Projets d’extraction très polluants Le Canada compterait 14 « bombes carbone »
(Montréal) Le Canada compterait 14 « bombes carbone » sur son territoire, des projets d’extraction de combustible fossile qui sont planifiés ou qui ont récemment débuté, et qui généreraient des milliards de tonnes de gaz à effet de serre (GES).
Publié à 16 h 08
Stéphane Blais La Presse Canadienne
Selon les organisations Lingo, Data for Good, Reclaim Finance et Eclaircies, il y aurait 601 « bombes carbone » sur la planète, dont 14 au Canada, principalement en Colombie-Britannique et en Alberta.
Une carte interactive de ces projets qui ont le potentiel, selon les quatre organisations, « d’enfermer l’humanité dans un dérèglement climatique irréversible » et qui « menacent les conditions de vie sur Terre » a été publiée lundi sur le site CarbonBombs.org.
L’expression « bombe carbone » a été définie dans une étude de la revue Energy Policy en 2022 et fait référence à un projet qui générera plus d’un milliard de tonnes de GES s’il est mené à terme.
Montney Play : la plus grosse « bombe »
Le projet pétrolier et gazier Montney Play remporte la palme de la plus grosse bombe carbone au pays. Montney est le nom d’une formation géologique à cheval entre l’Alberta et la Colombie-Britannique, qui est, selon la Régie de l’énergie du Canada, « l’une des plus importantes ressources gazières en Amérique du Nord ». L’exploitation de ce territoire est récente et de nombreuses compagnies s’y intéressent.
Les organisations derrière le projet CarbonBombs.org estiment que l’exploitation et la combustion du gaz et du pétrole issus de Montney Play émettraient 12,9 gigatonnes de GES, ce qui en ferait l’une des bombes carbone les plus polluantes au monde.
Le projet de mine de charbon Murray River, en Colombie-Britannique, mis sur pause en raison notamment des droits de douane américains, rafle la deuxième position avec un potentiel de 8,48 gigatonnes de GES, alors que le projet de sables bitumineux Horizon, en Alberta, est identifié comme étant la troisième bombe carbone la plus polluante du pays avec un potentiel d’émettre 2,13 gigatonnes de GES.
Les projets pétroliers et gaziers Spirit River, Duvernay, Kearl, Christina Lake, Athabasca, Syncrude Milred Lake/Aurora, Liard Shale ainsi que les projets de mines de charbon Fording, Gething et Groundhog constituent les autres bombes carbone du Canada.
La fenêtre se rétrécit
Il faut à tout prix éviter d’entreprendre les projets d’extraction identifiés comme des bombes carbone, selon les organisations derrière le décompte. Et pour les projets qui sont déjà en cours, il faut éviter leur expansion. C’est également l’opinion de Natalya Gomez, professeure à l’Université McGill.
« Les scientifiques, les gouvernements, les entreprises d’énergies fossiles et la société, nous savons depuis des décennies que les GES issus des énergies fossiles sont responsables du changement climatique, alors nous avons aujourd’hui un pouvoir et une capacité immenses pour transformer le monde », indique celle qui enseigne au Département des sciences de la Terre et des planètes.
« Mais la fenêtre d’opportunité pour agir collectivement et éviter les pires conséquences du changement climatique se réduit comme peau de chagrin. Nos actions et nos décisions, aujourd’hui et dans les années à venir, auront des répercussions irréversibles sur l’humanité et l’habitabilité de notre planète pour les générations futures », ajoute la professeure Gomez.




