Environnement, biodiversité et transition écologique

Inauguration du Parc éolien Des Cultures

Portail Constructo | 5 juillet 2022

Inauguration du Parc éolien Des Cultures. Crédit : Kruger Énergie
Crédit : Kruger Énergie

Kruger Énergie et Énergies Durables Kahnawà:ke ont procédé à l’inauguration officielle du Parc éolien Des Cultures, situé en Montérégie.

Les six éoliennes sont érigées dans la portion sud des villes de Saint-Rémi et Saint-Michel. Le Parc est alimenté par un réseau électrique entièrement enfoui.

Ce projet de 70 M$ permettra d’alimenter l’équivalent de plus de 2 500 foyers, et se traduira par la vente d’électricité renouvelable à Hydro-Québec Distribution pendant au moins 20 ans.

Les travaux avaient débuté en aout 2020 et ont été achevés en décembre 2021, dans le respect de l’échéancier et du budget.

Source : Kruger Énergie

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Pollution atmosphérique Un combat commun pour Rouyn-Noranda et Limoilou

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

À Québec, des résidants dénoncent les industries avoisinantes qu’elles considèrent comme d’importants pollueurs de l’air. On voit ici les installations de Glencore servant à assurer le transbordement du nickel dans le port de Québec.

(Québec) Lorsqu’ils entendent le premier ministre François Legault évoquer une éventuelle fermeture de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda, les résidants de Limoilou sont sceptiques. Voilà des années qu’ils militent pour faire réduire la concentration de nickel dans l’air qu’ils respirent. La Presse s’est rendue dans ce quartier de Québec, qui refuse de baisser les bras.

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Élise Fiola La Presse

« On a écrit une lettre en soutien aux citoyens de Rouyn-Noranda qui a été publiée dans les journaux, puisqu’on a l’impression qu’ils vivent, comme beaucoup de milieux ouvriers, le même genre de combat que le nôtre. »

Comme beaucoup de ses concitoyens, Mathieu Caron observe les ressemblances entre Limoilou, où il réside, et le quartier Notre-Dame, à Rouyn. Deux quartiers historiquement ouvriers qui ont été construits à proximité des industries et qui subissent encore aujourd’hui la pollution émise par ces dernières.

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Une partie des installations de Glencore au port de Québec

Au cours des dernières semaines, les émissions d’arsenic de la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, ont retenu l’attention médiatique sur une base quotidienne. Mardi dernier, le premier ministre François Legault n’a pas exclu que l’usine ferme si l’entreprise mère, Glencore, ne se conforme pas aux normes établies pour préserver la santé des résidants.

À Québec, dans le quartier Limoilou, on en a contre un autre contaminant, le nickel. Par le truchement de la mine Raglan, Glencore, plus important extracteur de ce minerai au Québec, transborde dans le port de Québec du nickel recueilli dans le nord de la province. Déjà controversée, la norme qui réglementait la présence de ce métal dans l’air a été modifiée en décembre dernier. Quelques jours avant les Fêtes, le gouvernement Legault annonçait que les industries pouvaient désormais multiplier par cinq leurs émissions de nickel par rapport à la norme précédente.

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Jackie Smith, cheffe du parti Transition Québec

« Dans les deux cas, il s’agit d’un duel entre la santé des citoyens et les profits des multinationales, dénonce la cheffe du parti Transition Québec, Jackie Smith. C’est le véritable choix que le gouvernement a à faire et, jusqu’à présent, on voit ce qu’il favorise. »

Comme plusieurs résidants de Limoilou, Jackie Smith ne s’emballe pas devant le changement de cap du premier ministre face aux activités de la Fonderie Horne.

Normalement, c’est une bonne chose quand les discours changent, mais les comportements doivent aussi changer.

Jackie Smith, cheffe du parti Transition Québec

« Grâce aux mouvements citoyens, on sent que les choses bougent, mais on ne peut pas prévoir la réaction des gouvernements », ajoute Véronique Lalande, porte-parole de l’Initiative citoyenne de vigilance du port de Québec. La nouvelle de Rouyn-Noranda lui donne toutefois une légère dose d’optimisme : « Enfin, on les écoute. Enfin, on aura accès à l’information. »

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Vue du quartier Limoilou, à Québec

Le député solidaire de la circonscription de Jean-Lesage, Sol Zanetti, renchérit sur l’importance que prend aujourd’hui la qualité de l’air dans les débats publics. Il souligne que tant dans le cas du quartier Notre-Dame que dans celui du quartier Limoilou, la population se mobilise pour obtenir justice. « Il y a des citoyens et des citoyennes qui ont vraiment le couteau entre les dents. »

Deux poids, deux mesures

Bien que le gouvernement répète que le contexte de Rouyn-Noranda diffère de celui de Québec, les résidants de Limoilou ne sont pas de cet avis. « C’est la même trame, les mêmes acteurs, le même débat », résume Véronique Lalande.

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Véronique Lalande, porte-parole de l’Initiative citoyenne de vigilance du port de Québec

Amélie Rouleau, directrice des affaires publiques de la Mine Raglan, soutient elle aussi que les situations de Rouyn-Noranda et de la Capitale-Nationale ne sont pas comparables. Elle préfère donc ne pas se prononcer sur les enjeux touchant la Fonderie Horne.

Elle affirme néanmoins que l’entreprise cherche continuellement à innover dans ses installations pour répondre aux normes de santé, de sécurité et d’environnement. Mme Rouleau rapporte d’ailleurs que les activités de l’entreprise située à Québec sont aujourd’hui opérées grâce à un circuit d’installations fermé.

On ne veut pas perdre de poussière parce que, pour nous, elle représente de l’argent.

Amélie Rouleau, directrice des affaires publiques de la Mine Raglan

Du côté du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, on maintient qu’« aucune réévaluation de la norme nickel dans l’air ambiant n’est envisagée ».

Se battre pour des lendemains meilleurs

Malgré tout, les résidants de Québec sont fiers du combat qu’ils mènent et préviennent qu’ils ne baisseront pas les bras. « C’est quand même une certaine réussite d’avoir maintenu cette question dans le paysage politique. On est parvenus à faire reconnaître cette problématique très locale, située dans un quartier, à l’échelle de la nation en faisant des liens avec Rouyn-Noranda », se réjouit Isabelle Arseneau, citoyenne qui milite pour l’assainissement de l’air.

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Mathieu Caron et Isabelle Arseneau militent pour l’assainissement de l’air.

« L’injustice sociale et environnementale qu’est la mauvaise qualité de l’air doit faire partie du passé, exige son voisin Mathieu Caron. On refuse que cette double injustice fasse encore partie de l’avenir de nos enfants. »

Comme beaucoup, Véronique Lalande, qui a déjà consacré près de 10 ans à cette cause, s’est promis de ne jamais abandonner la lutte. « J’attends le jour où ce quartier ne sera plus soumis de façon constante à des polluants et à des retombées de poussière », espère celle qui a dû quitter Limoilou pour des raisons de santé liées à la qualité de l’air. « On connaîtra la victoire le jour où on ne ressentira plus les impacts de cette pollution et qu’on n’aura plus à modifier nos choix de vie à cause de la poussière et des contaminants. »

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  • 4000
    Décès prématurés liés à la pollution atmosphérique au Québec

Source : Santé Canada, 2021

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Excellent reportage de Radio-Canada avec cartes interactives sur les îlots de chaleur selon les quartiers et le revenu moyen des ménages

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C’est bien, mais ça donne pas toujours un portrait très exact ou fidèle à la réalité, en procédant par code postal.
Certaines zone de code postal sont assez grand et comporte des régions ou quartier très différent, très contrastant.
Exemple, à Brossard, le Dix30 (îlot de chaleur) est dans le même code postal que des quartiers très végétalisé.

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Opercule, producteur piscicole Comme un poisson dans l’eau aux abords de l’autoroute 40

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Des bassins remplis de poissons, des dispositifs d’assainissement des eaux, des nourrisseurs automatisés… On s’attend à trouver ces installations près d’un cours d’eau ou en région. Mais elles se situent plutôt en plein cœur de Montréal, aux abords de l’autoroute 40.

Publié à 7h00

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Texte : William Thériault La Presse

Photos : Marco Campanozzi La Presse

« De l’autre côté de la ligne rouge, on met des bottes et un sarrau ! », lance Nicolas Paquin, à notre arrivée. Cofondateur d’Opercule, il nous accueille dans ses locaux bien cachés au sous-sol de La Centrale Agricole, une coopérative de l’arrondissement de Saint-Laurent. L’objectif : y produire 30 tonnes de poisson par année.

Sur place, l’homme nous montre près d’une dizaine de bassins. Pour le moment, quatre d’entre eux sont peuplés par des ombles chevaliers, un salmonidé d’eau douce. Ils vivent dans le seul endroit au Québec où l’on pratique la pisciculture urbaine, soit le fait d’élever des poissons à usage commercial en ville.

Ici, quelque 35 000 poissons vivent dans un environnement qui se veut le plus propre et sûr possible. « On a des caméras et un système de contrôle accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, souligne M. Paquin. On y a accès de la maison. Et on ne met pas d’antibiotiques ni d’hormones de croissance dans l’eau. Juste du sel pour les bactéries. L’eau de ville est souvent plus agressive et compte moins de pathogènes. »

« Les bassins viennent du Texas, on a pas mal de pièces qui viennent de Baton Rouge, en Louisiane, et il y a aussi de l’équipement de Norvège et d’Allemagne », explique-t-il en montrant différentes machines.

C’est le fun. C’est comme un gros aquarium. Tu vas au rythme des poissons, tu les regardes nager, tu les nourris. Entre ça et répondre à des courriels, c’est un différent train de vie.

Nicolas Paquin, cofondateur d’Opercule

Vocation verte

Dans une pisciculture traditionnelle, l’eau n’est habituellement pas récupérée. Elle est filtrée, puis rejetée dans l’environnement. Grâce à une combinaison de machines formant un circuit fermé, Opercule arrive à utiliser « de 100 à 200 fois » moins d’eau que la normale. Quelque 6000 litres d’eau par minute y sont en circulation, mais de cette quantité, seulement 14 litres par minute sont remplacés : un taux de récupération d’environ 99,8 %.

« J’ai toujours eu cette fibre écologique », affirme l’autre fondateur d’Opercule, David Dupaul-Chicoine, en entrevue téléphonique. « Ma vision de l’entreprise, c’est ça depuis le début : avoir une perspective de développement durable, mais pour vrai. Pas juste des petits points qui paraissent verts pour avoir de bonnes ventes. »

Dans chaque décision qu’on prend, cet aspect [environnemental] est très présent.

David Dupaul-Chicoine, cofondateur d’Opercule

Opercule prévoit amorcer la commercialisation de ses produits en décembre.

Toujours dans une optique verte, l’entreprise envisage un partenariat avec La roue libre, un service de livraison montréalais qui transporte la marchandise en vélo électrique. Pour l’emballage, M. Dupaul-Chicoine planifie de s’entendre avec la société québécoise Cascade, qui fabrique des boîtes en carton recyclables laminées avec film réfléchissant.

Montréal, un pur hasard

Respectivement originaires de Québec et de Montréal, Nicolas Paquin et David Dupaul-Chicoine se sont rencontrés à l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec, à Grande-Rivière, en Gaspésie. L’ingénieur et le musicien de formation se sont tous les deux réorientés vers la pisciculture en 2016.

À la base, ils souhaitaient s’établir dans la région, jusqu’à ce qu’ils réalisent que Montréal remplissait les conditions idéales pour une pisciculture.

« Un bassin versant sans surplus de phosphore, une usine d’épuration d’eau, la proximité avec les restaurateurs. Chaque fois qu’on avait un problème, Montréal le réglait », indique Nicolas.

Jeter les bases du projet s’est avéré un processus de longue haleine. Dans le garage de David, ils ont d’abord mené un projet pilote à petite échelle, avant d’emménager dans les locaux qu’ils occupent actuellement en 2019.

En janvier 2021, le duo a obtenu ses permis et des subventions du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. En novembre, il recevait les premiers œufs de poisson.

« La mise en marché qui approche, je trouve ça excitant, mais stressant un peu. […] On voit grandir quelque chose », conclut David.

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  • De 600 à 900 tonnes
    Volume de production annuel qu’Opercule vise, à long terme. Pour cela, il faudra nécessairement déménager. Mais ce n’est pas pour tout de suite.

Source : Opercule

Pollution par les navires de croisière Transports Canada a « manqué le bateau »

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Bateau de croisière amarré au port de Québec

Le plus grand polluant des eaux canadiennes échappe aux nouvelles mesures proposées par Transports Canada pour limiter la quantité de déchets déversés par les bateaux de croisière. Les actions du gouvernement sont insuffisantes, déplorent les groupes environnementaux.

Publié à 5h00

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Élise Fiola La Presse

Les croisières de rêve au large des côtes canadiennes se transforment en véritable cauchemar écologique pour les océans, démontrent des études. En avril dernier, Transports Canada a annoncé de nouvelles mesures destinées à limiter l’évacuation des eaux grises (drainage des éviers, des machines à laver, des baignoires, des douches ou des lave-vaisselle) et des eaux noires traitées (toilettes, égouts, poubelles) en provenance des navires de croisière à proximité des côtes.

Bien que les groupes environnementaux accueillent positivement les efforts déployés par Ottawa, certains aspects restent en plan, selon eux. Ils ne s’expliquent pas pourquoi les eaux de lavage issues des systèmes d’épuration du carburant sont ignorées par les normes en vigueur.

« Ils ont manqué le bateau comme ils n’abordent pas cette source de pollution dans les nouvelles normes », affirme Michael Bissonnette, avocat chez West Coast Environmental Law (WCEL).

Les réglementations actuelles à l’échelle internationale n’interdisent pas l’utilisation de carburants polluants comme le mazout lourd pour propulser les navires. Toutefois, pour limiter la pollution de l’air, les bateaux doivent être munis de systèmes d’épuration s’ils emploient de tels carburants.

Or, Michael Bissonnette souligne que cela a pour effet de déplacer le problème. Les systèmes d’épuration limitent le rejet de polluants dans l’atmosphère, mais des contaminants se retrouvent tout de même dans l’eau.

L’avocat déplore que les mesures annoncées par Transports Canada ne tiennent pas compte de ce type de déchets alors qu’il s’agit de l’une des plus grandes sources de pollution maritime. Selon un rapport publié par le Fonds mondial pour la nature (WWF), même si les bateaux munis d’un système d’épuration ne représentent qu’un huitième de la flotte analysée, leurs eaux de lavage représentent 97 % des déchets rejetés dans l’eau.

Lisez le rapport du WWF

Les deux tiers de ces eaux de lavage sont issus des bateaux de croisière même si ces derniers représentent moins de 2 % de ceux qui naviguent dans les eaux canadiennes chaque année, conclut WWF-Canada. « Les bateaux de croisière polluent beaucoup plus que d’autres navires », relève donc Michael Bissonnette.

« Ces déchets sont acides. Ils contiennent des métaux dissous et des hydrocarbures, qui présentent une gamme de risques pour la santé, ajoute Sam Davin, spécialiste en conservation marine et en navigation chez WWF-Canada. Ces substances sont facilement absorbées par les membranes cellulaires. Cela signifie qu’elles peuvent entrer relativement facilement dans la chaîne alimentaire marine. »

L’expert affirme que l’évacuation des eaux de lavage des systèmes d’épuration devrait être « immédiatement » interdite par le gouvernement.

« Approche réaliste » à l’étude

Dans un courriel, Transports Canada indique que, même si le Ministère n’avait en effet « pas mis en place de restrictions sur les eaux de lavage », Ottawa demeurait « déterminé » à « travailler avec l’industrie maritime afin de concevoir une approche réaliste pour réduire les rejets d’eaux de lavage dans les eaux canadiennes à l’avenir ».

Transports Canada affirme également « étudier les répercussions du rejet [des eaux de lavage] sur l’environnement » afin d’évaluer les différentes possibilités pour permettre leur réduction.

À ce sujet, Michael Bissonnette souligne que l’utilisation des systèmes d’épuration a été prohibée dans les eaux californiennes et dans le port de Vancouver. Selon lui, il serait donc possible pour le Canada d’instaurer des règlements plus restrictifs.

Nos océans ont besoin de règles fortes et robustes pour être protégés. Les personnes et la faune qui dépendent de ces milieux pour leur bien-être ne devraient pas s’en remettre uniquement à la bonne volonté et aux actions volontaires.

Sam Davin, spécialiste en conservation marine et en navigation chez WWF-Canada

Transports Canada précise qu’en attendant que les changements proposés en avril deviennent permanents et que le Règlement sur la pollution par les bâtiments et sur les produits chimiques dangereux soit modifié, « les mesures seront mises en œuvre au moyen d’un arrêté d’urgence, qui a le même pouvoir qu’un règlement ».

Le Ministère veut rendre obligatoires les nouvelles mesures environnementales pour les navires de croisière dès 2023. Si ce scénario se concrétise, il mettrait fin à une pratique souvent dénoncée des navires qui arrivent en eaux canadiennes.

Les lois concernant le rejet des eaux usées peuvent varier d’un pays à l’autre. Comme les eaux américaines sont historiquement réglementées de manière plus stricte, certains navires, en passant en territoire canadien, en profitent pour y déverser leurs déchets, déplore un rapport publié en 2021 par les organisations environnementales Stand.earth et WCEL.

Transports Canada indique toutefois que les réglementations qui concernent les eaux grises et noires seront plus sévères que les normes internationales établies par l’Organisation maritime internationale. « Ces mesures s’harmonisent avec celles en place aux États-Unis, notamment en Alaska, en Californie et dans l’État de Washington, et les dépassent dans certains cas », note le Ministère.

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  • 97 %
    Proportion de tous les déchets rejetés dans les eaux canadiennes qui proviennent des eaux de lavage des épurateurs produites par des navires

Source : Fonds mondial pour la nature, mars 2022

Environnement

La longue route vers la décarbonation du secteur aérien

Un avion Boeing 787 d’Air Canada. Photo: Jetlinerimages/Istock

Rédaction - AFP Relaxnews

17 juillet 2022 à 10h53 - Mis à jour 17 juillet 2022 à 11h13 4 minutes de lecture

Sous pression pour réduire son empreinte environnementale, le transport aérien s’est engagé à baisser drastiquement ses émissions de CO2. La route sera très longue vers la décarbonation du secteur aérien.

Quels sont les engagements?

L’aviation représente entre 2 et 3% des émissions mondiales de CO2, principal gaz à effet de serre, selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), une agence de l’ONU. Bien qu’anémié par la pandémie, le trafic aérien mondial devrait, lui, atteindre 10 milliards de passagers en 2050, plus du double de son niveau de 2019. Soit autant d’émissions en plus si rien n’est fait.

L’Association internationale du transport aérien (Iata), qui fédère la grande majorité des compagnies aériennes, ainsi que l’industrie aéronautique se sont engagées à réduire à zéro les émissions nettes de CO2 d’ici 2050.

Quarante-deux pays, dont ceux de l’UE, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont appelé dans la «déclaration de Toulouse» en février les pays du monde entier à entériner cet objectif lors la prochaine assemblée de l’OACI fin septembre.

L’impact des traînées de condensation laissées par les avions sur le réchauffement climatique ne fait en revanche l’objet d’aucun engagement de réduction à ce stade. Encore mal évalué, il semble «au moins aussi important» que les émissions de CO2, selon une étude de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA).

Décarbonation: comment s’y prendre?

Le secteur mise sur les améliorations technologiques et d’infrastructures – nouveaux matériaux, moteurs plus frugaux, meilleure gestion du système de trafic aérien – pour faire une partie du chemin.

Le motoriste CFM, coentreprise entre GE et Safran, planche ainsi avec son projet Rise sur les technologies d’un futur moteur disponible en 2035 réduisant de plus de 20% la consommation de carburant.

Selon le secteur aéronautique européen (compagnies aériennes et industriels), l’ensemble de ces améliorations technologiques permettra de réaliser près de la moitié des gains attendus. L’Iata pense qu’elles n’aideront qu’à hauteur de 14% de l’effort nécessaire.

Une partie – correspondant à 8% de l’effort selon les Européens, à 19% selon l’Iata – proviendra d’un système de capture de carbone et d’échanges de quotas d’émissions.

Ces améliorations prennent du temps à être mises en place quand il faut agir dès maintenant, insistent de nombreuses ONG qui appellent à limiter ou réduire les déplacements aériens.

Quel rôle pour les carburants durables?

Les carburants d’aviation durables (sustainable aviation fuels, SAF) représentent l’essentiel des moyens pour décarboner l’aviation – deux tiers de l’effort selon l’Iata, un tiers selon le secteur aérien européen.

Ils sont élaborés à partir de biomasse, d’huiles usagées et même, à l’avenir, de capture de CO2 et d’hydrogène vert pour en faire des carburants de synthèse.

Ils ont l’avantage de pouvoir être utilisés directement dans les avions actuels et peuvent réduire les émissions de CO2 de 80% par rapport au kérosène sur l’ensemble de leur cycle d’utilisation.

Airbus et Boeing se sont engagés à ce que leurs avions puissent voler avec 100% de SAF d’ici à 2030, mais ces carburants représentent actuellement moins de 0,1% du carburant d’aviation consommé, et sont deux à quatre fois plus chers que le kérosène.

Pour encourager leur production, l’UE planche sur des obligations graduelles d’incorporation de SAF dans le kérosène, les États-Unis sur des crédits d’impôts.

Décarbonation: quid de l’hydrogène et de l’électrique?

La propulsion électrique se cantonne pour l’heure aux petits avions et aux futurs taxis volants en milieu urbain. Le poids des batteries nécessaires pour stocker l’énergie la rend en effet inadaptée aux avions de ligne.

Un axe de développement est la propulsion hybride électrique: pendant certaines phases de vol, comme le décollage, un moteur électrique fournit de l’énergie supplémentaire au moteur thermique.

A plus long terme, les recherches portent sur la pile à combustible pour alimenter un moteur électrique en s’affranchissant des batteries: l’électricité serait produite à bord par la réaction chimique entre l’oxygène prélevé dans l’air et l’hydrogène liquide embarqué dans des réservoirs.

Ces recherches diffèrent de celles portant sur l’avion à hydrogène, où celui-ci serait directement brûlé dans un moteur thermique.

Le projet porté par Airbus vise l’entrée en service à l’horizon 2035 d’un premier avion, probablement court-courrier de moins de 100 places dans un premier temps, selon son président Guillaume Faury.

Mais l’hydrogène est presque quatre fois plus volumineux que le kérosène, ce qui rend impossible son utilisation pour des liaisons long-courriers, pour lesquelles les SAF resteront l’unique carburant.

Environnement

GES: mieux vaut préconiser le bois pour réduire l’empreinte carbone

Photo: Istock/Bogdanhoda

Luciano Rodrigues Viana, Alejandra Zaga Mendez, Jean-François Bissonnette et Jean-François Boucher - La Conversation

27 juin 2022 à 15h00 - Mis à jour 3 juillet 2022 à 11h49 8 minutes de lecture

Les conclusions des deux derniers rapports du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont sans équivoque; l’augmentation récente des émissions de gaz à effet de serre (GES) est la plus marquée de l’histoire de l’humanité. Et elles continuent d’augmenter. Dans ce contexte, quand vient le temps de construire des bâtiments, comment limiter la production très énergivore de ciment et d’acier? En misant sur le bois!


ANALYSE – Les bâtiments occupent une place cruciale dans la transition vers une économie décarbonée, notamment vers des sources d’énergie utilisant peu ou pas de combustibles fossiles. Le secteur de la construction et de la rénovation a été responsable d’environ 37% des émissions anthropiques mondiales de dioxyde de carbone (CO2) liées à l’énergie en 2020, dont 27% causés par l’exploitation des bâtiments et 10% attribuables à la fabrication de matériaux de construction.

Les émissions liées à l’exploitation des bâtiments proviennent notamment de la consommation énergétique liée aux besoins thermiques (chauffage et/ou climatisation et l’approvisionnement en eau chaude). Quant à la fabrication des matériaux de construction, les émissions sont principalement liées à la production très énergivore de ciment et d’acier. Ensemble, ces deux matériaux ont été responsables de plus de la moitié des émissions mondiales de CO₂ liées à la fabrication de l’ensemble des matériaux de construction en 2019.

Il est donc nécessaire d’utiliser des matériaux de construction sobres en émissions afin de réduire l’empreinte carbone de la construction et de la rénovation des bâtiments.

Mes collègues et moi travaillons sur l’évaluation des freins potentiels à l’utilisation du bois dans les bâtiments publics au Québec. Sachant que le bénéfice carbone de la construction de bâtiments en bois n’est pas un sujet traité fréquemment dans les médias, nous exposons ici une partie des résultats de notre recherche.

Impacts des bâtiments au Québec

Au Québec, une réduction draconienne de l’empreinte carbone des bâtiments résidentiels et non résidentiels est un objectif de première importance. En effet, en 2019, suivant les secteurs du transport et de l’industrie, les émissions de CO2 des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels étaient responsables de 10% des émissions totales de la province.

Ces impacts imposants associés au secteur de la construction suscitent des inquiétudes au sein de l’industrie et des différentes entités gouvernementales. On observe donc une prise de conscience croissante de la part de ces acteurs, liée à la réduction de l’empreinte carbone d’un secteur clé pour l’économie québécoise.

Quelles stratégies pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments?

Afin de réduire l’empreinte carbone des bâtiments, le gouvernement provincial déploie notamment trois stratégies: l’utilisation de sources d’énergie renouvelable pour les systèmes de chauffage (chauffage solaire, biogaz), l’efficacité énergétique (stratégies de ventilation qui réduisent la demande en énergie thermique, isolement des façades) ainsi que la substitution des matériaux de construction fortement carbonés, comme le ciment et l’acier.

L’utilisation du bois permettrait de réduire les émissions carbone d’un bâtiment. (Shutterstock)

À cause des besoins importants de chauffage, les efforts se sont surtout concentrés, dans les dernières années, sur les deux premières stratégies. Ainsi, à l’avenir, les émissions associées à la fabrication, au transport et à l’installation des matériaux de construction deviendront proportionnellement plus importantes que la consommation d’énergie des bâtiments. Ces derniers deviennent en effet de plus en plus efficaces sur le plan énergétique et s’approvisionnent davantage en énergie à faible teneur en carbone.

Il importe d’accorder une importance croissante à la substitution des matériaux de construction fortement carbonés pour atteindre les ambitions de neutralité carbone de la province.

Dans la suite du texte, nous souhaitons mettre en lumière la réduction carbone potentielle qui pourrait découler de l’utilisation du bois.

Les bâtiments en bois parmi les solutions potentielles?

La plupart des études s’accordent sur le fait que construire des bâtiments en bois permettrait de réduire les émissions de GES du secteur de la construction. Il importe cependant d’évaluer quelle quantité de GES pourrait être ainsi évitée.

Les bénéfices carbone découlant de l’utilisation du bois changent en fonction du choix des systèmes structuraux. Lorsque nous parlons de remplacer les matériaux conventionnels par le bois, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus du tout d’acier ou de béton dans un bâtiment. On parle plutôt de bâtiments dans lesquels le bois est:

  • le seul matériau de structure utilisé;
  • utilisé en combinaison avec d’autres matériaux dans une construction hybride (le système structurel est composé de deux matériaux voire plus);
  • utilisé dans une construction mixte (deux systèmes structurels ou plus se chevauchent).

Il importe de noter que les bénéfices d’utilisation du bois varient également en fonction des choix méthodologiques et des données utilisées dans les études. Par exemple, une méta-analyse récente a montré que les bâtiments en bois, lorsqu’utilisé en remplacement des matériaux de construction conventionnels, permettraient de réduire, en moyenne, 216 kg éq. CO2 m-2 (-69%).

Typologies de bâtiments dans lesquelles le bois prévaut en proportion sur les autres matériaux de construction (bois (timber), steel (acier), concrete (béton)). Eduardo Wiegand & Michael Ramage (2022), étude publiée dans la revue Building Research & Information, Fournie par l’auteur

Qu’en est-il des bâtiments en bois au Québec?

Le Québec se retrouve dans une position favorable à la construction de bâtiments en bois. En effet,

  • la province est un état forestier de classe mondiale, où les forêts sont aménagées selon des critères scientifiques rigoureux qui visent la durabilité (condition obligatoire pour que les constructions en bois soient envisagées) ;
  • les scieries ainsi que les usines de seconde et troisième transformation utilisent l’électricité parmi les moins carbonées au monde pour le fonctionnement de leurs usines ; et
  • contrairement au ciment et à l’acier, la production du bois n’émet pas du tout de GES issus de réactions chimiques.

Lorsque nous nous penchons sur les études qui ont comparé les bâtiments en bois avec des matériaux conventionnels au Québec, l’utilisation du bois fait consensus. Par exemple, une récente étude a montré que si 80% des structures non résidentielles au Québec étaient construites en bois d’ici 2050, cela permettrait d’éviter, en moyenne, 2,6 Mt éq. CO2. Cette quantité équivaut à 3,5% de l’objectif de réduction des émissions de CO2 du Québec en 2050 par rapport à 1990.

Bénéfices carbone de l’utilisation du bois dans plusieurs types de bâtiments au Québec. (Luciano Rodrigues Viana), fourni par l’auteur

De manière générale, la performance carbone des bâtiments en bois est attribuable à plusieurs particularités, dont une utilisation moindre d’énergie fossile pendant la production du bois d’ingénierie ; l’évitement des émissions de carbone des processus industriels fortement carbonés, comme l’acier et le ciment ; l’utilisation des sous-produits issus de la production du bois en remplacement des combustibles fossiles ; le stockage de carbone biogénique dans le bois ; une moindre consommation d’énergie pendant la phase de construction et de démolition d’un bâtiment ; une moins grande quantité de matériaux nécessaires pour la structure ainsi que pour la finition des bâtiments.

Il est important de souligner que nous trouvons plusieurs exemples de construction en bois d’envergure mondiale au Québec, comme le projet Arbora, qui constitue le plus grand complexe résidentiel construit en bois massif d’ingénierie au monde et le projet Origine, un bâtiment de 13 étages, dont 12 construits de bois massif. La réalisation de ces projets d’envergure témoigne la volonté des acteurs de l’industrie du bois et du gouvernement provincial à promouvoir la construction des bâtiments en bois.

La construction de bâtiments en bois n’est pas la panacée. L’exploitation de cette ressource génère une pression importante sur les écosystèmes forestiers, d’où l’importance de développer des stratégies qui optimisent à la fois le stockage du carbone en forêt et la protection de la biodiversité.

Le bâtiment le plus vert demeure celui qui n’est pas encore construit.

Mais en matière d’émissions de carbone, le bois semble être le matériau à privilégier au Québec lors de la construction et de la rénovation des bâtiments.

Une analyse de: Luciano Rodrigues Viana, doctorant en sciences de l’environnement, département des sciences fondamentales à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Alejandra Zaga Mendez, stagiaire postdoctoral en géographie à l’Université Laval, Jean-François Bissonnette, assistant professeur en géographie à l’Université Laval, et Jean-François Boucher, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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Un article de Radio-Canada sur la destruction d’un milieu humide à Trois-Rivière, malgré l’opposition d’une majorité d’élus:

Je retiens surtout cette belle citation du propriétaire d’Elmec, le fabricant de bornes électriques qui bénéficiera de ce remblai:

« Il y a trois grenouilles, on s’en fout des trois grenouilles à un moment donné. »

— Une citation de Jean-Marc Pittet, propriétaire d’Elmec

De belles paroles alors que la crise de la biodiversité est l’une des plus grandes menaces de notre époque.

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Aérospatiale Le Canada promeut les technologies vertes à Farnborough

PHOTO FRANK AUGSTEIN, ASSOCIATED PRESS

« Je veux que l’ensemble de l’industrie aérospatiale reconnaisse le Canada comme un fournisseur vert de choix de l’industrie, a dit le ministre en entrevue téléphonique. Je pense qu’on a tous une mission de verdir les chaînes d’approvisionnements. »

(Montréal) L’industrie aéronautique canadienne peut se démarquer grâce au développement des technologies vertes, croit le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, qui participe au Salon aéronautique de Farnborough, au Royaume-Uni.

Publié à 9h32 Mis à jour à 11h56

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Stéphane Rolland La Presse Canadienne

« Je veux que l’ensemble de l’industrie aérospatiale reconnaisse le Canada comme un fournisseur vert de choix de l’industrie, a dit le ministre en entrevue téléphonique. Je pense qu’on a tous une mission de verdir les chaînes d’approvisionnement. »

À cet égard, le Québec est un chef de file dans l’industrie, estime le ministre. « Prochainement, on va être capable de faire de l’aluminium vert, de l’acier vert, énumère-t-il. On est en train de développer des technologies qui vont nous permettre de développer de nouveaux matériaux qui sont plus légers. Aussi, on est en train de développer les différentes alternatives dans les biocarburants, même voir l’hydrogène. »

Cette promotion du potentiel « vert » du Canada est faite tandis que le Royaume-Uni traverse une canicule record où le mercure avoisine les 40 degrés Celsius et que l’empreinte environnementale de l’aviation est un sujet de plus en plus discuté. Les défenseurs de l’industrie mettent de l’avant les efforts en vue de réduire les émissions alors que ses détracteurs remettent en question la pertinence du voyage aérien dans un contexte de lutte au changement climatique.

Bien que les émissions du secteur demeurent modestes, représentant environ 3 % du total à l’échelle mondiale, le nombre de voyageurs aériens demeure confiné à un bassin restreint de la population mondiale. Lorsqu’on regarde l’impact environnemental pour une seule personne, un vol en avion devient plus important.

Les grandes multinationales de l’aérospatiale sont de plus en plus réceptives à l’impératif de réduire leurs émissions de carbone, constate M. Champagne. « On parle d’une aviation qui sera plus durable. C’est clair que c’est dans la tête de chacun. Les gens veulent d’abord faire des économies de carburant et la façon de le faire, c’est avec des technologies, et je pense que tout le monde souhaite une aviation qui est plus durable pour les décennies à venir. Et ça, ça positionne très bien le Canada. »

Un exemple des intentions d’une multinationale qui a des effets au Canada : la multinationale française Airbus, qui assemble l’avion A220 à Mirabel, dans les Laurentides, vise à atteindre la carboneutralité d’ici 2035. L’an dernier, elle a joint un regroupement d’entreprises québécoises au sein du Consortium SAF+ en vue de produire du biocarburant à Montréal.

Un premier salon depuis la pandémie

Le Salon aéronautique de Farnborough, qui se tient aux deux ans durant les années paires, est de retour après avoir été annulé en 2020. Pour sa part, le Salon du Bourget, en France, qui se déroule les années impaires, avait été annulé en 2021.

Le retour de Farnborough marque donc la première grand-messe de l’aviation depuis Le Bourget de 2019. Outre le Canada, l’attention se dirigera vers les annonces des deux rivales Boeing et Airbus au moment où l’industrie aérienne semble donner des signes de reprise, malgré les perturbations dans les aéroports, les difficultés de la chaîne d’approvisionnement et les craintes sur une éventuelle récession.

Airbus avait déjà indiqué qu’elle prévoyait un besoin de 39 500 avions neufs au cours des 20 prochaines années. Boeing, pour sa part, croit que le nombre d’appareils augmentera de 82 %, toujours au cours des 20 prochaines années.

Des représentants de plus de 80 entreprises canadiennes, dont 25 ont un kiosque sur place, sont présents au Salon aéronautique de Farnborough.

Le fait de pouvoir échanger avec les grands acteurs de l’industrie fait une différence pour les entreprises canadiennes, croit M. Champagne, qui rencontrera des dirigeants d’Airbus, Boeing, De Havilland et Mitsubishi, notamment. « Ça fait toute la différence. C’est l’occasion de raffermir ces relations-là [entre les entreprises canadiennes et les différents acteurs de l’industrie]. »

L’évènement devrait générer son lot d’annonces. Le spécialiste montréalais de la formation des pilotes et des simulateurs CAE doit faire une annonce mardi. Le ministre Champagne n’a pas trop voulu s’avancer sur le nombre d’annonces potentielles à prévoir au cours de l’évènement.

« Il y en a d’autres qui sont en préparation [des annonces]. Vous savez : le meilleur moment [pour l’annoncer], c’est une décision commerciale. Ça appartient surtout aux entreprises de décider c’est quoi le meilleur moment. Le Salon, c’est un bon moment pour annoncer, mais certaines entreprises préfèrent faire ça à un autre moment. »

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S’il y a trois grenouilles cela veut alors dire que c’est un milieu écologique viable et qu’il faut le protéger comme tous les milieux humides qui sont maintenant grandement en déficit notamment dans nos grandes villes.

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Au Téléjournal 18h

Le tiers des logements à Montréal sont localisés dans des îlots de chaleur. Et malgré les efforts de la Ville pour contrer cette problématique, le chemin à parcourir demeure long.

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Montréal sera l’hôte d’une conférence mondiale sur les batteries au lithium en 2026

Les projets liés au développement de batteries au lithium se multiplient dans la province, particulièrement dans le parc industriel de Bécancour.

Photo : Reuters / Wolfgang Rattay

James-Patrick Cannon (accéder à la page de l’auteur)

James-Patrick Cannon

Publié hier à 18 h 39

Le Palais des congrès de Montréal accueillera la conférence de l’International Meeting on Lithium Batteries (IMLB), en 2026. Cette rencontre référence dans le domaine des batteries au lithium-ion — qui propulsent les voitures électriques et alimentent nos téléphones cellulaires — devraient attirer près de 1600 chercheurs et étudiants issus de tous les continents.

Le Palais des congrès et Tourisme Montréal se sont tous les deux réjouis de la nouvelle et se sont empressés de saluer l’engagement et l’implication du principal instigateur de la candidature de Montréal, Karim Zaghib. Le professeur à l’Université Concordia et l’Université McGill, dont les recherches sont citées partout dans le monde, a également été nommé président de l’IMLB

Pour l’ancien directeur du Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec, la tenue de cette conférence tombe à point nommé.

C’est un signe qu’on a un très bon écosystème québécois et canadien […] et ça tombe pile au moment où les gouvernements du Québec et de l’Ontario dévoilent d’excellentes initiatives, affirme le chercheur.

M. Zaghib évoque de récents investissements à Bécancour, notamment du géant allemand BASF ou du constructeur automobile General Motors (GM). Les deux entreprises ont annoncé en mars vouloir y implanter des usines de cathodes, composants essentiels à la fabrication de batteries au lithium. C’est sans compter le projet de Nemaska Lithium, qui ambitionne de transformer de l’hydroxyde de lithium à Bécancour – projet dans lequel le gouvernement du Québec a investi 175 millions de dollars jusqu’ici.

Plusieurs entreprises du domaine des batteries pour les voitures électriques s’intéressent à Bécancour.

Photo : iStock

En Ontario, le constructeur automobile Stellantis et le fabricant sud-coréen de batteries LG Energy Solution annonçaient peu après leur intention de construire la première usine de batteries pour véhicules électriques du pays à Windsor, en Ontario. Le projet, qui aura une capacité de production de 45 gigawattheures, concrétisera la première usine gigawatt au pays, selon le ministre de l’Innovation François-Philippe Champagne.

Ces usines ont en commun qu’elles seront pleinement opérationnelles d’ici 2025, soit un an avant la tenue du prochain IMLB

.

C’est un bon timing pour montrer au monde entier le positionnement et le succès de l’initiative batterie, tant pour le Québec que pour le Canada, déclare Karim Zaghib.

Un écosystème unique

Selon le chercheur, le succès de l’écosystème canadien — en particulier québécois — tient à plusieurs facteurs.

Parmi ces facteurs, il note la disponibilité de minerais critiques à la fabrication des batteries sur un seul territoire, du cuivre au graphite en passant par le cobalt et le nickel.

La capacité de transformer ces minéraux avec une énergie verte, abondante et peu coûteuse, à savoir l’hydroélectricité, offre au Québec un autre avantage notable.

La province peut également profiter d’accords de libre-échange avec les États-Unis, l’Europe et le Japon pour exporter ses matériaux et ses produits à l’abri de mesures protectionnistes.

Tout ça rend l’écosystème québécois unique au monde, selon l’analyse de Karim Zaghib.

Et le gouvernement du Québec en est pleinement conscient. Le premier ministre François Legault promeut le développement d’une filière batterie en sol québécois, de l’extraction et la transformation des minerais au recyclage des batteries.

Son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a déjà déclaré que l’objectif est de bâtir une filière équivalente à celle du secteur des multimédias au début des années 2000. Un objectif dont la réalisation pourrait nécessiter jusqu’à 10 milliards de dollars en investissement, a-t-il admis lors des études de crédits.

Une complémentarité naturelle

Karim Zaghib recharge sa voiture hybride.

Photo : Radio Canada International / Samir Bendjafer

Mais Karim Zaghib est d’avis que ces ambitions et ces avantages concurrentiels ne mettent pas pour autant le Québec en compétition avec son voisin ontarien.

Ce dernier note qu’il va de soi que la production de voitures électriques se fasse en Ontario, vu la présence de constructeurs automobiles comme Ford et GM. Le Québec, pour sa part, a tout ce qu’il faut pour lui fournir les matériaux et les composants nécessaires à la réalisation de ces voitures, comme les anodes et les cathodes, de par sa richesse en ressources naturelles et sa proximité géographique. La province se démarque aussi de sa voisine par la production d’autres types de véhicules, comme des autobus et des motoneiges électriques.

Cette recette pourrait se révéler gagnante de part et d’autre de la frontière, ne serait-ce qu’en raison de la popularité croissante des véhicules électriques.

Selon des données colligées par Desjardins, 6,7 millions de véhicules rechargeables ont été vendus dans le monde en 2021, contre seulement 580 000 durant l’année 2015.

Une tendance qui suit de près la baisse du coût de production des batteries au lithium-ion, qui est passé de 917 $ le kWh en 2010 à 137 $ en 2020.

Cette baisse devrait se poursuivre pour atteindre 100 $ le kWh dès 2024 — stade où la voiture électrique deviendrait en principe aussi abordable que la voiture à essence, précise Karim Zaghib.

On n’a pas le choix, souligne l’expert, qui montre du doigt l’accélération massive de l’électrification des transports et l’important virage électrique des constructeurs automobiles.

Les gens aujourd’hui comme vous, comme moi, ils veulent acheter une voiture électrique, mais ils ne veulent pas acheter une voiture électrique très chère, laisse-t-il tomber.

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Les îlots de chaleur bien présents à Saint-Laurent

Photo: Olivier Boivin / Métro

Olivier Boivin

20 juillet 2022 à 16h34 3 minutes de lecture

Selon les dernières données de la Ville de Montréal, les îlots de chaleur de Saint-Laurent sont principalement concentrés dans les zones industrielles et commerciales ainsi que dans les secteurs près de l’Autoroute 40.

Selon la carte des îlots de chaleur de la Ville de Montréal, l’extrémité ouest de l’arrondissement de Saint-Laurent constitue un énorme îlot de chaleur en raison du nombre important d’industries qui y tiennent leurs activités.

Outre ce secteur, les zones qui longent l’Autoroute 40 sont également considérées comme des zones chaudes. Cela inclut le quartier Hodge, ainsi que le secteur résidentiel au sud de l’avenue Saint-Louis.

Plusieurs zones commerciales comptent également certains îlots de chaleurs. Le Centre d’achat Norgate, par exemple, en est un, alors que d’autres se situent également près de l’intersection des rues de L’Église et Décarie.

Vivre dans la chaleur

C’est à cet endroit que Métro a rencontré des passants et des résidents, alors que le mercure était de plus de 30 degrés, pour savoir comment ils faisaient face aux canicules.

«Je me réfugie dans les cafés climatisés pour boire une boisson froide», confie Noël Aimé, qui a habité pendant deux ans dans le secteur. De son côté, Isabelle Tine, qui passe souvent dans le secteur pour magasiner, évite de sortir quand elle peut pendant les grandes chaleurs.

Selon les deux passants, la meilleure façon d’améliorer le secteur en ce qui a trait à la chaleur serait d’ajouter des zones d’ombres. «Avec les arbres, on a un peu d’air frais, mais quand le soleil est à son plus fort, ils n’offrent pas assez d’ombre», explique-t-elle.

Joyce Weeks, qui réside tout près du centre d’achat Norgate, s’inquiète quant à elle pour les personnes âgées qui demeurent dans le secteur.

«Il y en a qui n’ont pas l’air climatisé et qui n’ont nulle part où aller à proximité pour se rafraîchir, s’indigne-t-elle. Il faut faire mieux.»

Longue bataille

De son côté, l’Arrondissement de Saint-Laurent indique être bien au fait des îlots de chaleurs qui sont présents sur son territoire et que quelque 200 arbres seront plantés dans la prochaine année en priorisant les zones chaudes de la carte de la Ville de Montréal.

Cependant, en ce qui a trait aux zones industrielles, il en revient à la volonté des industries de lutter contre ce phénomène, ce qui complique la tâche de l’Arrondissement.

«Il y a plusieurs années, on a lancé un concours qui encourageait les entreprises à planter des arbres, raconte le maire suppléant et conseiller d’arrondissement Aref Salem. On n’a pas obtenu l’engouement qu’on espérait.»

C’est pourquoi une règlementation a été adoptée pour forcer les entreprises qui souhaitent agrandir ou modifier leurs locaux via un plan d’intégration architectural d’adopter un toit blanc, un toit vert ou d’ajouter des arbres à leur stationnement.

Il faudra toutefois s’armer de patience pour voir des résultats à grande échelle, selon M. Salem.

«Saint-Laurent, c’est environ 10% du territoire de la Ville de Montréal, donc les ressources nécessaires pour atteindre notre objectif de 25% de canopée sont énormes, dit-il. Petit à petit on y travaille, mais ça va prendre du temps.»

La carte des îlots de chaleur peut être consultée sur le site Internet de la Ville de Montréal.

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François Legault refuse toujours de pénaliser l’achat de gros véhicules

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Les VUS et camions légers, qui représentaient environ 20,1 % du parc automobile en 2011, occupent maintenant près de 42,2 %.

(Montréal) François Legault refuse toujours de mettre un frein à l’achat de VUS et de camionnettes, et ce, malgré ses inquiétudes face au réchauffement climatique qui se manifeste brutalement en Europe, en Afrique et dans l’ouest du pays ces jours-ci.

Publié à 18h06

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Pierre Saint-Arnaud La Presse Canadienne

Interrogé à ce sujet lors d’une annonce partisane à Montréal, jeudi, M. Legault a reconnu que « le réchauffement climatique, c’est inquiétant pour toute la planète et c’est inquiétant surtout quand on pense à nos enfants, nos petits-enfants ».

« Il faut agir », a-t-il lancé.

Il a toutefois refusé même d’aborder la question de mesures désincitatives à l’achat de gros véhicules, malgré des questions insistantes à ce sujet. Plutôt, le premier ministre n’a voulu parler que des incitatifs offerts à l’achat de véhicules électriques, sur lesquels il mise énormément.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

François Legault en conférence de presse le 21 juillet

« On a des incitatifs très importants pour ceux qui achètent des véhicules électriques », a-t-il d’abord rappelé, tout en reconnaissant qu’il y a un os : « Malheureusement, pour l’instant, il y a des délais de livraison qui sont longs, mais on va continuer d’y aller avec des incitatifs pour que les gens achètent plus de véhicules électriques. »

En fait, ces véhicules sont pour la plupart introuvables et les acheteurs se retrouvent sur des listes d’attente qui peuvent atteindre et même dépasser les deux ans. Pendant ce temps, les ventes de « camions légers » – un segment qui comprend les VUS et les camionnettes – ne cessent d’augmenter.

Principale cause de la hausse des GES

Or, le transport demeure le plus important producteur de gaz à effet de serre au Québec et selon un rapport publié en février dernier par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal publié en février dernier, c’est la croissance des ventes de camions légers qui est la principale cause de l’augmentation des émissions de GES du Québec depuis 2014.

Cette croissance est phénoménale. Longtemps reconnu comme le plus grand consommateur de petites voitures économiques en Amérique du Nord, le Québec a depuis succombé aux charmes des gros véhicules lourds et énergivores.

Les VUS et camions légers, qui représentaient environ 20,1 % du parc automobile en 2011, occupent maintenant près de 42,2 %. La proportion d’automobiles, elle, a chuté de 71,3 % à 55,1 % du parc automobile québécois.

M. Legault a rappelé au passage que le Québec est l’État qui présente le plus bas taux d’émissions de GES en Amérique du Nord, une situation surtout imputable à la disponibilité d’une électricité renouvelable produite par les barrages hydroélectriques.

Aussi, a-t-il rappelé, « on a annoncé des projets importants dans le transport collectif, entre autres le REM de l’Est, entre autres la ligne bleue. Il y a en a aussi sur la Rive-Nord, sur la Rive-Sud ».

« C’est certain qu’on doit continuer d’agir », s’est défendu le premier ministre, réaffirmant son objectif d’atteindre la carboneutralité pour 2050. « C’est ce qu’on vise et on espère que les voisins vont faire la même chose. »

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Quand on regarde le bilan environnemental global du gouvernement Legault, on réalise qu’il est resté bloqué dans l’inconscience du siècle passé et qu’il n’a aucune ambition d’y remédier. Pourtant tout indique qu’il y a urgence d’agir si on veut inverser la tendance actuelle du réchauffement climatique et de la détérioration des milieux naturels.

À noter que le choix d’ignorer les problèmes et de refuser d’appliquer les solutions adéquates nous mènent directement à des dépassements qui nous ferons largement rater les cibles pour lesquels le Canada s’est engagé auprès de la communauté internationale.

Mais le pire dans tout cela c’est que ce sont les jeunes d’aujourd’hui et leurs enfants et petits-enfants qui devront payer l’énorme facture de réparation pour la révoltante désinvolture de la CAQ, qui planifie à court terme dans le seul but de plaire à sa base électorale grandement pro-automobile.

Tout le contraire du développement durable, dont le premier principe est d’éviter de refiler les problèmes d’aujourd’hui aux générations futures. Parce que plus on attendra avant d’agir, plus il faudra dépenser des milliards pour réparer les importants dommages qui en découleront inévitablement.

Appels d’offres d’Hydro-Québec La production d’énergie solaire pourrait tripler au Québec

PHOTO ARCHIVES FOURNIE PAR STACE

STACE, pour Saint-Augustin Canada Électrique, est un fournisseur d’équipements électriques de grande puissance dans le secteur de la production d’énergie.

La production d’énergie solaire pourrait tripler au Québec si le projet proposé par l’entreprise STACE dans le cadre des appels d’offres en cours d’Hydro-Québec est sélectionné.

Publié à 12h12

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Jean-Thomas Léveillé La Presse

Le parc solaire de 32,4 mégawatts (MW) proposé par l’entreprise de Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec, fait partie de la liste des projets présélectionnés dévoilée jeudi par la société d’État.

Il serait construit à Matane, « sur un site d’enfouissement autrement inutilisable », avec des panneaux solaires fabriqués au Québec, a indiqué l’entreprise dans un communiqué, vendredi.

STACE, pour Saint-Augustin Canada Électrique, est un fournisseur d’équipements électriques de grande puissance dans le secteur de la production d’énergie.

L’entreprise soutient que son projet démontrera que l’énergie solaire est « une avenue durable et viable » au Québec.

L’énergie solaire demeure nettement sous-utilisée au Québec alors que le taux d’ensoleillement est comparable à celui de nombreux pays utilisant cette technologie.

extrait du communiqué de STACE

Les nouveaux panneaux doubles-faces « font en sorte que la neige n’est nullement un obstacle à leur utilisation », ajoute l’entreprise, qui promet des « coûts compétitifs ».

Première au Québec

STACE pourrait devenir le tout premier fournisseur externe d’énergie solaire d’Hydro-Québec, avec son projet de parc solaire à Matane.

C’est d’ailleurs la première fois qu’un projet solaire est soumis à Hydro-Québec dans le cadre de ses appels d’offres.

Le réseau d’Hydro-Québec n’est alimenté à l’heure actuelle que par 10,3 MW d’énergie solaire, qui proviennent presque entièrement de ses deux centrales pilotes situées à Varennes et à La Prairie, mises en service en 2021 dans une perspective de recherche.

La société d’État a aussi installé un petit nombre de panneaux solaires à Lac-Mégantic, dans le cadre d’un projet-pilote de microréseau.

STACE souligne que son projet constituerait « une vitrine technologique exceptionnelle » pour la technologie qu’elle a développée en collaboration avec l’Université de Sherbrooke, qui permet d’installer des panneaux solaires sur des sols instables, comme un site d’enfouissement.

Un parc solaire utilisant cette innovation québécoise a récemment été complété en France, indique l’entreprise.

Décision d’ici le début de 2023

Les projets présélectionnés jeudi par Hydro-Québec ont été soumis dans le cadre des deux appels d’offres lancés en décembre dernier pour l’achat de blocs d’électricité distincts : l’un de 300 MW de source éolienne uniquement et l’autre de 480 MW de n’importe quelle source renouvelable.

Il s’agit des premiers appels d’offres d’envergure depuis 2013 — deux appels d’offres particuliers ont eu lieu en 2015 et en 2020.

La société d’État a reçu 27 soumissions, dont trois ont été rejetées à l’ouverture.

Les 24 autres, qui totalisent 4205 MW, seront analysées au cours des prochains mois.

Hydro-Québe prévoit annoncer les projets retenus d’ici la fin de l’année ou au tout début de 2023 ; leur mise en service devra être complétée au plus tard le 1er décembre 2026.

En savoir plus

  • 37 248 MW
    puissance installée d’Hydro-Québec, excluant les réseaux autonomes et les fournisseurs externes

source : Hydro-Québec

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Projets de mines de graphite Une vingtaine de municipalités dénoncent un « rouleau compresseur »

PHOTO FOURNIE PAR LOUIS ST-HILAIRE

Affiche de la campagne « Incompatible avec l’activité minière » installée à Lac-des-Plages

Une vingtaine de municipalités de l’Outaouais lancent une offensive contre les projets de mines de graphite dans leur région, dont ils craignent les impacts sur les lacs et la qualité de vie des résidants.

Publié à 5h00

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Léa Carrier La Presse

Dès lundi, le slogan « Incompatible avec l’activité minière » sera placardé dans 21 municipalités de la MRC de Papineau, en Outaouais, en appui au Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation (RPLPN), qui mène la charge.

« C’est un rouleau compresseur qui va passer sur le sud du Québec. Il faut réglementer avant que le rouleau écrase tout », alerte Louis St-Hilaire, porte-parole du RPLPN.

« Le rouleau compresseur », c’est l’exploration minière liée au graphite.

Ce minerai — essentiel pour fabriquer les batteries de voitures électriques — est indispensable dans la course à l’électrification de Québec.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le graphite est un ingrédient nécessaire à la fabrication des batteries de voitures électriques.

À Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière, la mine à ciel ouvert de la société Nouveau Monde Graphite, dont la construction a été lancée à l’été 2021, tirera bientôt des ressources du sol.

Un autre projet de mine de graphite, La Loutre, situé entre Duhamel et Lac-des-Plages, est à l’étape des forages d’exploration.

Louis St-Hilaire dénonce ce qu’il nomme « la ruée vers l’or dans Papineau », dont le sous-sol, comme ailleurs en Outaouais, est riche du précieux minerai.

« Le projet de mine dans notre coin est entouré de lacs et d’immenses milieux humides », déplore M. St-Hilaire.

Le préfet de la MRC de Papineau, Benoit Lauzon, ajoute sa voix à la sienne : « Nos citoyens sont très attachés à notre territoire, parsemé de lacs et de cours d’eau exceptionnels. On entend très clairement leur message et nous le partageons : selon les règles actuelles du gouvernement, notre région est incompatible avec l’activité minière », a-t-il réagi dans un communiqué.

En plus de la destruction de milieux naturels, les municipalités redoutent les impacts d’un projet d’une telle envergure sur la qualité de vie des résidants.

« Notre population ne souhaite pas voir d’activité minière à 200 mètres de leur lac », lance le maire de Duhamel, David Pharand, en entrevue avec La Presse.

« Ce sont des territoires qui sont destinés aux loisirs, à la vie au grand air. Les gens ne s’attendent pas à retrouver un parc industriel de plusieurs kilomètres de long », ajoute Louis St-Hilaire.

PHOTO FOURNIE PAR LOUIS ST-HILAIRE

L’installation des pancartes est pilotée par le Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation.

Professeur émérite en ressources minérales à l’UQAM, Michel Jébrak n’est pas surpris que des municipalités montent au créneau contre ces projets miniers.

« Ce type d’action est la norme dans l’industrie minérale », constate le spécialiste de l’exploration minière.

Or, la transition énergétique ne peut se faire sans ressources minérales.

[Les ressources minérales] seront toujours exploitées quelque part. Et dans ce quelque part, il y aura toujours des répercussions.

Michel Jébrak, professeur émérite en ressources minérales à l’UQAM

Néanmoins, dit-il, « c’est un enjeu de responsabilité politique collective où les entreprises ne constituent qu’un des aspects de la décision ».

Louis St-Hilaire tient à le souligner : la campagne ne s’oppose pas à l’électrification des transports, tout au contraire.

« Mais la façon dont c’est fait présentement, on fait ça avec des lois du passé. […] Il faut réglementer. Il faut protéger nos cours d’eau », plaide-t-il.

Un feu vert controversé

Quand M. St-Hilaire regarde ce qui se passe autour de l’Outaouais, il redoute le pire.

Le site minier de Nouveau Monde Graphite — qui doit devenir la plus grande mine de graphite de l’Occident à terme — continue de diviser la communauté.

C’est que le projet avait obtenu le feu vert de Québec en 2021, malgré le fait que certaines études environnementales n’avaient pas encore été complétées.

En juin dernier, Le Devoir a rapporté que des citoyens avaient entrepris d’effectuer eux-mêmes des tests sur plusieurs cours d’eau à proximité du site, craignant la présence de rejets acides et de résidus miniers.

Pour Louis St-Hilaire, c’est un exemple qui montre clairement « qu’on ne peut pas faire vraiment confiance au gouvernement ».

« Quand on a parlé [au ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles], il nous a écoutés, mais on ne sent pas qu’il veut changer quoi que ce soit là-dedans. Il y a un laisser-faire du côté du gouvernement. C’est pratiquement une complicité », dénonce le porte-parole du RPLPN.

Multiplication des titres miniers

Ce qui préoccupe aussi les municipalités, c’est la « multiplication » des claims (titres miniers d’exploration), affirme Louis St-Hilaire.

Car le titulaire d’un claim a le droit exclusif de chercher des substances minérales sur le terrain du domaine de l’État qui en fait l’objet, et ce, pour une période de deux ans.

« Dans notre municipalité, j’ai zéro claim, mais je vois l’ensemble du portrait dans l’Outaouais, Lanaudière, les Laurentides et je vois le problème grimper. Je crains que dès qu’on a un potentiel minier, les claims se multiplient à grande échelle, ce qui crée une inquiétude », dit David Pharand.

Pour se préparer à l’arrivée de l’industrie minière, le maire de Duhamel presse Québec d’accorder un plus grand pouvoir aux MRC.

« Laissez-nous les outils pour qu’on puisse cohabiter avec les mines », plaide-t-il.

En savoir plus

  • 4 millions
    Nombre de batteries que le Québec pourrait fabriquer chaque année avec ses réserves connues de lithium, de graphite, de nickel et de cobalt

Source : ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec

Nos lacs manquent d’amour

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le lac Roxton, contaminé par les algues bleu-vert

Le Québec compte des centaines de milliers de lacs. Ils sont au cœur de notre histoire, de nos paysages, de notre imaginaire collectif. Et pourtant, ils manquent d’amour. On estime qu’une centaine de lacs, plus proches des lieux habités, sont mal en point, contaminés par les algues bleu-vert.

Publié à 5h00

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Suzanne Colpron La Presse

Des citoyens laissés à eux-mêmes

Si la détérioration des lacs québécois est un phénomène connu depuis longtemps, le réchauffement climatique empire les choses, parce qu’il prolonge la période de l’année où il fait plus chaud et où les espèces nuisibles peuvent se multiplier, que ce soit les algues bleu-vert, ou cyanobactéries, qui peuvent provoquer des problèmes de santé, ou encore les plantes envahissantes, qui accélèrent le vieillissement des lacs.

« On a de plus en plus de chaleur, de plus en plus de fortes précipitations. Et on sait que les lacs vont avoir encore plus de difficulté et que les cyanobactéries vont être juste plus heureuses, qu’elles vont pouvoir proliférer encore plus », explique Mélanie Deslongchamps, directrice générale d’Agiro, regroupement de citoyens voué à la protection du lac Saint-Charles et de son bassin versant, à Québec.

Cela dit, on est dans le noir parce que le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), responsable du dossier, ne recueille pas de données sur les cyanobactéries. Et surtout, parce que le gouvernement du Québec n’a pas de programme ou de stratégie structurée pour combattre ce fléau et mise plutôt sur le volontariat.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

En 2021, l’analyse des échantillons d’eau du lac Roxton, en Estrie, a montré une présence d’algues microscopiques en suspension « extrêmement élevée ».

« Au Québec, les données sont très difficiles à obtenir », affirme Yannick Huot, géomaticien spécialisé en limnologie à l’Université de Sherbrooke. « On a très peu d’information. En fait, on n’a pas d’informations quantitatives sur lesquelles on peut se baser. Ce qu’on a, ce sont des études à plus grande échelle qui montrent que, oui, il y a une augmentation des cyanobactéries dans le temps. Mais, au Québec, on n’est pas capable de le voir à partir des données disponibles. »

Le seul suivi de la qualité de l’eau repose sur le Réseau volontaire de surveillance des lacs (RSVL). Ce mécanisme permet aux associations de citoyens de faire analyser l’eau de leur lac, moyennant des frais.

Et pour combattre ce fléau, c’est la même chose. La gestion de la salubrité des lacs est laissée au bon vouloir des riverains et des associations de protection composées de bénévoles.

Le MELCC n’intervient pas, sauf dans certains cas précis, comme lorsque le lac est une source d’eau potable. La lutte contre les organismes envahissants ou toxiques est ainsi considérée comme une responsabilité individuelle plutôt que gouvernementale, comme l’explique bien une page de foire aux questions du Ministère.

Consultez la page du MELCC

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Certaines espèces de cyanobactéries produisent des toxines qui peuvent être nocives pour les animaux et les humains qui les ingèrent.

« C’est sûr qu’il y aurait des actions importantes à prendre, croit Mélanie Deslongchamps, d’Agiro. Mais, pour l’instant, il n’y a aucun programme qui a été mis en place par le gouvernement. Il n’y a aucun programme pour suivre les cyanobactéries. On ne sait pas combien de lacs ont des “fleurs” d’eau d’algues bleu-vert ni combien de temps ça dure. On ne fait pas d’échantillonnages pour connaître les communautés de cyanobactéries et les changements dans les communautés. »

Dans le fond, on a très peu de connaissances.

Mélanie Deslongchamps, directrice générale d’Agiro

Pourtant, ce n’est pas un problème théorique. Les cyanobactéries posent un réel enjeu d’environnement et de santé publique. Les lacs touchés vieillissent prématurément, des poissons peuvent mourir par manque d’oxygène et des gens risquent de tomber malades.

Toxicité

Comme leur nom l’indique, on reconnaît les cyanobactéries, communément appelées algues bleues ou algues bleu-vert, à leur couleur. Ces microorganismes peuvent renfermer des toxines et causer des ennuis gastroentériques, des éruptions cutanées, des maux de tête, des vomissements ou de la fièvre. Si elles sont ingérées, elles peuvent aussi être nocives pour les animaux.

Leurs conséquences sont bien connues des riverains des lacs affectés. « S’il y a trop de toxines, il ne faut pas toucher à l’eau », prévient Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l’Université de Montréal. « Il faut éviter du faire du canot, du kayak. Il ne faut surtout pas prendre sa douche ni faire cuire les pâtes dans cette eau-là. Quand les concentrations sont très élevées, l’eau est verte. C’est clairement un indice. » Et bien sûr, il faut encore moins s’y baigner.

Mais ces consignes de prudence sont parfois difficiles à respecter en raison de l’imprévisibilité des cyanobactéries. « Les algues peuvent se déplacer, explique M. Sauvé. Plusieurs espèces ont la capacité de choisir si elles flottent ou pas et à quel niveau elles flottent. Donc, il peut ne pas y en avoir beaucoup à la surface, mais il y en a plein dans la colonne d’eau. Puis, si, pendant la nuit, elles décident qu’elles préfèrent flotter, en quelques heures, un tapis peut apparaître à la surface. Et si les vents dominants changent, ça peut passer d’un bord du lac à l’autre bord. »

L’agriculture industrielle, le grand responsable

Les grands responsables de l’accumulation de ces cyanobactéries sont les activités humaines. D’abord l’agriculture industrielle. De trop grands apports d’éléments nutritifs comme le phosphore et l’azote favorisent leur prolifération, ce qui frappe surtout les régions où l’agriculture est plus présente. Mais cela n’épargne pas les régions moins agricoles, où les installations septiques « d’un autre siècle », le déboisement ou le remblaiement des rives, les coupes forestières, l’emploi d’engrais pour les pelouses contenant du phosphore contribuent au phénomène.

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Les propriétaires peuvent contribuer à la lutte contre les algues bleu-vert en évitant de mettre de l’engrais sur leur gazon et en maintenant une bande riveraine végétalisée sur leur terrain, entre autres.

« La cause, c’est l’agriculture industrielle, principalement avec le maïs et le soya. C’est la source principale de nos nutriments de phosphore et d’azote qui polluent nos eaux de surface et souterraines », assure Barry Husks, président de Blue-Leaf, une entreprise spécialisée en recherche et développement dans les milieux aquatiques et agricoles, qui a étudié pendant 12 ans le petit lac Saint-François. Contrairement à la croyance populaire, M. Husk estime que les embarcations à moteur ne jouent pas un grand rôle.

« Les bateaux à vague n’aident pas, mais sur une échelle de 1 à 10 sur les causes de cyanobactéries, c’est 1, dit-il. C’est très mineur. »

Yannick Huot, qui a mené une vaste étude sur 664 lacs au pays, de 2016 à 2019, arrive aux mêmes conclusions.

« Les gens qui habitent le long des lacs peuvent éviter de construire trop proche de l’eau, protéger les berges, ne pas mettre d’engrais sur leur gazon. Ce sont des solutions que les citoyens peuvent mettre en place, dit-il. Mais selon notre analyse, quand il y a 30 % du bassin versant d’un lac qui est utilisé pour l’agriculture, ça commence à aller moins bien dans le lac. »

Et que fait le gouvernement pour enrayer ce problème ? Pas grand-chose.

« Avant, il y avait un suivi beaucoup plus intense du gouvernement », note Sarah Dorner, professeure au département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal. « On était à en avance sur les autres provinces et même à l’international. On avait un beau programme de recherche, au Québec. Mais il n’y a plus rien. »

Il y a très, très peu de ressources qui sont attribuées au suivi des lacs au Québec. C’est un petit groupe au Ministère dont les membres se comptent sur les doigts d’une main. À mon avis, c’est ça, le problème.

Yannick Huot, géomaticien spécialisé en limnologie à l’Université de Sherbrooke

Mélanie Deslongchamps, d’Agiro, s’inquiète de son côté du « manque d’action très forte du gouvernement pour réduire les polluants vers les lacs ». « Il y a beaucoup de choses à faire et il y a beaucoup de choses qui sont dans la cour du gouvernement du Québec, dit-elle. Les municipalités ont besoin d’aide. Tout comme les associations de lacs. »

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Nombre de lacs de plus d’un hectare au Québec

Source : Géobase du réseau hydrographique du Québec

Le lac Roxton face à l’envahisseur

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Simon Turcotte, au bord du lac Roxton, en Estrie

Simon Turcotte, 45 ans, habite depuis toujours au bord du lac Roxton, près de Granby. Un joli petit lac artificiel, mais un des pires du Québec.

L’analyse des échantillons d’eau, effectuée en 2021, a montré une eau « extrêmement trouble » et une présence d’algues microscopiques en suspension « extrêmement élevée ». Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) a classé ce plan d’eau dans la catégorie hypereutrophe, soit en très mauvaise santé.

PHOTO FOURNIE PAR SIMON TURCOTTE

Vue du lac Roxton, en septembre 2021

L’eutrophisation découle d’un apport excessif de nutriments dans l’eau, comme l’azote ou le phosphate. Une de ses conséquences est la croissance excessive des plantes aquatiques. Au lac Roxton, on compte au moins 15 espèces, dont l’élodée du Canada et le myriophylle à épis. Elles ne sont toutefois pas toxiques, comme certaines des cyanobactéries.

Ces plantes envahissantes constituent l’autre grande menace pour les lacs. À faible densité, elles sont même normales et bénéfiques pour la santé d’un lac, mais leur croissance excessive affecte le développement de la vie aquatique.

« Les plantes envahissantes, c’est très désagréable, explique Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l’Université de Montréal. Ça peut faire vieillir le lac de façon accélérée, car les plantes poussent sans arrêt. À un moment donné, ça fait tellement de matières organiques que ça meurt et ça se décompose. En se décomposant, ces plantes vont prendre de l’oxygène du lac. Plus le lac prend de l’âge, plus il y a de dépôts organiques, et au fur et à mesure que le fond s’épaissit, il y a moins d’eau. À un moment donné, ça devient un marais. »

Il existe des solutions spécifiques à la lutte contre les plantes envahissantes, comme les bâches pour entraver leur croissance, ou leur ramassage, qui peut même se faire avec des machines, les faucardeuses. Mais, tout comme dans le cas des cyanobactéries, ces efforts ne suffiront pas si on ne s’attaque pas à la source du problème, les nutriments comme le phosphore qui trouvent leur chemin jusqu’à l’eau du lac.

Simon Turcotte, membre depuis quatre ans du comité d’environnement du lac Roxton, multiplie les actions pour améliorer la qualité de l’eau de son lac. Il collabore notamment avec la municipalité et la MRC de la Haute-Yamaska pour trouver des façons de diminuer l’apport de nutriments en provenance des terres agricoles.

« Des fois, c’est décourageant, confie-t-il. Le ministère de l’Environnement joue plus au chien de garde qu’il ne contribue à apporter des solutions. On a l’impression qu’on doit montrer patte archiblanche avant d’être capable de faire quelque chose. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Simon Turcotte, membre du comité d’environnement du lac Roxton, habite au bord de ce plan d’eau depuis toujours.

À la quantité de lacs qu’on a au Québec, on devrait avoir un Ministère plus proactif sur la gestion des plans d’eau. On a des programmes de subventions pour faire des routes, mais pas vraiment de programmes pour entretenir des lacs.

Simon Turcotte, membre du comité d’environnement du lac Roxton

La déforestation

Si, dans de nombreux plans d’eau, l’accumulation de cyanobactéries est liée à la pratique agricole, au lac Brompton, le problème vient en partie de la déforestation. La présence d’arbres et de végétation limite en effet le ruissellement des sédiments et des nutriments vers les plans d’eau.

« Nous, on n’a pas de terres agricoles, mais on a eu de la déforestation parce que des entreprises ont exploité les forêts autour du lac, ce qui a transporté beaucoup de nutriments dans le lac », indique Lise Préfontaine, bénévole à l’Association pour la protection du lac Brompton. « C’est une des causes. Une autre cause, c’est sûrement les fosses septiques qui sont déficientes. »

D’autres outils permettent de combattre les cyanobactéries. Il y a cinq ans, le lac Bromont, en Estrie, a utilisé un traitement spécial pour améliorer la qualité de son eau et réduire la fréquence des éclosions d’algues bleu-vert : le Phoslock. Cette solution, très coûteuse, pourrait-elle s’appliquer à d’autres lacs affectés par les cyanobactéries, comme le lac Roxton ou le lac Brompton ?

« Ce produit fait précipiter le phosphore au fond de l’eau, souligne le professeur Sébastien Sauvé. L’idée n’est pas mauvaise, mais il faut s’assurer d’arrêter l’apport en phosphore. L’analogie que je vois, c’est comme si on a une solution pour vider la chaloupe qui est pleine d’eau, mais qu’on ne colmate pas le trou qui est dans le fond de la chaloupe. Le Phoslock, c’est un peu ça. On enlève le phosphore qui est dans le lac, on le met au fond, mais on ne ferme pas le robinet. »

Une épée de Damoclès

On a observé des éclosions de cyanobactéries au début de l’été, en Estrie, notamment au lac Brompton et au lac Bromont. Un phénomène qui survient habituellement à la fin de la saison chaude. Faut-il s’en inquiéter ? Pas nécessairement. Les éclosions de cyanobactéries varient d’une année à l’autre, en fonction des conditions météorologiques. Mais les changements climatiques pourraient empirer les choses.

« On ne sait pas ce qui va arriver avec ça, admet Yannick Huot, de l’Université de Sherbrooke. On est vraiment aux balbutiements pour essayer de comprendre ce qui va se passer. C’est un peu l’épée de Damoclès au-dessus des lacs. Dans une vingtaine d’années, ça va commencer à beaucoup changer. »

PHOTO FOURNIE PAR RENAISSANCE LAC BROME

Algues bleu-vert dans le lac Brome

Au lac Brome, les premières éclosions sont survenues en juillet. « On a un été chaud et pluvieux à la fois », explique Anaïs Renaud, biologiste à Renaissance Lac Brome, un organisme voué à la protection et à la restauration du lac Brome et de son bassin versant. « C’est probablement pourquoi on a vu les cyanobactéries plus tôt cette année. On a eu des pluies très fortes qui ont contribué au lessivage des sols et à enrichir le lac. C’est souvent après ces fortes pluies, si on a une météo plus calme, qu’on voit apparaître les fleurs d’eau de cyanobactéries. »

Par contre, au lac Roxton, la situation est moins pire cette année, même si les fleurs d’eau de cyanobactéries sont de retour. « L’année 2021 a été de loin la pire année qu’on a vue », indique Simon Turcotte, qui habite au bord du lac depuis toujours. « Dans notre cas, le renouvellement de l’eau dépend des pluies. Il y a eu beaucoup de pluie au début de la saison et ça a aidé à avoir une eau plus fraîche. Mais avec la chaleur qu’on a eue dans les derniers jours, les algues sont apparues. C’est plus verdâtre, mais on n’est pas encore à l’étape où ça dégage des odeurs. »

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