Le « corridor de mobilité » Henri-Bourassa pourrait être revu
La nouvelle mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, Maude Théroux-Séguin, veut se pencher sur le « corridor de mobilité durable » sur le boulevard Henri-Bourassa et n’exclut pas de démanteler la piste cyclable. Ce projet phare de l’administration Plante a retiré deux voies de circulation automobile au profit des bus et des cyclistes, mais seulement sur un tronçon pour l’instant.
En entrevue avec La Presse, l’élue affirme que l’axe cyclable est souvent peu utilisé, et que d’autres à proximité le sont davantage. « Si je n’ai pas beaucoup de gens et que ça en contraint beaucoup d’autres, ça va être une solution envisagée », lance-t-elle, alors que nous la questionnons sur un retrait éventuel.
Mme Théroux-Séguin dit « quand même vouloir donner une chance » à la piste cyclable, dont la construction est loin d’être terminée. « Ça n’a pas encore été complété d’un bout à l’autre, donc on verra, mais […] ça se peut qu’on remette en question les projets qui ne sont pas adaptés. »
Le premier tronçon du « corridor de mobilité durable » a été mis en service l’an dernier, entre les axes Lajeunesse et Marcelin-Wilson.
De la peinture rouge est visible au sol pour afficher la voie réservée aux autobus, à côté de la piste cyclable. Le projet doit à terme combiner un Service rapide par bus (SRB) et un Réseau express vélo (REV) sur 18 kilomètres, retirant des espaces de stationnement et une voie automobile par direction.
La Ville dit pour l’instant vouloir réaliser la totalité du projet d’ici 2027, en allant à terme de l’autoroute 13 au boulevard Lacordaire, ce qui traverserait trois arrondissements. D’ici l’automne 2026, les travaux doivent en principe avoir été exécutés entre l’avenue Marcelin-Wilson et la rue des Récollets, mais on ignore ce qui adviendra dorénavant de cet échéancier.
Opposition commerciale
Depuis 2023, l’opposition dans ce projet a été très vive. Une pétition demandant à la Ville de reconsidérer ses intentions avait recueilli des milliers de signatures, tant de résidants que de commerçants, cette année-là. Certains détaillants menaçaient alors de déménager, voire de fermer boutique.
À court terme, l’objectif de Mme Théroux-Séguin sera surtout « de fluidifier le boulevard Henri-Bourassa ». « Il y a des aménagements qu’on veut d’abord faire rapidement et à moindre coût, comme de donner des espaces de stationnement de 15 minutes pour les commerçants là où c’est possible », illustre la nouvelle élue.
Elle évoque aussi des modifications des heures de priorité des autobus sur la voie réservée. « Présentement, il y a une priorité même à 3 h du matin, et on ne comprend pas pourquoi. L’idée serait de n’avoir cette priorité qu’aux heures de pointe, puis de peut-être pouvoir s’y stationner en dehors des pointes. »
On a des gros bouchons qu’on n’avait pas avant sur Henri-Bourassa. Il y a des gens qui ne veulent plus venir travailler, parce qu’ils font trois quarts d’heure d’auto.
Maude Théroux-Séguin, nouvelle mairesse d’Ahuntsic-Cartierville
Maude Théroux-Séguin succède à Émilie Thuillier de Projet Montréal. Elle était présidente de la Société de développement commercial (SDC) du Quartier Fleury Ouest. Elle est aussi femme d’affaires et copropriétaire de plusieurs restaurants, les plus connus étant Les Cavistes ou encore Frite Alors. Son accession à la mairie ramène Ensemble Montréal à la tête de l’arrondissement pour la première fois en huit ans.
Des études déjà réalisées par la Ville
À l’hôtel de ville de Montréal, Soraya Martinez Ferrada est quant à elle revenue mercredi sur l’audit des pistes cyclables, une promesse de campagne qu’elle envisage maintenant d’écarter après avoir pris connaissance de certaines études déjà réalisées par la Ville de Montréal.
« Je ne change pas le point de vue de notre engagement, mais j’ai été agréablement surprise qu’il y avait déjà deux rapports à la Ville, dont un qui est la liste des projets d’intervention et un qui est la liste des audits préventifs et correctifs. Je trouve ça intéressant, alors j’ai hâte de les recevoir », a-t-elle déclaré.
La mairesse élue, qui espère pouvoir rendre ces documents publics, affirme avoir aussi demandé un rapport complet des accidents sur les pistes cyclables au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), ainsi qu’une recension des plaintes en la matière au 311. Elle veut aussi impliquer Vélo Québec dans la discussion.
Questionnée à savoir si elle comptait démanteler des pistes cyclables au bout du processus, la principale intéressée a de nouveau répondu par une question adressée aux journalistes. « Si le rapport me dit que cette piste-là n’est pas au bon endroit, est-ce que vous voulez la garder ? »
2 « J'aime »