De nouveaux logements sociaux pour les femmes autochtones à Montréal
Le Foyer pour femmes autochtones de Montréal vient d’acquérir le Bain Hushion.

Nakuset, directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal
PHOTO : RADIO-CANADA / CHARLES CONTANT
Marie-Laure Josselin
Publié à 15 h 58
Un ancien bain, dans le Sud-Ouest de Montréal, va être reconverti en logements sociaux pour femmes autochtones.
La nouvelle intervient alors que les organismes autochtones réclament une aide urgente et des solutions permanentes pour le logement après une importante éclosion chez les itinérants.
Le Foyer pour femmes autochtones de Montréal vient d’acquérir pour près de 60 000 $ le Bain Hushion, un bâtiment patrimonial, afin d’y construire 23 logements sociaux. Une partie d’entre eux sera destinée aux célibataires et la plupart, aux familles.
Construit en 1914, le bâtiment avait conservé sa fonction de bain public jusqu’à ce qu’il soit ravagé par un incendie en 1988, ce qui a entraîné sa fermeture définitive, car il était fortement détérioré. Il sera reconstruit et sera muni d’une extension, mais la façade sera préservée.
Le coût de réalisation du projet, estimé à 11,65 millions de dollars, sera financé grâce au programme AccèsLogis, un partenariat entre le gouvernement québécois et la Ville de Montréal. Les travaux seront réalisés par Bâtir son quartier qui, depuis 40 ans, coordonne la réalisation de logements communautaires.
Ce sera un bel endroit où vivre et qui est bien situé, a indiqué la directrice générale de Foyer pour femmes autochtones de Montréal, Nakuset, qui dit vouloir un tel projet depuis dix ans.
Le bâtiment se trouve près de Résilience Montréal, un refuge pour sans-abri, dont Nakuset est la présidente.
Nous aurons donc du personnel de soutien tous les jours. Notre psychologue, notre thérapeute, l’intervenant en toxicomanie et notre aîné pourraient passer, a précisé Nakuset.
Elle souhaitait aussi un lien facile d’accès pour les Autochtones qui vont à l’école ou au travail.
Dans notre idée, on voulait appuyer les femmes autochtones et leurs enfants qui ont des difficultés avec la protection de la jeunesse. Nous voulons simplement leur faciliter la tâche : leur trouver un endroit qui les soutiendrait pour qu’elles puissent récupérer leurs enfants, qu’ils aient une éducation et qu’elles trouvent un emploi.
Ils pourront y demeurer jusqu’à trois ans.
Nakuset a aussi d’autres projets pour ce bâtiment. Elle souhaite y mettre en place un centre de pédiatrie sociale de la Fondation du Dr Julien, une cuisine collective, un espace pour des cérémonies, des conférences et des ateliers.
Ce n’est pas qu’un logement. C’est une vie indépendante et des services de soutien pour les femmes autochtones et leurs enfants.
Nakuset, directrice de Foyer pour femmes autochtones de Montréal
L’endroit serait un prolongement du refuge. Après avoir terminé son séjour au refuge du Foyer pour femmes autochtones du Québec, la personne pourrait passer à la deuxième étape, dans le bâtiment du Bain Hushion, et y trouver tous les outils nécessaires à sa reconstruction personnelle.
Nakuset espère que le tout sera finalisé en 2021.
Le responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal, Robert Beaudry, s’est réjoui de ce projet : On le sait, il y a des besoins en logements sociaux à Montréal, surtout pour la population autochtone qui est surreprésentée en pauvreté et en itinérance; donc, de pouvoir avoir une réponse spécifique, c’est extraordinaire. Et en plus, on maintient le patrimoine.
La nouvelle intervient alors que le milieu de l’itinérance est à bout.
Depuis la fin de décembre, les organismes et les refuges pour Autochtones composent avec des éclosions importantes de COVID-19, et tous disent être débordés et avoir atteint leur maximum.
Un itinérant autochtone est décédé dans la nuit de samedi à dimanche après avoir passé la nuit devant un refuge fermé.
Il y a une dizaine de jours, les refuges rappelaient avoir besoin aussi d’une solution permanente, soit des logements, plutôt qu’une réponse toujours dans l’urgence.
Nakuset a estimé que cette acquisition est quand même une bonne nouvelle, mais a rappelé que le besoin existe depuis dix ans.