir dans des travaux de rénovation ou même dans des thermopompes ?
Potentiel estimé
Entre 8 et 25 TWh
Des éoliennes par milliers
On ignore encore le mélange exact de solutions qui sera déployé pour générer 100 TWh d’énergie supplémentaire au Québec. Mais on sait une chose : le vent y sera pour beaucoup. Et à court terme, c’est sur lui qu’on misera.
Attendez-vous donc à voir les éoliennes pousser au Québec.
Certains experts comme Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier, et Pierre-Olivier Pineau, de HEC Montréal, estiment même qu’il serait possible d’atteindre l’objectif de 100 TWh uniquement avec l’énergie éolienne.
Examinons ce que ça voudrait dire.
En considérant des éoliennes d’une puissance moyenne de 4 MW, il faudrait installer environ 8000 de ces moulins à vent modernes pour générer 100 TWh d’énergie.
Ça fait 300 nouvelles éoliennes par année d’ici 2050. À terme, le parc éolien actuel aurait été multiplié par 10.
Ces milliers d’éoliennes prendraient évidemment de la place.
En 2009, le centre de recherche américain sur l’énergie éolienne NREL a calculé qu’il faut compter une superficie de 0,35 km2 par mégawatt de puissance dans un parc éolien.
L’expert Pierre-Olivier Pineau propose de diviser ce chiffre par trois pour tenir compte de l’efficacité des éoliennes qui s’est améliorée depuis et qui s’améliorera encore. En multipliant par la puissance totale souhaitée au Québec, on arrive à une superficie d’environ 3800 km2, soit huit fois celle de l’île de Montréal.
Attention : cette superficie n’est pas complètement perdue. Il peut y avoir des champs ou des forêts entre les éoliennes. La machine elle-même occupe une empreinte 100 fois plus petite. C’est le fait que les éoliennes doivent être espacées qui explique les grandes superficies.
On veut installer les parcs éoliens là où il vente, bien sûr, mais aussi le plus près possible des réseaux de distribution et des lieux de consommation pour minimiser les pertes. Hydro-Québec mentionne le Saguenay, la Côte-Nord et la Gaspésie comme les régions les plus propices à court terme.
Évidemment, les éoliennes viennent avec un gros bémol : elles ne tournent pas sans vent. En moyenne, le rendement d’une éolienne n’est que de 35 %.
Autre inconvénient : les éoliennes ne nous aident pas beaucoup pour la fameuse pointe hivernale. S’il ne vente pas lors des grands froids, elles sont inutiles. Mais souhaiter du vent n’est pas non plus le bon réflexe, puisqu’il accélère le refroidissement des bâtiments !
L’énergie éolienne doit donc venir avec des solutions de stockage d’énergie. Dans une certaine mesure, nos barrages hydroélectriques peuvent être utilisés à cet effet. Quand il vente, on retient l’eau des barrages. Et quand le vent cesse, on la laisse couler dans les turbines.
Énergie éolienne
Avantages
Technologie connue et bien maîtrisée.
Risques techniques faibles et assumés en grande partie par les fabricants plutôt que par l’État.
Peut se faire par étapes, en plusieurs petits projets. Cela minimise les risques de retard et de dépassement de coûts.
Inconvénients
Énergie intermittente qui doit être combinée à du stockage.
Il existe certains enjeux d’acceptabilité sociale, même s’ils semblent plus faibles que ceux liés aux projets hydroélectriques.
Le marché mondial de l’éolienne est en surchauffe, ce qui pourrait entraîner des enjeux d’approvisionnement et de prix.
Potentiel estimé
Jusqu’à 100 TWh
Vers un nouveau barrage ?
Verrons-nous la construction d’un nouveau barrage au Québec d’ici 2050 ? C’est certainement la question la plus intéressante – et la plus controversée – entourant notre futur approvisionnement énergétique.
L’hydroélectricité est une forme d’énergie que le Québec connaît sur le bout des doigts, modulable selon nos besoins et donc parfaite pour répondre aux pointes de consommation. Les grands barrages font la fierté des Québécois et il n’est pas étonnant que le gouvernement Legault les brandisse pour stimuler notre fibre nationale.
Hydro-Québec semble favorable à un nouveau barrage. Il est fort probable qu’un nouvel ouvrage hydroélectrique sera nécessaire pour équilibrer la production fluctuante de l’énergie éolienne, nous disent des sources à l’interne.
Normand Mousseau et Pierre-Olivier Pineau jugent quant à eux que les barrages actuels sont suffisants pour gérer les fluctuations qui seraient provoquées par des apports massifs en énergie éolienne ou solaire.
Il faudrait toutefois revoir la façon d’opérer le réseau, déployer des solutions de stockage et inciter (ou obliger !) les particuliers à collaborer pour atténuer la pointe en déplaçant certaines activités et en utilisant des accumulateurs de chaleur dans leurs maisons. Hydro-Québec offre d’ailleurs une aide financière pour l’installation d’un système de chauffage central qui peut emmagasiner la chaleur dans une masse thermique pour réduire la consommation en période de pointe1.
« Avec l’information qu’on détient actuellement, les barrages ne semblent pas la solution à moindre coût pour combler nos besoins, dit quant à lui l’expert Philippe Dunsky. Mais j’insiste là-dessus : il faut être humble, car les analyses sont complexes et les coûts et technologies ne cessent d’évoluer. Gardons l’esprit ouvert et une approche agile. »
Quelles rivières ?
Le gros hic d’un nouvel ouvrage hydroélectrique, c’est que les meilleures rivières sont déjà utilisées.
Hydro-Québec et le gouvernement Legault veulent lancer des études pour trouver les meilleurs sites restants, mais les chances de dénicher un joyau auquel personne n’a encore pensé semblent bien minces.
Cela nous ramène aux projets déjà étudiés par le passé.
1. Grande-Baleine
C’est sans doute le projet le mieux étudié. Annoncé à la fin des années 1980, le complexe Grande-Baleine aurait pu générer jusqu’à 3200 MW de puissance et 16 TWh d’énergie – et aurait inondé un territoire de 1667 kilomètres carrés, soit trois fois et demie la superficie de l’île de Montréal. L’opposition des Cris a finalement eu raison du projet. Seraient-ils plus disposés à y participer aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr.
2. Rivière Magpie
Un vieux plan stratégique d’Hydro-Québec décrit un alléchant potentiel de 850 MW de puissance et de 3,8 TWh d’énergie. Mais l’opposition des autochtones, de la MRC de Minganie, de groupes environnementaux et d’amateurs de sports en eaux vives s’est organisée au sein de « l’Alliance Muteshekau-shipu ». Celle-ci a même réussi à obtenir le statut de « personnalité juridique » pour la rivière. À Hydro-Québec, on prend acte et on dit ne plus trop croire à cette possibilité.
Le potentiel (1200 MW de puissance, 5,5 TWh d’énergie) est encore plus important que celui de Magpie. L’opposition y est moins visible, mais il faudra néanmoins la participation active des Innus, qui n’est pas gagnée. La Fondation Rivières s’est déjà prononcée contre le projet.
4. Tabaret
Un ancien plan stratégique d’Hydro-Québec fait état d’un potentiel de 132 MW de puissance et de 0,6 TWh d’énergie pour ce projet sur la rivière Kipawa, au Témiscamingue. L’idée a soulevé beaucoup d’opposition dans le passé. Aujourd’hui, un projet plus modeste de deux minicentrales n’impliquant aucun barrage (et donc aucune inondation de territoire) est porté par la MRC de Témiscamingue et diverses nations autochtones. On voit mal Hydro-Québec débarquer dans le portrait en ressuscitant le projet initial.
Pour l’expert Pierre-Olivier Pineau, la question est entendue : il n’y aura pas de nouveau barrage au Québec. « Aucun de ces sites ne me semble réaliste. Ça va coûter trop cher et il n’y aura pas d’acceptabilité sociale », prédit-il.
Optimiser nos vieilles centrales
Avant de construire de nouveaux barrages, la première chose est d’optimiser ceux que nous avons déjà. En remplaçant les groupes turbine-alternateur de nos vieilles centrales, Hydro-Québec estime être en mesure de générer 2000 MW supplémentaires. Attention : ces gains ajouteraient de la puissance au réseau, mais très peu d’énergie nette puisque les réservoirs hydroélectriques ne seraient pas agrandis. C’est l’équivalent d’augmenter la puissance du moteur d’une voiture en gardant le même réservoir d’essence. Ces gains de puissance faciliteront néanmoins l’ajout d’énergie intermittente comm e l’éolien ou le solaire au réseau. Ils nous rapprochent donc indirectement de l’objectif de 100 TWh.
Les réserves pompées
Hydro-Québec étudie une option hydroélectrique utilisée ailleurs dans le monde, mais jamais au Québec : les « réserves pompées ». Oubliez l’inondation d’immenses territoires. Ici, le réservoir hydroélectrique est beaucoup plus petit. La grande différence est qu’une fois turbinée, l’eau est repompée dans le réservoir. Ce pompage consomme évidemment de l’énergie, mais on peut pomper l’eau lorsqu’on est en surplus de puissance et la turbiner lorsqu’on a besoin d’en injecter dans le réseau. Cette solution peut aussi être vue comme du stockage d’énergie éolienne. Si on pompe l’eau quand il vente, on peut ensuite générer de l’électricité quand le vent tombe.
Hydroélectricité
Avantages
Contrairement à l’éolien et au solaire, on peut contrôler la puissance.
L’expertise du Québec est l’une des meilleures au monde.
Inconvénients
Requiert de gros travaux sujets aux retards et aux dépassements de coûts.
Requiert l’inondation d’immenses territoires.
La participation des nations autochtones est essentielle et doit être négociée.
Potentiel estimé
Jusqu’à 25,9 TWh pour les projets Grande-Baleine, Magpie, Petit-Mécatina et Tabaret
Maintenant que la centrale Gentilly-2 a été mise hors service, aucun des experts que nous avons consultés ne parie sur un retour du nucléaire au Québec. « Dans l’immédiat, on a d’autres priorités », résume l’analyste Philippe Dunsky.
Avantages
Génère une énergie constante sans émissions de GES.
Occupe un faible territoire.
Inconvénients
Projets souvent marqués par les dépassements de coûts.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE/PHOTOMONTAGE LA PRESSE
L’énergie solaire fournit à peine 0,002 % de notre production électrique. La plupart des experts voient cette proportion augmenter d’ici 2050, mais estiment qu’il n’y a aucune urgence à installer des panneaux solaires à grande échelle. « D’après nos modélisations, le solaire deviendra compétitif avec l’éolien d’ici 10 à 15 ans. Alors je dirais qu’il n’y a pas d’urgence à foncer maintenant », dit l’expert Philippe Dunsky, qui s’attend tout de même à ce qu’environ 30 TWh d’énergie solaire soient déployés entre 2035 et 2050.
Avantages
Peut être déployé près des lieux de consommation.
Très peu de risques.
Inconvénients
Ne génère de l’électricité que de 15 à 20 % du temps.
Nécessite du stockage.
L’hiver, quand les besoins en électricité sont les plus grands, les jours sont courts et l’ensoleillement est moins important. La neige peut aussi s’accumuler sur les panneaux.
Potentiel estimé
Jusqu’à 30 TWh d’ici 2050
Collaborer avec Terre-Neuve
Notre quête vers l’objectif de 100 TWh risque de nous amener hors des frontières du Québec, et plus précisément à Terre-Neuve. D’abord parce qu’environ 15 % de l’électricité québécoise provient du complexe de Churchill Falls, au Labrador. En vertu d’un contrat négocié en 1969, nous obtenons cette énergie à prix dérisoire. Mais ce contrat arrive à échéance en 2041 et il faudra renégocier avec Terre-Neuve si on veut conserver cette électricité. Ensuite parce que de l’avis de plusieurs experts, dont Pierre-Olivier Pineau, le projet hydroélectrique le plus intéressant et le plus réaliste pour le Québec se trouve aussi au Labrador : celui de Gull Island. Il pourrait générer près de 12 TWh d’énergie, dont une bonne partie pourrait alimenter le Québec si les deux provinces parviennent à s’entendre.
15 mars 2023 à 11h51 - Mis à jour 15 mars 2023 à 12h03 2 minutes de lecture
L’Arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension accentue son virage au vert avec l’adoption d’une modification de son règlement de zonage ainsi qu’un projet de refonte de ses plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA).
Votée lors de la dernière assemblée du conseil d’arrondissement, la modification de zonage prévoit le verdissement des cours, des façades et des toitures; la promotion de l’agriculture urbaine et de la mobilité durable; ainsi que l’amélioration des eaux pluviales.
«Les taux d’implantation, le pourcentage de verdissement requis ainsi que les conditions de plantation et d’abattage des arbres ont été modifiés en faveur de la biodiversité urbaine», indique l’Arrondissement dans un communiqué.
L’un des objectifs principaux de cette modification est la réduction des îlots de chaleur dans les différents quartiers de l’arrondissement.
Quelques changements majeurs pourraient vous concerner si vous êtes propriétaire ou souhaitez le devenir.
Aménagement des cours: la plantation d’un arbre sera exigée où l’espace est disponible, et la possibilité d’abattre un arbre sera encore plus restreinte par de nouvelles conditions.
Stationnement: la location et le partage de stationnement seront permis, et de la végétation devra être mise en place dans les grandes aires de stationnement pour contrer les îlots de chaleur.
Agriculture urbaine: des serres pourront être installées au sol ou sur le toit des bâtiments pour pratiquer l’agriculture urbaine à des fins non commerciales. Cette dernière pourra aussi être pratiquée dans les cours avant des résidences.
Toitures: les toits à versants devront être revêtus d’un matériau ayant un IRS d’au moins 25 ou d’un revêtement métallique. Les panneaux solaires et les petites éoliennes seront aussi permis.
De son côté, la refonte du règlement sur les PIIA servira, selon l’Arrondissement, à améliorer la qualité et la résilience des milieux de vie: réduction des îlots de chaleur, augmentation du verdissement et de la canopée, réduction de la place de l’automobile et mise en valeur du patrimoine.
À partir de maintenant, quiconque fera une demande de permis contribuera à la lutte aux changements climatiques.
Laurence Lavigne Lalonde, mairesse de l’arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension
Dans le cadre de cette refonte, une assemblée publique de consultation se tiendra le 22 mars à 18h, dans la salle du conseil d’arrondissement.
Photo prise à proximité des terrains que la Ville de Trois-Rivières veut aménager et sur lesquels se trouvent des milieux humides
(Trois-Rivières) Détruire des milieux humides pour agrandir une zone industrielle ? C’est ce que prévoit de faire la Ville de Trois-Rivières sur ses terrains à proximité des autoroutes 40 et 55. Et malgré la résistance d’élus, de scientifiques, de militants et de citoyens, elle est parfaitement dans son droit. Cette crise illustre le décalage entre l’encadrement environnemental et les attentes de la population.
Au-delà de ces immeubles, la Ville de Trois-Rivières possède une centaine d’hectares de terrains sur lesquels elle entend bâtir.
Une enseigne bleue, une enseigne rouge, une bâtisse blanche sans enseigne, un bois. Pour les automobilistes qui filent sur l’autoroute 40 en direction de Montréal, les derniers immeubles du boulevard Louis-Loranger, parallèle à l’autoroute, offrent un paysage banal, typique des parcs industriels québécois. Mais à Trois-Rivières, c’est une frontière invisible qui suscite passions et indignation.
Au-delà de ces immeubles, la Ville possède une centaine d’hectares de terrains qu’elle entend aménager pour combler son retard économique. Si tout s’était déroulé comme prévu, les pelles mécaniques seraient déjà à l’œuvre : le zonage est industriel et le ministère de l’Environnement a donné son feu vert. Mais depuis près de deux ans, le projet est dans une impasse, freiné par un barrage d’opposition.
Le premier obstacle s’est dressé en août 2021, dans une séance du conseil aux allures surréalistes. Non seulement la résolution que le maire Jean Lamarche comptait faire adopter a été défaite par neuf conseillers contre cinq, mais celle qui l’avait amenée a fait volte-face.
« J’ai besoin de plus d’information, donc je vais voter contre, même si je l’ai proposée », a conclu Valérie Renaud-Martin.
Il s’agissait d’autoriser un règlement d’emprunt d’un demi-million de dollars pour la première phase des travaux de drainage du parc industriel Les Carrefours. « C’est plus de 26 hectares de milieux humides qu’on va drainer, c’est énorme », a alors dénoncé la conseillère Mariannick Mercure.
IMAGE FOURNIE PAR INNOVATION ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE TROIS-RIVIÈRES
Carte montrant l’impact qu’aurait la zone proposée pour l’agrandissement du parc industriel 40-55 (en violet) sur les milieux humides (jaune hachuré). Il s’agit de la deuxième version du projet, qui pourrait changer.
Ce financement lui ayant été refusé, la Ville n’a pu démarrer les travaux. Les terrains boisés continuent à être fréquentés par des propriétaires de chiens, des chasseurs et des promeneurs.
La résistance, elle, a pris de l’ampleur. Après les élections de 2021, où elle ne s’était pas représentée, Mme Mercure a participé à la fondation de la coalition citoyenne Terre précieuse.
« Ça a servi à sensibiliser la population. Avant août 2021, très peu de gens savaient qu’on avait ces milieux humides là et qu’on s’apprêtait à les détruire », a souligné Mme Mercure, rencontrée sur les lieux la semaine dernière.
Mariannick Mercure, ex-conseillère municipale à Trois-Rivières et cofondatrice de la coalition citoyenne Terre précieuse
Terre précieuse reproche notamment à la Ville de s’appuyer sur un certificat d’autorisation obtenu en 2014, donc bien avant l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) et de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques, en 2018.
« C’est pas fort ! », a lancé l’un des fondateurs de la coalition, Philippe Duhamel, lors d’une séance d’information municipale, en mars 2022.
Le projet présenté alors annonçait la destruction de 15 hectares de milieux humides, dont 2,1 hectares de tourbières. Environ 12 hectares de milieux humides protégés risquaient aussi d’être touchés par le drainage.
En juillet 2022, Terre précieuse a masqué le panneau « Terrains à vendre » aux abords du parc industriel Carrefour 40-55 avec une toile clamant « Nos milieux humides pas à vendre ! ».
PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE TERRE PRÉCIEUSE
En juillet 2022, Terre précieuse a masqué le panneau « Terrains à vendre » aux abords du parc industriel Carrefour 40-55 avec une toile clamant « Nos milieux humides pas à vendre ! ».
Deux mois plus tard, 60 % des répondants à un sondage commandé par Le Nouvelliste et 106,9 Mauricie ont indiqué que dans ce projet, la protection de l’environnement devait avoir préséance sur le développement économique, contre 25 % pour l’inverse.
Le 5 janvier dernier, le maire Lamarche a promis une version améliorée « le plus tôt possible ». « On ne touche plus aux tourbières, c’est déjà un gros élément », a-t-il fait valoir à la radio de Radio-Canada.
Terre précieuse, Mères au front et d’autres organisations ont annoncé une « mobilisation des générations » pour la première séance du conseil de l’année, le 17 janvier.
Le maire Lamarche n’a finalement pas siégé, ni ce soir-là ni depuis. La veille de la manifestation, il a pris un congé de maladie pour « se repositionner face au climat de travail malsain qui règne autour de la table du conseil », et demandé le retrait d’un avis de motion sur le parc industriel 40-55.
« Le Carrefour 40-55 lui a rentré dedans », a lancé le maire suppléant, Daniel Cournoyer, au micro de Radio-Canada. « D’amener des enfants dans le débat, ça l’a rachevé », a ajouté M. Cournoyer.
La manif du 17 janvier a attiré une centaine de personnes, ont rapporté des médias locaux.
Manifestation devant l’hôtel de ville de Trois-Rivières, le 17 janvier dernier
À la fin de février, le congé de M. Lamarche a été prolongé d’au moins un mois. Le maire suppléant a refusé notre demande d’entrevue.
« Un baril de poudre »
« C’est comme si un baril de poudre avait été touché d’une étincelle, et c’est parti dans tous les sens », déplore Mario De Tilly, directeur général d’Innovation et développement économique (IDE) Trois-Rivières, l’organisme paramunicipal mandaté pour soutenir le développement économique de la municipalité.
Mario De Tilly, directeur général d’Innovation et développement économique (IDE) Trois-Rivières
La deuxième version évoquée par le maire offrait des améliorations importantes, affirme-t-il, déçu de ne pas avoir pu en faire une présentation publique détaillée.
Les 2,1 hectares de tourbières échapperaient à la destruction, tout comme 1,1 hectare de milieux humides, sur les 15 hectares prévus à l’origine.
Et comme le certificat d’autorisation de 2014 exempte la Ville des coûteuses compensations financières de la nouvelle LQE, IDE propose une équivalence : obliger les entreprises à verser 7 $ par mètre carré développable à Éclore, le fonds environnemental de la municipalité, ce qui permettrait de récolter 7,3 millions en 30 ans.
« On va verser les mêmes compensations, mais chez nous », au lieu de les envoyer « dans le fonds consolidé où rien ne bouge », explique le DG. Depuis 2017, Québec a perçu près de 100 millions de dollars en compensations pour la destruction de milieux humides, mais moins de 3 % ont été réinvestis dans la restauration ou la création de tels milieux, a découvert La Presse l’automne dernier1.
Le promoteur, qui a promis une troisième mouture du projet, a montré qu’il souhaite fortement entendre le Centre de recherche sur les interactions bassins versants-écosystèmes aquatiques (RIVE) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Pourquoi ne pas tout simplement bâtir le parc industriel sans toucher aux milieux humides ?
« Ce serait assez difficile parce qu’on en est à peu près entourés. Trois-Rivières est un milieu qui est fortement dans des zones humides. C’est assez maudit », répond M. De Tilly.
11 %
Proportion du territoire de Trois-Rivières composé de milieux humides, soit 37,44 km2
Source : Plan régional des milieux humides et hydriques de la ville de Trois-Rivières, 2022
26,6 hectares
Superficie totale de milieux humides pouvant être touchés par le projet autorisé par Québec en 2014, soit un peu plus d’un quart (0,266) de kilomètre carré.
Source : Certificat d’autorisation accordé à la Ville de Trois-Rivières
La Ville de Trois-Rivières veut densifier ses zones industrielles. Les espaces restants pourraient bientôt ne plus suffire à la demande, estime Innovation et Développement économique Trois-Rivières.
La conseillère Pascale Albernhe-Lahaie est arrivée en politique municipale avec les élections de 2021. Sachant que l’agrandissement du parc industriel 40-55 allait revenir à l’ordre du jour, elle a cherché à se faire une tête.
« Je n’ai jamais pris position publiquement dans ce dossier. Ma position, c’est d’aller chercher toute l’information pertinente pour m’aider dans ma prise de décision », explique-t-elle.
Ayant trouvé difficile d’obtenir certains documents, elle a voulu entendre d’autres points de vue que ceux de la Ville et de son organisme de développement économique. Au début de février, elle a organisé une table ronde avec cinq experts universitaires sur Facebook, « dans un but de collaboration et de transparence avec les citoyens ».
Pascale Albernhe-Lahaie, conseillère municipale à Trois-Rivières
Les cartes diffusées par la Ville pour illustrer le projet sont difficiles à interpréter pour de simples citoyens, ont d’ailleurs signalé plusieurs intervenants.
« On parle de superficie, mais il faut parler aussi de fonctions et de services écologiques difficilement réparables ou remplaçables une fois perdus », a notamment souligné Audréanne Loiselle, chercheuse à l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université de Montréal.
Frustration
D’autres élus ont demandé d’élargir la réflexion. Le conseiller Dany Carpentier a récemment proposé au conseil de commander une étude indépendante sur le potentiel de densification industrielle de Trois-Rivières. Sa résolution ayant été battue, un autre conseiller, Pierre-Luc Fortin, a suggéré que des élus financent l’étude avec leur budget de recherche – un enjeu de « gestion responsable », a-t-il déclaré au Nouvelliste.
Le fait que la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) adoptée en 2017 ne soit pas rétroactive, et permette au projet d’aller de l’avant avec un certificat d’autorisation vieux de près de 10 ans, « ajoute à la frustration », observe Me Anne-Sophie Doré, avocate au Centre québécois du droit de l’environnement. « On espère toujours que le ministère de l’Environnement soit le chien de garde », mais la LQE n’étant pas rétroactive, « quelqu’un doit prendre le relais pour s’assurer de la protection de certains milieux. Ça participe à ce que le climat social ne soit pas spécialement agréable ».
Le Ministère a bien essayé d’annuler de vieux certificats autorisant le remblayage de milieux humides, mais des promoteurs ont eu gain de cause en Cour supérieure. Et l’appel prévu en mars « présente des défis », a souligné le tribunal2.
Même si Québec l’emportait en appel, le certificat de Trois-Rivières demeurerait valide, car des travaux avaient été faits dans les deux années ayant suivi sa dernière modification, en 2020.
« Il y a un décalage »
« On devrait s’imposer d’être aux normes 2023, même si le certificat d’autorisation est sous une ancienne réglementation », estime le codirecteur du Centre de recherche sur les interactions bassins versants-écosystèmes aquatiques (RIVE), Raphaël Proulx.
Raphaël Proulx, codirecteur du centre de recherche RIVE à l’UQTR
L’organisme de développement économique de la Ville souhaite fortement entendre les propositions de RIVE. « On ne va pas élaborer la mouture 2, 3 ou 3.5 », mais proposer « un cadre d’analyse en matière de conservation » applicable à tout projet, précise M. Proulx.
Épargner les milieux humides en construisant tout autour est loin d’être idéal, signale-t-il.
« Si on draine le pourtour, à long terme, on va affecter la nappe phréatique à l’intérieur du milieu humide. »
Il donne l’exemple de l’autoroute 40 qui, passé Trois-Rivières en direction de Québec, traverse des systèmes de milieux humides qui « sont déjà dégradés en bordure de l’autoroute ». Il faut des zones de protection « de 50 mètres et plus », estime-t-il.
Et plusieurs autres aspects, dont les corridors écologiques et la connectivité, ainsi que la carboneutralité des projets, ne sont pas encadrés, souligne le chercheur.
« Il y a un décalage entre la réglementation provinciale, qui est minimale, et ce que les citoyens exigent maintenant de leur municipalité », résume M. Proulx. « C’est sûr que c’est un réveil pour les municipalités, qui se disent : “Pourtant, je suis tous les règlements, et je suis vu comme un méchant”. »
Pour continuer le rétablissement
Mario De Tilly, DG d’Innovation et Développement économique (IDE) Trois-Rivières, nous a montré plusieurs bâtiments sous-utilisés ou à l’abandon que la Ville a entrepris de revaloriser. Une « ambitieuse stratégie de développement », a reconnu l’Union des municipalités du Québec, en décernant un prix à IDE l’an dernier. M. De Tilly nous a aussi fourni des données montrant les efforts de la Ville pour densifier ses zones industrielles. Les espaces restants pourraient bientôt ne plus suffire à la demande, estime IDE.
Mario De Tilly, directeur général d’Innovation et Développement économique (IDE) Trois-Rivières
Le lotissement projeté, visant à créer un parc technologique pour entreprises dites vertes, augmenterait la contribution des taxes industrielles au budget de Trois-Rivières.
« On avait un portrait socio-économique abominable », rappelle le promoteur, en évoquant les « statistiques navrantes » en matière de décroissance économique, de chômage et de revenu par habitant, qui s’améliorent depuis quelques années.
« On pense qu’il y a une obligation d’avoir, tôt ou tard, d’autres espaces pour continuer notre rétablissement. Maintenant, ce sera aux élus d’en disposer, de dire ce qu’ils veulent ou ne veulent pas. »
Il reste donc à voir comment sera accueillie la troisième version du projet, encore en préparation.
« Si vous nous dites qu’il n’y a plus de milieux nulle part, que ce sont les derniers endroits où on peut aller maintenant, où va-t-on aller dans 30 ans, quand ils seront détruits ? », demande l’ex-conseillère Mariannick Mercure, dont le vibrant plaidoyer avait mené au refus de financer le drainage du parc industriel en 2021.
« Je veux que cette réflexion, on la fasse tout de suite. »
PHOTO NICOLAS TUCAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Pas assez d’eau par endroits, trop à d’autres où les inondations se multiplient, ou de l’eau contaminée : si les situations dramatiques sont légion dans de nombreux endroits de la planète, le rapport de l’ONU-Eau et de l’UNESCO publié mardi souligne le « risque imminent d’une crise mondiale de l’eau ».
(Nations unies) L’humanité « vampirique » épuise « goutte après goutte » les ressources en eau de la planète, a alerté l’ONU avant le début mercredi d’une conférence pour tenter de répondre aux besoins de milliards de personnes, en danger face à une crise mondiale de l’eau « imminente ».
Publié hier à 19h13
Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS Agence France-Presse
« Une surconsommation et un surdéveloppement vampiriques, une exploitation non durable des ressources en eau, la pollution et le réchauffement climatique incontrôlé sont en train d’épuiser, goutte après goutte, cette source de vie de l’humanité », s’alarme le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans l’avant-propos d’un rapport publié à quelques heures de cette conférence des Nations unies sur l’eau, inédite depuis près d’un demi-siècle.
« L’humanité s’est engagée aveuglément sur un chemin périlleux », souligne-t-il. Et « nous en subissons tous les conséquences ».
Pas assez d’eau par endroits, trop à d’autres où les inondations se multiplient, ou de l’eau contaminée : si les situations dramatiques sont légion dans de nombreux endroits de la planète, le rapport de l’ONU-Eau et de l’UNESCO publié mardi souligne le « risque imminent d’une crise mondiale de l’eau ».
« Combien de personnes seront touchées par cette crise mondiale de l’eau est une question de scénario », explique à l’AFP son auteur principal Richard Connor. « Si rien n’est fait, entre 40 et 50 % de la population continuera à ne pas avoir accès à des services d’assainissement et environ 20-25 % à de l’eau potable », note-t-il. Et même si les pourcentages ne changent pas, la population mondiale grossit et le nombre de personnes touchées avec.
Pour tenter d’inverser la tendance et espérer garantir d’ici 2030 l’accès pour tous à de l’eau potable ou à des toilettes, objectifs fixés en 2015, quelque 6500 participants, dont une centaine de ministres et une douzaine de chefs d’État et de gouvernement se réunissent jusqu’à vendredi à New York, appelés à venir avec des engagements concrets.
Mais déjà, certains observateurs s’inquiètent de la portée de ces engagements et de la disponibilité des financements nécessaires pour les mettre en œuvre.
« Maintenant ou jamais »
Pourtant, « il y a beaucoup à faire et le temps ne joue pas en notre faveur », commente Gilbert Houngbo, président de l’ONU-Eau, plateforme qui coordonne le travail des Nations Unies qui ne comptent aucune agence dédiée sur ce sujet.
Aucune conférence de cette ampleur n’avait été organisée depuis 1977 sur cette question vitale mais trop longtemps ignorée.
Dans un monde où lors des 40 dernières années, l’utilisation de l’eau douce a augmenté de près de 1 % par an, le rapport de l’ONU-Eau met en premier lieu en avant les pénuries d’eau qui « tendent à se généraliser », et à s’aggraver avec l’impact du réchauffement, jusqu’à frapper prochainement même les régions aujourd’hui épargnées en Asie de l’Est ou en Amérique du Sud.
Ainsi, environ 10 % de la population mondiale vit dans un pays où le stress hydrique atteint un niveau élevé ou critique. Et selon le rapport des experts climat de l’ONU (Giec) publié lundi, « environ la moitié de la population mondiale » subit de « graves » pénuries d’eau pendant au moins une partie de l’année.
Une situation qui met aussi en lumière les inégalités. « Où que vous soyez, si vous êtes assez riches, vous arriverez à avoir de l’eau », note Richard Connor. « Plus vous êtes pauvres, plus vous êtes vulnérables à ces crises ».
Le problème n’est pas seulement le manque d’eau, mais la contamination de celle qui peut être disponible, en raison de l’absence ou de carences des systèmes d’assainissement.
Au moins deux milliards de personnes boivent de l’eau contaminée par des excréments, les exposant au choléra, la dysenterie, la typhoïde et à la polio. Sans oublier les pollutions par les produits pharmaceutiques, chimiques, pesticides, microplastiques ou nanomatériaux.
Pour assurer l’accès de tous à l’eau potable d’ici à 2030, il faudrait multiplier les niveaux d’investissement actuels par trois au moins, estime l’ONU-Eau.
Et ces pollutions menacent aussi la nature. Les écosystèmes d’eau douce qui rendent des services inestimables à l’humanité, notamment en aidant à lutter contre le réchauffement et ses impacts, sont « parmi les plus menacés au monde » selon le rapport.
« Nous avons brisé le cycle de l’eau », résume à l’AFP Henk Ovink, envoyé spécial pour l’eau des Pays-Bas, co-organisateurs avec le Tadjikistan de cette conférence.
« Nous devons agir maintenant parce que l’insécurité liée à l’eau sape la sécurité alimentaire, la santé, la sécurité énergétique ou le développement urbain et les problèmes sociaux », a-t-il ajouté. « C’est maintenant ou jamais, l’opportunité d’une génération ».
23 mars 2023 à 12h21 - Mis à jour 23 mars 2023 à 12h22 3 minutes de lecture
Plusieurs ustensiles, les verres et les pailles de plastiques à usage unique seront bannis des commerces alimentaires et restaurants de Montréal dès le 28 mars 2023. Tasses, verres, assiettes, contenants, bâtonnets, pailles, et ustensiles (numéros 1 à 7)1 pour commandes à emporter ou livraisons seront interdits. Une suppression qui concerne également les articles en plastique polystyrène (n°6) et compostable (n°7)2.
«On franchit un pas important. C’est un geste qui nécessite une adaptation et des changements d’habitudes», a admis la responsable de la transition écologique au comité exécutif, Marie-Andrée Mauger, lors de l’annonce.
Il existe toutefois certaines exceptions. Par exemple, pour des aliments préemballés à l’extérieur de l’établissement. Aussi, les tasses, verres et contenants de carton enduits de plastique (compostables ou non), demeurent autorisés. Il s’agit d’un matériel que l’on retrouve souvent dans les gobelets de café à emporter.
Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l’environnement au sein du comité exécutif.
Cette interdiction fait suite à celle des sacs de plastique à usage unique, adoptée en septembre.
Les sacs déjà interdits
Pour son annonce, Mme Mauger était accompagnée de la directrice générale du Central, Geneviève Touchette, ainsi que du directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED), Karel Ménard.
Ce dernier croit que la Ville de Montréal «comprend que le recyclage est important, mais la réduction à la source, c’est mieux. C’est l’option à suivre pour éviter de créer le problème plutôt que devoir le gérer».
«Alors que le seul centre d’enfouissement de la région de Montréal aura atteint sa pleine capacité en 2029, nous n’avons pas le choix, collectivement, d’accélérer la réduction à la source», abonde Mme Mauger.
Cette interdiction ne s’appliquera pas aux organismes à but non lucratif d’aide alimentaire et de bienfaisance qui distribuent des aliments ou des repas aux personnes vulnérables ainsi que ceux offrant uniquement un service de livraison à domicile.
Une «tolérance» pour les restaurateurs
L’entrée en vigueur de ce nouveau règlement aura un impact important chez les restaurateurs. Les 8 400 commerces alimentaires et restaurants de la Ville ont été sensibilisés et informés des ressources et des outils disponibles, affirme le comité exécutif.
«Il y a eu une campagne de contact et d’accompagnement auprès des restaurateurs. [L’accompagnement] va se poursuivre au-delà du 28 mars. On aura une certaine tolérance auprès des commerçants pour qu’ils puissent écouler leurs stocks. Ça ne se fera pas du jour au lendemain. Les inspecteurs de la Ville, cas s’il y a lieu» ne donneront pas d’amende, mais un simple avis d’infraction lors d’une première visite.
La Ville a aussi dédié la ligne téléphonique Affaires Montréal aux commerçants et aux restaurateurs et plus d’une centaine d’établissements y ont eu recours jusqu’à maintenant.
Les commerces concernés peuvent consulter le Guichet unique pour la transition alimentaire (GUTA). On y retrouve un répertoire des solutions de rechange aux articles interdits, un guide des bonnes pratiques et les coordonnées de plusieurs organismes d’accompagnement.
1**Pour plus d’informations sur les différentes catégories de plastique, consulter le site de Recyc-Québec. 2Il existe une exception pour les barquettes utilisées pour la viande et le poisson crus.
Autonomie alimentaire au Québec Le volume de production en serre a presque doublé
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(Saint-Norbert) Qui sème récolte. Près de deux ans après le lancement de la stratégie de croissance des serres, le volume de production de fruits et légumes a déjà presque doublé au Québec, a appris La Presse. Et ce sont 347 nouvelles serres qui ont poussé dans la province.
Régis soulève des plants de basilic et les dépose sur un tapis roulant. Les pots avancent, puis tombent dans un sac. Sa cadence de travail : 2800 plants de fines herbes emballées à l’heure. Régis – l’employé le plus productif des serres Gourma – est un robot.
C’est dans cette entreprise serricole de Lanaudière, considérée comme la plus avancée en matière d’automatisation et de robotisation au Québec, que le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a donné rendez-vous à La Presse pour faire le bilan de la stratégie de croissance des serres du Québec.
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Afin d’accroître l’autonomie alimentaire de la province, Québec a annoncé, en novembre 2020, son projet visant à doubler la superficie des serres d’ici 2025. Le but était, en toute logique, de doubler le volume des aliments produits en serre.
« Une des belles surprises, c’est qu’au moment où on a 56 % des superficies atteintes, on est au-dessus de 85 % au niveau du volume », s’est réjoui le ministre en entrevue.
André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
Jusqu’à présent, 66 hectares ont été ajoutés au parc serricole. À terme, l’objectif est de faire passer les surfaces d’aliments cultivés en serre de 123 hectares à 246 hectares.
Au moment du lancement de la stratégie, le Québec produisait annuellement environ 41 500 tonnes de fruits et légumes en serre.
Si on double les superficies, on se dit que théoriquement, on va s’en aller à 82 000 tonnes. Mais on a déjà 36 000 tonnes de plus ! On est rendu à plus de 77 000 tonnes de production !
André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
« Ultimement, ce n’est pas des superficies que le monde mange », ajoute le ministre Lamontagne.
Cette croissance inattendue est attribuable à la modernisation du parc serricole et à la mise en place d’approches qui favorisent la productivité, estime M. Lamontagne.
« C’est comme plein d’étoiles qui s’alignent toutes à la même place. L’idée de la stratégie des serres, c’est sûr, c’est d’augmenter les volumes et les superficies, mais en arrière de ça, ce que l’on voulait, c’est moderniser la filière. On voulait créer un écosystème, on voulait qu’il y ait de l’innovation. »
De toutes les tailles
Petites, moyennes, grosses : depuis le lancement de la stratégie, 347 nouvelles serres ont vu le jour grâce à divers programmes de subvention du gouvernement du Québec.
Jusqu’à présent, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a accepté 237 projets de serres de petite taille et de « grands tunnels ».
Les « grands tunnels » permettent aux petites fermes d’allonger leur saison de culture. Les légumes y poussent à même le sol avec un chauffage minimal.
« Ces petites entreprises peuvent cultiver plus longtemps. Elles sont en mesure d’en offrir davantage à leur clientèle. Ce sont de petites entreprises qui sont moins petites et plus prospères sur le territoire, et ça, c’était super important », explique le ministre.
Du côté des serres de taille moyenne, 101 entreprises ont pu construire ou agrandir et moderniser leurs installations.
Enfin, 22 nouvelles serres de grande taille – celles qui alimentent les grandes enseignes – ont vu le jour grâce à la mise en place d’un tarif d’hydroélectricité préférentiel pour le chauffage ou l’éclairage.
« On en a encore plusieurs en vue, mais ce sont de plus gros projets, donc plus compliqués à attacher », souligne M. Lamontagne.
Au Québec, seulement 32 % des dépenses de chauffage des serres sont allouées au gaz naturel, contre 72 % en Ontario, qui possède une importante industrie serricole.
Fait intéressant, 15 projets de fermes intérieures ont aussi bénéficié de subventions. Toutes utilisent des lampes à éclairage DEL pour la croissance de leurs plantes.
L’entreprise Ferme d’hiver fait pousser des fraises à l’intérieur grâce à un système de culture vertical alimenté par des lampes à éclairage DEL.
« Ce sont des superficies qui sont restreintes, mais avec des augmentations de productivité qui sont incroyables », décrit-il.
Maintenant ou jamais
Au début de la pandémie de COVID-19, le premier ministre François Legault avait indiqué que son gouvernement miserait sur l’accroissement de l’autonomie alimentaire comme moteur de relance économique.
En 2021, le MAPAQ a fait l’exercice de calculer la capacité d’« autoapprovisionnement potentiel » du Québec, c’est-à-dire la capacité de combler la consommation de différents aliments si les frontières fermaient au Québec.
Serres : autoapprovisionnement potentiel du Québec par aliments
Tomates : 71 %
Concombres : 64 %
Poivrons : 9 %
Laitue : 128 %
Aubergines : 14 %
Fraises : 53 %
Le ministre pense que les investissements dans les serres continueront de faire bouger l’aiguille encore davantage. « Quelqu’un qui veut faire des serres, s’il n’en fait pas aujourd’hui, il n’en fera pas de sa vie, parce que tout est en place. »
En savoir plus
676
Nombre d’entreprises au Québec qui possèdent au moins une serre en culture de fruits et légumes
Source : ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
95
Au total, 95 serres au Québec (appartenant à 70 entreprises) bénéficient d’un tarif d’hydroélectricité préférentiel. Elles ont droit au prix avantageux de 5,59 cents le kilowattheure.
Source : ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
Les tasses, les verres, les bâtonnets, les pailles et les ustensiles en plastique à usage unique seront interdits à compter du 28 mars, à Montréal, avec l’entrée en vigueur du nouveau règlement municipal. PHOTO : GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO / CLAUDIO RAMPININI
Radio-Canada Publié à 16 h 44
La Ville de Montréal s’apprête à franchir un nouveau pas dans sa transition écologique. À compter de mardi prochain, soit le 28 mars, son règlement sur l’interdiction de plusieurs articles en plastique à usage unique entrera en vigueur, ce qui entraînera des ajustements de la part des commerçants et des citoyens.
Les tasses, les verres, les bâtonnets, les pailles et les ustensiles en plastique à usage unique sont autant d’articles visés par ce règlement municipal, qui a été adopté en septembre 2021. Les assiettes, contenants, couvercles, barquettes et ustensiles en plastique polystyrène (no 6) ou compostable (no 7) seront également interdits à compter du 28 mars.
C’est un gros défi, a reconnu Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l’environnement au sein du comité exécutif, lors d’un point de presse tenu jeudi.
Ce règlement va toucher 8400 commerces de Montréal, dans les 19 arrondissements de la ville, des restaurants et établissements alimentaires, a-t-elle précisé. C’est un geste courageux qui va nécessiter une adaptation et un changement d’habitude des commerçants, mais aussi des citoyens.
L’interdiction de certains articles en plastique à usage unique survient six mois après celle des sacs de plastique dans les commerces de la métropole. Mme Mauger estime que cette nouvelle étape était nécessaire, entre autres car le seul site d’enfouissement de la région de Montréal, situé à Terrebonne, aura atteint sa pleine capacité en 2029.
Nous n’avons pas le choix, collectivement, d’accélérer la réduction à la source, a indiqué Marie-Andrée Mauger. Encore cette semaine, le rapport synthèse du GIEC sonne l’alarme et nous redit à quel point il faut faire un virage drastique. À Montréal, on s’est fixé des cibles claires avec le plan climat et avec des actions pour atteindre nos cibles.
L’administration de Valérie Plante vise la carboneutralité d’ici 2050 et le zéro déchet d’ici 2030.
La voie à suivre
Œuvrant à la gestion écologique des déchets depuis plus de 25 ans, Karel Ménard se réjouit de l’entrée en vigueur de ce règlement très ambitieux. Avec une telle mesure, il est persuadé que Montréal montre la voie à suivre.
Le recyclage, c’est important, mais ce n’est pas l’unique solution et ce n’est pas la meilleure solution. La meilleure solution, c’est d’éviter de produire une matière résiduelle, a expliqué M. Ménard, qui est directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED).
L’usage unique ne devrait pas exister, sauf exception. C’est anormal, aujourd’hui, qu’on puisse avoir un objet seulement quelques secondes dans nos mains avant de le jeter. C’est un gaspillage éhonté. Surtout lorsque c’est un objet fait de plastique, de pétrole ou de ressources non renouvelables.
Le règlement municipal interdisant certains articles en plastique à usage unique a été adopté en septembre 2021. PHOTO : ISTOCK / BOYLOSO
Les contenants et articles visés par le règlement sont généralement utilisés pour la nourriture à emporter, à consommer à la maison, dans les parcs ou à l’extérieur, rappelle M. Ménard.
Malheureusement, ces objets se retrouvent souvent dans l’environnement de façon sauvage. C’est pour ça que c’est important de les réduire.
Mme Mauger espère aussi que cette mesure contribuera à rendre les rues de Montréal plus propres. On constate que nos poubelles, dans les rues et les parcs, sont jonchées d’articles à usage unique, dit-elle.
En mode accompagnement
La Ville de Montréal a laissé 18 mois aux commerçants et restaurants pour se préparer à la transition. Pour les semaines à venir, les autorités municipales continueront d’être en mode accompagnement.
On ne s’attend pas à ce que, dès le jour 1, il n’y ait plus aucun des plastiques bannis en circulation. On va faire preuve d’une certaine tolérance pour laisser le temps aux commerçants d’écouler leurs stocks. On ne veut pas que le règlement génère du gaspillage, a expliqué Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l’environnement au sein du comité exécutif.
Les amendes ne seront pas distribuées dès la première visite des inspecteurs à ceux qui contreviennent au nouveau règlement. Cependant, à partir des suivantes, ils s’exposent à des contraventions allant de 400 $ à 4000 $.
Le nouveau règlement aura probablement un effet sur le coût des repas dans les restaurants, a indiqué Mme Mauger.
Les tasses, les verres, les bâtonnets, les pailles et les ustensiles en plastique à usage unique seront interdits à Montréal à compter du 28 mars. PHOTO : RADIO-CANADA
Selon une étude réalisée en 2021, ce règlement provoquera une augmentation du coût des commandes aux restaurants entre 5 et 10 sous, a-t-elle mentionné. Elle croit toutefois que les clients sont prêts à accepter une légère augmentation du prix pour avoir un article réutilisable.
Le nouveau règlement ne vise pas les organismes à but non lucratif d’aide alimentaire et les établissements qui offrent uniquement un service de livraison à domicile comme les traiteurs. Il ne s’applique pas non plus aux aliments préemballés à l’extérieur de l’établissement.
De plus, le règlement ne s’applique pas aux tasses, verres et contenants de carton enduits de plastique (compostables ou non).
Des règles à respecter partout au pays
Le gouvernement fédéral a également décidé de réduire à la source l’utilisation d’articles de plastique à usage unique.
Depuis le mois de décembre dernier, les entreprises ne peuvent plus produire ou importer au Canada différents articles en plastique à usage unique tels des sacs d’emplettes, des ustensiles, des bâtonnets, des pailles et des contenants alimentaires, notamment ceux fabriqués à partir de mousse de polystyrène.
Dans quelques mois, il sera illégal de vendre ces produits.
En juin prochain, l’interdiction de fabrication et d’importation s’étendra aux anneaux utilisés autour des canettes pour en transporter plusieurs à la fois. Leur vente sera interdite dès l’été 2024.
Le projet, qui a été annoncé pour la première fois en 2020 par François Legault, sera la plus grande installation de biocarburant au Canada à son achèvement en 2025.
(Calgary) La Banque de l’infrastructure du Canada effectue son premier investissement dans les carburants à faible teneur en carbone en engageant 277 millions dans une installation de biocarburants en construction à Varennes.
Publié à 6h45
Amanda Stephenson La Presse Canadienne
L’installation, connue sous le nom de Recyclage carbone Varennes, coûtera au total 1,2 milliard. Il s’agit d’un projet de coentreprise entre Shell, Suncor Énergie, la société suisse de gaz naturel Proman et le gouvernement du Québec.
Elle est construite par la montréalaise Enerkem, dont la technologie exclusive sera utilisée pour produire des biocarburants et des produits chimiques renouvelables à partir de matières résiduelles non recyclables et de biomasse forestière. L’usine intégrera également l’un des plus grands électrolyseurs au monde, qui divisera les molécules d’eau en oxygène et en hydrogène vert pour les utiliser dans son processus de fabrication de biocarburants.
Le projet, qui a été annoncé pour la première fois en 2020, sera la plus grande installation de biocarburant au pays à son achèvement en 2025, a indiqué le président-directeur général de la Banque de l’infrastructure du Canada, Ehren Cory.
« Ce qui nous a attirés dans le projet, c’est son ampleur et son ambition, tout d’abord », a-t-il affirmé.
« Pour nous, à la BIC, il s’agit de notre premier investissement dans un domaine qui, je pense, a un énorme potentiel pour notre pays. »
L’intérêt pour les biocarburants a pris de l’importance récemment. Ces carburants dérivés de la biomasse renouvelable comme les déchets agricoles, les déchets alimentaires, ou même les algues, peuvent devenir un atout en cette période où les entreprises cherchent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
D’autres projets du genre prennent forme au pays. La Pétrolière Impériale prévoit notamment de construire un complexe de diesel renouvelable à sa raffinerie de Strathcona, près d’Edmonton, et Atco Energy compte exploiter une installation de gaz naturel renouvelable près de Vegreville, en Alberta.
Dans le budget fédéral de l’an dernier, la Banque de l’infrastructure du Canada, une société d’État fédérale, s’est vu confier le mandat d’inclure la production de carburants propres, le recours à la capture et au stockage de dioxyde de carbone et la production d’hydrogène dans ses domaines d’investissement existants en matière d’énergie propre et d’infrastructures vertes.
« Je ne pense pas que le secteur privé soit à la traîne ou réticent. Nous avons en fait constaté une tonne d’intérêt de la part d’acteurs du secteur privé, grands et petits, à travers le pays », a expliqué M. Cory.
« Le défi que nous voyons — et je pense que c’est pourquoi la Banque de l’infrastructure du Canada joue un rôle si important — est le niveau de risque et d’incertitude que ces projets comportent encore. »
Récemment, Parkland Fuel a annoncé qu’elle n’irait pas de l’avant avec son projet de construction d’un complexe autonome de diesel renouvelable dans sa raffinerie de Burnaby, en Colombie-Britannique, arguant que l’entreprise ne pouvait pas rivaliser avec les incitatifs financiers offerts aux États-Unis pour les installations de carburant renouvelable.
M. Cory a noté qu’il existait également un risque de marché et une incertitude quant au type de clients qui paieront pour les carburants à faible émission de carbone, et à la manière dont les systèmes de tarification du carbone et les crédits carbone dans différentes juridictions influenceront ce marché.
« Nous savons tous à quoi ressemblera 2050, mais il y a beaucoup d’incertitude sur la façon de s’y rendre, a affirmé M. Cory. C’est là que nous pouvons aider. »
Il a ajouté que la BIC cherchait à financer jusqu’à 5 milliards de projets d’infrastructures vertes, ce qui devrait accélérer le déploiement de ces technologies en aidant les promoteurs du secteur privé à réduire leurs risques.
L’installation de recyclage du carbone de Varennes devrait convertir annuellement plus de 200 000 tonnes de déchets non recyclables en biocarburants, avec une capacité allant jusqu’à 130 millions de litres.
Les promoteurs du projet affirment que l’installation réduira les émissions de gaz à effet de serre de plus de 170 000 tonnes par année, ce qui équivaut à retirer 50 000 véhicules de promenade de la circulation.
Maxime Bilodeau – Le Détecteur de rumeurs - Agence Science-Presse
27 mars 2023 à 11h31 - Mis à jour 27 mars 2023 à 11h32 5 minutes de lecture
Les éoliennes sont accusées de bien des maux, plus souvent à tort qu’à raison. Le Détecteur de rumeursavait déjà analysé la rumeur voulant qu’elles soient de grandes tueuses d’oiseaux. Voici quatre autres mythes.
1— Elles sont nuisibles à la santé?
Partout où il y a des éoliennes, on trouve des voisins qui disent être aux prises avec des symptômes comme des étourdissements, des maux de tête et des troubles du sommeil. Certains évoquent même le développement de cancers et le déclenchement de crises d’épilepsie.
En cause, prétendent-ils : les bruits de basse fréquence (voir le mythe suivant) et les infrasons que génèrent les éoliennes. La production de champs électromagnétiques est parfois elle aussi évoquée. À long terme, cette exposition aurait des effets directs sur la santé.
Les divers effets négatifs pour la santé que certaines personnes attribuent à la proximité des éoliennes, et qu’elles ont regroupés il y a une vingtaine d’années sous le terme de « syndrome des éoliennes », pourraient n’être rien de plus qu’un biais de confirmation : en gros, plus une personne entretient des croyances négatives envers les éoliennes, plus elle est susceptible d’associer aux éoliennes toute altération de son bien-être physique ou mental.
Dans une petite étude publiée en 2015, deux chercheurs parlaient d’effet nocebo — lorsqu’un patient affirme ressentir les effets secondaires d’un médicament, alors qu’il n’a pris aucun médicament. Des chercheurs australiens notaient en 2013 une absence de corrélation entre les symptômes et le nombre de gens vivant à proximité d’éoliennes. Un des chercheurs avait aussi observé que le nombre de personnes souffrant de symptômes explosait lorsque les médias en traitaient.
2— Les éoliennes sont bruyantes?
Plus le vent souffle, plus les pales d’une éolienne s’activent et produisent de l’électricité, mais aussi du bruit. Les récriminations des riverains sont encore plus fortes en présence d’un parc d’éoliennes.
Déterminer ce qui est une nuisance sonore peut toutefois varier en fonction du seuil de tolérance de chacun. Le niveau de bruit d’une éolienne de 1,5 MW correspond à environ 33 à 40 décibels, à une distance d’environ 500 mètres — distance minimale à laquelle un résident peut habiter. Cela se compare au niveau de bruit dans une bibliothèque ou une salle de séjour. À la source, c’est-à-dire si on était capable de se tenir au centre des pales, le bruit d’une éolienne moderne varierait entre 98 et 105 décibels.
Cela dit, une foule de facteurs exercent une influence sur le niveau de bruit perçu par l’oreille humaine. La distance des éoliennes bien sûr, mais aussi la topographie, la présence ou l’absence de végétation et les conditions météorologiques.
3— Elles dévaluent les maisons?
L’origine de ce mythe est un certain Donald Trump, devant ses partisans en 2019. L’ancien président des États-Unis avait alors affirmé que « si vous habitez près d’une éolienne, toutes mes félicitations : votre maison vient tout juste de perdre 75 % de sa valeur ». Il n’a pas précisé d’où provenait ce pourcentage.
Les études qui s’étaient intéressées au sujet aux États-Unis et ailleurs dans le monde, avaient brossé un portrait beaucoup plus nuancé. Elles avaient conclu que la crainte d’une dépréciation liée à la présence d’éoliennes était largement infondée. L’effet, s’il existe, serait minime et difficile à distinguer des autres facteurs qui jouent sur la valeur d’une maison.
4— Leur empreinte carbone est lourde?
L’érection d’une éolienne nécessite des travaux de génie civil considérables, qui nécessitent des matériaux eux-mêmes énergivores. En 2009, un chercheur australien avait ainsi évalué à près de 1800 tonnes d’équivalent CO2 l’empreinte carbone d’une petite éolienne, depuis sa construction jusqu’à la fin de sa vie utile.
Une fois en fonction, l’éolienne produit néanmoins de l’électricité à partir du vent, soit une source d’énergie renouvelable. Résultat, selon deux chercheurs britanniques, il faudrait de 12 à 18 mois — sur la vingtaine d’années d’espérance de vie d’une éolienne — pour que celle-ci « rembourse » sa dette en émissions de carbone.
Les nouveaux crédits d’impôt fédéraux permettront de réduire le coût des projets d’énergie renouvelable, comme les parcs éoliens qui seront construits au Québec.
Le gouvernement fédéral vient de débarquer dans le secteur de l’électricité, de compétence provinciale, avec de généreux crédits d’impôt remboursables qui sont bien accueillis au Québec, mais dont les bénéficiaires ultimes restent encore à préciser.
L’aide financière du gouvernement fédéral au développement de l’énergie renouvelable profitera-t-elle surtout aux constructeurs des parcs éoliens, à Hydro-Québec ou aux consommateurs d’électricité ? Probablement à tout le monde, estime Jean Trudel, chef de la direction financière du producteur d’énergie renouvelable Innergex.
« Pour un développeur comme Innergex, c’est du bonbon », a-t-il commenté lors d’un entretien avec La Presse.
Les nouveaux crédits d’impôt permettront de réduire le coût des projets comme les parcs éoliens qui seront construits au Québec. Ce qui ne veut pas dire que ces projets seront plus profitables pour leurs promoteurs. « Ils pourraient l’être, mais comme tout le monde va y avoir accès et qu’il y a beaucoup de concurrence dans les appels d’offres, le crédit d’impôt va être utilisé pour proposer le meilleur prix possible à Hydro-Québec », explique Jean Trudel.
Ultimement, c’est le consommateur d’électricité qui devrait en profiter, selon lui.
Des municipalités inquiètes
Le budget fédéral prévoit un crédit d’impôt remboursable pour la production, le transport et le stockage d’énergie propre à hauteur de 15 % pour les entités non assujetties à l’impôt comme Hydro-Québec, et de 30 % pour les promoteurs privés.
Comme les projets éoliens sont le plus souvent développés par un promoteur privé en partenariat avec des municipalités ou des communautés autochtones, la question se pose : lequel des deux crédits d’impôt s’appliquera et qui en bénéficiera ?
La Fédération québécoise des municipalités demande au gouvernement fédéral de préciser rapidement si les municipalités qui investissent dans des projets éoliens sont admissibles aux crédits d’impôt et au financement à taux préférentiel qui sera offert par la Banque de l’infrastructure du Canada.
« On souhaite que le fédéral confirme qu’on y a droit comme partenaires publics, dit Michel Lagacé, préfet de la MRC de Rivière-du-Loup, qui est partenaire de plusieurs projets éoliens. On croit que oui, mais on n’a pas de certitudes et on a besoin d’être rassurés. »
Hydro-Québec réserve ses commentaires
Michel Lagacé, qui est aussi président de l’Alliance de l’Est, un regroupement qui vient d’être choisi par Hydro-Québec pour livrer trois parcs éoliens de 800 mégawatts, croit que si ces projets bénéficient des nouveaux crédits d’impôt fédéraux, le prix de l’électricité qui sera payé par Hydro-Québec ne diminuera pas pour autant.
Le prix moyen offert à Hydro-Québec à la suite de ces appels d’offres est de 6,1 cents le kilowattheure et ne devrait pas changer même si le projet coûte moins cher à construire grâce à l’aide fédérale, selon lui. Le prix est convenu et tout est prévu dans les contrats qui sont sur le point d’être signés, précise-t-il. « Mais on est dans les suppositions, ajoute-t-il. Il faudra voir les détails. »
Hydro-Québec, pour sa part, réserve ses commentaires sur l’impact qu’aura l’aide fédérale sur le prix payé à ses fournisseurs pour les nouveaux approvisionnements en électricité et sur ses propres activités de développement. « Les analyses seront réalisées au cours des prochaines semaines lorsque les mesures seront précisées dans un projet de loi. Nous pourrons alors vous donner plus de détails », a fait savoir un porte-parole de la société d’État.
De l’aide qui tombe à point
Pour Nouveau Monde Graphite, qui développe un projet de mine de graphite et de transformation du minerai pour la fabrication d’anodes pour les batteries de véhicules électriques, l’aide contenue dans le budget fédéral ne pouvait mieux tomber. « Ça arrive au moment où on en a besoin pour le financement de notre projet », a fait savoir le président et fondateur de l’entreprise, Éric Desaulniers.
Nouveau Monde Graphite veut finaliser le financement de son projet, estimé à 1,4 milliard, et le crédit d’impôt fédéral de 30 % l’aidera à diminuer le coût de ce financement et à réduire ses coûts de production, précise Éric Desaulniers.
Cette mesure est exactement ce qu’on avait besoin. Ça aide toute la chaîne de valeur.
Éric Desaulniers, président et fondateur de Nouveau Monde Graphite
Nouveau Monde Graphite veut devenir le premier fournisseur à faible empreinte environnementale pour les fabricants de batteries dans sa future usine de Bécancour.
Les titres de Nouveau Monde Graphite, d’Innergex et de Boralex, qui œuvrent dans le secteur des énergies propres, ont fini la journée en hausse sur les marchés au lendemain du budget fédéral.
Selon Hydro-Québec, les délais d’approbation et les difficultés d’approvisionnement à l’échelle mondiale font en sorte que des équipements essentiels sont indisponibles ou trop onéreux.
Pour plusieurs raisons, la facture du projet de raccordement a quand même augmenté de façon importante par rapport à ce qu’on prévoyait , explique le porte-parole d’Hydro-Québec, Cendrix Bouchard.
En septembre, la Régie de l’énergie a refusé d’approuver le plan de raccordement d’Hydro-Québec. Le câble sous-marin aurait permis d’assurer la transition énergétique des Îles-de-la-Madeleine en acheminant de l’hydroélectricité comme source d’énergie principale. Actuellement, c’est une centrale thermique au mazout lourd qui produit l’électricité des Madelinots.
Cendrix Bouchard assure que le projet de raccordement par câble n’est pas mort et que la société d’État va continuer d’étudier sa faisabilité, notamment à la demande de la Régie de l’énergie.
La Régie nous demandait en septembre dernier d’évaluer certains scénarios, dont celui du raccordement. À ça s’ajoutent les aspects économique et technologique, donc l’aspect de la faisabilité qui fait en sorte que c’est un projet qu’on met de côté de façon indéterminée pour l’instant, explique-t-il.
« Ce serait faux de dire que c’est un projet qui n’a aucune chance d’être réalisé dans le futur. »
— Une citation de Cendrix Bouchard, porte-parole d’Hydro-Québec
Le maire des Îles-de-la-Madeleine et président de la Communauté maritime des Îles, Antonin Valiquette, se dit un peu surpris de la décision d’Hydro-Québec de suspendre le projet de raccordement.
Antonin Valiquette, maire des Îles-de-la-Madeleine (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
C’est une surprise, mais ça ne nous déçoit pas pour autant, parce qu’Hydro-Québec va faire ce que la Régie de l’énergie lui a demandé de faire […], affirme-t-il. Je n’estime pas qu’on revient cinq ans en arrière en suspendant le projet, qui n’est pas complètement jeté aux poubelles. Advenant le cas où le projet redevient pertinent et faisable au niveau économique, il sera toujours là.
Le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, ne se dit pour sa part pas surpris de ce dénouement.
On voyait les choses venir, indique-t-il. On est certainement déçus de voir que c’est au moins la quatrième fois qu’on a un virage à 180 degrés de la part d’Hydro-Québec quant à l’avenir énergétique des Îles-de-la-Madeleine.
Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada
L’élu madelinot croit que la tergiversation dans ce dossier a mené à sa suspension temporaire.
On dit que le projet est suspendu, aussi bien dire qu’il est abandonné et qu’on recommence à zéro. Les Madelinots sont tannés de voir que ces orientations-là, qui semblent solides et béton lorsqu’on les annonce, se révèlent faibles et sans substance et qu’au final on change d’idée, affirme Joël Arseneau.
« La lassitude qui découle de tout ça, c’est ma plus grande déception. On en parle depuis 10 ans de ce projet, combien de temps encore en parlerons-nous? »
— Une citation de Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine
Agrandissement du parc éolien madelinot
Par ailleurs, Hydro-Québec a annoncé mercredi s’être entendue sur un contrat d’approvisionnement avec les promoteurs du parc éolien de Grosse-Île. À l’automne, le projet était déjà sérieusement envisagé, mais rien n’était toutefois confirmé.
Le projet consiste en la construction de quatre éoliennes en milieu dunaire, non loin du parc éolien de la Dune-du-Nord. Il fournira une puissance totale de 16,8 MW
. L’ajout d’un système de stockage d’énergie de 10 MW et de 10 MWh
à la centrale des Îles est également prévu dans le projet.
Les deux éoliennes du parc éolien de la Dune-du-Nord produisent environ 10 % de l’énergie nécessaire sur l’archipel. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Steve Rompré
On considère que c’est un projet très intéressant, puisque ces quatre éoliennes, lorsqu’elles seront construites, vont représenter une diminution de 11 millions de litres de mazout par année […] et avec le parc éolien de la Dune-du-Nord, ça nous amène quand même à une réduction de consommation de mazout d’environ 40 % , affirme le porte-parole d’Hydro-Québec.
La société d’État refuse toutefois de s’avancer et de dire concrètement si elle mise désormais uniquement sur l’éolien pour assurer la transition énergétique aux Îles-de-la-Madeleine.
Hydro-Québec maintient que même si le projet de raccordement est suspendu, l’objectif reste le même. On demeure résolument engagés dans la décarbonation des Îles-de-la-Madeleine, d’où le contrat d’approvisionnement en électricité qu’on a signé avec le parc éolien de Grosse-Île, indique Cendrix Bouchard.
Des réactions prudentes
Pour le maire Valiquette, si cette signature représente une étape importante, il estime qu’il reste encore beaucoup de travail avant que le projet ne se réalise.
L’entente est conditionnelle à ce que le promoteur, donc [l’Alliance de l’énergie de l’Est], et son partenaire principal, Valeco Énergie, fassent leur travail et montent le projet et qu’ils aillent chercher les autorisations environnementales et qu’ils fassent les études d’impact nécessaires , précise-t-il.
Antonin Valiquette ajoute que le promoteur devra également soumettre le projet à des consultations publiques, notamment au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), puisqu’il s’agit d’un projet de plus de 10 MW
.
Le député Joël Arseneau voit pour sa part d’un bon œil l’implication d’Hydro-Québec dans le parc éolien des Îles, mais à certaines conditions.
On prend acte aujourd’hui du fait qu’Hydro-Québec est intéressée à acheter de l’énergie éolienne des promoteurs du parc éolien de Grosse-Île, mais il y a des considérations sociales et environnementales qui doivent être nécessairement prises en compte, affirme-t-il.
Avec la collaboration de PierreChapdelainedeMontvalon